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jeudi, 07 juillet 2005

Dolmen de la Grotte-aux-Fées

Si l’on excepte un étron (humain) qui embaumait copieusement la première des deux « chambres », le dolmen de la Grotte-aux-Fées, près Mettray mais sur la commune de Saint-Antoine du Rocher, mérite la visite, d’autant qu’il est à espérer qu’il ne sert pas habituellement de lieu d’aisance.

Entre deux et trois heures de l’après-midi, mercredi, il n’y avait pas un chat à la ronde, quoique la commune ait fait aménager un petit parking à proximité ; je tiens d’ailleurs à saluer le fait que ni le parking ni le chemin ne sont goudronnés, et qu’il n’y a aucune poubelle de métal vert ou autre défiguration du paysage. Pour une fois, la commune, soucieuse certainement d’économie, a fait le choix de la sobriété et de la mise en valeur in absentia du site.

Le dolmen lui-même est assez impressionnant. J’ai lu qu’il s’agissait là du plus grand édifice monolithique préhistorique de Touraine, ce que confirme la taille extrêmement modeste, par contraste, du menhir de La Haute Barde, vu plus tard de la D 766.

Je me suis hissé sur le haut, le toit du dolmen, en gravissant l’une des pierres qui sert de paroi, et y ai hissé ensuite A., qui était ravi de se retrouver à l’abri des feuillages, au plus près de l’aspérité des roches mais aussi de l’horizon fuyant.

Parisnoïa

Ah, tout de même une bonne nouvelle: j'apprends que Paris n'a pas été choisie pour organiser les Jeux Olympiques. Nous échapperons donc à l'hystérie et au gouffre financier. Quand on voit ce que sont devenus les J.O., Pierre de Coubertin doit être content que le mistigri revienne aux Londoniens.

Tombeau de P.M. (sonnet)

---Peiné de cette figure austère,
Il s’accroche aux cordes de sa lyre.
Etonné de n’être cette pierre,
Roulant, fier, des cocards sans collyre,
---Rêve-t-il à ces sons qui le font
Entrer dans l’âge des colophons ?
---Même ne restant sourd aux prières,
Il s’accroche aux cordes de sa voix.
---Comme il, en ces temps de désarroi,
Hâle son front couleur de bruyère,
Etonné de n’être ce pavois,
Lui, de naître aux sursauts vifs du lierre
Où, l’arbre arraché, fier il s’empierre,
Terrible, métamorphosé, froid.

mercredi, 06 juillet 2005

In memoriam Pierre Michelot

J’apprends aujourd’hui le décès, dimanche dernier, de Pierre Michelot, monument du jazz français, contrebassiste remarquable, qui a accompagné les plus grands (Monk, Miles Davis, ‘Dizzy’ Gillespie aussi), et que nous avions entendu, en 2000, à Marciac, fort fatigué déjà, mais au mieux de ses cordes, avec René Urtreger et Daniel Humair, au sein de leur légendaire trio HUM.

Je n’ai pas de disque du trio, ni de Michelot en leader, mais je chercherai si je n’ai pas, dans ma discothèque, certaines plages où il figure.

En guise d’hommage, son nom se prête à un sonnet-acrostiche (inversé), que je publierai plus tard.

Esprit sportif

Une élue municipale de Chartres, nous apprenait un billet de Bruno Besson dans la Nouvelle République du 5 juillet, a été prise en flagrant délit d’incivilité, car elle rayait régulièrement, avec une clef, les voitures d’élus du bord opposé. L’auteur du billet insiste, à juste titre, sur le caractère scandaleux d’un comportement aussi incivil de la part d’une élue, membre, de surcroît, de l’Education nationale.

Mais ce qu’il ne souligne pas, c’est que cette dame est professeur d’éducation physique. A de très rares exceptions près, tous les «profs de sport» que j’ai connus, élève, étaient de braves abrutis ou de prétentieux pédagogues. Depuis qu’ils sont devenus les rois des collèges et lycées, où ils font la loi, plus ou moins, et décident que tel cours sera supprimé, tel devoir rendu facultatif pour cause de match de rugby, de volley, ou de je ne sais quelle autre dérisoire activité qui ne devrait pas avoir sa place dans un établissement scolaire, c’est peu dire que la qualité de l’enseignement ne s’est pas améliorée.

