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samedi, 15 octobre 2011

Un trou d'air

               "C'est énorme. On est nuls, on est mauvais jusqu'à la moelle, et on est en finale ! "

(Alpha, 10 ans)

vendredi, 14 octobre 2011

Exister est un plagiat : 8 et 65

8

 

J’ai une fâcheuse tendance, dans les chapitres déjà écrits de cette autobiographie en 74 fragments (0, 73, 1, 72, 2, 71, 3, 70, 4, 69, 5, 68, 6, 67, 7, 66 et 65), à me fixer sur des moments très particuliers, notamment des voyages, ou à partir de photographies. Faut-il éviter ce qui peut s’apparenter à de la facilité ? Comment raconter, autrement qu’en saisissant un ou deux éclats, toute une année ? L’autobiographie rétrospective est à des années-lumière du journal intime.

Pour ma huitième année, j’étais tenté de raconter un nombre non négligeable de souvenirs du voyage en Angleterre et en Ecosse de l’été 82. Tout se bouscule, et la tentation est grande, soit d’ouvrir un nouveau projet d’écriture et de tenter de faire une liste exhaustive de tous mes souvenirs de ce voyage qui a duré six bonnes semaines (en caravane), voire ensuite de s’appuyer sur le journal de bord que ma sœur et moi avons dû tenir à la demande de nos parents, soit de ne rien dire, de ne rien garder, de repousser tous ces souvenirs et ces mots qui demandent accès.

Alors, je raconterai quelque chose de minuscule, sans rapport avec ce long périple de plusieurs semaines, ni avec mon hospitalisation grotesque à Caen au retour d’Angleterre. Quelque chose de minuscule, et de quasi quotidien. Une fois notre famille bien installée dans la nouvelle maison de Cagnotte – et sans doute ce que je vais narrer à présent avait-il commencé avant mon septième anniversaire – ma sœur et moi allions tous les soirs, juste avant l’heure du dîner, chercher le lait à la ferme de Sarraillot. Nous portions un pot à lait en… en quoi… en aluminium ? Il y avait deux cents mètres jusqu’à la ferme où le métayer, Gaston, nous accueillait, trayait les vaches devant nous, nous disait leurs noms, nous invitait à leur donner à manger. Ma préférée était la troisième en partant de l’entrée de l’étable – Poupette, je crois. Gaston (dont le vrai prénom était Jean-Baptiste) nous racontait diverses anecdotes tout en trayant les six (ou sept ?) vaches à la main. Nous ramenions le lait à la maison, et le buvions le lendemain matin, avant d’aller à l’école, avec du chocolat en poudre de la marque Poulain.

 

 

65

 

Ce n’est pas seulement en manifestant tout le printemps contre la réforme des retraites que nous avons célébré nos derniers mois à Beauvais. Nous avons mis notre petite maison de la rue Jean-Baptiste Baillière en vente, multiplié les petites brocantes, les dernières fois – dernier tour à Amiens, dernière visite à la médiathèque, dernière fête de fin d’année au collège de C***, derniers repas dans la minuscule courette, etc. Le Noël précédent avait été le premier vrai Noël d’Alpha. En juin, il jouait, dans la ruelle, au ballon ou avec sa locomotive en plastique (la cocoto).

Quant à la fameuse canicule de l’été 2003, nous l’avons subie dans les Landes, et, pour ma part, à m’envoyer le déménagement entre Cagnotte, Beauvais et Tours. La première soirée dans la nouvelle maison, beaucoup plus spacieuse mais en location, de la rue Guillaume Apollinaire, je la passai seul, chaudement débarqué de Beauvais et à la veille de la livraison de nos meubles et cartons. Je me revois, après pas mal de rangement, pianoter sur mon ordinateur portable d’alors, dans le bureau-placard du séjour. Il faisait chaud. Le lendemain soir, j’étais de retour à Hagetmau.

Lors des premiers mois de notre installation à Tours, le climat assez particulier de la région n’a guère réussi à la famille. (L’automne reste délicat chaque année, d’ailleurs.)

W.M. 18 : Baie d'Or (Goldberry ?)

Je ne suis, c'est sûr, pas cador

En tolkienneries : si Baie d'Or

Etait non su de moi, Ugluk

L'est tout autant, et je n'ai plus qu'

À clumer dans le corridor.

jeudi, 13 octobre 2011

Maison de passe & petites économies

Les bureaux de la Jeune Chambre Economique d'Indre-et-Loire, dans la rue du Champ-de-Mars, se situent dans une ancienne maison close.

Outre la resémantisation intéressante de l'expression ton bureau, c'est vraiment le bordel, on peut songer qu'il y a, dans cette collusion chronotopique entre chambre économique et maison de passe, une sorte de plagiat par anticipation de l'affaire DSK.

