vendredi, 01 juillet 2005
Tripalium et otium
Heureusement que Marione me demande ce que j’enseigne, et non ce à quoi un enseignant-chercheur passe ses journées. Là, par exemple, je viens de passer deux heures à signer des relevés de note, en ma qualité de président de jury de Licence L.E.A. 1ère année, puis à mettre au point, avec la secrétaire du département d’anglais, la fiche d’inscription en Licence 3ème année, pour la rentrée universitaire prochaine. Par ailleurs, quoique les délibérations aient lieu, pour les diplômes d’anglais, lundi prochain, et que le délai de remise des notes par les enseignants ait été fixé à lundi dernier, je viens d’hériter d’un paquet de treize copies d’explication de textes 2ème année, cours que je n’enseigne même pas. La raison en est que la collègue est occupée au jury de CAPES, ce qui est légitime ; ce qui l’est moins, c’est que, la responsable de cycle ne s’étant pas préoccupée du problème, je me retrouve, devant le désarroi compréhensible de la secrétaire, à dépanner le département, une fois encore (mon bon cœur me perdra !).
Hier, c’était bien aussi : délibérations de première année de L.E.A., qui se sont étendues sur presque toute la matinée en raison d’un défaut de calcul inattendu dans le logiciel Apogée. Etc.
La maîtresse de mon fils, qui me lance ce matin - comme c'est le dernier jour d'école et comme elle doit s'étonner de me voir toujours en partance pour mon travail - "pour vous, ce n'est pas fini, encore?", se trompe bougrement. Tous les "enseignants", il est vrai, n'ont pas les mêmes congés ni la même conscience de leur travail. Pour ma part, je n'ai pas soufflé depuis Noël, et les week-ends chômés se comptent sur les doigts de la main.
Cela dit, et pour véritablement répondre au commentaire de Marione, non, la curiosité n’est pas un vilain défaut ; en revanche, je trouve légèrement contradictoire, peut-être, que l’on s’intéresse à la vie des autres et moins au genre autobiographique. Je ne parviens pas non plus à comprendre en quoi Enfance de Nathalie Sarraute est «fleur bleue» ; certes, c’est le texte le plus abordable de son auteur, mais il recèle une telle ironie, un tel dédoublement des voix, qu’on peut difficilement, me semble-t-il, en trouver le point de vue naïf ou kitsch… ou fleur bleue.
Les Mots est sans doute l’un des textes les plus supportables de Sartre, ou l’un de ceux qui a le mieux vieilli. (L’un de ceux qui ont le mieux vieilli ?) Je me rappelle avoir beaucoup aimé la retenue de l’auteur, à laquelle se mêle un vrai souci d’approfondir les failles, les blessures, les bonheurs.
Si c’est un homme, pour être essentiel, est un texte qui m’a profondément ennuyé. Primo Levi, de manière générale, m’ennuie.
Je reviendrai dans une prochaine note sur mes lectures du moment et sur ce que j’enseigne, en essayant de tenir ma promesse, c’est-à-dire de n’être fidèle ni à ma partie normande (paternelle), ni à ma partie gasconne (maternelle).
10:55 Publié dans Lect(o)ures, WAW, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0)
Diminution de mes FAQultés
Cher Simon,
vous avez mille fois raison, mais le fait est que, tant pour les colonnes que pour les jolies bannières, je ne sais pas comment faire. En général, je suis assez débrouillard, mais je dois avouer que l’aide de HautEtFort m’a fort peu convaincu ou assisté, en la matière. Que la colonne centrale soit aussi étroite, voilà qui m’horripile depuis la création de ce blog.
Parmi les nombreux détails qui m’échappent, comment créer des liens hypertextuels qui ouvrent une nouvelle fenêtre ? Je sais le faire sous plusieurs logiciels HTML, mais le module en ligne de HautEtFort, là encore, me désarçonne.
C’est tout, je crois, ce jour, pour la Foire aux Questions.
