lundi, 15 août 2005
S'y retrouver
Avec ma prolixité retrouvée, la gabegie menace. Une solution: arrêter de me lire.
Sinon, un petit conseil à ceux qui, désireux de me lire plus avant, et qui craindraient d'avoir laissé passer une note: le module des "notes récentes" (à droite) n'est guère satisfaisant, aussi est-il préférable de lire par journée, ou encore de recourir aux fameuses catégories (dont je ne voulais pas entendre parler avant, mais seuls les imbéciles ne changent pas d'avis).
21:50 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (1)
René Char, dans l’édition de la Pléiade
Cette formule (venue de là) appelle une notule. Le Pléiade en question m’avait été offert, à ma demande, pour mon dixième anniversaire. Mes parents s’étaient avoué sceptiques ou légèrement inquiets, car ils avaient lu quelques pages et s’étaient demandé quel démon me poussait. Bien sûr, un Pléiade est un si bel objet (je n’en possédais, auparavant, qu’un seul) que je dévorai les poèmes de René Char, qui exerçaient sur moi une véritable fascination, et dont je ne comprenais pas le tiers du quart, il va sans dire. Cette fascination enfantine, infantile peut-être, était liée à l’attrait des mots. Si j’avais demandé à recevoir en présent ce volume-là, c’est que j’avais lu quelques poèmes de Char au gré d’anthologies, et que ses rythmes, ses mélodies, la charpente de ses phrases, m’avaient harponné.
Il y avait peut-être un semblant de m’as-tu-vuisme, dont mon enfance ne fut pas dénuée et dont les derniers oripeaux ont dû choir sur mes vingt ans environ, à moins que l’on ne voie dans mon style chantourné l’écho lointain de ce tempérament poseur ou de cette curieuse affection pour la poésie hermétique du rude René.
Toujours est-il que je passai plusieurs années, avant l’adolescence, à lire (entre autres) René Char. Le plus étonnant est que, jusque sur mes quatorze ans, des romans pourtant jugés abordables me tombaient des mains, que je n’en comprenais pas l’intrigue, que je sautais des pages et les finissais sans avoir vraiment tiré profit de ces lectures. J’étais peut-être rétif au roman, et si ivre de mots que la poésie me comblait, au mépris parfois du sens. Je n’en tire aucune vanité, et suis sensible aux côtés les plus ridicules ou les plus mystérieux (même pour moi devenu adulte) de cette passion. Il m’arrive, quand je veux donner raison à l’enfant que je fus (et pourquoi toujours lui donner tort?), de dire que c’est justement cette lecture irraisonnée, sonore, qui rend le meilleur hommage à Char: quand les allégories et métaphores abstruses deviennent claires ou compréhensibles, le charme de sa poésie s’évanouit (ce qui explique aussi que je ne lise plus Char).
Je n’ai toujours pas abordé le point central de cette note (au début, j’écrivais notule (j’en ris encore)): ce fut longtemps un sujet de plaisanterie, ou de moquerie, de la part de C., qui, quand nous comparions nos enfances, nos expériences, me disait parfois: «oui, et toi, à cet âge-là, tu lisais René Char». Elle entendait par là que je ne pouvais pas connaître tel “tube”, telle série télévisée (de toute manière, les séries télévisées étaient interdites par mes parents, et je ne les en remercierai jamais assez), de notre adolescence. C’est une moquerie gentille, et qui met le doigt sur la vérité.
Toutefois, la vérité est multiple, et j’écoutais aussi, en classe de cinquième et de quatrième, tous les soirs entre cinq heures et six heures de l’après-midi, Star Max, le hit-parade de la radio locale Acqs 95, animé par Yoann (qui prononçait l’anglais comme une vache espagnole et parlait français en exagérant toutes les diphtongues). J’assume tout autant mon passé de gamin lisant un Pléiade par les après-midi pluvieux que ces scènes où je me revois gagner des “maxi 45-tours” après avoir joué, par téléphone, à classer “les cinq entrées de la semaine”.