(Merci à Lionel F. d'avoir attiré mon attention sur cette information insolite.)

« Musty ». Une intrigue.

En faisant le lit de la chambre à coucher, mais aussi en ouvrant les portes de l’armoire du couloir (que nous avons récupérée chez la grand-mère de C*** et que nous cherchons à aérer avant d’y entreposer draps brodés et mouchoirs de linon, comme dans la chanson de Thomas Fersen), je me suis demandé quelle était l’étymologie de l’adjectif anglais musty. Je le note ici, pour vérifier tout cela au moment où je m’apprêterai à publier ces textes. (Sans doute ajouterai-je alors quelques paragraphes, ou quelques phrases.)

 

à Ce bref billet du 12 juillet, je le complète en effet, trois mois après, avec un copié-collé de la rubrique « étymologie » de l’OED :

Etymology:  Origin uncertain; compare the related must v.2 and must n.4 Probably related to moisty adj. and moist adj. (compare sense 1b), although the nature of the relationship is not clear: perhaps < Anglo-Norman muste , moste , variants of moiste ,muiste moist adj. (compare also French regional forms in sense ‘mouldy’: seeFranzösisches Etymol. Wörterbuch s.v. mūcĭdus); or perhaps < one of its Romance cognates: compare Old Occitan moste (13th cent.; Occitan moste , mosti , Occitan regional (Gascon) musti , all in sense ‘wet, damp’), Spanish mustio wilting, discouraged (1250), Spanish (Galician) murcho , mucho withered, faded, sad, discouraged, Catalanmusti faded, wilted, sad, discouraged (late 14th cent.), Portuguese murcho withered, faded, sad, discouraged; or perhaps a variant of moisty adj. (perhaps by association with must n.1; compare musty adj.1). On semantic grounds at least, perhaps compare also Middle French, French moisir and its past participle moisi mouldy, musty (ultimately < a variant of classical Latin mūcēre : see mucor n.), with which Palsgrave equates the word (see quot. 1530 at sense 1a). 

 

Je n’ai pas réellement envie d’ajouter paragraphes ni phrases, mais plutôt un dizain tiré du recueil assez drôle de C.J. Dennis, The Glugs of Gosh, qui date de 1917 :

In Gosh, sad Gosh, where the Lord Swank lives,
   He holds high rank, and he has much pelf;
And all the well-paid posts he gives
Unto his fawning relatives,
        As foolish as himself.
In offices and courts and boards
   Are Swanks, and Swanks, ten dozen Swanks,
        And cousin Swanks in hordes--
Inept and musty, dry and dusty,
        Rusty Swanks in hordes.

 

On reconnaît bien, dans ce choix, tout mon amour de la paronomase.

W.M. 17 : On Hemingway's "Indian Camp"

True, impressive is Indian Camp,

With style there's no need to revamp.

Its author, Ernest,

Was not always earnest.

(That pun's really threadbare and damp.)

Exister est un plagiat : 7 et 66

7

 

En 1980, mes parents ont acheté un terrain d’un bon demi-hectare, à la campagne, à douze kilomètres au sud de Dax. Les travaux ont commencé à l’automne, et je me rappelle qu’au début nous y allions le dimanche. Mes parents arrachaient les ronces qui avaient, depuis des années d’abandon, envahi le bois. Ma sœur et moi jouions. Il ne passait presque jamais de voiture sur la petite route.

Au cours de l’hiver, comme la construction du sous-sol semi-enterré était achevée, et comme – je suppose – mes parents avaient déjà trouvé acquéreur pour la maison de Saint-Paul-lès-Dax, nous avons déménagé, et vécu pendant quatre mois au sous-sol : dans la pièce qui deviendrait ultérieurement salle de jeux, salle de musique, deuxième bureau de mon père, mes parents avaient installé trois lits et un radiateur à bain d’huile. Dans la partie du sous-sol où l’on installerait après la table de ping-pong, se trouvait la caravane, où mes parents cuisinaient et où nous prenions nos repas. Tous les dimanches, nous allions chez mes grands-parents, à Saint-Pierre-du-Mont, afin d’y prendre un vrai bain.

C’est à la fin juin (ou début juillet ? je ne sais pourquoi, dans mon premier vrai souvenir de ma chambre d’enfant, je me revois ouvrant les volets le matin du 7 juillet), nous avons emménagé pour de bon dans la maison. Au cours de l’été, et ce en dépit de finances un peu serrées, nous sommes allés en voyage, pendant une quinzaine de jours, et en caravane, dans le Massif Central. Je me rappelle les Puys, La Bourboule, le camping de Millau avec sa piscine biscornue en petits carreaux verdâtres, et Chaudes-Aigues (où un monsieur m’a donné une pièce de vingt centimes parce que je notais sur un petit carnet son n° de plaque d’immatriculation et qu’il a fait semblant de croire que je lui mettais une contravention).

