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samedi, 14 janvier 2006

Eléments d’un dîner, vendredi 13

Convives

Ceux qui pieusement… : Trois messieurs et trois dames.

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Mets et boissons

Pruneaux au bacon, dés de gruyère, rôties à la tapenade.

Huîtres de Cancale. Champagne Fleury père & fils.

Confit de porc & tomates à la provençale.

Château La Fleur Peyrabon 1999.

Fromages divers, dont Saint Félicien, Pont-l’Evêque, Epoisses.

Château Liversan 1996.

Galettes à la frangipane. (Irène a eu la fève.)

Excellent armagnac proposé mais refusé – heure tardive ou activités du lendemain ? – par les convives. Café. Tisane au sureau.

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Types de discussions

Universitaires.

Personnelles.

Moqueuses.

Inavouables.

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Quelques sujets de discussion

Vaut-il mieux se faire refourguer des responsabilités de vice-doyen ou de directeur de département ? (Composition de philosophie en six heures.)

Eric Rohmer et les films de SF américains.

Les professeurs d’E.P.S. férus de didactique.

Pieds d’appel.

La Thaïlande et le processus de Kyoto (Là, j’ai peut-être mal noté).

Il était une fois l’homme.

vendredi, 13 janvier 2006

Vendredi 13, ou l’Inattendu

Il avait rendez-vous avec elles, devant la cathédrale Saint-Gatien, c’est-à-dire sur le parvis. Une grive mauvis passa dans le ciel encore brun de nuages et de nuit, à quelques encablures pourtant de midi. Il ne les vit pas venir. Il avait connu l’une des deux dans un monde que les ignorants disent virtuel, et ne la connaissait pas de vue ; l’autre était l’amie de la première, et il la connaissait moins encore.

 

Il faisait les cent pas, variant les itinéraires avec plaisir, choisissant la première esplanade, ou la deuxième, s’immobilisant quelques minutes près des niches vides de leurs saints, les scrutant comme si ces évidements détenaient le secret de ce qui fait toute notre joie : l’évidence et le mystère. Parfois, il tirait son appareil photographique pour saisir qui sait quel détail de pierrerie, ou tel fragment de rue ; ou encore, je le vis, à midi déjà passé, alors que le froid devait lui engourdir le manteau, empeser ses lunettes aux verres rectangulaires et d’un noir martial, dur, acéré, se prendre en photo, à bout de bras, mais non sans s’être au préalable caché le visage derrière le livre de poche (il attendait cette Eurydice de fortune) qu’il avait emporté avec lui.

Oui ; il faut dire qu’il lisait parfois, comme dans un bréviaire, de son air monacal, un petit livre curieux, à couverture grise à peine marquée du rouge d’un visage et de caractères d’imprimerie (titre et nom d’auteur, certainement). Je l’observai. Je me disais qu’il était curieux qu’il eût ainsi prévu tous les accessoires d’une attente interminable et vouée à l’échec, à l’absence de rencontre. Jouait-il la comédie de l’attente ? Et qui était-il ?

Il lisait. N’est-ce pas faire des manières – lire ainsi, comme dans un bréviaire, en faisant les cent pas devant une cathédrale ?

Vers midi et quart, un homme l’aborda, lui demanda assez sauvagement « Vous êtes Guy ? », à quoi il lui fallut répondre par la négative, d’un air d’abord surpris, puis amusé. Moi aussi, je trouvai cela amusant que lui, qui attendait depuis quelque temps déjà deux femmes qu’il ne connaissait ni d’Ève ni d’Adam, se vît de la sorte aborder. A midi vingt, un jeune couple que nous avions vu, lui et moi, entrer dans la cathédrale un bon moment auparavant, sortit par le portail de gauche. Se jetant dans la Loire (n’a-t-il pas, comme tout un chacun, une montre ou un téléphone portable faisant office d’horloge ?), il leur demanda l’heure.

Il les avait entendu, avant, parler des saints absents de leur niche, de modillons, de façades polychromes que restitue, de nos jours, un savant jeu de lumières. « À Chartres », avait dit la jeune fille, mince lame de couteau rousse – j’avais été tenté de m’immiscer dans leur conversation, en leur disant que c’était surtout la cathédrale d’Amiens qui était réputée pour son éclairage polychrome. Je m’étais retenu – et là, lui, il sautait le pas, quelle banalité, pour leur demander l’heure…

Il ne traîna pas longtemps à débiter pieusement ses patenôtres, à lire ses fadaises, à prendre ses photos loupées, à émincer sa silhouette. Il fila, sitôt l’heure (midi vingt) annoncée par le jeune homme. De toute son attente, il ne s’était absenté qu’une minute, vers 11 h 50, pour aller rôder devant l’entrée du Musée des Beaux-Arts, anxieux – sans doute – d’avoir fait fausse route et de s’être trompé sur le lieu du rendez-vous… sans jamais perdre de vue le parvis de la cathédrale. Son autre absence, ce fut vers midi dix, pour aller rendre hommage au gisant si émouvant des jeunes enfants de Charles VIII – attribué tantôt à Michel Colombe tantôt à son neveu Guillaume Régnault – mais si furtivement, une minute à peine, qu’il pensait ne pas courir de risque.

