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mardi, 19 juillet 2005

En aveugle, Montréal Diary

18 juillet, 19 heures.

Comme des artistes divers se succèdent sur le lecteur multi-disques, je me demandais depuis quelques minutes qui était ce trompettiste dont je n’aimais guère le jeu, puis j’essayais de deviner ce qui, dans ces fioritures un brin je-m’en-foutistes, m’agaçait vraiment, et naturellement je m’exerçais en vain à l’exercice du “blindfold test”, me raccrochant alors de plus en plus au jeu du pianiste qui accompagne le trompettiste, et cela merveilleusement, avec un doigté, un sens aérien de la féerie pianistique, et me prenant à déplacer ce test en aveugle sur le jeu du pianiste, certain d’avoir un disque d’icelui.

Finalement, n’y tenant plus, au cinquième morceau, grandement admiratif du pianiste, ayant pris mon parti de ce duo (à mes oreilles) dissonant ou duplice, je me lève, je saisis le boîtier du disque placé en treizième position du lecteur, et découvre qu’il s’agit d’un duo Enrico Rava – Stefano Bollani. J’ai bel et bien un disque en leader du second, que j’adore, et déjà éprouvé de fortes réticences sur d’autres opus du premier, qui, décidément, me semble poseur, faussement nostalgique, toujours un peu à côté.

En écoute : « Le solite cose » (Rava/Bollani. Montréal Diary/B, Label bleu LBLC 6645, 2001).

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19 juillet, 9 heures

Deuxième écoute de Montréal Diary/B, plus convaincante. Les compositions, toutes de Rava, sont très convenables ; la première même, “Theme for Jessica”, est très émouvante, et d’une complexité chaloupée.

Je n’aime guère “Amore baciami” : faut-il y voir un lien avec l’omniprésence du trompettiste, dès lors que le pianiste est relégué à l’arrière-plan sonore ?

Sur “Bandoleros”, le dialogue fonctionne à merveille. Exacerbation des aigus du piano, faux enjouement de la trompette par menues syncopes, flourishfinal comme un chant de folie à la lune. Nul meilleur moyen de clore un disque, une écoute, aveugle ou non.

lundi, 18 juillet 2005

NY-1 : Martial Solal

Le titre complet de cet album paru en 2003 sur le label Blue Note est NY-1 : Martial Solal Live at the Village Vanguard. C’est donc le énième de ces albums enregistrés dans le mythique club new yorkais, sur trois soirées de septembre 2001, dix jours après les attentats, comme ne peut s’empêcher de le faire remarquer l’auteur des notes de pochette (et comme je m’empresse de lui emboîter le pas !).

Pour ne pas aller par quatre chemins, Martial Solal est l’un des meilleurs pianistes de jazz français, et sans doute de l’époque, de la planète. Il a un sens de la mélodie et du rythme, mais aussi de l’harmonie lors de ses improvisations avec partenaires, qui ne court tout de même pas les rues, à ce degré. C’est, de surcroît, un compositeur que j’aime beaucoup, ce qui ne gâte rien.

Dans cet album, accompagné de François Moutin à la contrebasse et de Bill Stewart à la batterie, il alterne compositions personnelles (ou co-signées avec Claudia Solal, sa femme ?) et standards, dont Body and Soul, dont il donne une lecture, ou plutôt, pour parler sans métaphore, une écoute à la fois profondément originale et terriblement harmonieuse, fluide, douce aux oreilles. Il montre ainsi qu’il n’est pas besoin de démanteler un standard ni d’en disséminer les lignes mélodiques pour marquer l’histoire de ses interprétations. Cela ne signifie pas que je n’aime pas les versions disjointes ou les réécritures déconstructionnistes de tel ou tel standard ; il en est d’admirables ; mais il est aussi d’autres voies.

Je ne suis pas certain que ses deux comparses soient tout à fait à la hauteur de Solal ; ils ne lui font pas honte, et lui permettent de donner pleine mesure à ses touchés, d’élaborer de passionnantes expérimentations ; ils sont loin de lui tenir la dragée haute, voilà tout. Mais fort heureusement, le trio ne doit pas être un lieu d’émulation ou de bataille.

Mon morceau préféré est peut-être (après deux écoutes) la composition de Claudia Solal, Suspect Rhythm, qui figure en troisième position sur le disque.

Multijournal, 15 et 19 décembre 2004

19 décembre 2004.
A. n'a pas mal dormi, malgré une chambre trop chauffée, ma mère ayant branché le radiateur à bain d'huile par crainte d’un refroidissement de la chaudière en milieu de nuit. Crise de fièvre vers onze heures du soir, mais sinon pas d'interruption. Ce matin, c'était Noël (anticipé, comme nous n'allons rester que deux jours et demi à Cagnotte). Il a été gâté, avec un petit camion de pompiers (avec échelle), une moto, une voiture ancienne (genre modèle de Traction Avant), un zoo avec des peluches d'animaux sauvages et des livres, un kit de pâte à modeler, un livre avec des autocollants, Camille la chenille, un marché Playmobil, une mug Père Noël...

