dimanche, 10 janvier 2021
Séances lambrissées
Grande léthargie aujourd'hui. Et dire que je dors très bien ces dernières semaines. Tant mieux, d'ailleurs.
Pas corrigé la moindre copie ce week-end, la honte absolue.
Chaque matin depuis que mes parents m'ont apporté le vélo d'appartement, je fais une séance de 30-40 minutes, en écoutant à chaque fois un des vinyles de la collection installée dans la chambre d'amis. Ce matin, c'était une (longue) face d'un disque de Duke Ellington avec son quindectet (enregistrements de 1954, il faudrait citer tous les musiciens, pas seulement Johnny Hodges (et il faudrait surtout creuser toute l'histoire complexe des orchestres de Duke Ellington)), avec, pour lecture, un article de Paul Zumthor sur l'intertextualité dans les textes médiévaux (il y distingue notamment les modèles "verticaux" des variations "horizontales").
Hier matin, j'avais associé le troisième LP du coffret Eric Dolphy A The Five Spot avec plusieurs lettres de D.H. Lawrence : ce volume de lettres choisies de D.H. Lawrence entre 1923 et 1930, récupéré je ne sais où, traînait à la buanderie, et je m'étais mis à en lire une par ci une par là il y a quelques semaines, au gré des lessives. Lecture très étonnante, pour moi qui n'ai lu, je crois, aucun roman de D.H. Lawrence, seulement des poèmes et des nouvelles. Il y a vraiment des pépites, des réflexions qui en disent long sur la vie intellectuelle dans l'entre-deux-guerres. (J'aurais dû remonter le livre pour noter ici quelques-uns de ces passages.)
Vendredi, j'avais allié mon vieux disque Whomp That Sucker! de Sparks (avec lequel j'ai appris l'anglais (ce raccourci faux est délibéré)) à d'autres lettres de D.H. Lawrence (très congruent).
À la fin de l'automne, vu la météo, j'ai dû interrompre mes virées en vélo dehors, de sorte que le vélo d'appartement tombe bien. Aux beaux jours, il faudra reprendre les excursions, car ça n'a rien à voir, tout de même.
17:53 Publié dans 2021, Jazeur méridional, Lect(o)ures, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 08 janvier 2021
Polyphonies
Difficile de se tenir à l'écriture quand le reste du travail rend tout cela plus difficile encore. Au moins, j'ai le prétexte, parfois, que le travail m'a empêché d'écrire. Ces jours-ci, je suis accaparé par les signatures de programmes d'études des étudiant-es qui postulent pour un semestre ou une année dans les universités partenaires d'Asie et d'Australie. Est-ce l'effet de l'étouffement ressenti avec les confinements, il n'y a jamais eu autant de candidatures.
J'ai passé une partie d'après-midi à lire, au salon, dans un des deux cabriolets offerts par mes parents, le roman de la romancière tunisienne Hella Feki, Noces de jasmin, paru l'an dernier aux éditions Lattès. Sans l'admirable Ahmed Slama, je n'aurais pas eu vent de ce livre. La structure et le fonctionnement narratif (alternance de 5 narrateurs à la première personne, dont un non-humain (la cellule)) rappelle le roman de Véronique Tadjo autour de la pandémie d'Ebola, En compagnie des hommes.
Il va falloir remettre sur le métier les vidéos.
Il fait un froid mordant. Toute la journée, brume et brouillard.
Depuis hier, j'ai mis en route une séance quotidienne de vélo d'appartement, au sous-sol, dans la chambre d'amis reconvertie depuis août en salon musical, et donc aussi désormais en salle de sport. À chaque séance de vélo correspond l'écoute d'un vinyle, avec pause médiane pour retourner le disque. Ce matin, c'était Africa / Brass de Coltrane, et confirmation que c'est peut-être le seul disque de Coltrane que je trouve ennuyeux, pénible presque.
19:12 Publié dans 2021, Jazeur méridional, Lect(o)ures, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 06 décembre 2020
Jeu littéraire dominical
Ce jeu traîne sur Twitter depuis déjà quelque temps, et quand je me décide à faire ce genre de choses, je ne fais évidemment pas les choses à moitié, et je triche pour ne pas avoir trop à trancher.
Pour tout dire, j'avais même songé à d'autres colonnes / rubriques. Il manque, dans ce tableau, au moins Charlotte Delbo, Ovide, Pouchkine et Thomas Bernhard.
17:57 Publié dans *2020*, Chèvre, aucun risque, Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 24 novembre 2020
Farces foutraques
Tenir ce journal chaque jour de l'année 2020 (il y a dû y avoir deux ou trois anicroches, mais enfin...) n'aura pas été tellement difficile. Quand on voit la difficulté que j'éprouve à terminer quelque chose. Je ne me tiens, au fond, qu'à l'informe et l'infini, l'inachevable*. Dès que s'épelle le mot FIN quelque part dans le lointain, c'en est fini de moi.
Bien entendu l'année 2020 porte en elle, dès le principe... portait une feuille de calendrier avec le mot FIN. Mais ce n'est pas pareil : cette fin est inéluctable ; il suffit de se laisser porter.
