Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 05 octobre 2005

Henry Céard, pas moins de 122 ans après

Après avoir occupé pendant deux semaines le poste d'attaché au cabinet du préfet de la Seine Charles Floquet, Henry Céard fut nommé, le 5 octobre 1883, sous-bibliothécaire de la Ville de Paris à l'Hôtel Carnavalet.

************

La tentation de Pécuchet.

Lettre de Zola à Céard (22 mars 1885)

Saint Esprit

Je me rends compte que je n'ai jamais donné suite à la note dans laquelle j'"assassinais" (in metaphorical terms) un exégète malheureux (ou: mal inspiré, mal informé, bien hâtif) du roman de Coetzee, Elizabeth Costello. Il se trouve que le rédacteur en chef de l'excellente revue Esprit m'avait répondu, que sa réponse remonte au 5 septembre... et que la voici:

Cher lecteur,

En effet, la méprise est impressionnante! Désolés d'être tombés si bas ! Faut-il esquisser une défense ?

Votre mot est plein de compréhension malgré votre légitime consternation. Il faut avouer que l'auteur est plutôt connaisseur de littérature allemande... personne n'est parfait ni, surtout, "spécialiste" au sens universitaire du terme.

Cela dit, on peut y voir un hommage involontaire à la puissance créatrice du romancier qui fait croire entièrement à sa fiction et qui sème l'indistinction aux marges du réel et du fictif. Un dernier mot en faveur de l'auteur, qui ne prétend pas d'ailleurs connaître parfaitement Coetzee ni la littérature anglophone, son centre d'intérêt est ailleurs : dans la réflexion sur le mal, qui n'est pas centralement remise en cause, me semble-t-il, par cette erreur.

Je n'essaie pas de nous justifier d'avantage, d'autant plus qu'une simple vérification de notre part aurait permis de nous rendre compte de la méprise, et vous prie de transmettre nos excuses à M. Paul West (le vrai !) à l'occasion.

Merci de votre fidélité,

Marc-Olivier Padis

Rédacteur en chef

Revue Esprit

 

J'avais répondu, immédiatement, à M. Padis, en lui certifiant que je maintenais ma confiance à sa revue, que c'était surtout l'auteur de l'article qui était à blâmer, que je ne connaissais pas Paul West... et que je publierais sa réponse. Mieux vaut tard que jamais, dit l'adage.

Le prieuré Saint-Cosme

Mercredi, 12 h 15

Aussitôt dit, aussitôt fait… Je promets une note, et une fois encore je faillirais à ma promesse ? Ah non, pas de ce pain-là, hein…

Le prieuré Saint-Cosme, à La Riche, est un lieu que je trouve, pour ma part, touché par la grâce. Il ne reste pas grand-chose, certes, des bâtiments conventuels du seizième siècle, mais le réfectoire, par exemple, vaut à lui seul la visite. Les fragments qui restent de l’église sont aussi très émouvants.

 

Bien entendu, le prieuré est surtout réputé car Ronsard l’a immortalisé dans plusieurs poèmes, en fut prieur de 1565 à 1585, y écrivit quatre chants de la Franciade.

Puis dès le poinct du jour redoublant le marcher,

Nous vismes dans un bois s’élever le clocher

De Saint Cosmes prè Tours où la nopce gentille

Dans un pré se faisait au milieu de l’isle.

 

Voilà de beaux vers, assurément. (Ce qui vous remet en mémoire, fidèles lecteurs, que j’ai laissé naguère en plan la série annoncée Un beau vers. Je me demande si, velléitaire comme je le suis, je me tiendrai, avec la masse de travail qui m’attend jusqu’en février au moins, à mon projet de roman publié dans ce carnet de toile. C’est une autre histoire, non?)

