vendredi, 22 juillet 2005
Se corriger
Fuligineuse faisait part de son malaise, ou de ses doutes, face à tel de mes délires, ou telle de mes verbigérations, car elle ne comprenait pas ce que j’entendais par « ne pas se corriger ». J’ai répondu sommairement, dans un commentaire en réponse au sien, mais j’aimerais pousser un peu mon avantage ici même et perpétuer de quelques piques le galop effréné de mon fringant destrier.
C’est que relisant, à l’instant même (vendredi 22, à dix heures et des brouettes), une note tout juste écrite dont je ne sais quand je la publierai (elle s’intitule “Promesses”), je me surprends à hésiter sur mon recours fréquent aux parenthèses. Je crois savoir que cet excès de parenthèses, qui a pour moi une valeur tant ludique qu’explicative, en agace plus d’un, ou en décourage d’autres, ce qui est plus gênant. Toutefois, je pense, à trente ans, avoir atteint un point de non-retour dans l’élaboration de mon style personnel: non qu’il ne puisse connaître de nouveaux détours, de soudaines bifurcations, des ruptures, de concomitantes divergences, mais, voilà, ce que je sais faire, en matière d’écriture, la manière dont il me plaît de tourner mes phrases, cela ne saurait faire l’objet d’un vif trait de plume, d’une relégation au panier, et basta ! Non. Je me corrige sans cesse, sur le choix des mots, la reprise d’un début de phrase bancal pour le conformer à la syntaxe provisoirement finale, l’insertion de tel exemple ou d’une citation idoine, mais sur le ton, le style en général, point d’affaire.
Evidemment, au plan moral et esthétique, il faut sans cesse se corriger, être, de soi-même, le plus vigoureux critique. Je ne m’en prive pas, et les éperons m’entaillent bien souvent le flanc, avant d’attaquer celui de mes petits Pégases. Se corriger, pour devenir toujours différent, si possible s’améliorer.
Fuligineuse faisait remarquer que j’employais le terme d’émendations, qui est certainement un néologisme. S’agit-il de ma part, d’un latinisme ou d’un anglicisme ? Des deux, peut-être bien. Je viens de vérifier dans trois dictionnaires, sans aucun succès. Le verbe émender, est bel et bien d’ordre judiciaire. L’“émendation” telle que je l’entends, ou telle que la langue française m’appelle, une fois passé l’envol lyrique, à l’entendre, serait donc, appliquée à soi-même, cette forme d’auto-censure que je réprouve partiellement.
S’émender pour mieux dire, s’amender, faire amende honorable, dire où sont erreurs et errements, tout cela, j’y souscris. Mais, s’il s’agit, par exemple, de taire, par scrupule, par désir de tranquillité, certaines pensées un peu hétérodoxes, je trouve ces émendations-là bien peu recommandables. Par exemple, un diariste fumiste comme Pierre Driout, qui veut donner des leçons à tout le monde et en remontrer sur tout, alors qu’il n’a, de tous les domaines qu’il aborde, que des vues bien superficielles et infantiles, est, pour moi, le champion du monde toutes catégories de la non remise en question: il se considère le seul et unique étalon de tout, lui seul a raison, et, s’il a décidé une fois pour toutes que les Noirs, par exemple, sont inférieurs intellectuellement aux Blancs, il ne s’interrogera jamais sur cette «théorie». Il lui faut toujours baigner dans son petit conformisme confortable. Je ne mange pas de ce pain-là. Si j’écris, c’est pour examiner des questions ouvertes, m’interroger sur mes failles et mes fautes, sur mes réussites aussi, c’est pour donner (quand je me pique de concurrencer les guides touristiques (!)) ma vision forcément partielle et partiale de tel lieu.
La correction s’entend aussi comme justesse (de ton ?), politesse (à l’égard des lecteurs ou des sujets traités ?), reprise indéfinie des moindres nuances (où l’on en revient à la Korrektur bernhardienne).
12:05 Publié dans Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (4)
Un os
Il semble y avoir un bogue sur mon blogue.
Le dernier message qui s'affiche, sur la page d'accueil, est "Dr Avishai et Mr Cohen", sauf si je passe par le calendrier, où je peux lire les derniers publiés (et écrits, car j'ai puisé dans mes réserves).
09:20 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles | Lien permanent | Commentaires (4)
Soaring or skyrocketing?
J'avais décidé d'arrêter de ponctuer ce carnet de toile de commentaires triviaux sur des statistiques plus triviales encore, mais là, je n'y résiste pas: 202 visiteurs hier (soit un record absolu), et 135 sur mon autre blog (record aussi).
Passé une bonne nuit (enfin), peut-être en anticipation de ces bonnes nouvelles statistiques matinales. M'objecteriez-vous que je suis bien attaché à ces statistiques, dont l'essence est sans doute qu'elles soient fluctuantes, je vous ferai remarquer qu'on n'écrit pas pour personne. Je, dans tous les cas, pas.