Ici figurera prochainement la liste des cadeaux des uns et des autres. A. a l'air encore fiévreux. Nous ne pouvons pas nous plaindre, il n'a rien eu de l'automne. Le dernier accès, en fait, a été en mai***, lors de ce qui fut peut-être une varicelle (très peu prononcée).

J'écoute le premier des neuf disques du coffret Albert Ayler, offert par mes parents. C. m'a offert le dernier livre de Raharimanana, mais aussi une chemise et un pyjama assorti à celui qu'elle a par ailleurs acheté à A. C'est malin! Moi qui ne mets plus de pyjama depuis des lustres. (Des lustres, littéralement: au moins deux.) C., elle, a eu, de ma part, une broche et une bande dessinée, et, de la part de mes parents, Maus d'Art Spiegelman, le DVD de Lost Highway, & la nouvelle traduction de The Years de Virginia Woolf.

Visite, entre onze et quatre heures, de mes grands-parents maternels, venus de Saint-Pierre-du-Mont, et qui n'ont pas l'air d'aller mal.

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15.12.04.
En ce mercredi, il y a quatre jours, j'ai pris quelques photographies, quelques images. Comme tous les mercredi, j'ai gardé A. le matin, tandis que C. était au lycée, où elle aligne cinq heures de cours avant l'heure du déjeuner. Le soir, E°°° venait dîner et dormir à la maison. Il m'a raconté toute l'histoire du colloque Flannery O' Connor.

Simultanément, C. et A. ont toutes les peines du monde à trouver les poules parmi les autocollants du livre Le repas des animaux.

Ce colloque, en fait une journée d'études, a été annoncé au seul nom d'A.-L., qui s'est, de surcroît, fendue d'un copié-collé tout à fait fautif à partir d'un site internet (dont j'ai découvert depuis, jeudi, qu'il était finlandais) : du coup, la notice biographique de Flannery O' Connor est truffée de fautes, ce qui, placardé en tous lieux, fait mauvais effet.

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*** Mai 2004: vers la fin du mois... ***
La directrice de la crèche du Hallebardier, que fréquentait alors A., nous avait assurés, appuyée par le témoignage de deux assistantes-puéricultrices, que les très rares boutons qu'A. avait eus sur le corps à l'occasion d'une poussée de fièvre, de reste demeurée sans explication, étaient typiques de la varicelle. Décrits à des proches ou, peu après, à un pédiatre, ces mêmes boutons semblaient plus douteux...

Dax, la ville de rien

La pluie fine qui s’épanche sur Dax, hélas ne dura pas. Le vent aura vite séché ces quelques larmes, et assoiffé les prés, les champs, les bocages. Il est toujours curieux de constater, à chacun de mes retours dans ma ville natale, non seulement les changements de structure, les nouveaux bâtiments, les modifications du plan de circulation, les brusqueries de l’urbanisme, mais aussi, sur le chemin vicinal qui conduit de Cagnotte à Dax, en passant entre fermes et bois, telle maison en construction, tel carrefour dûment « rectifié »… pour le dire en paraphrasant, la forme d’une campagne aussi change plus vite que le cœur du mortel.

Entre autres motifs de tristesse, la librairie Campus, qui, sans être un haut lieu de culture, s’efforçait d’être le dernier endroit où pouvaient s’exhiber, s’afficher, se lire et se vendre des textes véritablement littéraires, a connu une refonte totale de ses rayonnages et même de son organisation, depuis notre dernier passage en février (où j’avais acheté Autoportrait en vert, le remarquable dernier opus de Marie Ndiaye), au point que ne s’offrent plus aux regards que les guides touristiques, les ouvrages d’ésotérisme, et les “bouquins dont on parle à la télé” (Souad, Pierre Perret, Frédéric Mitterrand et l’effroyable Marc Lévy). Il reste bien, pour qui cherche assidûment, un rayonnage d’où j’ai extirpé l’un des derniers textes parus de Dominique Fourcade, mais aussi le dernier roman d’Alain Mabanckou… mais je les ai reposés, car je refuse de cautionner ce genre d’entreprise de saccage volontaire. A mon côté jusqu’au-boutiste se substituera peut-être un état d’esprit plus positif demain, dans le genre « au contraire, il faut les encourager et leur montrer qu’il reste une “clientèle” pour Fourcade et Mabanckou ». Pour aujourd’hui, pas d’affaire. Nihil obstat. No pasaran.

J’avais sans doute eu l’esprit échauffé de voir, juste auparavant, ce à quoi les travaux de mise en valeur de l’Atrium Casino avaient fini par aboutir, à savoir : une couleur indéfinissable ; un centre culturel Leclerc vide de tout effort vers, ou de prétention à la culture (une horreur, puisqu’il faut parler net) ; une brasserie que l’on devine, à lire les menus, pour curistes ou touristes en tongs…

En bref, une promenade agréable dans les rues piétonnières de ma ville natale, avec quelques moments de doute ou de douleur, mais enfin, ce qui m’a frappé le plus, c’est le vide, le désert entre deux et quatre. D’ordinaire, les jours de petite pluie ou de fort vent, tout ce que la côte landaise compte de plaisanciers ou plagistes se retrouve à hanter et arpenter les rues de Dax. Ainsi allaient mes souvenirs des années 1980, et de, plus récemment, tous les étés passés en partie dans ces parages.