En lisant le livre de Guillaume Métayer, je me dis que j'aurais pu écrire vingt livres comme celui-là, ne serait-ce qu'au cours des dix dernières années. Voilà, seulement, que je ne l'ai pas fait, et que le conditionnel n'est pas la réalité. Je parle bien de l'essai de Métayer, pas de n'importe quel livre. Diffus, foutraque, ensemble de chapitres simplement reliés par une couverture, mais avec un fil conducteur puissant qui permet de nourrir la réflexion de manière plus continue (comme si c'était le lectorat, réellement, qui faisait le livre), c'est exactement le genre de livre dont je pourrais tirer, sans exagération, vingt volumes en puisant seulement dans mes archives. Quel sens cela aurait-il ? Aucun, certainement, les sujets n'intéressant personne.
Pour en revenir à l'année 2020, il y a une forme d'ironie à ce que ce soit justement cette année étrange, désastreuse, qui me permette d'achever quelque chose. (Il reste 37 jours ; je ne pense pas me porter la poisse en écrivant cela.) Outre la reprise (et l'achèvement ?) du Projet Pinget, que pourrais-je manigancer pour 2021 ?
* La question de l'enthousiasme qui retombe, c'est-à-dire de l'énergie que je peux mettre pendant quelques semaines ou quelques mois à un texte, à une série de vidéos, à un cours, avant que cet enthousiasme ne s'effiloche, est intimement liée, je pense, à l'intérêt très modéré de mes initiatives : j'en veux pour preuve que les personnes avec qui j'échange sur les réseaux sociaux se passionnent toujours quelque temps pour mes vidéos, par exemple, m'en disant le plus grand bien, engageant même un dialogue constructif etc., avant de ne plus jamais intervenir. Tout cela n'a aucune gravité, vu qu'au fur et à mesure je construis tout de même quelque chose, et un fil conducteur se tisse, à défaut de me guider.
16:16 Publié dans *2020*, Ecrit(o)ures, Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 19 novembre 2020
Coincé sous un beau préau
J’ai lu le mot Beaupréau dans un livre, donc me voici dans la cour de récréation de mon école primaire, une fois qu’elle a été rénovée, donc quand j’étais en CM2. Sous le préau nous jouons aux billes, selon des règles un peu plus subtiles que celles des gamins d’aujourd’hui, les consoles vidéo les abrutissent. Stéphane Bégu s’exclame que c’est un beau préau, et il se fout de moi.
Il se fout tout le temps de moi, alors dans la cour de récréation de l’année d’avant, en CM1, je lui casse la gueule, ou plus exactement pour la seule fois de ma vie je fous mon poing le plus fort que je peux dans la gueule de quelqu’un, et ce quelqu’un saigne du nez. Ce quelqu’un c’est Stéphane Bégu. On reprend la partie de billes, mais cette fois-ci c’est dans la cour de récréation du collège Ronsard, et mon fils a honte de voir que je joue aux billes alors que j’ai passé depuis plus de trente ans l’âge d’être au collège.
Mais pas celui de jouer aux billes, alors bon.
Sous le préau de mon école primaire nous jouons aux billes, mais Stéphane Bégu désormais a la tête et les cheveux de Yaël Bidon, les jambes d’Olivier Saint-Geours, et il parle intelligemment comme Sébastien Raoulas. Le surveillant du collège Ronsard vient nous dire qu’on n’a rien à faire là, on n’est pas de ce collège, et d’abord où sont nos masques.
Le surveillant, qui est celui des sosies de François Berléand qui ne ressemble pas du tout à François Berléand, a un livre à la main, et ce livre c’est Catastrophes de Pierre Barrault. Sébastien Raoulas me glisse à l’oreille que nous devons nous trouver dans un chapitre inédit du livre de Pierre Barrault. Je lui dis que je ne comprends rien et il m’engueule parce que ce n’est pas parce que nous vivons en 1983 que nous ne devons pas porter notre masque comme la loi nous y oblige en 2020.
Je lui dis de laisser tomber, et la cour se remplit de billes. Le sosie de François Berléand qui ressemble à présent à Stéphane Bégu se casse la gueule en glissant sur les billes. Il saigne du nez. Tant mieux. En plus il va choper le Covid19 car les billes se sont toutes transformées en petits avatars de Covid19. Tant mieux. C’est ce que je me dis même si je me rends compte qu’il saigne du nez mais avec les visages des autres personnages du roman de Pierre Barrault.
D’ailleurs la partie de billes se poursuit au collège Pierre-Barrault et le surveillant n’est autre que Pierre de Ronsard. Il commence à brailler Mignonne, allons voir si la rose. Je lui pète la gueule, mais bien. J’y prends goût, ma parole. Et puis il n’avait qu’à chanter une de ses antistrophes, car j’aurais pu répondre avec l’épode. Et fusionner François Berléand et Yaël Bidon dans le télépode. Nous voulons des personnages non-binaires. Et des pronoms fuyants. Les il des deux paragraphes précédents ne désignent jamais qui ils semblent désigner.
Je m’acharne sur Ronsard ; je lui pète les dents, et je lui colle le seul point-virgule du texte dans l’œil droit.
Claire me dit que ce n’est pas charitable, et pas malin, qu’elle avait besoin de poser des questions à Ronsard pour son cours de demain.
Je lui réponds que son cours est sur Les Contemplations de Hugo.
Ça ne te regarde pas, me dit-elle.
