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mercredi, 13 juillet 2005

La Pierre Percée et le Chillou du Feuillet

Etymologie toujours, le Robert en six volumes donne bien au mot "dolmen" son étymologie bretonne (de taol, table et men, pierre (composant qui se retrouve dans "menhir", "armen", "itsrainingmen", etc.)), et fait remonter son usage, en français, à 1805. Il semblerait pourtant que Châteaubriand hésite avec la graphie Dolmin. En outre, le Dictionnaire universel, fort laïc, de Maurice Lachâtre, dont l'édition consultée est de 1881, fait converger (ou confond) sous ce seul terme, à en croire tant la définition que l'illustration, monolithes (menhirs) et mégalithes (dolmens).

J'ai vérifié, car nous avons rendu visite, lundi, à un de chaque catégorie: le menhir de La Pierre Percée, à Draché, au sud du département de l'Indre-et-Loire, et, plus près encore de Descartes, le dolmen du Chillou du Feuillet.

La Pierre Percée est un monolithe d'environ quatre à cinq mètres de hauteur, dont l'orifice, proche du sommet, est un cercle quasi parfait et, nous dit-on, entièrement naturel. Elle se trouve au milieu d'un vaste pré, fort soigneusement entretenu, auquel on accède après une cinquantaine de mètres dans un chemin forestier. L'accès au site n'était pas barré par le 4x4 immatriculé en Allemagne, mais c'était moins une. (Entre autres haines, j'ai la phobie des 4x4.)

Le Chillou du Feuillet est un dolmen nettement plus petit que la Grotte aux Fées, visitée mercredi dernier; on ne peut y accéder qu'en se déhanchant et en rampant. Il ne peut contenir qu'un seul adulte, encore celui-ci en
sort-il plus courbaturé et endolori que jamais! Pour y accéder, il y a tout intérêt à savoir lire parfaitement une carte routière, à s'avancer avec prudence sur le chemin herbeux entre les champs de tournesol. C'est
d'ailleurs au milieu des champs de tournesol que j'ai pris plusieurs vues du dolmen, et sans doute celui-ci gagne-t-il beaucoup à être contemplé dans cette marée jaune merveilleusement étale et tranquille.

Je copie ci-après le texte de la pancarte:
Ce dolmen marque la limite des communes de Balesmes et de Marcé. C'est une sépulture collective construite par les premiers éleveurs agriculteurs de la région pendant le IIIème ou le IVème millénaire av. J.C. (période néolithique). [...] La chambre a malheureusement été vidée anciennement et remblayée. Les cinq supports de grès qui la limitent (dont l'un est déplacé) supportent la table qui recouvrait la sépulture avant sa condamnation. [...] Comme pour beaucoup d'autres dolmens de Touraine, la légende raconte que Gargantua aurait joué au palet avec les "Chilloux du Feuillet".

Moustiques

De mon père, qui se rendait aujourd'hui à l'enterrement d'un cousin germain, en région parisienne, ma mère m'écrit ceci, montrant combien l'été, dans les Landes, se résume souvent, comme en mon enfance, à la traque des moustiques:

G. est parti à 23h30 hier soir, dans un drôle d'état: par exemple, je suis revenue de promenade vers 22h pour trouver une invasion de moustiques dans la maison (les premiers de la saison) car il travaillait porte ouverte et lumière allumée. Quand je lui en ai fait la remarque il m'a répondu que Wanadoo "merdait". A minuit, je passais l'aspirateur au plafond et ai réussi à éviter les piqûres. Il va passer une drôle de journée!

Il rentre jeudi.

De fait, dans les Landes, Wanadoo "merde" assez souvent. Est-ce l'effet des lignes téléphoniques moins adaptées ou, comme je le crois, d'une politique délibérée visant à décourager les quelques clients ayant encore résisté aux sirènes de l'ADSL?

Couillards

Il n'est pas faux, vraiment, de dire que les dictionnaires sont d'inépuisables réservoirs à surprises. On y trouve les plus inattendus des renseignements.

Ainsi, comme mon beau-père me demandait quelle était l'étymologie du substantif "couille", et me trouvant désemparé, j'ai vérifié dans le Robert en six volumes, pour apprendre, par ailleurs et hasard, que l'on appelait, en typographie, le "petit filet que l'on met à la fin d'un chapitre".

J'ai donc vu, dans ma vie, des milliers de couillards!



***


A propos de la confusion couillu/couillard

On peut dire que Pierre Driout est vraiment l'imbécile absolu: comprendre aussi peu, écrire aussi mal, tenter le calembour sans y parvenir, lourdement, comme un petit benêt dans son bac à sable... cela se voit rarement.