 

Ce sont de beaux vers. J’aime ce quatrain, car, outre la douceur de la scène champêtre, la gaieté si bien transmise, il y a cette métamorphose discrète, de vers à vers, du poinct en un bois, puis de prè en pré. Par ailleurs, ce quatrain indique que la commune (ou paroisse) devait, à l’époque, s’appeler Saint Cosme, et non La Riche. D’où est venu ce nom, et quand ? Quel est le lien avec l’église Notre-Dame de La Riche, qui se trouve, de fait, à Tours, dans un quartier très voisin de La Riche ? Autant de questions dont je chercherai les réponses… Quelle prétention de vouloir tenir un carnet qui parle aussi des sites et lieux d’Indre-et-Loire, quand je suis si nouvellement arrivé et si peu informé de tant de choses…

Coco Texèdre… à suivre…

Mercredi, 11 h 50

Je reviens, avec mon fils, de la médiathèque de La Riche, où sont exposées, comme souvent, des œuvres d’artistes locaux, dont il vaut mieux, généralement, se dispenser de parler. (C’est le genre d’œuvres dont nous parlons, avec C., en employant l’expression palette fléchoise en souvenir d’une mémorable exposition de croûtes vue à La Flèche l’été 1994). Toutefois, ce matin, il y avait, le long de l’escalier qui permet d’accéder à l’espace adultes du 1er étage, deux grandes plaques de verre en partie sculptées et recouvertes de peinture rouge ou bleue, et d’inscriptions dans un style voisin d’Alechinsky ou Opalka, toutes proportions gardées. La documentaliste du bureau de prêt m’a dit qu’il s’agissait d’œuvres de Coco Texèdre (?). Je ne suis pas certain de l’orthographe de ce nom, et je vérifierai en cherchant sur la Toile plus d’informations. En tout cas, voilà un nom d’artiste qui ne laisse rien présager de très captivant, et pourtant, l’alliance d’une technique complexe et d’un graphisme subtil m’a tapé dans l’œil.

 

A consulter: le site de Coco Texèdre.

17:25 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (3)

Atelier mode d’emploi: Ségolène Garnier et Cécile Cluzan

Mercredi, 11 h 40

 

Dimanche dernier, en début d’après-midi, dans le cadre d’une manifestation culturelle appelée Atelier mode d’emploi et qui consistait, pour les artistes tourangeaux, à accueillir le public dans leurs ateliers respectifs, nous nous sommes rendu, mes parents, ma compagne, A. et moi, au 32, rue Delpérier, où demeure Ségolène Garnier, qui avait exposé certains de ses mobiles tridimensionnels, et une série fort longue de figures rouges sur supports imprimés retravaillés. C’est, de ses œuvres, cette série que j’ai préférée. J’ai aussi remarqué, sur les rayonnages de sa bibliothèque, qu’elle avait lu Le sujet monotype de Dominique Fourcade, dont j’avais promis de parler mais que j’ai dû rendre, entre-temps, à la Bibliothèque Universitaire (ou S.C.D.).

 

medium_theiere_rue_delperier.jpg

 

 

Auparavant, nous avions été accueillis, dans la courette de l’immeuble, et pendant une battante averse, par l’invitée de Ségolène Garnier, Cécile Cluzan, qui avait édifié une sorte de tente-igloo entièrement constituée de pull-overs et de chandails décousus puis recousus les uns aux autres, dans une sorte de sarabande colorée très insolite. J’ai photographié le reflet, dans la théière, des visiteurs et hôtes assis autour d’un thé fumé sur ce fond multicolore.

Je ne sais si Ségolène Garnier m’autoriserait, elle, à inclure dans ce carnet de toile une ou deux images volées à ses figures rouges ; je vais essayer de retrouver sa trace, afin de lui signaler, au moins, l’existence de cette note.

Après cette incursion dans l’atelier de ces deux jeunes artistes, nous avons profité du soleil revenu pour flâner avant de conduire mes parents à la gare de Saint-Pierre des Corps. Je leur ai montré les bâtisses de style art nouveau de la rue Jules Charpentier ; nous avons visité, dans ces parages-là, un autre atelier dont je préfère éviter de parler.