Il n'avait qu'à pas me dire d'arrêter de singer bêtement et sans talent l'écriture de Pierre Barrault.
Mais il ne t'a pas dit ça, me dit Claire.
J’ai l’impression que Claire est en fait la Claire du roman de Pierre Barrault et ça m’effraie car je n’ai pas lu le roman et je ne connais pas tous les couplets de What shall we do with a drunken sailor. Pierre Barrault me dit que ce n’est pas grave, mais je ne l’écoute pas car c’est lui le sosie de François Berléand et si je n’avais pas lu le mot Beaupréau nous n’en serions pas là.
Le narrateur n’avait qu’à passer sa jeunesse à Saint-Genouph, et nous n’en serions pas là.
Sébastien Raoulas me dit que ça se voit que je n’ai pas lu Catastrophes car ce n’est pas un roman, mais des fragments.
Je lui dis qu’il faut qu’il arrête de se contenter de lire les quatrièmes de couverture car c’est bien un roman, et d’ailleurs il y a un début et une fin.
Yaël Bidon hoche la tête.
Et entre le début et la fin il y a les péripéties.
Yaël Bidon hoche la tête. C’est elle qui a pris la photo de l’agent immobilier dans l’appartement, juchée qu’elle était sur l’éléphant de François Delarozière. Elle est prête à faire cours sur Ronsard, mais elle croit que ça veut dire qu’il faut être juchée sur le Ronsard-machine de François Delarozière.
Je reprends mes billes, car il est évident que j’ai pris un des mauvais chemins pour aller à Beaupréau. Sans ça je ne passerais pas mon temps à m’égarer dans la cour de mon école et dans celle du collège Ronsard.
Je sors du collège qui est mon école de quand j’étais en CM2 mais avant qu’elle ne soit construite, j’ouvre Google Maps qui s’ouvre sur la page 142 de Catastrophes et me dirige vers Saint-Genouph. Claire me tend le nez sanguinolent de Stéphane Bégu. Claire chante This Is No Mine Ain House, dont je ne connais pas les couplets non plus mais que je chante en entier.
Au milieu de la rue Puspök, nous nous arrêtons, figés. Plus moyen de nous bouger.
Chut, me dit Claire, Pierre Barrault est en train de se raser, et il suffit d’attendre qu’il ait terminé.
De toute façon, me souffle Sébastien Raoulas, dont je me demande ce qu’il fout dans mon aéroplane blindé, de toute façon c’est un fragment inédit de Catastrophes, nous n’en sortirons jamais.
Et nous n’arriverons jamais à Saint-Genouph non plus.
Désespéré, j’avale une bille pour que Sébastien Raoulas se transforme en Stéphane Bégu et que je puisse lui casser la gueule.
11:28 Publié dans *2020*, Ecrit(o)ures, Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 17 novembre 2020
Avec attestation
11:10 Publié dans *2020*, Lect(o)ures, Moments de Tours, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 08 novembre 2020
"80 or 100 feet in length"
13:45 Publié dans *2020*, Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 14 octobre 2020
magdaléniennement (de Fourcade à Heaney)
Continuer de lire des textes à la fois beaux (par éclats) et ardus, c'est ma seule technique pour ne pas sombrer dans la sénilité.
Mais cela n'est-il pas un leurre ?
08:30 Publié dans *2020*, Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 12 octobre 2020
Avec un monstre lu
Ce matin, c'était un peu la vidéo à handicaps, et je ne parle pas du masque. Contrairement à ce que je dis au début, j'ai d'ailleurs pu la mettre en ligne avant mon premier cours, mais grâce à l'utilisation de WeTransfer et à une petite promenade permettant de trouver davantage de réseau que dans mon bureau (1 gigaoctet, ça bloquait).
Au demeurant, j'avais mal commencé la journée, et je n'ai cessé de me sentir mieux au fur et à mesure qu'elle passait.
17:54 Publié dans *2020*, Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (1)
lundi, 05 octobre 2020
Le monde à écumer (l'arrachée belle)
Après ma lecture du premier livre de Lou Darsan, je me suis retrouvé avec une occasion en or de dire deux mots de Wittgenstein's Mistress, un livre-phare pour moi.
Mais je m'avise avoir dit n'importe quoi : Wittgenstein's Mistress, je l'ai lu sur exemplaire emprunté en B.U., puis réemprunté. Je ne l'ai donc jamais eu en anglais.
19:18 Publié dans *2020*, Blême mêmoire, Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 23 septembre 2020
Unissons
Aujourd'hui, dans deux livres que je lis simultanément, il était question de l'insurrection de Mohand Mokrani dans les années 1870, en Kabylie.
Ces deux livres, ce sont ALGER, RUE DES BANANIERS de Béatrice Commengé, et le dernier chapitre de LA FOSSE COMMUNE de Pierre Vinclair.
22:00 Publié dans *2020*, Chèvre, aucun risque, Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 16 septembre 2020
Catastrophes
06:15 Publié dans *2020*, Chèvre, aucun risque, Lect(o)ures, Mirlitonneries métaphotographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 11 septembre 2020
Galère aux catastrophes
Ce matin, j'ai donc emmené O* faire le test PCR du Covid19. Nous aurons les résultats demain après-midi au plus tôt. En attendant, c'est un peu galère : nous ne devons jamais être dans la même pièce, ou alors avec le masque. Même pour nous, qui avons une grande maison, et même avec la météo qui nous permet de passer du temps dehors, et de faire tous nos repas sur la terrasse en plaçant O* à un mètre de nous, c'est pesant. Pourvu que le test soit négatif, à tous égards ; pour l'instant ça ressemble à une petite rhinopharyngite.