09:10 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles | Lien permanent | Commentaires (7)
Les Joulins
Hier midi, j’ai déjeuné de fortune et en quatrième vitesse aux Joulins, joli bistrot, presqu’annexe de la faculté, puisqu’il se situe, comme son nom l’indique, place des Joulins, au bas de la passerelle reliant l’université au vieux Tours.
Ce bar propose des tartines chaudes tout à fait succulentes, surtout aux papilles de qui, comme moi, n’aime pas trop ce genre-là, d’ordinaire. A la belle saison, il offre, de surcroît, trois tables en terrasse, avec des fauteuils bas en plastique étonnamment confortable. Un petit garçon de dix-huit mois, Pierre, achève de rendre le tableau agréable, dans son jeu constant au ballon.
Je suis rentré prendre le café au comptoir, et, le (jeune) patron m’ayant demandé si j’étais professeur, le jeune homme assis près de moi a fait remarquer que j’étais inhabituellement bien vêtu pour ma profession. De fait, je suis en général habillé en costume-cravate, ou, à tout le moins, avec pantalon de ville et chemise. Cette remarque m’a fait songer à la remarque de Finkielkraut, que rapporte Renaud Camus, sur les enseignants qui ressemblent, de loin, dans leurs manifestations, à des clochards. J’en sais la justesse, hélas, et même à l’université, où nous sommes plus nombreux à garder une certaine conscience de notre fonction, plusieurs collègues, surtout parmi les quinquagénaires d’ailleurs, se présentent aux étudiants, aux réunions, et même aux occasions les plus solennelles, dans des accoutrements passablement négligés.
Revenons aux Joulins, adresse que je recommande vivement pour un moment de pause, pourvu que l’on ne veuille pas déjeuner de manière élaborée. Le propriétaire des lieux est un garçon d’une très grande beauté, d’ailleurs, ce qui ne gâche rien.
La conversation qui s’est ensuivie était intéressante, d’ailleurs, puisque mes deux interlocuteurs connaissaient plusieurs étudiants inscrits cette année en première année de master ; j’ai d’ailleurs donné mon adresse électronique à celui qui m’avait fait remarquer le caractère distingué de mes vêtements, car son amie prépare le CAPES l’année prochaine.
07:10 Publié dans Sites et lieux d'Indre-et-Loire | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 30 juin 2005
Pluie comme la vie
Sept heures et demie du soir.
Finalement, j’ai pu, tout à l’heure, aller chercher A. à pied, et nous avons marché de concert, de la rue du Colombier à la rue Guillaume-Apollinaire, en passant par la rue François-Villon et la rue Ronsard, notre petit bonhomme de chemin habituel, devisant, gambadant. A peine quelques gouttes ont-elles salué la fin de notre promenade, avant qu’une averse salutaire ne s’abatte encore sur la ville.
Je me suis rarement senti aussi épuisé.
Ceci est certainement l’une des toutes dernières notes de ce mois de juin.
C. rentre à l’instant. A. à peine couché, j’étais installé à écrire dans le canapé du salon, with the laptop on my lap.
21:05 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
Fort comme la pluie
Pluie et fort vent. Il pleut. Je vais devoir, pour l'une des rares fois de l'année, aller chercher mon fils à l'école maternelle en prenant la voiture, ce qu'il déteste, car il préfère marcher, courir dans le souterrain qui passe sous l'avenue du Maréchal Juin, voir s'il ne traîne pas quelque chat par ci, ou quelque corneille par là.
Tout bien pesé, il aime encore moins se tremper, certes.
T***, mon collègue spécialiste de civilisation britannique, qui, dans une autre vie, fut spécialiste de Maupassant, m'a apporté ce matin, as a complimentary gift, un exemplaire de la monographie qu'il a consacrée, il y a quelques années, à Fort comme la mort, dont nous parlions avant-hier, puisque c'est le seul roman de Maupassant que j'ai lu, et même deux fois! Je connais assez bien les nouvelles de Maupassant, qui ne me transportent pas outre-mesure, ou plutôt, qui me semblent receler pas mal de textes mineurs, mais n'ai jamais lu ni Une vie, ni Bel-Ami. Honte à moi, je suppose.