Contrairement à mes nombreux souvenirs très précis des premiers mois en CE1, je n’ai aucun souvenir de la rentrée de CE2.

 

 

 

66

 

De notre première année à Tours, j’ai surtout gardé le souvenir de promenades au Jardin botanique avec Alpha le mercredi matin (nous ramassions les feuilles de paulownia), des embouteillages sur le chemin de la crèche, des pleurs le matin à l’école maternelle, des lectures au salon ou dans le petit salon attenant à la chambre d’Alpha, à l’étage. Le garçon adorait passer des heures à jouer dans le tout petit cagibi (que, tout jeune, il nommait le cajagibi) où se trouvait l’accès à la cave.

 

C’est au début de l’automne que le père de C*** a appris que lui aussi avait un cancer (de la plèvre).

 

Le 11 novembre 2004, jour de mes trente ans, C*** m’a fait une surprise, et plusieurs amis que nous n’avions pas vus depuis un certain temps sont arrivés pour le déjeuner. Il y avait aussi mes parents, ma sœur et son compagnon de l’époque. Outre le Haut-Médoc, le vin blanc moelleux (Pacherenc, bien entendu) coule à flots.

mercredi, 12 octobre 2011

Exister est un plagiat : 6 et 67

6

 

Le jour de mes cinq ans (ou était-ce au passage de la petite souris pour une dent perdue ? si c’était l’anniversaire, il y avait autre chose comme cadeau – si c’était une dent perdue au cours de ma sixième année, il serait facile de le vérifier avec les dates de sortie des disques), mes parents m’ont offert trois 45 tours : Aux armes etc. de Gainsbourg, Des ailes dans le dos de Michel Fugain et Sentimentale-moi de Plastic Bertrand. Je note cela afin de me tendre un miroir à moi-même et de bien continuer à ne pas en vouloir à mes fils quand ils m’imposent René ou Rihanna la taupe.

La même année, apprenant à lire en catimini grâce à ma sœur aînée qui jouait à la maîtresse d’école, j’achevai aussi de me passionner pour les chiffres et les nombres, en particulier grâce aux plaques minéralogiques et aux numéros des départements français. Sans doute est-ce sous le poids de cette obsession que je chantais alors, à ma façon, le refrain (ou plutôt la litanie finale, car ce n'est pas un refrain) de Message in a bottle, une chanson que l’on entendait sans arrêt et que mes parents aimaient beaucoup ; ainsi « Sendin’ out an SOS », tel que je l’ai compris depuis, devenait dans ma bouche

Seine-et-Marne un S.O.S. !

Seine-et-Marne un S.O.S. !

Seine-et-Marne un S.O.S. !

Seine-et-Marne un S.O.S. !

 

(Cet exemple plaide à lui seul pour l'apprentissage oral des langues. Un enfant qui ne voit pas écrit le mot sending mais l'entend dans une chanson n'a pas même l'idée de former une dentale, ou d'aller pêcher le son vocalique /i/. Sendin' out se dit en fait senène a-out, donc un enfant francophone peut comprendre Seine-et-Marne.)

 

À l’automne 1980, ayant fait ma rentrée directement en CE1 après avoir appris à lire et compter, mais aussi, plus sommairement, à écrire, au cours de ma dernière année d’école maternelle, j’en ai un peu bavé. Je me souviens d’être rentré un soir, en voiture, ma mère au volant, et que nous nous sommes retrouvés dans un énorme bouchon dont l’origine fut bientôt connue : le grand magasin du centre ville de Dax, Le Friand, était en flammes. On voyait d’ailleurs de gigantesques volutes noires dans le ciel. Pour des raisons essentiellement métonymiques, le souvenir de cet incendie est lié, pour moi, à la chanson L’Encre de tes yeux, de Francis Cabrel, et à Babooshka de Kate Bush. Je me revois aussi, le lendemain matin de cet incendie, en train de faire un exercice de grammaire dans le Bled, sur la table de la cuisine chez mes grands-parents, à Saint-Pierre-du-Mont, et lire (ou tenter de déchiffrer, dans mon peu de familiarité avec les codes de la presse écrite) ensuite l’article du quotidien Sud-Ouest relatif à cet événement.

 

 

67

 

C’est en juin 2005 que m’a saisi la frénésie des blogs, qui continue jusqu’à ce jour.

Ecrire dans un blog a été pour moi le moyen de me mettre vraiment à l’écriture, alors que je n’avais plus écrit que très occasionnellement, par secousses, depuis la fin de mon adolescence. Par exemple, en décembre 2004 et janvier 2005, je m’étais lancé dans une entreprise baptisée Multijournal, et qui n’a avorté, ou capoté, qu’en raison de l’impossibilité de faire foisonner le texte simplement : c’est la simplicité technique qu’a apporté le recours au blog. Depuis 2005, j’ai lancé, au sein de ces sites personnels utilisant le format blog, des projets d’écriture nombreux, dont certains portent la marque, heureuse ou malheureuse, de leur nature webmatique.