Je suis seul à savoir si, pendant cette minute, deux dames ne se sont pas présentées sur le parvis, ont scruté un à un les trois portails, ni si l’une d’entre elles ne se sera pas exclamée « C’est sûr, avec un tel retard, il n’aura pas attendu… » Seul à le savoir, je le laisserai dans le doute. Cela lui apprendra à faire les cent pas.

jeudi, 12 janvier 2006

À corps écrit

Il y a, ces derniers temps, une raréfaction des textes, en ce carnétoile, au profit des seules images. Heureusement, la fréquentation accrue de nouveaux lecteurs apparemment survoltés ou inspirés compense cela, car vos commentaires, à tous, enrichissent ces pages de mots, de réflexions, de remarques, de formules souvent bien trouvées, judicieuses, et qui y mettent du baume.

Je lisais hier la fin du chapitre « Alphabet » dans Biffures (Michel Leiris toujours !), et remarquais comment mon rapport aux mots est à la fois très proche et totalement distinct de celui du grand maître. Serais-je maniaque sans la rédemption du mysticisme ?

L’influence de mes lectures entrefiliennes * sur mes pensées et mes raisonnements commence à devenir inquiétante, et je me dis qu’il faudrait que je restreigne le temps quotidien consacré à ces carnets : en effet, tel passage me semblait mériter d’être cité ici dans telle perspective – tel autre, relatif au triangle, instrument de musique dont il est rarement question en littérature, me rappelait une note publiée par Simon à ce même propos naguère.

Pour ce qui est du temps englouti par mes arachnéens titubements sur la grande toile électronique, cela est, depuis une semaine, plutôt préoccupant. (Ecrivant ces mots, je suis plus encore absorbé.) Je dois constituer – je pense – une sorte d’emploi du temps de mes tâches, me tenir à l’une, rébarbative et comptable, que je diffère depuis trop longtemps, avant de reprendre plus avant et plus massivement l’écriture ici – puis partager harmonieusement mon temps entre mes activités professionnelles, au ralenti ce semestre, mon grand projet à achever avant l’été (la traduction du dernier roman de Nuruddin Farah (le contrat est signé)), et ces carnets. Pour la traduction, j’établirai un emploi du temps qui commencera au lundi 23 janvier. D’ici là, je dois encore rencontrer moult étudiants pour divers problèmes, régler des questions d’emploi du temps (l’enfer recommence), assurer une permanence au Salon d’Information des Lycéens de Rochepinard le vendredi 20, etc.

Autant dire qu’il vous faudra, quelque temps, vous contenter surtout de photographies, notamment les chenonciennes, dont je n’ai pas fait le tour.

* néologisme stupide pour ne pas dire « sur Internet ».

 

mercredi, 11 janvier 2006

Exposition de Renaud Lagorce

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Je vous raconterai ultérieurement dans quelles circonstances, pourquoi et comment ma compagne m'a offert, pour Noël, une photographie de fluide de M. Lagorce.

Dans l'immédiat, je vous informe d'une nouvelle exposition de cet artiste digne d'intérêt, Etherance, rue Néricault-Destouches, à Tours.

 

Pierres blanches

Nous approchons dangereusement de la millième note publiée. Comme mon fils a aujourd'hui quatre ans et demi (vous rappelez-vous combien les demi-années revêtaient d'importance à l'école primaire?), et comme une émission de radio va aujourd'hui assurer ma renommée mondiale et ma fortune, cela fait beaucoup de solennités et de pierres blanches d'un coup.

Que faire ? Décider de publier si peu de notes, ce mercredi, que la millième n'apparaîtra qu'ultérieurement ? M'en soucier comme d'une guigne, d'une nèfle, voire d'une figue, et tracer mon chemin en essayant d'échapper aux savants calculs qui seraient source de writer's block et autres faridondaines ? Publier, à ce millième grain de sable, un poème à tout casser, une photographie du tonnerre de Dieu, un pamphlet à faire oublier les récentes empoignades ?

Je suis indécis. Pour la troisième solution, c'est râpé, je crois bien : si ce que j'ai publié jusqu'ici est médiocre, ce n'est malheureusement pas délibéré. Aucun espoir de faire mieux. Pour la deuxième solution, il faudrait que je renonce à mes manies arithmétiques pour ne serait-ce qu'un 3600ème d'heure, ce qui est impensable. La première ne fait que repousser l'échéance.

Et si je confiais l'écriture de la millième note (et de la neuf-cent quatre-vingt-dix neuvième, tant qu'on y est (je sais que je me plante dans les tirets)) à quelqu'un d'autre ? Voilà, c'est ça, la bonne idée.

Je lance donc un concours de pierres blanches. Faites-moi parvenir, d'ici ce soir, huit heures, le cachet de la Poste faisant froid dans le dos, une note, brève ou longue, parodique ou non, etc., afin que je choisisse les deux meilleures et les publie en conséquence. L'adresse est ici.

 

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Ceci réglé, je n'ai pas terminé mes salades.

Je voulais revenir sur le médaillon, publié hier, de Galba. Voulant vérifier que le mot galbe en français provenait bien du latin galbus, je m'en suis assuré dans le Robert culturel (Simon, ça va...?), puis ai dû faire face à l'énigme suivante, après avoir consulté le Gaffiot : l'adjectif galbus, a, um ne signifie pas "gras", mais "vert pâle" ; associé au substantif nux, il désigne une espèce de noix (galbae nuces chez Pline l'Ancien).

A l'entrée GALBA, Gaffiot signale que c'était bien le surnom des Sulpicius, et notamment de l'empereur Galba, à qui Suétone a consacré l'une de ses Vies des douze César. Le substantif féminin galba, ae semble s'expliquer, d'après Suétone, par l'emprunt à un mot gaulois signifiant le gras de la viande. J'enrage d'avoir laissé chez mes parents (cet abandon ne m'ayant pas, jusqu'ici causé beaucoup de remords) mon exemplaire des Vies, où j'aurais pu vérifier le texte exact.

