mercredi, 07 septembre 2005
Jean-Gilles Badaire, le crâne et la glu
[A partir d'une première ébauche, vendredi 2 septembre]
Samedi dernier (27 août), nous avons visité l’exposition rétrospective de Jean-Gilles Badaire, peintre dont je n’avais jamais entendu parler mais qui affirme une œuvre pleine à la fois de constance et de diversité. Je ne sais pas trop si j’ai le droit de mettre en ligne une image, mais je voulais vous donner un aperçu : il me semble que la piètre qualité de mes photos d’amateur ne viole pas la loi sur les droits, et, dans tous les cas, peut susciter le désir, chez mes rares lecteurs, de mieux connaître cet artiste, voire d’acheter certains de ses livres ou des nombreux ceux (dits livres d’artistes, ce phénomène de mode qui participe, chez lui, d’une vraie conviction esthétique et d’un réel dialogue avec les écrivains) auxquels il a participé. Quoi qu’il en soit, c’est de ce désir de partage et cette volonté de faire connaître son œuvre que naîtra, sur l’écran, à partir de demain, une série de reproductions photographiques d'oeuvres. Si M. Badaire vient à passer par ici, et qu’il souhaite le retrait des images, je m’exécuterai aussitôt, bien évidemment.
Ce préambule procédurier passé, voici le vif. L’exposition présentait, dans l’ensemble des salles du premier et du deuxième étages du château de Tours (soit une dizaine de grandes pièces (non, vraiment il faut que vous visitiez ce lieu superbe!)), des œuvres représentatives des différentes séries picturales ou phases de l’œuvre, sans compter, bien entendu, maintes vitrines où étaient exposées des livres d’artistes.
La salle que C. a préférée est celle où sont présentées les « pages de carnet », qui comptent certes d’indéniables réussites, mais auxquelles je préfère les grandes toiles achevées, surtout celles que travaille le motif de l’ossature, du squelette, du crâne. Grands et lumineux lambeaux, vertigineux vestiges qui disent la cruauté du corps, ces peintures s’attaquent à un aspect passablement rebattu et connu de l’art contemporain, mais avec une fraîcheur qui m’a donné une sensation de véritable nouveauté. Voir une image de squelette avec le sentiment d’une expérience entièrement nouvelle, ce n’est pas évident.
Par exemple, la toile carrée Pot, piment et tête de mort est d’une fort belle facture, composition très juste, très resserrée, le crâne exorbité semblant se fondre dans le vase comme en un effroyable sablier noir sur la gauche et d’un blanc tavelé sur la droite. Le fond, ocre et gris, souligne le passage du temps, avec cette inimitable ligne noire diffractée qui parcourt ce fond de gauche à droite, se divisant en deux à droite du crâne et constituant une ébauche de récit.
Des portraits de femmes, je retiendrai la sublime Fille qui se branle, beaucoup plus proche de Klimt ou Soulages, en un sens, que de Schiele (peintre que je n’aime pas) — ou aussi cette énigmatique Louttre, mystérieuse par son titre, bien sûr, avec ce redoublement du t, mais aussi par sa posture, son visage dérobé, obscur, ténébreux et d’où sourd pourtant une force presque joyeuse.
Un pan entier de cette exposition est consacrée à ce que je suis tenté de nommer la période africaine de Badaire, où, sans sombrer dans l’exotisme, ou la référence convenue à certains mythes de l’esthétique occidentale (masques, scènes rurales), Badaire réinvente l’ocre, le gris, la matité des peaux, des contours, des cieux. Bien entendu, cela me parle, comme on dit si vilainement, et je signale aussi que la collaboration continue et plurielle du peintre avec l’écrivain Joël Vernet est liée à ce désir d’Afrique.
Il a aussi signé, chez Fata Morgana, une édition illustrée du texte célèbre de Marcel Griaule, Greniers dogons.
..................... Autant dire que c’était une belle exposition, et que je vous conseille de guetter de prochaines apparitions de cet artiste. Prolongement possible : le "catalogue", qui est un véritable livre - Marc Blanchet. Jean-Gilles Badaire. Le temps qu'il fait, 2005.
18:12 Publié dans Affres extatiques, BoozArtz, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (2)
lundi, 05 septembre 2005
Petitesse et décadence des journalistes
Entendu à 10 h 29 sur France Info (au volant de ma voiture) : «On sait pourtant qu’en période électorale les promesses et les amitiés de trente ans ont souvent la vie dure.»
Ce que voulait dire le journaliste, de toute évidence, c’était le contraire de ce qu’il a dit. Avoir la vie dure, cela signifie résister au temps, durer. Or, cette phrase était un petit commentaire ironique qui venait clore un « sujet » relatif à l’affrontement entre Sarkozy et Villepin dans la course à l’Elysée, et même juste après une intervention ô combien perfide du fourbissime Devedjian, dans laquelle ce cauteleux personnage expliquait que Villepin avait déclaré qu’il ne “serait pas candidat”, et que lui, Devedjian, ne pouvait pas imaginer une seconde que le Premier Ministre “mente aux Français”.
