mercredi, 15 mars 2023
15032023
Comme mercredi dernier, O* a sa répétition principale avec l’orchestre Saint-Saëns, puis il a une répétition de l’ensemble de bassons et hautbois qui se produira le mardi 28. Dans l’intervalle entre les deux répétitions, entre 16 h 45 et 18 h, nous nous sommes promenés, avec un arrêt au buffet de la gare (que personne ne doit nommer ainsi – son nom officiel est Brasserie Leffe, je crois), mais aussi jardin de la Préfecture, s’aviser qu’il n’y a plus de boîte à livres. Par contre, la salle d’attente du site Jules-Simon a bel et bien rouvert, avec même bouilloire et café/thé en libre service (à destination du personnel et des élèves – je n’y ai pas touché). J’ai bien avancé dans un petit roman de C.K. Stead All Vistors Ashore, dont le modernisme a déjà mal vieilli – or, le livre date de 1984…
21:15 Publié dans 2023, Ce qui m'advient, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 16 janvier 2023
16012023
Pour une fois, malgré le mal de gorge et le début de fièvre, malgré le vent glacial, je pouvais renouer avec la rubrique Ce qui m'advient. Quelques photographies pendant une promenade rapide avant de me rapatrier dans la voiture quand la quinzième giboulée de la journée a commencé à tomber. Une luminosité étrange, avec ces couleurs si particulières de la fin de journée.
Envie de pisser, froid, et en dictant pas d'autre envie que d'énumérer des phrases sans verbe. La grande furie des textes dictés, avec le podomètre en parallèle, c'était il y a 7 ans.
En écoute : Tension (Albert Mangelsdorff 5tet, 1963) ; The Dark Keys (Branford Marsalis Trio, 1996) ; Swinging Macedonia (Dusko Goykovich 6tet, 1967).
18:00 Publié dans 2023, Ce qui m'advient, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 07 mars 2020
Ce qui m'advient encore
Aujourd'hui, chose rare, O*** avait une répétition au conservatoire en début d'après-midi. Je serai donc allé quatre fois cette semaine dans le quartier de la cathédrale. Aujourd'hui, nous avons déjeuné à la Grange des Celtes, puis, après un petit tour place François-Sicard (O*** ne se rappelait pas la statue de Michel Colombe), je suis allé – O*** déposé à sa répétition – acheter des disques à la FNAC, puis lire sans manteau, au soleil, sur un banc des jardins de l'archevêché.
Je me suis rappelé que cela fait cinq ans et demi qu'O*** a commencé à suivre les cours du conservatoire : actuellement, avec l'inscription en Hors Temps Scolaire, cela représente 2 heures de formation musicale (le mardi de 18 à 20), deux leçons individuelles de hautbois de 25 minutes chacune (le lundi à 17 h 20 et le mercredi à 18 h 15), une séance d'orchestre (le mercredi de 18 h 45 à 20 h).
Il ya cinq ans et demi, après les deux années d'initiation dans l'ancienne école désaffectée proche de l'avenue de l'Europe (je me suis rappelé hier que c'est le dernier endroit où j'ai vu les pains ovoïdes de savon senteur citron dont quelqu'un a publié sur Twitter une photographie à intention humoristique dans le contexte du Covid19), il y a cinq ans et demi, donc, j'avais commencé à publier dans la rubrique Ce qui m'advient les textes que j'écrivais le lundi soir de cinq à sept, pendant que j'attendais O***, lui alors à sa leçon de formation musicale + chant choral (si mes souvenirs sont bons).
L'objectif de cette rubrique était de travailler, chaque semaine, à partir d'un chronotope : le lundi de 5 à 7 + les lieux où l'on attend pendant qu'un enfant suit ses cours du conservatoire rue Jules-Simon. Les années suivantes le chronotope a bougé un peu, puis la rubrique elle-même, fatalement, s'est effilochée.
Je me suis rendu compte, aussi, qu'A***, notre fils aîné, avait alors le même âge qu'O*** aujourd'hui.
Après la lecture dans le jardin du Musée des Beaux-Arts, j'ai un peu déambulé, trouvé non sans mal un café ouvert, continué ma lecture (Les Porteurs d'eau d'Atiq Rahimi) sur la grosse bûche entre le pavillon principal du site Jules-Simon et la salle du Pré.
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Soir : Angleterre/Galles. J'avais pronostiqué, quand O*** m'a questionné lors du déjeuner, 32-22 : au début des arrêts de jeu, le score était de 33-23. Un bel essai gallois de dernière minute a pulvérisé mon pronostic.
Outlander, deux épisodes. Ce con de Jamie a latté ce con de Robert en lui défonçant la gueule : la masculinité en prend pour son grade, en un sens, dans cette série.
Écouté les disques achetés : Suzane, le dernier Murat, le dernier Agnès Obel, le disque de Sophie Alour avec Mohamed Abozekry, un jeune oudiste fort talentueux. [Je ne comprends pas pourquoi S. Alour, après ou comme tant d'autres saxophonistes, s'évertue à jouer de la flûte traversière. Le spectre bifrons de Coltrane et Dolphy ?]
23:30 Publié dans *2020*, Autoportraiture, Autres gammes, Ce qui m'advient, Jazeur méridional, Moments de Tours, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (2)
lundi, 19 novembre 2018
Six à sept, plutôt
Passer une heure dans un bar tabac qui vend des "produits de vapotage", c'est être confronté — à flux continu — à une langue étrangère. J'aurais du déclencher mon enregistreur pour tenter ensuite de transcrire ces dialogues incompréhensibles.
Et ce à tel point que j'ai failli demander en mariage la meuf qui a demandé "un paquet de Marlboro Light".
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C'était un bar-tabac de la rue des Halles ; je crois ne jamais m'y être réellement arrêté auparavant.
Il a fallu tuer le temps, pendant la leçon de solfège du fils cadet.
18:32 Publié dans Ce qui m'advient | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 12 avril 2018
In there somewhere
O stables of granate and cottages of porphyry
I long for your kindness and your lazy fury
Cottages of porphyry, stables of granate
May I tell you aloud that I pulled what I ate
Though my dear life has been a glittering sewer
Is anything comparable to Pekuah?
18:54 Publié dans Ce qui m'advient | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 25 janvier 2018
Un chronotope plutôt diffus
25 janvier 2018
Et après tout ça bien sûr le silence
le long silence comme un désert
et puis non la comparaison
est fausse : pas un désert, non, plutôt
une longue prairie
infinie presque, interminable, une longue prairie
où on se serait arrêté
herboriser,
batifoler,
s'allonger pour dormir,
s'allonger pour se repaître des sons et des odeurs,
l'odeur de l'humus surtout
et le mélange étrange entre pattes de grillons et tiges amères
dans cette longue prairie on a franchement oublié
d'écrire, on a oublié,
peut-être même qu'on aura désappris
d'écrire, qu'on aura
oublié de s'apercevoir qu'on ne saurait au bout du compte
plus écrire,
et est-ce que ça serait gênant,
ce texte qui a eu un début, oui, ça se retrouve,
le début, ou un début à tout le moins,
mais la fin jamais,
on ne sait jamais quand ça finit,
comme la longue prairie où on s'étala
dans l'herbe,
dans l'odeur étrange mélange de tiges
et de pattes de grillons, de taupinières,
la longue prairie où on baguenauda
(de douze à onze, oui, je réapprends écrire)
enfin, un début ça oui,
une ou la ou quelle fin,
non, à tel point que je ne sais même plus comment se nommait ce texte
interrompu (forcément
interrompu – presque tous les « chantiers »
comme je dis sont sans borne),
je l'avais entamé en me fixant sur le concept de chronotope,
il y a deux ou trois ans,
et sur l'heure de cinq à sept, le lundi,
tous les lundis de cinq à sept j'apportais mon netbook,
c'était je m'en avise la première année de conservatoire
& donc ça doit faire trois ans,
d'ailleurs je me revois écrivant un texte sur les attentats de janvier,
je revois dans quel café,
c'était bien il y a trois ans,
et depuis combien de temps en revanche le texte interrompu,
là c'est jeudi
de six heures et demie à huit heures
autre immanquable rendez-vous, la leçon de solfège
au beau milieu des murs sales,
le bâtiment pris entre les murailles et le bitume,
la mélodie récurrente des répétitions à l'étage au-dessus
(une voix féminine convenue, claviers et guitare basse, tchac des cymbales)
comme on est loin de la prairie
imaginaire,
ce temps où l'on avait oublié jusqu'à ce texte
et jusqu'à savoir
écrire.
