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dimanche, 11 septembre 2016

Défécation

11.09.2015.

Pour moi la bibliothèque

Est allégresse mentale.

Le petit lionceau défèque

À côté des ibis tantale.

 

dimanche, 26 juin 2016

Lessive & nihil novi

À peine la lessive étendue, le soleil se cache, selon une loi qui, pour n'être peut-être pas originellement une loi de Murphy, s'y apparente toutefois, d'où l'inquiétude légère de votre serviteur en repensant à l'incipit de Murphy, un des plus extraordinaires qui soit, cinq heures avant le coup d'envoi d'un match opposant les nations des deux langues de Beckett, à Lyon je crois, de sorte qu'on ne sait si  “le soleil brillait, n'ayant pas d'alternative, sur le rien de neuf” ou si “the sun shone, having no alternative, on the nothing new”, désarroi accompagné du vent qui, à tout prendre, séchera toujours la lessive à peine étendue.

mercredi, 22 juin 2016

Marquants

Le gros lol du soir, c'est la pétition demandant d'accorder le bac scientifique à tous les candidats, pétition entièrement truffée de fautes de niveau CE1 et de phrases sans aucune syntaxe. Cherchez sur le site de pétitions en ligne Change. Je ne vais pas faire de la pub à cette imbécilité.

Le deuxième gros lol du soir, en zappant, ce sont les gros blaireaux de L'Équipe 21 qui, parce qu'ils n'ont pas le droit de diffuser des images, dessinent le schéma des buts sur un tableau blanc avec un marqueur.

Sans filet

7 h 20

Du soleil dès  7h du matin, des piétons qui passent dans la rue sans écharpe un 22 juin, il me semble qu'il n'y a aucun doute : la veille du Brexit, la ville de Tours a dû voter pour quitter la région Centre.

 

11 h 50

Pour servir et contribuer à une histoire de la météorologie en France. En 2016, en Touraine, le printemps aura duré très exactement 4 heures, avec un pic de température à 26°, et avant une averse d'orage à midi. Le retour de l'automne est prévu pour l'après-midi.

vendredi, 06 mai 2016

29 avril, vers matinaux

29 avril, 6 h 52 — 7 h 11

Au petit matin d'avril

refus de prendre le manteau

ne te découvre pas d'un fil

ça me court sur le haricot

 

Je viens de rater

d'un cheveu

Le tramway

Le froid d'avril en désaveu

 

Le 1er mai

c'est écrit sur l'écran lumineux

l'effroi dans le feu

ni bus ni tramway

mercredi, 04 mai 2016

Un trajet en tramway avec Jean de Boschère

Mardi, hier, 8 h 31 — 8 h 54

Le soleil radieux

Illumine la laideur

De la triste banlieue

Grise au cœur

 

Crissement des portes

De la boîte de conserves

Tu t'énerves

À dénicher les âmes mortes

 

Après l'arrêt Trois-Rivières

Je poursuis cette lecture

Le soleil s'aventure

Sur la page de pluie, Jean de Boschère.

 

La page sur le hongreur

Admirable

La banlieue tout de laideur

Dans mon vieux cartable

 

Le quatrain comme un doux tricot

Ni satin ni calicot

Cette voix m'asticote

Annonce Mi-Cote

 

Guitare lourde

En moi place Choiseul

Je flaire la grosse bourde

On se retrouve seul

 

Le soleil dans sa brillance

Éteint sur la Loire

Le vol de cormorans

Et ma mémoire

 

Loin les sternes tulipe

Devant l'amphi Thélème

Café crème

Jeune hipster fumant la pipe

 

mardi, 03 mai 2016

Premières terrasses

On a doux le soleil les premières terrasses

Qu'avant la fin de l'exam les tudiants se cassent.