08:50 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles | Lien permanent | Commentaires (4)
Fouilles à Marmoutier
Ce 21 juillet dans La Nouvelle République:
Quatre semaines pour creuser les mystères de Marmoutier
(Nouvelle République, 21/07/2005 )
Du 4 au 29 juillet, une vingtaine d'étudiants en archéologie travaillent à Marmoutier. Le site du monastère cache encore de nombreux mystères.
Au fond d'un trou, Géraldine est assise en tailleur à moins d'un mètre de Coraline. Non, ces deux jeunes filles ne jouent pas à cache-cache ; elles appartiennent au groupe d'étudiants venus participer au nouveau programme de recherches archéologiques sur le site du monastère de Marmoutier. « Dans les années 70, Charles Lelong avait permis d'identifier la localisation des églises abbatiales de ce site, fondé par saint Martin, à la fin du 4e siècle, explique Elisabeth Lorans, maître de conférence en archéologie médiévale à l'université de Tours et directrice de ces fouilles. Actuellement, nous connaissons juste l'emplacement des principaux bâtiments religieux mais rien sur leur succession et les habitations réservées aux laïcs au service des moines. »
Le Laboratoire archéologie et territoire, constitué de chercheurs du CNRS et de l'université de Tours, a donc entrepris cette campagne de fouilles, financée par la Ville de Tours, le conseil régional et l'État, plus de vingt ans après celles de Charles Lelong.
Coraline et Géraldine commencent tout juste à relever les caractéristiques d'un muret. « On note l'emplacement de chacunes des pierres pour les dessiner sur papier millimétré. Cet enregistrement fondamental peut permettre de faire la relation entre ce mur et un autre élément, plus éloigné » Grâce au fil à plomb, pour être sûre de bien mesurer à la verticale, et son mètre, Coraline indique des chiffres à Géraldine. Toutes deux découvrent le métier d'archéologues. « On ne s'attend pas à ce qu'il y ait autant de travail avant de commencer les relevés ! », explique Géraldine. En vingt ans, la végétation a quelque peu repris possession des lieux et les éboulements, remis de la terre dans les trous… « il a bien fallu une semaine de nettoyage avant de commencer notre travail de relevé ». Les deux étudiantes sont conscientes que leurs notes marquent le point de départ d'un travail de longue haleine pour comprendre la complexité du site. « Nous responsabilisons progressivement les étudiants », ajoute Elisabeth Lorans, « Sur ce stage, ils sont encadrés par Véronique Marthon et Vincent Hirn, qui préparent tous deux une thèse d'archéologie au sein du Laboratoire archéologie et territoires ».
A l'écart, Fabienne, étudiante en licence, n'a ni crayon, ni papier. Allongée, elle bichonne depuis trois jours un partenaire peu locace. « Mon boulot consiste à dégager le maximum de terre autour des ossements de ce squelette, découvert par M. Lelong. » Avec une balayette et une pince à épiler, l'étudiante ne doit pas bouger les os, avant que des photos ne soient prises. Ensuite, l'individu, qui a vécu entre le 7e et le 10e siècle, rejoindra le laboratoire d'un anthropologue pour délivrer son histoire. Fabienne l'attend avec impatience.
Magalie BERRY
06:25 Publié dans Sites et lieux d'Indre-et-Loire | Lien permanent | Commentaires (2)
jeudi, 21 juillet 2005
Pollution à Pittsburgh
Cela dans le pays qui obstinément refuse de ratifier le protocole de Kyoto.
23:55 Publié dans Indignations | Lien permanent | Commentaires (0)
De Bombard à Bernhard, en passant par Rimbaud
D’Alain Bombard, mort mardi, j’apprends qu’il vivait retiré, depuis plusieurs années, dans sa demeure de Bandol. Outre le vin, ce que suggère ce toponyme, c’est la bandoline de Mes petites amoureuses:
« J’ai dégueulé ta bandoline,
Noir laideron ;
Tu couperais ma mandoline
Au fil du front. »
La mort, à quatre-vingts ans, du « naufragé volontaire » de 1952, me rappelle des souvenirs d’enfance, et l’admiration mêlée d’agacement de mon père, crois-je, pour ce précurseur des défenseurs de l’environnement. Elle suscite en moi, également mais sans rapport avec l’histoire personnelle d’Alain Bombard, le souvenir d’une lecture qui m’a marqué, l’un des nombreux romans lus de Thomas Bernhard, Der Untergeher, peut-être parce que C., en défaut de lecture chez mes parents, a choisi la traduction française de Zerstörung, récit que je n’ai jamais lu, mais que m’avait envoyé, dans la collection “L’Imaginaire”, l’attachée de presse des éditions Gallimard, Hélène de Saint-Hippolyte, en 1990, suite à notre discussion relative aux démons littéraires de Hervé Guibert.