Relevailles

J'aurai prochainement matière à écrire de nombreuses notes relatives à plusieurs sites de la Touraine du Sud, mais aussi de la Vienne et de Saintonge. Comme ces explorations topographiques n'auront pas de lien avec le titre du blog et comme elles risquent de semer la confusion, j'hésite entre deux possibilités: faire précéder chaque titre de note d'une mention en majuscules "HORS TOURAINE", ou créer une catégorie sous ce même titre et enregistrer mes notes non ligériennes sous icelle. J'ai, jusqu'à présent, freiné des quatre fers pour ne pas créer de catégories et donc de sous-rubriques dans ce carnet de toile, en préférant le caractère foutraque, mais je laisse, pour une fois, ce dilemme à l'appréciation de mes lecteurs.

Alors, qu'en pensez-vous? Dois-je céder à la tentation des "catégories" ou maintenir le cap du pot-pourri?

mardi, 12 juillet 2005

Enigmatique parc

Que pensez-vous de cette photographie de Tours?

lundi, 11 juillet 2005

En transit

De l'hôtel Central à Chaunay, j'écris prestement cette brève note, afin d'expliquer mon relatif silence, puisque le voyage dont il était question pour samedi se déroule finalement sur ce début de semaine. Je serai bientôt de retour en Touraine sereine.

La chambe n° 1 de l'hôtel Central, à Chaunay, est très vaste, spacieuse, confortable, avec deux lits de 160, une baignoire à la limite du jacuzzi.

C'est l'anniversaire d'A., qui a passé et passe encore une journée exceptionnelle.
On n'a pas tous les jours quatre ans, pom pom pom...

Mon travail : les cours

On l’aura compris en lisant quelques notes publiées au cours du dernier mois, les cours ne représentent qu’une infime partie, hélas, du travail d’enseignant-chercheur. Ce qui ne signifie pas que je bâcle mon travail de professeur, loin de là, mais il est, à certaines périodes de l’année, complètement avalé ou dépassé par les responsabilités administratives, ou encore par l’écriture d’articles et, plus généralement, les activités de recherche. Je présente d’avance mes excuses pour la note qui va suivre, qui, pour les non-initiés, paraîtra certainement obscure, mais, après tout, nombreux sont les étudiants qui n’ont pas d’idée exacte de ce que font leurs professeurs. J’ai envisagé d’écrire cette note, non seulement à la demande de Marione, mais aussi pour ouvrir le champ à toutes les personnes que cela pourrait intéresser. Que les autres passent leur chemin, je le comprends fort bien !

Je suis maître de conférences au Département d’Anglais et dans la filière Langues Etrangères Appliquées de l’Université François-Rabelais depuis septembre 2002. Je vais donc me lancer bientôt, à corps perdu, dans ma quatrième année d’enseignement ici, qui promet d’ailleurs d’être l’une des plus intéressantes ou des moins emblématiques.

Pour donner une meilleure idée de mon enseignement, disons que je suis spécialiste de littérature, plus précisément de textes narratifs des 19ème et 20ème siècles, et, en un sens plus étroit encore, des littératures dites “post-coloniales” (Afrique et Inde principalement). Toutefois, un maître de conférences en littératures anglophones n’enseigne qu’assez peu la littérature.

Cette année, je donnais un cours d’agrégation consacré au roman de Ford Madox Ford, The Good Soldier, un cours de licence consacré à deux romans contemporains, The God of Small Things d’Arundhati Roy et Travelling with Djinns de Jamal Mahjoub, enfin un cours de deuxième année en littérature britannique. Le programme de ce dernier cours était, au premier semestre, la poésie romantique et l’étude d’un roman gothique, The Castle of Otranto de Horace Walpole ; au second semestre, les étudiants devaient travailler à partir d’un corpus de poèmes de l’époque victorienne et du bref roman de Stevenson, The Strange Case of Dr Jekyll and Mr Hyde.

Outre la littérature, je dispensais un cours de traduction-grammaire en première année de L.E.A. et un cours de traduction-lexicologie en troisième année de L.E.A., ainsi qu’un cours de français pour anglicistes de première année, et un cours de traduction juridique LV2 en première année de master juristes-linguistes.

Si j’ai écrit plus haut que l’année prochaine devrait s’avérer plus intéressante, c’est que je garde le cours sur The Good Soldier, mais aussi que, l’œuvre étant désormais inscrite également au programme du Capes, elle représente un volume horaire nettement plus important. Du coup, je ne donnerai que quatre autres cours : les deux cours de L.E.A. déjà mentionnés au paragraphe précédent, un cours d’analyse littéraire en Licence 3ème année, et enfin, en théorie, un cours sur le roman africain francophone, à destination des étudiants du master Linguistique et F.L.E.. Peut-être aussi, si l’un des groupes de T.D. est supprimé (c’est toujours un risque, et l’une des joies de la rentrée, longtemps après la rentrée d’ailleurs, que de se voir subitement supprimer un cours pour cause (prétendûment) d’effectifs insuffisants), enseignerai-je le thème au premier semestre.