Revue de presse

Mercredi, 12 h 05

 

Quelle peut être la valeur d’une note de blog par rapport à la presse spécialisée et imprimée, celle qui, par son imprimatur, se voit investie, justement, d’une vraie légitimité ? Je repense au commentaire de la mystérieuse et si gentille Carole. Sans doute, Julien Duthu et Rémi Panossian, qui forment, je le rappelle ici, un duo admirable, seront très contents de lire la recension que j’ai écrite, à mon modeste niveau. Mais peuvent-ils vraiment citer Touraine sereine dans un press book ? Pourtant, ce carnétoile peut s’enorgueillir d’une moyenne de 300 visiteurs quotidiens, ce qui n’est pas rien : après tout, si je devenais assez gourou pour inciter mes lecteurs réguliers à acheter les disques (ou les livres, etc.) que je recommande si chaudement, ce ne serait pas négligeable pour les artistes concernés, non ?

La Riche

 

Mercredi, 11 h 55

 

Je ne connais pas très bien cette commune limitrophe de Tours, où je me rends désormais avec une certaine régularité, depuis que nous avons pris un abonnement à la médiathèque. Jusqu’alors, je connaissais surtout la petite place qui se trouve derrière le Jardin botanique, mais aussi, pour y être allé une fois, seulement, un quartier résidentiel construit dans les années 1980, vraiment pas beau et où habite un collègue pour qui j’ai, a demeurant, la plus vive estime et l’admiration la plus profonde (moi-même, je ne vis pas dans le coin le plus beau de Tours, c’est un bel euphémisme d’écrire cela!). Je connaissais aussi, et j’y suis retourné trois fois depuis notre installation ici, le prieuré Saint-Cosme, qui méritera une note à lui seul.

 

Il y a actuellement, derrière la médiathèque, un grand chantier de construction dont je suis les progrès avec régularité, car A. est fasciné par les machines et les grues. Je remarque que ce chantier avance à vitesse V, ce qui n’est pas le cas de celui qui nous empoisonne l’existence à l’université (extension du site Tanneurs).

 

Il y avait, ce matin, un enterrement à l’église de La Riche, qui est, à n’en pas douter, l’une des plus laides du département. De quand peut-elle bien dater ? de 1923 ? 1891 ? (Tiens, je devrais reprendre l’écriture de mes célébrations improbables, mais aussi y ajouter une série de conjectures inactuelles.)

 

Preuve de plus que cet automne 2005 sera richois (la-richois ? la-richien ?) ou ne sera pas, je viens de réserver deux places pour le concert de Mathieu Boogaerts à la Pléiade.

Yvette encore

 

Je ne sais pourquoi ma compagne a choisi Yvette comme nom de plume, ou pseudonyme internautique. C’est le prénom de sa tante paternelle, but that’s hardly a hint when you happen to know the aforesaid aunt!!!  Ah la la, comme si ce carnétoile n’était pas assez compliqué avec les journalistes de la NR, les jeux de Livy, les questionnaires de Fuli, les agaceries des faux Newbie… et les bluesmen québécois (à qui je dois encore une note, j’y songe, et elle se prépare).

 

L'auteur

L'auteur des textes de ce carnet de toile, unless otherwise specified, c'est moi... Assurément, cela me ferait plaisir d'avoir, de temps à autre, des remarques positives de la part des nombreux artistes que j'encense, et pas seulement des fort rares que je fustige. Si vous connaissez, chère Carole, Julien Duthu et Rémi Panossian, dites-leur en effet que je suis très admiratif de leur oeuvre, de ce disque de duo absolument splendide.