18:55 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (1)
Un beau vers (4)
A tout prendre, un vers est rarement séparable des vers avoisinants, comme le montre éminemment le cas de l’enjambement, ou du rejet.
Il y a aussi les vers de la prose poétique — bien embarrassants, ceux-là — dissimulés qu’ils sont dans le corps de la prose.
Il y a, il y a… Bon, je lance des pistes…
14:50 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (1)
Un beau vers (3)
La technique seule ne permet pas d’expliquer pourquoi un vers nous touche, ni pourquoi on le trouve beau. C’est d’ailleurs ce qui rend le sujet Qu’est-ce qu’un beau vers? difficile ou pernicieux. La beauté d’un vers peut naître du moment où je le lis, où je l’ai lu, où il m’a été lu ; elle peut dépendre du don, si tel recueil m’a été offert par une personne que j’aime et qu’à chaque phrase, au détour de toute métaphore se glisse opportunément le regard de cette personne, ou sa voix, ou l’odeur de sa peau.
Ce peut-être un ensemble de vers, une suite que l’on ne peut interrompre, qui a son rythme propre. Il en fut ainsi, longtemps, pour moi, du distique qui ouvre le premier poème de René Char, dans l’édition de la Pléiade :
Brûlé l’enclos en quarantaine
Toi nuage passe devant
Pourtant, après de longues ruminations de ce distique, je me trouvai un jour à isoler le second vers, qui vint à désigner pour moi (et je le lui disais, parfois sérieusement, parfois en plaisantant) la femme aimée, que je ne rencontrai que longtemps après ma fréquentation de Char.
Ce qui est embarrassant dans cet argument-là, c’est qu’on ne voit pas très bien en quoi il s’applique spécifiquement à la poésie, et en particulier au vers. Par exemple, une jeune fille que j’aimais beaucoup (et qui me le rendait) m’offrit, à notre séparation, Aurélien d’Aragon. Je lus le roman dans les semaines qui suivirent, conservant mes facultés critiques, mais lisant, malgré tout, malgré moi, cette belle histoire d’amour au reflet de la nôtre. Aurélien, pour autant, pour être un superbe récit, n’est pas un beau vers !
La poésie a peut-être, plus que le roman, le don de me hanter (et ne dirai-je pas ici, en lieu de me, “nous”?). Enfant, un bref poème de Bruno Dey me taraudait. Je peux encore le citer de mémoire, sans y pouvoir isoler un beau vers:
rideaux de tergal blanc
conscients du vent du soir
reviendras-tu un jour
des mots donner les sens
Tout au plus est-ce un beau quatrain, dont le rythme devait me préparer à la fréquentation et l’amour immodéré de Guillevic, poète remarquable dans l’œuvre de qui se trouvent fort peu de beaux vers, car le vers n’est pas, pour lui, le centre de l’expression. Peut-être une unité de mesure, un battement, un éclat de silex qui n’a de sens, de son, de stupeur, qu’au contact des autres pierrailles. (A foolish figure, peut-être, mais Guillevic est un poète étonnamment minéral, donc j’assume.)
Où en étais-je ? (Ah, qu’il est agréable, sur un sujet de dissertation, de pouvoir divaguer, prendre méandres, à tel endroit prendre racine, puis s’envoler… Peut-être mes ruminations de la décennie passée sur ce sujet (Qu’est-ce qu’un beau vers?) n’attendaient que la cristallisation de ces pages de carnétoile…)
10:45 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (1)
Un beau vers (2)
Ce sujet complexe et controversé a bien d’autres angles d’approche. Entre autres, qu’est-ce qui permet de déterminer la beauté d’un vers écrit dans une langue étrangère que l’on ne connaît pas du tout (ou que l’on maîtrise imparfaitement)? Je sais que je ne lis de poésie qu’en ayant recours à l’original, ou à des éditions bilingues, à l’exception occasionnelle des poèmes écrits dans des alphabets que je ne sais pas déchiffrer (arabe, chinois, japonais), car j’aime pouvoir deviner, ou rechercher quel mot correspondant, ou quelles sonorités propose le texte d’origine.
