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jeudi, 10 novembre 2005

Atelier Markowicz

Jeudi, 14 h 15.

Je viens de me promener dans le vieux Tours, pour un aller-retour inutile - mais toutefois agréable - entre le site Tanneurs et le Centre d'Etudes Supérieures de la Renaissance (C.E.S.R.), rue Rapin. C'est dans les locaux du C.E.S.R. qu'ont lieu, tous les jeudis de deux à cinq, les séances de l'atelier de traduction animé par André Markowicz.  Toutefois, il y a, ce jeudi, relâche, comme vient de me l'apprendre l'attachée culturelle. Cela m'apprendra à consulter les plannings qui me sont envoyés!

Je n'ai pas encore parlé de cet atelier, et c'est peut-être l'occasion de le faire, brièvement. L'objectif est, sur l'année, de faire traduire à un groupe d'étudiants, collectivement mais sous la direction de Markowicz, The Merry Wives of Windsor de Shakespeare. C'est une gageure, certainement, d'autant que la majorité des étudiants ne sont pas anglicistes.

 Jeudi dernier, c'était la quatrième séance, que j'ai manquée pour cause de colloque (à Montpellier, on le saura). Sinon, les trois premières séances furent absolument passionnantes. Lors de la première, Markowicz a expliqué un peu la méthode et le fonctionnement de l'atelier. Il y a environ vingt étudiants (en fait, un seul garçon; sinon, des filles), qu'il a répartis en cinq groupes, un pour chaque acte. L. A.-F., ma collègue spécialiste de littérature comparée, et moi-même sommes présents à chaque séance pour encadrer le travail; lors des séances auxquelles Markowicz himself ne peut participer, nous assurons le relais. Chaque semaine, les étudiants de chaque groupe doivent traduire 70 lignes de "leur" acte (dix lignes par jour, tous les jours, sans exception, c'est la consigne markowiczienne).

Lors de la première séance, Markowicz nous a fait traduire l'incipit de Crime et châtiment. Il faut savoir qu'à l'exception de lui et d'une étudiante russophone, personne ne parle un traître mot de russe dans cet atelier. Il nous a donc dicté une version mot à mot des dix premières lignes, et chacun devait proposer une traduction. On a ferraillé, bataillé ferme. C'était fascinant, et cela a surtout permis à Markowicz un grand nombre d'idées sur la pratique de la traduction, la langue française, etc.

Lors des séances suivantes, le groupe a procédé à l'examen des "débuts d'acte": en d'autres termes, le groupe chargé de l'acte I a lu ses propositions de traduction pour les premières répliques de l'acte I; on en a discuté, débattu; on a modifié, médité, laissé en suspens... Et ainsi de suite pour chaque acte.

Le faux Tourangeau n'a pas lu Ravelstein

Russie éternelle, ou encore grimaces.

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Âtre où folâtrent des pigeons,

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vide, éteint, sans embrasement.

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Est-ce cette planète, ou ce roi

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lucide, en sa danse de la pluie,

sereinement conquis?

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Terreur, apothéose!

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Est-ce, de sons, une overdose?

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Il paraît que je ne suis rien,

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non, au chaud sous les couvertures.

mercredi, 09 novembre 2005

Rue Briçonnet, toujours

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Est-ce un lion, un griffon?

 

Toutes griffes dehors,

comme un très curieux chat

posé sur la corniche -

 

Il se refuse même

(en pierre) à nous toiser

dimanche, 06 novembre 2005

Entre Tours et Onzain

Mercredi, trois heures et demie.

Très vite, étant donné la fréquence des arrêts et le constant va-et-vient des passagers dans ce que je nomme « un train corail » mais qui s’appelle un Aqualys, le choix s’imposa de lire sur cette portion du trajet, jusqu’à Paris-Austerlitz, et de réserver le travail sur ordinateur (avec deux heures et demie d’autonomie) au trajet en TGV entre Paris et Montpellier. Je me trouvai alors dans une situation voisine de celle de Robert Walser écrivant ses microgrammes, réduit à griffonner notes abréviées en caractères minuscules sur la fiche de format A6, partiellement imprimée au verso, de surcroît, puisqu’il s’agit du billet de remise d’ouvrages du Service Commun de Documentation de Tours.

 En écoute :   Arthur H., “www.com” (Pour Madame X, 2000)

samedi, 05 novembre 2005

Impasse du Colombier

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Mon quartier, 3

 

Je me pousse du col

Et les tuyaux fuyant,

J'appelle le plombier

Qui arrive en riant.

vendredi, 04 novembre 2005

Six apparitions de Pierre de Ronsard sur une verrière en plexiglas

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mardi, 01 novembre 2005

Les Trois Rois

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les trois rois
traînent reines
rincent princes
***
aux princesses reste l'inceste
  [Vue prise le 1er octobre 2005.]