Pour ce qui est de la réaction de Yann Kerninon, je ne pense pas que l'on puisse me taxer de malhonnêteté, puisque j'ai justement critiqué le prière d'insérer en précisant que je n'avais pas lu le livre. Il s'agit donc d'une réaction à la présentation d'un livre. De même, si je vois annoncer un film "comique" avec Christian Clavier et Michaël Youn, je me doute, connaissant mes goûts, que je trouverais cela lamentable, et je ne cherche pas à voir le film. Cela s'appelle un pré-jugé, et même si les préjugés ont mauvaise presse et si une démarche intellectuelle profonde doit chercher à interroger les préconceptions, il existe aussi, bien souvent, une vérité des préjugés. En l'occurrence, mon pré-jugé se fonde sur une connaissance préalable du jeu des acteurs cités ci-dessus, ou, dans le cas de la présentation de l'ouvrage de M. Kerninon, sur une connaissance assez bonne de la critique littéraire et philosophique contemporaine, notamment américaine, pour laquelle les noms de Nietzsche, Deleuze, Heidegger ou Stirner ont valeur de tic d'écriture qui dispense souvent les universitaires de réfléchir. Cela étant posé, votre livre, M. Kerninon, échappe peut-être à ces travers, auquel cas j'aurai eu tort, et déjugerai mon pré-jugé.

En vitesse

L'insecte net s'étire et devient moins aveugle, moins avare, plus avide. Des pulsations dans les fossés, des éphèmères coincées contre les fenêtres. Une course à tout casser, le coeur à rompre, une corde tendue, je danse sur un fil.

mardi, 04 octobre 2005

777, c'était ce matin

Juste un petit mot en quatrième vitesse, depuis l'ordinateur de la salle des professeurs du site Fromont (ah, Flaubert eût aimé ce triple génitif...), pour vous informer que j'ai lu vos nombreux commentaires, que j'y répondrai plus tard (ah ah ah...), et que l'auteur du 777ème commentaire n'est autre que... Livy, pour sa remarque sur les jouets et les jeux inventés et dirigés par son fils.

On approche...

... du 777ème commentaire. A vos plumes & claviers....

08:53 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (1)

Les Musiciens de Brême, version plastique

medium_hpim1698.jpgSaisie à Vieux Boucau, à la fin de juillet, cette image renouvelle considérablement l'interprétation du célèbre conte allemand des Bremer Stadtmusikanter. Incidemment, cette pyramide animale a été détruite l'instant d'après par mon fils, furieux que son père joue avec ses jouets.

 

lundi, 03 octobre 2005

Petit jeu sous Word

Avez-vous essayé ceci...? Ouvrez un document Word; écrivez =rand(100,1); appuyez sur la touche ENTER. Le résultat n'est pas le même selon la version de Word que vous utilisez.

21:05 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (7)

Yvette

Il y eut, ponctuellement, ces derniers temps, certains messages laissés sur ce carnet de toile par une énigmatique Yvette, "voisine" disait-elle et que j'ai enfin démasquée.

18:35 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (9)

Au questionnaire de Fuligineuse

Fuligineuse me/nous pose sept questions.

Dont voici, me concernant, les réponses:

1) J'écris presque tous les jours, et je publie tous les jours.

2) Les deux, mon commandant. J'aime la publication spontanée (qui se repère aisément grâce aux chiffres non ronds dans le module "heure" sur H&F) et la publication programmée (avec, de ma part, de savants calculs dans l'échelonnement des publications au cours d'une seule et même journée). Cette note, en cours d'écriture à 13 h 50, quand la publierai-je?

3) Jamais de brouillon dans le site lui-même, mais des brouillons sous Word, oui, pour les plus longues notes, ou quand je n'ai pas d'accès à la connexion.

4) Je conserve les documents Word matriciels, et parfois fais des copies .html des pages du carnet de toile.

5) Les deux, mon adjudante.

6) J'essaie de répondre, et il m'arrive d'écrire de longues notes en réponse aux commentaires les plus complexes (n'est-ce pas?).

7) Ah, Guillaume et les images... That's a long story...

***

Addendum du 5 octobre: Fuligineuse publiait hier un bilan de l'enquête.

Connaissez-vous les suricates

medium_suricate.jpg

Connaissez-vous les suricates,

Avec leur museau fort pointu

Et leur sourire si dentu

Qu'en une grimace il éclate -

Connaissez-vous les suricates?