Au début des années 1990, les ballons sont devenus, en jargon IUFM, des référentiels bondissants. Socrate, puis Montaigne, réclamaient, à grands cris, que l’enseignement fasse un peu de place à la culture des corps. Quand ce sont les plus imbéciles et les plus décérébrés des incultes en survêt qui donnent le ton, comme c’est devenu le cas maintenant, on peut se prendre à regretter l’époque de la scolastique poussiéreuse.

22:15 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

Abbayes de Touraine

J’apprécie assez de me voir réclamer des notes sur tel ou tel point de topographie ou d’histoire, mais il va de soi que la Touraine ici racontée ou décrite, écrite en quelque sorte, l’est au gré de mes rencontres, de mes excursions, etc. Je ne prétends pas à la publication d’un guide, d’autant que les nombreuses notes hors-sujet montrent ma faiblesse sur ce point.

(Le sens de «hors-sujet» se rapproche de la conceptualisation de ce terme par Pierre Bayard dans son magnifique livre Le Hors-sujet. Proust et la digression..)

Toutefois, je suis sensible à cette demande, d’autant que j’ai peu d’espoir de convaincre Livy de traquer les épitrochasmes si je m’en tiens à ma promesse d’un exemplaire unique et dédicacé de morceaux choisis de ce weblog… (Mais on peut imaginer d’autres récompenses, plus adaptées au vainqueur.)

Les principales abbayes de Touraine sont celles de Beaulieu-lès-Loches, Bourgueil, Cormery, Fontevraud, Gâtines, La Clarté-Dieu, Marmoutier, Preuilly, Seuilly, de Turpenay et de Bois-Aubry. De ces onze, je n’en connais encore que trois : Fontevraud, que je visitai en 1994 ; Cormery, que nous avons visitée en 2004 ; enfin, Marmoutier, beau corps situé près du quartier Sainte-Radegonde à Tours, est désormais transformée en lycée privé et ne se visite que lors des Journées du patrimoine.

Il faudrait, à cette liste, ajouter les prieurés, une dizaine dirais-je, dont celui de Saint-Cosme est bien connu de moi, puisque je l’ai visité trois fois déjà, en 1994 et, depuis, à l’automne 2003, avec des amis (déjà mentionnés mais je crains de m’embrouiller dans les initiales astérisquées), et au printemps 2004, avec A***.

Cimetière et histoire coloniale, suite

En réponse à Livy, je poursuis ma description du cimetière, et précise un point. La précipitation (et, si, il faut le croire, l’épuisement) a provoqué un certain flou : il ne s’agit pas d’un cimetière colonial, mais d’un immense cimetière civil qui comprend un assez petit carré de tombes militaires ; c’est dans ce carré de tombes militaires que l’on trouve une douzaine de tombes de soldats issus de l’Empire. Je doute donc qu’il y ait une vraie réflexion locale autour de ces tombes, puisque 99% des visiteurs du cimetière doivent y venir pour se recueillir sur les sépultures de leurs proches. La plupart même doivent ignorer l’existence d’un secteur militaire entre ces quatre murailles.

Toutefois, je me suis interrogé, moi aussi, sur la raison de ces quelques tombes : pourquoi ici, à Tours, et pas ailleurs ? Pourquoi le tirailleur sénégalais ARI est-il inhumé à Tours, of all places ? J’essaierai de trouver plus d’informations sur la question…

Images

Je ne mets aucune image en ligne. Pour l’instant. Quand j’aurai le temps de régler la question du transfert des fichiers vers l’hébergeur à partir de mon ordinateur portable, qui le refuse, je pourrai publier régulièrement de petites notes-images.

Je fais des provisions pour les longs soirs d’hiver, et vous aurez bientôt les yeux écarquillés !

09:10 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 05 juillet 2005

Marcilly-sur-Maulne

J'écrivais, il y a dix jours, que, passant à Marcilly-sur-Maulne, nous n'avions pas vu le château. Je propose donc, dans cette note, quelques liens vers le site de la commune, le jeu consistant à trouver les liens, qui sont constitués de lettrines, autrement dit: certaines lettres de cette note sont des liens hypertextuels. Il y en a quatre.

Je rappelle par ailleurs à tous les lecteurs qu'ils peuvent participer au grand jeu de l'été, Traquons les épitrochasmes.