Ce que voulait dire le journaliste, c’était que la vérité, justement, au vu de l’expérience, était soluble dans l’ambition présidentielle et qu’elle n’avait pas la vie dure.
Je n’écoute presque jamais la radio, je ne regarde jamais la télévision, et pourtant il suffit que je m’y arrête quelques minutes pour entendre, à tout coup, ce genre d’erreur ahurissante. Le problème, à mon avis, vient de la conjonction de trois éléments :
1) le style journalistique est très friand d’expressions idiomatiques ou imagées (comme « avoir la vie dure », « faire long feu », etc.) ;
2) la majorité des journalistes ne connaissent pas les expressions qu’ils désirent employer ;
3) le travail de journaliste, dont on nous répète à l’envi qu’il se fait dans l’urgence, s’accommode mal, semble-t-il, de la vérification dans un dictionnaire.
18:40 Publié dans Indignations, Moments de Tours, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (1)
dimanche, 04 septembre 2005
Une page se tourne
Aujourd'hui s'achève la treizième semaine de publication de ce carnet de toile. Demain, je commence la toilette, ce qui ne signifie pas que me suis tenu si près de mon ordinateur que j'en ai oublié l'usage du gant ou du savon...
23:55 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
Notre demeure
D’extérieur, elle ne paie pas de mine, pavillon de périphérie comme il y en a tant (mais plutôt sobre et dans des matériaux neutres, sinon beaux). Sur le devant, courette protégée de la rue par une rangée de thuyas (…) Derrière, un jardin de dix mètres sur dix environ, avec un très beau cerisier, et quelques arbustes, un minuscule bassin où règne un nénuphar, et où nagent, muets, deux poissons rouges d’une grande banalité mais d’une plus grande résistance encore.
La maison est mitoyenne des deux côtés ; il n’y a donc pas de chemin d’accès direct de la courette au jardin, si ce n’est par le garage, situé à gauche du rez-de-chaussée.
Au rez-de-chaussée, justement, outre une entrée assez grande, on trouve, au fond à gauche, une salle de jeux, qui sert de débarras, et de deuxième chambre d’amis si besoin est (le lit et ses alentours sont dégagés). Par la porte de droite, en venant de l’entrée, on accède à la pièce de vie, qui est de soixante mètres carrés environ, et comprend salon, salle à manger et cuisine américaine (hélas) en enfilade. Par une porte-fenêtre, on peut, du salon, passer dans le jardin.
A l’étage, auquel on accède par un escalier partant de l’entrée, il y a, outre l’assez vaste pièce palière (où traîne souvent l’étendoir, mais où trône aussi la psyché), six pièces: en façade, au-dessus du garage, la chambre des parents; en façade, au-dessus de la salle à manger, le bureau et la bibliothèque; côté jardin, au-dessus du garage (et ayant une cloison commune avec notre chambre), la chambre d’A.; côté jardin, au-dessus de la salle de jeux, la buanderie (avec un canapé et la télévision qui ne sert jamais (c’est une longue histoire)); côté jardin, au-dessus de la cuisine, la (grande) salle de bains; côté jardin, enfin, au-dessus du salon, la chambre d’amis, dite aussi « chambre aux corbeaux », où je me trouve à l’instant même (samedi 3 septembre, 14 h 45). Un couloir qui sépare le bureau-bibliothèque de la salle de bains et de la chambre aux corbeaux ouvre aussi sur un cabinet. Il y a d’autres W.C. au rez-de-chaussée.
La maison a une surface habitable de 170 mètres carrés. Nous ne sommes pas à l’étroit, mais on s’habitue très vite à occuper l’espace.
Bien entendu, chaque pièce mériterait une description détaillée, dans le style de la Tentative d’épuisement d’un lieu parisien de Perec, mais cela pourra inspirer de futures notes.
16:10 Publié dans Moments de Tours, Sites et lieux d'Indre-et-Loire | Lien permanent | Commentaires (1)
Vous me le copierez
Ecrit hier soir: Aujourd’hui et demain, éviter absolument le centre de Tours. C’est la traditionnelle « grande braderie»; cohue, chaos, canicule et circulez y’a rien à voir.
15:25 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 02 septembre 2005
(Je rêve que?) le monde est petit
Hallucination ou réelle extension du domaine de la lutte?
... qui s'exprime sous forme d'une question plus directe:
Marione, est-ce vous que j'ai croisée au bas de l'escalator menant à la FNAC, ce jour, à 11 h 15?
C'est donc à Marione qu'il revient de répondre à la première question de cette note!
11:27 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (5)
D’un portrait de M.L. par André Masson
Est-ce une torche
Ou un verre renversé
Que vous tenez à la main
Droite, comme la main gauche
Vous dissimule la tronche ?