A l’occasion de la réattribution du cours de concours consacré à The Good Soldier, j’ai créé, peu avant Touraine Sereine, un carnétoile nettement distinct de celui-ci et dont le lien figure ci-contre, à gauche, parmi les blogs amis. Dans tous les cas, la part de la littérature dans mon enseignement atteindra, pour la première fois, 50% du total de mes cours, d’où ma remarque, plus haut, sur le fait que cette année sera peu emblématique de mon travail. Dès 2006-2007 reprendront les années de vaches maigres.

Je n’ai pas donné d’idée réelle, jusqu’à présent, de ce que signifie le travail de professeur à l’université : outre les cours à préparer, la présence face aux étudiants, et les copies (de moindre conséquence qu’en lycée, ou plutôt, plus concentrées à des moments stratégiques), il y a, bien entendu, de nombreuses heures consacrées à recevoir les étudiants individuellement ou en petits groupes, pour reprendre des points non compris, parler des devoirs ou expliquer la notation, proposer du travail facultatif, ou encore pour donner des renseignements sur les possibilités de départ à l’étranger (entre autres casquettes, je suis responsable des échanges avec nos universités partenaires d’Amérique du nord). On dit souvent que les étudiants tourangeaux sont assez passifs, qu’ils participent peu en cours et demandent peu d’entretiens individuels. C’est vrai, et j’allais écrire, sur le second point, heureusement, car je passe déjà plusieurs heures chaque semaine à cela ; c’est extrêmement agréable, et cela permet de sortir du quasi-anonymat un peu sec des salles de cours, mais cela dévore un temps infini.

A ces différentes fonctions strictement professorales s’ajoute évidemment l’échange de nombreux courriers électroniques, qui ont un rôle assez similaire aux entretiens individuels sus-mentionnés, et, pour faire gagner du temps par rapport à iceux, n’en sont pas moins chronophages.

Toutefois, tout bien pesé, malgré l’attrait évident de la recherche, de la lecture et l’écriture, malgré l’aspect tristement nécessaire du travail administratif, ce qui est le plus passionnant dans le métier, c’est l’enseignement.

En écoute : Blue Point du Trio Roman Pokornỳ (2000, 2HP Productions).

08:40 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (2)

dimanche, 10 juillet 2005

Exposition Chine de Yann Layma (Boulevard Heurteloup)

Avant-hier, nous avons pris le temps, avec Irène et Arbor (anciennement D-el, voir explication ci-avant), de flâner le long du boulevard Heurteloup, avec A., en pleine forme, qui courait en tous sens. Il s’y tient, entre la place Jean-Jaurès et la gare, une exposition de 108 photographies très grand format d’un certain Yann Layma, consacrées à la Chine et prises au fil d’une vingtaine d’années. Il est possible de se faire une petite idée du travail du photographe en consultant son site officiel.

Plusieurs de ces images sont très belles, mais l’ensemble ne m’a pas emballé. Je crains que la raison n’en soit que, si judicieuse soit l’idée de ne pas attendre que le public aille à l’art et, par conséquent, de le lui jeter en pleine face, dans un des lieux les plus passants de Tours, la densité du trafic et de la pollution tant sonore qu’olfactive sur ce paseo tourangeau n’empêche d’apprécier pleinement une exposition qui requiert ou doit instiller, par ailleurs, une grande sérénité. Quel paradoxe de devoir contempler ces grands aplats de couleur, ces vues sobres souvent, ces portraits empreints de plénitude, entre deux allées de poids lourds et de voitures, que les arbres maigrelets ne suffisent pas à abstraire, et même auprès de piétons empressés, affairés, indifférents aux quadrilatères chinois, comme si ces photographies n’étaient pas là, ou parce que ces personnes ont, naturellement, mieux à faire, ou, qui sait, parce qu’elles se sont déjà attardées à regarder les photographies (mais mon naturel pessimiste m’incite à douter de cette dernière hypothèse).

J’aimerais recevoir l’avis sincère des Tourangeaux ou autres hôtes de ces parages, de passage, qui ont vu cette exposition, ou d’autres avant elle sur le boulevard Heurteloup, et savoir si ce lieu se prête réellement à de tels événements, si c’est moi qui ai la berlue, qui suis un grognon impénitent ou un prince au petit pois incapable de se concentrer dans la jungle des villes.