Cimetière de La Salle (TOURS-NORD)

Lu, au retour de l’université, les prénoms Omerine et Athénaïse, sur deux tombes du cimetière de La Salle. J’ai aperçu aussi le patronyme Bourdaloue ; il faudra vérifier si le célèbre sermonneur était de la région. (Contributions bienvenues.) Enfin, le mausolée de Victor Laloux se trouve aussi dans ce cimetière de Tours-Nord, que je compte prendre l’habitude de traverser à chacun des voyages pédestres de mon domicile à mon lieu de travail, puisque les trottoirs de la rue qui descend vers le quartier Paul-Bert sont quasi inexistants, et non en raison d’un quelconque goût morbide.

J’ai pris plusieurs photos, le matin, à l’aller (et donc sous un soleil radieux et un ciel céruléen (cet après-midi, il faisait sombre, et la pluie menaçait)), de tombes militaires. Un panneau indiquant, en bilingue, des tombes de guerre de soldats issus du Commonwealth, avait depuis longtemps attisé ma curiosité ; mais je n’ai pas su trouver de tombes américaines ou britanniques dans le cimetière. En revanche, toutes les sépultures militaires que j’ai observées datent de la guerre de 1914-18.

Les photographies que j’ai prises sont très émouvantes, car les tombes sont celles de soldats venus de l’Empire colonial français. Imaginez-vous, pour n’en citer que quatre, les destins de Tchan Hou San, travailleur chinois «mort pour la France» le 25 janvier 1919, de Dalmane ben Amar ben Ismael, travailleur colonial «mort pour la France» le 6 mai 1918, d’Amerrou Aoumallah, tirailleur algérien «mort pour la France» le 16 août 1918, ou enfin du soldat Ari, tirailleur sénégalais «mort pour la France» le 24 octobre 1917, et dont l’identité se trouve réduite à trois lettres ? Figurez-vous que, si ces tombes s’égarent dans l’alignement et la litanie des nombreux «Français de souche» (comme il ne faut pas dire et comme on ne saurait plus dire), elles sont toutefois rassemblées, séparées, de fait, des autres, ce qui montre à quel point, même en servant le colonisateur et en mourant pour lui, ces hommes ne pouvaient prétendre à une quelconque égalité…

Dire qu’une récente loi votée par le Parlement veut encourager professeurs d’histoire et auteurs de manuel à se concentrer sur l’enseignement de l’héritage positif du colonialisme ! Quel charlatanisme ! Quelle mascarade ! Quelle ignominie ! Pourquoi n’a-t-on jamais eu un vrai débat de fond, dans ce pays, sur l’héritage du colonialisme, qu’il soit bon, mauvais, pendable, que sais-je… ?

L’indignation qui parcourt ces lignes était plus mesurée, en mon for, tandis que je «visitais» le cimetière, car je n’ai pas besoin de me convaincre de ce que j’ai écrit ci-dessus. L’émotion, le sentiment toujours ambigu que j’éprouve, dans un cimetière, à ressentir la douceur de l’air, la chaleur de la vie, au milieu de tant de cadavres… voilà ce qui l’emportait.

Mais j’ai pris ces photos, car je veux témoigner.

Contrainte ?

Je me contrains, en dépit d’un féroce mal aux yeux et d’un épuisement chaque jour plus marqué, à écrire quelques lignes dans ce carnet de toile, afin de mettre fin aux complaintes de mes lecteurs et aux emportements enthousiastes de mes détracteurs (ces deux catégories ayant, d’ailleurs, une intersection que j’imagine, en mon nombrilisme masochiste, vaste).

Non, cher lecteur, adorable lectrice, vous qui êtes allés chercher sur je ne sais quel blog un illusoire produit de substitution, tel l’héroïnomane perdu que console et désintoxique la méthadone, je ne vous ai pas abandonnés. Non, toi qui ricanes, là-bas, dans le coin, te drapant dans ta cape à l’instar de Judas, je ne te ferai pas ce plaisir, et tu ne diras pas, alexandrinement : « Et au trentième jour, Guillaume se taisit. » (Je signale, d’ailleurs, aux amateurs de poésie et de langue française, que l’on pourrait préférer le décasyllabe de type taratantara : « Au trentième jour, Guillaume se tut. » Mais mes détracteurs sont ainsi : ils ne connaissent pas, les pauvres, l’usage du passé simple.)

Well, after this delirious bout of self-induced megalomania, je vous invite à vous reconnecter prochainement sur ce carnétoile, où vous accueilleront des notes tourangelles.

