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samedi, 13 août 2005

Villes (1)

9 juillet 1998 (mais écrit ce jour)

Dans le caveau, où que l’os tende
Une pitié de pacotille,
Chère, vêtez votre mantille
Et sous le vent qui nous titille,
Rallions prestement Ostende.

Troie sang

Ô que le sang de Toie aux Atrides se lie!

Je viens d'écrire un commentaire en réponse à la judicieuse remarque de FB, qui s'avère être, par ailleurs, le trois-centième commentaire depuis la création de Touraine sereine.

La machine est relancée, semble-t-il. J'ai un peu mal aux cheveux, après la soirée capbretonienne arrosée, qui tint toutes ses promesses.

Knokke-le-Zoute, tout de go

Ma mère, revenant d’arroser le persil et relever le courrier chez les voisins dont elle garde la maison, nous apprend qu’il y avait, dans la boîte à lettres, un numéro du Figaro Madame dont la couverture arborait le titre suivant : Knokke-le-Zoute, le chic des plages du Nord.

Moi qui, vers six ou sept ans, chantais avec joie Knokke-le-Zoute Tango (ça reste un de mes classiques, si je veux délirer un bon coup), ai saisi, à l’été 1998, toute la portée ironique du refrain, en visitant la Belgique et m’apitoyant sur ces affreuses stations balnéaires, dont Knokke est sans doute la plus laide. Tout est possible.

vendredi, 12 août 2005

Il suffit

Cagnotte, vendredi, trois heures de l’après-midi.

Cela fait à peine une heure que je me suis attablé au plateau noir de la salle à manger, chez mes parents, que je me suis attelé à la tâche, abandonnée ces temps-ci, de tenir mon blog, oui, tenir la dragée haute et le haut du pavé, et j’ai déjà écrit cinq notes, qui viendront s’émietter aux rivages de ma Touraine sereine.

Il suffit de s’y mettre. Ce devrait être la formule à inscrire en tous lieux dans les demeures des feignants. Rien pourtant qui soit plus susceptible de bloquer le blogage. Alors…?

Un beau vers de Chénier

Mon professeur d’anglais d’hypokhâgne et de khâgne, M. Jean Briat, nous avait dit un jour que le sujet suivant avait été donné naguère, pour l’épreuve de français du concours d’entrée à l’E.N.S.: Qu’est-ce qu’un beau vers?. Sujet merveilleux, disait-il. Il avait raison, sans doute. Toujours est-il que cette question, que je n’ai jamais eu à traiter en devoir, m’a hanté depuis sans relâche, et que je lui ai trouvé de nombreuses réponses, ou des tentatives, au moins. N’ayant jamais, en douze ans, jeté la moindre ligne à ce sujet, je pourrais pourtant, si était inventé le logiciel qui relie la pensée informe, non dite, non écrite, à un traitement de texte, proposer tout un livre d’ébauches.

C’est un sujet effroyable, car il est presque impossible de le traiter, a fortiori en six heures. Mais c’est un sujet merveilleux, car tout étudiant un peu amoureux des mots et n’ayant lu ne serait-ce que quelques poèmes peut y dépenser de l’énergie, et faire couler l’encre.

Ayant ouvert la brèche, je ne pousserai pas aujourd’hui mon avantage sur ce point. Mais je voulais seulement citer ici, extraire de son contexte un alexandrin de Chénier qui est, pour moi, un très beau vers :

Le lit de Vénus même est sans prix à mes yeux.

 

Justement, me dira-t-on, l’un des pièges du sujet posé au concours est qu’un beau vers ne doit pas forcément, pour être jugé tel, être soustrait à son contexte. (Le célèbre monostiche d’Apollinaire, “Et l’unique cordeau des trompettes marines”, est un cas d’école. Mais il est pourtant rattaché à un titre, celui du poème, Chantre, à un contexte implicite (l’image), et à une œuvre (les poèmes de Guillaume Apollinaire).)