Ce crayonnageAussi compose volutes
Echappées peut-être d’un
Cendrier fuligineux
Suie de votre personnage.
11:10 Publié dans BoozArtz, Ecrit(o)ures, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (1)
jeudi, 01 septembre 2005
Varia, varia… le travail attendra
J’aurai bientôt mon nouvel ordinateur portable ; il faut seulement que je prenne une poignée de demi-heures pour faire le tour des deux ou trois magasins susceptibles de m’intéresser. Je pourrai enfin installer sur cet ordinateur le logiciel de dictée et de transcription de la voix que m’a passé Arbor, et dont il m’avait fait, fin mai, une démonstration tout à fait convaincante sur son ordinateur.
Je dois me remettre sérieusement au travail, aussi et accessoirement. Pourtant, je n’ai pas l’impression d’avoir beaucoup arrêté, car ce carnet m’a tenu en constant éveil intellectuel. En outre, je n’ai jamais autant écrit en si peu de temps, treize semaines à peine. (Il y a quelque chose à tirer de cette constatation.)
Je dois donc, dans les quelques jours qui viennent :
* prendre des repères pour mon cours d’UE libre sur l’humour britannique (dont on ne peut savoir encore s’il existera bel et bien – et, s’il a lieu, les cours commencent le 26 septembre!)
* choisir l’ensemble des textes de thème que je veux soumettre à la sagacité de mon groupe de 3ème année (nouveau cours)
* idem pour le cours d’analyse littéraire de 3ème année (nouveau cours également)
* idem pour le cours de traduction & lexicologie appliqué aux domaines techniques et financiers (pas un nouveau cours, mais je n’aime pas rabâcher)
* refondre mon cours de CAPES-agrégation sur The Good Soldier
Cela pour l’enseignement. Je vous épargne le détail des tâches administratives, qui n’ont pas vraiment cessé de peser sur mes épaules, grâce au courrier électronique (!). Côté recherche, il y a du pain sur la planche, avec deux articles à rendre, un dont le délai es archi-dépassé, sans doute irrattrapable.
Il faudrait (mais cela, ce sera pour le printemps prochain) refondre deux articles ébauchés et non achevés, et les proposer à des revues américaines. L’un est dans la lignée de ma communication de mars dernier à Reims (sur le roman d’Amos Tutuola, The Witch-Herbalist of the Remote Town. L’autre est ce texte encore approximatif sur le second roman de Jamal Mahjoub, qui servit de point d’ancrage à ma communication lors de l’atelier Littératures post-coloniales de mai 2004 à Saint-Quentin-lès-Yvelines.
En revanche, il faudrait, dès avant l’hiver, remettre en chantier la publication des actes du colloque Fantasizing Africa.
Je m’aperçois souvent, relisant par hasard des pages de ce carnétoile (au hasard des commentaires déposés par les internautes, that is), que je ne parle pas du tout de l’Afrique, ni surtout de la littérature africaine, dont – à l’exception (notable) de quelques lectures du mois de juillet – je me suis tenu un peu éloigné ces temps-ci, pendant la période d’écriture de ce carnet. C’est un manque criant, dont la béance me frappe beaucoup, t qu’il faudra songer à combler. Comme j’ai décidé de ne me contraindre en rien et à rien lors de ces travaux d’écriture, ce n’est pas grave. Mais cette pensée est là, telle une ritournelle, et il fallait la consigner.
Un simple clic sur le lien qui mène aux notes de la catégorie Affres extatiques suffirait, je pense, à confirmer cette béance.
……………
En écoute : Four for Trane (Archie Sheep Sextet, 1964)
22:55 Publié dans Affres extatiques, Moments de Tours, WAW | Lien permanent | Commentaires (1)
Pintomate
11 h 35
La voisine du 11, en face, vient de donner à A., avec qui je me trouvais (lui jouant dans la courette, moi lisant le chapitre 2 de Maupassant in the Hall of Mirrors (dont la première phrase du chapitre 4 pourrait constituer une excellente épigraphe à ce carnet de toile)), deux énormes tomates. Comme il s’agit de ces voisins dont nous avons cru à tort, pendant plus d’un an, que leur patronyme était Pinto, et comme la tendance actuelle de ce carnet est de pousser quelque peu l’interrogation sur les signifiés sans signifiant, je prends la décision de baptiser ces « tomates », qui font plus songer à des citrouilles miniatures, et ont dû bénéficier, dans le jardin ouvrier de La Riche où elles poussèrent, de force engrais – je me propose de les nommer des Pintomates (substantif qui se prononce pinn-tomates, ou pinn-to –mates, selon que l’on désire les apparenter ou non au fruit dont elles dérivent).
18:45 Publié dans Moments de Tours, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 31 août 2005
Objet sans nom
Faut-il l'appeler toupeutre
Ou tenter le mot feuoupie
Pour cet objet qui sert de feutre
Et qui, toton, met en charpie
Ses orbes d'un rose âgé?