Il m’arrive de me dire que ces séries de textes, une fois parachevées, pourront faire l’objet de recueils ou d’ouvrages que je devrais tout de même tenter de placer auprès d’éditeurs.

 

En juin 2005, également, nous avons acheté, tardivement si l’on compare la date de cet achat à la plupart des gens de notre entourage, un appareil photo numérique. Il s’est développé depuis, là aussi, une forme de folie.

 

J’ai intitulé mon premier blog, comme plus tard mon site de photos, Touraine sereine. Tout aussi topographiquement, ma sœur a baptisé son propre blog Au Four et à Melun. (Elle vit en Seine-et-Marne.)

mardi, 11 octobre 2011

Quasi cristaux

Boiseries de la sacristie, 1576. Cathédrale Saint-Julien, Le Mans, dimanche 16 janvier 2011.11 octobre 2011

Je suis sujet à des évanouissements, à des éblouissements. Un grand cri dans la nuit, un grand Christ étoilé dans le noir, un grand crucifix au mur de la chambre, et un Christ humble, vivant et splendide accompagnant notre périple. Il n'y a pas de cheikh, ni de shaker. Personne abandonné, on écrase une larme. Eau et fer sont fréquents, offert se rencontreen tous lieux, dans les entrailles d'un poulet. C'est un voyage de mots. C'est un voyage de phrases.

On célèbre... quoi...? les quasi-cristaux ? on célèbre... est-on vraiment emballé ? ce n'est pas dit. Qui confond jeu de mots et calembour s'évertue à avoir raison. Une phrase compliquée, c'est un voyage de mots. C'est un voyage de phrases ! Tout de même, c'est un voyage, mais dans la pierre. Notre périple nous conduit parmi les promeneurs aux ombres à jamais immobiles. Nous y sommes. Phrases, pages que nous parcourûmes. Ce journal ne peut s'écrire qu'en devenant imaginaire. Les ratures pullulent, ça m'agace. Les ratages s'accumulent, ça dépasse le Suédois, ça surpasse les fourmis, ça fait une impasse. Les ratures pullulent. Les rats pullulent. On ne sera plus bien loin de La Teste.

La Teste ? êtes-vous fous ? nous descendons la Loire.

Exister est un plagiat : 5 et 68

5

 

Au cours de ma cinquième année, je me revois, dans la cuisine de la maison de Saint-Paul-lès-Dax, en train d’écouter la copie sur cassette du dernier album de Brel. Ma chanson préférée était Le Bon Dieu, qui m’a longtemps ému jusqu’aux larmes. (Aujourd’hui, je suis un cœur de pierre, et plus rien ne m’émeut.) Comme ma sœur l’a déjà raconté avant-hier, les dames pipi de l’école maternelle s’amusaient aussi à me faire chanter Les Remparts de Varsovie, qui n’est pas la chanson la plus enfantine que l’on peut imaginer, que je connaissais par cœur et à laquelle, bien évidemment, je ne comprenais rien. Je ne sais pas très bien comment je pouvais restituer des vers comme Madame promène les gènes de vingt mille officiers de marine.

C’est dans ces eaux-là, aussi, que j’ai commencé à jardiner avec mon père.

Sinon, ma mère a retenu deux images, ou deux souvenirs :

Lors d’une journée à la Mongie en 79 (Pâques) et pendant que ton père et ta sœur skiaient, nous avons arpenté le parking de l'époque, tout en longueur le long de la route menant au col, fermé bien sûr, en regardant les voitures. Tu me donnais leur nom et je te lisais les numéros des départements, ce qui a fait démarrer ta passion des chiffres : grâce à ta mémoire et à ton intérêt pour les voitures, le soir même tu connaissais 40, 64, 65, 33, 31, 32 et quelques autres. Et tu as continué apprenant ainsi de façon très globale !

L'été suivant tu es en photo en train de pagayer sur le lac de Christus à Saint-Paul (avec ton père) tandis que ta sœur est dans un optimiste.

 

(Les souvenirs forment une traînée de poussière.)

 

 

68

 

Fin novembre 2005, je me rappelle m’être promené seul, à Bouchemaine, sur les bords de la Loire la Maine, un matin frisquet. Il y avait un colloque organisé par le centre de recherches angevin spécialisé dans l’étude de la nouvelle et des fictions brèves. Ce n’était que le début d’une longue série de communications enthousiastes donnant lieu à des échanges intellectuels très vifs lors du colloque, et ne débouchant sur aucune publication en raison d’un researcher’s block qui dure encore. J’étais absolument seul à longer la Loire, et à photographier, si mes souvenirs sont bons (car je n’ai retrouvé aucune de ces photographies dans mes archives), la devanture d’un petit restaurant de poissons.