Ainsi, le premier des textes de Bernhard que j’ai eus en ma possession n’a toujours pas été lu, même en allemand, alors que j’en ai défriché, parcouru, arpenté depuis des dizaines d’autres, comme j’aime extrêmement ce remarquable écrivain, dont les traductions rendent assez bien, d’ailleurs, tout compte fait, la voix et le rythme si singuliers. C’est C. qui lit maintenant Perturbation, et cela devrait suffire à m’inciter à acheter et lireZerstörung.
Je suis sans doute incorrigible de ne pouvoir, partant d’un événement précis (la disparition d’Alain Bombard), m’empêcher de le ramener à l’évocation de mes marottes littéraires, ici Arthur ou Thomas. C’est sans doute l’une des questions que pose incessamment l’œuvre de Thomas Bernhard: faut-il se corriger? que signifie la correction (pour le dire en trois langues : ‘Korrektur’, émendation, ‘correctness’) ?
17:20 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (6)
Rites de Jan Garbarek
De Jan Garbarek, depuis voilà dix ans, je ne sais précisément que penser. Parmi les premiers CD que j’ai achetés, aux alentours de 1994, il y avait son Visible World, dont nous avons assez aimé les volutes, C. et moi, avant de nous en agacer, après deux ou trois écoutes, et de décider que c’était presque de la soupe, du easy listening.
Peu de temps après, j’avais remis le couvert ; le disque qu’il a enregistré avec des musiciens indiens, Ragas and Sagas, est très bon, à mon sens, et sans doute parce que la quasi-totalité des compositions ne sont pas de lui, et qu’il n’est pas véritablement le maître d’œuvre de cet album.
Comme j’ai vu que mon beau-père avait, sur ses rayonnages, le double CD enregistré par le saxophoniste à Oslo en 1998 avec son groupe habituel (Brüninghaus, Mazur, Weber), je me suis décidé à lui donner une nouvelle chance. (Vraiment, que de magnanimité en moi !)
Or, le premier disque est conforme à mes précédents sentiments équivoques : les trois premiers morceaux ne déparent pas à la tradition de fond percussif peu varié avec volutes new age du saxophone imperturbable et immarcescible, puis, au moment où l’on se dit que c’en est trop, que vraiment, malgré les propos dithyrambiques d’Untel ou de Mr. Whatshisname, bien que Garbarek soit encensé de ci de là, eh bien, oui, c’est de la soupe, ou à peu près, eh bien, à ce moment précis, une composition de bon aloi, jouée avec originalité, me demande plus d’indulgence, et l’une des plages, enfin, parvient à émouvoir, pour s’achever sur Her wild ways, authentique composition de jazz jouée sans fioritures, avec panache et douceur, sans kitscherie superflue. Je me surprends à écouter Her wild ways trois fois de suite et à ne pas m’en lasser.
Toutefois, as inconclusive as all this may be, je pourrais conclure en écrivant que, par rapport à tant d’autres musiciens, Garbarek offre trop peu de pépites, parmi la glaise, et que, si c’est, incontestablement, un bon interprète, il ne vaut pas grand chose comme orpailleur. A foolish figure, comme dirait Polonius (j’aime bien citer Polonius).
Puisque je publie ces notes dans la communauté Jazz de H&F, j’aimerais avoir quelques réactions ou commentaires d’amateurs ou professionnels plus calés que moi, ou qui auraient entendu Jan Garbarek en concert.
15:20 Publié dans Jazeur méridional | Lien permanent | Commentaires (0)
Dr Avishai et Mr Cohen
Ce qui frappe en comparant cette note-ci, par moi écrite et relative à Avishai Cohen, et ce commentaire, écrit par Livy presque en direct du festival de Marseille, c'est qu'il y a une légère contradiction.
Eh bien, il y a deux Avishai Cohen: le trompettiste et le contrebassiste. Le plus insensé, dans cette histoire, c'est que, dans mon écoute du disque dirigé par le trompettiste, j'avais surtout été frappé par le jeu de son... contrebassiste (qui s'appelle John Sullivan).
Le site officiel du contrebassiste, c'est ici.
Plus d'informations sur le trompettiste? C'est là.
14:53 Publié dans Jazeur méridional | Lien permanent | Commentaires (1)
Famine au Niger
Ce n'est pas que ça m'amuse de vous orienter vers ce genre de lien. Mais si peu de Français sont au courant...
14:28 Publié dans Affres extatiques | Lien permanent | Commentaires (0)
Près du chemin de Ménaoupède
La poix épaisse et cotonneuse du brouillard nous préserve, ce matin, de chaleurs trop vives et trop précoces. J’aimerais écrire une ode à la vigne vierge, clairsemée cette année, et dont les feuilles, rouges près du toit, vertes près du sol, composent une toile chatoyante, douce. Je voudrais prendre moins de temps pour l’écriture, et j’aimerais que ma vie ne soit qu’écriture ; je voudrais avoir plus de temps pour lire, et je serais si content de pouvoir voyager, dériver — réinventer, sur mon chemin, les caresses des corps et la chaleur des étreintes. L’épuisant désir de ces choses, s’il n’est pas épuisant, se pose là, en triste insigne sire.