08:20 Publié dans Ecrit(o)ures, Moments de Tours, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 29 août 2005
Après-midi de demi-brume
Le monde Cet émoi enamouré du monde
Je reprends le violent
vertige de ma vie Une étincelle brûle
Au creux de ma paupière un silence se fait
Dieu que ce clavier est sale que cet ordinateur est vieux que l’écran est près de mes yeux
Jamais je ne saurai à laquelle féconde
seconde de ma vie Ce monde le sait bien
Ô ce monde adoré ô cette pénitence
Je reprends le volant
des mains de l’adversaire Et nul ne peut me taire
Un avenir radieux se love dans un creux
Installé dans ce ghetto dans la chambre dite " aux corbeaux "
Cet ordinateur oubliait que le monde allait de son train sans lui sans ses pannes ses refrains
Ici dans cette pièce assis à ce bureau
Je regarde alentour et tout n’est que poussière
Araignées téméraires fanfares timides
Les novices se sont approchées sans bruit de mon fauteuil
Elles disent répètent hèlent enfin la nuit
où bêlent les brebis galantes du Seigneur Juste un coup d’œil
Ses psaumes tendus
La bécane esseulée revit renaît respire
Et les premiers mots que je vois
- Sur ce papier violet mon regard prend racine -
" A la honte de la chair " ne sont pas de moi Je reprends
le fil mal dénoué de l’écheveau diurne
et violemment me tais Je persiste au silence Et je résiste au sel
du seul sempiternel mot qui m’affronte
Cet émoi enamouré de la honte
Tours, chambre aux corbeaux, 27 août 2005
12:10 Publié dans Ecrit(o)ures, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 27 août 2005
Tatamkhulu Afrika
J'ai dilapidé - dans la fièvre des pierres, la rêverie des terres - une bonne partie de ma soirée à me replonger dans l'oeuvre poétique de Tatamkhulu Afrika. Il y avait quelque temps que je n'avais pas ouvert ces cinq recueils ou plaquettes que S°°° m'avait envoyés il y a trois ans et demi. J'avais découvert là, par-delà mon admiration pour le prosateur hors pair, l'un des plus grands poètes de langue anglaise de ce siècle.
J'ai pour tâche, l'ayant promis à la suite d'une discussion sur le Forum de la SLRC, de retrouver un poème qui célèbre l'amour des garçons, et je penche en faveur de "War Mate", qui se trouve dans le recueil Turning points.
...
Sinon, la journée a été paisible dans les involutions du corps, mais mouvementée pour l'esprit. Plusieurs notes écrites à la main et pas encore recopiées, car il faut bien que C. prépare son cours de rentrée sur Les Châtiments, tout de même. De surcroît, pour répondre à une question posée dans un commentaire, je ne peux toujours pas accéder à mon compte de courrier électronique. Ce soir, le réparateur m'apprend que la panne de mon ordinateur portable concerne l'écran et la "nappe" (?), qu'il y en a généralement pour "dans les trois mille balles" (j'aurais dit "400 à 500 euros", mais bon...). On se dirige droit vers un nouvel achat...
...
Nous avons aussi visité l'exposition Jean-Gilles Badaire au Château de Tours (j'en reparlerai demain, pour son dernier jour (foncez!)).
...
Pour s'y retrouver dans les personnages de ce carnétoile
S°°° est une jeune femme qui a soutenu il y a deux ans une thèse fort brillante sur Breyten Breytenbach, et avec qui j'ai longtemps été en correspondance suivie avant de la perdre de vue ces derniers temps.
22:02 Publié dans BoozArtz, Lect(o)ures, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (1)
Un beau vers ()
Samedi, neuf heures et vingt minutes.
Je griffonne cette note au dos d'une fiche d'étudiant de 2004-2005, celle de Pauline, une étudiante sérieuse qui suivait mon cours de littérature britannique de Deug II. Ces fiches, une fois caduques, me servent, comme tant d'autres documents désuets, courriers inactuels, de papier brouillon, et j'ai oublié ce que je voulais écrire, si ce n'est que, guetteur mélancolique, tout à l'heure, fenêtre ouverte avant l'aurore, contemplant la rue obscure, m'est revenu ce beau vers de John Clare que je commente et fais étudier, justement, pour le cours de littérature britannique:
My friends forsake me like a memory lost
........... ce qui, entre le moment où je pensai à ce vers, celui où j'écrivis le premier état de la note (ci-dessus) et maintenant, implique une sédimentation de trois moments................