Ce vers de Chénier est le dernier de la cinquième section de Fanny. Cette 5ème section elle-même se compose de sizains hétérométriques proches des sizains propres à l’ode française (AABCCB, le premier et le cinquième vers étant des octosyllabes, les quatre autres des alexandrins). Cela a son importance, car ce vers est beau aussi de venir en point d’orgue d’une strophe très élaborée dans son rythme, climax et clôture. Il est beau d’allonger le pas après le bref octosyllabe qui, le précédant, de surcroît, s’efface devant lui dans sa relative médiocrité: “Et quand tu daignes me sourire,/Le lit de Vénus même est sans prix à mes yeux”. Est-ce trop dire que cet octosyllabe prude, qui donne son sens et sa douceur, autant que sa flamme musicale, à l’alexandrin que j’ai isolé, en fait le lit, l’apprête, par sa pâleur ou sa fadeur en fait ressortir tout le sel, le piquant?

Il y aurait bien des arguments pour expliquer ce que ce vers a, pour moi, de beau. Ces arguments viennent a posteriori, quand j’essaie de comprendre pourquoi ce vers m’a frappé, m’a ému.

Entre autres, disons :

1) le contraste des deux syllabes de la déesse-métaphore, au sein d’un vers entièrement constitué de monosyllabes

2) la symétrie entre “lit” et “prix”, entre “même” et “mes”

3) le ralentissement que favorise l’emploi de “même” avant l’hémistiche, et qui rééquilibre, en douceur, la périlleuse symétrie entre le sujet (le lit de Vénus, pentasyllabique) et le prédicat (sans prix à mes yeux, pentasyllabique), pour la pousser jusqu’à l’alexandrin.

 

Mais peu importe. Pardonnez-moi, si vous le pouvez, ces piteuses, maladroites, techniques tentatives de justification. C’est un beau vers. Voilà. Cela est d’évidence.

André Chénier et Robert Brasillach

Relisant Chénier, que je n’ai jamais fort goûté, mais dont la Lycoris, au moins, me parut avant-hier supportable et même empreinte d’équivoque et de beaux vers, j’ai lu aussi, mais pour la première fois, la très émouvante préface de Brasillach. Emouvante, non que je sois en aucun point d’accord avec le parcours intellectuel et politique de Brasillach, mais parce qu’il écrivit cette préface en prison, peu avant sa condamnation à mort, se devinant condamné, et parce que, si je souffre en pensée avec les nombreuses victimes du génocide juif et des exactions des régimes nazis et fascistes, si j’honore leur mémoire et si je souhaite que tous méditent toujours la leçon des exterminations de toute sorte, je peux aussi, pourtant, m’imaginer la situation de cet homme parvenu tout près de son exécution, et dont je comprends le parcours, dont l’œuvre aussi me touche.

La situation de Chénier et de Brasillach est voisine, car Chénier périt lors de la Terreur, après plusieurs mois passés en prison. Evidemment, le parallèle est, d’un point de vue historique, tout à fait choquant, mais il a une indéniable valeur littéraire : le poète et le romancier, proches de leur fin, et dans une geôle.

Voici ce qu’écrit Brasillach des Iambes de Chénier :

« Il faudra la prison pour que les Iambes naissent. Les Iambes ne sont pas de la “poésie pure”. C’est la poésie impure, au contraire, chargée de toutes les scories d’un temps fuligineux, et nulle poésie ne peut toucher davantage dans les heures révolutionnaires.»

Corrida

J’ai l’impression que le débat autour de la corrida, qui fit rage dans les années 1980, s’est éteint, et que tout un chacun, dans son petit individualisme conformiste, tolère cette barbarie montée en épingle et mise en spectacle.

Comme la tauromachie a connu un regain d’intérêt de ma part cet été, avec plus de courses landaises vues en un mois qu’au cours des trois années passées, j’ai mis au point la formule suivante, pour chercher à définir et dénoncer l’actuel ensevelissement de la vraie tradition gasconne:

La victoire progressive, l’empiètement bientôt définitif de la corrida sur la course landaise marque le triomphe des beaufs sur les ploucs.

A cette aune, et à tout prendre, je serai toujours du côté des ploucs.

Bientôt à Capbreton

Je jette juste, furtivement, quelques phrases brèves dans ce carnet, avant de partir pour Capbreton, où nous dînons, C. et moi, avec celui qui fut, durant notre année de khâgne, notre professeur de français, Michel Boisset, et que nous n'avons pas vu depuis huit ans au bas mot. J'ai retrouvé sa trace, après l'avoir perdu de vue, il y a sept ou huit mois, grâce au Web.