Avec le mot rêve et le mot rive, trouvés très proches l'un de l'autre sur une même page, au bas d'une page, que faire sinon les poser là.
Rive.
Rêve.
Rive. Rêve.
En fait, c'est : comme un rêve. […] Les rives
ça ne dit pas grand-chose ; ça ne me dit pas grand-chose.
Posés là, d'une certaine façon, je m'étais dit que ça pouvait faire poésie.
Posés. Poésie.
On ignore ce qui se passe, avec les mots rive et rêve, avec le mot posés et le mot poésie.
Bien entendu, il m'a toujours paru singulier de se passer des possibilités presque infinies qu'offre un traitement de texte même rudimentaire (disons qu'au début des années 90 ce n'était pas folichon), et pourtant moi-même je n'ai pas exploité ni exploré grand-chose. Certaines polices de caractères sont atroces, mais d'autres sont magnifiques.
Si on posait rive et rêve dans des polices et des couleurs différentes, les répétant dans une multitude de couleurs et une myriade de polices, avec des phrases différentes ou en tous points semblables, que se passerait-il ? Ça vaut le coup de se le demander, surtout que même les tripotages auxquels condamne la publication sur un site Web on les évite avec l'outil tout bête et si précieux de la conversion sous PDF. J'en ai usé, par exemple, lors du centon composé à la mort de Johnny Hallyday.
Il faudrait toujours avoir ce netbook avec soi, alors que je ne l'allume qu'une fois tous les trois mois, et encore.
Un texte de prescriptions qui iraient à rebours de ce que je fais.
Un texte de couleurs et polices, rêve et rive, poésie et posés.
Pourquoi pas.
Dans cette salle d'attente où aussi je me suis autoportraituré et pris un chocolat fort au distributeur qui accepte les pièces de cinq centimes, je lis – poursuis ma lecture – du Roubaud, l'Autobiographie romanesque qui est aussi (Brouillon de prose), et à la page 109 trouve ce paragraphe qui, comme dans toute bonne autobiographie, me va droit au cerveau car je m'y reconnais pleinement. C'est de Jean Bénabou qu'il est question, et ce midi à déjeuner avec F* j'ai évoqué cet aspect essentiel et tourmentant de moi-même, alors que je suis comme sidéré et je vois l'issue. Mais cette issue même, du fait même que toute publication est un déperfectionnement, est impossible, évasive, improbable. On peut regarder tomber la pluie à travers les vitres d'un restaurant thaï, on peut guetter le sourire – au moment où elle s'est levée – de l'étudiante qui déjeunait avec son copain (aussi étudiant (je les avais tous deux au premier semestre)) et dont j'espère que ma présence (voir ce prof, bêrk) n'a pas gâché le déjeuner en amoureux, on peut voir et dire bien des choses, mais on voit bien que le Brouillon permanent que constitue un blog est l'état le plus désirable de toute publication, imparfait et brouillon justement. Envisager d'autres textes, ou plutôt un livre, n'a pas de sens.
Je n'arrête pas de parler de ça en ce moment, comme c'est étrange.
Et stupide.
A little bird gone daft.
Il faut tourner la page pour ne pas manquer la chute du faucon (qui n'est pas celle du poème).
Bref je m'égare.
Ça ne court pas les rues, à Tours, savez-vous, les distributeurs de boissons qui acceptent les pièces de cinq centimes.
Pensez-y.
Visualisez ce distributeur automatique.
Entre six heures et demie et huit heures, les néons dans la salle d'attente surplombent le netbook, et tantôt lisant tantôt pianotant tantôt quittant la salle d'attente pour aller chercher un chocolat fort, un type pris dans son chronotope oublié se cherche des noises.
Visualisez ça.
Le gobelet, le costume, la sacoche, le stylo, la table de formica, les fauteuils en skaï, les affiches vieilles et dégoulinant sur le mur pas repeint depuis qui sait quand, autres accessoires, et surtout autres sons, toujours la même voix féminine convenue sur les mêmes accords et harmoniques de clavier basse batterie.
Cinq centimes.
Oui, mais il en faut dix.
Pièces.
Je ne peux tout de même pas clore ce texte de reprise sur une phrase d'un seul mot qui fait pièce à un titre de Ponge.
Si je m'étais arrêté là, le texte aurait fait 1.066 mots.
Avec tout le ramdam autour de la tapisserie de Bayeux, vous pensez. Il faudrait illustrer, et encore ravauder.
Bah…
Il sera huit heures dans une minute.
Lève le camp.
21:51 Publié dans Ce qui m'advient | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 23 mars 2017
Ce qui m'advient, version sonore
(fichier son manquant)
Avec des coupures.
Avec la mer de la pluie passée en moi.
Avec le masque qui tombe à chaque embardée de verre brisé.
Avec les avecs.
Avec les avatars.
17:55 Publié dans Ce qui m'advient | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 11 janvier 2017
Nul doute
Le tintement de la ceinture
Contre l'enrouleur à papier hygiénique,
On eût dit, sans boursouflure,
Quelque air électronique
De Pierre Henry ou de Sciarrino,
Ou peut-être Boulez... Qui sait... Luigi Nono ?
Nul doute, aucune échappatoire :
J'étais bien dans les gogues du Conservatoire !
13:30 Publié dans Ce qui m'advient, Chèvre, aucun risque, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (3)
jeudi, 06 octobre 2016
L'assassinat dans les bois
Au retour de la course d'orientation, dans le bois de Larçay, mon fils aîné m'a notamment appris que Paul-Louis Courier avait été assassiné, et justement là, qu'il y avait une stèle. Je lui ai appris, sommairement, qui était (ou plutôt : qui fut) Paul-Louis Courier, dont un des titres de gloire serait d'être l'auteur le moins vendu de la fameuse collection Pléiade. Paul-Louis Courier possédait de vastes bois à la lisière de Véretz et de Larçay.
On a fini par partir pour le Conservatoire, avec le cadet cette fois, comme tous les jeudis, et après un créneau très délicat rue des Ursulines – mais la place non payante valait la peine – et déposer le garçon à sa leçon de solfège qui n'est pas exactement l'objet d'un désir fou, me voici à traduire dans un café. Je ne dis pas ce que je traduis, car je suis en pleine prospection, mais enfin j'ai décidé de me remuer un peu, et qu'est-ce que c'est agréable, toujours, de traduire un livre entier. Tyrannie et immense plaisir.
Il faisait grand jour, grand soleil, à cinq heures. Je pense qu'en sortant du café vers 18 h 20 ça commencera à grisailler.
[Ce qui m'advient, aussi, un jeudi soir, en sortant du café rue Colbert, c'est de tomber sur un fourgon de police avec pas moins de cinq flics entourant un clochard au crâne et à la nuque entièrement ensanglantés, après avoir entendu ce qui devait être une rixe. Puis m'éloigner et passer devant la galerie Sanaga, rideau de fer tiré, fermée donc, où la vitrine a encore changé, cette fois avec une incursion de quelques objets peut-être asiatiques ou micronésiens.]
18:56 Publié dans Ce qui m'advient | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 21 septembre 2016
Mercredi à l'aube, bords de Loire.
Il y a deux ans, j'avais commencé de tenter de circonscrire, à bâtons rompus, un chronotope : le lundi de cinq à sept, dans le quartier de la cathédrale (où se trouve le Conservatoire).
Ce matin, avant de publier la photo du jour sur le nouvel autre blog, j'ai pris en photo l'amphithéâtre où je vais faire cours, de huit à neuf, mais pendant quatre semaines seulement.
Récurrence modérée.
Il s'agit, pour quatre mercredis donc — celui-ci étant le deuxième — du cours magistral sur Tail of the Blue Bird de Nii Ayikwei Parkes.
07:43 Publié dans Ce qui m'advient, Moments de Tours, WAW | Lien permanent | Commentaires (1)
mercredi, 20 avril 2016
Sans titre
Aujourd'hui, du mal à se garer.
De surcroît, on était un peu en retard.
Enfin, finalement, au Conservatoire, nous n'étions pas en retard.