Not a dream

La pastourelle débuta. Quelques gouttes de pluie, quelques flaques d'ennui. Que faisiez-vous dans ces parages, ô mainte Hélène au beau plumage? Une sirène s'envola, ainsi, délaissant ses écailles. Je ne rêve pas, je me caille. Ô cantique de la canaille, un arbre nous barre la route. C'est le baobab. Un serpent s'en déroule, y délaisse sa peau muée; c'est le boa qui nous sourit. Et nous avec lui, tant pis. La pastourelle virevolte. Dans le fond, un enfant, malmené puis câliné, détourné du droit chemin, rencogné dans le mur, renfrogné, sanglote.

Où allions-nous, mes camarades, porteurs de faux?

Romans

J'ai envie d'écrire un roman-feuilleton dans ce carnétoile, un chapitre par semaine, et de demander à mes lecteurs de décider de la suite. (Il pourrait y avoir un système de choix en fin de chapitre et une procédure de vote...) Mais je crains de manquer de temps pour cela ce trimestre-ci.

Idée à conserver pour une période creuse?

.....................

C'est bien, quand même, quand mes étudiants ne viennent pas massivement à l'heure de rendez-vous; j'ai plus de temps pour ces fariboles!

14:01 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (1)

Pause travail...?

Tu vois, ça coûte 620 euros un brevet industriel, avant c'était dix mille balles, c'est moins cher.

Je discute avec Guillaume, le jeune patron et cuisinier du Cap-Ouest, et il y a aussi, là, une dame qui s'avère être la mère d'une des mes étudiantes de première année L.E.A., et avec qui j'échange quelques paroles.

Non, j'ai repris de fumer depuis août, les vacances ça c'est la galère.

La matinée s'est bien passée, sans pas superflus puisque mes deux cours du matin sont dans le même bâtiment maintenant.

Je ne peux pas exposer, je n'ai pas de voiture, tu me vois me trimbalant avec mes toiles?

Le boeuf bourguignon n'est pas mauvais, ici j'ai la certitude de pouvoir manger tranquillement et en une demi-heure, ce qui me laisse le temps de vaquer à mes occupations juste après (et juste avant la reprise de mes cours, à deux heures de l'après-midi).

Mon ex, elle s'est retrouvée avec un Marocain sur internet... elle est allée là-bas... et maintenant elle est revenue... enceinte de trois mois... enfin, chacun sa vie...

Le trio à ma droite mériterait le tableau. The one who does most of the talking moins encore que son comparse et la dame un peu plus âgée qu'eux deux.

Enfin, j'ai trouvé cette solution pour faire mes tableaux en laminé, ça permet de faire des copies plus vite et de répondre à la demande.

Je ne prends pas de dessert, finalement, car ni l'île flottante ni la charlotte aux poires ne me tentent.

Mon père va m'aider... avec ce brevet, tous les peintres vont acheter ça... ça fait deux ans que je travaille dessus... c'est un super projet...

dimanche, 02 octobre 2005

...119...

Le 2 octobre 1886, une jeune couventine québécoise du nom de Clara Clément écrivait cette phrase édifiante:

Tu m’avais pourtant bien recommandé de t’écrire aussitôt que je serais rendue, afin de te donner des renseignements du Couvent, pour voir si tu aimerais cela.

Piste non cyclable

Mercredi dernier, rue Ronsard, grâce à deux conducteurs excellement garés, vélos et piétons avaient le droit de se faire écraser par les voitures en mouvement.

medium_les_pietons_ne_passent_pas_les_velos_non_plus.jpg

 

Julien Duthu & Rémi Panossian : No End…

Il n’est de meilleure retenue, en musique, que de savoir distiller les moments, non de relâche, mais où “ça se lâche”. Le fil se tend brusquement, plus de retenue, plus de notes de sénateur. Dans la retenue comme dans la brusque intensification des sons, ce duo, formé d’un jeune contrebassiste et d’un jeune pianiste, excelle.