J'ai reçu hier mon lot commandé la semaine dernière aux éditions du Corridor bleu, dont je venais de découvrir le catalogue : un numéro papier de la revue Catastrophes, un roman de Pierre Vinclair (dont l'extraordinaire poème La Sauvagerie m'aura accompagné tout l'été), un beau recueil de la jeune poète Julia Lepère (cf supra) et un recueil de Christine Chia (malheureusement pas en bilingue, j'étais très déçu en voyant ça).
J'essaie d'organiser, comme je le peux, mes deux cours en distanciel, celui d'agrégation interne, et celui pour les étudiant-es d'échange resté-es dans leurs pays respectifs (mais qu'on accueille quand même, on n'en est pas à une contradiction sémantique près).
23:23 Publié dans *2020*, Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 29 août 2020
Charbonné
L’érable chétif face à la cuisine a deux grosses feuilles brunes. Il fait frisquet aujourd’hui.
Je poursuis ma lecture de Zoocities, de la philosophe Joëlle Zask : le livre est intéressant, de par son sujet autant que par sa problématique, mais le manque répété de rigueur dans les sources et dans la démonstration m’agace toutes les trois pages.
Encore un achat mobilier aujourd’hui : une bibliothèque d’occasion, au dépôt-vente de Saint-Pierre des Corps. Elle va nous permettre de ranger DVD et divers bouquins de façon plus rationnelle à la buanderie.
Pendant que j’enregistrais, comme on doit le faire chaque semaine, les différentes pièces de hautbois jouées par O*, j’ai feuilleté deux livres qui se trouvent au salon : ma fidèle anthologie des littératures du Moyen-Âge – qui m’a donné envie de lire le Huon de Bordeaux – et un livre d’art L’art belge, entre rêves et réalités, que je n’avais pas ouvert depuis longtemps et dont je retiendrai le nom de Maximilien Luce.
17:40 Publié dans *2020*, BoozArtz, Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 21 août 2020
All Along the River
Je ne lis pas énormément, mais avec le roman de Mary Elizabeth Braddon que je suis en train de lire, je retrouve un vrai plaisir de lecture. Il s’intitule All Along the River, date de 1893 ; c’est le troisième que je lis de cette autrice immensément populaire de son vivant, et pas seulement au Royaume-Uni puisque plusieurs de ses romans furent traduits en français l’année suivant leur parution en anglais. C’est très bien écrit, et quoique l’intrigue soit cousue de fil blanc, absolument jouissif dans les descriptions sociales et psychologiques, bourré de stéréotypes de genre subtilement déconstruits.
23:11 Publié dans *2020*, Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 11 août 2020
*1108*
C* a reçu en cadeau, de la part de mes parents de ma sœur, le Dictionnaire des créatrices en 3 forts volumes, magnifique somme publiée en 2011 par les éditions Des Femmes et devenue introuvable, sauf d’occasion.
15:51 Publié dans *2020*, Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 25 juillet 2020
Se taire ou pas (projets)
Réveillé à 6 h avec la migraine pas passée hier soir. Je n’arrive plus du tout à lire en ce moment. Quoique l’angle sous lequel y est traitée la question de la mémoire de la traite esclavagiste soit très novateur et m’intrigue, le livre de Léonora Miano que j’ai commencé il y a trois jours – Crépuscule du tourment – me tombe des mains, comme tout ce que je tente de lire depuis une quinzaine, il semblerait. J’ai reçu Se taire ou pas, d’Isabelle Flaten, reparu en poche au Réalgar : si je n’arrive pas à le lire non plus, ça va devenir inquiétant.
Je pianote dans la maison vide et endormie, avec quatre bougies à la citronnelle et le reflet de mon visage au-devant du clavier, dans le verre de la table de la salle à manger (qui fait partie des nombreux meubles que nous devons virer d’ici fin août). Et la maison paraissait déjà vide après le nettoyage de février…
Il faut que j’écrive le billet d’hier, et les deux sonnets du jour, à défaut des trois en retard.
07:02 Publié dans *2020*, Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (2)
mardi, 07 juillet 2020
"agir non agir"
Première vraie journée d'été, pas franchement caniculaire... toujours ce vent...
Beaucoup lu. Je poursuis la lecture, linéaire, j'y tiens, de La Sauvagerie. Je ne suis pas encore en mesure d'écrire quoi que ce soit au sujet de ce livre dont je ressens très fort qu'il s'agit d'un poème qui va me marquer durablement, devenir un de mes classiques incontournables, toujours remis sur le métier. On peut lire le long méandreux article que vient de lui consacrer Auxeméry (un des 49 co-auteurs du livre, d'ailleurs), mais je pense que le mieux est, à condition d'aimer lire de la poésie, de se procurer le livre de Vinclair.
[Je préfère la recension de Tristan Hordé, qui m'apprend que Vinclair publie simultanément un essai intitulé Agir non agir.]