Ah si, ultime note sucrée, ne passez jamais à Dax sans acheter ne serait-ce qu’un palmier ou une suissesse (ou tout autre friandise) à La Tourtière, connue surtout et à juste titre pour ses remarquables « tourtières » (spécialité gasconne sans aucun équivalent ailleurs, quoique l’homonymie puisse vous laisser penser) mais où se cuit un attirail de pâtisseries fort bon marché et fort bonnes…

Festival de Marseille

La merveilleuse Livy me prie d'annoncer la tenue prochaine d'un festival jazz à Marseille.

Tous renseignements sur le site officiel.

Rue Ronsard : La Héraudière

L’une des très belles propriétés de la rue Ronsard, à Tours, se nomme La Héraudière, et se trouve au n° 60. Le portail souvent entr’ouvert sur ce jardin sans apprêts et cette bâtisse fin XIXe pas nécessairement très bien entretenue, m’a fait, d’emblée, penser au roman de Robert Pinget, Quelqu’un, ou encore à la demeure de M. Songe dans les carnets publiés par Pinget dans les années 1980 (mon préféré restant, de loin, Le Harnais).

Quel ne fut pas mon étonnement, lors de l’une de mes toutes premières pérégrinations dans le quartier, à notre arrivée en août 2003, de découvrir une rue Robert-Pinget, qui, certes, n’honore pas tellement le grand écrivain, puisqu’elle relie pauvrement une fin de quartier de résidentiel à un début de zone d’activités, mais qui rappelle au moins aux amateurs de ce merveilleux parleur et parfait moraliste qu’il s’installa, un temps, en Touraine, où il construisit une tour, près d’une propriété rachetée.

Pour en revenir à La Héraudière, il n’y a pas de n° 62 rue Ronsard, pour rendre compte, qui sait, de la vastitude de cette demeure et de son parc, dont l’immense figuier laisse, au printemps, déborder ses feuilles jusqu’au ras de l’étroit trottoir. Les larges fenêtres, ouvertes sur le sud, doivent permettre d’admirer le parc plutôt nu, un peu comme dans Quelqu’un, pour la scène du bifteck.

Il y a aussi, rue Ronsard, Les Petits Ciseaux, au n° 29, propriété plus grande, ce me semble, que les Grands Ciseaux, au n° 47. Perpendiculairement à la longue rue Ronsard, aussi, partent les rues Agrippa d’Aubigné, Guillaume-Apollinaire et François-Villon.

Le point après 42 jours

Je navigue un peu sur la Toile. J'ai enfin dormi convenablement ces deux dernières nuits. J'écris peu. J'écoute quelques disques. Je suis censé travailler encore et encore, mais le ressort est cassé. Cela fit trop.

Hier, c'était l'anniversaire de mon grand-père maternel, quatre-vingts ans qu'il ne porte pas mal.

Je m'aperçois que mon carnet de toile n'est pas le seul à s'étioler en ces temps estivaux: où sont Simon ou Jacques, par exemple... et surtout, où sont leurs lecteurs? Ont délaissé la place, ou sont modérés par l'absence de l'auteur?

Je dis que je ne travaille plus, ce qui semble normal si l'on s'en tient au sens habituel de "vacances". Pourtant, je réponds encore à une demi-douzaine d'e-mails professionnels chaque jour.

dimanche, 17 juillet 2005

Sculptures romanes de Ferrière-Airoux (Vienne)

Feuilles de vigne, coquilles Saint-Jacques, figures masculines entrecroisées autour du linteau, tête de serpent marin, figures cheveux au vent soutenant les piliers… toutes plutôt abîmées, sur la petite église sans grand relief de cette minuscule commune désertique traversée par la départementale, sur les quatre heures de l’après-midi, et où, derrière le muret de pierres prolongé par une porte de bois, se laissait voir l’ancien presbytère, devenu la demeure de quelque notable (ou pas), face au Bar-Restaurant de la Place, fraîchement crépi et aux volets nouvellement vernis.

Multijournal, 16 et 18 décembre 2004

18 décembre 2004.
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Voyage de Tours à Saintes, chez mes grands-parents paternels, où nous avons déjeuné et passé quelques heures avant de reprendre la route, en direction de Cagnotte, où vivent mes parents. Peu de camions et temps convenable sur la première partie du trajet, entre Tours et la rue du Roussillon. Ma grand-mère, nonagénaire et opérée d'un cancer il y a deux mois, a l'air assez secouée, ou plutôt, perdue, dans la lune, avouant d'ailleurs qu'elle n'a pas vraiment ré-atterri. Beaucoup de poids lourds et de pluie entre Saintes et Cagnotte, avec un caprice d'A., habituellement sage en voiture pourtant, mais qui s'était braqué à vouloir jouer avec un Polystyrène.
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Le soir, content de voir mes parents mais fatigué, puis capricieux, bouillant, fiévreux. Scène au moment du pyjama, sinon il a très bien accepté le grand lit avec les draps pleins de dessins.
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Sur la route (lisant le livre des animaux de la ferme qu'il avait eu à Saintes): "La grange n'a pas besoin de crinière, car elle n'est pas un animal." Ou: "Le cochon n'a pas besoin de crinière." Ou: "Autrefois les vaches vivaient dans des clapiers, mais maintenant elles préfèrent les étables."