18:32 Publié dans Lect(o)ures, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 26 août 2005
"Tu peut te garer un peu mieux"
Ce matin, désirant nous inscrire (il serait temps) à la médiathèque de La Riche, nous nous sommes rendus dans cette remarquable ville, très voisine de Tours, où a fleuri la plus pure architecture stalino-auriolienne, cela to no avail, car cette institution culturelle réputée n'ouvre ses portes que parcimonieusement, entre trois et six l'après-midi, soit des horaires d'ouverture très différents de ce à quoi nous avait habitué la médiathèque de Beauvais, où je passais des heures entières, où je passai (plutôt) de nombreux moments, tant pour les ouvrages de philosophie qui s'y trouvaient (malgré tout) et qui sont fort coûteux, que pour les romans, les disques, etc. En deux ans à Tours, nous n'avons pas pris d'inscription à la Bibliothèque municipale, qui ne nous a pas semblé très intéressante (et à moi d'autant moins que je bénéficie de conditions de prêt très favorables à la Bibliothèque universitaire), ni à La Riche. Affaire à suivre.
Du coup, nous nous sommes dirigés vers le Château de Tours, où règne une exposition qui doit s'achever le 28 août, mais c'était sans compter sur le fait que ce haut lieu de culture est également inaccessible le matin. Comme j'avais garé notre voiture sur le parking du Château, nous avons poussé, à pied, jusqu'au Musée des beaux-Arts, histoire qu'A. aille faire un peu de musique, de toboggan, révise la position des planètes, et salue Fritz. A notre retour sur le parking du Château, je trouvai un minuscule fragment de papier quadrillé, sans doute arraché à un calepin, coincé sous l'essuie-glaces de gauche, et où je pus lire, une fois qu'il fut déplié, la phrase suivante "Tu peut te garer un peu mieux", ce qui, outre les deux fautes de français (l'erreur de conjugaison et l'absence d'inversion ou de point d'interrogation), était d'autant plus amusant que l'auteur (à l'écriture chevrotante, dirai-je par un raccourci synesthétique) devait être le propriétaire du véhicule qui, présent à notre arrivée et absent à notre retour, m'avait forcé à me garer légèrement de biais et en débordant sur sa place, car il était, lui, complètement en travers. On peut imaginer que ce n'était pas le conducteur du dit véhicule, mais enfin, l'absence de voiture sur notre droite, alliée à la présence, sur la place de gauche, du même véhicule que précédemment, renforce la présomption.
Il nous faudra retourner, tant à la médiathèque qu'au Château de Tours. Je ne clorai pas cette note sans faire remarquer qu'elle a été écrite "en direct", en un peu moins de sept minutes, et surtout que Tours est l'une des rares grandes villes à ne pas dispenser les usagers des frais de stationnement au mois d'août...
13:41 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (4)
jeudi, 25 août 2005
Noms confus
En face de la fenêtre, de l'autre côté de la rue, nos voisins, M. et Mme De Sousa (dont nous crûmes pendant presque deux ans (mais avec de bonnes raisons) qu'ils se nommaient M. et Mme Pinto) arrosent leur jardin. Il a plu ce matin, durant presque quatre heures. Lueur du crépuscule, reprise des routines.
20:15 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
Le Livre
La librairie Le Livre, de loin la meilleure de Tours (c'est même la seule), n'avait pas reçu Le Pays de Marie Darrieussecq, que C. voulait acheter; le "dernier" Lobo Antunes ne paraîtra que la semaine prochaine. A un moment précis, une sorte de fou à moitié borgne (je me comprends) est entré dans la librairie et a proféré toute une diatribe contre les gouvernements socialistes et communistes qui lui ont injecté des produits qui endorment, ce qui fait qu'il a perdu son travail. Le libraire m'a appris que c'était la deuxième "visite" de l'énergumène, et qu'apparemment le mieux était, aux dires d'autres commerçants tourangeaux bien renseignés, de ne rien répliquer, de rester muet en attendant la fin du discours.
J'ai acheté Napoléon VII de Javier Tomeo, et en laisse de Dominique Fourcade.
20:05 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
Voleur de voix
L'une des particularités de cette phase critique, c'est que je suis contraint de ne plus tricher dans le recours à l'écriture, et que je publie en direct les notes, n'ayant pas, de toute manière, l'occasion ni le temps de préparer des notes plus élaborées dans un document Word. Plusieurs projets de notes me traversent l'esprit, mais je suis affairé ailleurs, presque désintoxiqué de l'écran et du clavier, et elles restent dans les limbes.
Cet après-midi, première petite promenade à Tours, depuis la mi-juillet, et nous avons contemplé tout notre soûl les belles façades de certaines rues du vieux Tours, et notamment dans la rue du Mûrier, où je pris naguère une photographie reproduite par Simon sur son blog.
Comme j'ai commencé de lire, hier soir (en alternance avec Saint-Simon et les chants de Dante) Marelle de Cortazar, un texte qui se donne à lire selon plusieurs plans possibles, le plan de lecture totale étant non linéaire, je me suis surpris à commencer tout à l'heure la lecture de Pour en finir avec les chiffres ronds de mon cher Enrique Vila-Matas en faisant se succéder la 1ère notice, puis la 52ème, la 51ème, la 2ème, etc.