Avant-hier j'ai commencé la lecture de Comorian Vertigo, qui me plaît moins que les deux autres livres de Nassuf Djailani chroniqués samedi dernier. C'est un roman, mais de bric et de broc, il semble.
Avant-hier j'avais aussi commencé à me plonger dans les deux gros "Quarto" rassemblant les quatre livres de Paul Bénichou ; aujourd'hui, j'ai beaucoup avancé dans Le Sacre de l'écrivain. Même si une partie de la démonstration m'intéresse modérément, en matière d'histoire littéraire, je ne lis pas trop en diagonale car je veux être sûr de ne pas manquer les articulations principales. Or, les pages sur l'illuminisme, sur Senancour ou sur Lamartine sont difficiles à extraire, ou à abstraire.
Soir : Wild At Heart, que je me rappelais mal, et qui est de fait, un petit Lynch. Difficile d'imaginer comment ce film a eu la Palme d'Or. Cage y est excellent, mais tout y est un peu surdéterminé, excessif aussi. Je crois que quelque chose m'échappe.
22:50 Publié dans *2020*, Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (1)
samedi, 04 juillet 2020
Pentes et sentes
Levé tôt, fatigué. Me suis senti un peu comme ci comme ça toute la journée.
En fin de matinée, je suis allé en ville en vélo, pour la première fois. Cela m'a permis de voir qu'il me faudrait 17 minutes si je comptais me rendre l'an prochain au travail en vélo (au lieu de 25 minutes environ à pied et en tramway), et plutôt 25 minutes au retour (j'ai mis pied à terre à mi-côte, avenue de la Tranchée, mais c'est parce que je n'ai pas pris l'habitude de grimper).
Après bien des tergiversations, j'ai aussi fini par enregistrer, en trois temps, la vidéo n° 62 de je range mon bureau. Vu le nombre de livres qui s'étaient accumulés, j'ai été contraint de les expédier, de parler de chacun en trois minutes voire moins, à l'exception des Hommes qui me parlent d'Ananda Devi ; j'ai considérablement abrégé le temps de bavassage en ne lisant que peu d'extraits (Woolf, Devi et Thörn seulement).
Je parle de bavassage, et je parle de tergiversations : en effet, je crois que j'ai fait le tour de ce format, que je n'en vois plus trop l'intérêt. Mon seul problème est que, si je ne fais plus ces vidéos, je ne garderai plus trace, pour moi-même, des livres que je lis, et qui s'empilent sur les étagères. Un ami, avec qui j'ai pris un verre ce midi justement, et qui a acheté plusieurs livres suite à ces chroniques filmées, publie des extraits des livres qu'il lit sur Facebook : moins chronophage que le billet de blog, cette pratique est peut-être ce qu'il me faut désormais.
17:27 Publié dans *2020*, Flèche inversée vers les carnétoiles, Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (5)
lundi, 01 juin 2020
Lect(o)ures
En ce premier jour de juin, je me contente, pour nourrir cette rubrique qui n'a pas connu un seul jour de jachère depuis le 1er janvier, de cette capture d'écran d'un tweet écrit hier matin.
Je m'en veux beaucoup de laisser en plan trois projets qui me tiennent à cœur, mais je manque de temps, et parfois d'énergie, et surtout de motivation dans la durée. Besoin d'être encouragé, peut-être. Au lieu de quoi, comme un idiot qui se disperse, j'ai créé samedi un nouveau compte Twitter dans lequel j'entreprends de transposer en anagrammes la totalité d'un grand roman moderniste.
Le verre d'eau à moitié plein, ce serait de considérer tout ce que j'ai amassé, en blogs et vlog, depuis quinze ans, en le faisant surtout pour moi-même...
10:45 Publié dans *2020*, Chèvre, aucun risque, Ecrit(o)ures, Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (10)
vendredi, 29 mai 2020
Traversées des fantoches
Hier, Blanquer, une fois encore à la ramasse et désavoué, a annoncé l'annulation de l'épreuve orale de français, dont le maintien était, de fait, incohérent, vu que, pour l'ensemble des autres épreuves du baccalauréat, il avait été décidé, depuis plus d'un mois, le remplacement des examens par une évaluation au contrôle continu sur les deux premiers trimestres. (De par plusieurs témoignages qui me reviennent, cette dernière décision a d'ailleurs foutu dans la merde mis dans un profond embarras pas mal de lycéens de Terminale qui avaient glandouillé en comptant sur des révisions de dernière minute pour sauver les meubles.) Ce ministre abject, qui impose depuis trois ans une idéologie saumâtre et rance contre tous les avis et contre les experts, est devenu de façon manifeste, depuis trois mois, le fantoche à la fois ridicule et odieux que les gens du milieu savaient déjà être.
Apparemment, si O* (qui est en quatrième) retourne au collège, ce sera un jour par semaine, car le collège ne peut pas s'organiser autrement : c'est ce que Blanquer nomme le “retour à la normale”. Imbécile.