16.12.04.
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Réunion du conseil L.E.A.
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L'ultime cours sur les voix postcoloniales contemporaines, avec les étudiants de licence: un exposé correct, et l'autre plus douteux, par défaut de méthodologie surtout (le texte, extrait de The God of Small Things, était difficile).
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Déjeuner fort bref avec E°°°, qui avait passé la nuit chez nous et qui ne décolère pas contre Iain, le directeur du centre de recherches, qui se comporte comme le pire des chefaillons de république bananière, et essaie de surcroît de faire passer un texte directement copié sur Internet (sans aucune correction et, du coup, dans un anglais très fautif) pour un bon argumentaire en vue de la journée d'études Flannery O' Connor qu'Eric organise en janvier. Trois grandes affiches, avec le texte en question, ont été déposées dans le casier d'E°°°, qui les a immédiatement jetées dans la corbeille à papier de son bureau.
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L'ultime cours de traduction langue 2 pour les étudiantes du master juristes-linguistes. Comme je leur rendais leurs devoirs, l'une, très vexée d'avoir obtenu la note la plus basse, a soutenu que personne ne lui avait jamais reproché son écriture illisible. J'aurais dû faire des clichés de sa copie (de sa graphie) pour illustrer ce journal en ligne.

samedi, 16 juillet 2005

Dehors, 2

Un remords me saisit, car je sais ne pas avoir très consciencieusement « recensé » le roman d’Eric Laurrent. Plutôt, j’ai noirci le trait, insisté sur ce qui m’agaçait. Il faut toutefois avouer que les descriptions sont souvent séduisantes, et qu’il émane d’elles une forme de picturalité objective, certes ludique, mais qui ne peut manquer d’évoquer certaines toiles, comme, dans l’extrait ci-dessous, des cieux turneriens :

« Quelques minutes plus tard, dès la sortie de Clermont-Ferrand, l’incandescence du crépuscule était à ce point prononcée, mélange très dense de sulfure de cadmium et d’oxyde de fer, qu’elle semblait tirée d’un effet de matière autant que de lumière, le soleil ayant pris l’apparence d’un vitellus orangé dont la membrane crevée eût laissé échapper autour d’elle, entre les phlyctènes pâteuses de quelques cumulus gris de Payne, un liquide homogène et visqueux qui se fût coagulé en larges plissures horizontales. » (Eric Laurrent. Dehors. Paris : Minuit, 2000, pp. 111-2)

Il y a aussi, pour faire justice au texte, de nombreuses références à des œuvres musicales, qui peuvent sembler contraintes, mais qui sont très convaincantes, si le lecteur les a en tête au moment de la lecture. Ainsi, de telle référence à Waterwheel de Hamza El Din (que je sais être, même si Eric Laurrent n’en dit rien, la version enregistrée par le Kronos Quartet) au cours d’une scène de fellation dans un taxi (oui, j’ai bien précisé auparavant que c’était très branché cul), on peut constater la grande pertinence.

Saint-Mandé sur Brédoire (Charente-Maritime)

Connaissez-vous le violon géant de Saint-Mandé sur Brédoire ? Sous la halle fraîchement restaurée, contre le mur de pierre, un violon de sept mètres sur trois, qui fut, dans les années 1930, un char lors de fêtes patronales, s’offre à l’étonnement des promeneurs, lesquels s’étaient tout d’abord arrêtés en ce bourg pour y admirer les sculptures de l’église romane.

Ces figures sculptées, justement, en fort bon état, sont distribuées le long de trois arcatures au-dessus du porche. Un monstre finement strié prend, dans sa gueule, le bras d’un petit homme gnomique. Un autre, à la crête hérissée de piquants, dévore la tête d’un être informe et penché. Une sirène serpentine joue de la harpe avec sa queue. Sur un chapiteau, un barbon vénérable écarquille les yeux. Oiseaux et orvets se succèdent. Y aurait-il un griffon ?

La place centrale s’appelle place Marcel-Fajoux.

Dehors, d'Eric Laurrent

Lu, en un jour et demi, à mes moments perdus, ce petit roman pas désagréable mais qui n’a vraiment rien de transcendant ni de bouleversant. J’avais déjà lu, vers 2002, le premier roman de l’auteur, Coup de foudre, qui m’avait déjà paru fort léger, et exagérément contourné et précieux.

Celui-ci, Dehors, s’avère avoir outré encore les traits qui faisaient en partie le charme de la lecture, mais surtout provoquaient l’irritation du lecteur (enfin, la mienne, en l’occurrence) : débauche d’imparfaits du subjonctif, syntaxe délibérément labyrinthique, emploi abusif de substantifs et de verbes si inusités qu’ils doivent faire, pour la plupart d’entre eux, leur première apparition dans un texte littéraire en français. Ce fut d’ailleurs l’une de mes interrogations récurrentes : comment Eric Laurrent vient-il à employer, d’une manière qui semble couler de source, autant de néologismes littéraires empruntés, certainement, à des domaines techniques, ou de termes obscurs ? Je l’imagine volontiers s’être constitué, au fil des années, un répertoire de termes d’une absolue rareté, ce qui serait déjà un peu ridicule ; mais je le soupçonne même d’écrire un premier jet constitué de mots plus courants, et de remplacer ensuite un certain nombre des substantifs et verbes par des synonymes au moyen d’un thesaurus.