20:10 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (2)

lundi, 04 juillet 2005

Veigné

Nous avons passé hier, en cette jolie commune résidentielle située au sud de Tours, une fort agréable journée chez G*** et P***, dont le fils aîné, J., a le même âge que le nôtre, et dont nous n’avions pas encore rencontré le dernier-né, F., qui doit avoir dans les cinq semaines.

Promenade en forêt, avec le landau, et A., qui s’intéressait à toutes les espèces d’arbre, à mon grand désarroi, le plus souvent.

Se rendre à Veigné, en soi, suffirait à me décourager de m’y installer. Ce n’est, entre Tours et Veigné, qu’une longue accumulation de hangars commerciaux, de zones d’activité « à la française », c’est-à-dire le summum de l’immonde, panneaux publicitaires hideux. Surtout, les matins et soirs de semaine, cette voie déjà laide doit se garnir d’embouteillages, et c’est assez pour hésiter à acheter, par exemple, une maison même la plus somptueuse dans ces parages.

Nos amis louent une petite maison à l’extrêmité d’un cul-de-sac, aux abords d’une forêt fort agréable. Il se construit toutefois, à peu d’encablures de là, je ne sais quelle bretelle d’autoroute, ce qui risque de rendre moindres leur isolement et leur tranquillité !

Trente-cinq ans

J’aurais pu écrire une note relative à la fête de l’indépendance américaine, à mes souvenirs du 14 Juillet dans le Michigan (mais si !), ou encore à l’étudiant tourangeau (Cyprian Drapeau), inscrit en licence, qui, pourtant férocement américanophile, et fraîchement revenu d’une année d’études dans la prestigieuse Rutgers University, n’a pas été capable, lors de l’oral, de donner l’année d’indépendance de la République américaine ni la signification du 4 juillet.

Non !

Je veux saluer, exalter, glorifier ici les 35 ans de mariage de mes parents, qu’ils fêtent aujourd’hui. Mes chers parents, puissiez-vous en fêter encore autant et plus ensemble !

Mon père vient de fêter sa retraite de l’Education nationale. Ma mère a encore, en théorie, trois ans « à tirer ». Mais le plus actif des deux risque fort d’être, encore et toujours, et ce malgré nos objurgations, mon père, farouchement engagé dans la lutte associative pour la protection de l’environnement, au niveau landais, aquitain, français et européen.

Tours de France, Cimetière, Paul-Bert

Bon, je ne vais pas y couper. Bâclons, alors.

Le Tour de France passe ces jours-ci à Tours, ce qui provoque un ramdam, un tintouin, un charivari, un tourneboulis sans nom. Outre les innombrables formules ineptes jouant sur l’homophonie Tour/Tours, que nous subissons depuis des mois, c’est désormais la cohue, la débâcle. (Et d’ailleurs, il suffit de lire les nombreux avis de Londoniens ou Madrilènes, ces temps-ci, pour savoir que, à l’aune des Jeux Olympiques, tout événement sportif est vécu, à juste titre, comme une malédiction par les indigènes. Les Parisiens semblent moins sceptiques, ou la presse s’est-elle censurée sur ce chapitre ?)

L’arrivée doit se juger plus ou moins à la minute où j’écris ces lignes.

Le tintouin cycliste m’a tout de même contraint à une chose que je ne fais pas assez souvent, qui est d’aller à pied à l’université et d’en rentrer pareillement, fort fourbu d’ailleurs, parce qu’une bonne partie de la demi-heure de trajet de retour (encore un triple génitif ! ça devient maniaque !) est sur une pente fort raide, une fois passé le Pont de Fil, entre le quai Paul-Bert et le cimetière de La Salle, puis même entre le cimetière et notre maison.

Je n’ai toujours pas fait l’effort de me détourner de ma course, au niveau du cimetière, pour jeter un œil aux tombes des soldats du Commonwealth. Il faudra y passer quelques moments, un prochain jour.

Contrairement à C., qui n’aime pas du tout le quartier Paul-Bert (qu’elle dit trouver arrougnous), j’ai un petit faible pour la rue qui descend vers la Loire, avec ses maisons populaires pas toujours en excellent état, il est vrai ; mais il est certain que je suis, d’avoir parcouru le quartier plusieurs fois à pied, plus sensible à ses charmes et moins à la vue d’ensemble, assurément guère attirante. (Et le double adverbe, tu sors ça d’où ?)