En écoute : « 70073 ½ » (album Le Cercle de Camel Zekri, 2004)

16:00 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (0)

"Le Cercle" de Camel Zekri

Camel Zekri. Le Cercle. Tarbes : La Nuit transfigurée, 2004 (LNT 340122)

Ce n’est pas du « jazz », probablement, et sans doute serait-il préférable de parler de musiques contemporaines improvisées. Je ne suis pas certain d’être très convaincu par ce disque, même si je suis sensible à sa démarche, oui, à la façon de cheminer, péripatétiquement, sur les fils ténus du cercle, en funambule. Plusieurs morceaux «de transition» me paraissent tout à fait superflus. La présence de Daunik Lazro, que j’ai entendu à Tours en février dernier (ou était-ce début mars ?) dans deux formations très différentes, se fait lourdement sentir, tant dans la force et l’énergie qu’il donne, de son souffle même, que par la pesanteur, parfois, de son avant-gardisme à tout crin.

Avant-hier, Irène (anciennement ici V-ue, mais dont je change le pseudonyme tant pour le rendre prononçable aux internautes qu’afin de donner un équivalent sémantique hellénistique à son patronyme breton), qui nous recevait à déjeuner chez elle, a laissé supposer que je n’aimais pas la chanson, car les amateurs de jazz, en général, sont primordialement «branchés» ou «braqués» sur le jazz (my words, not hers). Les nombreuses références à des disques de jazz, depuis l’ouverture de ce blog, ainsi que ma participation à la communauté JAZZ de l’hébergeur, ont dû la guider sur cette fausse piste. Parmi les projets que je caresse, afin de donner à ce carnétoile un tour plus systématique, j’aimerais choisir chaque jour un disque que j’aime sur mes rayonnages et en donner un petit commentaire, afin de donner, éventuellement, l’envie aux internautes de se le procurer, by means foul or fair.

Je ne suis pas sûr d’avoir, jusqu’ici, donné envie à grand monde d’acheter Le Cercle. La musique y mêle rythmes divers (d’inspiration nord-africaine autant qu’avant-gardiste “occidentale”), riffs déments et lancinants de guitare et électroniques, chants mélopées ponctuant de leurs loops les circonvolutions sonores qui les combattent plus qu’elles ne les accompagnent.

Le plus curieux, peut-être, ou le plus furieux, est que les textes d’accompagnement sont, d’un certain point de vue, plus intéressants que la musique proposée, ce qui est gênant, tout de même : à quoi bon se réclamer des incontournables Deleuze et Guattari et circonscrire ainsi, par voie de conséquence, l’écoute ? La référence à Guillevic me gêne moins, car, en premier lieu, c’est un poète, et la rencontre du poète et du musicien est moins artificielle que la relation du compositeur à «la philosophie». De plus, j’aime beaucoup Guillevic, et, l’avouerai-je, c’est la présence du nom sur la quatrième de couverture du disque (c’est un livret, donc j’imagine que l’on peut employer cette terminologie) qui m’a incité à l’achat.

Je ressors de l’écoute de ce disque (troisième écoute, en ce moment même, une semaine après l’achat) sans grande envie de me procurer d’autres enregistrements des musiciens qui forment ce cercle, mais avec le désir de me replonger dans la lecture de Guillevic, ou d’en savoir plus sur cet Ayari Mondher, dont un extrait de l’ouvrage L’écoute des musiques arabes improvisées sert de note introductive, ou surtout sur le traité, qu’il cite, de Safiyyu d-Din ; les extraits de al-Sarafiyyah qui sont ici timidement, parcimonieusement proposés, m’ont rappelé mes chères années d’études, et les nombreuses lectures de textes soufis et d’essais sur le soufisme.

Ce qui me fait penser, pour passer du coq à l’âne et de bouc en brebis, que je n’ai toujours pas écrit, en une note, ce que je fais vraiment dans la vie (ce à la demande de Marione, mais aussi des milliers de “fans” qui se pressent aux grilles de ce blog comme, à minuit, dans les officines spécialisées de la décérébration, les adeptes qui, depuis des semaines, attendent la minute précise de la parution du dernier Harry Potter).

Je m’y attelle, et signale, en conclusion sans queue ni tête, à Jacques, que j’ai délibérément employé deux types de guillemets dans cette note. Si le cercle est vicieux, la boucle est bouclée…

Ou plutôt, non. Il est par trop injuste d’achever cette note sans écrire ici, autant à titre d’aide-mémoire personnel que pour atténuer quelques phrases trop rudes envers ce Cercle, que les trois plages intitulées “Partout dense”, “Ombre inverse” et “7073 1/2” sont remarquables, vraiment belles et stupéfiamment telles, qu’elles méritent à elles seules que l’on reprenne ce disque encore et encore.