Je connais fort mal le portugais, que je suis incapable de parler mais que je sais prononcer, et que je lis tant bien que mal. Je n’ai pas sous la main les ouvrages de poètes portugais que je pratique souvent, car ils sont à Tours, mais je pourrai prochainement donner des exemples de beaux vers dans une langue étrangère que je connais mal.
06:40 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (1)
Pourquoi ça sent le réchauffé
Aujourd'hui, théoriquement, nous serons là. Ce qui explique que les notes qui seront publiées au fil de cette journée furent écrites le 14 août, et portent sur la question des "beaux vers".
02:00 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (1)
dimanche, 14 août 2005
Une pensée pour Marione et Simon
Apples! Apples!, ainsi que le fredonne Astaire
(Fred) qui ne trimait pas au fond d'un monastère!
Guillaume Cingal. Distiques pour ses amis
23:35 Publié dans Ecrit(o)ures, Flèche inversée vers les carnétoiles | Lien permanent | Commentaires (1)
22 mètres
Il y avait hier, dans Libération, le carnet hebdomadaire de l’écrivain Jean-Hugues Oppel, écrit dans un style assez cinglant, remuant, voisin de Charlie Hebdo, qu’il doit beaucoup pratiquer.
Il décide, pour l’un des jours, d’intituler sa chronique L’enfer du 22 mètres radioactif, pour y traiter ensuite de la disproportion scandaleuse entre l’importance du seul sujet abordé par les médias (le retour de Zidane en équipe de France) et l’abondance d’encre et de salive que ce thème fit couler. Léger problème, la métaphore des 22 mètres est empruntée au rugby. Cela me rend plutôt sympathique l’écrivain, qui montre ainsi, même involontairement, que le sport est le cadet de ses soucis.
De surcroît, je m’étais exprimé sur cette même disproportion, dans l’une des notes du 4 août (qui n’a pas été publiée dans Libé!).
21:50 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)
Un blogueur inepte
S'il y a quelque chose que Traube semble avoir en horreur (jetez un oeil aux commentaires signés de sa main), par-delà les débats, c'est la langue française! Qu'il la malmène et la rudoie!
20:45 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles | Lien permanent | Commentaires (7)
Châteaux
Une interlocutrice, ou lectrice, m’a demandé il y a déjà lurette si je n’étais pas, par hasard, nostalgique de l’époque où florissait, en France, l’aristocratie. Cette question venait à la suite de plusieurs notes consacrées à des visites de châteaux. Suis-je un nostalgique de l’Ancien Régime? Nullement, en fait. J’ai reçu une bonne éducation, j’allais écrire “jacobine”, mais on préfèrera “républicaine”… enfin, bref, j’ai toujours été très sensible, dans l’Histoire de France, aux acquis de la Révolution, aux privilèges, aux inégalités entre les Etats, aux servitudes, aux hypocrisies du clergé, aux diverses trahisons de la cause du peuple qui ont émaillé le 19ème siècle, et dont l’usurpation du Second Empire n’est pas la moindre.
En revanche, si je n’ai rien d’un aristocrate, j’ai le goût de l’architecture et des belles choses, aussi suis-je facilement contenté, ou ravi, en visitant des châteaux où se trouvent: du beau mobilier; des tapisseries du XVIIème représentant, dans des couleurs passées mais fortement contrastées cependant et, de ce fait, émouvantes, des scènes mythologiques, guerrières ou champêtres; des toiles, des cabinets, des chambres, et, surtout, de remarquables bibliothèques comme je rêve un jour d’en pouvoir installer une chez moi.
Je ne suis donc pas exempt de la rêverie châtelaine, qui remonte à l’enfance, et à l’occasion de laquelle on se surprend à imaginer sa vie dans un joli manoir, ou un robuste castel, ou une splendide demeure seigneuriale. Mais l’aristocratie, en particulier les générations actuelles, ne me fascine aucunement.