Vers cette même époque, ce même automne, j’ai commencé à écrire plusieurs romans intertextuels dont aucun n’est allé bien loin. L’un d’eux s’intitulait Le Vil Landru à Villandry.

Au cœur de l’hiver, après un très bref séjour à Bagnères-de-Bigorre, j’ai commencé à publier des textes dans un nouveau blog, plus expérimental. Ses teintes grises et noires miroitaient de façon paradoxale le rythme très coloré de ma vie à cette époque. (En fait, c’était juste avant les vacances de février et Bagnères. Mais, je ne sais pourquoi, mes souvenirs persistent à fixer la vraie naissance de ce carnétoile au mois de mars.)

Au printemps 2006, la lutte sociale contre le CPE a donné lieu, non seulement à quelques manifestations auxquelles j’ai participé, avec Alpha, mais aussi au premier blocage de longue durée du site des Tanneurs. Alors que j’avais très peu de cours ce semestre-là, je me suis retrouvé, en tant que responsable des études de Licence 3ème année, à travailler dix fois plus pour répondre aux questions des étudiants démunis, égarés, à participer à des réunions « de crise », à maudire cette forme de lutte sociale qui ne sert qu’à exacerber les positions des uns et des autres sans offrir ne serait-ce qu’une once de début de solution au problème.

Une photographie que j’ai retrouvée de ce printemps montre que je lisais Eric Vuillard, Tariq Goddard, Yémy, Sergio Pitol et Roberto Bolaño (Les Détectives sauvages). À côté de la pile des livres, un flacon de Toplexil. Voilà quelque chose qui n’a pas changé en cinq ans. Autre détail, sur la table de chevet : le réveil rouge, que j’avais acheté en septembre 1994 en arrivant rue d’Ulm, et qui a fini par ne plus fonctionner.

À l’été 2006, après avoir remballé The Good Soldier de Ford Madox Ford, qui n’était plus l’année suivante au programme des concours d’enseignement, j’ai passé une très belle semaine en famille et en Corrèze (est-ce un zeugme ?). Nous avons vu François Hollande à la Fête de l’âne, à Arnac-Pompadour.

En octobre, par une très belle journée, nous avons traîné mes parents au Festival des jardins, à Chaumont-sur-Loire. Ma mère, qui devait finir par se faire opérer de la hanche au printemps suivant, se traînait sans se plaindre. 

lundi, 10 octobre 2011

Exister est un plagiat : 4 et 69

4

 

Au cours de l’année 1978, on m’aura vu me couronner les genoux, vouloir la fève lors de l’Epiphanie, faire du triporteur en plastique, de la voiture à pédales – ramasser les escargots ? Faire de la bouillie de jus de craies colorées, c’était plus tard, car je m’en souviens… à quatre ans… ?

(Peu court.)

 

 

69

 

Bréhémont est un joli village, au bord de la Loire, en aval de Langeais, mais sur la rive gauche. Presque toujours, on y accède en remontant le fleuve, par une route dégagée, sous des ciels crépusculaires d’hiver, ou des nuages mordorés, l’été.

(Une grippe.)

 

Un soir où je suivais l’atelier d’écriture de François Bon, à l’université, j’ai été saisi par une douleur atroce, morale. Je savais que j’avais vu, le 20 janvier, mon beau-père pour la dernière fois. J’ai écrit un texte, qui n’a rien changé, pas même ma douleur.

(Un texte.)

 

Dans les jardins du château de la Chatonnière, il y a une statue représentant un angelot qui tient, enroulé autour de ses cuisses et de son ventre, un serpent inoffensif. La statue est recouverte de lichens jaunâtres qui donnent à l’enfant une expression mélancolique. Il a pu faire, en avril, une chaleur quasi estivale.

(Un peu tôt.)

 

Oméga est né le 20 mai au soir, un dimanche, et presque dans la voiture. Un mois plus tard, quand il lui arrivait d’avoir des crises, des refus de sommeil (ce qui ne lui est presque pas arrivé, de sorte que je peux dater assez précisément ces journées : entre le 20 et le 30 juin), je le berçais en lui chantant Méthode de dissection du pigeon à Zone-la-Ville. En août, en Bretagne (où il ne faisait pas une chaleur estivale), il dormait à poings fermés à Carnac, Josselin, Brasparts, et Locronan. Quand il ne dormait pas, il avait déjà son sourire hilare.

(Une accumulation.)

 

Il n’y aura pas de photographies en regard de ces textes.