Sur la Toile, je n'ai trouvé que le texte latin, du chapitre III en particulier, mais ma pratique du latin a beaucoup décliné depuis mes années khâgneuses. Il me semble comprendre que Suétone est indécis sur l'origine du surnom (Qui prius Sulpiciorum cognomen Galbae tulit ambigitur : on ne sait qui a porté le premier le surnom de Galba... (traductions sous réserves, corectifs attendus et bienvenus)).

La première hypothèse fait référence au siège d'une ville espagnole, emporté grâce à des torches enflammées avec du galbanus [???] (inlitis galbano facibus ). La seconde hypothèse est médicinale et fait allusion à des remèdes enrobés de lainages (remediis lana inuolutis) (ça ne donne pas envie de retourner dans le passé). La troisième, enfin, fait allusion au mot gaulois, pour lequel Suétone hésite entre deux traductions opposées : très gras (praepinguis) et maigre (exilis).

Bon, bref, c'est le bazar, cette histoire...

Ce serait maintenant le moment idéal d'insérer un joli petit récit pornographique pour les plus méritants de mes lecteurs. (C'était une hypothèse de mon professeur de français en khâgne : les scènes sexuelles dans les romans de Claude Simon seraient une sorte de récompense, voire, pour les moins insomniaques des lecteurs, une forme de réveil.)

Mais non.

(Sans blague, vous n'êtes pas arrivés jusque là ???)

mardi, 10 janvier 2006

Touraine Sereine sur France Bleu

Après une journée consacrée au travail, et, en ce carnétoile*, à la publication de photographies prises à Chenonceau avant-hier, je dois narrer un épisode de ma journée de travail : l'interview avec la journaliste de France Bleu Touraine, entre onze heures et midi.

Sachez, lecteurs impressionnés par tant de célébrité et d'outrecuidance, que vous pourrez, pour ceux vivant dans la région, entendre le vibrato exceptionnel, doublé d'un legato non moins chaud et puissant, de la voix du vrai Guillaume Cingal, et ce demain mercredi 11 janvier, sur France Bleu Touraine (FM 98,7), entre 19 heures et 20 heures, à l'occasion de l'émission hebdomadaire consacrée au monde estudiantin de Touraine. La rubrique (que m'a-t-elle dit déjà? l'enrobé, c'est cela?) consacrée aux blogs devrait durer deux minutes, d'où pas moins de vingt secondes, je pense, de cette voix merveilleuse que vous n'avez, pour la plupart d'entre vous, jamais eu l'occasion d'aduler.

L'entretien enregistré a duré vingt minutes, et la discussion off the record autour d'une demi-heure supplémentaire, et c'était très intéressant. La jeune et très enthousiaste journaliste m'a appris de nombreuses choses sur le phénomène du blogging, et nous avons beaucoup parlé de ce que je considère être la lenteur de la presse traditionnelle, régionale notamment, à se saisir du phénomène : d'un certain point de vue, il n'y aurait rien de plus simple, pour la Nouvelle République par exemple, que de créer une rubrique hebdomadaire consacrée à l'un des nombreux blogueurs du département. Cela serait nouveau, "proche des gens", comme le veut le credo de la presse régionale d'information, et pratique à mettre en place.

Je reparlerai sans doute de cet entretien très riche d'enseignements. En attendant, amis de la région, soyez fidèles au rendez-vous, sur France Bleu Touraine, demain à six heures du soir...!

 

 

* Note pour la journaliste, qui me lit, n'est-ce pas ? J'ai employé quarante fois au moins le mot blog en une heure d'entretien, alors que je préfère baptiser Touraine sereine un "carnet de toile". J'ai eu peur de faire cuistre, sans doute, alors que, d'ordinaire, ce genre de scrupule ne m'affole pas...!

L'explication du néologisme carnétoile doit se trouver quelque part dans le site, mais je ne la retrouve pas. En bref, c'est un mot-valise obtenu à partir de carnet (log-book) et toile (Web). Il est libre de droits, et j'incite tout un chacun à l'employer en lieu et place de blog.

samedi, 07 janvier 2006

Six vues du monument aux morts de la place René-Coty

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Comme pour l'ensemble de ce site, tous droits image et texte réservés Guillaume Cingal.

Panais de la dernière pluie

Toujours il est bon de changer d'habitudes. Même lorsque je suis pleinement satisfait de quelque chose, un commerçant notamment, je vais tout de même voir ailleurs, par curiosité, au pur plaisir de butiner.

 

Ainsi, ce matin, ne voulant pas aller aux Halles, j'ai dirigé mes pas (ou mes roues) vers l'avenue Maginot, et le marché de place René Coty, jamais visité. En ce samedi matin, il régnait un brouillard et un froid qui m'ont fortement rappelé nos années beauvaisiennes : une place d'une architecture fin Vincent Auriol début René Coty, justement ; un imposant bureau de poste, des étals épars.

Mes pas me ramèneront vers ce marché d'autres samedis. Entre autres, la co-présence d'un bon fromager, d'une boucherie chevaline et d'un maraîcher ne vendant que des produits issus de l'agriculture biologique, suffirait à me convaincre. Il faut toutefois ajouter que la jeune fille qui tenait l'étal du dit maraîcher n'était autre qu'une de mes étudiantes de l'an dernier et de cette année, qui est très vivante et gentille ; son père, m'a-t-elle expliqué, est maraîcher à Vernou-sur-Brenne, petite commune charmante, à l'ouest de Tours, dont je ne connais que le bourg, et la très belle église.