La voiture, en fin de compte, je l'ai garée tout au bout du boulevard Heurteloup, et après avoir écrit deux ou trois mails et lu le premier chapitre d'Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfants, suis parti promener : tout le long des deux boulevards, sur le paseo, jusqu'à la chapelle Saint-Éloi, puis, par quelques ruelles en zig-zag avant de revenir par le même chemin.
Au Conservatoire, avancé (un peu) dans ma lecture du premier récit de Das Gefängnis der Freiheit.
Laissé tomber mon smartphone comme un con sur le carrelage de la salle d'attente. Il n'est pas pété, il semble.
18:59 Publié dans Ce qui m'advient | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 30 mars 2016
Choses vues (surtout)
Je remonte l'allée centrale du boulevard Heurteloup. Je suis à la bourre, mais ce n'est pas grave. [13:27]
J'ai toujours trouvé que cette allée centrale formait une sorte de paseo tourangeau.
Un hôtel au-dessus d'un garage. Au fond d'un passage étroit, une cour coquette que laisse entrevoir une porte cochère bleue ouverte.
Le feu passe au rouge. Les piétons traversent. La banalité mille fois répétée de la vie citadine.
En passant près du 37 rue Jules Simon j'ai eu l'impression, par trois fois, que l'on appelait mon prénom.
(Château de Tours)
Je me suis rafraîchi les esgourdes et les mirettes. [14:57]
Mon portable manque de batterie, mais je ne manque pas de ressources. Déjà quand j'étais adolescent et que j'essayais d'apprendre... (à jouer de la charleston et des baguettes — je n'y parvins jamais)
Revoilà sur la large allée centrale. Voilà qui ? Voilà moi. Je rase les buissons. Vacarme des voitures.
Le chronotope avec dictaphone est un exercice délicat. Deux vélos sur une galerie.
Il fait beaucoup plus doux que tout à l'heure. Je ne suis plus à la bourre. Tout mon temps. Connais pas le nom de ces fruits toxiques rouges.
Ludothèque au bout du boulevard Heurteloup. Un papillon rose et trois papillons jaunes.
Balcons de fer forgé sales, minables. Même pris dans ma graphomanie, je vous vois, intensément. [15:40]
Une bicyclette marron avec un anti-vol violet. Rue des Ursulines. Encore une violoniste qui passe. Encore une violoniste.
Et vous, monsieur rondouillard avec une casquette grise, quel est ce regard étrange que vous m'avez jeté ?
Rue Jules Simon, encore. Les tags tracés d'un doigt dans la poussière des pierres de taille.
Jeune fille de type asiatique qui va d'un pas pressé, avec dans la main droite un sac de chocolaterie rose.
Des guitaristes remontent la rue. Deux garçons, à pied sur le trottoir. Une jeune cycliste, peut-être 17 ou 18 ans, remonte le trottoir opposé. [15:45]
Lattes de bois contreplaqué, portails de garage automatique, vous êtes la poésie des quartiers de banlieue.
Volupté. Volupté. Il me semble me rappeler que c'est un titre de Sainte-Beuve. Pendant ce temps, trombone.
Un très grand soleil submerge la banlieue. Les coccinelles de ferraille n'en ont cure.
18:42 Publié dans Ce qui m'advient | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 23 mars 2016
Ce qui m'advient, en 19 tweets.
Le tuba est buté ce midi. [13:24]
Aucun son ne sort de mon oreille ; j'en conclus que ce n'est pas un instrument. Peut-être que je me trompe.
L'altiste sort de la salle De Falla en sifflotant le thème des X-Files.
Le fond de l'air est frais lahiho lahiho
Tous les bancs inoccupés sont pas-au-soleil. Les jardins de l'archevêché me désespèrent.
Ah si, un banc au soleil. Perdu entre des hordes adolescentes appouriquées ou agglutinées.
Au soleil l'écran est quasi invisible. Bonne raison pour admirer le cèdre de Napoléon et prendre un livre.
Des jardiniers taillent les topiaires. J'aurai lu quatre pages à peine du recueil retrouvé de Bruce Beaver. "The Poems".
Le vent tourne les pages du papier bible. Je lis Bergounioux.
Cette grande fille blonde qui s'avance vers la cathédrale peu vêtue et nombril dénudé est américaine.
Qu'allais-je faire aussi au magasin de musique ?
Devant la vitrine de la géniale boutique d'art africain, il y a moins de risques.
Verhaeren et Calvino chez le bouquiniste.
Il est grand temps que je retrouve mon banc au soleil loin des marteaux-piqueurs.
Avec le logiciel de dictée c'est facile de twitter.
Finalement je vais m'installer en face de Michel Colombe. Mon banc du lundi après-midi de l'an dernier est libre et ensoleillé. [14:39]
J'enregistre des vidéos dans la voiture, car il a beau faire beau, je n'ose pas me filmer en public et à l'extérieur.
Pas fait exprès, mais je crois que l'arbre que j'ai cadré dans ma vidéo est un pommier du Japon. Or je traduisais Ryoko Sekiguchi.
Je n'en reviens pas que le logiciel de dictée de l'Android reconnaisse Sekiguchi. [15:38]
21:29 Publié dans Ce qui m'advient, Chèvre, aucun risque, Moments de Tours, Sac en rente | Lien permanent | Commentaires (2)
lundi, 27 avril 2015
Autrèche, nandous & émeus
À l'heure habituelle du chronotope cathédrale, nous quittions la réserve de Beaumarchais, à Autrèche.
En juillet 2012, nous nous y étions pelé les miches. Cette après-midi, malgré un timide soleil d'avril (et nos coupe-vent), nous nous sommes caillés dans le petit train.
Observation des laies qui allaitent. Il y a des laiderons, mais les marcassins s'y gobergent toutefois.
Observation du mouflonneau, près du mâle dominant.
(Le mot mouflonneau est ici souligné en rouge, ondulé. Mot inconnu, donc. —·— Six résultats seulement sur Google. Le mouflon, animal qui nous parle de Chypre et d'Arménie ; il fallait que ce fût dit, par moi qui lis en ce moment Chavarche Missakian.)
Observation des nandous, gracieux et agressifs, et des émeus, hideux mais plus paisibles. Y a-t-il une vérité esthétique à rechercher là ?
Retour par Neuillé-le-Lierre, que nous connaissions déjà. Joli village. Ce n'est pas le Lierre de Flandre, pourtant.
Chavarche Missakian n'a même pas d'article dans la Wikipedia.
Յառաջ
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lundi, 20 avril 2015
Beignets & diacritiques
Après un tour pour rien (en raison d'un tournage de film dans la rue des Ursulines), fini par trouver une place tout près du site Jules-Simon, posé le billet pour le professeur de solfège, couru avec O*** jusqu'au site du Petit Pré, attendu le professeur de hautbois pendant qu'O*** s'accordait avec le pianiste, repris en sens inverse sous le parfum entêtant des glycines (dont j'ai appris ce même jour aussi qu'une tradition culinaire locale (?) en faisait des beignets), et, O*** posé à temps pour son examen de solfège, posé son instrument dans la Prius, promené un peu, allé au 99 (longue conversation à propos des Leba) avant de m'asseoir sur un banc de la place François-Sicard —— le soir même, lors de la lecture théâtralisée des textes de la résidence Stéphane Bouquet, un des étudiants lisant son (beau) texte a manqué se tromper dans l'itinéraire, commencé par redire place Foire-le-Roi alors que le point d'aboutissement et d'orgue de son récit était justement la statue de Michel Colombe, en face de laquelle toujours je m'installe.
Sur le banc, j'ai photographié l'exemplaire emprunté de tome 2 du Génie du lieu, déjà lu naguère mais que je voulais relire dans l'exemplaire Gallimard d'origine (j'ai le tome VI des Œuvres complètes), au titre impossible à reproduire, car ce diacritique double a sans doute été inventé par Butor ; je me suis avisé alors, en prenant la photo, que je ne m'étais jamais interrogé sur cette superposition de l'accent aigu et de l'accent grave au-dessus du u ; fainéant total, je n'ai pas encore cherché.
Après un bon moment de lecture en plein soleil, je suis allé lire debout au coin de la rue des Ursulines, vu passer une dame tout à fait emblématique du quartier à cette heure-là, six enfants entre deux et huit ans, dont une, petite, qui braillait à s'égosiller et que sa mère reprenait sans cesse (Garance ! Garance !). Puis s'engouffrèrent tous les sept dans un monospace mal garé.