19:13 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles, Lect(o)ures, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 17 août 2005
Du cinéma
Courriel envoyé le 31 mars dernier:
Cher E°°°,
j'avais en effet prévu de te confier la surveillance, car je supposais que l'examen de cinéma devait avoir une tournure un peu spécifique.
Je te fais confiance et te laisse toute latitude en l'espèce.
Merci du sujet et bien à toi,
Guillaume
18:20 Publié dans Ecrits intimes anciens, Moments de Tours, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 25 juillet 2005
Tanneurs (déjà une note ainsi se nomme, non?)
« C’était bien la peine de construire tous ces lycées et toutes ces affreuses facultés, qui semblent être nées déglinguées tant elles ont été pauvrement construites et tant leurs usagers les traitent mal, et qui sont perdues dans des banlieues sinistres, ou bien au milieu de nulle part, de nulle part en tous cas où la culture, l’art, l’histoire, l’histoire de l’art dans notre pays aient jamais mis les pieds, où ils aient la moindre chance de se reconnaître, d’établir un courant de sympathie avec les aîtres et les êtres.» (Renaud Camus. La Dictature de la petite bourgeoisie, Privat, 2005, pp.102-3)
Il y aurait beaucoup à dire sur l’architecture de la rue des Tanneurs, ou sur l’Université François-Rabelais elle-même, son affreuse passerelle, sa grisaille, mais au moins, elle s’intègre assez convenablement à son environnement, qui, lui, n’est pas celui de n’importe quel campus français : entre le vieux Tours et la Loire, près du pont Wilson, «mon» université donne le sentiment d’être au monde, de ne pas être à l’écart de la culture. Je ne saurais assez conseiller aux jeunes Tourangeaux de venir suivre leurs études supérieures ici, sur le site Tanneurs, en lettres ou en sciences humaines, au lieu de choisir, comme la prétendue élite des juristes ou des scientifiques, ces campus perdus, éloignés, hideux, ou de partir pour Paris.
12:00 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (1)
dimanche, 10 juillet 2005
Repos dominical?
J’ai délaissé* ce carnet de toile durant deux jours pleins, au profit d’activités professionnelles plus intenses encore, et notamment deux soirées passées fort tard sur mon ordinateur, à élaborer le livret de l’étudiant de 3ème année, c’est-à-dire à mettre en forme des paragraphes, retrouver les descriptifs de cours dans ma boîte de réception et les copier-coller dans le document Word, devenir fou presque à chaque coup en raison des incompatibilités des polices, des feuilles de style, des espacements, sans compter qu’il a fallu inventer une manière pas trop chaotique de présenter les différents choix, tant dans les U.E. propres à la licence classique qu’aux options Civilisation & Communication ou Français Langue Etrangère qu’à l’intérieur des U.E., où, quand le cours magistral est imposé et commun à tous, les travaux dirigés, eux, portent sur des contenus différents, mais sont au choix. Aaaaaaaaaaah casse-tête chinois…
Heureusement que j’avais prévu le coup en publiant d’avance plusieurs notes relatives à la Touraine ou des citations qui me sont chères.
Ou plutôt : ce n’est pas cela que j’avais prévu, puisque je devais être en voyage hier et aujourd’hui, ce qui expliquait la prévision de notes publiées in absentia. Nous avons retardé notre départ, et c’est, du coup, un surcroît de travail qui m’a tenu éloigné de ces bordures ; tout est à recommencer pour la durée du transbordement, demain et après-demain.
……………….
* Par coquille ou faute de frappe, j’avais écrit, de prime abord, déliassé, ce qui, dans le cas de ce carnet sans feuilles, me plaît bien.
10:35 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles, Moments de Tours, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 04 juillet 2005
Tours de France, Cimetière, Paul-Bert
Bon, je ne vais pas y couper. Bâclons, alors.
Le Tour de France passe ces jours-ci à Tours, ce qui provoque un ramdam, un tintouin, un charivari, un tourneboulis sans nom. Outre les innombrables formules ineptes jouant sur l’homophonie Tour/Tours, que nous subissons depuis des mois, c’est désormais la cohue, la débâcle. (Et d’ailleurs, il suffit de lire les nombreux avis de Londoniens ou Madrilènes, ces temps-ci, pour savoir que, à l’aune des Jeux Olympiques, tout événement sportif est vécu, à juste titre, comme une malédiction par les indigènes. Les Parisiens semblent moins sceptiques, ou la presse s’est-elle censurée sur ce chapitre ?)
L’arrivée doit se juger plus ou moins à la minute où j’écris ces lignes.
Le tintouin cycliste m’a tout de même contraint à une chose que je ne fais pas assez souvent, qui est d’aller à pied à l’université et d’en rentrer pareillement, fort fourbu d’ailleurs, parce qu’une bonne partie de la demi-heure de trajet de retour (encore un triple génitif ! ça devient maniaque !) est sur une pente fort raide, une fois passé le Pont de Fil, entre le quai Paul-Bert et le cimetière de La Salle, puis même entre le cimetière et notre maison.