Peut-être la seule boulangerie ouverte en ce jour de Toussaint, à Tours

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En ce mardi, j'aurais pu entonner l'air des cimetières cher à Brassens, car il n'y avait pas la moindre trace, le plus humble petit soupçon de boulangerie ouverte, jusqu'à ce que nous trouvions, près de la Tranchée, l'établissement ouvert et gavé de monde de Pascal Beneux. Loué soit-il!

lundi, 31 octobre 2005

Halo, oui

Deux étudiantes, ce matin en cours de grammaire, grimées, maquillées et cheveux teints.

Plus tôt, une dame d'allure tout à fait respectable manque de me faire tomber, pilotant fièrement sa bicyclette sur le trottoir. Il ne se passe pas de journée sans que l'on voie des vélos empiéter sur l'espace pourtant réduit des piétons. Il paraît que les cyclistes ont beaucoup à se plaindre des automobilistes; les piétons, eux, doivent s'écraser, je suppose.

Hier soir, j'ai bien avancé le texte de ma communication sur Travelling with Djinns. Je ne tousse plus beaucoup. J'ai achevé la lecture de L'Amant bilingue, livre fou et fort de Juan Marsé. Ce matin, entre 7 h 30 et 9 h, dans mon bureau rue des Tanneurs, j'ai préparé les documents pour le cours sur l'humour britannique de lundi prochain. Où il sera question de limericks.

Un halo de ferveur laborieuse accompagne mes pas. Je réinvente la roue.

vendredi, 28 octobre 2005

De bon matin, rue Fromont

De bon matin, rue Fromont, pianotant sur le doux clavier du vieux MicroVidéo estampillé 99268SP par les Services Centraux de l'université, je viens d'ouvrir la fenêtre de la salle des professeurs pour profiter de la douceur, le vent du sud tourbillonnant légèrement et offrant la tendre folie de ses braises, et j'ai contemplé un instant les quatre toiles d'araignée qui ont eu l'heur de ne pas être balayées par un agent trop scrupuleux ou un collègue arachnophobe (car il y en a).

Ce matin, rue Victor-Hugo et rue Fromont, j'ai vu plusieurs chats errants. Cela se voit qu'il n'y a pas d'officine à kebab dans ce quartier de Tours.

mercredi, 26 octobre 2005

Echauffements

J’ai quelque scrupule à mettre, sur le tapis, d’oiseuses considérations météorologiques (il se pourrait qu’il y ait, dans l’union de ces deux adjectifs, une forme de pléonasme), mais tout de même, n’est-il pas étonnant qu’en Touraine, dans une partie de la France qui n’est pas réputée pour la chaleur de ses étés indiens, un 26 octobre, le chauffage pas encore relancé, il fasse 21° dans une maison de 175 m² ??? Mieux même : je fais actuellement (il est neuf heures du matin) aérer le salon, m’y trouvant, et la température ne baisse pas d’un iota !

D’une chose je suis certain : les deux années précédentes, nous avons dû mettre la chaudière en marche dès le début du mois d’octobre. Il y a deux ans, le 30 ou le 31 octobre, nous visitions Villandry avec ma sœur Delphine, avec pulls et manteaux, et nonobstant en nous pelant…

 

P.S. : Faut-il que je m’abstienne de ce genre de note à l’avenir, ou dois-je créer une catégorie Café du commerce ou Taille de bavette ? (Une voix démoniaque me pousse, comme vous n’en doutez pas, à choisir cette deuxième solution.)

Une voiture mexicaine

Est-ce encore la Simon connection qui fait des siennes ? Avant-hier soir, quai Paul-Bert, je suivais une Mercedes classe A immatriculée au Mexique, ce qui ne se rencontre pas tous les jours. La plaque arborait les lettres et chiffres suivants : YWP 5565, accompagnés des abréviations YUC (Yucatan ?) et MEX (Mexique).

Quite unusual. Cela dit, un restaurant mexicain vient d’ouvrir à Tours, rue Bretonneau, en lieu et place de l’infâme restaurant coréen qui n’aura pas tenu un an. Mais peut-il vraiment y avoir lien de cause à effet entre le restaurant et l’apparition d’un véhicule immatriculé au Mexique?