Publié en 2000, cet opus, le quatrième de son auteur, est le récit, entre douceur humoristique et satire en demi-teinte, d’une désagrégation : il narre l’éclipse sentimentale et domiciliaire vécue par le protagoniste, Léon Brumaire, au cours d’une demi-douzaine de mois environ. Mis à la porte du domicile conjugal par sa compagne, Eva, Léon hésite entre deux éventuelles « remplaçantes », Allicia et Pamela. Il se trouve pris dans un esseulement alcoolisé, dans les brumes de l’à quoi bon, le tout prenant une légère tournure invraisemblable (ou, si l’on veut se montrer plus positif, fantastique, ou fabulaire), notamment en raison du jeu sur les coïncidences et de la question de l’argent, qui n’est jamais posée en termes réalistes.

L’intrigue, vaguement inspirée des derniers romans d’Echenoz et très représentative, en son délabrement formel, du « nouveau » style Minuit, n’est qu’un prétexte aux jeux de langage signalés plus haut, et à l’exploration d’un certain nombre de fantasmes sexuels, qui prennent la forme de scènes ou de descriptions. Eric Laurrent semble se divertir beaucoup à mêler le style « noble » et abstrus, que lui offrent syntaxe alambiquée et registre technique, à des expressions franglaises branchées, et à des intrusions d’auteur, plus réussies.

Assurément, il a trouvé, avec son recours aux lexèmes les plus inattendus, un moyen d’échapper au mode de narration marquisard (« La marquise sortit à cinq heures »). Par exemple, il décrit en ces termes l’arrivée subite d’une averse :

« Estimons maintenant entre dix-huit et dix-neuf heures le moment où tous deux seraient contraints de quitter le parc. Marouflons à dessein une fronce bouffante, forcément néphélienne, sur la toile azuréenne du ciel, puis crevons-la brusquement et tirons-en de longues écharpes de tulle, illusion que nous effrangerons violemment jusqu’au sol et disperserons là en incessantes strasses de vapeur et d’écume – observons maintenant l’effet de ce déluge impromptu. » (p. 31)

Les tonalités scientifiques (lexique météorologique technique, usage de la première personne du pluriel) ne sont pourtant pas sans rappeler le recours de certains auteurs de la fin du 19ème siècle à des mots rares, souvent penta- ou hexasyllabiques. La différence en est que, chez Mallarmé ou Saint-Pol Roux, il existait une vraie force d’expression, un sens profond de la relation au monde, alors qu’Eric Laurrent ne propose, en fait, et en pleine conscience, qu’une sorte de sitcom ou de vaudeville pour gens de lettres.

Je ne sais s’il y a un avenir pour de telles entreprises. Avec moi, dans tous les cas, la sauce ne prend pas.

Reste à expliquer pourquoi j’ai lu ce roman, alors que Coup de foudre, déjà, m’avait laissé sur ma faim. C’est que, trouvant, immaculé et bon marché, l’exemplaire désormais en ma possession chez le bouquiniste de la rue Nationale il y a six ou sept mois, je ne résistai pas à la compulsion d’achat ; en général, si un livre se trouve dans ma bibliothèque, je le lis toujours, soner or later. C’est donc ce qui s’est produit, avec d’autant moins d’hésitations et de regrets que cette lecture m’aura pris trois ou quatre heures, peut-être.

Multijournal, 17 décembre 2004

Je publie aujourd’hui, en guise de note, la première entrée de mon Multijournal, tentative de journal hypertextuel qui a duré un mois environ, à l’hiver dernier. Chaque entrée se composait de trois sous-rubriques : l’entrée du jour, l’entrée « rétrospective » et les notes astérisquées. Le fonctionnement en paraîtra plus simple après quelques jours de lecture.

17 décembre 2004.
Cet après-midi, j'ai travaillé à la maison, puis, non sans être passé acheter un cadeau pour mes grands-parents, je suis allé chercher A. à l'école. Dernier jour d'école avant les vacances. Il ne pleuvait pas, il ventait; le biscuit en forme d'ourson n'a pas traîné. Englouti plus sûrement que le Titanic. Avant que nous ne nous enfoncions dans l'exploration des trois cahiers d'école que la maîtresse nous confie durant les vacances. Trois cahiers en petite section...
Simultanément, il demande un mouchoir en papier pour effacer les traces de feutre noir.