Je n’ai toujours pas fait l’effort de me détourner de ma course, au niveau du cimetière, pour jeter un œil aux tombes des soldats du Commonwealth. Il faudra y passer quelques moments, un prochain jour.
Contrairement à C., qui n’aime pas du tout le quartier Paul-Bert (qu’elle dit trouver arrougnous), j’ai un petit faible pour la rue qui descend vers la Loire, avec ses maisons populaires pas toujours en excellent état, il est vrai ; mais il est certain que je suis, d’avoir parcouru le quartier plusieurs fois à pied, plus sensible à ses charmes et moins à la vue d’ensemble, assurément guère attirante. (Et le double adverbe, tu sors ça d’où ?)
17:00 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (1)
samedi, 02 juillet 2005
Bourdon
Quatre heures. J’écris, assis dans un fauteuil du jardin, à l’ombre du cerisier et non loin de la haie de thuyas. Nous avons sauvé, tout à l’heure, un bourdon qui se noyait dans la petite piscine en plastique. Comme il fait un peu frais pour se baigner, et comme l’eau avait été versée mercredi matin dans la piscine, A. s’est proposé d’arroser les fleurs, le gazon, parfois le gravier aussi je crois, ce qui l’occupe, même si l’heure quasi zénithale et le soleil actif rendent cet arrosage tout à fait inutile.
Le sauvetage du bourdon aurait pu donner lieu à un texte de tonalité épique (et donc, certainement héroï-comique, quelque grands fussent mes efforts pour ne point sombrer dans la dérision), car il a fallu le repêcher au seau, le laisser marcher dans l’herbe, au soleil, le temps que ses ailes sèchent, prendre garde de ne pas lui marcher dessus, car il se cachait sous des feuilles d’herbe moins minuscules et pouvait aisément passer inaperçu ; lorsqu’il a réussi à s’envoler, nous l’avons salué.
Ce texte ne sera pas. On ne peut pas tout écrire, tout de même.
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jeudi, 30 juin 2005
Pluie comme la vie
Sept heures et demie du soir.
Finalement, j’ai pu, tout à l’heure, aller chercher A. à pied, et nous avons marché de concert, de la rue du Colombier à la rue Guillaume-Apollinaire, en passant par la rue François-Villon et la rue Ronsard, notre petit bonhomme de chemin habituel, devisant, gambadant. A peine quelques gouttes ont-elles salué la fin de notre promenade, avant qu’une averse salutaire ne s’abatte encore sur la ville.
Je me suis rarement senti aussi épuisé.
Ceci est certainement l’une des toutes dernières notes de ce mois de juin.
C. rentre à l’instant. A. à peine couché, j’étais installé à écrire dans le canapé du salon, with the laptop on my lap.
21:05 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 23 juin 2005
Place Jean-Jaurès, 2: Musiques
Je reviens sur mes pas pour répondre à une suggestion de Livy, en début de semaine : quel air ou quelle musique vient accompagner ma traversée de la place Jean-Jaurès ? A question simple, réponse complexe… L’air qui me vient à l’esprit quand je pense à la place Jean-Jaurès, c’est un air des Pièces pour clavecin de Couperin, « Les Baricades mistérieuses » ou « Le Bavolet flottant ». C’est l’architecture, en croix majestueuse, de la place qui appelle cette musique tout en chatoiements et volte-faces.
(Des souvenirs de notre maisonnette de Beauvais s’entent aussi à ces mélodies.)
Mais, si j’essaie de me rappeler quel air m’accompagna lors de ma première promenade tourangelle, c’est l’échec. Me voilà réduit aux supputations stériles. Je suis à peu près certain d’avoir chantonné « Avant l’exil » de Gérard Manset lors d’une de mes dernières virées piétonnières en ces parages. Ou « Spirits Rejoice » d’Albert Ayler ? (J’aime beaucoup « chanter » la partition du saxophone et de la trompette.)
Mais je ne dirais pas tout si je taisais un souvenir que le nom de Jaurès convoque immédiatement. Quand j’avais entre trois et six ans, dans la petite maison que nous occupions, mes parents, ma sœur et moi, à Saint-Paul-lès-Dax, j’écoutais le plus souvent ce qui fut le dernier disque de Brel ; il s’agissait d’un enregistrement sur cassette, un « repiquage ». J’avais appris à me servir du petit magnétophone : ouvrir la trappe, retourner la cassette, appuyer sur PLAY.
« Le Bon Dieu » me tirait des larmes. Cela ne m’est quasiment jamais arrivé avec d’autres chansons, mais celle-là a poursuivi ses efforts lacrymogènes jusqu’à récemment !
Si j’évoque ici ce disque, c’est qu’il s’ouvre sur la chanson terrible et sobre dédiée au grand socialiste français :
Ils étaient usés à quinze ans,
Ils débutaient en finissant,
Les douze mois s’appelaient Décembre.