Hier, passage chez le libraire, qui avait enfin fini par recevoir deux ouvrages publiés au Canada qui n'étaient pas arrivés à temps pour le 29 mai, en sus d'un certain nombre de livres divers que j'avais commandés et dont certains m'avaient été recommandés par Pierre Barrault. J'y ai aussi acheté la traduction du recueil de Christopher Okigbo, Labyrinths, qui paraît enfin en français, cinquante ans après la bataille, et sous la plume de celle qui fut ma présidente de jury de thèse, Christiane Fioupou. Bizarre de découvrir cette publication comme ça, par hasard, sur une table de librairie. Si moi, qui fais partie des quelques centaines de clampins susceptibles de connaître l'importance d'Okigbo (poète nigérian ultra-important, lyrique, subtil, et notoire notamment d'avoir été tué à 35 ans, dès les premiers mois de la guerre civile de 1967-1970) et d'une telle traduction en France, je l'apprends par hasard, ce n'est pas très bon signe pour le livre, outre le fait qu'il est sorti juste avant le confinement.
Je vais encore beaucoup me plonger dans des questions de traduction ces jours prochains car j'ai aussi acheté la traduction en Poésie/Gallimard des Sonnets de Pasolini : je crois que c'est l'édition recommandée pour le programme 2021 de l'agrégation de lettres modernes, et je vais pouvoir comparer avec celle des Solitaires intempestifs, que je connais mieux et depuis quelque temps déjà. Et j'ai aussi emprunté à la B.U. (on ne peut pas entrer, on commande à distance et on récupère les livres à l'extérieur, le long de la Loire) plusieurs livres de et sur Maryse Condé, dont la traduction de Traversée de la Mangrove par Richard Philcox : le livre est précédé d'un avant-propos du traducteur qui méritera(it) à lui seul un billet de blog.
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En écoute : insistence de Jacques Ponzio / Africa Express [album remarquable / je dois écrire dans les jours qui viennent un billet de blog aussi sur les disques d'Africa Express, mais je rappelle ici même qu'il n'y a pas besoin d'attendre que j'en dise bien pour s'y intéresser]
09:02 Publié dans *2020*, Chèvre, aucun risque, Lect(o)ures, Translatology Snippets | Lien permanent | Commentaires (2)
mercredi, 27 mai 2020
Huysmans
Il n'est pas évident de déterminer ce qu'il faut faire, et dans quel ordre.
Aujourd'hui, j'ai fini de lire Là-bas de Huysmans. Avec ses archaïsmes et ses vitupérations, Huysmans reste malgré tout un romancier vraiment intéressant, même par la façon dont il mêle deux romans qu'il n'a pas écrits à son roman principal en quelque sorte : on sent bien que les pages où Durtal rapporte ce qu'il a lu de Gilles de Rais sont plaquées, et il en va de même des conversations avec le sonneur de cloches de Saint-Sulpice, Carhaix... mais l'ensemble forme malgré tout un ensemble qui n'est pas seulement un assemblage d'aphorismes ou d'observations, d'une manière qui préfigure la structure romanesque des modernistes (Conrad, Ford Madox Ford, Woolf).
Je me suis replongé dans Huysmans à l'automne dernier, à l'occasion de la parution du Pléiade. Je n'avais vraiment lu que les poèmes en prose du Drageoir aux épices (non repris dans le Pléiade) et À rebours, comme tout le monde. Là, j'en suis à "mon" troisième, sans avoir relu À rebours. Je me convaincs que, sans être un très grand, Huysmans doit être lu, et même que ses romans ont beaucoup à nous dire, mutatis mutandis, des tripatouillages idéologiques dans lesquels nous traînassons.
21:04 Publié dans *2020*, Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (2)
samedi, 09 mai 2020
Odds and ends
Aujourd'hui, je n'ai pas fait grand chose, ou plus exactement : je n'ai guère bossé.
Comme, d'une part, il faisait beau, et comme, d'autre part, O* a été occupé à faire son travail d'arts plastiques le matin, à jouer à Fifa19 en début d'après-midi (il a été limogé de son poste d'entraîneur du PSG car avec les difficultés à jouer au niveau pro il y a 2-3 semaines quand il a passé ce niveau, il n'a pu terminer "que" 5e du championnat), puis à aider A* à faire la cuisine (quiche aux tomates cerise, velouté de fenouil et enfin chili pour demain), il n'y a eu ni partie de piquet, ni billard, ni ping-pong, et donc j'ai pu beaucoup lire, dehors, donc, malgré quelques agaçantes chignoles voisines autour des 3-4 heures de l'après-midi.
J'ai fini de lire La statue de sel d'Albert Memmi, son premier roman (1953), que j'avais trouvé dans une boîte à livres je ne sais plus où, et qui s'est d'ailleurs débigoincé en cours de lecture : une fois la prochaine vidéo faite, il ira au recyclage, ce qui est dommage car c'est un très bon livre. En cherchant quelques bricoles hier au sujet de Memmi (dont j'ai lu il y a très longtemps, à Beauvais, Le scorpion) j'ai découvert qu'il était toujours vivant : il fêtera ses cent ans en décembre prochain. Roman en partie autobiographique, mais en partie seulement : on sait que les deux derniers chapitres correspondent en quelque sorte à une vie alternative d'Albert Memmi. Il s'agit d'un Bildungsroman qui suit les étapes d'un jeune Juif tunisois de l'enfance au début de l'âge adulte, après un “séjour” très rude dans un camp de prisonniers, sous le joug nazi. Memmi décrit très bien comment les Juifs d'Afrique du nord, considérés comme des citoyens de seconde zone avant et pendant la guerre, se sentent toujours aussi délaissés, tant par les FFL que par le nouveau gouvernement. Là où le roman se distingue notamment de la vie de Memmi, c'est qu'il s'agit d'un Künstlerroman déceptif : comment Alexandre Mordekhaï Benillouche n'est pas devenu écrivain. Le roman commence d'ailleurs d'une manière qui m'a rappelé le film de Perec Un homme qui dort, vu récemment.