Il a fallu attendre le dernier mot, le verbe principal de la troisième phrase, pour lâcher le mot, laisser filer ce sens en embuscade : l’album No End… est tout simplement excellent. Je me suis laissé dire que ce duo avait charmé, enthousiasmé le public des Rencontres de Contrebasses de Caprbreton, en août, et cela ne fait pas de doute. En concert, une telle écoute, une telle entente, un tel mixte savant, suave, de tension retenue et de tendres détentes, cela doit vous aviver les oreilles, vous adoucir le cœur, et vous faire exploser de joie.

Il est peu d’épiphanies musicales, ou, s’il en est, souvent, elles réclament une attention soutenue ; ici, je le maintiens, rien de tel, et il serait aisé de dire qu’une telle musique ne saurait, en effet, avoir de fin, car elle connaît, en chaque instant, des ramifications insensées. Le final de L’exception devient la règle, par exemple, est remarquable de touché, dans le rendu des émotions, dans la vigueur des doigtés. On vit, on imagine, on se représente ces deux musiciens à l’œuvre, nous voici avec eux, presque contre les cordes, à nous voler dans les plumes. On s’envole avec eux, c’est vrai, je m’y plais, je plane dans ces cieux que leurs phrasés étendent à perte de vue comme autant d’aplats sur des toiles de brume.

Si je me lâchais vraiment, je pourrais écrire, cédant à une métaphore facile et rebattue, que le troisième morceau, Origines, m’a scotché. C’est tentant, mais je me retiens, tout de même. Les mots sont trop précieux, et les notes avec eux. Je retiens ce verbe, autant dire que je le conserve et ne lui cède pas. Origines, pourtant, déroulant le long ruban de ses scintillations, exige que l’on se plie, toutes affaires cessantes. Ecouter comme on danse. Ecoutez chaque fragment de chaque note, et c’est impossible, bien sûr. Le ruban virevolte, avance, une lumière qui refuse de se décomposer.

Sur Kessispass, je restais convaincu, après trois écoutes, que le contrebassiste, Julien Duthu, avait délaissé sa grande dame pour une basse électrique, et seul le nom du label (de la maison de production? je ne comprends rien à ces subtilités) des deux lascars, Two t’acoustic, m’amène à émettre des doutes : parvient-il vraiment à ce son avec une contrebasse acoustique frottée au plus près et au plus saccadé ? je croyais pourtant, avec mon admiration fanatique pour l’OCB, tout savoir des sons retors et trompeurs qu’u contrebassiste peut tirer de son instrument.

Septime et Hommage se répondent dans le plus superbe désarroi, la plus ravissante des extases. En d’autres termes, aussi, le disque invente un trajet qui conduit d’une musique aux accents modernistes, éloignée du jazz, à un jazz retrouvé, retenu par devers les cordes, et livré en bouquet final dans Poursuivant, sorte de chase intime, prolongé en un neuvième morceau « caché » où les amateurs de jazz plus classique retrouveront leurs repères, assez confondus et confus pourtant de ce manège affolant, subtil, doux, et beau.

 

A écouter : Julien Duthu et Rémi Panossian. No End… (c) Two t’acoustic, 2004. Nocturne 2005.

Le Marrakech

A Tours, nous n'avons pas trouvé encore de restaurant nord-africain de la qualité de notre bon vieux Carthage beauvaisien, qui, il faut le dire, avait placé fort haut la barre. Celui qui se trouve près de la Tranchée est à éviter, celui de la rue Bretonneau (Le Palmier) n'est pas mal, et Le Marrakech, que nous découvrîmes hier, est, au vu des deux tagines dégustées (dégustés? je ne sais jamais si tagine est masculin ou féminin), tout à fait convenable, d'autant que le patron, qui, comme il nous l'a dit, a ouvert son établissement il y a trente-et-un ans (l'année de ma naissance, donc, sans doute), est extrêmement cordial, sans fausse ni exubérante convivialité, et il faudra peut-être, en parlant d'exubérance, que j'apprenne, moi, à me corriger des excès syntaxiques où je replonge sans cesse, que je prenne des cours pour apprendre à finir mes phrases, à ne pas les prolonger inutilement, ludiquement, versant constamment dans l'hyperhypotaxe, et châtiant ma langue, alors qu'elle souffre de ses brûlures, langue râpée, ignée, car les tagines, hier, tout de même, étaient de la lave en fusion.