Il se trouve aussi que Fort comme la mort est l'un des modèles narratifs et esthétiques de Ford Hermann Hueffer, b.k.a. Ford Madox Ford.
En écoute: l'acte premier de la Juditha triumphans. Il y avait lurette, et je suis toujours aussi impressionné par la douceur des mélodies, la pompe feutrée de la basse, les merveilles des parties chantées.
15:55 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0)
Penne
Retrouvé une carte postale représentant le Christ entre Saint-Jean et Saint-Matthieu, au tympan de l’abbatiale de Moissac. J’avais pris la plume.
Penne, le 4 août 1999.
Abolissons les privilèges !
Il fait très chaud, et C. me dicte car elle se sent molle, voire mollissime. Moissac fut éblouissant, et Montauban plus décevant, malgré la belle collection de Bourdelle exposée au Musée Ingres.
Rentrons samedi après passage par Villeneuve.
Il s’agit de Penne du Tarn et de Villeneuve-sur-Lot.
08:45 Publié dans Ecrits intimes anciens | Lien permanent | Commentaires (0)
Propos de garçonnet, 4
Je connais un monsieur qui a un nom bizarre. Il s'appelle Carotte-Chips. Il vit en Chine et il fabrique des livres. De très gros livres. des livres aussi gros que Pluton.
06:50 Publié dans ... de mon fils | Lien permanent | Commentaires (2)
mercredi, 29 juin 2005
Promesses
Je n’ai pas du tout publié les notes que j’avais promis d’écrire. C’est qu’elles ne sont pas écrites !
Une remarque sur la diffamation et le respect des personnes : il s’agit d’une préoccupation évidente, et tout auteur de blog doit veiller à s’abstenir de l’une et à assurer l’autre. Toutefois, si j’écris ici que j’avais acheté un lecteur DVD de marque ***, modèle °°°, qu’il est tombé en panne au bout de trois mois, et que la marque *** m’intente un procès pour atteinte à son image, nous ne sommes plus dans un système démocratique dans lequel la libre parole de tout un chacun est assurée.
C’est ce qui m’a frappé, moi aussi, dans le cas du bloggeur de Puteaux. Dans une société démocratique qui fonctionne convenablement, jamais la municipalité ne devrait pouvoir attaquer l’auteur incriminé.
23:45 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles | Lien permanent | Commentaires (0)
Jeux de garçonnet, 1
Mercredi matin, dans le jardin. A. invente une série de jeux qui nécessitent trois bâtons et une assiette en aluminium (plus précisément, un plat à tourtière).
Le premier jeu s’appelle « pic de poil de pox » et consiste à frapper l’assiette posée au sol avec le premier bâton, puis avec le second ; avec le troisième bâton, il faut soulever l’assiette et l’envoyer vers la droite.
Le deuxième jeu s’appelle « poil d’akops de pox ». C’est une variante du précédent : avec le troisième bâton, on soulève l’assiette en l’envoyant vers la gauche.
Le troisième jeu s’appelle « pic de kip de pox ». Même chose que précédemment, mais on remplace l’assiette par une branche feuillue.
En écoute : « Biji » de Sonny Rollins (album +3, 1995)
22:45 Publié dans ... de mon fils | Lien permanent | Commentaires (0)
Le Spleen de Joué-lès-Tours
Hier, à l'oral du baccalauréat de français, que ma compagne fait passer au lycée Jean-Monnet de Joué-lès-Tours, une candidate, interrogée sur l'une des Fleurs du mal et dont la liste de lecture précisait que les différentes formes poétiques du 19ème siècle avaient été étudiées dans un "groupement de textes", déclara, péremptoirement: "ah non, Baudelaire n'a jamais écrit de poèmes en prose! jamais!".