17.12.04, ante meridiem
Ce matin, il a fallu amener A. à l'école avec la voiture, car il pleuvait à pierre fendre. A la bibliothèque d'anglais de l'université, j'ai rendu deux livres, dont In the Hour of Signs de Jamal Mahjoub***. Puis, dans mon bureau, j'ai signé les programmes d'étude provisoires d'Anne-Sophie, une étudiante qui fait une demande auprès des Relations internationales afin de partir étudier l'an prochain dans une université canadienne (Calgary ou Simon Fraser).
Cette nuit, à quatre heures, un chauffard a embouti violemment la voiture de notre voisine d'en face. Une Fiat Panda. (La voiture.) Une Portugaise. (La voisine.) Un délit de fuite. (Le chauffard.)
Ici nous remontons le temps.

*** 2004 : 18 et 19 novembre ***
Ph. et moi avons organisé un colloque international intitulé Fantasmes d'Afrique / Fantasizing Africa. L'invité d'honneur n'était autre que Jamal Mahjoub, romancier anglo-soudanais de prime importance, que j'ai voituré (à son grand dam, vu mon incompétence en matière de créneaux) dans Tours, et qui a délivré le vendredi matin une conférence d'un grand intérêt. Je possède quatre de ses cinq romans, mais je n'ai pu lire le troisième de ses romans publiés qu'au moyen de l'emprunt en bibliothèque. Cet épisode (ou plutôt: cet événement) donnera lieu à d'autres ramifications.

vendredi, 15 juillet 2005

Avishai Cohen, 2003

Je suis en train de découvrir, au moment même d'écrire ces lignes, le disque du trompettiste Avishai Cohen, The Trumpet Player, dont je ne connaissais pas même le nom... c'est dire si je ne me tiens plus, apparemment, au courant de l'actualité jazz.

Premier morceau ("The Fast", le jeûne, étonnamment peu économe pourtant) remarquable. Le troisième, "Dear Lord", mérite une mention spéciale pour les trémolos et convulsions douces du trompettiste lui-même. J'en dirai plus à l'issue d'une écoute complète, et avec du recul, mais ce qui me frappe surtout, c'est combien j'admire le jeu tout en nuances du contrebassiste, qui accompagne, déroule des serpentins subtils, et fait presque oublier, à de certains moments, son "leader".

Le nom du contrebassiste est John Sullivan.

Statistiques

Après consultation, pour la première fois, des statistiques détaillées, je ferai la constatation suivante: 73% des visiteurs de ce carnet de toile entrent directement l'URL dans la barre d'adresses, ce qui signifie qu'ils ne viennent pas ici par hasard. J'aurais souhaité que les moteurs de recherche (15% des visiteurs) m'apportent plus de lecteurs, mais je suppose que du moment qu'on ne parle ni de Zidane, ni de Nothomb, ni de zoophilie, ni de fellation, il ne faut pas trop rêver.

Autre remarque: la plupart des internautes me lisent entre sept et dix heures du matin, mais aussi autour de deux heures de l'après-midi.

Merci à tous de me lire, et merci aux blogs amis (et même au blog inimical) de m'envoyer des lecteurs!

Wannaddoo

"Wanadoo merde", se plaignait mon père en des termes choisis il y a trois jours. Eh bien, il est vrai que les connexions dans les Landes ne sont pas idéales, loin de là. Mon modem se déconnecte au bout de vingt minutes, puis refuse de numéroter. Il faut arrêter l'ordinateur en ayant débranché la fiche de connexion, puis le redémarrer et rebrancher la fiche téléphonique une fois que le bureau est visible. Voilà la parade. Cela ne m'arrive jamais à Tours, et m'est déjà arrivé par ici. Alors, qui faut-il accuser? les lignes landaises? Wanadoo, plus spécifiquement? Ou même imaginer qu'il s'agit d'une stratégie pour contraindre ceux qui ne l'ont pas à se soumettre à l'ADSL?

Bords de la Creuse à La Roche-Posay, une heure et demie

Large, avenante, une douce avenue d’eau abreuve nos yeux et s’offre à nos regards.

Sur une table de bois, à l’ombre, oubliée, la casquette se morfond, attendant que s’achève la séance de lecture du grand livre aux larges caractères et aux aplats pastel. Sur une grande racine morte, surplombant l’eau, le père fait une sieste feinte, et c’est le moment ou jamais de courir comme un fou le long de la clôture électrifiée d’où deux chevaux bruns, se gavant de foin, jettent, par moments, de précieux regards.

Bien loin du Palladium, du remous, des frissons, de la cohue boulevardière, je cligne de l’œil.

Objets

La moustiquaire, la lampe de chevet, la pile de livres en train, l’ordinateur portable, les quatre réveils qui ne fonctionnent plus (remisés au bureau), une cassette débobinée, plusieurs vieux annuaires, la caméra, l’exemplaire mal replié de Courrier international, la brosse à dents verte, l’assortiment hétéroclite des dictionnaires encyclopédiques de diverses époques, un rasoir Gillette Sensor, le dessus de lit dont l’on ne prend même pas la peine de recouvrir la couche…

jeudi, 14 juillet 2005

L'invention des catégories

Comme il semble que je ne puisse éviter le recours aux maudites catégories de H&F, tiroirs ou lucarnes, grilles, je m’interroge sur la répartition des thématiques. Le seul avantage que je leur trouve, outre la plus grande lisibilité du carnétoile (mais la lisibilité est-elle mon but ?), c’est le clin d’œil possible aux hyperlivres de Michel Butor, dont j’ai déjà mentionné ici la fascination qu’ils exercent sur moi depuis belle lurette.