 

Croivu-je avoir faisi un sujet trop facile

Qu'on n'est pas lu leur truc übermégadébile.

vendredi, 22 avril 2016

Cinq quatramways, un jour en allant aux Deux-Lions

7 h 14 — 7 h 51

Pour changer je prends

Le tramway au départ

Terminus à l'envers

Long corridor désert

 

Parfois la courbe sinueuse

Épouse ma rêverie

Fer fratrie

Parfum d'yeuse

 

Cette fois sur la Loire

Domine le bal des sternes

Volte-face & heure de gloire

So nah und in der Ferne

 

Travaux partout

Moitié sud de la ville

Arrêt Liberté tranquille

Avant de jeter son va-tout

 

Passé le Cher

Nous voici arrivés

L'arrêt des 2 Lions

A aussi sa chanson

.

lundi, 18 avril 2016

Cinq quatrains avec rebond

8 h 14 — 8 h 24

 

Il a gelé la nuit

Dans le tramway Les gens

Torturent leur ennui

En se taisant

 

Trois-Rivières

Coulé dans le béton

Mon regard ton sur ton

Égare la lumière

 

Du tramway ce qu'on voit

Pelotes de laine

Pignons repeints

S'esquisse à peine

 

Resquilleur repenti

Des transports en commun

À qui as-tu souri

Évreux ou Châteaudun

 

J'attends le pont Wilson

Ses vols de cormorans

Virgules aveuglées

Contre le soleil

 

samedi, 02 avril 2016

Modeste contribution à la question des rapports entre poésie & vérité

Hier, 7 h 05 — 7 h 35, puis 17 h 02 — 17 h 11

Dans la rue où je passe

prendre mon bus une seule

voiture au pare-brise glacé

quel est cet hapax

 

Près de l'entrepôt où manœuvrent

Des poids lourds

J'ai les doigts gourds

Je fais la gueule

 

J'ai pris le bus

Dans l'autre sens

Au terminus

Personne descend

 

Arbre sur sombre rose

Et enseigne du Leader Price

Je relis mon cours sur Of Mice

and Men, coupante prose

 

De ma place dans le tramway

L'affiche de Kung Fu Panda

Idéal pour qui débanda

Ses yeux d'une meuf réchauffée

 

Pont Wilson

Deux aigrettes vers le nord

Deux jogueurs vers le sud

Ça ne rime pas mais c'est vrai

 

 

 

Tramway retour du boulot

Le pull dans la sacoche

Veste ouverte aussi manteau

Sous les yeux des valoches

 

À peine passé l'arrêt

Mi-côte

Sur les genoux j'ai posé

Sacoche

 

Fouette cocher

Conducteur informaticien

C'est que j'y tiens

À mon goûter

 

Devant l'église hideuse du

Christ-Roi ce sourire que tu

Entrevois ce n'est pas le so

Leil attrapé au lasso

 

Nous croisons une autre

Boîte géante à sardines

Ma jolie voisine

Descend et se vautre

 

Elle est irréaliste

La poésie du tramway

Toi qui me lis en piste :

: Je ne goûte jamais

 

Cette fille cheveux rouges

Mini-jupe et jambes fuseau

Est une mère d'élève

De l'école où j'ai mon marmot

 

dimanche, 27 mars 2016

Ribergal écoute Mozart (27 mars 2015)

On a gouleyant la tartine tapenade

Et doux à l'esgourde la Posthorn Serenade.

 

La tarte coconut/banana est gourmet

Si que ça ne rimut avec “Lison dormait”.

 

On a floc-floc le Haut-Médoc si qu'il déborde

En train d'écoutant beau le quintette de corde.

samedi, 26 mars 2016

Sept quatrains transportés

Hier, 7 h 13 — 7 h 32

 

Avant le tramway

Je prends le bus 2

Il crachine il pleut

C'est comme à Beauvais

 

Sur mon crâne nu

À l'arrêt de bus

J'attrape la bruine

Le printemps décline

 

Doucement j'appuie

Sur le bouton STOP

La rue sous la pluie

It feels like a mop

 

Un anorak Columbia

Tapote sur son smartphone

La lumière grise ou jaune

Est tout ce qu'il y a

 

Une fois dans le

Tramway le bus 2

Tombe dans l'oubli

Et tombe la pluie

 

Dans le tramway finalement

Je lis la presse

Et je délaisse

Les quatrains. Tout fout le camp.

 

Avant de m'enfermer

Entre quatre murs blancs

Je regarde la pluie tomber

sur la Loire et les goélands.

 

mercredi, 23 mars 2016

Ce qui m'advient, en 19 tweets.

Le tuba est buté ce midi. [13:24]

Aucun son ne sort de mon oreille ; j'en conclus que ce n'est pas un instrument. Peut-être que je me trompe.

L'altiste sort de la salle De Falla en sifflotant le thème des X-Files.

Le fond de l'air est frais lahiho lahiho

Tous les bancs inoccupés sont pas-au-soleil. Les jardins de l'archevêché me désespèrent.