Comme si la question posée, d'ailleurs, cherchait à marquer le pauvre Charles du sceau de l'infâmie: ah non, Madame, que voudriez-vous me faire dire? Baudelaire, ça, c'était un poète, il ne se serait pas abaissé à écrire des poèmes en prose! Qu'il soit, peu ou prou, l'inventeur du genre, elle ne le savait pas. Soit. Mais, tout de même, aller affirmer quelque chose dont on ne sait rien...
21:50 | Lien permanent | Commentaires (5)
Traquons les épitrochasmes
Suite au peu d'écho suscité par ma note, certes sibylline, sur la découverte de l'épitrochasme, j'ai décidé, comme on dit, d'intéresser la partie et de proposer, moi aussi, le grand jeu-concours de l'été :
TRAQUONS LES EPITROCHASMES
Tous les lecteurs de Touraine Sereine ont jusqu'au 31 août 2005, le cachet d'aspirine faisant foi, pour me suggérer, en utilisant la fonction "Ecrire un commentaire" ou en m'envoyant un courrier électronique, des exemples d'épitrochasmes trouvés dans la Littérature, la presse, la chansonnette, voire même par eux inventés.
Le jury au grand complet, composé, comme il se doit, de la Sainte Trinité Me, Myself and I, décidera du nom du vainqueur, qui se verra offrir un exemplaire dédicacé et unique de morceaux choisis de ce carnet de toile.
Alors, à vos épitrochasmes... et que ça saute!
19:00 | Lien permanent | Commentaires (1)
Correspondance de Wilkie Collins
Coïncidences toujours...
Je lisais, avant-hier, une note de Jacques au sujet du prix élevé du tome 1 de la Correspondance de Verlaine.
Butinant sur la Toile, que découvris-je ce matin? La correspondance de Wilkie Collins, en quatre volumes, coûte 350 £ ou 540$. Je ne doute ni de l'intérêt ni de la qualité du travail des auteurs de l'édition critique. Mais tout de même...
14:50 | Lien permanent | Commentaires (0)
Procédures
Ecrit le commentaire suivant, ce matin, en réponse à une très intéressante note sur les procès intentés par certaines collectivités ou entreprises à des bloggueurs les ayant critiquées: Je crois qu'il faut prendre des risques, écrire sans s'auto-censurer et advienne que pourra. Si les bloggueurs commencent à s'autocensurer, c'est la fin des haricots. Nous vivons dans une société tellement procédurière, et où la bien-pensance a triomphé. Que certains blogs jouent le rôle du petit grain de sable, tant mieux... Techniquement, n'est-il pas possible, si l'on n'est pas masochiste, de supprimer une page incriminée et de faire cesser les poursuites?
14:35 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles | Lien permanent | Commentaires (2)
Affairé
Je dois concocter des sujets de thème et de version pour L***, une de mes étudiantes les plus assidues, qui vient d'obtenir sa licence et qui a suivi mes cours, pour la première fois, lors de son arrivée à l'université, il y a trois ans, donc. Je dois aussi corriger pas moins de neuf copies d'analyse littéraire, pour ma collègue I***, qui est vice-présidente du jury de CAPES, et ne peut, à Toulouse, assurer toutes ses obligations de service tourangelles. Les deux textes sont extraits de Mansfield Park de Jane Austen (peut-être mon préféré de cet auteur remarquable) et de The Case for the Defence de Graham Greene (roman que je ne connais pas). Malgré tout, je voulais noter ici que, de retour des courses au supermarché, j'ai songé à ma trouvaille du matin: Jacques Layani, dont je lis régulièrement le carnétoile (lien ci-contre, dans la liste des blogs amis), est l'auteur d'au moins deux ouvrages sur Léo Ferré. Or, je publie ces jours-ci de brèves notes rapportant certains discours assez particuliers de mon fils. Il se trouve que mon fils, depuis presque deux ans, préfère, de toutes les chansons de Ferré, et me réclame assidûment "Les psaumes sont écrits sur les magnétophones", à savoir Psaume 151, dont il connaissait les trois premiers couplets (et ne les connaît peut-être plus, car les écoutes se sont espacées).