Je repensais à cela, car la lectrice me demande, pour quelque temps, de ne plus lui écrire car elle ne sera plus chez elle. Mais peut-être lira-t- elle mon blog. Je ne joue pas le jeu. Mais je dois admettre que je repensais à cela à la veille d’une probable virée touristique dans le Gers, qui doit enfin nous conduire à Plieux, que nous vîmes il y a cinq ans mais qui était fermé, et ce du fait que Renaud Camus, propriétaire du château de Plieux, fait souvent état de cette puissante rêverie châtelaine, ou de l’attrait sur lui du fantasme immobilier.
Si elle a lieu, ce qui n’est pas certain, cette virée sera le dernier feu de vacances bien sages, car nous passerons ensuite dix jours à Hagetmau, d’où il nous sera impossible de bouger autrement qu’avec A. ou mon beau-père.
18:40 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (1)
Le dernier taureau
Comme annoncé, voici un extrait de l’entrée du Journal III de François Mauriac intitulée “Le dernier taureau”:
Je fus donc à cette corrida de Saint-Vincent-de-Tyrosse. Il m’a fallu, ce jour-là, crever un de mes derniers ballons, renoncer à l’un de mes derniers plaisirs. Non! Plus jamais je n’assisterai à une course de taureaux. Sans doute serait-il injuste de les juger toutes sur celle-là qui fut au-dessous du pire, moins par la faute des matadors que par celle d’un bétail exécrable, fuyant, et comme on dit, “manso”. Mais nous eût-il été donné de voir une belle corrida et d’applaudir un Martial Lalanda, nous aurions dû tout de même subir ce qui, tout à coup, me paraissait horrible à crier: l’attachement de cette foule assise, inactive, abritée, embusquée, “planquée”, à un spectacle dangereux pour l’homme, mortel pour la bête. Quant à cet art que j’ai tant admiré, toute sa science repose sur le leurre: une bête seule contre dix, trompée, dupée jusqu’à la mort… L’étrange est qu’elle s’en aperçoive, parfois, qu’elle le devine. […]
Pourtant ce qui m’arracha soudain ce vœu : «Je n’y reviendrai jamais plus…», ce ne fut pas tant cette horreur toute physique, ce dégoût, cette pitié, ni même la honte que me donnait la présence des Anglais venus de Biarritz […] Non, la raison de mon désenchantement, elle m’apparut tout à coup : impossible d’ignorer, aujourd’hui, de quoi notre goût pour les corridas est le signe. Nous savons, nous ne pouvons plus ne pas savoir ce que dissimule dans son cœur cette foule qui hurle autour d’une bête couverte de sang. (Les Chefs-d’œuvre de François Mauriac, vol.11. Le Cercle du bibliophile, p.242)
15:25 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0)
Javier Tomeo, versant traduction
Traduire est merveilleux, lire des traductions est indispensable ou inévitable. Mais qu’il est frustrant de se sentir pieds et poings liés en lisant ce qui semble être une mauvaise traduction. Ainsi, des Histoires naturelles de Javier Tomeo, que je lis en ce moment, dans une traduction de Denise Laroutis, au demeurant passeuse attitrée de cet Espagnol.
D’emblée, pourquoi traduire ce Bestiario par un doublon de l’œuvre de Jules Renard? La parenté littéraire et intellectuelle n’est pas nette, à moins de vouloir attirer à tout prix un lectorat francophone.
Et encore, c’est le seul mot d’espagnol dont l’on retrouve la trace. Pour le reste, seuls les mots de la traductrice nous sont offerts. Et, dois-je le dire, ce français-là est bien douteux. Mais, comme je n’ai pas le texte espagnol à ma disposition (et comme, de surcroît, je n’ai pas non plus une véritable connaissance de la langue espagnole dans mon bagage), le doute subsiste.