Ah si, un banc au soleil. Perdu entre des hordes adolescentes appouriquées ou agglutinées.

Au soleil l'écran est quasi invisible. Bonne raison pour admirer le cèdre de Napoléon et prendre un livre.

Des jardiniers taillent les topiaires. J'aurai lu quatre pages à peine du recueil retrouvé de Bruce Beaver. "The Poems".

Le vent tourne les pages du papier bible. Je lis Bergounioux.

Cette grande fille blonde qui s'avance vers la cathédrale peu vêtue et nombril dénudé est américaine.

Qu'allais-je faire aussi au magasin de musique ?

Devant la vitrine de la géniale boutique d'art africain, il y a moins de risques.

Verhaeren et Calvino chez le bouquiniste.

Il est grand temps que je retrouve mon banc au soleil loin des marteaux-piqueurs.

Avec le logiciel de dictée c'est facile de twitter.

Finalement je vais m'installer en face de Michel Colombe. Mon banc du lundi après-midi de l'an dernier est libre et ensoleillé. [14:39]

J'enregistre des vidéos dans la voiture, car il a beau faire beau, je n'ose pas me filmer en public et à l'extérieur.

Pas fait exprès, mais je crois que l'arbre que j'ai cadré dans ma vidéo est un pommier du Japon. Or je traduisais Ryoko Sekiguchi.

Je n'en reviens pas que le logiciel de dictée de l'Android reconnaisse Sekiguchi. [15:38]

lundi, 21 mars 2016

Jonquilles

8 h 16 — 8 h 29

Dans le tramway en

Quittant Tours Nord

Je lis Harare North

L'esprit intermittent

 

En passant le long du

Beffroi le tramway glisse

À perte de vue

Béton et jaunisse

 

Loin de ce tramway

Je préfère, c'est vrai,

Les jeunes jonquilles

La marelle en vacille

 

Pneus à petits prix

En face de Christ-Roi

“Je les prends tous les soucis”

“Et toi tu as badgé toi ? ”

 

Un tag au-dessus

De la boulangerie

Tramway sangsue

Mare en bitume meurtri

 

Sous le soleil

J'ai dénombré trois aigrettes

Journée prête

À tout pareil

.

dimanche, 20 mars 2016

Quatramways de vendredi

18 mars 2016, 14 h 42 - 14 h 48

(sauf le dernier, 16 h 04)

 

Dans le tramway

J'écris un petit poème

Mon voisin on dirait

Roubaud c'est sûrement la casquette

 

Dans le tramway

Je lis Fourcade

Le soleil paraît

Passez muscade

 

Du tramway

Je regarde les immeubles

Un corbillard sur la Tranchée

Et un vieux clochard qui gueule

 

À l'arrêt Trois Rivières

Fourcade hésite ligne et vers

J'ai mal à la soupière

C'est le printempshiver

 

Dans le tramway

Je n'y suis plus

Lecteurs distraits

Je vous ai bien eus

 

dimanche, 28 février 2016

3773 — Avec la flemme de mettre les liens

Hier, à onze heures du soir :

Ça y est, j'ai écrit 3773 billets dans Touraine sereine, mais comme certains (cinq) sont à publication différée, je ne peux encore savoir lequel portera, chronologiquement (ou plutôt : linéairement) ce numéro de matricule palindromique. Grave, hein. Bientôt, aussi, je me retrouverai à pondre le #2442 de MuMM. Le palindrome, c'est nickel chrome. Jongler dans le temps, ça va un temps, untung-untung. (Aujourd'hui ne pas se promener en tong. Ni en chemise de shantoung.)

Je flânai. Alors pas de flanelle.

Je m'arrondis, au cordeau. Alors, foin de villanelle.

J'ai vite arrêté les rotrouenges. Alors que passe un ange.

(When suddenly I realize that 3773+2442 = 6215. Can you believe it ?)

J'appelle de mes vœux le froid glacial.

Et la pluie par-dessus.

Je sonne à m'en péter la gorge la corne de brume et l'oliphant.

Et la voix de poubelle par en-dessous.

La poésie... la poésie... son mac n'a plus un rond.

 

Ce soir, je publie ce billet-ci, qui est le vrai 3773e.

lundi, 15 février 2016

3 phrases

Le jour jette ses derniers feux.