Repos dominical?

J’ai délaissé* ce carnet de toile durant deux jours pleins, au profit d’activités professionnelles plus intenses encore, et notamment deux soirées passées fort tard sur mon ordinateur, à élaborer le livret de l’étudiant de 3ème année, c’est-à-dire à mettre en forme des paragraphes, retrouver les descriptifs de cours dans ma boîte de réception et les copier-coller dans le document Word, devenir fou presque à chaque coup en raison des incompatibilités des polices, des feuilles de style, des espacements, sans compter qu’il a fallu inventer une manière pas trop chaotique de présenter les différents choix, tant dans les U.E. propres à la licence classique qu’aux options Civilisation & Communication ou Français Langue Etrangère qu’à l’intérieur des U.E., où, quand le cours magistral est imposé et commun à tous, les travaux dirigés, eux, portent sur des contenus différents, mais sont au choix. Aaaaaaaaaaah casse-tête chinois…

Heureusement que j’avais prévu le coup en publiant d’avance plusieurs notes relatives à la Touraine ou des citations qui me sont chères.

Ou plutôt : ce n’est pas cela que j’avais prévu, puisque je devais être en voyage hier et aujourd’hui, ce qui expliquait la prévision de notes publiées in absentia. Nous avons retardé notre départ, et c’est, du coup, un surcroît de travail qui m’a tenu éloigné de ces bordures ; tout est à recommencer pour la durée du transbordement, demain et après-demain.

……………….

* Par coquille ou faute de frappe, j’avais écrit, de prime abord, déliassé, ce qui, dans le cas de ce carnet sans feuilles, me plaît bien.

Cimetière juif de Marrakech (Elias Canetti)

Les cimetières, dans d’autres parties du monde, sont organisés pour assurer la bonne conscience des vivants. On y trouve beaucoup de vie, des plantes et des oiseaux, de sorte que le visiteur, seul vivant parmi tant de morts, se sent ragaillardi et fortifié. Il lit sur les pierres tombales les noms des gens auxquels il a survécu. Sans qu’il en convienne, cela lui fait un peu imaginer qu’il a vaincu chacun d’eux en combat singulier. Certes, il est attristé par tant de gens qui ne sont plus, mais en compensation, il se sent lui-même invincible. Où, ailleurs, pourrait-il se trouver dans une telle situation ? Sur quel champ de bataille du monde resterait-il l’unique survivant ? Il est là, debout, au milieu de tous les gisants. Cependant, les arbres et les pierres tombales aussi, sont debout. Plantés là ou dressés, ils l’entourent comme un héritage destiné à lui plaire. Mais dans ce cimetière des juifs, il n’y avait rien. C’est la vérité nue, un paysage lunaire de la mort. Au fond du cœur du spectateur, peu importe qui y repose. Il ne se penche pas pour essayer de le découvrir. Ils sont tous là comme des gravats et l’on aimerait filer rapidement comme un chacal. C’est le désert des morts où il ne pousse rien, le dernier, l’ultime désert

(Elias Canetti. Les Voix de Marrakech. (1967).

Traduit de l’allemand par François Ponthier. Paris : Albin Michel, 1980, pp. 64-5)

samedi, 09 juillet 2005

Purple Hibiscus, pp. 257-8

Everything came tumbling down after Palm Sunday. Howling winds came with an angry rain, uprooting frangipani trees in the front yard. They lay on the lawn, their pink and white flowers grazing the grass, their roots waving lumpy soil in the air. The satellite dish on top of the garage came crashing down and lounged on the driveway like a visiting alien spaceship. The door of my wardrobe dislodged completely. Sisi broke a full set of Mama’s china.

Even the silence that descended on the house was sudden, as though the old silence had broken and left us with the sharp pieces. When Mama asked Sisi to wipe the floor of the living room, to make sure no dangerous pieces of figurines were left lying somewhere, she did not lower her voice to a whisper. She did not hide the tiny smile that drew lines at the edge of her mouth. She did not sneak Jaja’s food to his room, wrapped in cloth so it would appear that she had simply brought his laundry in. She took him his food on a white tray, with a matching plate.

There was something hanging over all of us. Sometimes I wanted it all to be a dream – the missal flung at the étagère, the shattered figurines, the brittle air. It was too new, too foreign, and I did not know what to be or how to be. I walked to the bathroom and kitchen and dining room on tiptoe.

(C.N. Adichie. Purple Hibiscus (2004). Harper Perennial: 2005, pp. 257-8)

Non, ça n'a pas...