Aphone you later

Les réveils sont difficiles, douloureux, déchantent. Cette nuit, la toux et les pleurs de mon fils, malade, lui, depuis cinq jours, et je n’ai pas pu me rendormir, secoué de quintes, gorge brûlante. L’aphonie toujours au rendez-vous. Au moins, j’aurai fait rire la secrétaire du département, hier ; elle me disait en plaisantant qu’il avait été décidé que les personnes souffrantes devaient rester chez elle cette année, à cause de la grippe aviaire, et je lui ai rétorqué que, si je n’avais presque plus de voix, cela n’avait tout de même rien à voir avec l’aphone sauvage. (Avec avifaune, le calembour était plus difficile.)


Dans l’après-midi, j’aurais pu souffler à mes groupes d’étudiants que c’était l’après-midi d’un aphone, mais ce genre d’humour littéraire (ou, à la rigueur, musical) ferait, je le crains, un four.


Aujourd’hui, je vais essayer de travailler un peu at home, même si je dois garder A., car ma compagne, coincée ici pendant trois jours entre son père et A. qui doit rester au chaud, va vouloir, je pense, prendre un peu l’air, et je la comprends… De plus, comme je ne suis pas fréquentable, avec mes microbes et mes remuements laryngiques, et comme je dors, depuis trois nuits (aussi afin de ne pas réveiller la maisonnée quand je partais à la fac hier et avant-hier), au rez-de-chaussée, à la salle de jeux, c’est elle qui s’est levée cette nuit pour donner, je pense, un verre d’eau et son médicament à A. Il semble, après presque une heure de toux, s’être rendormi. Incapable de réprimer et de supporter mes quintes, je me suis levé et je pianote. (Failli écrire : « je pinaille »)

mardi, 25 octobre 2005

Radio Béton? laisse béton

Je sais que j'ai mieux à faire, mais je veux tout de même vous faire part d'une expérience récente. Depuis hier, l'autoradio de ma Clio, sans doute trafiqué par des adeptes des musiques alternatives, refuse de diffuser les programmes de presque toutes les stations de radio que j'écoutais jusque là (Radio Classique et France Info). Je me suis donc retrouvé, hier soir et ce midi, à écouter Radio Béton, que je connais de nom car le Service Culturel de l'Université a un partenariat avec cette noble institution.

Hier, c'était plutôt comique: il était question d'un festival, les Rockomotives je crois, dont un responsable était interviewé. L'entretien était émaillé, comme il se doit, de morceaux de musique (à la limite de l'inaudible, d'ailleurs). Toutefois, l'ingénieur du son était soit amateur soit incompétent soit bourré, soit les trois, car il oubliait de débrancher les micros des animateurs au début de chaque morceau de musique. Sur l'un des morceaux, cela a duré une bonne minute:

- Ouais, ***, écoute, là on est hors antenne, tu vois.

- Ouais...

- Ouais, alors, faut qu' j' te dise, tu parles pas assez fort, et t'hésites un peu trop, tu vois...

- Ah ouais...

- J' comprends, t'es stressé, tu dois être crevé par l'organisation du festival, mais bon quoi...

- D'accord. Par ailleurs, faudrait qu'on s'organise pour appeler Alice.

- Ah ouais, mais Alice y a que son portable.

- ...

- Eh c'est quoi son portable? Ah ouais, c'est le 06 ** ** ** **.

[Ils ont quand même donné le numéro de portable de la fille à l'antenne!] [Autre notation comique: l'organisateur du festival a parlé de la "majestuosité" de la salle de concert qui a une "acoustique énorme...]

Aujourd'hui, c'était moins comique. Il était 13 h 30, et l'animateur passait son temps à vomir sur les lois Sarkozy (soit). Notamment, il promettait d'offrir des places gratuites pour je ne sais plus quel concert au "premier qui appelle et qui insulte Sarkozy dans mes petites oreilles, là, allez-y". Il était question des nouvelles mesures d'expulsion, en particulier, je suppose (quoi que cela n'ait jamais été dit pendant le temps que j'ai passé à écouter l'émission), dans le contexte de la manifestation prévue cet après-midi pour défendre un jeune étudiant malien menacé d'expulsion. C'est un cas complexe, et il serait juste, en effet, que la préfecture mette un peu d'eau dans son vin, dans ce dossier.

Bref, l'animateur a d'abord passé une "chanson" d'un groupe (La Rumeur... ça existe?). Le titre était "Nom Prénom Identité". Il y avait donc adéquation totale avec le sujet de l'émission, même si le ton de l'animateur, polémique et dénué de toute distance informative, avait de quoi agacer. Le plus ahurissant, c'est que ce gonze enchaîna en annonçant "dans le même thème, voici le morceau de Tiken Jay Fadoly [orthographe?], Y'en a marre".