10:40 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles, WAW | Lien permanent | Commentaires (4)
OONA
Je suis en train d'écouter, pour la première fois depuis bien longtemps, un disque qui m'avait été offert à Noël 2000, à Hagetmau, Résistance poétique du Trio Christophe Marguet (Label bleu, 1996). C'est un disque qui m'a accompagné tout au long du premier semestre 2001, et en particulier dans certains moments difficiles, pendant que je finissais d'écrire ma thèse. La première composition, Oona prête à la rêverie. Ballade douce, entraînante, folâtre, elle célèbre Oona, c'est-à-dire, à mes oreilles maintenant, l'an OO, l'année du double O, du double oh, de la bouche ouverte en étonnement, de l'embrasement, de l'embrassade, de la fulgurance et de l'inquiétude passionnée, aux mélopées chaleureuses du sax. Composition érotique, pulpeuse, radieuse. De manière générale, je préfère, sur ce disque, les ballades, comme Recueillement ou Brume, aux compositions plus heurtées. Trio roi de l'envolée lyrique, fantômes du riot, de l'échauffourrée, que l'on s'imagine écouter sous les platanes près d'un cloître gothique, ou dans la chaleur touffue d'une salle enfumée.
09:05 Publié dans Jazeur méridional | Lien permanent | Commentaires (1)
Décrue
Bonjour à toutes et tous, deux jours de décrue, sinon des torridités (encore que la chaleur ne soit pas si inhabituelle qu'on veut bien le dire: la sécheresse est plus préoccupante), du moins de ce carnet de toile. Le nombre de visiteurs ne décroît pas, lui, à ma grande surprise. Je n'ai pas subi de foudres maternelles, pourtant, à l'inverse de Simon. Ni de foudres conjugales, quoique ma compagne regarde tout cela d'un air mi-amusé mi-agacé, comme si écrire un blog était le nouvel avatar de mes gamineries. Peut-être même a-t-elle raison, allez savoir. J'ai plusieurs projets de note, pourtant, que j'annonce ici avec solennité et qui seront certainement publiées dans la journée, si je trouve quelques instants pour les écrire: les deux déjeuners d'hier et avant-hier, et quelques conseils sur les deux modestes restaurants où ils se tinrent; mon collègue T*** et Maupassant; mes lectures récentes, Purple Hibiscus de Chimamanda Ngozie Adichie, The Breast de Philip Roth, plusieurs essais (retrouvés avec bonheur) de Montaigne, les derniers chapitres de Du lyrisme.
08:55 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles | Lien permanent | Commentaires (3)
Situation d'un (autre) garçonnet
Florenz, Oktober 1947
In der Gasse, vor unserem Hotel, spielen zwei Kinder ; ein fünfjähriger Bub, rachitisch, und ein Mädchen mit Spielzeugpistole: sie spielen Händehoch, wobei der Kleine, eher mürrisch und unwillig, sich an die verpißte Mauer stellen muß – nur daß er dann umfallen soll, begreif er nicht; das Mädchen macht es ihm vor – aus der Erfahrung ihres siebenjährigen Lebens.
Max Frisch. Tagebuch (1950). Knaur, 1970, S. 144.
06:50 | Lien permanent | Commentaires (2)
mardi, 28 juin 2005
Propos de garçonnet, 3
Un four, deux barbecues (un à deux roulettes, mais aussi un à quatre), un économisier, un ocolomisier, un tchatt, un lougtchatta (= un appareil pour gober), un rigang (= un mouton). Voilà tout l'attirail dont A. disposait, le 18 avril dernier, pour faire cuire les fourmis de Nanin.
"Je préfère faire le barbecue dans ma chambre parce que, dehors, il ne fait pas très beau. Cette pagaille de fourmis!"
01:10 Publié dans ... de mon fils | Lien permanent | Commentaires (1)
lundi, 27 juin 2005
Dans les marges
Aujourd'hui, l'action a lieu dans les marges: dans les commentaires et mes réponses à iceux, mais aussi les commentaires que je laisse sur certains autres blogs. Vous pouvez aller de ce côté-ci, à moins que vous ne préfériez ces parages-là.