Du coup, la conversation roulant sur des sujets divers, dont les trois semaines qu'elle a passées (la veinarde) à Londres durant les congés de Noël, j'ai oublié d'acheter des panais, qui me tendaient pourtant les tubercules.

 

Mercredi dernier, j'avais pris une série de photographies du monument aux morts de cette place, qui, sans être beau, est très curieux - et, d'une certaine manière, plus émouvant que bien de ses semblables. Ces images seront publiées ultérieurement dans la journée, sans jeu de piste, puisque j'ai, d'avance, donné la solution...!

vendredi, 06 janvier 2006

L'Hédoniste

Il fait bien froid à Tours. Les brumes et frimas ne se dissipent pas.

Cela faisait beau temps que plusieurs collègues ou connaissances me conseillaient le restaurant L'Hédoniste, qui se présente officiellement comme un bar à vins. Trois fois je m'étais cassé le nez, à essayer de réserver quelques heures avant le dîner du samedi, soirée pour laquelle ils affichent complet, semble-t-il, dès le jeudi. Par une douce ironie, comme j'avais réservé dès mardi pour le déjeuner de ce jour, le restaurant était aux deux tiers vide.

Comme nous n'avions qu'une heure, et comme le plat du jour (offert dans une intéressante formule à 11,50 euros) ne nous plaisait pas, nous nous sommes contentés d'un plat à la carte accompagné d'un verre de vin choisi en fonction. Avec mon canon d'agneau, délicieux, le sommelier, très jeune et très cordial, m'a recommandé un "vin du Loir-et-Cher très charpenté, des domaines de Mikaël Bouges" (je cite de mémoire). J'ai suivi son avis, et j'ai tout de même été déçu de constater que je connaissais déjà le vin, dont le garçon, par une pudeur mal placée, n'avait pas voulu me donner le nom : il s'agit du très bon, et fameux aux deux sens du terme, Couilles d'âne. S'il choisit de faire figurer ce vin dans sa cave et de le proposer aux clients, il donne le nom, et baste ! Dans un monde idéal, j'eusse aimé découvrir un vin inconnu de moi, mais, comme il est très bon, je ne me plains pas.

Il faudra que nous retournions à L'Hédoniste (qui se situe à deux pas de la cathédrale, en direction de la rue Colbert), notamment pour y essayer un de leurs menus les plus relevés, mais aussi leur formule de cinq verres de vin différents pour 16 euros. Et je vous en reparlerai alors, naturellement...

 

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Je profite du thème de cette note pour faire de nouveau un peu de publicité pour le site Vins de Loire, dont le webmestre est un lecteur fidèle. [Ajout du 6 janvier 2008 : Guillaume Lapaque s'est conduit, depuis, de façon ignominieuse à mon encontre, mais je maintiens le lien vers son site, sans savoir d'ailleurs s'il fonctionne toujours.]

mercredi, 04 janvier 2006

Croisement / croisades

Je doute que la blogosphère - et même cette infime partie que constitue mon maigre lectorat - soit principalement composée de personnes qui connaissent le bulletin municipal de ma cité, originalement baptisé Tours.infos. Toutefois, je ne résiste pas à l'envie qui me tenaille de vous faire part des titres respectifs de deux "brèves" situées l'une à la suite de l'autre dans le n° 71 de cet étonnant canard :

La galette des rois des aînés

Obésité infantile : le dépistage

 

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Par ailleurs, j'ai reçu récemment, par le service des livres d'occasion du site américain de la Fière Amazon(e), un exemplaire d'After Theory de Terry Eagleton, et le dernier roman paru d'Abdulrazak Gurnah, Desertion (que j'ai commencé de lire et qui est superbe). Il s'agit de deux vendeurs différents, qui m'ont tous deux "refourgué", sans aucun scrupule, semble-t-il, des ouvrages portant, de manière patente, la mention suivante :

This is an uncorrected bound proof. It is not for sale and should not be quoted without comparison with the finished book.

 

Autrement dit :

Ce livre constitue le jeu d'épreuves finales sous forme reliée. Sa commercialisation est interdite. Pour le citer, il faut se référer à l'édition définitive.

 

Cela ne me gêne pas tellement, en soi, que les libraires fraudent, d'autant moins que ces éditions seront peut-être un jour recherchées et qu'elles auraient alors une valeur bibliophilique (je n'y connais rien et j'en doute). Mais, outre la question de principe, il se trouve que je suis, de par ma profession, appelé à avoir besoin de citer ces ouvrages : le dernier point, qui est mis en relief dans la troisième phrase de ma traduction, marque à quel point le fait que j'aie acheté (assez cher, car le montant exorbitant des frais de port compense intégralement le prix dérisoire du livre d'occasion) ces éditions ne me permet pas de travailler dans de bonnes conditions. Je tiens à signaler que c'est la première fois que cela m'arrive, mais deux fois coup sur coup, c'est violent.