12:20 Publié dans Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
Statistiques (encore et encore)
Seule satisfaction, je suis parvenu à connecter l'ordinateur au réseau téléphonique de manière durable, après deux essais infructueux, et la journée du 20 juillet fut, à l'exception de celle du 8 courant, et à en croire les statistiques de H&F, la plus faste pour la fréquentation de ce site, dont il faudrait toutefois que je cesse de vérifier quotidiennement la maigre popularité, misérable rongeur sautillant pour qu'on le remarque.
10:05 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles | Lien permanent | Commentaires (0)
Informe?
Eh bien, éteignant la lumière à onze heures et demie hier soir, pensant ainsi me reposer, être raisonnable, j'aurais mieux faire de suivre mon penchant et de redescendre au salon écrire quelques notes pour ce carnet de toile, ou de poursuivre la lecture de Homage to a Firing Squad, commencée hier soir, car, entre les deux moustiques zézayant et vrombissant sans cesse, les fenêtres légèrement ouvertes donnant, à travers la moustiquaire, sur le trafic honteusement ininterrompu de la route de Monségur, l'oreiller de piètre qualité, eh bien, je n'ai quasiment pas fermé l'oeil, ce qui est un peu inhabituel mais surtout exaspérant, d'autant qu'à chacune de ces mini-insomnies, je me retrouve à gigoter dans tous les sens, à tourner et virer, à avoir de mauvaises pensées (au sens catholique et confessionnel du terme) et, enfin, à dérouler des dizaines de pages de pastiches des Mémoires de Saint-Simon, dont j'ai décidément, au début du mois, lu trop frénétiquement les tomes VII et VIII.
08:06 Publié dans Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0)
Qui était Maurice de Tastes?
Toi qui donnes ton nom à une longue rue de Sainte-Radegonde, qui étais-tu?
Un météorologue injustement tombé dans l'oubli, à en croire un article anglais de 1915, dont j'ai extrait le passage ci-après:
The consideration of these atmospheric circuits which constitute the general circulation of the atmosphere is due to a French scientist Maurice de Tastes, whose work has been overlooked, and whose name is not even mentioned in certain treatises on meteorology. This conception more-over did not pretend to give details but only a general impression of the atmospheric circulation. The complete theory, which would enable us to predict, with all their most detailed circumstances, every meteorological phenomena without exception, has yet to be attained, but the outline given by Maurice de Tastes will none the less remain as the first exact general representation of the movements with which the air enveloping us is endowed.
06:20 Publié dans Sites et lieux d'Indre-et-Loire | Lien permanent | Commentaires (2)
Togo
Concernant la situation au Togo, une dépêche d'Associated Press, datée d'avant-hier, peut en donner une légère idée. Alors, alarmiste ou alarmant?
************
At Least 150 Said Killed in Togo Violence
By THE ASSOCIATED PRESS
Published: July 19, 2005
LOME, Togo (AP) -- Togo security forces and allied militia fighters have killed at least 150 people since April elections, Amnesty International said in a report released Tuesday. The London-based rights group said witnesses told investigators of bodies being buried or dumped in morgues anonymously and that the number of people killed is likely to be ''much, much higher.''
Justice Minister Jean Abi Tchessa was skeptical of the report, telling The Associated Press: ''We are waiting to see where and when all those people were killed in Togo.'' At least 22 people were earlier confirmed killed in violence since April 24 elections won by Faure Gnassingbe, son of the late 38-year dictator Gnassingbe Eyadema.
Togo's opposition cried balloting fraud and citizens took to streets in many neighborhoods in the capital, Lome, and elsewhere in the country. Security forces moved into the streets and the ensuing violence caused 40,000 refugees to flee. Amnesty said the human rights violations caused by security forces and military-trained militia included extrajudicial killings, kidnappings, arbitrary arrests and torture.
Togo slipped into crisis in February when Eyadema, one of Africa's longest-reigning strongmen, died and the military installed his son in the presidency. Gnassingbe bent to intense international pressure and arranged the elections.
***********
Pour ne pas rester sur une note trop tragique, pathétique ou géopolitique (ces trois termes ne sont-ils pas vaguement synonymes?), j'écrirai prochainement une note sur quelques écrivains togolais.
00:10 Publié dans Affres extatiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 20 juillet 2005
Italiques
Il m'arrive, en publiant, dans ce carnet de toile, mon déjà vieux Multijournal, d'oublier certaines mises en italique. C'est que c'est fastidieux, tout de même.
21:45 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles | Lien permanent | Commentaires (0)
Journalistes incultes... un pléonasme?
Un des désagréments de la fréquentation de la famille, en vacances, est d'être exposé à la télévision (comme on dit être "exposé aux radiations" ou à un virus).
Ainsi, à l'instant, sur Arte, chaîne pour laquelle on pourrait imaginer que les journalistes sont mieux triés qu'ailleurs, à l'issue d'un reportage sur la situation au Togo (!), la journaliste nous dit que "l'O.N.U. vient de publier un rapport alarmiste".