Quelle vie ont eu nos grands-parents
Entre la faim et les grand-messes ?
Ils étaient vieux avant que d’être.
Quinze heures par jour, le corps en laisse
Laisse au visage un teint de cendre.
Oui, not’ monsieur,
Oui, not’ bon maître !
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?!
Tout le disque me bouleversait, quoique je ne comprisse à peu près rien, assurément, aux paroles. Pareil bouleversement me secoua, mutatis mutandis, entre dix et douze ans, en lisant la poésie de René Char, à laquelle je ne comprenais goutte (et, dès que je compris, cette poésie me parut plus fade…).
J’ai quelque peu dévié de la place Jean-Jaurès, et vais bifurquer plus encore. L’une des chansons les plus primesautières, dans sa mélodie et son rythme, du disque de Brel, s’intitulait Les Remparts de Varsovie. Je l’adorais et la connus bientôt par cœur, au point de la chanter un jour, dans la cour de l’école maternelle, aux maîtresses et dames de service dont, la légende familiale ayant embelli et réagencé constamment l’épisode, je ne sais plus si elles étaient amusées ou médusées. Qu’on juge à tout le moins de leur désarroi sur pièces.
Pareille mésaventure pourrait bien arriver à mon cher petit garçon, qui, fêtant bientôt son quatrième anniversaire, aime beaucoup fredonner le refrain suivant, de Mathieu Boogaerts :
Un hurricane
Sur Marianne
Et toute la panoplie
Des souvenirs, son zizi…
Mais tout nu dans l’avion,
J’aurais dû dire non.
22:35 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (1)
Autre ordinateur, autres moeurs
Confirmation de mes soupçons, c'est bien mon ordinateur portable qui me joue des tours, car, ce matin, à l'ordinateur du bureau, je n'ai eu aucune difficulté à laisser mon commentaire en réponse à Marione sur le Blog Oranginal.
Par ailleurs, les CRS sont venus expulser les demandeurs d'asile ce matin, et toutes les issues sont fermées sauf la porte M, qui est large de 80 centimètres. Il y a des examens, des réunions etc. Des milliers de personnes dans le bâtiment des Tanneurs. S'il y a un incident (ou un incendie), tout le monde crève (ou crame). Vive le Comité de Gestion de Site de l'Université François-Rabelais!!!
(Sur la question des demandeurs d'asile, lire une précédente note.)
09:20 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (4)
lundi, 20 juin 2005
Réponse douce à Fuligineuse
Fuligineuse écrit que l'écriture du blog a certainement supplanté, pour moi comme pour d'autres fêlés (au rang desquelles elle se compte, je suppose), la plupart des autres activités.
Pas vraiment. En fait, l'écriture ne me prend pas tant de temps que ça, et cela se ressent sans doute dans mon style pas toujours assez retravaillé.
Je voulais justement ajouter une note ce soir, avant d'aller me coucher, pour raconter comment, ayant lu plusieurs chapitres de Du lyrisme, que je croyais avoir fini de lire mais que j'avais en fait délaissé à la salle de jeux, un après-midi de lassitude (physique, rien à voir avec un quelconque désaveu de mon J2M à moi), j'avais finalement changé de cap, lisant les premières pages de Purple Hibiscus (il serait temps...). C'est alors, après une dizaine de pages, que j'eus une conversation avec ma voisine de lit, qui me faisait remarquer les citations relatives à la masturbation qui accompagnaient l'article du Magazine littéraire consacré à l'ouvrage de Thomas Laqueur, Le sexe en solitaire, que toute l'intelligentsia française, ou ce qui passe pour tel, découvre cette année à l'occasion de sa traduction. Bref, relisant la citation de Montaigne et la trouvant curieusement tronquée, je fonce à la bibliothèque, me saisis du Garnier jaune, me mets à chercher le passage en question, qui se trouve, pour comble de malchance, dans l'Apologie de Raimond Sebond, le plus long des Essais (II, XII). L'ayant trouvé, je m'arrête aux pages circumvoisines avant de me perdre avec délices, allongé sur le lit de la chambre aux corbeaux, dans les premières pages de cet essai, si fortement réputé que je ne l'ai jamais lu, c'est tout dire.
Puis, m'avisant que je devais aussi mettre le rez-de-chaussée (pas d'inquiétude, je vous donnerai un plan de la maison some day) à aérer, je descends, lance l'ordinateur où, compulsivement, je vérifie la fréquentation et la tenue de mon carnétoile, lequel, c'est vrai, commence tout de même à m'envahir l'existence, et c'est en quoi, finalement, chère Fuligineuse, contre toute attente et au rebours de mes précautions oratoires liminaires, je vous donne entièrement raison.
23:00 Publié dans Ecrit(o)ures, Flèche inversée vers les carnétoiles, Lect(o)ures, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (1)