C'est amusant: j'évoquai, dans une note écrite en début d'après-midi, un autre professeur de ces années-là, et je m'apprête à retrouver Michel Boisset, qui est sans doute celui qui m'a le plus et le plus durablement influencé.

Je copie-colle ci-après un courrier électronique que je lui fis parvenir le 9 février dernier. J'ai eu la flemme de mettre le texte en forme, et notamment les titres d'oeuvres en italiques (ou en italiques inversés, en l'occurrence, c'est-à-dire en romain):

Eh bien, que dire alors des huit jours pleins que je mets à répondre?
Sans doute invoquerai-je (et ne serai-je en cela pas le premier, de plus illustres épistoliers l'ayant assurément fait valoir comme captatio benevolentiae) le principe selon lequel on répond toujours avec promptitude aux correspondants qui ne requièrent qu'une notule, une information preste, une brève mise au point, et que l'on remet toujours aux calendes (grecques, certainement) la réponse plus nourrie, plus mûrie, plus essentielle, aux correspondants de valeur.

Je reçois avec plaisir votre invitation bordelaise, que nous honorerons certainement dans un futur pas trop éloigné.

Si vous ne comptez pas attendre d'autres helléniques ides pour lire de beaux textes de Nuruddin Farah (comme la traduction en cours risque de traîner, entre l'inexistence d'un éditeur depuis que le Serpent à plumes a sombré et l'inactivité du traducteur), je vous recommande chaudement la traduction de la seconde trilogie, au Serpent à plumes: elle est signée de celle qui fut ma première directrice de thèse, Jacqueline Bardolph. Maps (Territoires) en est le premier volet. La traduction de la première trilogie aux éditions Zoé est, en revanche, tout à fait médiocre.

Le seul ouvrage que j'aie traduit à ce jour est Hier, demain (Yesterday, Tomorrow: Voices from the Somali Diaspora) qui est une sorte d'essai, passionnant à bien des égards mais qui ne donne pas une idée nécessairement flatteuse de la profondeur d'écriture de son auteur. J'aurais toutefois grand plaisir à vous en envoyer un exemplaire.

Je ne connais pas ce Faulkner-là, de titre seulement (The Wild Palms, n'est-il pas?), mais j'ai, naguère, beaucoup goûté certaines oeuvres de la même veine, en particulier la trilogie The Town, The Hamlet, The Mansion (je ne suis jamais certain de l'ordre), qui est admirable. Je me rappelle avoir passé des soirées sur mon cubicule ulmien, à en dévorer les détours.

Toutefois, le souvenir en reste vague. Comme je continue de donner libre cours à ma (sale mais irrépressible) manie des quatre ou cinq lectures simultanées, héritage possible des années de khâgne, cela ne risque guère de s'arranger. En ce moment, j'ai deux articles à peaufiner voire à reprendre entièrement, et trois communications à préparer d'ici début avril. Un peu frénétique, comme rythme.

Enfin, j'aurais un conseil à vous demander. Je comptais lire prochainement (pour diverses raisons, dont une épigraphe intrig(u)ante en tête d'un ouvrage de Ford Madox Ford) le Pseudolus de Plaute, mais la lecture a libro aperto (est-ce même ainsi qu'on dit? franchement, vaudrait mieux arrêter de crâner!) n'ayant jamais été mon fort, j'aurais aimé savoir s'il existait une édition bilingue dont vous me conseilleriez plus particulièrement la fréquentation, ou, à défaut, une édition critique abordable.

En vous renouvelant mes amitiés,

Guillaume

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Zou, je file!

Journal de Mauriac

Comme je lis un peu, ces temps-ci, le journal de Mauriac, que je découvre plus subtil penseur et surtout meilleur styliste que je n’en gardais le souvenir, et comme ma mère vient d’achever la lecture d’un roman d’Anne Wiazemsky (cela, c’est plus qu’il n’est en mon pouvoir), j’apprends que cette petite-fille de Mauriac serait nettement plus âgée que mes parents, ce qui me surprend, et aussi qu’elle fut d’abord actrice, en particulier dans La Chinoise et Au hasard Balthasar (un Bresson que j’aime sans plus).