La promenade sous le vent glacial, par Saourine, a vu rouler la discussion sur l'Islande et l'Angleterre.

Le feu, par la grâce de l'âtre gigantesque, suffit à chauffer la maison, grande pourtant.

 

mardi, 09 février 2016

Ruptures

Comme hier, à Paris, un vent à décorner les markhors m'a tiré du lit, à Tours, vent plus fort encore à 7 h 20 qu'il y a deux heures.

L'avantage des fins de nuit un peu précoces, c'est de pouvoir régler, par mail, des questions importantes avec les partenaires australiens, malais et coréens — et japonais — alors que, pour eux, c'est l'après-midi.

1 h 20, donc, à traiter les mails professionnels... Dire que je me levais en pensant avancer dans les textes personnels pour le blog anthracite...

dimanche, 24 janvier 2016

fée ▓ pharmacie

Une de mes facebook friends, Françoise Guichard — auteure, entre autres, de merveilleux sonnets biographiques consacrés à d'admirables femmes du temps jadis — ressuscite un jeu dont la mode m'avait échappé en son temps (il y a deux ans) et dont l'instigatrice semble avoir été, alors, une autre de mes facebook friends, Élisabeth Chamontin — auteure, entre autres, des Quatrains quotidiens.

Le jeu consiste à recevoir deux mots choisis au hasard dans le dictionnaire par un-e ami-e, à faire une requête sur Google en associant les deux mots et à publier le résultat.

Françoise m'a imposé les mots fée et pharmacie. Je choisis de publier ci-après un extrait de la première page proposée par Google (après avoir exclu, toutefois, les réponses avec l'orthographe pharmacy), mais aussi une des premières images proposées par Google Images, et enfin un extrait d'une œuvre littéraire trouvé grâce à la requête spécifique "fée pharmacie site:fr.wikisource.org".

Ce billet sera publié simultanément sur Facebook, et tout “likeur” se verra infliger deux mots choisis au hasard dans le dictionnaire, avec pour obligation minimale de poster sur FB une citation du premier ordre.

 

De Savéria Coste, je peux dire qu’elle détonne dans l’univers de la cosmétique. Docteur en pharmacie, son discours est pointu sur la formulation de ses produits, mais aussi très imprégné de fantaisie. La fondatrice de Garancia est une femme haute en couleurs qui ne cesse de développer sa créativité au service de la beauté."

(“Garancia, portrait de la fée des cosmétiques”, in Oh Mon Grimoire, 23.12.2015)

 

fée.jpg

Hélas ! pourquoi faut-il un lendemain à ces journées merveilleuses ? Pourquoi faut-il que la vie vous reprenne au rêve ? Jack savait maintenant qu’il aimait Cécile, mais il sentait aussi que son amour le destinait à toutes les souffrances. Elle était trop haut pour lui, et quoiqu’il eût bien changé en vivant à ses côtés, quoiqu’il eût dépouillé un peu de sa rude écorce, il se sentait indigne de la jolie fée qui l’avait transformé. L’idée seule que la jeune fille avait pu deviner sa passion le gênait auprès d’elle. D’ailleurs la santé lui revenait, et il commençait à se sentir honteux de ses longues heures d’inaction dans la « pharmacie ». Cécile était si vaillante, si travailleuse ! Que penserait-elle de lui, s’il continuait à rester là ? Coûte que coûte, il fallait partir.

(Alphonse Daudet. Jack. Paris : Dentru, 1876, p. 177. Chapitre XXII

jeudi, 14 janvier 2016

Trois nouveaux quatrains animaliers

J'aime à 41 balais

Les rimes affriolantes.

Tengah le tapir malais

Débarque au Jardin des Plantes.

 

§

Moi, les pieds de cochons grillés,

Franchement je n'en suis pas fan. —

— Personne ne souhaite empiéter

Sur les privilèges d'Aïndjan.

 

§

De ce vin quelques cruchons

Pourraient bien me rassasier.

L'ourse de La-Chaux-de-Fonds

A dû être euthanasiée.

mercredi, 06 janvier 2016

Du tout filaire (12.09.2014)

Voici l'occasion idéale de publier ici un distique du 12 septembre 2014 resté inédit dans les limbes facebookiens, et qu'il faudrait, pour expliquer pleinement, annoter abondamment. Qu'il suffise de dire que, tout comme Renaud Camus affirmait que la vérité de Xenakis résidait dans la vulgarité de sa femme, de même l'ineptie et l'impéritie du frère et de la belle-sœur de Boulez m'ont quelque peu gâché sa musique (et surtout ses écrits)...