15:55 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles | Lien permanent | Commentaires (0)
Propos de garçonnet, 2
"Tu arrêtes d'embêter mon petit!" dit le serpent volant en pinçant le serpent à noeud des conchetelles.
Le serpent volant, je ne sais même pas si ça existe. Il n'est pas en danger.
01:10 Publié dans ... de mon fils | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 26 juin 2005
Epitrochasme
Après une dizaine d’années d’études largement consacrées à la poétique et à la sémiotique, j’ai rencontré hier, pour la première fois, la figure de style appelée épitrochasme, ou plutôt, son nom, car la figure, elle, m’était familière, comme à vous tous, chers lecteurs, qui, n’ayant jamais entendu ce mot barbare (ou plutôt : grec), faites partie de la grande communauté des Monsieur Jourdain qui font des épitrochasmes sans le savoir. Voilà un avis net, sec, bref, vif et mûr.
23:15 Publié dans Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (10)
C'est bien, ça...
Voilà qu'au bout de vingt jours de blogging effréné, je finis par avertir mes parents de l'existence de cette mienne perversion, et de l'adresse y afférente, ce au prétexte que la dernière note publiée narre par le menu notre promenade du jour, et que cela peut les intéresser. Voici que je lis un petit commentaire bien négatif: "trop petit, pas les bonnes couleurs", que sais-je... Ah la la, ayez des parents, et vous voyez comment ils vous le rendent... (Papa, maman, si vous lisez cette note, je plaisante. Venez à la maison bientôt; j'ai fait les cuivres.)
22:45 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles | Lien permanent | Commentaires (2)
Vallées du Lathan et de la Maulne
Aujourd’hui, en dépit d’un ciel qui hésitait à passer au beau fixe, nous avons enfin fait une petite promenade dominicale. Enfin, car le travail ou les obligations familiales nous en avaient privé depuis presque trois semaines. Le soleil est promptement revenu à son établi, et les coups de marteau n’ont pas tardé. Agréable chaleur pourtant, brise estivale, et je ne saurais assez souscrire au billet d’humeur lu avant-hier à propos de l’hystérie météorologique sur Les mots ont un sens.
Le premier objet de la virée était de se rendre à Savigné-sur-Lathan, joli village au nord-ouest de Tours, bordé de fortifications et de douves entièrement verdies, où se tenait, accessoirement, une brocante, ce dont A., notre fils, raffole. Sa déception, en s’apercevant qu’il ne s’y tenait aucune pêche aux canards (ou aux tortues, ou aux grenouilles), fut modérée par l’achat d’un petit orang-outan en plastique et d’un puzzle 9 pièces, pour vingt centimes chacun. De mon côté, pour la première fois depuis que nous allons occasionnellement dans les brocantes de Touraine, j’ai trouvé à acheter quelques livres, pour 1 euro chacun : une anthologie un brin foutraque, The Treasury of Humorous Quotations, où je puiserai peut-être quelques pépites pour l’U.E. libre sur l’humour britannique que j’ai proposé d’enseigner à la rentrée, mais qui, en jargon administratif, « n’ouvrira » peut-être pas ; un autre livre en anglais, Prospect of Highgate and Hampstead, texte orné de jolies photos en noir et blanc, & édition originale dédicacée par l’auteur ; enfin, Le Mauvais démiurge de Cioran, dans la collection NRF-Essais (réédition impeccable de 1992). Je n’aime pas beaucoup Cioran, dont je trouve la lecture vite lassante et la fréquentation assez stérile, mais enfin…
Le village de Savigné a un plan attrayant, autour d’une fausse placette triangulaire, où la mairie occupe une place privilégiée et affiche un tricolorisme maussade. J’y ai vu plusieurs belles bâtisses, mais qui souffrent un peu de l’incurie (ou l’impéritie) des occupants ; le plus alléchant, pour l’œil, ce sont sans doute les petits ponts au-dessus des douves, qui ont dû être rajoutés au 19ème siècle.