Il y a, dans le journal de Mauriac, plusieurs très belles pages, et notamment une entrée d’une grande profondeur sur le mirage de la corrida, sur l’impossibilité éthique de ce spectacle inhumain et avilissant. J’en donnerai de larges extraits prochainement.

Post-scriptum: j'ignorais, il y a peu, l'existence du journal de François Mauriac, m'en étant tenu à celui de Claude.

… terminés les aboiements

Je forme le projet de tenir, après l’échec du site Web hébergé par les pages personnelles de Voila.fr, le carnet de toile de l’association de protection de l’environnement dont s’occupe mon père, au plan local et entre autres responsabilités associatives. Lui est, d’une part, trop accaparé par ces activités, et, d’autre part, trop peu apte (affecté dans sa computer literacy? analphabète de la Toile?).

C’est pourtant à partir de son adresse électronique que j’ai, hier soir, créé le site.

Dix, bonjour les dégâts

Suite d'un précédent épisode... C'est la troisième fois aujourd'hui que la même mésaventure qui m'était arrivée sur le blog de Philippe[s] se reproduit, sur le blog, respectivement, de Gauthier, Les Tables de Chaulnes, et celui de Jacques, Les mots ont un sens: je valide un commentaire; une fenêtre s'ouvre et me dit "le document ne contient aucune donnée"; du coup, le commentaire se retrouve en dix exemplaires, contre mon gré et sans que j'en sois responsable.

Je ne vais plus oser poster de commentaires sur les blogs amis. J'ai peur de passer, à mon clavier défendant, pour un pollueur de blogs... M'agace, m'agace...

Abolis les atermoiements…

Fuligineuse me couvre de compliments, que je trouve immérités mais qui se veulent sans doute une incitation à poursuivre ce blog. Immérités? En effet, si je ne pense pas faillir sur la forme (je n’écris pas mal, ou plutôt : j’écris mieux que la majorité des blogueurs (ce qui n’est pas une prouesse en soi)), je doute de proposer des notes d’un grand (ou d’un égal) intérêt, en particulier depuis une semaine. Auparavant, il y avait un bon nombre de notes oubliables; depuis que je souffre d’un manque d’inspiration, ou d’aspirations, ce ne sont que sifflements de songe-creux et vains grattouillages de nombril. C’est peut-être cela, d’ailleurs, que Fuligineuse pointait du doigt: «remets-toi au travail et ne sombre pas dans la jérémiade». Je lui sais gré de me remonter si délicatement les bretelles, et je relève le défi.

Contradiction

Au moment où ploie la branche,
Où le fardeau s'atténue,
Je porte mon âme nue
Et mon esprit alourdi
Me laissant les coudées franches.

Le silence m'assourdit.

Copinage

De nouveaux liens vers des blogs amis, enfin, font leur apparition à gauche de cette page. Je recommande particulièrement une nouvelle venue dans le monde impitoyable du blogage, Birdy Stories.

Dédicace d’une quinzaine

Pour cette quinzaine à venir, où l’on se tasse, où l’on s’embosse, où l’on tosse, je dédierai ce carnet à ma reine souterraine (loin de la Touraine sereine).

Agacement

Je ne sais pourquoi, mais, depuis le 6 août, ou peut-être un peu avant, le service H&F ne propose plus, dans la rédaction de ces notes, les sauts de ligne automatiques, ce qui m'oblige à recourir aux balises de saut de ligne simple ou double. Le plus gênant est que, si je veux réenregistrer d'anciennes notes sous les catégories créées récemment, il me faut prendre garde à remettre en forme les paragraphes, sans quoi une note, longue et constituée à l'origine de huit ou neuf paragraphes, se retrouve faire bloc, ce qui n'est pas le but recherché.

Certaines de mes lectrices s'étonnent de mon silence, voire de mon passage à vide. Qui n'en a pas, pourtant? Croyez que ce sont vos encouragements et votre présence constance, votre fidélité, les gentillesses et mots doux que vous ajoutez au bas de mes pointillistes fioritures qui me poussent à poursuivre l'aventure.