Un temps magnifique, qui ne va pas durer. —▬—▬— Sur les bords de la Loire, deux saxophonistes pieds nus, à la tombée du soleil, y allant d'un duo éclatant (l'un des deux : Paul).
19:09 Publié dans Ce qui m'advient, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 13 avril 2015
Soleil frais, banc
Peu à dire, car je n'ai rien écrit sur le moment (c'est mal).
Un mot trivial pourrait résumer, peu ou prou, ce que je fabrique ces lundi soirs : je glandouille.
La glandouille.
Il glandouille.
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lundi, 06 avril 2015
Pâques à Loches
Donc, au moment où, d'ordinaire, je traîne mes guêtres du côté de la cathédrale (ou de l'archevêché (ou de la gare)), je conduisais Éric rue d'Entraigues (très au bout de cette rue), après avoir passé la journée avec lui, et en famille, à Loches, qu'il n'avait jamais visitée.
Le lundi férié décale ou interrompt les usages monotones du monde.
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lundi, 30 mars 2015
Quentin Meillassoux dans les jardins de l'archevêché
C'est à peu près tout ce qui me restera de cette fin de journée-ci, par un temps rafraîchi, qui ne m'a pas découragé pourtant d'aller lire un moment, vêtu de ma sorte de ciré, poursuivre la lecture d'Après la finitude.
▄▄██▄▄
Je tire une tronche de silène. Pardon : de silure.
Normal, si près d'Amboise. (La professeure taïwanaise prononce “en bois”.)
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lundi, 23 mars 2015
Après l'infinitude
Un grand soleil, ce lundi soir, et donc après m'être promené, avoir — comme lundi dernier — posé mes fesses en terrasse devant la gare de Tours.
Balthazar, un peu, qui m'ennuie.
Commencé la lecture d'Après la finitude de Quentin Meillassoux. Beaucoup aimé ce début, la pensée de l'ancestralité : voilà un projet compréhensible.
Ma déconcentration pourtant, forte, lorsque deux voisins fraîchement installés ont commencé à comparer les mérites du vodka martini et du picon bière, avant d'enchaîner sur la Fête de la bière et « les potes routiers qui font vraiment chier y en a ils parlent que de camions y en a même qui sont assez cons pour acheter des bavettes avec leur fric faut être con quand même ».
Marché de nouveau.
Puis attendu, comme chaque lundi, après avoir garé la voiture rue des Ursulines (pour une fois), au bas de l'escalier du Conservatoire, qu'en redescendît Oméga.
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lundi, 16 mars 2015
Dîner dans l'herbe à Robinson
Il est crucial de ne pas laisser filer (s'effilocher) ce projet.
Lundi dernier, sous le coup (reprendre Oméga souffrant à l'école, appeler en urgence pour informer le Conservatoire de son absence), je n'ai rien écrit. D'ailleurs, j'ai passé près de deux semaines à ne pas écrire, si ce n'est sur Facebook (ce n'est pas rien).
Ce lundi, je parviens à me garer quasiment devant l'entrée du Conservatoire, donc on poireaute avec Oméga au premier étage en attendant le professeur. (Je conserve ce pseudonyme d'Oméga pour mon fils cadet, mais il y a, dans son groupe, une Calixte et un Robinson. Sociologie des conservatoires...) Tandis qu'on poireaute, j'ai le temps de lire deux poèmes brefs de Pieyre de Mandiargues (j'avais empoché fissa, avant de sortir de la voiture, le petit volume de l'ancienne collection NRF Poésie) et surtout un long poème en prose, beau quoique non dénué de quelque tendance à la chichiterie, dans un style très Julien Gracq première manière.
Après le début du cours, je dévale les marches, sors dans la rue, vais à la gare prendre mes billets au guichet automatique — procédure qui paraît déjà archaïque et que je préfère, pour ma part, à la réservation sur le Web et à l'impression en ligne, beaucoup plus lentes en fin de compte — avant de voir s'installer devant le guichet proche du mien, une star locale, Périco Légasse ; à cette apparition j'ai ensuite consacré un distique ribéryen. J'écoute quelque temps un jeune pianiste, mais l'acoustique est immonde, il a beau jouer fort bien on n'entend rien.
Je m'installe en terrasse (il fait meilleur dehors, au soleil d'avant-printemps, que dans le hall de gare balayé par un vent glacial), commande une Leffe — depuis combien de temps n'avais-je pas sifflé une bière... — et m'enquille la fin de Juste ciel. À la pharmacie, je rachète du Doliprane 500 en sachets, vais finir de lire mon Chevillard dans la salle d'attente du Conservatoire. Oméga finit par sortir, très content de la leçon ; pourtant, même la partie chant choral a été remplacée désormais par du solfège.
Le chronotope mue imperceptiblement ; cette fois-ci, j'ai traîné mes guêtres plus du côté de la gare. Il y passe un monde fou. Si j'avais décidé de décrire en direct passants et passantes, je me serais haché la main. Le nombre de gens qui parlent à voix (très) haute dans leur portable est particulièrement frappant. Sur l'esplanade, autour du limule géant en verre que battent de vigoureux jets d'eau claire, on se sent au centre d'une grande ville, d'une vie frénétique, sentiment que je n'ai presque jamais à Tours.
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lundi, 09 mars 2015
Reprise différée
On n'y va pas.
Oméga est souffrant, donc pas de leçon de solfège. Je reste ici, avec lui, à la maison. Insérer description de notre maison, ou du canapé dans lequel, prostré puis, le Doliprane faisant son effet, joueur, il lit — regarde un documentaire à la télévision.
Description du sofa.
Ou itinéraire de l'indescriptible.
Some other time.
On n'y va pas. Ce lundi-ci.
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lundi, 16 février 2015
Audition du 16
Ce soir, un lundi musical un peu particulier — Oméga participait à sa première audition, collective bien sûr (élèves “hors temps scolaire” de Médéric Rivereau).
L'audition devait avoir lieu dans une salle du site Petit Pré, mais suite à un énième cafouillage administratif (apparemment, de l'aveu même du directeur, l'année 2014-5 est particulière), tout le monde a dû remballer ses cliques et ses claques et s'installer salle du Pré, sur le site Jules-Simon. J'avais récupéré Oméga à la fin de son cours de solfège, et nous avons fait l'aller-retour pour rien (sinon admirer les belles maisons de la rue Traversière), avant que son professeur ne les rassemble tous pour une ultime répétition.
Le programme de l'audition était très varié, alternant solos, duos d'élèves, formations plus larges (dont participation du professeur lui-même et d'un élève plus avancé au cor anglais). Oméga est passé en deuxième position, apparemment pas du tout impressionné. Il a joué, avec son professeur, ses deux duos (qui ne totalisent pas une minute), sans erreur et sans se démonter. Son professeur a dit qu'il y avait zéro faute et que c'était très bien, de se lancer comme ça avec cinq mois d'instrument.
Il faut dire qu'Oméga est totalement mordu.
Plus généralement, le morceau qu'il a préféré était l'arrangement de La Cucaracha pour quatre hautbois et deux cors anglais. Je n'ai pas noté le titre d'un duo plus contemporain, mais il y avait aussi les arrangements de duos pour cors de Mozart, un duo pour hautbois et piano de Georges Auric... et un très beau Rondo de Telemann.
19:19 Publié dans Ce qui m'advient | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 09 février 2015
Maraudeur
9 février
Une fois déposé le fils cadet à ses leçons — toujours avec le remplaçant — filé direction la place du Grand-Marché. Depuis samedi, il me fallait les deux nouveaux Savitzkaya. Laurent était seul (comme souvent le lundi, je crois, ils doivent se relayer), mais avec une stagiaire (?) à qui il expliquait un certain nombre de choses sur le fonctionnement de la librairie, notamment que leur modèle est l’inverse de celui de la plupart des libraires car 70% des ventes se font sur le fond, et pas sur les nouveautés. Comme, à l’exception d’un Zanzotto, mes sept livres du jour étaient tous des nouveautés, je n’ai pu m’empêcher, passant à la caisse, de faire remarquer que j’avais fait exprès de choisir mes livres pour plomber les statistiques. Juste avant, on avait discuté des traductions de Moby Dick et du Jonas de Grosjean (mais il avait un autre texte en tête).