Ainsi, dans le texte intitulé “Les Pucerons”, la phrase suivante, en début du dernier paragraphe: «Nous sommes trop, nous savons nous reproduire, là réside notre force.» (Corti, 1993, p.40). Le contexte semble indiquer un sens voisin de “nous sommes trop nombreux”. Nous sommes trop n’a pas de sens, en français, à moins de sombrer dans la langue la plus familière et la plus négligée, ou de ressusciter les mânes de l’oublié Collaro (“ce mec est too much, ce mec est trop” (bon, on a les citations qu’on mérite)). Mais peut-être, se dit-on, cette faute, ou cet effet de style, est-elle/il dans le texte d’origine, et la traductrice fait preuve d’une grande habileté…
Autre phrase incorrecte, sans qu’il soit possible de trancher : «Mais j’avais à peine quatre semaines que je m’aperçus qu’il y avait en moi quelque chose qui me différenciait d’elles.» (“L’abeille”, in Histoires naturelles, Corti, 1993, p.60).
J’avais dans l’idée, au moment de créer ce carnet de toile, de le consacrer, non à la Touraine ou à mes diverses divagations, mais à la question de la traduction. Peu original, mais ouvert à de riches perspectives. Vous voyez, avec cette note, à quoi vous avez échappé…
14:27 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0)
Bucolique
J'inaugure avec cette note un nouveau genre d'envois. Ayant constaté que le genre épistolaire était finalement ce qui s'apparentait le plus à l'écriture bloguistique (bouteilles envoyées dans l'océan du Web), j'ai décidé d'exhumer chaque jour, selon un principe numérologique et chronologique que je vous laisse deviner, un courrier électronique par moi naguère envoyé.
Aujourd'hui, c'est un poème parodique adressé le 28 mars dernier. Il s'intitule Bucolique, et n'aura de sens que pour d'anciens souvignyens. Il est attribuéà Marcel Chédeau, dit Casque d'Or.
.................
En ce joli lundi de Pâques
Affecté par les giboulées,
Jacky Chipon, de sa matraque
A pétrir tarte et pain au lait,
Décochait, ivre bacchanale,
D'infâmes lapins cacao
Sur notre route vicinale,
Engendrant l'ire et le chaos.
Le dirai-je, que la mort l'arde,
Le maire qui passait par là
Goûta une aile de poularde
Et soudainement dégueula.
13:15 Publié dans Ecrit(o)ures, Ecrits intimes anciens | Lien permanent | Commentaires (0)
Usine à gaz
Toujours impossible d'écrire des commentaires, aussi m'interrogerai-je ici, à la faveur de la note de Philippe[s] sur l'exposition L'Homme et les masques, que je n'ai pas vue mais dont j'avais déjà eu quelques échos, sur la présentation (dont Philippe[s], pour sa part, se félicite (ou par laquelle il se dit intrigué, intéressé, fasciné?)) côte à côte de masques rituels africains et de masques à gaz militaires. Quoique me situant plutôt du côté d'une approche esthétique qu'anthropologique des masques africains, je pense que toutes les confluences et tous les rapprochements ne sont pas idéologiquement fondés. Enfin, c'est une première réaction. Il faudrait plus ample réflexion, et surtout... voir l'exposition!
11:55 Publié dans Affres extatiques | Lien permanent | Commentaires (2)
Psychanalyse
Après les mésaventures que j'eus, ces derniers temps, avec les fenêtres de commentaires de H&F, je n'ose plus écrire dans les carnétoiles amis... J'aurais pourtant aimé laisser un commentaire sur le blog de Jacques Layani, qui m'a donné longuement à réfléchir, avec, en particulier cette citation de Roger Vailland: "La psychanalyse ne m’intéresse pas. Je vois très clair en moi".
Et si, pourtant, la psychanalyse (ou: une certaine psychanalyse) n'était pas surtout le moyen, pour ceux qui voient clair en eux, de désapprendre, de se défaire de leurs illusions, ultime degré de l'élucidation?
10:50 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (1)
Du nerf
Bon, dans la mesure où mon ordinateur n'a pas encore rendu l'âme, autant renoncer à essayer de régler ses lenteurs et se concentrer sur l'écriture. Je vais essayer de tenir ma promesse.