L'auditeur qui ne connaît pas Tiken Jah Fakoly (entre la phrase précédente et celle-ci, j'ai vérifié l'orthographe sur le Web) s'attend donc à une nouvelle diatribe contre la politique française en matière d'immigration. Or, pas du tout: vérifiez vous-mêmes en lisant les paroles.

Donc, voici un olibrius qui, du fait du pouvoir que lui confère fugitivement son statut de disc-jockey, mélange, d'une part, les problèmes spécifiques des régimes politiques et des sociétés africaines et, d'autre part, la politique française d'immigration. Je sais que les deux se rejoignent, à un certain stade, car tout est lié (ne me faites pas dire ce que je n'ai pas écrit), MAIS: les deux chansons ne traitaient pas du tout du "même thème", et faire l'amalgame entre les problèmes des nations africaines dans l'ère post-coloniale et le statut des immigrés en France, ce n'est certainement servir la cause ni des uns ni des autres.

lundi, 24 octobre 2005

Malédiction

Ce doit être une joyeuse malédiction. M'apprêtant à rendre, à la bibliothèque d'anglais sise au troisième étage de la tour du S.C.D. (Service Commun de Documentation), un volume de The Library of America reprenant les trois premiers romans publiés de Paul Bowles, écrivain dont je n'ai jamais lu une ligne et dont j'avais emprunté ces textes à l'intention de ma mère, qui les a d'ailleurs lus tous trois au cours de l'été, j'ouvre une page presque au hasard (en fait, il s'agit du début de The Spider's House) et, lisant ce prologue, je me sens attrapé, capturé, apprivoisé déjà par les phrases de l'écrivain... et j'aimerais maintenant garder le livre pour le lire. Oui, ce doit être une forme de malédiction, l'épuisant désir de ces choses.

Bureau 38

Je me prépare (non sans avoir au préalable fait, dans le cagibi éloigné qui tient lieu de toilettes pour messieurs, la vaisselle des mugs) un thé dans mon bureau, rue des Tanneurs, et, ayant répondu à plusieurs courriers électroniques de nature professionnelle, je commence à butiner de blog en blog, m'arrêtant au moment où j'allais, en cette oisive occupation, passer le peu de temps qu'il me reste, d'ici neuf heures, pour vaquer aux affaires courantes (et, pour certaines, urgentes). Je prends toutefois une poignée supplémentaire de minutes pour m'insurger contre ce que j'ai envie d'appeler une véritable insurrection, et dont Livy, comme il se doit, est la meneuse: comment ça? ne lire qu'une note sur trois? z'allez voir de quel bois je me chauffe...

***

Note de 17 h 43: J'ai ajouté le complément d'objet direct qui manquait dans la première parenthèse et qui avait, de fait, prêté le flanc à quelque triviale mais juste remarque d'une fidèle lectrice. (La remarque a été supprimée.)

dimanche, 23 octobre 2005

Pages non coupées

L’exemplaire d’Entends la douce nuit, que j’ai feuilleté ces jours-ci entre autres travaux et lectures, édité par Plon en 1960 et sans doute présent dans le fonds de la Bibliothèque depuis presque aussi longtemps, n’avait jamais été ouvert, pour ne rien dire d’un éventuel lecteur. Pages jaunies, aux franges effilochées, d’un livre que je suis pourtant le premier à considérer.

jeudi, 20 octobre 2005

Chien orange en bois

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Ce très beau chien, d'une belle et ancienne maison qui, rue Colbert, sert de gîte au restaurant Le Franglais.

dimanche, 16 octobre 2005

Malsomnie

Dimanche, huit heures et demie.

 

Il faudrait inventer un autre mot qu’insomnie pour une nuit comme celle qui vient d’avoir lieu. Ayant du mal à m’endormir, et me souvenant surtout que je n’avais toujours pas mis en ligne, dans mon carnet Cours 2005, de note concernant l’hétéroglossie (ou le bivocalisme, ou le polylinguisme, depending on the translations from Russian into French), je me suis relevé, ai passé une demi-heure à faire le point, à publier la note en question. Il était minuit passé, et, trop nerveux pour me recoucher immédiatement sans lire de nouveau, je me suis installé dans la buanderie attenante à la chambre de mon fils, ai passé presque une heure à lire le Journal absurde de Harry Laus, puis m’y suis allongé. J’ai mis du temps à m’endormir, et, à trois heures et quart, ai été réveillé par la lumière sur le palier, ma compagne qui se levait, réveillée elle-même par le plic ploc du robinet mal fermé à la cuisine, qui s’égouttait dans une tasse placée au-dessous. Après avoir réglé son compte au bruyant fuyard, je me suis repieuté, cette fois-ci dans le lit conjugal, où j’ai mis un temps infini à me rendormir, pour être éveillé par mon fils, qu, à sept heures moins le quart, avait le nez bouché et n’arrivait pas à respirer. Lui s’est rendormi, mais pas moi, évidemment.