Ensuite, nous avons visité le château de Champchevrier. Belle allée en forêt, puis deux voitures (dont la nôtre) au parking des visiteurs. Jardin sobre et de plan exemplaire, entremêlement des bâtiments de style voisin et d’époques proches dans une unité préservée : la fuye du 15ème-16ème, la partie Henri-II (qui n’apparaît sur presque aucune photographie !), le corps et les communs de la fin du 17ème… Le majestueux noyer occupe le centre du parc, du côté des communs. Quel âge peut-il avoir ? Je me rendais à Champchevrier avec quelque réserve, car toute la publicité faite autour du château repose sur la vénerie, et suggère que, du côté de la beauté des bâtiments, et du mobilier, le château fera nécessairement très pâle figure à côté de ses plus illustres voisins ligériens. Pourtant, une collection de tapisseries remarquables (dont quatre de Beauvais, et une série de sept tapisseries d’Amiens à partir de cartons de Simon Vouet (Les Amours des Dieux, mais aussi la plus ancienne, splendide et remarquablement conservée, en provenance d’Audenarde, je crois) suffit à justifier la visite. Deux originaux de Rigaud et une très belle composition de Coypel, malheureusement trop haut en trémeau pour que l’on puisse l’apprécier pleinement, ne gâchent pas la visite non plus. A propos du carrosse de 1772 exposé dans la salle des trophées, une désobligeante, l’autre visiteur, peut-être un collègue historien, a rapporté une anecdote tirée du film d’Ettore Scola, La Nuit de Varennes ; nous n’avons pas vu le film, et le châtelain, qui nous guidait de par les pièces, non plus.
Par ailleurs, j’ai appris que les dents des sangliers s’appelaient des graies. Je ne suis pas certain de l’orthographe, car Littré ne connaît rien d’approchant, et si la recherche sur Google m’a appris de nombreuses choses sur les Alpes Graies ou sur le mythe de Persée, rien à voir, de près ou de loin, avec les sangliers. Ai-je bien entendu ?
Nous avons pique-niqué sur les bords du lac de Rillé, où A. s’est baignoté un petit quart d’heure durant avant de revenir à l’ombre, admirer le train historique, qui a longuement manœuvré avant de prendre le départ avec des touristes à son bord, heureux et ravis d’avaler de la fumée de charbon. J’ai remarqué que la locomotive portait la mention POLSKA. Est-ce le modèle, ou, véritablement, une locomotive de fabrication polonaise ? Mes connaissances en matière de technique ferroviaire sont, pour un petit-fils de cheminot, scandaleusement voisines de zéro.
A. s’est extrêmement bien tenu pendant la visite guidée de Champchevrier, cherchant à comprendre tout ce que racontait notre guide, et réclamant maintes explications à chaque point qui l’avait intrigué. Les tapisseries de Vouet aidant, nous voici à lui expliquer tel et tel mythe de l’Odyssée… Il aura bientôt quatre ans… Jupiter et Sémélé, la naissance de Bacchus issu de la cuisse paternelle, on fait plus simple…
Sur le chemin du retour, nous avons vu le château du Lathan, puis, par une route bordée de dizaines d’affreux hangars (je dois être gravement influencé par la lecture d’Outrepas, dans lequel la détérioration des paysages ruraux tient une grande place), rejoint Marcilly-sur-Maulne, où, faute de panneaux, nous n’avons pas vu le château. Il ne vous a pas sauté aux yeux, dirait ma mère. L’église de Lublé est jolie, et il faudrait, avec de plus longues journées, ou un enfant plus âgé, prendre le temps de voir plus en détail chaque village.