J'ai ensuite enchaîné sur un Pirandello acheté il y a un bon moment au Bibliovore (la fermeture des librairies ne m'a pas frustré car j'ai des dizaines de livres en souffrance, parfois depuis un bon bout de temps), Feu Mathias Pascal. Pirandello, ce sont surtout des souvenirs de théâtre lu, il y a longtemps : souvenir très vif d'avoir adoré Vêtir ceux qui sont nus ; je me revois encore rencogné dans un des deux vieux fauteuils de notre studio à Coppélia. Ce roman, le chef-d'œuvre de Pirandello selon la quatrième de couverture, commence très bien, les 150 premières pages, on va dire, mais je suis moins convaincu par les pages du milieu, l'intrigue dans la pension de famille romaine.
[On a side note, lire ce roman a été l'occasion de découvrir une scène des Évangiles qui m'avait échappé, la guérison de l'Hémorroïque.]
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Soir : Chat noir, chat blanc de Kusturica. Nous avions vu ce film, C* et moi, lors de sa sortie, en 1998, à Beauvais, avec une amie de l'époque, Béatrice, perdue de vue avant même que nous ne quittions la Picardie : elle s'était enfoncée dans la dépression, certainement, et avait glissé sans contrecoup possible dans les abonnées absentes. Il y a quelques mois, nous avons revu aussi avec les garçons Le Temps des gitans. La vie est un miracle, que je n'ai jamais vu, nous attend aussi. Chat noir, chat blanc est conforme à mon souvenir : brillant, drôle, emporté, véhément, avec bien entendu ces scènes anthologiques rythmées par des orchestres dans les postures les plus inimaginables. La grande scène du début chez Grga et la scène du convoi ferroviaire (avec le chef de gare pendu à une barrière levée) sont des hommages appuyés mais très réussis à Sergio Leone. Je n'avais pas de réel souvenir des entourloupes mafieuses qui rythment le film, ni du fait que les deux chats du titre sont aussi ceux qui, en folâtrant, ressuscitent les deux vieux. La résurrection et la joie macabre sont deux motifs essentiels du cinéma de Kusturica. La destruction progressive de la maison a un petit côté métafictionnel : regardez, on détruit le décor au fur et à mesure qu'on tourne le film. — Il faudrait revoir Underground aussi ; j'avais beaucoup aimé ce film et n'avais pas trop compris, à l'époque, pourquoi le film était accusé de défendre évidemment le nettoyage ethnique de Milosevic et sa bande...
Sinon, j'ai visualisé le rayon de 100 kilomètres autour de notre domicile, afin de voir quelles petites virées (avec pique-nique et masques) nous pouvions envisager : outre le Bioparc de Doué (mais quand les oryctéropes seront visibles, dixit le spécialiste), les châteaux vont commencer à rouvrir leurs portes, sans parler des villages des bords de Loire. Pour les grandes villes, nous avons été amusés de voir qu'Angers et Poitiers — très belles et captivantes — étaient tout juste dans le cercle, de même que Le Mans, alors qu'Orléans — cette cité grisâtre et médiocre — était hors de portée, à quelques kilomètres près.
23:30 Publié dans *2020*, Blême mêmoire, Lect(o)ures, Tographe | Lien permanent | Commentaires (2)
mardi, 05 mai 2020
Ça travaille (au ciboulot)
Ce matin, le cours d'agrégation sur Gordimer s'est bien passé : c'était une étudiante/collègue qui se chargeait du commentaire de texte. Afin de permettre davantage d'interaction qu'avec Youtube, j'avais créé un “salon” avec Jitsi. J'ai donc pu voir — ce qui change tout — les collègues, dont le seul garçon, qui a eu l'air de s'emmerder tout du long des 2 h 30...
D'ailleurs, j'ai tenté de faire un live streaming de la visioconférence sur YouTube, mais il a dû y avoir un bug car seules les 90 premières minutes ont été enregistrées / archivées. Heureusement que j'avais fait un document avec mes suggestions de plan et d'analyses pour les absentes.
Pour préparer ce texte, je me suis replongé dans De Chirico, et surtout dans The Enigma of Arrival : une envie folle de relire ce livre. Si je me mets à vouloir relire, je ne suis pas sorti de l'auberge... Pendant ce confinement, toutefois, le “placard des livres en souffrance” se vide un peu, mais pas le “confiturier”.
Soirée : The Big Lebowski, vu au cinéma à sa sortie. Même impression qu'il y a 20 ans et quelque : film distrayant, bien joué, mais trop long, pas très bien ficelé, répétitif, trop “second degré”. En fait, ni C* ni moi ne nous rappelions l'intrigue, plutôt l'ambiance seulement. Mention spéciale pour le numéro hallucinant de John Turturro au bowling.