Pour clore sur cette anecdote, je tiens à signaler que la page 54 de l'ouvrage de Terry Eagleton est entièrement blanche, ce qui, à lire la fin de la page 53 ("this downtrodden, long-despised class of men and women") et le début de la page 55 ("set of beliefs as a whole.") , n'est pas délibéré ! Si j'étais d'humeur oulipienne, je pourrais me lancer à essayer d'inventer la page manquante. Mais je crois que je vais tout simplement photocopier le passage dans un exemplaire de bibliothèque... si la pagination n'en est pas trop différente !

vendredi, 16 décembre 2005

Le Père Noël est dégueulasse

La débauche de cadeaux, d'achats, d'endettements, mais aussi de gavages et de fausse bonne humeur que représente bien souvent Noël, cela suffit à gâcher une bonne partie du plaisir, en particulier quand, comme depuis quelques années, le mauvais goût l'emporte toujours plus.

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Rien ne justifie ces immondices déposés en tous lieux. L'autre soir, après une promenade en ville, nous nous sommes arrêtés devant la vitrine des Galeries Lafayette, la seule à proposer quelque chose d'un peu joli. En effet, la décoration de la rue Nationale, du pont Wilson, tout ça est à vomir. Les cabanes du marché de Noël, boulevard Heurteloup, ne seraient pas laides, s'il n'y avait pas des guirlandes d'un mauvais goût atroce et un "accompagnement" sonore parfaitement répugnant.

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J'en veux pour preuve que mon fils n'avait d'yeux que pour les bus, dont il aime lire les chiffres et aussi observer si ce sont des accordéons ou pas.

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Je n'ose même pas évoquer ce que ce consumérisme forcené a pour moi de choquant, du point de vue de l'environnement. On se doute bien de ce que deviennent la plupart des Père Noël en plastique, une fois que le vent les a bien cradingués : à la poubelle. Et les illuminations partout... bonjour la facture électrique et le respect du protocole de Kyoto. Avant de critiquer les Américains, on pourrait commencer à regarder ce qu'on fait chez soi...

vendredi, 09 décembre 2005

Petits formats aux Bons Enfants

Avant et après le déjeuner (de très piètre qualité), au nouveau restaurant mexicain de la rue Bretonneau, Chez Kristina, que nous vous déconseillons absolument, nous sommes allés, C. et moi, voir, en deux temps pour mieux nous en imprégner, la petite mais robuste exposition de petits formats à l'espace des Bons Enfants. J'en ai annoncé le vernissage avant-hier, et je confirme l'intérêt qu'il y aura, sinon à aller rencontrer les artistes au cours du pince-fesses susdit, du moins à faire un tour du côté de la rue des Bons-Enfants.

Plusieurs des vingt-six artistes exposés nous ont "tapé dans l'œil ", comme on dit vulgairement.

J'aime beaucoup les nouveaux carrés encadrés de noir de Jean-Pierre Loizeau, des figures composées, à peine défigurées, noires illuminées, ou soudainement jouant sur des contrastes d'orange et de rouge très puissants.

J'aime beaucoup le travail subtil, coloré et jouissif de Philippe Pradier en hommage à certaines toiles reconnaissables (la très galvaudée Jeune fille à la perle, hélas, mais aussi un Braque), qui forme une sorte de série très réussie, serinée, et passée sans encombres au surin des regards.

Les photographies de Renaud Lagorce, qui représentent des fluides colorés, me plaisaient énormément, notamment deux d'entre elles (une grise, l'autre rouge) qui donnent à voir, en fonction de l'angle, soit une structure en fil de fer, soit une exquise fumerolle. Mais C. trouve cela très kitsch. Des goûts et des couleurs... (J'attends vos avis, chers lecteurs ; quand vous aurez visité l'exposition...)

Autres points forts de cette exposition, les tôles de Charles Bujeau et les ardoises de Florence Lespingal, presque abstraites (mais un soupçon de figuration vient relever, d'une touche lumineuse, ces petits blocs de toute beauté). Les ardoises de Jean-Pierre Lenoir, saignements de lave et boues noires virulentes, dans un recoin, irradient leur douceur, près de statuettes blanches, rêveuses et paisibles (mais de qui ? (à vérifier)), très réussies, au moins pour trois d'entre elles, en porcelaine (ce qu'il est impossible de deviner ou déceler).

Il y a là, évidemment, des artistes dont la "démarche", comme on dit communément, est tout ce que j'abhorre : esthétique inspirée de la bande dessinée (ou des arts décoratifs), figurations hyperréalistes dans des teintes outrancières, etc. Par exemple, le galeriste défend avec maestria la série des nageuses, qui est de Juliette Gassies, je crois. Pour moi, c'est quasiment irregardable. Et il y a pire encore.

Mais l'ensemble de l'exposition est, pour le regard, extrêmement stimulante. Le vernissage a lieu demain, samedi 10 décembre, tout l'après-midi, et le galeriste m'a dit qu'il ouvrait aussi dimanche après-midi.

 

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Une petite plaisanterie s'est glissée dans la trame hypertextuelle de ce message. Saurez-vous la trouver ?

jeudi, 08 décembre 2005

Conférence d'André Markowicz

Venez nombreux à la conférence d'André Markowicz

"Crime et châtiment"

 

le jeudi 15 décembre 2005 à 18 h 00

Amphi A - 3, rue des Tanneurs - Tours

 

La conférence est gratuite et ouverte à TOUS.