Après l’achat de deux pains d’épeautre, j’ai passé le restant du cinq à sept à lire Fraudeur (les 45 premières pages, en prenant mon temps) au bord du boulevard Heurteloup. N’ai pas compté les bus et les cars, dont le ballet incessant, à frôler ma vitre, formait comme une ponctuation de métronome.
Dans le hall du Conservatoire, emmitouflé, j’ai vu passer le professeur de cor qui ressemble à Jimmy Somerville et faisait chef de chœur lors du concert des enfants le 31 janvier à Thélème, avant de voir débouler (débarouler) Oméga, content de ses deux leçons (clé de fa & chansons de la méthode de solfège).
18:28 Publié dans Ce qui m'advient | Lien permanent | Commentaires (1)
lundi, 02 février 2015
Entre deux maux
2 février
Pas en forme, alors qu’Oméga, entre la grosse rhinopharyngite et le début d’otite qui devait le reclouer au lit le lendemain mardi, s’était rendu assidument à ses leçons, je me suis contenté d’aller lire Eggericx au Vel’Pot, qui est vraiment trop crasseux, où je ne remettrai pas – c’est dommage, le lieu est spacieux et pourrait avoir du cachet – les pieds.
18:26 Publié dans Ce qui m'advient | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 12 janvier 2015
Je suis Canardo (aussi)
Le Bergerac, lundi 12 janvier, 17 h 05.
Ce lundi, après un premier de janvier avec annulation du cours de solfège et chant choral, je me retrouve, le cours ayant commencé avec un remplaçant grisonnant et en avance, à l'avance aussi dans un bistrot, encore un autre. Entre-temps, il s'en est passé, et, n'ayant pas encore vraiment pris le temps de tenter de mettre en forme ma pensée sur ce qui est advenu, je me trouve face à cet écran, à réfléchir au titre de cette rubrique : Ce qui m'advient. Déjà : ce qui advient. Et puis : ce qui est advenu. Et encore : ce qui se poursuit. Ce qui revient. Ce qui ne part pas. Ce qui refuse d'abvenir, de s'absenter.
Donc on recommence à se payer de mots ; au moins faudra-t-il en avoir conscience, et décortiquer ce qu'on dit, de ce qui nous advient. Nous ? Et quel nous ? veut-on nous faire accroire à cette collectivité ? Quelle communauté nationale ? Ou planétaire ? Nous, les prétendus "66 millions de blessés", peut-être le slogan le plus inepte à avoir fleuri jeudi dernier, ou les quatre millions de marcheurs ? Ou les marcheurs à avoir tout de même marché, malgré les chefs d'Etat et Marine Le Pen à Beaucaire, malgré surtout les bougies, le glas à Notre-Dame, les je-suis-Charlie arborant de même le sac Kookaï car ils avaient d'un même pas fait les soldes le dimanche ? Ce nous est indéfinissable. Il ne peut exister collectivement d'un même souffle. Le Divers a battu le pavé, et comme il ne pleuvait pas le pavé n'était pas Glissant.
Risque de se payer de mots, et donc gaffe à l'addition.
Risque de se payer d'images, comme, avant d'ouvrir ce fichier et de commencer à pianoter, je me suis autoportraituré avec le Canardo décollé et rescotché du Bergerac ? Quoi, je suis Canardo, je suis Cyrano, je suis tout ça n'est-ce pas.
Je suis. Depuis mercredi, c'est cette affirmation identitaire incomprise, reprise sans y réfléchir, qui m'a le plus frappé. On a vu tous les gens les plus non-Charlie possibles s'afficher avec ça, et on a entendu les personnalités les plus anti-Charlie possibles reprendre ce gimmick d'emblée insensé, puis vidé de tout sens.
Partir donc de ce qui est advenu et de la façon dont ça m'a atteint. L'analyse a déjà commencé, bouillonnante et complexe, et pourtant le temps de l'analyse n'est pas venu. Donc le récit, pour commencer. Je ne vais pas revenir en détail sur l'horreur, l'abattement, les pleurs, les cauchemars, la consternation durable face aux contresens, aux messages qui ont encore témoigné de l'inculture, de l'incapacité quasi généralisée à comprendre un tel événement de façon complexe. Entre l'esprit cucul-la-praline, la curaillerie générale, les contresens sur la laïcité, la dénonciation du risque d'amalgame qui interdit de fait toute discussion et tout débat, l'absence manifeste de toute référence à ce que peut être, au fond, "l'esprit Charlie", ces derniers jours n'ont cessé d'être de plus en plus déprimants. À l'atrocité, à l'infamie, a succédé l'accablement, de sorte que, pendant que la majorité semble avoir trouvé sa catharsis et son tout-va-très-bien-madame-la-marquise dans les cortèges du dimanche, je suis ressorti de cette journée plus pessimiste encore, étonné de voir combien l'humanité persiste à vouloir s'aveugler, à voir la vie en rose, penser qu'il fait bon dans la pièce si on a décidé de tenir le thermomètre près de la cheminée.
Le rire de Charlie, comme le nonsense de Thiéfaine, est un loufoque tragique, baudelairien, désespéré.
Or, en voyant Plantu, cette baderne sans talent roi de l'autocensure et du politiquement correct, pérorer sur toutes les chaînes comme s'il avait le Prix Nobel du dessin satirique et le Prix Sakharov de la Liberté d'Expression, en regardant tant d'idiots danser la samba en allumant des bougies comme si la mort sanglante de dix-sept victimes (dont plusieurs très grands dessinateurs) était une victoire au ballon rond, en lisant ou en écoutant les centaines de témoignages accablants d'enseignants de banlieue sur le soutien enthousiaste des tant d'adolescents issus des "communautés" aux frères Kouachi et à Coulibaly, en remarquant que tant d'éditorialistes anglophones et d'intellectuels africains se sont contentés d'un survol rapide pour conclure que Charlie Hebdo était un journal raciste et islamophobe, en constatant que l'imbécile Delahousse donnait la parole à cette ordure droitière colonialiste de D'Ormesson, en apprenant que plusieurs centaines de "Juifs français" envisageaient d'ores et déjà d'aller chercher l'ordre et la sécurité en Israël (au prix de quelques colonies supplémentaires, ô combien sûres d'ailleurs), en entendant pour la centième fois l'axiome qu'il est interdit de discuter selon lequel l'Islam est une religion de paix et de tolérance, en découvrant qu'au lendemain d'une grande marche pour la liberté d'expression on se dirige tout droit vers un Patriot Act à la française qui signera l'anéantissement des libertés individuelles, en relevant que pour presque tout le monde la vie a repris comme si de rien n'était et que la presse relègue aux colonnes de la page 37 les massacres de Boko Haram au Nigéria et au Cameroun, je suis désespéré, réduit à imaginer la "une" du Charlie Hebdo de mercredi en espérant un grand rire fou, noir, tragique, ou d'une connerie assumée (à l'opposé de la fatuité).
Qu'advient-il, et donc que m'advient-il, si je suis embarqué dans l'aventure peu ragoûtante de notre pays en 2015 ?
Il y aurait un livre à écrire sur tout ce que ces événements ont révélé, et dont j'avais déjà senti les frémissements (voire plus) depuis déjà longtemps. En voici les chapitres, que je n'écrirai pas :
1. "La religion tue le monde".
2. La fiction de la communauté nationale.
3. "Je suis Charlie", l'anti-Charlie.
4. "Je suis Charlie", ontologie du simplisme.
5. La laïcité, ce qu'on ne comprend pas.
6. La bougie, ou les Casimirs curailles contre l'esprit Charlie.
7. Les applaudissements, ou comment la culture du sport a tué la culture.
8. La dénégation a priori des rapports entre l'islamisme et l'Islam.
9. L'info en continu : adhérence et incontinence.
10. Les couvertures auxquelles vous n'avez pas échappé.
11. Spleen et idéal.
Sur tous ces points, la situation ne va nécessairement aller qu'en s'aggravant.
18:18 Publié dans Ce qui m'advient | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 15 décembre 2014
Palissy jusque six
Le Palissy, lundi 15 décembre, 17 h 09.