(Pour ne pas accabler ce pauvre enfant, et à titre statistique, c’est la deuxième fois qu’il nous réveille depuis notre retour à Tours, il y a bientôt deux mois, et encore ne peut-on pas parler d’un réveil en pleine nuit… (Quand je pense qu’au même âge, je me réveillais toutes les nuits, parfois deux fois par nuit, taraudé par d’atroces cauchemars, oui, toutes les nuits sans exception dixit ma mère, de trois à six ans, sans faute, dixit ma mère, jusqu’à notre emménagement à Cagnotte, à la campagne (jusque-là, nous vivions dans une petite maison au bord de la route de Bordeaux, à Saint-Paul lès Dax), aussi ne puis-je me plaindre des fort rares éveils nocturnes de mon fils, tout de même…)) (La phrase de la seconde parenthèse, celle qui commence par « Quand je pense… », n’a pas de verbe principal, ou plutôt il y a une rupture de construction (asyndète) avec la seconde partie (apodose), qui, commençant par « aussi ne puis-je », ne correspond en rien à la première (protase).)

Ayant réussi à écrire un long paragraphe exclusivement composé de parenthèses, je poursuis mon sillon, et mon propos initial, qui était de dire qu’il faudrait parler, en anglais, d’illsomnia plutôt que d’insomnia, ou de restlessness en un sens nouveau, plutôt que de sleeplessness. Et, en français, de malsomnie, de “mauvais sommeil”…?

Ce qui me fait penser que, donnant, jeudi dernier, à André Markowicz la liasse des textes que j’ai soumis à la sagacité de mes étudiants du cours d’analyse de textes littéraires (il doit intervenir lors de la dernière séance du semestre et proposera un travail autour dela traduction d’un de ces textes), il a « tiqué » (favorablement, me semble-t-il) en voyant le très beau poème de Tatamkhulu Afrika, Insomnia, que je dois étudier en semaine 5, soit, précisément, le mardi 25 octobre. Il se trouve que j’avais choisi ce texte longtemps avant la note de Livy relative à l’insomnie, et longtemps aussi avant la mince torrentielle prose publiée dans ce carnétoile et intitulée L’insomnie étend. André Markowicz a « tiqué » car il ne connaît pas Tatamkhulu Afrika (who does, indeed?), et j’ai le secret espoir, s’il aime ce poème, qu’il le choisisse, car il est extrêmement difficile et j’aimerais confronter mes vues aux siennes, en l’espèce.

samedi, 15 octobre 2005

Concert de Mathieu Boogaerts (La Riche, 14 octobre 2005)

Je ne reviendrai pas en détail, faute de temps, sur le très joli concert donné par Mathieu Boogaerts et ses musiciens hier soir à la Pléiade de La Riche. Mais il est à noter que c’est presque la première fois que je trouve qu’un concert constitue une amélioration, ou – à tout le moins – une variation enrichissante à partir des albums. Ce qui se produit souvent pour le jazz ou la musique dite « classique », à savoir que l’interprétation est à chaque fois neuve, stimulante, inouïe, est bien rare dans le cas de la chanson, où le disque représente généralement une forme de summum, l’orchestration étant au plus juste, la voix au plus affiné.
Hier soir, Boogaerts a chanté environ vingt-cinq de ses chansons (son répertoire doit en compter une cinquantaine), dont neuf, bien entendu, extraites de son dernier album, Michel. Le pianiste était un remplaçant qui avait su la veille à onze heures du soir qu’il était appelé à accompagner ce chanteur dont, peut-être, il ne connaissait même pas l’existence. Rien d’évident, donc, et on sent que Boogaerts (chant, guitare, et, sur une séquence de cinq titres, piano) s’est surtout appuyé sur la complicité de longue date qui le lie à son batteur, Fabrice Moreau, et à son bassiste (électrique), Jean-René Zapha. Le choix d’une orchestration principalement électrique (alors que Boogaerts joue surtout de la guitare acoustique dans les albums) a accentué les côtés les plus reggae de son écriture, mais plusieurs morceaux interprétés en solo ont conservé toute la pureté farouche des mélodies (ainsi d’un superbe Las Vegas offert en bis).
Un rien cabotin, et naturellement grimacier (mais sans que cela paraisse excessif ni outré), il a aussi fait ressortir le caractère comique des chansons, parfois au détriment de leur grand pouvoir suggestif et des beautés émouvantes de l’écriture (Bon et Bien). Les moments forts restent pour moi, en clôture, un Ondulé très lent, Quelque chose dans une totale obscurité (qui m’a définitivement conquis, alors que c’est l’une des chansons que j’aimais le moins sur le dernier album), Siliguri doucement provocateur et déjanté, Néhémie d’Akkadé, Lorsque Flore aérien au piano et L’Espace, décidément un des plus beaux textes de M.B.
Les deux interprétations les moins réussies, de mon point de vue ou à mon oreille, furent Keyornew, voix écrasée sous les cordes, et L’impact de nos ex, dont les sens et sons si subtils s’évanouirent partiellement.
Au bilan, Boogaerts a revisité tout son répertoire, dans des orchestrations très novatrices, loin  des tintinnabulations (pourtant indissociables de son style) ou du minimalisme retrouvé du dernier album. Du deuxième disque, il n’a interprété que Comment tu t’appelles, avec un solo de batterie très défrisant au centre ; cette quasi-absence est assez surprenante, car il y a plusieurs chansons très fortes dans cet album-là aussi : je pense à La bombe, Vite, Si si c’est ça, et J’en ai marre d’être bleu. Voilà, du côté des regrets, avec Bye, les titres que j’aurais aimé entendre : mais, évidemment, il était prévisible d’avoir quelques frustrations au bout de deux heures de concert. J’en avais eu plus encore à la sortie du concert de Dick Annegarn au Cirque d’Hiver en 2000…!