Un premier survol donne la liste suivante :
 Sites et lieux d’Indre-et-Loire
 Moments de Tours
 Hors Touraine
 Flèche inversée vers les carnétoiles
 Jazeur méridional
 Autres gammes
 Lect(o)ures
 Ecrit(o)ures
 WAW (William At Work)
 WWW (Words, words, words)

Je m’en suis ouvert dans ma réponse à Fuligineuse: maniaque, je vais devoir réenregistrer chacune des notes déjà écrites sous l’une ou l’autre de ces catégories.

En écoute : « La Mélancolie » de Léo Ferré.

Epitrochasme glacial

« Lips, palms, skin, soles of feet were all chapped. »

(Wole Soyinka. Ibadan, p. 119)

Les trois cimetières juifs de Peyrehorade

J’ai, sous les yeux, l’article « Les cimetières juifs de Peyrehorade », de Jean Harambat, paru hier 13 juillet dans l’édition landaise de Sud-Ouest, en dernière page du cahier local, mais aussi le tiré-à-part, prêté par mon beau-père, d’un article paru dans le n° 403 du Bulletin de la Société de Borda, dont l’auteur est une Peyrehoradaise nommée Claudine Laborde et dont le titre est, je vous le donne en mille, « La communauté juive de Peyrehorade aux XVIIe, XVIIIe, et XIXe siècles ».

Extrait du premier :
La coste de l’Hospitaou contourne un muret qu’on escalade aisément : derrière, c’est une infinité de dalles de pierres grises, moussues, couchées, cassées dans l’herbe jaunie. […] C’est le plus ancien des trois cimetières israélites que possède Peyrehorade, seuls témoins de la présence juive en Pays d’Orthe. Il comprenait près d’un millier de sépultures. […] Les défunts des familles juives disséminées à travers les Landes et le Béarn y étaient regroupés.

De la lecture du second, j’ai retrouvé les circonstances dans lesquelles les Juifs d’Espagne et du Portugal, mais aussi de Bologne, étaient parvenus dans ces parages, mais surtout appris les circonstances dans lesquelles les terrains furent achetés, qui devaient servir de champs de tombes.

Au Moyen-Âge, Peyrehorade se nommait Petreforente ou Petraforata, le premier, plus gascon, me semblant plus « actif », grammaticalement parlant, que le second. Quelle coïncidence toponymique, que je me sois penché plus avant sur mes origines peyrehoradaises le jour même où j’écrivais une note fort ligérienne sur la Pierre Percée. Isaac Da Costa, rabbin vers la fin du XVIIe siècle, l’espagnolise en Peña Orada, traduction par homophonie qui me semble détourner le sens étymologique.

Saluons ou exhumons, avec Claudine Laborde, Jacob Léon, rimailleur peyrehoradais du XIXe siècle, auteur du distique suivant :
Cesse de redouter l’impitoyable rage
Des ongles acérés d’une amante en courroux.

Et ce sera la devinette sur laquelle clore cette note ne sembla point vain : imaginez le vers qui précède le premier (rime en –rage) et celui qui suit le second (rime en –oux), afin de reconstituer le quatrain en rimes plates de Jacob Léon…

En écoute : « Le marché du poète » (Léo Ferré)

Strophe avec lettrines

Ils viennent du fond des temps, allant et puis revenant,
Les Tzi les tzi les Tziganes les Tziganes
Ce sont nos parents anciens, les Indo-Européens,
Les Tzi les tzi les Tziganes les Tziganes
Cheval maigre et chien perdu dans la nuit bleue,
Quand je passe je n'ai pas peur d'eux.


(Léo Ferré)

Géopoétique

Une note fort dense et riche en références de Fuligineuse m'a rappelé à de lointains souvenirs. Il y est question de géopoétique, ce concept forgé par le poète écossais Kenneth White.

Soudan: soyons optimistes

Ci-dessous article du NEW YORK TIMES...

Onetime Enemies Join Forces to Lead Sudan on Rocky Road to Peace

By MARC LACEY
Published: July 10, 2005

NAIROBI, Kenya, July 9 - Sudan elevated a former rebel leader on Saturday to the vice presidency of the government he had long tried to overthrow, a merging of onetime combatants into a single leadership that took Sudan another step away from decades of war.

In an elaborate ceremony in Khartoum, the Sudanese capital, President Omar Hassan Ahmad al-Bashir appointed John Garang, leader of the Sudan People's Liberation Army, as his top deputy. The two longtime enemies waged one of Africa's longest-running civil wars, which caused an estimated two million deaths before a cease-fire accompanied the signing of a peace agreement in January.

But analysts cautioned that Sudan's challenges remain formidable. Power-sharing experiments in countries like Congo, Somalia, and Burundi are fragile, underscoring the brittle nature of such pacts and the fact that the hard work of nation-building begins when the hoopla that follows peace agreements settles.