Si cette andouille connaissait la différence entre les adjectifs "alarmant" et "alarmiste", elle aurait sans doute employé le premier des deux adjectifs... à moins qu'elle n'ait vraiment cherché à dire que l'O.N.U. s'affolait pour rien... ce qui serait cocasse, car, dans ce cas, pourquoi consacrer un reportage à la question?
Non, rassurez-vous... ou plutôt: inquiétez-vous. La situation au Togo est bel et bien alarmante.
20:06 Publié dans Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0)
François Jeanneau
Je découvre ce jour seulement le blog de l’excellent saxophoniste François Jeanneau, dont, du coup, j’écoute, en boucle, le seul disque en ma possession ici, Rencontre, en trio avec Bertrand Renaudin et Jean-Paul Celea.
Ce qu’il dit, sur son blog, des «experts» me rappelle, hélas, les prétendues expertises, commanditées par le Ministère de l’Education nationale, en matière d’équipes de recherche. Mêmes bureaucraties en tous points de la sphère…
17:55 Publié dans Jazeur méridional | Lien permanent | Commentaires (1)
Marqueyssac
Juste une petite note, non seulement pour approcher des deux cents à pas de géant, mais surtout pour signaler une très jolie note de Simon sur le blogging en nocturne, entée d'une fort belle photographie de Marqueyssac. Si je commençais à raconter mes souvenirs de Dordogne sur ce carnet de toile, il faudrait créer encore une nouvelle catégorie.
15:15 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles | Lien permanent | Commentaires (0)
Frênes têtards
Je signale l’excellent article de Gilles Mourgaud, toujours dans L’Oiseau Magazine (n°78, p. 17), intitulé «Frênes têtards en péril».
L'article n'est pas en ligne, mais vous pouvez vous abonner à L'OISEAU MAGAZINE, et, sinon lire ici un article équivalent.
Il y a aussi, sur le site d'un certain Christian dit "Ligérien", deux très belles photographies de ces arbres en Anjou.
14:47 Publié dans Sites et lieux d'Indre-et-Loire | Lien permanent | Commentaires (0)
Reprise
Par petites touches, je ré-enregistre toutes les notes, depuis la naissance de ce carnet de toile, en leur assignant une catégorie. Je m'aperçois ainsi que je radote, car j'ai déjà écrit deux fois la même chose à propos de La Héraudière.
De plus, je peux ainsi rectifier deux ou trois petites erreurs. Tout cela prend un peu de temps, ce qui explique pourquoi j'écris peu. J'aurais bien deux mots à dire aussi de la note publiée ce matin, début avorté d'un roman, bref fragment écrit le 4 avril 2004 (04.04.04). Mais enfin...
11:44 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles | Lien permanent | Commentaires (0)
43 au cube, chapitre 1
Chapitre 1
Depuis toujours, ou, du moins, depuis qu’il en avait souvenir, les nombres l’avaient fasciné, et cette fascination s’était tout d’abord exprimée dans son attention nettement marquée pour les plaques minéralogiques des voitures, camions, camionnettes, fourgonnettes, dès les années 1970 de sa petite enfance. Plus tard, très peu doué pour les leçons de mathématiques (ce que ne comprenaient nullement ses parents, fascinés qu’ils s’étaient retrouvés, eux, par cet enfant numérophile), il garda un net attrait pour les chiffres, les nombres, les séries et les différentes combinaisons possibles. Il s’adonnait notamment à des rêveries poussées autour des nombres premiers, dont la découverte, puis l’exploration, l’avaient plongé dans des abîmes nouveaux d’exaltation non contenue, à tel point qu’un exercice sur les nombres premiers, dans un devoir scolaire, ne serait pas nécessairement réussi : l’exaltation dans laquelle le plongeait la simple apparition du nombre 43, par exemple, suffisait à détourner son attention et à le priver du peu de logique qu’il avait à sa disposition, ce même lorsque ce 43-là n’avait aucun rapport avec les nombres premiers. Il faut bien avouer, mon cher Ariste, que, dans notre logiciel de traitement de texte, la fonction Statistiques est bien pratique, et même irremplaçable, puisqu’elle permet de connaître à tout moment le nombre de signes (ou de mots) du tout, ou d’un fragment. Ariste est un prénom que tu as entendu ce matin, dimanche 4 avril, boulevard Béranger, en te faufilant entre les badauds agglutinés qu’une importante (mais dérisoire) brocante avait aimantés en ce lieu que tu aimes par-dessus tout, car il évoque les paseos espagnols. Comme il était surtout passionné par la poésie, la littérature, l’écriture, l’idée lui vint un jour (sans nulle connaissance oulipienne) d’écrire un texte composé de 7 strophes de 49 