Encore assis dans un café, cette fois-ci le Palissy, car j'ai trouvé une place gratuite au coin de la rue des Ursulines et de la place François-Sicard. Après le léger détour par le Conservatoire et l'habituelle attente (troisième professeur de solfège en trois mois), j'ai traversé le jardin de la place, levé les yeux vers les arbres déjà obscurs sous le ciel crépusculaire, me suis installé ici.
Face à moi, par le jeu classique de miroirs situés face à face, je me vois infiniment démultiplié.
La radio diffuse "Torn" de Natalie Imbruglia. (N'est-ce pas une chanteuse australienne, ce soir, moins d'une heure après l'assaut donné au bar de la prise d'otages de Sydney ?)
J'ai, avec moi, le roman laotien anglophone que m'a offert E*** pour mes quarante berges. Roman policier, début très caustique, ton plutôt Nestor Burma que Raymond Chandler. J'en suis arrivé au moment du déchiffrement du texte codé écrit à l'encre sympathique :
REPLY DIRECT TO THE DEVIL'S VAGINA
J'ai aussi apporté La méduse orpheline, le volume dans lequel je compte choisir quelques extraits à lire. Pourrai-je parler de Frankétienne de manière compréhensible ? Gageure. Aucune idée.
Ce qui m'advient, le lundi soir, de cinq à sept, c'est donc un moment de pause assez particulier, cristallisation ou sacrifice.
17 h 49
Ce matin, cours après cours, petits moments perlés, gouttes d'eau dans l'océan de la journée. Dernier cours de littérature sur Ngugi, et le rire dans le couloir. Examen de version dans le grand amphithéâtre, et présence là d'A.S., étudiant qui était déjà en double cursus, en 2009, à cheval entre une deuxième année d'anglais et une troisième année d'histoire - je crois qu'entre-temps il a achevé un master d'histoire, mais on le voit, toujours aussi paumé et impavide, s'inscrire, assister à un cours par ci, passer les examens ; il aura mis six ans à ne pas même valider deux années d'études... Puis surveillance d'un autre examen dans un laboratoire, dix étudiants très espacés dans le laboratoire, je commence à lire Anarchy & Old Dogs, puis, entendant la voix d'E***, passe la tête par la porte, dans le couloir, E*** s'éloigne, il discute avec S***, étudiante que cela fait rire de me voir mon livre à la main, ma vanne à plat, rire de connivence avec elle donc, je rentre la tête dans la carapace du laboratoire. Enfin, après la très brève pause déjeuner, toujours grisaille crachin fraîcheur dégueulasse, séminaire de master, je soliloque face aux étudiants décidément très amollis en décembre, en fais rire deux ou trois, lors d'un passage en français, en me mélangeant les pinceaux entre les mots facettes et casquettes, S*** fait partie de ceux qui réagissent, bref.
La radio diffuse en ce moment "You Take My Self Control" de Laura je ne sais plus, Laura Branigan peut-être (j'étais en CM2, ne soyons pas trop exigeants avec ma mémoire).
Conservatoire, 18 h 24
Le café fermait à six heures. Figurez-vous ça. À l'heure où commencent certains cours, à l'Université (cela m'est souvent arrivé, encore l'année dernière, et cette année le mercredi - de 18 h 30 à 19 h 30), un café qui ferme ! Imagine-t-on ça, un pays, une rue, une ville, une contrée où certains cafés ferment avant le début de certains cours ? Cela n'a pas le sens commun.
Me voici, après une longue déambulation (j'ai marché vite, au hasard presque, marché pour marcher), assis dans la salle d'attente du Conservatoire. Profite, il n'y a pas l'homme qui bat la mesure en tapant fort du doigt les notes sur les portées.
Siri looked into his friends' faces, ceramic with fatigue. (41)
He didn't recall seeing a penis but it might have been there somewhere among the flotsam. (49)
20:23 Publié dans Ce qui m'advient | Lien permanent | Commentaires (3)
lundi, 01 décembre 2014
Au Vel'Pot & ailleurs
1er décembre, 17 h 22, place Velpeau
Le temps de calter de la rue Jules-Simon, aux grandes lettres PAYANT si peu accueillantes, de trouver à me garer pile en face de cette petite pharmacie toute proche de la place Velpeau, de tirer de l'argent (de retirer deux billets de cinquante euros à un distributeur automatique), d'acheter (car oui, je suis souffrant et ne me suis traîné dans mon cinq à sept qu'à seule fin d'emmener ma progéniture à ses deux leçons du lundi soir) Doliprane et vitamine C à la pharmacie susdite, j'ai trouvé le logis dans un bar tout à fait tel que je les aime, place Velpeau, pile place Velpeau, ce quartier où je ne traîne jamais mes guêtres (d'autant que je ne porte que de sales chaussettes aux élastiques usés retombant sur des souliers en croûte de cuir à la manque) ni mes hardes (mon jean's noir est certes effiloché au bas de la jambe droite, mais enfin un peu de tenue), et dans ce bar meublé un peu (un peu seulement) comme un restaurant marocain, je suis confortablement installé à une très grande table ronde, clientèle d'habitués, flipper silencieux, doux murmure d'une conversation et musique très basse, un havre presque, donc je compte passer ici l'heure qui vient, je travaillerai sans doute encore à la traduction de ce début de chapitre 2 qui me donne du fil à retordre, et tout cela s'est produit dans une très lisse absence de complications, presque aucun feu rouge, aucun heurt sur le chemin ni dans le dialogue avec Oméga, au point d'atterrir ici où, dans mon pull irlandais (j'ai changé de pull avant de quitter la maison, troquant mince chandail orangé pour ce plus gros, qui m'embarrasse désormais, il fait bon ici), je tapote en buvant un Coca tiède (ça se confirme : la maison sait tout du thé à la menthe, comme l'indique une ardoise) et en alternant avec le verre d'eau du robinet, il faut se remplir de liquide avant de se revider de tout liquide, ainsi qu'on peut le lire au début du chapitre II du roman de Yémy que j'ai apporté avec moi (“la fontaine pisse à gros bouillons”, p. 26), ou de toute matière, ainsi qu'on peut le lire vers le milieu du chapitre I du roman de Yémy que j'ai apporté avec moi (“Ah, quelle vie de fèces !”, p. 13), j'entends désormais la radio qui joue cette vieille chanson, tube de 1981 ou 1982 qui ultérieurement servit de publicité à Renault, des moustachus en lunettes et/ou casquettes se succèdent dans ce bistrot, les bars de cinq à sept sont peuplés de mecs, de types, de mâles quoi, en même temps celui-ci surtout est dépeuplé, mon voisin (car j'ai un voisin, un moustachu à cheveux blancs, et casquette en cuir dont il ne s'est pas départi, peut-être la soixantaine mais allure tellement démodée que je ne saurais dire) est allé chercher l'exemplaire de la NR au comptoir et se met en devoir de le lire en sirotant son noir, la radio à présent diffuse Siffler sur la colline, il est peut-être temps de clore cette phrase, laï laï laï, zaï zaï zaï. Non. Un homme jeune (plus jeune que moi, en tout cas) est entré, déguste un éclair (au café ? au caramel ? au praliné ?), il est entré en même temps qu'une dame qui doit avoir la quarantaine, peut-être mûrie même, sac atroce à motif de pélargoniums et fausses incrustations de fausses perles, le sac bien étalé sur la table (carrée, elle s'est assise à une des petites tables carrées), cela, je ne sais pourquoi mais je devais l'ajouter. Oui.
En moins d'une demi-heure, sans aucun outil (je n'ai que la fonction Bloc-notes, sur ce vieux netbook, et aucune connexion donc aucune ressource lexicographique ni moyen de me documenter), je viens de traduire une page et demie du roman de Farah. Je me dis que ces cinq paragraphes avaient fermenté dans mon cerveau depuis le début de l'après-midi. Même la première phrase, dont, à la première lecture, il y a un mois, je m'étais attendu à éprouver bien du tourment, est sortie comme une lettre à la poste. Aurais-je trouvé un bon motif de traîner au bistrot avec mon ordinateur ?