Propos de garçonnet, 6

"Non, ce soir, on est des plantes piquantes. Moi je suis une ronce, toi tu es une ortie, et Maman c'est un ajonc."

dimanche, 03 juillet 2005

Dolmens de Touraine

2 juillet. Quatre heures et demie.


Mon fils, qui, à quatre ans, sait fort bien nous priver du divertissement pascalien et nous ramener dans le droit chemin de l’épicurisme (et oncques nous affranchir de nos tentations hédonistes), n’a pas voulu aller faire un petit tour cet après-midi, préférant cultiver son jardin, ou, à tout le moins, s’activer dans le nôtre.

J’avais dans l’idée, pourtant, de lui montrer quelques dolmens aperçus sur la carte routière. L’origine d’une telle idée, qui peut sembler saugrenue, vient de l’achat, ce matin, de l’Imagier de la préhistoire, qu’il a fallu lui lire en entier déjà (il est fort détaillé et fait pas moins de cent quarante pages), et où se trouvent moult explications relatives aux différents habitats préhistoriques, dont les dolmens, pour lesquels je dispose, depuis quelques mois, d’un dépliant fort bien fait, intitulé Préhistoire en Sud Touraine. Tous les sites indiqués se situent, toutefois, du côté de Descartes, soit un peu loin pour une promenade qui ne saurait excéder deux heures (entre le « réveil » de la sieste à trois heures et le retour impératif pour cinq heures et demie, avec le bain, puis dîner et coucher). J’ai donc consulté la carte routière Michelin, qui indique les monolithes et dolmens, afin d’en trouver dans la périphérie immédiate de Tours.

J’en dresse ici la liste, ou le répertoire, pour mémoire en vue d’une prochaine virée.

Il y en a un juste au nord de Mettray, le long de la Choisille ; un à l’ouest de Beaumont-la-Ronce, près du château de Montifray ( ?), le long de la D766 ; un tout près du bourg de Nouzilly, près de la D4.

Tout aussi loin que ceux de l’aire méridionale située entre Draché et Charnizay, mais au nord, dans la Sarthe, il semble y avoir une concaténation de traces archéologiques du côté de Sarcé, sur la Gravelle, non loin du site archéologique de Cherré.

En écoute : Radiance de Keith Jarrett (EMI, 2005).

Propos de garçonnet, 5

Des dolmens, je sais où il y en a. Mais c’est très loin, on ne peut pas y aller. C’est en Inde ! C’est un dolmen très grand, on y élève des chevaux.
Il s’appelle Le Dolmen Bleu.

samedi, 02 juillet 2005

Illustrations III

Je lis Illustrations III de Michel Butor, acheté ce matin au bouquiniste de la rue Nationale (édition originale en SP, 1973) [ajout du 26 juin 2011 : appris depuis (2007 ?) que le bouquiniste en question se nomme Les Amours jaunes, en hommage à Corbière I guess].

Je suis très admiratif, et un grand admirateur de Butor. La série des Illustrations, que je ne connaissais que de nom, appartient aux textes « par intervalles », mes préférés. (Le must absolu, en la matière, est le tome 3 du Génie du lieu, Boomerang, que j’ai lu en 1998 dans l’exemplaire emprunté à la médiathèque de Beauvais, et que j’ai cherché à acheter depuis, pour apprendre qu’il était épuisé et, dans les éditions d’occasion, vu l’ouvrage (imprimé en plusieurs couleurs, au tirage sans doute limité dès le principe) hors de prix, bien évidemment. Je possède toutefois les tomes 4 et 5, cadeau de C. pour nos onze ans, en 2003.)

Illustrations III propose, selon les termes mêmes du rabat de deuxième de couverture (voilà un triple génitif que je laisserai passer), « ce dont me parle la peinture ». A moi qui ai beaucoup travaillé sur les croisements entre littérature et arts plastiques, c’est déjà une source d’intérêt, par-delà mon affection pour Butor. Je ne connais aucun des peintres dont l’œuvre sert d’origine à ces textes, à l’exception de Jean-Luc Parant et de Soulages, bien entendu (les textes inspirés par Soulages, composant la « Méditation explosée », sont les seuls numérotés). Du coup, le livre se lit, comme souvent en l’espèce, comme une suite d’échos à des images absentes. L’ekphrasis se situe, comme souvent, à la croisée, de la représentation en mots et de l’éloignement des images. Textes impossibles, irréductibles.