heptasyllabes, et dont la forme consistait en l’alternance de sept rimes récurrentes, ABCDEFG, etc. L’heptasyllabe n’étant pas un mètre aisé, et la reprise lointaine de rimes sept fois récurrentes requérant une prouesse, il laissa son poème à l’état de projet, ce qui devait devenir d’ailleurs une constante pour lui, l’amour des ébauches le disputant à la velléité. Je n’ai jamais tant écrit que gommé ce que je venais d’écrire, je n’ai jamais tant bleui le papier que manié l’effaceur, je n’ai jamais tant acheté de pointes que de Tipp-Ex, je dis vrai, je suis l’éternel fossoyeur de mes propres travaux. Ariste, tu dois me croire, je dis vrai, je ne mens pas, j’ai tous les droits sur moi-même, aucun sur toi, je ne sais où je vais, voici le cinquième je, le deuxième j’, le deuxième me, le deuxième moi-même de cette phrase. « Comme je vous le dis, ici ou ailleurs, nous recevions hier des amis d’Ariste chez nous, cela faisait presque une vingtaine d’enfants entre cinq et dix ans, qu’il fallait occuper, et je vous prie de croire que ce n’était pas une mince affaire. » L’écriture, pourtant, est largement une question d’accumulation, signes après signes, mots, phrases, tournez la page, aussi ne voit-on pas très bien ce que peuvent bien signifier ces gommes, ces effaceurs, ces Tipp-Ex, quand bien même il est impératif d’élaguer, de reprendre et réviser. Tout ce qu’Ariste trouve à répondre déçoit, désillusionne, déconstruit, tombe en lambeaux, s’amoncelle comme des poussières de toiles d’araignée au petit matin, sur le chemin toujours neuf des impressions fugaces, bribes, paroles défigurées, déliquescentes, comme au bon vieux temps de la poésie décadente. L’écriture de ce poème ne lui aurait pas coûté ; seulement, une fois l’idée formée, le projet élaboré, l’écriture elle-même ne présentait plus, pour Vincent, le moindre attrait, comme ces chansons qui obsèdent une journée durant, et dont l’écoute, au retour du travail, déçoit. Le « il » de ce récit s’appelle Vincent, ou, plutôt, le personnage que les premières phrases ont nommé, incertainement, « il », se prénomme Vincent ; ou plutôt, l’auteur vient de décider de le prénommer Vincent (comme cela sent la boutique !). Vincent, fasciné par les nombres mais surtout doué pour la littérature, se trouva dans une situation contraignante, qui consistait à écrire des textes en préservant intacte son obsession pour les nombres, ce qui laissait la porte ouverte, tout de même, à plusieurs possibilités. Les points-virgule ont la même valeur que les virgules, mais les deux-points sont équivalents à des points, ce qui est, d’ailleurs, une règle parfaitement arbitraire, qui ne peut s’appuyer, en guise de justification, sur aucun traité de grammaire ou de ponctuation, oh non.
09:10 Publié dans Ecrit(o)ures | Lien permanent | Commentaires (2)
mardi, 19 juillet 2005
Le Gerris
Lu, ce matin, un article ancien de Libération intitulé "Le secret de l'araignée". Mon père m'en avait gardé l'original, et une photocopie. Il n'est malheureusement plus disponible gratuitement, mais il en existe une version équivalente quoique réduite, en anglais, sur le site du National Geographic.
Outre son caractère très intéressant, d'un point de vue tant scientifique que géostratégique, il m'a rappelé que j'avais créé, avec deux camarades, vers 1987, un club CPN (Connaître et Protéger la Nature) que nous avions baptisé "Le Gerris", en hommage à ces merveilleux funambules méconnus des mares.
Je vous sens passionnés par cet insecte et d'autres du même genre.
Par ailleurs, l'article date du 19 novembre 2004, date à laquelle je co-organisais le colloque Fantasizing Africa et à laquelle Jamal Mahjoub donnait sa lumineuse conférence sur l'avenir du roman africain.
18:00 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (9)
Torture et satanisme au Louroux
Je profite des moments passés chez mes parents pour lire de nombreuses revues, et notamment (parmi d’autres, d’art, de sciences, d’histoire), L’Oiseau Magazine , le trimestriel de la L.P.O.. Je viens de lire, dans le N° 78 (janvier-février-mars 2005), à la page 34, que des adhérents de la section Touraine avaient retrouvé trois effraies crucifiées sur une clôture au Louroux.
Je ne suis passé qu’une fois au Louroux, très jolie commune où je m’étais promis de revenir pour une visite plus approfondie. On voit que la Touraine, pour être au centre de la France, et prétendre en être le modèle (si tant est que cela veut dire quelque chose), n’en recèle pas moins ses imbéciles et ses barbares.