Dans l'immédiat, la note de Livy relative à son fils vous en dira assez long sur ce bel âge de quatre ans, qui apparente le bel Idris à notre A. superbe. Je partage son inquiétude face à certains programmes pour enfants, émissions ou films, et reste pantois de voir que Le Livre de la Jungle de Disney ne semble susciter aucune critique, aucune interrogation, ne serait-ce que le fait que la voix et le chant de l'orang-outang, qui dit "vouloir devenir un homme" ait été alors confié à un chanteur de jazz noir, Louis Prima. Je crois d'ailleurs que Le Livre de la Jungle 2 a d'ailleurs repris le même schéma, dans la mesure où la version française a confié ce rôle de l'orang-outang à Houcine, l'éphémère nullité de la Star Academy.
Le fait que, dans le fond, ce genre de phénomène ne semble poser aucun problème à l'immense majorité des citoyens, même cultivés, est pasablement déroutant. Merci, Livy, de mettre le doigt sur ce point sensible.
09:40 Publié dans Affres extatiques | Lien permanent | Commentaires (1)
samedi, 13 août 2005
Dans la saumure
Le feuilleton informatique tourne au saumâtre: au lieu de passer ma première moitié d'après-dînée à écrire ces jolies petites notes qui font votre joie et inondent ce carnet, j'ai essayé de comprendre pourquoi mon portable rame comme ce n'est pas permis, et va le plus lentement du monde. En vain. Il refuse maintes opérations de sauvetage, et me laisse dans le désarroi.
J'avais rêvé quelques quatrains que je n'ai pas couchés sur le papier ni le clavier, je voulais poursuivre la réflexion sur les beaux vers, ne serait-ce que pour faire mentir Livy, je me sentais tenté de livrer quelques remarques sur le livre de Javier Toméo que j'ai commencé à lire ce matin, je voulais traduire Breyten, etc.
Au bilan, le dur rien, dont mon esprit s'agace.
18:18 Publié dans Ecrit(o)ures | Lien permanent | Commentaires (7)
Bibliothèque de Tours
Juste un bref lien au cas où vous voudriez voir une photographie prise par moi avec mon vieil appareil numérique gratuit. (Le nouveau, que nous nous sommes offerts, C. et moi, le 18 juin dernier, est tellement mieux!) On y voit le diamant, sous-plombé de béton gris clair, de la Bibliothèque Municipale de Tours, dont la situation, au moins, entre les quais et la Loire à son plus beau, ne laisse pas à désirer. (Et la syntaxe, ici encore, n'est guère aisée.)
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Autre chose, un quatrain floral, par moi laissé à la surface de Trace de moi. Mais les images ne sont pas de moi!!!
13:30 Publié dans Sites et lieux d'Indre-et-Loire | Lien permanent | Commentaires (0)
13 août : Sainte Radegonde
Sainte-Radegonde-de-Touraine s'est appelée Saint-Ouen jusqu'au XVIIème siècle. La commune est rattachée à Tours depuis 1964, en est devenu un hameau. Il y a toujours une mairie, au centre du hameau, et, auprès, un bureau de poste, une école primaire et une boucherie.
Notre rue a beau être rattachée à la circonscription de Saint-Symphorien, nous nous sentons citoyens du quartier de Sainte-Radegonde. Notre pâté de maisons, le quartier des musiciens, s’articule en effet beaucoup mieux avec le village bas, par la rue Jeanne-Weddells, qu’avec Saint-Symphorien, qui se trouve de l’autre côté de la très vaste et bien laide avenue du maréchal Juin.
12:05 Publié dans Sites et lieux d'Indre-et-Loire | Lien permanent | Commentaires (4)
Villes (1)
9 juillet 1998 (mais écrit ce jour)
Dans le caveau, où que l’os tende
Une pitié de pacotille,
Chère, vêtez votre mantille
Et sous le vent qui nous titille,
Rallions prestement Ostende.