Loire hivernale

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Un mercredi de brouillard, un matin de brume, la Loire paressait sous le vol indécis des cormorans mûris au froid des courants. Les bancs gelaient, au passage des voitures qui ne les savaient pas.

mercredi, 07 décembre 2005

Les Bons Enfants

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ExpoSiTion  "les bons enfants font des petits..."
Ann !, Didier Becet, Carole Boissière, Charles Bujeau,
Chantal Colombier, Michel Davo, Laurence Dréano,
Juliette Gassies, Virginie Gauthier, François Géhan,
Pierre Guitton, Renaud Lagorce, Jean-claude Lardrot,
Bernadette Leclercq, Jean-Pierre Lenoir, Florence Lespingal,
Yannick Le Petitcorps, Jean-Pierre Loizeau, Claude Marchat,
Wareen Numa, François Pagé, Philippe Pradier, Dominique Perrot
Hélène Stéfanica , Coco Téxèdre ,  François Tomasi...
vous invitent à découvrir leurs oeuvres
lors du vernissage de l'exposition le samedi 10 décembre 2005 à partir de 14h
(les artistes seront présents tout au long de l'après-midi et de la soirée)

du côté des bons enfants
(près de la place Châteauneuf)
7, rue des bons enfants - 37000 TOURS
Tél. 02 47 31 30 60 / Port. 06 81 25 12 13

mardi, 06 décembre 2005

Un semestre déjà...

... et le soleil sèche les feuilles, par paquets trempés, dans les caniveaux du vieux Tours.

 

Sereins de tous parages, pinçons-nous...

lundi, 05 décembre 2005

Au Lapin-Garou-Gorille

Hier, c'était une première pour A., mon fils, qui, rappelons-le, a quatre ans et demi : nous l'avons emmené au cinéma ! Après avoir longtemps hésité entre un Joaõ César Montéiro posthume et un film taïwanais qui avait l'air très bien et dont le premier plan-séquence ne dure, paraît-il, que vingt-sept minutes, nous avons finalement choisi Wallace & Gromit. The Curse of the Wererabbit (je donne le titre en anglais, même si, bien sûr, nous avons dérogé à l'usage, for our son's sake, et vu la version française (mal) doublée (et mal traduite)).

En deux mots comme en cent : A. s'est bidonné (et nous avec lui, car nous sommes passablement férus du duo britannique en plasticine) du début à la fin du film. Nous sommes les seuls à être restés jusqu'à la fin du générique, car chaque nouveau lapin farfelu et multicolore encadrant, de son mouvement vertical ou diagonal, les éléments de la distribution, tirait, à notre fils, de nouveaux hoquets, un nouveau fou rire.

Le film, le premier long métrage consacré au maître inventeur et à son chien supérieurement intelligent, est très réussi : Nick Park est un gagman consommé, tant visuellement que stylistiquement, l'animation est irréprochable. Le texte est également très drôle, ou est censé l'être, de par ce que j'ai pu retrouver, au fil du film, de ce qui doit être la version originale (je me livre à une syntaxe délibérément difficultueuse, afin que vous perceviez bien le caractère complexe de l'opération). Il y a de très nombreuses erreurs de traductions (vicaire au lieu de curé, parmi tant d'autres), et les jeux de mots, assez obscènes il faut le dire, passent plus ou moins à la trappe.

L'intrigue n'est pas trop influencée par les démons du scénario hollywoodien, comme les derniers opus de Nick Park (Chicken Run et même A Close Shave avant cela) pouvaient le laisser craindre. Témoin de cela, la fin pathétique de la courgette colossale bichonnée par Gromit - alors que je craignais, halfway through the picture, que  cette courgette ne remportât, las!, le prix du plus gros légume...

Il y a de nombreuses références culturelles et populaires fort divertissantes : outre le clin d'oeil à King Kong, ma préférée est la transformation, dans la cuisine-bibliothèque de Wallace, du classique de John Steinbeck, East of Eden, en East of Edam...!

dimanche, 04 décembre 2005

Ô sur des ailes s'enfuir

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Depuis deux heures, le quintette de Miles Davis (Live at the Plugged Nickel, 1965, disques 4 et 5), un bon fauteuil et la vie de famille, lire les cent premières pages d'Amriika, qui traîne sur ta pile de livres à lire depuis des mois, voire des années, oublier le monde, le travail, l'envie de s'enfouir, de disparaître, de n'être plus que cela, ici, là, l'envie de s'enfouir, plus travailler, trop de travail a fini par vaincre tes moindres pulsions, l'envie de s'enfouir, de s'enfuir - puis, tu te relies à Internet, compulsively indeed, et trouves là, dans ta boîte de réception, deux photographies que t'envoie ton père, au retour d'un de ses incessants voyages européens.

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lundi, 28 novembre 2005

A la manière d'Eugène Savitzkaya

Je pèle les courgettes, purge les radiateurs, mets de la farine sur les engelures et dégivre les vitres de la Clio. Je fais des petits tas de poussière, au balai, que j'aspire ensuite. Je brique les cuivres, remplace les tuiles brisées, et voilà le baluchon déjà près de la porte. Je lave les carreaux de la paillasse, plie les vêtements secs, et je danse furieux sur les incantations de Julien Jacob. Il ne sert à rien de courir, mais les nuages déjà me poussent à biner les bégonias, à arroser faiblement le kalanchoë, à bluter l'hibiscus à fleurs bleues. Le romantisme n'est plus dans l'air du temps, alors je masque les pièges, traque les nuages, et admire les taupinières. Le roseau pensant m'accompagne pendant que je récure la cocotte-minute.

dimanche, 27 novembre 2005

Tours (de retour)

Je me suis réveillé en revoyant une scène de ma prime jeunesse: assis au fond du bus A, cours de la Somme à Bordeaux, je lis The Secret Agent de Joseph Conrad; le bus est longuement arrêté dans un embouteillage provoqué par une voiture en flammes. C'est un soir noir de novembre, et je rentre chez moi après une longue journée de khâgne. C'était fin 1992.