Still, there was plenty of celebration in Khartoum as the old foes came together at the presidential palace to herald a new start for a country that has experienced far more war than peace since its independence from British-Egyptian rule in 1956. On Friday night, an estimated one million people packed into a central square to welcome Mr. Garang, who last visited the capital 22 years ago.

Besides sharing political power, the government and the southern rebels have agreed to divide up the region's oil wealth, merge their armies and hold a referendum in six years to let southerners, who are predominantly Christian and animist, decide to whether to secede from the rest of Sudan, which is mainly Muslim.

"There's a lot that has to go right for this to work," said David Mozersky, a Sudan analyst at the International Crisis Group, a Brussels-based research institution that follows conflict zones throughout the world. "We can be happy that Sudan has reached this point, but it's too early to celebrate and to consider this an end to the conflict."

Despite the truce between the Sudanese government army and Mr. Garang's southern rebels, skirmishes continue between the rebels and militia groups in the south allied with the government. Rebels have also emerged in eastern Sudan with their own grievances against the government.

Then there is the conflict in the western Darfur region of Sudan, which has drawn international condemnation because of the government's heavy-handed tactics against the civilian population. Peace talks between the government and two groups of Darfur rebels, held in Nigeria, produced a declaration of principles this week but no comprehensive settlement.

"The peace process between north and south must be made irreversible, which it will not be unless it takes root in the east and in the west as well," said Kofi Annan, the United Nations secretary general, one of numerous foreign dignitaries on hand for the ceremony.

Oil remains a source of tension between the government and the Garang-led southerners. Mr. Garang's rebel movement began in 1983 after Chevron discovered oil in the area straddling the country's north and south. Southerners argued that the revenue was only benefiting the north.

The biggest challenge of all may be meeting the expectations of southerners, who are tired of war and eager to see their dismal lives change for the better. Despite commitments of substantial amounts of foreign aid, southern Sudan's needs are profound. The area lacks roads and even basic infrastructure. Diseases wiped out in most other parts of the world continue to thrive there, like guinea worm and river blindness. "We are starting from point zero," Mr. Garang said in a recent interview with Al-Sharq al-Awsat, a newspaper in London. He added: "We in the south have not seen development from the time God created Adam and Eve."

Mr. Garang, 60, is a burly, bearded academic with a fiery temper and a way with words. From the southern Dinka tribe, Mr. Garang speaks English and Arabic, enabling him to bridge the country's language gap.

Although rebels-turned-politicians are commonplace in Africa, Mr. Garang may be one of the few with a doctorate, which he earned in Iowa State University's agricultural economics department. He also attended a United States Army infantry officer's course at Fort Benning, Ga.

His rebel movement has been criticized by human rights organizations for abuses that included summary executions, arbitrary detentions and stealing from civilians. Now the challenge will be transforming that rebel group it into a full-fledged political party that can represent the long-suffering people of the south.

"The future of my country lies in the hands of God," said the Rev. Samuel Alith of the Reform Anglican Church of Sudan, who like thousands of other Sudanese fled to Kenya during the war. "You can never trust these politicians."

There are many comparisons around Africa to illustrate the challenges Mr. Garang and Mr. Bashir will face. Somalia's foes-turned-colleagues have come to blows and remain on the verge of war despite broad-based government. In Congo, leaders who were at war with each other remain wary, even as they sit in the same government in Kinshasa. Burundi's peace accord between rival Hutu and Tutsi is regarded by some analysts as fragile despite recent elections. Mr. Garang said his expectations were realistic and noted that his rebel movement would keep some troops in place for the next six years to ensure the intentions of the government leaders he is now joining in Khartoum. United Nations peacekeeping forces are also being deployed in the south. Mr. Garang sounded an optimistic note in a speech after his swearing-in ceremony.

"Sudan will never be the same again," he said.

mercredi, 13 juillet 2005

La Chanson du joggeur

Patrice Nganang est l'un des écrivains les plus remarquables de la "jeune" génération africaine. Il fait publier, dans Le Messager les bonnes feuilles de son prochain roman, à paraître chez Gallimard. Dans l'immédiat, précipitez-vous sur L'invention du beau regard, deux "contes cruels" admirables.

Cimetières (suite)

Manquant d'énergie, de temps plein, de quoi... de sérénité? manquant de ce nescioquid, je vais envoyer vous envoyer quérir ailleurs votre maigre pitance en attendant des jours de vache grasse, qui ne sauraient tarder à revenir.

Tout d'abord, il y a, dans l'édition papier du quotidien Sud-Ouest, aujourd'hui, un article très intéressant sur les cimetières juifs de Peyrehorade, chef-lieu de canton tout proche de mon village d'origine. J'ignorais qu'il y eût eu une importante communauté juive à Peyrehorade (prononcez "père au rade"), mais l'auteur de l'article va jusqu'à parler d'un petit Cordoue ou d'un Cordoue en modèle réduit...!

L'article, malheureusement, n'est pas en accès libre sur la Toile. J'en recopierai ici quelques paragraphes.

Je vous suggère aussi de lire l'excellent éditorial de Daniel Simpson, qui en dit long sur l'Amérique d'aujourd'hui, au-delà des clichés colportés par la presse française, qu'elle soit américanophile ou américanophobe.