Toutefois, si les forêts entre Luynes et Rillé sont fort belles, et la campagne assez préservée, les campagnes au sud de Noyant et à l’ouest de Château-la-Vallière sont dans un état d’enlaidissement avancé. Il faudrait que les élus (locaux, nationaux, européens) veillent à ne pas laisser se dégrader pareillement le paysage. Qu’est-ce qu’un « contemporain » ? Quelqu’un qu’on aimerait tuer, sans trop savoir comment. (Cioran. Le Mauvais démiurge. « Pensées étranglées », Gallimard, p. 128) En écoute : rien, car nous avons un meeting aérien débile au-dessus de nos têtes. D’ailleurs, « meeting aérien débile » est un pléonasme. A bas les militaires et les pollueurs d’atmosphère. Honte à la Patrouille de France !
17:05 Publié dans Sites et lieux d'Indre-et-Loire | Lien permanent | Commentaires (2)
Lire ou écrire...?
« Mon problème est que je ne lis pas. Entre sept et vingt ans j’ai lu énormément. Mais ensuite j’ai consacré tout mon temps à l’“écriture” et à la baise – ou à la drague. La drague ni la baise ne m’occupent beaucoup aujourd’hui, mais je ne lis toujours pas, parce que écrire, au fond, me paraît toujours plus excitant. Ma manie est d’écrire, pas de lire. Je suis un graphomane, pas un bibliophage. Et ma plus grande excitation de lecture se traduit aussitôt par une envie d’écrire. C’est le comble de l’hommage littéraire, chez moi : fermer le livre que je lis et me précipiter vers mon bureau pour écrire. » (Renaud Camus. Outrepas, p. 423)
L’auteur de ce blog est un bibliophage qui ne parvient jamais à trouver un terrain d’entente entre son penchant pour la lecture et sa graphomanie, qui voudrait fendre l’armure. (Et qui parle de lui à la troisième personne, maintenant… !)
……………………….
En écoute : « 27 octobre 1926 », extrait du sixième volume des œuvres pour piano de Gurdjieff et De Hartmann (Rituel d’un ordre soufi, dans la version enregistrée par Alain Kremski (Naïve V 4889).
11:40 | Lien permanent | Commentaires (1)
Propos de garçonnet, 1
Je vais faire une petite sieste, aussi grosse qu'une queue de renard. (25 juin 2005)
01:10 Publié dans ... de mon fils | Lien permanent | Commentaires (4)
samedi, 25 juin 2005
Caméléon
« Stéphane a maintenant la passion des bizarres animaux de compagnie, il possède un caméléon, des grenouilles bleues, deux espèces de marmottes ou de je ne sais trop quoi, d’origine dûment exotique, qui sont très sympathiques et affectueuses, adorant être caressées. » (Renaud Camus. Outrepas, journal 2002, p. 542)
Posséder un caméléon, n’est-ce pas, à certains égards, chercher à s’approprier le secret de la mort ? De nombreux mythes africains rendent le caméléon responsable du fait que les hommes ont cessé d’être immortels. Selon certains versions, le caméléon, porteur du message de mort, serait parvenu aux hommes avant la tortue, porteuse du message de vie. Dans d’autres versions, ce sont les hommes qui envoient le caméléon dire aux dieux qu’ils souhaitent rester immortels, et le caméléon transforme, chemin faisant, le message, causant ainsi la chute de l’humanité dans la mortalité. Il y a bien d’autres variantes encore, mais toutes insistent sur la duplicité métamorphique du caméléon.
Le mot caméléon, en français, est tout à fait fascinant. les deux syllabes médianes se livrent à une semblable métamorphose : le [e] ouvert s’associe à deux consonnes différentes avant d’ouvrir sur l’ambiguïté terrestre de la diphtongue. Le chevalier d’Eon était un agent double et hybride. On, c’est tout le monde.
Posséder un caméléon, est-ce espérer qu’on le dupera, qu’on le hantera au point de détourner la mort de soi ?
Peut-on posséder un caméléon ?
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En écoute : le « Chant derviche » du sixième volume des œuvres pour piano de Gurdjieff et De Hartmann (Rituel d’un ordre soufi, dans la version enregistrée par Alain Kremski (Naïve V 4889).
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