 

On a über dégueu la bibliothèque erre

Où la mère Boulez se faisit en filaire.

 

dimanche, 03 janvier 2016

Vers ribéryens des 3 premiers jours de 2016

Golri-je très beaucoup l'année 2016

Bisexuelle rimut très beaucoup avec baise

— Même qu'Hugo m'est dit rimut avec ascèse.

Tristiques ribéryens

(Oui, ça s'appelle des triolets ou des tercets, mais Ribergal appelle ça des tristiques.)

 

 

On a bien sirupeux Bardot et la Madrague

Plage qui n'a pas infestu de pastenagues.

 

▓▒░▓▓▒░▓▓▒░▓

 

Nécro que j'aime bien rimir avec varech

J'ai très embarrassé s'il est mouru Delpech.

* * * * * * * * * *

Pénible-je demandé rime avec Delpech

Si Hugo lui golri m'est dit “dans ton daech”.

* * * * * * * * * *

Tout comme que Haddock s'énervut de Tryphon

Ma chanson préférée ç'a le sirop typhon.

 

dimanche, 13 décembre 2015

je mesure...

Il y a trois jours, j'ai — sur un coup de tête — relancé le chantier à peine effleuré, naguère, des

 

Sonnets sémiotiques

 

Et donc, en voici

un

 

d'une facture nouvelle. Might everyone find it at least mildly diverting.

jeudi, 10 décembre 2015

Distiques ribéryens (jeudi gris d'hiver)

Forme née sur Facebook il y a trois ans et demi, le distique ribéryen continue d'y proliférer (au point d'avoir même colonisé les sms que j'échange avec mon épouse). J'oublie, du coup, de les archiver ici, alors que quelque grand historien de la littérature webmatique et de la prosodie à contrainte ne manquera pas, dans 200 ans, d'exhumer mon nom et de retrouver en moi la Louise Labé des années 2010 (oui, rien que ça). Maintenant, lisez, braves gens, tout en n'oubliant pas que, même quand ils maltraitent la césure classique, ces distiques sont toujours en alexandrins parfaits.

 

On a casse berlons et casse roubignoles

Madonna qu'elle est fait de l'antimétabole.

 

On a keuf keuf qu'on a saisi la crise d'asthme

Qu'avant l'antiméta elle avons fait un chiasme.

 

***********

 

On a bien péniblos au restau la détreys

Qu'est pontifiant le vieux sosie Jacques Sereys.

 

On a bon qu'on est le droit d'avoir un hobby :

Moi par Cyril Féraud c'est la slamophobie.

 

 

***********

 

Il pleuve des chats et des chiens comme on a long

El Sharawi vraiment perde tous les ballons.

 

Le Monégasque de profil golri-je car

Leonardo Jàrdim semblut à René Char.

dimanche, 15 novembre 2015

“le regard fixé”

27 octobre

 

le regard fixé sur la baie

& sur le ciel bleu & sur l'île

à n'en distinguer que la plaie

l'humeur blanche l'humus facile

 

un faciès de haute futaie

se détacha indélébile

à la crête comme une taie

sur l'œil de la crique docile

 

j'avance à pas lents sur la piste

en Cantabrie à l'improviste

chanter le soleil au coton

 

d'un long nuage qui décape

mon regard amplement sous cape

mon regard amer et glouton

 

lundi, 09 novembre 2015

Appel à une traduction de Józef Szczepański

Hier soir, j’ai écouté le concert de Thiéfaine au studio 104, qui était diffusé en direct sur France Inter. Le concert m’a laissé sur ma faim, car, hormis dans deux ou trois chansons, les arrangements avec orchestre à cordes ne changeaient pas fondamentalement la donne. De plus, la présentatrice s’est sentie obligée d’ajouter quelques commentaires, soit de l’ordre de l’audiodescription (“Hubert-Félix Thiéfaine entre sur scène, costume noir” (elle aurait dû ajouter la marque et le prix, pour faire festival de Cannes, cette idiote)) soit de pure désinformation (“l’album Suppléments de mensonge est le premier sur lequel Thiéfaine a travaillé avec des ensembles de cordes”).