L’extrait que je veux en donner correspond à mon humeur du moment, tendre et sentimentale :

Sur le sable je dessine une maison complexe et retirée, une chambre pour mon amie, notre projet de société, des ailes pour nous emporter, une forêt pour nous cacher, un rocher pour nous instruire, une rampe pour nous diriger, une terrasse pour nous y bercer, une cave pour nous désaltérer, un jardin pour nous enivrer, ses regards pour me décider, sa poitrine pour me transporter, son ventre pour m’y enfoncer, ses lèvres pour me secourir, ses paumes pour me guérir, ses ongles pour me labourer, son silence pour m’ensemencer, ses paroles pour me moissonner, son calme pour m’y rajeunir.

Michel Butor. Illustrations III. Paris : Gallimard, “Le Chemin”, 1973, p. 18

Bourdon

Quatre heures. J’écris, assis dans un fauteuil du jardin, à l’ombre du cerisier et non loin de la haie de thuyas. Nous avons sauvé, tout à l’heure, un bourdon qui se noyait dans la petite piscine en plastique. Comme il fait un peu frais pour se baigner, et comme l’eau avait été versée mercredi matin dans la piscine, A. s’est proposé d’arroser les fleurs, le gazon, parfois le gravier aussi je crois, ce qui l’occupe, même si l’heure quasi zénithale et le soleil actif rendent cet arrosage tout à fait inutile.

Le sauvetage du bourdon aurait pu donner lieu à un texte de tonalité épique (et donc, certainement héroï-comique, quelque grands fussent mes efforts pour ne point sombrer dans la dérision), car il a fallu le repêcher au seau, le laisser marcher dans l’herbe, au soleil, le temps que ses ailes sèchent, prendre garde de ne pas lui marcher dessus, car il se cachait sous des feuilles d’herbe moins minuscules et pouvait aisément passer inaperçu ; lorsqu’il a réussi à s’envoler, nous l’avons salué.

Ce texte ne sera pas. On ne peut pas tout écrire, tout de même.

Sieste

Des nuées de mouche d’orage sillonnent le salon où, assis dans le canapé, j’écris quelques notes, pendant la «sieste» de mon fils. Il ne fait plus la sieste depuis belle lurette ; il a cessé de s’adonner à ses trois heures de sommeil post meridiem vers octobre ou novembre, mais il accepte de se coucher et de rester au repos une petite heure ; parfois même, fort infréquemment, il s’endort.

L’un des plus jolis villages des Landes, tout près du village où j’ai passé mon enfance, s’appelle Siest. Comme nous allons passer une infime partie de l’été en Touraine, j’ai songé à créer un autre carnétoile, qui serait une sorte de mirror weblog de celui-ci et qui s’appellerait Chalosse véloce. Je continuerais toutefois à publier des notes dans Touraine sereine, peut-être un choix de correspondance, ou des poèmes ; une autre possibilité consisterait à se concentrer sur celui-ci et à essayer d’écrire des notes sur telle rue de Tours, tel monument, tel village de Touraine, à partir de mes souvenirs, ce justement pendant que je suis éloigné de la région. Ce serait certainement plus honnête vis-à-vis des lecteurs qui réclament plus d’adéquation entre le titre du carnétoile et son contenu.

Entre autres projets pharaoniques, j’aimerais créer un index, mis à jour régulièrement, des notes. Ce que je ne saisis pas très bien, et qui m’inquiète quelque peu, c’est que l’espace disque que j’ai employé jusqu’à présent n’est, selon mon hébergeur, que de 24 KO, ce qui correspond aux deux misérables images qui figurent dans mes fichiers. Dois-je en inférer que la sauvegarde des notes et des commentaires est secondaire (hypothèse pessimiste) ou que HautEtFort, tout en veillant au grain, ne « facture » pas les fichiers texte (hypothèse optimiste)?

Blogosphère (“dérange du globe”, suite)

Reçu aujourd’hui, par la Poste, le n° 14.1 du European English Messenger. Parmi les ouvrages recensés se trouve l’essai, publié en 2004 par le prestigieux éditeur néerlandais Rodopi, d’une certaine Viviane Serfaty. Le titre, je vous le donne en mille, en est The Mirror and the Veil : An Overview of American Online Diaries and Blogs.