Non ça n’a pas été facile
Avec ce monde surpeuplé
Avec, de déments, cet asile,
Et vos millions de s’il vous plaît
Non ça n’a pas été facile

Un peu d’amour et de ferraille
La charité, les vifs regrets,
Dans la peau de fer qui cisaille
Tout près de vous éviscérer
Un peu d’amour et de ferraille

Les oiseaux regagnent leur nid
Et j’ai toujours perdu ma peine
Mon squelette assez dégarni
Mon crâne qui se désempenne
Mes livres du papier jauni

L’oisillon tombe de son nid

Microcosme, v. 997-1000

Parquoi Adam, voyant des hauts monts jà descendre
Les ombres sur la plaine, et tout autour s’étendre,
Fossoie un creux en terre, auquel ce corps transi
Il couche, et l’enterrant, son cœur enterre aussi.

(Maurice Scève. Microcosme (1562), les quatre derniers vers du Livre Premier. In Œuvres poétiques complètes, tome 2, U.G.E., 1971.)

vendredi, 08 juillet 2005

Monde où... *

monde où s’emmurent des principes
où vivent en mort des démons
où sans mer les déserts prospèrent
réglés sous la coupe du père

monde où se meuvent des syllabes
où labiles meurent les fées
où bâillent les infortunés
dans leur prison au jeu de barres

est-ce un farouche effleurement
où atteindre le firmament
régulièrement de sa plume

et où espère avide le
monde où s’emmêlent les pinceaux
les peintres de leur propre aveu


* Sonnet écrit le 2 juillet 2005, au centre de l’année, en écoutant «Radiance, Part I» de Keith Jarrett.

Le chiffre de VS

J’ai photographié, dans l’église Saint-Vincent de Neuvy-le-Roi, le chiffre ou blason de Saint-Vincent, un V et un S d’or entrecroisés sur fond bleu roi, et je compte envoyer cette image à VS, dite aussi Madame de Véhesse, qui contribue avec une belle régularité au forum de la Société des Lecteurs de Renaud Camus, et est d’ailleurs la dédicataire du dernier ouvrage de Renaud Camus, Outrepas.

Cette dame insigne, que je n’ai jamais rencontrée, m’a d’ailleurs fait présent, pour mon anniversaire, en novembre dernier, d’une réédition du récit de voyage de lieutenant Binger. Récemment, j’ai reçu d’elle une carte arborant moustache, que l’on peut, en la plaçant idoinement devant son visage, employer à se représenter en moustachu, ce que je n’ai pas manqué de faire.

Ainsi, entre la moustache si typiquement camusienne reçue d’elle, et le fragment d’héraldique que je m’apprête à lui envoyer, la boucle sera momentanément bouclée.

…………

En écoute : « In a sense » par le Trio Tony Hymas (album Hope Street, MN). Un des plus beaux albums de jazz, en formation piano-contrebasse-batterie, de ces dernières années.

Château de Montifray

Je n’imaginais pas, en écrivant, l’autre jour, le nom de ce château, pure supputation née de la lecture attentive de la carte routière, que je m’avancerais, quatre jours plus tard, avec la Clio, sur le chemin caillouteux, qui part, à droite, de la D 402, juste après le joli lieu-dit L’Encloître, et que je pourrais contempler tout mon saoul ce château qui mériterait une mention plus louangeuse sur cartes et ès guides.

Il est habité par des particuliers, et, sur trois niveaux, dont un plus mansardé, semble offrir de vastes pièces. La pierre est entre gris et rouge, effet bigarré, et certaines parties n’ont pas l’air d’être impeccablement entretenues.

Si j’ai dû m’avancer sur le chemin, c’est que la muraille et la haute haie qui séparent le château de la route départementale le dérobent aux regards. Je n’ai pas eu de trop forts scrupules, pourtant, car ce chemin dessert deux autres propriétés, et il permet de faire demi-tour sans s’être trop approché de Montifray lui-même.

Il resterait à s’informer de l’origine du nom du château, de son histoire, de ses bâtisseurs.

Au moins, l’avoir vu a préservé la virée du mercredi après-midi de la pénurie castellane, puisque La Roche Racan, pourtant annoncé et dûment fléché, est, lui, tout à fait invisible de la route, du moins en ces temps d’abondants feuillages.