(Un refus.) Mais des liens. (Une complication.)

dimanche, 09 octobre 2011

Exister est un plagiat : 3 et 70

3

 

S’il le faut, je raconterai la balançoire installée dans le petit carré de gazon devant la maison du 4, rue Jean-Jacques Rousseau. Je raconterai la vieille voisine, en face, qui nous donnait, à ma sœur et moi, des petits beurre dont je mangeais tout d’abord – semblable en cela, je crois, à des millions d’enfants – les quatre coins arrondis puis longeais le périmètre de mes dents grignotantes. Je raconterai la nounou, au bout de la même rue, et des moments d’ennui dans sa cuisine.

Mais tout cela… n’était-ce pas plus tard que 1977 ?

Alors, s’il le faut, je raconterai ma rentrée à l’école maternelle, les dames pipi, les tabliers, la poussière de la cour, et Jamais content (mais pour cela aussi, j’avais au moins trois ans révolus).

Aussi, je tapais sur un tambour.

 

 

 

70

 

L’été 2008, je suis devenu directeur du département d’anglais de mon université, après quelques années à accumuler de plus en plus de responsabilités administratives. Mon prédécesseur était un vrai modèle, et j’étais le seul candidat.

“It is not sour grapes to say that it is a a finicky scissors-and-paste job after which nobody else on the staff had particularly been whoring.” (Letting Go, I, 4)

 

Ce même été, nous avons passé une semaine de vacances dans un gîte en Charente-Maritime, et ce fut, dans les Landes, le début de la furia coursayre. Oméga avait un an, et une très belle photographie prise par mon beau-frère le montre avec son frère aîné au pied de la tour Moncade.

Si je cherche à trouver un épisode, une scène, une journée qui donne son sens à cette trente-quatrième année, je n’ai que l’embarras du choix. À l’inverse, pour décrire une époque de ma vie dont je ne peux pas avoir de souvenir, et n’ayant pas sous la main d’album photos de ma petite enfance, je suis contraint d’aller farfouiller dans des souvenirs approximatifs, des dates obligées, des objets ou des lieux peut-être anachroniques (la balançoire, le petit beurre, la cuisine des Barragan).

Faudrait-il décrire par le menu, en détail, les journées allant de novembre 2007 à novembre 2008 ? Ne serait-ce pas fastidieux, déjà pour moi ? Ne faut-il pas, malgré tout, tenter de trier, de précipiter, et par exemple évoquer la journée de pré-rentrée (le 1er septembre 2008, si je ne m’abuse), où, ayant posé Oméga chez sa nounou, Alpha et moi sommes allés, tout d’abord à l’université où je devais régler quelques affaires, puis – histoire de marquer la fin des vacances d’été – à Suèvres, Cléry, Meung et Beauregard.

samedi, 08 octobre 2011

Exister est un plagiat : 2 et 71

 

2

 

Au cours de ma deuxième année, dont je n’ai – bien entendu – aucun souvenir personnel, j’ai fait mon premier voyage à l’étranger : en famille, à Bristol. Le seul souvenir d’enfance qu’il me reste de ce voyage de l’été 76 – outre les récits de mes parents (c’est grâce au voyage en avion que tu es devenu propre, etc.) –, c’est d’avoir, plus tard, quand je commençai à écrire des textes « personnels » dans des cahiers de brouillon, tenté d’écrire des fragments autobiographiques en revenant sur mes différents étés. Le chapitre consacré à l’été 76 s’intitulait L’AVION.

Je n’ai pas beaucoup changé depuis l’époque de cette première autobiographie (1982 ? plus tard ?). On se répète. On dit « je ». Ça s’appelle raconter sa vie, aussi au sens vulgaire. Il est difficile de ne pas choisir un événement précis, une image, un souvenir-écran. Je n’avance qu’à peine dans cette entreprise, mais j’espère de plus en plus vivement que ceux qui ont vécu avec moi m’y aideront °.

Faut-il ressortir des fiches cartonnées ? il n’y en a pas.

Faut-il parler d’un modèle d’avion dont je viens seulement d’apprendre l’existence en parcourant l’ouvrage de Charles Vivian, A History of Aeronautics, le Bristol Badger ? Un blaireau furèterait, n’aurait pas tort – fouaillerait — trouverait. Peut-être vaudrait-il mieux se consacrer à autre chose (traduire ?). Ou faire les deux.

En tout cas, ce n’est pas cet été-là, l’été 76, à Bristol, que j’ai entendu Video Killed the Radio Star. Longtemps, je me suis imaginé l’avion du vol Bordeaux-Bristol sous l’aspect du dessin de la couverture d’un livre d’enfant que mes parents m’avaient acheté plus tard en Angleterre, et dont le titre, de mémoire, était Henry’s Aeroplane.