10:00 Publié dans Ecrit(o)ures, Hors Touraine, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0)
Troie sang
Ô que le sang de Toie aux Atrides se lie!
Je viens d'écrire un commentaire en réponse à la judicieuse remarque de FB, qui s'avère être, par ailleurs, le trois-centième commentaire depuis la création de Touraine sereine.
La machine est relancée, semble-t-il. J'ai un peu mal aux cheveux, après la soirée capbretonienne arrosée, qui tint toutes ses promesses.
09:20 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles | Lien permanent | Commentaires (0)
Knokke-le-Zoute, tout de go
Ma mère, revenant d’arroser le persil et relever le courrier chez les voisins dont elle garde la maison, nous apprend qu’il y avait, dans la boîte à lettres, un numéro du Figaro Madame dont la couverture arborait le titre suivant : Knokke-le-Zoute, le chic des plages du Nord.
Moi qui, vers six ou sept ans, chantais avec joie Knokke-le-Zoute Tango (ça reste un de mes classiques, si je veux délirer un bon coup), ai saisi, à l’été 1998, toute la portée ironique du refrain, en visitant la Belgique et m’apitoyant sur ces affreuses stations balnéaires, dont Knokke est sans doute la plus laide. Tout est possible.
07:55 Publié dans Autres gammes, Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 12 août 2005
Il suffit
Cagnotte, vendredi, trois heures de l’après-midi.
Cela fait à peine une heure que je me suis attablé au plateau noir de la salle à manger, chez mes parents, que je me suis attelé à la tâche, abandonnée ces temps-ci, de tenir mon blog, oui, tenir la dragée haute et le haut du pavé, et j’ai déjà écrit cinq notes, qui viendront s’émietter aux rivages de ma Touraine sereine.
Il suffit de s’y mettre. Ce devrait être la formule à inscrire en tous lieux dans les demeures des feignants. Rien pourtant qui soit plus susceptible de bloquer le blogage. Alors…?
23:40 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles | Lien permanent | Commentaires (0)
Un beau vers de Chénier
Mon professeur d’anglais d’hypokhâgne et de khâgne, M. Jean Briat, nous avait dit un jour que le sujet suivant avait été donné naguère, pour l’épreuve de français du concours d’entrée à l’E.N.S.: Qu’est-ce qu’un beau vers?. Sujet merveilleux, disait-il. Il avait raison, sans doute. Toujours est-il que cette question, que je n’ai jamais eu à traiter en devoir, m’a hanté depuis sans relâche, et que je lui ai trouvé de nombreuses réponses, ou des tentatives, au moins. N’ayant jamais, en douze ans, jeté la moindre ligne à ce sujet, je pourrais pourtant, si était inventé le logiciel qui relie la pensée informe, non dite, non écrite, à un traitement de texte, proposer tout un livre d’ébauches.
C’est un sujet effroyable, car il est presque impossible de le traiter, a fortiori en six heures. Mais c’est un sujet merveilleux, car tout étudiant un peu amoureux des mots et n’ayant lu ne serait-ce que quelques poèmes peut y dépenser de l’énergie, et faire couler l’encre.
Ayant ouvert la brèche, je ne pousserai pas aujourd’hui mon avantage sur ce point. Mais je voulais seulement citer ici, extraire de son contexte un alexandrin de Chénier qui est, pour moi, un très beau vers :
Le lit de Vénus même est sans prix à mes yeux.
Justement, me dira-t-on, l’un des pièges du sujet posé au concours est qu’un beau vers ne doit pas forcément, pour être jugé tel, être soustrait à son contexte. (Le célèbre monostiche d’Apollinaire, “Et l’unique cordeau des trompettes marines”, est un cas d’école. Mais il est pourtant rattaché à un titre, celui du poème, Chantre, à un contexte implicite (l’image), et à une œuvre (les poèmes de Guillaume Apollinaire).)