Thiéfaine ne semble pas varier du tout les annonces qui précèdent telle ou telle chanson : c’était, au mot près, ce qu’il disait il y a un mois au Vinci, à Tours. Nous étions ressortis enchantés, la tête dans les nuages, de ce concert ; là n’est pas la question. Mais, pour ceux qui iraient le voir plusieurs fois au cours de sa tournée, je me dis, variatio placet, non ?

 

Un de ces préambules (à la magnifique chanson “Karaganda Camp 99”) est une citation, qu’il présente ainsi : « Dans les ruines de Varsovie, un poète polonais a écrit : “Nous t’attendons, peste rouge, pour nous délivrer de la peste brune.” ». Entendant de nouveau cet introït, hier soir, je me suis dit que ce poète devait bien avoir un nom. Une brève recherche sur le Web m’a appris qu’il se nommait Józef Szczepański, né en 1922 et mort en 1944 lors de l'insurrection de Varsovie, trois jours après avoir écrit ce texte, peut-être son plus célèbre, “Czerwona zaraza”. Sur le Web, à tout le moins (il me reste à faire des recherches plus poussées, notamment dans certaines bases de données et sur le SUDOC), il semble que n’existe de traduction française ou anglaise de l’œuvre de ce poète assassiné par les nazis, et dont posséder seulement un poème chez soi était passible d’emprisonnement dans la Pologne sous contrôle soviétique. Il va sans dire que les outils automatiques de traduction ne proposent que d’infâmes gloubi-goulbas dans lesquels on ne peut même retrouver un mot à mot à reconstituer. Là, même Ariane avec son fil se ferait bouffer par le minotaure.

J’ai publié le premier quatrain du texte polonais sur mon mur, sur Facebook, et une discussion n’a pas tardé à s’ensuivre, jusqu’à l’intervention d’une ancienne étudiante, Gosia, que j’avais friend-requestée en 2009 ou 2010, quand elle n’était déjà plus mon étudiante ; on ne s’est pas revus depuis six ans, je crois, mais on se suit avec intérêt. Gosia, qui est polonaise, suivait mon cours de version de troisième année en 2007 ou 2008, et quoique, de son aveu, elle n’apprît le français que depuis deux ou trois ans, elle réussissait à avoir de meilleures notes en version qu’un certain nombre de ses camarades de langue maternelle française. Un esprit vif et intelligent, pour résumer. Hier soir, tout en s’excusant d’avoir « du mal à traduire de la poésie », elle a proposé une version française de ce quatrain, que je donne ici :

Nous t’attendons, la peste rouge,

Pour que tu nous sauves de la mort noire,

Pour que dans le pays que tu avais déchiré en morceaux

Tu sois la rédemption accueillie avec répugnance.

 

Il s’avère donc, entre autres, que la suite du poème semble encore plus belle que ce début déjà si prenant cité par Thiéfaine, mais aussi (surtout) que le texte de Szczepański ne répète pas peste.

Bref, il faut (faudrait) découvrir Józef Szczepański, et le traduire.

 

Je vais profiter de ce billet pour faire un bref plaidoyer en faveur des réseaux sociaux. Oui, ce sont des accélérateurs d’inculture, des bastions de l’illettrisme, mais, de mon point de vue, ce sont aussi, depuis plusieurs années, de formidables outils de travail, ainsi qu’un lieu où, chaque jour, je m’enrichis, fais des découvertes, trouve à nourrir ma curiosité intellectuelle. Quand j’ai commencé à tenir un blog, il y a dix ans et quelque, bien des collègues ou amis me disaient : ah non, les blogs, je trouve ça vain, tout ce déballage intime. C’était méconnaître alors l’existence de nombreux blogs dont l’objet n’était aucunement de déballer sa vie privée. C’était réduire les blogs aux skyblogs (qui ont disparu, justement, avec la vague Facebook). De même, avec les réseaux sociaux, la qualité intrinsèque du medium (ou ses possibilités) n’a aucun rapport avec l’usage majoritaire qui en est fait. Tout cela revient à dire, par exemple, qu’il faut casser toutes les télés parce que trop de gens regardent Les Marseillais à Cancun. Je suis certain qu’on trouverait, dans les archives, des textes de détracteurs du cinéma qui, dans les années vingt, mettaient dans le même panier, pour ne pas même être allé y voir de près, des niaiseries muettes et Murnau.