Le parti pris de Viviane Serfaty semble être délibérément socio-psychanalytique, ce qui, déjà, me paraît une sauce bien risquée, ou, à tout le moins, d’un hétéroclite propre au brouillage plus qu’à l’éclaircissement. L’auteur de la recension, une certaine Dorota Smyk-Bhattacharjee (de Zürich, mais il semblerait que ce soit, à lire son nom, une Hongroise, ou peut-être une Tchèque mariée à un Indien), reproche d’ailleurs à Serfaty, une fois prononcés les différents éloges d’usage et proposé le résumé du plan de l’ouvrage, de noyer le poisson en citant inégalement ses sources, les dates de publication des différents carnétoiles consultés.

Il me semble aussi que le journal intime en ligne et le blog sont deux pratiques foncièrement différentes, et que, s’il est certainement productif de les mêler dans un essai, il ne faudrait pas pour autant les mélanger ou les confondre. Je prétends en savoir quelque chose, moi qui ai tenu, fort brièvement, deux journaux en ligne, en 2001 et fin 2004, avant de me rallier à la cause du blogos.

« Your frankly vulgar red pullover »

Ce matin, nous avons écouté plusieurs fois de suite Our Frank de Morrissey, car A. voulait danser dessus ; il se trouve que c’est, par un heureux hasard, l’une des meilleures chansons de l’album Kill Uncle (1991), que je n’avais pas écouté depuis des années. Je n’aime pas tellement la Britpop (litote), mais j’ai un léger faible pour les Smiths et la carrière solo de Morrissey.

J’ai découvert The Smiths à Oxford, en 1996. Mon affection est toute relative, car je ne possède aucun album du groupe, et un unique album de Morrissey.

La première chanson de Kill Uncle, bien écrite et subtilement composée, s’achève d’ailleurs par l’expression du désir de décérébration, ce qui n’a toutefois pas grand chose à voir avec les idiotes professions de «dionysisme» de certains «musiciens» techno. Morrissey se déclare lassé par les conversations profondes qui n’aboutissent à rien (“our frank and open / Deep conversations”) et en vient à se plaindre de sa propre intelligence (“Will somebody please stop me / From thinking all the time ?”).

C’est assez troublant.

"You spin me round"

Record de fréquentation du blog pour le 1er juillet, avec 134 visiteurs et 720 pages vues, chiffre sans doute gonflé artificiellement par mes propres visites, publications de notes, lecture des commentaires, etc.

Dans l'édition du Monde daté d'aujourd'hui, intéressant article consacré à un portrait de Tristan Egolf.

On y lit, notamment le paragraphe suivant, que j'inclus car je crois savoir que, passé quelque temps, les articles ne sont plus consultables gratuitement:

Un soir d'hiver 1995, Patrick Modiano entre dans la chambre de l'hôte pour y fermer une fenêtre. "J'ai été un peu indiscret , confesse-t-il. Il y avait sur la table une masse de feuilles hallucinante. Rien qu'à voir le manuscrit, j'ai eu une intuition." Modiano comprend mal l'anglais mais ne résiste pas à la tentation de s'attarder sur cette écriture microscopique avec ses mots serrés, ses ratures et ses rajouts. Il pense aux manuscrits du Suisse alémanique Robert Walser. "C'est horrible à dire , raconte-t-il, mais je n'avais pas besoin de lire son roman. Je savais. Peut-être parce que je suis du métier ? Rien qu'en voyant cette masse, et ce type qui passait ses journées à écrire... c'est difficile à expliquer. Ça m'a semblé bizarre que ce type de 23 ans, à la fin du XXe siècle, écrive encore à la main avec des ratures."

Vêtements

V-ue m'a écrit ce matin un courriel dont je vous livre un extrait, car il répond à une note précédente sur la tenue des professeurs:

Je lis ton blog, souvent voire plusieurs fois par jour et il y a toujours de nouvelles notes, certaines me font bien sourire. Raconte-moi Guillaume, quelle tenue faut il adopter pour enseigner ou plutôt "Do you think teachers should wear a uniform?"et le costume cravate quand on est une fille, ça donne quoi?
En quoi les fringues, oui les fringues font elles partie de la conscience professionnelle? Tu comprends, en ce moment c'est les soldes alors j'aimerais profiter de tes conseils parce que je suis loin d'être experte en décoration corporelle. C'est bien décousu tout ça...