Finalement, l’impression la plus durable est celle d’un chanteur et musicien aussi touchant et juste sur scène qu’en disque, enthousiasmant et mélancolique, et l’une des voix (littéralement et dans tous les sens) les plus audacieuses de ces dix dernières années. Je ne me rappelle jamais sans émotion ma découverte du premier disque, au printemps 1996, à Talence, sous un soleil printanier admirable, puis comment j’écoutais ce disque inlassablement à Oxford (où je n’avais pas besoin, forcément, de langue anglaise, puisque je baignais dans l’anglais en permanence, et ce d’autant moins d’ailleurs que la langue de Boogaerts n’est pas non plus, absolument, le français) ; les albums suivants m’ont toujours surpris, car, après Super, le pavé dans la mare de 1996, je pensais que M.B. ne pouvait que décliner. Non, il changea, mua, s’envola sur d’autres ailes, sans jamais changer le fond de ses recherches vocales et musicales. Le concert d’hier soir a confirmé notre admiration pour cet artiste.

mercredi, 12 octobre 2005

Comment je me suis senti revivre

Hier, à quatre heures et demie, après une journée déjà fatigante, six heures de cours, un aller-retour Tanneurs-Fromont avec un cartable fort lourd, sans compter plusieurs mauvaises nuits avant, il me restait une heure et demie de cours à donner, et, installé à la terrasse du Vieux Mûrier, place Plumereau, avec deux collègues, dont Irène, je me suis senti revivre, à peine la douce blondeur du demi eut franchi mes lèvres. Ma voisine m’a fait remarquer que la bière risquait de m’endormir, alors que ce verre m’a fait le plus grand bien, m’a désaltéré, relaxé, délié la langue, j’ai ensuite été d’une grande lucidité pendant ce difficile cours d’analyse de textes littéraires, tous sons et accents toniques bien à leur place, attentif ô combien aux suggestions des étudiants, j’ai rarement été aussi content du déroulement d’un cours. De retour chez moi, le soir, j’ai eu envie d’une autre bière, je me suis descendu une 1664, qui m’a également rafraîchi le gosier, aéré le cerveau. J’aurais pu repartir à la fac faire cours de neuf heures du soir à minuit !

J’ai déjà fait remarquer à plusieurs collègues qu’un ou deux verres de vin au déjeuner me mettaient dans les conditions idéales pour enseigner l’après-midi. Hypothèse non confirmée par mes interlocuteurs qui doivent voir en moi, du coup, un véritable alcoolique, alors que, chez moi, j’ouvre une bouteille de vin tous les quinze jours en moyenne, je ne prends jamais ni apéritif ni digestif, parfois une bière, mais généralement en compagnie. Donc, ce dont j’ai besoin, c’est du verre d’alcool (vin ou bière) du déjeuner avant de faire cours. Je ne suis donc pas guetté par la cirrhose !

La Pléiade de La Riche & Coco Texèdre aux Bons-Enfants

Sous un soleil toujours magnifique, je me suis rendu, pour la première fois, en ce début d’après-midi radieux, à la Pléiade, la salle de concerts de La Riche, qui est très mal fléchée et devant laquelle, sans être pourtant aveugle ni inattentif, je suis passé deux fois sans la voir : au troisième passage, ayant été renseigné par un piéton, le seul indice fut l’arrêt de bus, qui porte la mention « La Pléiade ».