A ce stade, il me faut citer l’article :
« Fin janvier, deux adhérents de la LPO Touraine ont fait la triste découverte de trois effraies crucifiées sur une clôture d’un terrain en vente ! La petite commune du Louroux, où ce fait a été observé, serait-elle toujours habitée par des croyances arriérées ? Toujours est-il que ce sont trois chouettes qui ont fait les frais de ce geste odieux. Est-il utile de rappeler que ces espèces sont intégralement protégées et leur destruction est passible de sanctions pénales (9000 euros d’amende et 6 mois d’emprisonnement) ? Cette espèce paie déjà un lourd tribut aux collisions et du fait de la raréfaction des sites de reproduction (obturation des volets des clochers d’église, son habitat de prédilection). »
J’ajouterai aussi, sur cette question de l’habitat naturel des espèces, que, si vous avez la possibilité, à la campagne mais aussi dans tel verger de proche ville, d’empêcher un propriétaire d’abattre tel ou tel de ses arbres fruitiers morts, vous ferez grand plaisir aux chouettes chevêches, qui n’aiment rien tant que les cavités de pommiers morts pour y faire leur nid. Ce que l’article ne précise pas, tant c’est, pour les lecteurs ornithologues ou ornithophiles, évident, c’est que toutes les chouettes se nourrissent de petits rongeurs et sont, à ce titre, fort utiles aux cultures et aux cultivateurs.
Les rapaces ont été, dans leur ensemble, longtemps détestés (et continuent de l’être par les plus ineptes de nos concitoyens, semble-t-il), car on les croyait nuisibles. On sait maintenant que la notion même de biodiversité ne s’accommode pas, de toute manière, de cette dyade nuisible/utile, qui ne prend, comme point de vue, que celui de l’espèce dominante (l’homme). Mais tout de même, si vous devez convaincre quelqu’un qui a peur des chouettes (!) ou des chauve-souris (la famille de mammifères qui est la plus dévoreuse de moustiques et de moucherons, sans qu’il y ait besoin d’asperger les rideaux de produits insecticides cancérigènes), qu’il ne faut pas souhaiter leur extermination, l’argument de l’utilité reste imparable.
17:49 Publié dans Sites et lieux d'Indre-et-Loire | Lien permanent | Commentaires (0)
Multijournal, 14 et 20 décembre 2004
20 décembre 2004
J'ai entamé la lecture de L'Arbre anthropophage de Raharimanana, texte assez surprenant, décousu, nullement dans la veine poétique et éclatée que j'aimais tant chez lui et qui avait commencé, dans Nour, 1947, son roman publié en 2001, à avoir du plomb dans l'aile. Il cherche à faire un travail de redécouverte historique, de mémoire, ou d'archivage, de mise au jour de sources méconnues, tout cela relativement à Madagascar, et je ne suis pas réellement convaincu.
C. a interrompu son Vila-Matas pour Rabaté.
Ma mère fait le tri dans les photographies de son appareil numérique.
Comme A. a passé une bonne partie de la matinée dehors, avec une promenade jusqu'aux chevaux, chèvres et vaches de chez Daillat, il semblait très fatigué ce midi.
Il règne un soleil radieux, après les pluies diluviennes d'hier ("deux centimètres depuis midi" a annoncé ce matin, triomphant, mon père venu relever son pluviomètre), et la douceur de l'air donne à cette journée l'aspect paisible et immémoriel des Noëls landais de l'enfance.
Je m'interroge sur la complexité ternaire de ce journal, en espérant que je saurai maintenir le cap. Il faut surtout que, pour le site NEMO-OMEN, je retrouve de nombreux fichiers sur d'anciennes disquettes ou le vieil ordinateur de bureau. Le soleil radieux donne sur les porte-fenêtres, et j'ai pris, à la faveur d'un ciel clément, plusieurs photos dont quelques autoportraits dans le jardin, qui vont heureusement compléter ma collection.
……………………
14.12.04.
Ma soeur, D., a donc eu trente-quatre ans il y a six jours. Pour ses trente ans, ou plutôt, cinq jours avant son trentième anniversaire, le soir de sa soutenance de thèse, elle n'avait pas voulu venir fêter cela avec nous***. Will the circle be unbroken...
Déjeuné avec C. chez Zafferano, rue de la Grosse Tour. Vu plusieurs étudiants et étudiantes le matin, afin d'élaborer les programmes d'études provisoires.
Simultanément, dans la cuisine de Cagnotte, où j'écris ces lignes, "les effets carminatifs du skaï" (scripsit Eric Laurrent).
……………………
*** 9 décembre 2000 ***
C., alors enceinte de deux mois, et moi avions fait le voyage de Beauvais pour assister à cette soutenance. Mes parents étaient venus, en train je pense, et avaient amené, pour le pot de thèse, des cakes au jambon, des pains à la citrouille et aux dattes, que sais-je encore... tout cela pour avoir D. en larmes avant la soutenance, puis en déliquescence absolue après la fin du pot de thèse. Nous l'avions tous raccompagnée à son studio de Bourg-la-Reine où elle s'était effondrée en disant qu'elle n'avait pas la force de sortir avec nous. Nous nous étions retrouvés, tous les quatre, lamentablement, à la pizzeria située en face de chez elle.