Abbaye de la Clarté-Dieu

L’ancienne abbaye est en ruines, mais ce sont des ruines respectables. Un porche d’accès, un site vallonné en verdure, et, sur la droite, de nombreuses dépendances, granges ou réserves. Sur la gauche, plus au loin (et l’on n’ose s’approcher, car un panonceau « Propriété privée » interdit théoriquement l’accès au site), la grande église abbatiale avec les bâtiments conventuels, et, plus intrigant, un corps de logis carré, comme un château Renaissance ou début XVIIème, curieux, dont on s’imagine qu’il doit être encore en état, et que l’on pourrait, dans ces parages, rouler des jours paisibles et retirés.

jeudi, 07 juillet 2005

Gisants de Bueil

Bueil-en-Touraine, joli village qui semble s’être arrêté de vivre ou, à tout le moins, de frétiller, vers les années soixante, n’a, au moins, aucun des désagréments de ces communes rurales, qui, pour être paumées, n’en sont pas moins agrémentées de divers panneaux publicitaires, ronds-points hideux, qui n’ont, en bref, que les inconvénients de la civilisation sans en avoir les avantages.

La collégiale est un ensemble assez colossal, qui, sans déparer, se trouve en léger porte-à-faux avec les dimensions actuelles du village. Le plus remarquable, ce sont les quatre gisants de la famille des Bueil, que toutes les sources font remonter au XVIème siècle, mais dont j’ai lu sur un site Web qu’ils avaient été « reconstitués ». Sont-ce des copies, ce qui, après tout, ne serait pas si surprenant étant donné leur exceptionnel état de conservation ? Ou ont-ils été restaurés ? Dans tous les cas, ils méritent, à eux seuls, le détour.

Il y a aussi, dans la collégiale, plusieurs statues admirables, une fresque peinte, un dessus de fonts baptismaux en bois sculpté, très beau.

…………………….

En écoute : « Beau bateau » (Dick Annegarn, Plouc, 2005)

……………………

Les mots ont une orthographe : « grez »

Suite à notre visite du château de Champchevrier, il y a une dizaine de jours, le châtelain m’a rappelé, n’ayant pas trouvé mon adresse électronique, pour me donner la définition et l’orthographe du terme technique qu’il avait employé pour parler des défenses supérieures des sangliers, et qu’il empruntait au Traité de vénerie générale de Robert de Salnove, dont la première édition remonte à 1655.

Tout cela sur répondeur, car j’étais absent. Je lui sais gré de m’avoir appris et confirmé ce mot, que j’avais orthographié « graies », me semble-t-il, dans la note relative à notre visite.

Je donne, en suivant, la description, trouvée sur la Toile, d’un exemplaire original de l’ouvrage cité :
SALNOVE (Robert de). La Vénerie royale divisée en IV parties ; qui contiennent les chasses du cerf, du lievre, du chevreüil, du sanglier, du loup, & du renard. Avec le denombrement des forests & grands buissons de France . Paris, Antoine de Sommaville, 1665. 4 parties en un volume petit in-4°, veau, double filet doré encadrant les plats, armoiries au centre, pièce d?armes aux angles, dos à nerfs orné du même motif (reliure de l’époque)

Dolmen de la Grotte-aux-Fées

Si l’on excepte un étron (humain) qui embaumait copieusement la première des deux « chambres », le dolmen de la Grotte-aux-Fées, près Mettray mais sur la commune de Saint-Antoine du Rocher, mérite la visite, d’autant qu’il est à espérer qu’il ne sert pas habituellement de lieu d’aisance.

Entre deux et trois heures de l’après-midi, mercredi, il n’y avait pas un chat à la ronde, quoique la commune ait fait aménager un petit parking à proximité ; je tiens d’ailleurs à saluer le fait que ni le parking ni le chemin ne sont goudronnés, et qu’il n’y a aucune poubelle de métal vert ou autre défiguration du paysage. Pour une fois, la commune, soucieuse certainement d’économie, a fait le choix de la sobriété et de la mise en valeur in absentia du site.

Le dolmen lui-même est assez impressionnant. J’ai lu qu’il s’agissait là du plus grand édifice monolithique préhistorique de Touraine, ce que confirme la taille extrêmement modeste, par contraste, du menhir de La Haute Barde, vu plus tard de la D 766.

Je me suis hissé sur le haut, le toit du dolmen, en gravissant l’une des pierres qui sert de paroi, et y ai hissé ensuite A., qui était ravi de se retrouver à l’abri des feuillages, au plus près de l’aspérité des roches mais aussi de l’horizon fuyant.

Parisnoïa

Ah, tout de même une bonne nouvelle: j'apprends que Paris n'a pas été choisie pour organiser les Jeux Olympiques. Nous échapperons donc à l'hystérie et au gouffre financier. Quand on voit ce que sont devenus les J.O., Pierre de Coubertin doit être content que le mistigri revienne aux Londoniens.