 

 

71

 

La veille de Noël, nous déménageâmes – ma compagne, nos deux fils et moi-même – pour la maison dans laquelle nous vivons actuellement, dans le quartier de la Petite Arche (que je m’amuse à rebaptiser le quartier des sçavans en raison des noms de rues). Mes parents étaient là, nous donnèrent un fier coup de main. Le soir même, le soir du 24, le sapin de Noël était en place. On ne plaisante pas avec la famille.

La soirée du 31 mars 2009, je la passai dans une cellule du commissariat de Tours, en garde à vue.

Le 30 mai, j’épousai C., après déjà dix-sept ans de vie commune. — La mairie n’est pas loin du commissariat, mais il y avait tout de même moins d’invités, à la sauterie qui suivit dans notre jardin, que de manifestants battant le pavé deux mois auparavant pour réclamer qu’on me relâche. — Nos deux fils descendirent les marches avec nous, et avec tous les amis, la famille – nous avons tous posé dans l’escalier d’honneur de l’Hôtel de Ville, devant l’immense et pompeux monument aux morts.

(J’écris ces lignes le 8 octobre 2011, alors que j’ai cassé il y a trois jours mon alliance, que je n’avais jamais enlevée depuis le 30 mai. Il ne faut pas trop prêter garde aux symbolismes objectifs.)

 

 

En octobre 2009, nous passâmes deux jours à Paris avec Alpha, et en laissant Oméga à Tours sous la bonne garde de ma mère. Place des Vosges, Carnavalet, Cluny, le Louvre. 3 amis mènent l’enquête. (Mais pas le film.)

 

 

° Les autres ont le droit de mettre leur grain de sel, aussi.

vendredi, 07 octobre 2011

Exister est un plagiat: 1 et 72

 

1

J'ai failli naître dans l'ascenseur de la maternité, non loin du lycée où travaillait ma mère et où j'ai préparé, quelques années plus tard, mon baccalauréat, à Dax. On ne doit pas avoir l'air très malin, la tête en bas.

Accoucher debout, pourtant, reste souvent une image africaine.

(Tout, en fin de compte, s'est passé à l'horizontale.)

 

Ensuite, quoi ? de nombreux mois paisibles ? ce n'est pas sûr. Je n'ai rien à en raconter, devrais demander à mes parents, à ma sœur.

 

 

72

Un des souvenirs les plus marquants de ma trente-sixième année restera mon voyage (déplacement professionnel) en Australie. Première fois que je franchissais l'Equateur, de plus pour me rendre down under.

Dans le vol Paris-Singapour, dans la nuit du 2 au 3 mai, je notais ceci :

J’ai déjà lu, entre l’heure et demie à attendre l’embarquement et le début du vol, la moitié du roman (très bref) de B.S. Johnson que m’a prêté ma mère. Ça date de 1973, c’est très potache, entre Queneau et Flann O’ Brien. Assez amusant, c’est déjà ça. Après avoir jeté un œil à son Petit Fûté Australie, T*** lit Les Croix de bois de Dorgelès (quite an unexpected choice).

 

L'avion était comme une sorte de grand vaisseau amiral, en zinc.

Giacometti n'attend pas (l'isba albâtre)

Après avoir poursuivi poussivement ma préparation in progress de la communication que je délivre (même s'il est peu probable que j'en sois définitivement délivré) demain matin (non : ce matin -- garçon, il est minuit passé), il me resterait à écrire deux textes pour mes deux carnétoiles, et surtout à noter quelques passages de Call It Sleep, que je dois rendre demain --- le PEB n'attend pas. Pas la force, tant pis, je ferai rapidos des photocopies des quelques pages que je voulais, voudrais archiver.

Call It Sleep, en effet : il faut aller dormir, je n'y tiens plus......... et ce même après une belle soirée # Hôtel de Rive, un spectacle court mais marquant, avec ses défauts même, de Frank Soehnle, l'artiste en résidence cette année à l'Université -/- un spectacle qui gagnait surtout à ce qu'on ne sache pas (et je ne le savais pas) que le texte était de Giacometti (la révélation finale éclairait la forme des figures marionnettes).

N'arrive plus à faire des phrases, doit se pieuter. Planque quand même un lien vers le billet que la publication de celui-ci fait disparaître. (Arrive encore à faire des phrases tordues, doit se pieuter.)

jeudi, 06 octobre 2011

Exister est un plagiat : 0 et 73

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Mes parents m’ont raconté comment, devant s’installer de toute urgence dans la région dacquoise, et ma mère enceinte de moi, ils ont trouvé à acquérir la maison du 4, rue Jean-Jacques Rousseau, à Saint-Paul-lès-Dax, non loin de la Pelouse (« ce Saint-Paul-lès-Dax est bien laid, décidément »), et comment les propriétaires, désarmés devant la situation financière du jeune couple et les taux d’intérêt usuraires de l’époque, n’avaient pas voulu de versement de caution, ce en dépit des objurgations du notaire.

(Tout comme dans Balzac, ça commence par se résumer à du pognon.)