Revenu à Tours, je me suis arrêté près de la place de Châteauneuf, et j’ai visité, rue des Bons-Enfants, l’exposition Coco Texèdre, dont j’avais annoncé, en fin de semaine dernière, le vernissage. C’est, de fait, une artiste digne d’intérêt. Je n’aime pas tellement les petits formats et les livres accordéons, mais les séries de tableaux de dimensions plus larges sont très convaincantes. J’ai surtout en tête les trois 38 x 58 qui se trouvent sur le pilier de gauche en entrant, les deux 38 x 108 tout à droite près de la fenêtre, la série des huit 26,2 x 75 sur le mur de gauche en allant vers le fond de la salle d’exposition, et enfin, last but not least, les trois remarquables compositions en 26,2 x 75 qui se trouvent sur le mur à droite en face de l’entrée. Je trouve que les plus grands formats offrent à l’artiste un espace plus créatif, une page plus étendue, une plage d’expression qui la contraint à des compositions plus astucieuses, plus complexes, et de cette belle hétérogénéité naît un effet visuel piquant. Ainsi, une seule de ces grandes toiles se subdivise en un cadre empli de calligraphies creusées, une barre de couleur noire, une inscription peinte deux autres cadres plus petits, etc.

Les formats moindres, plus homogènes, donnent une idée plus simpliste du projet esthétique de Coco Texèdre. Le galeriste, très gentil, avec qui j’avais déjà conversé il y a fort longtemps et qui se souvenait très bien de moi (faible fréquentation de la galerie ou excellente mémoire ? les deux, disons), m’a montré le petit catalogue qu’avait édité, lors de son inauguration, la médiathèque de La Riche autour des œuvres de l’artiste.

Il y a aussi une petite commode en bois, avec seize tiroirs cubiques en carton blanc ; chaque tiroir est affecté d’un numéro imprimé à la façon des meubles d’internat de jadis (de naguère ? de maintenant ?) et d’un bouton original (pierres, galets, morceau de bois, etc.). Il s’agit, m’a expliqué le galeriste, d’une variation autour du cabinet de curiosités. De près, pourtant, l’effet du carton blanc n’est pas terrible…

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En écoute : « Keyornew » (Mathieu Boogaerts. Michel, 2005)

samedi, 08 octobre 2005

La Compagnie du Coin…?

Ma mère vient de m’écrire au dos d’une carte postale imitant un style vieillot, et qu’elle a dû glaner dimanche dernier, au café de la gare de Saint-Pierre des Corps. Il y avait aussi un marque-page. Carte et marque-page font la promotion de la Compagnie du Coin, « collectif d’artistes musiciens, plasticiens, qui crée et diffuse des spectacles musicaux ». Ils ont un site Web, et une adresse électronique.

vendredi, 07 octobre 2005

Fous de librairie, II

Vendredi, 15 h 55

Voici donc la première des histoires de fous de librairie promises, qui m’ont été racontées par les libraires du Livre.

Un client est venu deux fois les voir. La première fois, la conversation avec le plus menu des deux libraires (celui qui se prénomme Laurent, je crois) a tourné comme suit :

« Homme - Vous connaissez Pierre Laroche, non ?

Libraire - Oui, c’est un écrivain qui a publié quelques livres chez Gallimard.

Homme - Ah, vous pouvez m’en citer quelques titres ? »

(Le libraire s’exécute.)

« Homme - Ah, c’est ce que je pensais… Vous voyez, je suis le frère de Pierre Laroche. ET ces livres, c’est moi qui les ai écrits.

Libraire - …

Homme – Vous comprenez, ce n’est pas possible, ça ne peut pas durer.

Libraire - …

Homme – Je dois faire quoi, ça va finir comment ? je vais le tuer, c’est ça ??! »

 

La deuxième fois, le client est revenu à la charge, avec le collègue de Laurent, lui expliquant que la mère de Pierre Laroche (« qui est aussi ma mère, n’est-ce pas, hein ? ») et Pierre Laroche lui-même ne lui répondaient pas quand il leur téléphonait.

Je leur ai tout de même demandé s’ils ne comptaient pas signaler ces propos et ce comportement assez inquiétants à l’écrivain en question, qui, si cela se trouve, n’est pas au courant, et court peut-être un danger.

(Il va de soi que Pierre Laroche n’est pas le vrai nom de l’écrivain. Il m’a semblé plus prudent de camoufler en partie cette anecdote sinon entièrement véridique.)

André Markowicz, traducteur en résidence

Vendredi, 15 h 30.