Tombeau de P.M. (sonnet)

---Peiné de cette figure austère,
Il s’accroche aux cordes de sa lyre.
Etonné de n’être cette pierre,
Roulant, fier, des cocards sans collyre,
---Rêve-t-il à ces sons qui le font
Entrer dans l’âge des colophons ?
---Même ne restant sourd aux prières,
Il s’accroche aux cordes de sa voix.
---Comme il, en ces temps de désarroi,
Hâle son front couleur de bruyère,
Etonné de n’être ce pavois,
Lui, de naître aux sursauts vifs du lierre
Où, l’arbre arraché, fier il s’empierre,
Terrible, métamorphosé, froid.

mercredi, 06 juillet 2005

In memoriam Pierre Michelot

J’apprends aujourd’hui le décès, dimanche dernier, de Pierre Michelot, monument du jazz français, contrebassiste remarquable, qui a accompagné les plus grands (Monk, Miles Davis, ‘Dizzy’ Gillespie aussi), et que nous avions entendu, en 2000, à Marciac, fort fatigué déjà, mais au mieux de ses cordes, avec René Urtreger et Daniel Humair, au sein de leur légendaire trio HUM.

Je n’ai pas de disque du trio, ni de Michelot en leader, mais je chercherai si je n’ai pas, dans ma discothèque, certaines plages où il figure.

En guise d’hommage, son nom se prête à un sonnet-acrostiche (inversé), que je publierai plus tard.

Esprit sportif

Une élue municipale de Chartres, nous apprenait un billet de Bruno Besson dans la Nouvelle République du 5 juillet, a été prise en flagrant délit d’incivilité, car elle rayait régulièrement, avec une clef, les voitures d’élus du bord opposé. L’auteur du billet insiste, à juste titre, sur le caractère scandaleux d’un comportement aussi incivil de la part d’une élue, membre, de surcroît, de l’Education nationale.

Mais ce qu’il ne souligne pas, c’est que cette dame est professeur d’éducation physique. A de très rares exceptions près, tous les «profs de sport» que j’ai connus, élève, étaient de braves abrutis ou de prétentieux pédagogues. Depuis qu’ils sont devenus les rois des collèges et lycées, où ils font la loi, plus ou moins, et décident que tel cours sera supprimé, tel devoir rendu facultatif pour cause de match de rugby, de volley, ou de je ne sais quelle autre dérisoire activité qui ne devrait pas avoir sa place dans un établissement scolaire, c’est peu dire que la qualité de l’enseignement ne s’est pas améliorée.

Au début des années 1990, les ballons sont devenus, en jargon IUFM, des référentiels bondissants. Socrate, puis Montaigne, réclamaient, à grands cris, que l’enseignement fasse un peu de place à la culture des corps. Quand ce sont les plus imbéciles et les plus décérébrés des incultes en survêt qui donnent le ton, comme c’est devenu le cas maintenant, on peut se prendre à regretter l’époque de la scolastique poussiéreuse.

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Abbayes de Touraine

J’apprécie assez de me voir réclamer des notes sur tel ou tel point de topographie ou d’histoire, mais il va de soi que la Touraine ici racontée ou décrite, écrite en quelque sorte, l’est au gré de mes rencontres, de mes excursions, etc. Je ne prétends pas à la publication d’un guide, d’autant que les nombreuses notes hors-sujet montrent ma faiblesse sur ce point.

(Le sens de «hors-sujet» se rapproche de la conceptualisation de ce terme par Pierre Bayard dans son magnifique livre Le Hors-sujet. Proust et la digression..)

Toutefois, je suis sensible à cette demande, d’autant que j’ai peu d’espoir de convaincre Livy de traquer les épitrochasmes si je m’en tiens à ma promesse d’un exemplaire unique et dédicacé de morceaux choisis de ce weblog… (Mais on peut imaginer d’autres récompenses, plus adaptées au vainqueur.)

Les principales abbayes de Touraine sont celles de Beaulieu-lès-Loches, Bourgueil, Cormery, Fontevraud, Gâtines, La Clarté-Dieu, Marmoutier, Preuilly, Seuilly, de Turpenay et de Bois-Aubry. De ces onze, je n’en connais encore que trois : Fontevraud, que je visitai en 1994 ; Cormery, que nous avons visitée en 2004 ; enfin, Marmoutier, beau corps situé près du quartier Sainte-Radegonde à Tours, est désormais transformée en lycée privé et ne se visite que lors des Journées du patrimoine.

Il faudrait, à cette liste, ajouter les prieurés, une dizaine dirais-je, dont celui de Saint-Cosme est bien connu de moi, puisque je l’ai visité trois fois déjà, en 1994 et, depuis, à l’automne 2003, avec des amis (déjà mentionnés mais je crains de m’embrouiller dans les initiales astérisquées), et au printemps 2004, avec A***.