Ma sœur avait trois ans, cet été-là. Est-ce à cette époque qu’a été prise d’elle la photographie noir et blanc sur laquelle on la voit – assise au petit bureau que mes parents ont gardé jusqu’à présent pour leurs petits-enfants – en train de téléphoner ?

 

 

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Je forme une entreprise qui a eu quelques exemples.

Exister est un plagiat, dixit Cioran, si j’en crois Lejeune. Seule la forme est de mise.

 

L’été dernier, à Cagnotte, pendant les flamboiements attardés de ma trente-septième année, ma mère a évoqué, je ne sais plus pourquoi, l’histoire du notaire et de la caution. Si, je sais pourquoi : à cause des rebondissements multiples de l’affaire immobilière de mon oncle paternel.

Immobilier. Mobilité de l’écriture, immobilité – dans la vie – que permet la mémoire. Aller de l’avant, dans ce projet d’écriture, consiste à revenir en arrière. → Les Vases bleues (chanson de 1976). En 2011, bien des questions restent en suspens, et même en suspension : la mer descend, c’est la vie.

 

Je ne sais pas ce que j’écrirai demain, mais peut-être pourrai-je imaginer la maison de mon enfance au moment de ma naissance.

Nous verrons.

 

mercredi, 05 octobre 2011

Bourbilly

13 juillet, Hagetmau.


« Le site est magnifique et très bien conservé, au confluent de deux combes où coule pareillement le Serein (qui décrit un angle droit). » (Parti pris, pp. 254-5)

 

La description est minutieuse, et pourtant, sans doute du fait d’une topographie singulière (ou parce que je ne visualise pas absolument ce que peut être une combe), je n’arrive pas à voir comment ce ruisseau peut avoir son lit dans deux combes convergentes – à moins que l’angle droit formé par le ruisseau (la rivière ?) soit justement ce confluent des combes ? Bref, il en est du Serein comme de la sérénité : il est double, il coule manifestement, mais on ne peut le concevoir.

mardi, 04 octobre 2011

Marche au supplice

Non, non, non, qu'on se rassure. (On, mais qui ? Nul lecteur. Continue de soliloquer, d'aligner, d'archiver, c'est de bonne guerre et pour la bonne cause.)

Non, non, qu'on se rassure, donc. Je ne suis pas très en forme, mais le titre de ce billet, toutefois, signifie simplement que je suis en train d'écouter la Symphonie fantastique, et plus précisément son quatrième mouvement, ainsi nommé, et que j'ai décidé d'écrire, à la manière de MuMM, un texte tant pour ponctuer le début de la journée de travail qu'en respectant la durée du mouvement.

Non, non, en mouvement. Pas en mouvement pour rien. Galop plutôt que marche. Tête chercheuse plutôt que pimbêches à l'arrêt de bus. Coup final que l'on attend, déroulé de tambour, menu déroulant sous les yeux, fenêtres, lettres écaillées, peinture du mardi, point barre.

lundi, 03 octobre 2011

Flick flick

Mon obsession photographique est si poussée que ma femme vient de m'offrir du shampooing antipelliculaire. *

 

* Untranslatable. Does anyone have a joke with dandruff ?

dimanche, 02 octobre 2011

De l'Aude à Vergoignan

(15 juillet 2011 - Hors Touraine)

Dernier jour avant le départ pour l’Aude (aux bras blancs – aux doigts de rose ?). Au fur et à mesure que je lis, la pile de livres sur lesquels je dois faire des fiches à partir de mes prises de notes s’agrandit. Hier après-midi, sur les gradins, à Nogaro, en attendant le début du concours de la Corne d’Or, j’ai lu un bon quart du court roman (il a écrit beaucoup de courts romans) de Roth, le troisième des « Kepesh books », The Dying Animal. Au retour, vers dix heures du soir, un ciel rose et bleuté recouvrait doucement les vallons autour de Vergoignan. (Nulle honte à l’écrire.)

samedi, 01 octobre 2011

Etat de droit, encore ?

Actualité de la semaine.

#1   Des policiers très haut placés qui fricotent avec des trafiquants de drogue, sans doute pour s'enrichir.

#2   Un ministre qui téléphone à un proche du président de la République pour lui donner des informations sur sa garde à vue. 

Cela vous étonne-t-il si je vois un lien entre ces deux entraves fondamentales à ce qui définit un état de droit ?

Par ailleurs, pour avoir passé cinq heures en garde à vue (après dénonciation calomnieuse d'un policier et avant abandon de toute poursuite à mon encontre), je peux confirmer que, quand on est un "simple prévenu" (traduisez : "pas un proche de Sarkozy ou un commissaire"), on ne garde pas son téléphone portable en cellule... on n'a même pas droit de garder ses lunettes ni ses chaussures !