17:05 Publié dans Ecrits intimes anciens | Lien permanent | Commentaires (0)
(Sans avoir lu) Yann Kerninon
Je copie-colle ci-dessous la très brève recension de l’ouvrage de Yann Kerninon, Moyens d’accès au monde. Six tableaux pour trouer le désert, dans le dernier numéro du trimestriel Lettres d’Aquitaine :
« Ce livre est conçu comme un “manuel de survie en milieu désertique”, c’est-à-dire, aujourd’hui. Le ton est celui d’un essai philosophique, mais il flirte souvent avec la poésie, l’autobiographie, la fiction, le pamphlet, le manifeste. L’auteur côtoie Heidegger, Nietzsche, Deleuze, Héraclite, Stirner ou Fourier mais aussi Gilles Châtelet ou Cornélius Castoriadis sans pour autant les nommer. Il fricote avec le Dadaïsme, le Punk, la musique expérimentale ou les Monty Python. »
Plusieurs formules sont à vomir dans cette présentation, qui me donne tout sauf l’envie de lire ce livre : l’emploi des verbes flirter (familier, journalistique, inepte), côtoyer (dénué de sens ici, ou prétentieux (comment prétendre «côtoyer» Héraclite ?)) et fricoter, qui serait acceptable, dans sa familiarité même, s’il faisait l’objet d’une quelconque conceptualisation (le fricotage comme relation affective, sexualisée ou esthétique à un mode culturel ?).
Quoiqu’il soit ici dit de la multiplicité des genres, les huit auteurs cités comme les modèles ou les compagnons de route de Kerninon en disent long sur son prétendu éclectisme : il s’agit, à l’exception de Héraclite peut-être, du panthéon de la bien-pensance gauchiste européenne. Aucune originalité en cela. Ou plutôt : rien de neuf, du ressassé, de l’éternellement remâché.
La seule (maigre) interrogation qui subsiste, et qui pourrait donner au moins la curiosité de vérifier ce qu’il en est, c’est le sens que Kerninon donne à l’expression milieu désertique ; je vois vaguement ce dont il pourrait être question, mais je crains que quelqu’un qui prend la musique punk pour modèle, et qui n’a, pour seules lectures, que les lieux communs les plus rabâchés de la gauche dite alternative, ne soit lui-même un digne représentant de ce que j’appellerais, pour ma part, le dessèchement culturel.
L’ouvrage est publié aux éditions Le Bord de l’eau, sises à Bordeaux.
15:05 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (6)
Alain Lestié : Séquence en noirs
Je n’ai pas vu l’exposition d’Alain Lestié, Séquence en noirs, mais je feuillette ce matin le catalogue (Mollat, 2005), qui ne permet guère de s’en donner une idée précise. Ce sont tous des dessins crayonnés sur papier.
Beaucoup de motifs sont empruntés à Magritte (la porte en bois, la fenêtre avec personnage de dos), mais dans une série entièrement en noirs et gris, avec des allusions aux portulans, une passion pour les spirales. «Hiver», avec son panneau central représentant une sombre forêt d’arbres dépenaillés et majestueux, doit faire un très bel effet. «Alphabet» semble jouer sur une logique de la décomposition assez conventionnelle. «Lever du jour dernier…» est, comme bien d’autres dessins, un triptyque, dont le très large panneau central représente une route en ligne droite, avec des bas-côtés réduits à la plus simple expression ; le panneau gauche représente une montre (une boussole ?), tout en bas, sur un fond noir percé d’un halo gris clair ; sur le panneau droit, de même fond, figure une feuille où est crayonné un portrait en fils.
Le rôle des inscriptions ne saute pas aux yeux, ni à l’intellect : formules savantes pour inviter le spectateur à marquer son adhésion à un projet conceptuel ? dépassement de ce rôle de pure référence pour s’échapper vers la pure jouissance du signe ? autre chose encore ? Difficile de trancher.
Ce qui est tout à fait consternant, comme souvent dans un catalogue d’art contemporain et plus encore quand l’on n’a pas vu, au moins, les œuvres exposées, ce sont les textes. La préface, signée d’une certaine Françoise Garcia, affiche une belle cuistrerie en citant Mallarmé de manière à transformer un alexandrin en vers de treize syllabes, supprimant la rime into the bargain. Aussi, rappelons-le, le distique qui ouvre le premier tercet du sonnet «Mes bouquins refermés sur le nom de Paphos» est comme suit :
Ma faim qui d’aucuns fruits ici ne se régale
Trouve en leur docte manque une saveur égale.
Il y a deux autres articles, l’un de Jean-Didier Vincent, qui n’a pas l’air inintéressant, et l’autre d’un certain Patrick Lacoste, qui semble se gargariser de Lacan, et se repaître d’un certain nombre de poncifs sémiotiques (l’indice) ou cognitifs (la translation) pour “happy few” du milieu artistico-philosophique.
On préfère vitement en revenir aux reproductions des dessins, de belle qualité, et où il y a, à tout le moins, matière à mirer, et à s’interroger, à réfléchir, par-delà les écueils de la doxa lacostienne.
13:05 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (0)