22:27 Publié dans *2020*, Lect(o)ures, Tographe, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 01 mai 2020
Pour ne pas en finir avec les nombres premiers
Hier soir, nous avons regardé un film canadien, Pauvre Georges ! de Claire Devers — pas mal, plutôt allusif malgré quelques lourdeurs de mise en scène — pas du genre à casser des briques. Je me disais ce matin, en y repensant, que c'est exactement le genre d'histoire qui peut donner tout et son contraire, d'un point de vue littéraire : par exemple, la même histoire, peu ou prou, racontée par Nuruddin Farah, d'un côté, et par cette baderne nullissime d'Eric-Emmanuel Schmitt de l'autre.
Consulté, pour l'avoir vue sur Facebook, la liste des 100 livres les plus importants du 21e siècle compulsée par le Guardian. Il s'agit d'un article de 2019 qui a resurgi, je ne sais pourquoi. Comme d'habitude avec ce genre de liste, je fais le décompte des livres traduits, donc histoire de voir ce qui, pour le monde anglophone, représente le monde : 84 livres sur 100 ont été écrits en anglais par des anglophones, pour l'immense majorité d'entre eux/elles britanniques ou nord-américain·es.
Toutefois, j'ai aussi essayé de repérer combien de livres j'avais lu. 14, comme suit, avec mes conseils au collègue avec qui j'ai échangé à ce sujet sur Facebook :
99/ Verre cassé de Mabanckou (aucun intérêt – AM n'a écrit qu'un seul bon livre, Lumières de Pointe-Noire)
95/ les Chroniques de Bob Dylan, intérêt trèèès relatif
75/ Tokarczuk, j'en ai lu plein mais pas celui-là je crois (pb du titre en anglais ?) – je conseille très hautement Les Pérégrins
69/ idem Javier Marias, pas sûr au vu du titre — bien aimé la trilogie Ton visage demain, qui même oxbridgisme et espionnage pendant la Guerre froide
47/ Persepolis, ok
46/ Human Chain, je ne connaissais pas l'existence de ce recueil de Heaney / à suivre
41/ Atonement, un McEwan très dispensable (moins mauvais qu'Amsterdam quand même) — à mon avis, il faut lire deux livres de McEwan: The Cement Garden et Black Dogs, point barre
33/ Fun Home, ok
29/ La mort du père et la suite de l'hexalogie de Knausgaard (j'en suis au tome 3), pas mal mais ça faiblit - le premier est vraiment très dérangeant et fort du coup
21/ Sapiens, m'a pas mal énervé, j'en ai parlé dans une vidéo
17/ The Road, ok
16/ Franzen, c'est comme Foster Wallace, pu finir aucun de ses livres, zzzzzzzzzzzzzzzz
12/ The Plot Against America, pas le meilleur Roth mais bien (je pensais qu'il était plus ancien que ça en revanche)
10/ Adichie, oui, il faut la lire [et plutôt Half of a Yellow Sun qu'Americanah, pour commencer, en effet]
Il faudrait que je compile ma propre liste des livres publiés entre 2001 et 2020 dont je considère que les gens que je connais gagneraient à les lire, ou à les avoir lus. Il n'y en aura pas cent : un nombre premier, peut-être...?
10:01 Publié dans *2020*, Chèvre, aucun risque, Lect(o)ures, Tographe | Lien permanent | Commentaires (4)
jeudi, 30 avril 2020
Bureaux, billards, palindromes
Depuis hier matin, il tombe, par moments, des trombes d'eau. Je plains, malgré l'épais feuillage du néflier qui les protège, les tourterelles, et les autres oiseaux (une nichée de mésanges charbonnières, peut-être, du côté du prunus qui fait face à la haie, dans le lierre touffu ?).
Le 30 avril, j'aurai donc réussi à écrire un billet chaque jour depuis le début de l'année. Des repères. Il y a trois jours, toutefois, j'ai manqué l'occasion de signaler le 4664e billet, pas seulement pour l'amour des palindromes mais parce que ce nombre était le numéro de dossier de mon fils aîné chez l'orthodontiste.
Hier soir, épisodes 7 et 8 de la saison 5 du Bureau des légendes. La série traîne en longueur, tire sur tous les fils déjà abondamment pris et repris lors des saisons précédentes, sans réel renouvellement. Il aurait fallu un peu de courage, une déstabilisation narrative, comme, par exemple, reprendre tout depuis le point de vue d'un seul personnage secondaire (l'informaticien ou le spécialiste de la zone Moyen-Orient, par exemple). Changer de mode narratif, ou de système formel, que sais-je. Là, on s'emmerde gentiment ; ça ronronne.
Depuis deux jours, un jeu littéraire fleurit sur Twitter, avec le hashtag #UnLivreUnePlace.
Le temps se rafraîchit, ce qui est presque habituel pour le tournant d'avril-mai. — Plus personne ne comprend rien aux annonces du gouvernement ou du Ministère de l'Education nationale, mais on a l'impression que plus personne ne cherche à comprendre, qu'on s'habitue à couler à moitié dans un navire au gouvernail arraché, au capitaine absent.
Essayé de comprendre les règles détaillées du jeu de la 8 au billard américain ; je me demande si passer l'agrégation de philosophie n'est pas plus compliqué.
07:50 Publié dans *2020*, Flèche inversée vers les carnétoiles, Lect(o)ures, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)