Ce vers de Chénier est le dernier de la cinquième section de Fanny. Cette 5ème section elle-même se compose de sizains hétérométriques proches des sizains propres à l’ode française (AABCCB, le premier et le cinquième vers étant des octosyllabes, les quatre autres des alexandrins). Cela a son importance, car ce vers est beau aussi de venir en point d’orgue d’une strophe très élaborée dans son rythme, climax et clôture. Il est beau d’allonger le pas après le bref octosyllabe qui, le précédant, de surcroît, s’efface devant lui dans sa relative médiocrité: “Et quand tu daignes me sourire,/Le lit de Vénus même est sans prix à mes yeux”. Est-ce trop dire que cet octosyllabe prude, qui donne son sens et sa douceur, autant que sa flamme musicale, à l’alexandrin que j’ai isolé, en fait le lit, l’apprête, par sa pâleur ou sa fadeur en fait ressortir tout le sel, le piquant?
Il y aurait bien des arguments pour expliquer ce que ce vers a, pour moi, de beau. Ces arguments viennent a posteriori, quand j’essaie de comprendre pourquoi ce vers m’a frappé, m’a ému.
Entre autres, disons :
1) le contraste des deux syllabes de la déesse-métaphore, au sein d’un vers entièrement constitué de monosyllabes
2) la symétrie entre “lit” et “prix”, entre “même” et “mes”
3) le ralentissement que favorise l’emploi de “même” avant l’hémistiche, et qui rééquilibre, en douceur, la périlleuse symétrie entre le sujet (le lit de Vénus, pentasyllabique) et le prédicat (sans prix à mes yeux, pentasyllabique), pour la pousser jusqu’à l’alexandrin.
Mais peu importe. Pardonnez-moi, si vous le pouvez, ces piteuses, maladroites, techniques tentatives de justification. C’est un beau vers. Voilà. Cela est d’évidence.
20:35 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (6)
André Chénier et Robert Brasillach
Relisant Chénier, que je n’ai jamais fort goûté, mais dont la Lycoris, au moins, me parut avant-hier supportable et même empreinte d’équivoque et de beaux vers, j’ai lu aussi, mais pour la première fois, la très émouvante préface de Brasillach. Emouvante, non que je sois en aucun point d’accord avec le parcours intellectuel et politique de Brasillach, mais parce qu’il écrivit cette préface en prison, peu avant sa condamnation à mort, se devinant condamné, et parce que, si je souffre en pensée avec les nombreuses victimes du génocide juif et des exactions des régimes nazis et fascistes, si j’honore leur mémoire et si je souhaite que tous méditent toujours la leçon des exterminations de toute sorte, je peux aussi, pourtant, m’imaginer la situation de cet homme parvenu tout près de son exécution, et dont je comprends le parcours, dont l’œuvre aussi me touche.
La situation de Chénier et de Brasillach est voisine, car Chénier périt lors de la Terreur, après plusieurs mois passés en prison. Evidemment, le parallèle est, d’un point de vue historique, tout à fait choquant, mais il a une indéniable valeur littéraire : le poète et le romancier, proches de leur fin, et dans une geôle.
Voici ce qu’écrit Brasillach des Iambes de Chénier :
« Il faudra la prison pour que les Iambes naissent. Les Iambes ne sont pas de la “poésie pure”. C’est la poésie impure, au contraire, chargée de toutes les scories d’un temps fuligineux, et nulle poésie ne peut toucher davantage dans les heures révolutionnaires.»
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Corrida
J’ai l’impression que le débat autour de la corrida, qui fit rage dans les années 1980, s’est éteint, et que tout un chacun, dans son petit individualisme conformiste, tolère cette barbarie montée en épingle et mise en spectacle.
Comme la tauromachie a connu un regain d’intérêt de ma part cet été, avec plus de courses landaises vues en un mois qu’au cours des trois années passées, j’ai mis au point la formule suivante, pour chercher à définir et dénoncer l’actuel ensevelissement de la vraie tradition gasconne:
La victoire progressive, l’empiètement bientôt définitif de la corrida sur la course landaise marque le triomphe des beaufs sur les ploucs.
A cette aune, et à tout prendre, je serai toujours du côté des ploucs.
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