Hier, je suis rentré en fin d'après-midi d'Angers, où le colloque "Orality in Short Fiction" s'est avéré très intéressant, d'un bon niveau, avec des rencontres conviviales et assez délirantes même. Le banquet, vendredi soir, dans un restaurant sis en une péniche (La Timonerie, sur la Maine), était complètement raté. De la tambouille, de l'avis général. Le concert qui l'avait précédé, par l'invitée d'honneur du concert, une certaine Sandi Russell, était assez médiocre. Mais il vaut mieux cela qu'un contenu scientifique indigent, à tout prendre.

J'ai pu un peu me promener dans la ville, que je connaissais déjà. Angers est vraiment très joli, avec plusieurs points forts, de belles maisons, des rues piétonnes agréables, deux places pleines de cachet. Sur le chemin du retour, hier, je me suis arrêté à Longué, puis dans un café de Vivy, affreux petit village de bord de route nationale. A Saumur, la Loire était presque à sec, je ne sais pourquoi.

jeudi, 24 novembre 2005

Vins de Loire sur Google?

C'est volontiers que je relaie l'appel suivant, qui émane du pétillant Guillaume Lapaque, webmestre du site Vins de Loire.

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Appel à la solidarité des blogueurs : VinsdeLoire.com boudé par Google :-(


Créé il y a presque 4 mois, VinsdeLoire.com commence à trouver son rythme de croisière. Depuis la création de ce site, 14 915 visiteurs ont vu 172 511 pages. La fréquentation mensuelle a dépassé les 4 500 visiteurs au mois d'octobre et 50 lecteurs réguliers sont abonnés à la newsletter du site.

Globalement, VinsdeLoire.com est correctement référencé par la grande majorité des moteurs de recherche :

    * Il est référencé en deuxième position des résultats donnés par le moteur de recherche de Yahoo à la requête "vins de Loire",
    * Il est suggéré en troisième position des réponses proposées par MSN Search à la requête "vins de Loire",
    * Il est référencé parmi les 500 sources d'information du moteur de recherche Google News,
    * Il est deuxième des liens non sponsorisés suggérés par le moteur Alice Recherche à la requête "vins de Loire",
    * Il est deuxième des résultats fournis par le moteur Lycos à la requête "vins de Loire",
    * Il est proposé en deuxième position des réponses d'Altavista à la requête "vins de Loire",
    * Il est très correctement référencé sur le nouveau service de recherche de blogs de Google,
    * La parution des articles est signalée par le site blog-appetit qui apporte une audience non négligeable.


Mais hélas, malgré tous mes efforts, VinsdeLoire.com n'est pas référencé par Google dont le robot n'indexe rien d'autre que la page principale du site.

Lorsque l'on sait, comme l'indique une étude Médiamétrie citée par le spécialiste du référencement Abondance.com, que 64 % des recherches des internautes français passent par Google, cette situation a évidemment pour conséquence de limiter l'audience de VinsdeLoire.com...

J'ai tout essayé : écrire à Google, transférer le nom de domaine, étudier la situation avec Stéphane de Viabloga qui a fait preuve de beaucoup de patience et de disponibilité...

Mais à ce jour, rien n'a permis d'améliorer la situation.

Aussi, je me permets de faire appel aujourd'hui à la solidarité des blogueurs pour solliciter vos conseils, vous demander de relayer cet appel, et vous inviter à m'envoyer par mail vos suggestions pour parvenir à être référencé sur Google.

Et le jour où VinsdeLoire.com sera enfin référencé par Google, j'aurais plaisir à partager une caisse de vins de Loire avec celui où celle qui m'aura aidé à mieux comprendre les mystères du référencement !

lundi, 21 novembre 2005

L'escalier est un cendrier

L'escalier est un cendrier.

 

L'escalier sous la passerelle,

côté impair, rue des Tanneurs,

est un vrai cendrier

 

plein de mégots

et de déchets laissés

par les fumeurs.

vendredi, 18 novembre 2005

Catabase

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La terre a frotté ses arpions contre la pierre des frelons. La pierre-à-feu, elle aussi, pleure, et je pleure dans ma demeure. Rustre, apaisé, mortel talonné par les bises, le skaï sussurre des promesses, ô carminatif louangeur. Mortel, talonné par les braises, une heure a passé sur ma tête.

Au point du jour, dans un gouffre, nous nous ensevelirons.

jeudi, 17 novembre 2005

Des crocodiles dans tes rêves : Tchekhov, Markowicz, Bouillon

Cette fois, nous n’avons pas bu le bouillon – pas tout à fait, en tout cas.

 

Je m’étais juré, depuis le ridicule Songe d’une nuit d’été et l’affreux Léonce et Lena, de ne plus aller voir de mise en scène de Gilles Bouillon. Mais la curiosité de découvrir la traduction de Markowicz en action fut plus forte, et, samedi soir, nous sommes allés voir Des crocodiles dans tes rêves, le spectacle composé de cinq pièces courtes de Tchekhov proposé par le C.D.R.T., au Nouvel Olympia, à Tours. Evidemment, Bouillon est un metteur en scène qui est incapable de faire entendre les moindres subtilités d’un texte dramatique, et, comme il ne semble pas non plus savoir choisir ni diriger les acteurs (son Léonce et Lena, l’an passé, était un cas d’école), le choix qui consiste à surjouer, entre le grotesque et la fanfare, est à peu près la seule option qu’il ait à sa disposition. Toutefois, dans le cas des pièces choisies, ce parti pris fonctionnait à merveille, à l’exception de La noce, qui traînait en longueur et manque de rythme. Sinon, L’Ours et La Demande en mariage, les deux premières, très outrées, marchent bien, en grande partie grâce au talent des acteurs.