J'adore ce mail, et la dernière phrase plus encore. Encore un effort, my dearest, l'adresse électronique n'apparaît pas quand tu postes un commentaire!

******

Voici un fragment de ma réponse:

Il me semble que, si la société dans son ensemble (et pas seulement les collégiens, les lycéens, les étudiants) ne respecte plus véritablement les professeurs, c’est qu’ils ne se respectent pas eux-mêmes, qu’ils n’ont pas le moindre égard, en général, pour la fonction qu’ils occupent, qui n’est pas uniquement un métier. C’est vrai également des médecins, pour élargir le propos. La représentation, la distance entre le moi privé et le moi social, l’apparence, tout cela me semble de plus en plus évacué, depuis mai 68 peut-être, dans notre société, et dans notre milieu professionnel aussi, à mon grand regret. Cela semble sans doute réac, mais j’assume volontiers mon côté réac.

Il y avait des exemples qui ponctuaient mon argumentation, mais enfin, j'aurais scrupule à divulguer une partie significative de ma correspondance privée...

vendredi, 01 juillet 2005

1er JUILLET (10ème note du jour ?)

Lu à l’instant, et terriblement d’actualité :

«They called it the rentrée, which meant that the lemmings were rushing home from the coast. This was a nation that claimed to represent the soul of European culture, the seat of her intellect, yet they all chose the same month for their annual vacation, set off in a bunch as if a gun had been fired for the start of a mammoth marathon amphibian race, for the cars that clogged the traffic nearly all dragged or carried on their roofs yachts, sailing boats, catamarans and other floating craft, and that was the way they re-entered Paris […] setting off as if by arrangement so that they arrived at the same time in Paris, honking, cursing and gesticulating more from ritual instinct than from purpose or realistic expectation of any change in the snail’s pace of their repossession of a city they had abandoned to a much despised but lucrative season of tourism.» (Wole Soyinka. Ibadan. London: Minerva, 1995, p. 58)

Juditha triumphans

J’écoute de nouveau la Juditha triumphans de Vivaldi (RV 644). Quel opéra oratorio somptueux, d’une diversité et d’une beauté à couper le souffle (mais pas les oreilles, fort heureusement). Comme il s’agit d’un opéra oratorio découvert récemment, je pense qu’il n’en existe pas d’autre version (Naïve 2001 : OP 30314) : l’Academia Montis Regalis est placée sous la direction d’Alessandro De Marchi, le Chœur des Jeunes de l’Académie Sainte Cécile sous la maîtrise de Martino Faggiani. Les cinq voix sont Magdalena Kozena (Judith), Anke Herrmann (Abra), Maria José Trullu (Holopherne), Marina Comparato (Vagaus), Tiziana Carraro (Ozias).

Ecoutant attentivement le premier acte, et notamment, dans l’ordre des plages 7, 9 et 11 (sur le premier CD), l’air de Vagaus, Matrona inimica, l’un de mes préférés, l’air de Judith, Quocum Patriae me ducit amore, et l’air d’Abra, Vultus tui vago splendori, je remarquais que je trouvais le chant de la dernière voix très inférieur, non techniquement car je n’y connais rien : s’agit-il d’une moindre qualité de la chanteuse jouant le rôle d’Abra (Anke Herrmann) ou, plus profondément, d’un goût moindrement marqué, de ma part, pour les soprano colorature ? Le choix de confier la partition d’Abra à une colorature est, d’ailleurs, à en croire le livret et les notes d’Alessandro De Marchi, un choix audacieux, qui n’allait pas de soi. Je ne peux que regretter, à titre personnel et non point pour l’équilibre général de l’opéra (qui se satisfait sans doute grandement de la structure en quinconce des voix), que le chef n’ait pas choisi, pour Abra, une voix plus proche de celle de Marina Comparato (qui est, toujours dixit De Marchi, «un mezzo-soprano aigu et léger »)

Je ne suis pas certain de m’exprimer fort clairement dans le paragraphe qui précède. Mais c’est un point qui me tient à cœur. J’ai écrit cette note en écoutant l’air de Judith, Veni, me sequere fida, qui se trouve sur le deuxième CD. Les longs maintiens, entrecoupés de soudains trilles, font parcourir, en moi, le frisson de la merveille.