Conservatoire, 18 h 28
Après détour par le froid (modéré, en fin de compte — j'avais emmagasiné ce qu'il fallait au café), me voici de nouveau au Conservatoire, rue Jules-Simon. Le sympathique gardien (et factotum) a fini de décorer le sapin de Noël (en plastique), et le bâtiment n'est plus cette même ruche de tout à l'heure. Circonflexes : j'ai découvert cette après-midi que choucroute n'en prenait pas ; pourtant, "croûte", oui. Ici, entre mon voisin (pas tout jeune, je l'ai déjà vu (un élève ?)) qui bat les mesures en lisant des partitions et je ne sais qui, dans le hall, qui sifflote imbécilement, il m'est impossible de me concentrer sur la traduction. Vive les bistrots populaires, avec leur Coca tiède, leurs coussins moelleux, leurs discussions animées mais à voix feutrée qui permettent au tâcheron du texte d'éprouver pleinement son chronotope. (Le chronotope, en migrant vers ce point d'attraction, la rue Jules-Simon, est la figure irradiante de ces cinq à sept, ce qui m'advient, dans la banalité des jours d'automne.)
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22:39 Publié dans Autoportraiture, Ce qui m'advient | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 28 novembre 2014
L'Aventure d'ombres
Le chronotope est toujours à réinventer, à reprendre. Au début de l'année (scolaire, universitaire), j'étais “parti” pour évoquer mes aventures (ce qui m'advient) le lundi soir de 5 à 7. Puis la grisaille est venue, et surtout trois cours de solfège et chant choral de mon fils cadet annulés, longue interruption s'ajoutant aux vacances. Lundi dernier, pendant la séance, de cinq à sept donc (18 h 20 plutôt (puis je suis reparti par les Halles, photographiant mon livre GPS abécédaire à bout de bras)), j'étais au Tourangeau, avec François Bon, autre moment advenu, mais c'est un autre point de la semaine que cette photographie ici a fixé, avant-hier, le mercredi, mes pas dans l'obscurité des couloirs presque déserts des Tanneurs à sept heures et demie du soir avant de rejoindre la Passerelle puis le tramway place Anatole-France. Moment-lieu qui en rappelle d'autres, quand j'enseignais cette U.E. Libre sur l'humour britannique, le lundi soir de six à huit, et plusieurs fois on a failli se retrouver enfermés dans le bâtiment, ou ma première année à Tours, il y a douze ans déjà, je finissais ma journée de cours le lundi à sept heures et regagnais mon hôtel avant de ressortir, pareille terne brune obscurité, pas blême mais bistre, même corps vertical avec soulier en mouvement et pan de manteau qui s'échappe avec sa fermeture éclair, même absence de clairvoyance.
09:57 Publié dans Blême mêmoire, Ce qui m'advient, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 03 novembre 2014
La Toussaint (+ 2)
Le lundi 6 octobre, je n'avais pas voulu m'encombrer de l'ordinateur portable, et le 13 j'avais dû emmener Oméga chez le médecin en lieu et place de l'habituelle séance au Conservatoire entre 5 et 7, de sorte que mon chronotope a pu donner l'impression de battre de l'aile.
Ce soir, toujours pas d'ordinateur, mais deux bouquins, quelques feuilles de papier dans ma serviette rouge griffée Université, et surtout cet ahurissant changement climatique qui nous a fait passer en deux jours à peine de l'été (ou à peine moins (dans les Landes, en tout cas, et à Pau jeudi, c'était l'été)) à une impression d'hiver. Rue Jules-Simon, puis rue Colbert, la pluie froide, 13 degrés au thermomètre mais l'épiderme comme saisi par le frimas — le matin, j'avais commencé à traduire le poème de Cynthia Atkins, “Goodbye to Winter”, avec les étudiants de L3, quel étonnant contraste, d'une équinoxe à l'autre mais début novembre, bizarre décalage.
Après avoir traîné mes guêtres dans un bistrot minable de la rue Colbert (trop de bruit malgré le peu de monde et piètre éclairage), j'ai dû constater que la pluie avait redoublé (des trombes ininterrompues jusqu'à maintenant, j'écris ces lignes à presque dix heures du soir) et qu'il ne me serait pas possible de commencer le tournage des vidéos du projet “boîtes à lettres”. Vers six heures, j'ai regagné la noire calèche, m'y suis posé, ai poursuivi la lecture de Hiding in Plain Sight, et décidé qu'après tout, lire le passage que j'avais choisi (l'incipit) de La Toussaint là, dans la bagnole, avec la pluie battant contre la vitre et les phares des autos qui descendent la rue Jules-Simon, ce n'était pas mal. Les boîtes jaunes attendront.
Après la lecture à haute voix, j'ai tracé les bouts de phrases suivants au feutre fin vert sur une demi-feuille, dans l'idée qu'ils me serviraient à composer ce billet. Et puis en fin de compte je les livre tels quels, au feutre vert numérique :
la pluie ininterrompue
le café presque désert mais bruyant
l'éclairage partout blafard
photographies
l'ombre grise du cèdre
la ligne blanche du cadre (sombres photographies)
la grisaille des rues et du bitume
le refroidissement subit, mâtiné d'humidité et adossé à la lecture de La Toussaint, donne l'impression d'être passé été → hiver en deux jours seulement
Tout dégouline
Pas eu moyen de tenter le petit film, avec la pluie ininterrompue
dans la Prius, Dionissi de Julien Jacob en voyant défiler l'embouteillage
Sur le chemin du retour, on réécoutait Dionissi, Oméga a lancé qu'il pleuvait des cordes, je lui ai dit que ça collait parfaitement à la guitare sèche.
Le chronotope a repris de la vigueur ce soir. Rideau.
21:52 Publié dans Ce qui m'advient, Résidence avec Laloux, Tographe | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 27 octobre 2014
Allée du Manoir
1er octobre — Une variante moderne de Huis clos : la salle d'attente du cabinet de chirurgie esthétique dans laquelle deux grognasses se racontent par le menu, comme si vous n'étiez pas là, toutes les opérations de proches et d'elles-mêmes, y compris accouchements gore.
[02/10. Tandis que je formais manuellement (enfin = non automatiquement) l'exposant de la date, la chatte est entrée en trombe dans le salon, poursuivie par ce gros matou errant et agressif qui ne cesse de l'importuner.]
•
Une variante se décline, allée du Manoir. La rue Jules Simon est très jolie, et cette allée, fort laide, on y trouve — quoi ? — ha ha ! — un CABINET de chirurgie ESTHÉTIQUE !!!!
Ha ha !
11:57 Publié dans Ce qui m'advient, Moments de Tours, Sites et lieux d'Indre-et-Loire | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 23 octobre 2014
... comme un cabour.
27 septembre
Lucas Digne a lancé : ▬ Mind the gap !
(Bordel de merde, contrôle raté.)
——•——Ce midi les garçons dehors pour la langue de bœuf avaient un petit gilet au soleil, moi à l'ombre en chemisette, tout mon content, pensez un 27 septembre.
Bahebeck a tapé dans le ballon comme un cabour.
—°—Dans la chilienne, un fort volume abandonné.
Le soleil sèche le peignoir.
11:09 Publié dans Ce qui m'advient, Chèvre, aucun risque, Kleptomanies überurbaines, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 17 octobre 2014
Vitrines sur les Joulins
Depuis bientôt dix ans que je tiens, irrégulièrement, ces carnets, j'ai déjà eu l'occasion d'écrire à quel point la place des Joulins m'inspirait, et combien je pourrais en faire, si j'avais le temps d'y traîner plus souvent et plus longtemps mes guêtres, un chronotope tourangeau fondamental. Depuis un mois, j'ai adopté, pour ma pause déjeuner du vendredi, le bistrot qui a remplacé les précédents avatars situés là (dont les Joulins, tout simplement). J'écris « bistrot », mais il s'agit tout à fait d'un café à la française, côté terrasse, et, à l'intérieur, d'un pub au sens le plus cosy et sombre feutré du terme.
Au Kaa, donc, j'expie mes heures de frénésie laborieuse du vendredi matin, et me prépare à mes heures de cours de l'après-midi — au cours desquelles, hier, j'ai tout de même dû préciser, pour la majorité des étudiants de première année, qu'un texte pouvait être “poétique” et évoquer des sujets terre-à-terre, et même des coucheries entre un maître et sa servante...