Le plus curieux, c'est que j'ai de nombreuses idées de notes, ou pour faire évoluer les publications dans ce carnétoile. Mais, manque de temps ou d'énergie, me voici impuissant à les concrétiser. Affaire à suivre...

10:10 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

Distique

Nous vîmes un vautour au col des Palombières,
Et, fauves, descendions vers nos viles litières.


(Du 11 août, sur le midi. Ecrit ce jour.)

jeudi, 11 août 2005

In memoriam

Il y a 11 messages non lus dans votre boîte de réception. 1107 visiteurs sur ce blog depuis le début du mois d'août.

Le 11 novembre 1831 était pendu Nat Turner.

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Aujourd'hui, la grand-mère paternelle de C. a 88 ans.
Sa mère, décédée il y a bientôt quatre ans d'un cancer du poumon, en aurait eu aujourd'hui cinquante-six. Son doux spectre nous accompagne.

mercredi, 10 août 2005

De Marie Humbert, de l’atome et des nuages de pétrole

J’ai lu aujourd’hui, dans le carnet de toile de M. Jean-Luc Romero, une note relative à Marie Humbert. Pour que l’on perçoive bien l’éloignement dans lequel je me tiens des sujets médiatiques, sache, cher lecteur, que ce nom m’était, à ce jour, inconnu, et l’histoire de sa protagoniste tout autant. Je n’en tire aucune gloire, d’ailleurs, car, une fois informé de l’affaire, et maintenant que j’en sais plus, par le biais de plusieurs sources, de ses tenants et aboutissants, je la trouve exemplaire et fort instructive. Mais le bruit n’en était pas parvenu jusqu’à moi.

En revanche, je m’étonne qu’il ne soit presque pas question, dans la presse, du nuage de pétrole échappé dimanche d’une raffinerie de pétrole, près de Marseille, et qui a provoqué de sérieux dégâts dans les environs. Est-ce que Total possèderait déjà assez d’actions dans les différents groupes de presse pour pouvoir museler les velléités des journalistes? Le Petit Marseillaistitre, côté pente savonneuse, sur l’O.M.: tant pis pour les Marseillais, dont je suis prêt à croire qu’effectivement, ils se préoccupent plus d’un attaquant en plus ou d’un but en moins que de leur santé ou de leur environnement.

Hier, c’était le soixantième anniversaire de l’explosion atomique de Nagasaki, et, soit que les journalistes aient trouvé qu’une resucée des reportages ou articles déjà proposés sur Hiroshima ne fût pas vendeur, soit que tout le monde ait décidé de se contrefoutre du péril nucléaire, il n’en a guère été question.

Hallebardes

Bien m'a pris de ne pas publier Fata morgana dans la soirée, comme j'en avais l'intention: écrite vers trois heures et demie, il était préférable qu'elle fût publiée en temps réel, car cela fait maintenant deux heures qu'il tombe, à la faveur d'un orage, des hallebardes sur le Pays d'Orthe.

Cioran

Avez-vous remarqué qu’à une lettre près, son nom est celui du livre sacré de l’Islam, qu’en mon temps (et pour mes études surtout) je pratiquai abondamment? Cioran a tout, quoi qu’il en dise, du théologien. Un théologien du doute, de l’exécration de soi plus que du mécréant (encore que…)… mais théologien, dans le ton et le style, on ne le saurait être plus.

Tariq Goddard, enfin???

Sa lecture achevée depuis (je pense) deux semaines, je devrais tout de même en dire deux mots. J’ai déjà différé d’en dire plus long. C’est, aussi, que le roman est resté à Hagetmau, et que je me trouve, jusqu’à mardi, à Cagnotte.

Fata morgana

La pluie aura passé comme un enchantement : quelques secondes, une dizaine de grosses gouttes aussitôt séchées par le vent. Les Landes connaissent leur pire sécheresse depuis fort longtemps; imaginez, il n’a pas plu, quasiment, depuis novembre dernier. Wie eine Fata Morgana

Insister ou se désister

Comme l’orage ne cesse de menacer, comme la pluie ne tombe jamais, les arbres desséchés meurent, et l’herbe, de jaune, blanchit; le tonnerre gronde au loin, mais l’eau tant désirée ne semble pas vouloir venir, désespérément lointaine.