Hier soir, dans l’amphithéâtre Thélème, avait lieu la première intervention d’André Markowicz, qui est invité toute l’année à l’Université François-Rabelais comme artiste en résidence. C’est la première fois, apparemment, toutes collectivités ou initiatives privées confondues, qu’un traducteur est choisi pour une résidence d’artiste.

Je connais le travail d’André Markowicz depuis belle lurette, depuis 1993 exactement, date à laquelle je lus L’Idiot dans sa traduction, ce qui fut, pour moi, un coup de tonnerre. (Il a parlé des “grands chocs” de sa vie, et, dans mon itinéraire littéraire, cette découverte a certainement été l’un des “grands chocs”.) Je ne connais pas son travail sur Shakespeare, mais je suis appelé à participer, dès jeudi prochain, à l’atelier de traduction qu’il va animer à destination d’un groupe d’étudiants non nécessairement anglicistes. Je ne serai là, d’ailleurs, ni pour encadrer, ni pour aider à la traduction, car l’atelier s’adresse aux étudiants. Je ne sais pas trop encore comment Markowicz va m’employer, nous verrons ; en tout cas, j’ai bien décidé d’être as unobtrusive as possible, dans mon petit trou de souris, disponible voilà tout. Cet atelier va consister en une traduction des Merry Wives of Windsor. (Je ne sais pourquoi, il a eu beau employer, au cours de la conférence, le titre français habituel des Joyeuses commères, j’ai comme une intuition qu’il va proposer un autre titre…)

Bref… hier, c’était l’ouverture de cette résidence, en amphithéâtre Thélème, à 18 h 30, en présence de deux cent cinquante personnes environ, dont pas mal d’étudiants, finalement, en dépit de l’heure tardive et du sujet, propre à rebuter beaucoup, même parmi les littéraires.

Françoise Morvan, sa compagne, et lui ont donné une sorte de dialogue à moitié théâtralisé mais sans histrionisme, derrière la minuscule table placée au centre de la grande scène. C’est peu dire qu’il a captivé son auditoire. J’avais beau connaître un certain nombre de ses théories (sur l’invention propre au travail de traduction, sur les motifs, etc.), et une partie non négligeable de son parcours (Pouchkine, la poésie russe, Tchekhov, Dostoïevski, Shakespeare), j’étais moi-même sous le charme.

Une étudiante avec qui j’en parlais ce matin m’a dit qu’elle avait été très touchée par la manière dont ils avaient construit leur intervention de manière à faire entrer le public dans leur dialogue, à dédramatiser ou dépiédestaliser (my words) le phénomène conférence.

Il y a eu quelques questions, sur la fin ; je leur ai demandé s’ils ne pensaient pas que, comme dans le cas de Dostoïevski, s’imposerait pas un semblable travail de dépoussiérage de l’œuvre de Dickens (victime, depuis un siècle et demi, d’un total malentendu “naturaliste” en France), et également si la « traduction sur le motif » a meilleure presse, finalement, dans le cas d’œuvres contemporaines comme celle de Lobo Antunes (ma lecture actuelle de Bonsoir les choses d’ici-bas a dû un peu influencer le cours de mes divagations mentales).

J’aurai l’occasion de reparler de cette résidence, d’André Markowicz, j’avais songé à constituer un répertoire de quelques liens vers des sites à son sujet, mais, comme dirait, mutatis mutandis, Birahima, le narrateur d’Allah n’est pas obligé, là je n’en ai pas envie, j’en ai marre, et j’arrête d’écrire pour aujourd’hui. Mon thé m’attend, je vais aller chercher mon fils à l’école, a faforo!

Fous de librairie, I

Vendredi, 15 h 50

Hier matin, entre l’instant où je commandai, sur l’un des postes informatiques prévus à cet effet dans le magasin de photos spécialisé dans les tirages numériques de la rue des Halles (waooow, Flau-bert…!*), des tirages à partir de ma clé USB, et le moment où je pouvais récupérer les dits tirages, je suis allé faire un tour (onéreux) à l’excellentissime libraire de la place du Grand Marché, Le Livre. Je me suis retrouvé à discuter avec les deux libraires, pourtant occupés, et, brandissant sans m’en apercevoir le dernier livre de Savitzkaya que j’étais venu y chercher (il s’intitule Fou trop poli), je les écoutai me raconter deux histoires de clients fous. Elles (les histoires) suivent. (Et, pour l’anecdote, j’ai lu hier soir, quoique fourbu, le Savitzkaya.)

 

 

* Doit se retrourner** dans sa tombe : that’s the gist of the parenthesis.

 

** Chouette lapsus de clavier : retrourner… Jarry eût adoré!