Gabrielle, de Patrice Chéreau

10 heures 30.

Hier soir, nous avons profité de la présence de mes parents pour le week-end (ah, il faut que je pense à trouver une nouvelle baby-sitter, j'ai encore oublié de demander à L***) pour improviser une petite soirée d'une folle originalité: restaurant en vitesse (Le Marrakech, rue Colbert) et cinéma aux Studios, où, étant arrivés un brin trop tard pour les films de la séance de 21 h 30, nous avons choisi, sans aucun regret d'ailleurs, le dernier Chéreau, Gabrielle. Il paraît que les critiques se déchaînent contre Chéreau, et je comprends assez pourquoi: Chéreau change de style à chaque film, et cela dérange les petits ronflements confortables. Il prend de nombreux risques, et, même si certaines audaces maniéristes sont parfois un peu à côté (la surinscription de dialogues non prononcés, par exemple, qui m'a plu, mais pas à C.), le résultat est très convaincant.

Certes, ce film est, dans son sujet, son esthétique, son traitement des corps et des dialogues, aux antipodes de Ceux qui m'aiment prendront le train, film absolument génial, mais ne peut-on aimer des mets variés? La vraie prouesse de Chéreau, sans doute, c'est qu'Isabelle Huppert joue, pour une bonne part du film, étonnamment juse et avec sobriété, ce qui n'est pas son point fort d'ordinaire. Où l'on voit, une fois encore, et par contraste, que Chabrol ne sait pas diriger ses acteurs, même fétiches. Huppert joue mieux, en quelques quarts d'heure, que dans les kilomètres de pellicules que lui a consacré Chabrol.

Je reviendrai sur le film plus tard, nous partons au parc Sainte Radegonde.

*****************

En écoute: "Thoughts about Duke II"(Franz Koglmann), interprété par Lee Konitz et le Monoblue Quartet (avec une brève allusion, par le clarinettiste, vers la fin, à Some Day My Prince Will Come, dont je parlais dans ma précédente note).

12:20 Publié dans Tographe | Lien permanent | Commentaires (0)

Harmonia Mundi & Hatology

Ma mère a acheté hier une dizaine de disques de l'excellent label Hatology, pour la somme plus que modique de 7,50 euros pièce au magasin Harmonia mundi qui se trouve en haut de la rue Nationale. Elle m'en a offert deux, je ne sais pourquoi mais ce n'est jamais de refus. Il faisait beau hier, finalement, quoique venteux, et nous avons écouté, sur la place de Châteauneuf occupée exceptionnellement par un chapiteau, trois morceaux fort bien interprétés par les harmonies de Noizay, Fondettes et (ai-je cru comprendre) Saint-Ouen. Un peu de ringardise dans la "mise en scène", mais la construction des parties, la qualité des musiciens aussi, cela était indéniable. Passé le premier morceau, M. le Maire, son pain sous le bras, s'est éclipsé.

Quelques instants plus tôt, sur la place Plumereau, un saxophoniste qui n'était pas dans la première jeunesse cherchait à tirer des notes un peu suivies de son instrument. Some Day My Prince Will Come et les Feuilles mortes jouées avec des pauses de sept secondes toutes les huit notes, je vous le recommande. Mais l'atmosphère était détendue, les gens attablés aux terrasses heureux d'une de ces dernières journées à profiter de la relative douceur.

********************

En écoute: "Zweet Zursday", par le Monoblue Quartet et Lee Konitz (album Koglmann/Konitz. We Thought about Duke (1994). hatOLOGY 543)