13:23 Publié dans Ce qui m'advient, Résidence avec Laloux, Sites et lieux d'Indre-et-Loire, Tographe, WAW, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 29 septembre 2014
Advenir
29 septembre, 17 h 10, jardin de la place François-Sicard
Cela fait donc deux semaines -- le troisième lundi consécutif que je me retrouve, toujours par beau temps (il faisait même franchement chaud le 15), dans ce jardin étroit mais très charmant. En onze ans à Tours, je ne m'étais jamais arrêté dans ce jardin, y passant parfois, sans plus. Or, y passer une heure ou un peu moins un lundi sur le coup de cinq heures permet de se rendre compte à quel point le centre dit historique de Tours, ici le quartier de la cathédrale, est bruyant. On ne risque guère d'être dérangé par le bruit du jet d'eau, wasserfall diaphane plus que blond — démarrages de bagnoles et pétarades de vélomoteurs sont permanents. On s'y habitue, je suppose.
Je n'ai pas encore pris d'autres habitudes, tout d'abord parce que, lorsque le froid commencera de s'installer, je préférerai probablement aller baguenauder du côté du Musée, ou prendre un verre somewhere around, à moins que je ne reste parfois à lire dans la voiture.
Depuis le 15, il y a quinze jours donc, comme on dit fort peu arithmétiquement en français, je me suis dit que je pourrais écrire une série de textes sur ces 5 à 7 du lundi, les souliers dans les gravillons, le dos calé contre un banc vert à la peinture écaillée. Je m'assois sur le même banc, ou du moins sur un des deux bancs qui permettent de faire face à la statue de Michel Colombe par François Sicard. Ballet de promeneurs divers, surtout vieux ou nounous ou mères semblablement entées de leur progéniture, lycéens (et surtout lycéennes, à croire que le lycée Paul-Louis Courier, non loin, est plutôt féminin). La statue qui représente Michel Colombe a quelque chose d'apaisant à première vue — c'est une de mes statues préférées dans cette ville -- et en même temps, à mieux y regarder, à se plonger en elle, elle inquiète, elle a quelque chose d'inquiétant, je crois que je n'aurai jamais écrit un texte avec autant de virgules, de juxtapositions.
Le 15, j'ai remarqué que des farceurs (ou des étudiants aux Beaux-Arts, ce qui revient au même (je laisse cette première parenthèse telle quelle, allez deviner si j'endosse délibérément le costume du philistin vieuxcon)) avaient souligné les yeux et les lèvres du sculpteur d'un trait discret de peinture rose. On peut évidemment tout imaginer, geste vandale bête, geste artistique à message (?), facétie de manifestant favorable au mariage pour tous, dénonciation subtile (le sculpteur n'est-il pas en robe ?) de la théorie du genre ou des dénonciateurs d'icelle...
En tout cas, si j'ai posé le 15, dans ma tête, le principe possible d'une série de textes, voici commencée, sinon la série (nous verrons cela lundi prochain), du moins un premier épisode. Bien entendu, j'ai réfléchi à tout cela car je savais déjà que j'allais, sinon participer à, du moins suivre de loin les travaux de l'atelier d'écriture que propose Stéphane Bouquet dans le cadre de sa résidence à l'Université. Le 16, j'ai assisté à la projection du film La Traversée et au lancement officiel de cette résidence, et jeudi dernier à la première séance de l'atelier proprement dit. Or, Stéphane Bouquet a imaginé que chacun des étudiants de l'atelier écrirait un texte sur soi (le Soi ? je ne sais pas comment il l'écrirait), sur un soi non pas donné, préfiguré, mais à construire par le texte, justement. L'idée est de construire une série de textes ou un seul texte ou un ensemble polymorphe (faisant éventuellement appel à d'autres formes, des images, des sons etc.) à partir de confrontations avec la ville, ou non, pas confrontations, pérégrinations, choix de certains lieux, de certains phénomènes urbains, graffiti par exemple, etc. J'ai le sentiment de très mal expliquer ce qu'il entrevoit ou suggère — ma propre interprétation est parasitée par le projet que vient d'inaugurer François Bon, "la littérature se crie dans les ronds-points", autre forme d'approche systématique de lieux systémiques, représentatifs de ce que j'ai nommé, ailleurs dans ces carnets, l'überurbain.
Peu importe, je vais faire ma mayonnaise, un peu de tout cela s'entremêlera ici, qu'importe.
Vieux ou nounous ou mères ou lycéens.
Sacré programme.
(Je me déplace, vais de l'autre côté, un banc dans le couvert des ifs, près d'un jeune couple qui clope, mais je ne supportais plus l'odeur de pisse qui émanait depuis pas très longtemps, je le crains, de mon voisin, un gros homme pied-bot. Ce banc-ci arbore, pour inscription manifeste, le mot MOCHE, marqué au blanco. Je me suis assis de manière à ne pas le cacher, de sorte qu'un autoportrait (à la Webcamelote) demeure possible.)
Pour l'heure, portraits.
Jeune fille blonde, passe en lisant un texte ronéoté qu'elle a l'air d'apprendre par cœur.
Deux dames, une la soixantaine, l'autre plus petite, plus jeune, rousse.
Vélomoteur casse-tympans, puis de nouveau le jet d'eau et la conversation du petit couple à côté de moi.
Homme en chemisette noire, parka légère sur l'épaule.
Le couvert des arbres, épars alors qu'il y a beaucoup d'arbres, d'arbustes, de frondaisons.
Jeune femme mince, la trentaine, baguette. Impression de la connaître.
Jeune femme rousse en short.
Homme élancé, plutôt jeune, casquette à carreaux.
Vélomoteurs sans arrêt.
Il va falloir que je me trouve un autre repaire.
La jeune fille en t-shirt marin se casse, avec son étui de violoncelle. Fait semblant de se casser, agaceries avec le garçon qui lui tenait compagnie, c'est lui qui finit par partir (Alex ! lui lance-t-elle). Il l'enlace, quel jeu jouent-ils.
Reviennent à leur banc, celui près du mien, elle monte, debout sur la latte supérieure, lui grimpe dessus, rient. Elle lui dit "enculé" puis lui explique que c'est gentil (c'est gentil, c'est gentil).
Sur le chemin opposé passe une dame en blouson jean's, poussant une bicyclette.
Sur celui-ci, un de mes étudiants de Licence, qui ne me voit pas (ou feint de ne pas (mais je crois vraiment qu'en passant vite, en ne promenant pas, on ne voit pas les gens assis sur les bancs (ou on ne s'attend pas à voir un prof ?)).
Puis, sur le chemin opposé, une dame plutôt âgée avec un petit chien.
À la cathédrale, le coup des trois-quarts.
Les deux ados se chamaillent, feignent de, se coursent, un sexagénaire en chemisette à carreaux bleus passe en regardant lentement sa montre (la porte à son visage, pas l'inverse).
La jeune fille perdrait la moitié de son vocabulaire si on lui enlevait le droit de dire “sérieux” sur le mode de l'interrogation rhétorique ou de l'assertion. Quelle violoncelliste fait-elle.
Passent deux jeunes hommes, l'un à barbichette fait rouler une contrebasse dans son étui.
Autre jeune fille blonde, t-shirt marin aussi, jolie, plutôt distinguée, passe en saluant d'un regard en coin que je pense ironique (mais je projette sans doute) le petit couple à la sérieux-violoncelliste.
Lycéen, portable vissé.
Lycéennes, quatre ou cinq, l'une chante n'importe quoi.
Autres jeunes femmes, plus âgées (pionnes ?).
Quinquagénaire, démarche lente, serviette en faux cuir sous le bras, bedaine, montre.
Autre lycéen, autre portable vissé, oreille gauche cette fois-ci.
Deux lycéennes.
Autre sexagénaire, dame avec aussi rayures marines.
Je ne compte plus accélérations des vélomoteurs.
Cycliste noire entrevue, au coin de la rue.
Le couple s'éloigne ; il porte le violoncelle (sérieux).
Quatre jeunes, probablement musicos (un blond à queue de cheval renouée en natte au-dessus du crâne quasi ras — je penche pour percussionniste).
Marre, je veux lire aussi, je reprends mon livre, le jet d'eau diaphane continue.
Notule en addendum, toujours lundi, 18 h 43, Conservatoire.
Pépiements des enfants dans la salle de chant choral, polyphonie fracassée des instruments de ci de là.
21:16 Publié dans Ce qui m'advient | Lien permanent | Commentaires (0)