Les sollicitations amicales et familiales, doublées d’une soudaine aphasie, inertie, m’ont fait dériver, voguer à vau-l’eau. Je n’ai pas vraiment lu Cioran. A peine l’ai-je feuilleté: c’est le genre d’auteur que, typiquement, je dois être en bonne santé et avec le moral gonflé à bloc pour lire. Dans l’état où je me trouve, il m’ennuie aussitôt. Et d’ailleurs, je lis peu depuis une semaine. Je reprends tout de même mes esprits, un peu, avec les quatre premiers livres des Châtiments, qui me donnent surtout l’envie, une fois que je serai rentré à Tours, de me replonger dans les Tragiques.

J’ai commencé aussi Longlive ! de Menan Du Plessis, une romancière sud-africaine que je ne connaissais, depuis longtemps, que de nom, mais qui écrit remarquablement bien. Son livre me fait l’effet d’être la face lumineuse du roman de Tariq Goddard lu récemment, obstinément (quoique bellement) cynique.

L’écriture… A peine si j’ai pu, en une poignée de secondes, ternir chaque jour la face, désembuer la vitre de ce carnet de toile. Mettre à la voile.

Je sais fort bien quel sens a mon existence. C’est plutôt le désarroi ou le désespoir des autres qui m’a affecté ces derniers temps, et m’a rendu sans voix, ou inintelligible (à moi-même). Si je sais dans quel sens vont mes cheminements, je me suis désentiché, peut-être passagèrement, de Touraine sereine, ne trouvant plus, à cette œuvre de chaque jour, la même consistance, mais comprenant pourtant que, si je ne persistais pas à inscrire une trace, même minime, même moindre, chaque jour, le fil serait rompu, peut-être inéluctablement.

Le vent souffle dans les branches rutilantes du lajerstraëmia (orthographe ?), le tonnerre ne se fait plus entendre, même au loin, et la pluie tant attendue, tant désirée, n’exauce pas nos vœux.

Consistance et persistance. Il en était question deux paragraphes plus haut. Persister, mais à quoi bon ? Dois-je l’écrire ? Ce qui m’encourage à poursuivre l’expérience, à redoubler d’efforts, ce sont mes quelques lecteurs. Oui, c’est toi, et toi encore. Lire un commentaire d’encouragements, puis constater que, malgré le désert toujours plus régnant, une petite centaine d’internautes continuent d’aller voir s’il vente sur ces rives, cela m’encourage à persister. Mais avec quelle consistance? En quoi mon projetconsiste-t-il? N’était-il pas fatal qu’éloigné depuis bientôt un mois de la Touraine qui devait en être le sujet principal, ce carnet ne se disperse, ou n’aille à la dérive? (Il y a, dans la phrase qui précède, une vilaine (ou hardie, c’est selon) asyndète, que je laisse mélancoliquement fouetter vos yeux striés de sable.)

Persister selon quelle consistance?

Me contenter de publier des textes anciens? Ce serait un faux-semblant.
Sombrer dans le strict cadre du journal intime? Tel n’est pas mon propos.
Me contraindre, tête baissée, à écrire des recensions de tel disque écouté, de telle chose vue, de tel livre lu? Vanitas…

De grosses gouttes choient sur l’herbe et le pavé. Dans la maison où j’écris, celle de mes parents, où le laconisme me guettait, l’aphasie m’affolait, la pluie répondrait-elle à mes doutes en offrant sa berceuse d’eau? Ou ne seront-ce, selon l’expression de ma mère, que «trois gouttes», comme si ce carnet lui aussi lançait ses dernières lueurs?

(Cinq minutes plus tard.) Il ne pleut déjà plus.

mardi, 09 août 2005

Pélerinage

De retour de Bordeaux, où je n'échappai pas à l'effarement nostalgique, qu'au moins C. ne refusa pas de partager. More on that later...

lundi, 08 août 2005

Enfanter des monstres

La lecture butinante, une page par ci, un aphorisme par là, de Cioran et du Journal de Mauriac a de quoi déranger l'esprit. Pourrai-je m'y remettre? (M'en remettre, c'est toujours-déjà fait; je sais qu'en écrivant je suis toujours guéri d'avance.)