 

Un collègue, mécontent, me disait qu’il s’agissait, à son avis, d’un contresens, car Tchekhov est tout intériorité, ce qui me semble inexact. Tchekhov est le dramaturge de l’intériorité qui éclate, de l’explosante-fixe, des tréfonds extravertis.

 

Aussi ce parti pris n’était-il pas, pour moi, choquant, d’autant que la deuxième partie du spectacle se concentrait sur deux pièces plus retenues, plus lentes. Je connaissais bien Sur la grand-route, car j’avais failli jouer un rôle dans cette pièce en 1995 ; le revirement final est un peu poussif, mais il n’était pas mal rendu par des acteurs qui savent trouver le ton juste. Le chant du cygne est une très jolie parabole sur le théâtre et la vie, qui offre à l’acteur le grand privilège de jouer plusieurs scènes classiques du répertoire shakespearien, un bonus s’il en est.

 

Dans l’ensemble, et même si l’on peut déplorer la longueur du spectacle (quatre heures), la construction en est intéressante, la scénographie plate mais au service du texte, le jeu souvent juste, et les scènes font leur effet sur le spectateur. Il se trouve que je suis en train de lire, toujours dans la traduction de Markowicz (mon compagnon du moment), Images du passé, la trilogie – méconnue en France, me semble-t-il – de Alexandre Soukhovo-Kobyline ; ces pièces sont assez proches de l’esprit des pièces courtes de Tchekhov que Gilles Bouillon a choisi de mettre en scène. Je baigne donc dans une Russie pétrie de folie financière, de dérives verbales, d’inquiétudes bureaucratiques.

mercredi, 16 novembre 2005

Exposition Daniel Buren, au château de Tours

 

Ecrire ou ne pas écrire… L’exposition présentée par Buren au château de Tours est une telle imposture, une fumisterie, que l’on aimerait l’ignorer, tout bonnement – ce d’autant qu’il me faudra justifier mon avis pour ne pas donner l’impression de n’avoir « rien compris » (vous n’avez rien compris : c’est l’argument habituel des avant-gardistes les plus chevronnés et inconditionnels, ceux qui, au nom de Soulages, Fontana ou Pollock, artistes vraiment géniaux, vous feraient avaler les pires couleuvres en vous menaçant d’être d’“affreux réactionnaires” – rien n’est mieux à même de dégoûter de l’art dit « contemporain » que le zèle mis par ses thuriféraires à affirmer que toutes les œuvres ont une valeur).

 

 

Toujours est-il que Buren n’a pas réellement enlaidi le château. Son exposition s’appelle « plus petit ou plus grand que », et le seul concept a consisté à transformer l’espace rectangulaire du château en un triangle, au moyen d’échafaudages tout à fait hideux. La figure géométrique du triangle représente, je suppose, les signes > et <.

 

A l’intérieur du château, le triangle est constitué, sur trois niveaux, par des planchers colorés qui redéfinissent le sol. L’installation se limite à ces planchers de couleur (vert au rez-de-chaussée, orangé au premier étage, rouge au second étage), et – outre son caractère complètement superficiel, qui ne redéfinit rien du tout, et ne permet en rien la « déconstruction de l’espace visuel » vantée par les argumentaires bien-pensant – elle n’est même pas techniquement bien faite : les bordures des planchers peints, qui débordent sur les escaliers, ont été peintes avec force dégoulinures, de toute évidence involontaires, à faire honte au plus inepte des apprentis. Ici, l’art ne produit ni une belle vision, ni le moindre sens ; il ne témoigne pas même d’une quelconque compétence technique.

 

Au mieux, on pourrait penser que l’installation est propre à scandaliser les badauds, ou à épater les gogos. Mais y a-t-il des gens encore assez incultes pour se laisser épater ou scandaliser par une telle médiocrité ? Peut-être ; ce qui est certain, c’est que l’on peut s’offusquer de la médiatisation d’un si fade imposteur.

dimanche, 13 novembre 2005

… le bal des cormorans…

Ce soir, un beau week-end oisif et fatigant s’achève – un comme je les aime, d’autant qu’avec les lunettes cassées pendant deux jours et demi, je n’ai pas pu corriger un paquet de copies que je dois remettre demain ; je doute d’avoir le courage ou la force de les corriger cette nuit.

 

Vendredi, j’avais trente et un ans ; le soir, nous avons vu Des crocodiles dans tes rêves, cinq pièces brèves de Tchekhov mises en scène par Gilles Bouillon. Samedi, après une matinée diversement occupée (dont une visite chez l’opticien), et une après-midi pluvieuse à visiter le château de Langeais, C. et moi avons sacrifié à l’épisodique et infréquente sortie cinéma ; comble de malchance, nous avons choisi d’aller voir le dernier Woody Allen. Enfin, aujourd’hui, outre de variées anodineries, nous avons raccompagné mes parents à la gare après une visite de l’exposition Buren au Château de Tours et une promenade sur les bords de Loire, à admirer le bal des cormorans, par dizaines dans le ciel, sur les bancs de sable, et par centaines dans les peupliers de l’autre côté, sur la rive nord.