lundi, 31 mars 2008
Nombres, cordes

J'ignorais hier soir, en refermant 2666, le roman de Roberto Bolaño que je suis en train de lire, à la page 333, que je mettrais très précisément 22 minutes à revenir à pied du garage ce matin, après avoir emmené les enfants, qui chez la nounou, qui à l'école, et ce d'autant moins, curieusement, que j'avais remarqué, mardi dernier, en rentrant du travail, que le compteur kilométrique de la voiture qui se trouve en ce moment même entre les mains des mécaniciens affichait 110011, au point de me demander, quelques instants, si ce nombre était bel et bien, en vertu de sa nature palindromique, plus beau que 110010, question à laquelle je n'ai toujours pas trouvé de réponse. (Oui, j'ai une existence passionnante.)

Sinon, j'étais ravi de découvrir, lundi dernier, lors de l'avant-dernier concert (ou "midi musical") du Printemps musical de Saint-Cosme, le Trio à cordes de Villa-Lobos, pour lequel j'avais plutôt un préjugé défavorable, mais qui, à l'exception du troisième mouvement, qui donne une franche impression de "remplissage", est tout à fait remarquable. Plus tard, j'ai été surpris de découvrir que la fière Amazone répertoriait, sur ses différents sites nationaux, pas moins de trois enregistrements différents en CD... dont aucun n'est disponible, quoique le dernier, par le Kandinsky Trio, ait été publié il y a moins de quatre ans.

Lundi dernier, le trio que nous entendîmes à l'oeuvre était formé de trois (très) jeunes instrumentistes, la (remarquable) violoniste Eléonore Darmon, l'altiste Adeliya Chamrina (un brin paniquée, ou rivée à la violoniste, dans le trio de Schnittke) et le violoncelliste Yan Levionnois.
10:57 Publié dans Autoportraiture, Autres gammes, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (2)
lundi, 17 mars 2008
Dimanche aux planches
Sur le chemin du Prieuré de Saint-Cosme, où toujours nous revenons, Alpha et moi, nourris des mêmes émois, nous entendons, à la radio, l'air célèbre d'Orphée dans l'opéra éponyme de Gluck, version française ("J'ai perdu mon Eurydice"). Je raconte à Alpha le mythe d'Orphée.
Au Printemps musical de Touraine, nous entendons Nikola Nikolov et Camille Schnoor dans la Sonate op. 100 de Brahms (dont je préfère tout de même les versions Laredo/Pommier et Zukerman/Barenboïm), et dans la Sonate op. 24 "Le Printemps" de Beethoven.

L'après-midi, pendant qu'Alpha et sa mère sont repartis pour le Prieuré (concert du Quatuor Ebène et de la pianiste Akiko Yamamoto consacré exclusivement à Brahms), je reste à garder Oméga et j'écoute, trois fois, la deuxième partie d'une pièce que j'aime beaucoup, et de plus en plus : Restoring the Death of Orpheus für Akkordeon und groes Orchester de Rolf Riehm, avec Teodoro Anzelotti à l'accordéon. Il s'agit là, selon moi, du meilleur que la musique contemporaine puisse offrir : l'oeuvre émeut autant qu'elle déstabilise, et donne à entendre autant qu'à réfléchir.
(Sortir, sortir de mon mutisme...)
10:02 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (9)
samedi, 02 février 2008
Julio Gonzalez au Château de Tours I
Ce sont peut-être trente ou quarante billets que j'aurais voulu écrire, dans les pages de ce carnétoile, au cours de ces jours de vaches maigres. Une migraine atroce me martèle aux tempes. Avant de visiter, en coup de vent (et en passant entre les averses), l'exposition Julio Gonzalez en famille au Château de Tours, je n'avais (shame on me) jamais entendu parler de Julio Gonzalez, et encore moins, bien évidemment, de son frère Joan, mort jeune (à quarante ans), ou de sa fille, Roberta, huiliste, dont les toiles occupent tout le deuxième étage du Château. On est toujours l'inculte de quelqu'un. De retour à la maison, après un cours de thème dans une salle surchauffée qui a achevé de me plonger dans les bras de la sinusite (a foolish figure), j'ai pu vérifier, dans mon bon vieux L'Aventure de l'Art au XXe siècle (sous la direction de Jean-Louis Ferrier. Chêne/Hachette, 1990), l'étendue des dégâts : Julio Gonzalez y est cité pas moins de sept fois, dont deux petits articles à lui seul consacrés, avec deux reproductions de ses sculptures (la Tête aiguë de 1927 et le Masque de Montserrat criant de 1941).
Si tu as si mal que ça à la tête, je ne comprends pas que tu puisses rester comme ça devant l'ordinateur...
Feuilletant L'Aventure de l'Art au XXe siècle, je me suis retrouvé à méditer sur La Patience de Braque, sur mon rapport ancien mais conflictuel avec la peinture de Baranoff-Rossiné, et, enfin, à découvrir l'histoire savoureuse du Coucher de soleil sur l'Adriatique de Joachim -Raphaël Boronali. C'est d'ailleurs cette anecdote qui m'a conduit (en chantonnant in petto la chanson de Jean Ferrat ("Il est au milieu d' la route / Le stupide aliboron / On dirait qu'il nous écoute / Avec sa têt' de cochon")) à vérifier l'étymologie du substantif/sobriquet aliboron, d'où la citation qui va clore ce modeste et foutraque billet et qui peut renvoyer tant au Livre des mines quà mes lectures récentes d'Orhan Pamuk (encore que, dans Istanbul, Gautier ne soit guère évoqué) :
" Ces ânes étaient harnachés de bâts, de tétières et de croupières agrémentés de dessins en petits coquillages de différentes couleurs et n'avaient pas la mine piteuse de nos pauvres aliborons qui se sentent plaisantés. "
(Théophile Gautier. Constantinople. 1854.)
Si tu as si mal que ça à la tête, je ne comprends pas que tu puisses rester comme ça devant l'ordinateur...
[The story of my life.]
08:50 Publié dans BoozArtz, Le Livre des mines, Moments de Tours, Sites et lieux d'Indre-et-Loire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne, Art, écriture, Littérature
lundi, 28 janvier 2008
Reprendre le Temps
Non, ce n'est pas le colloque. Cela couvait avant ; de temps à autre, j'éprouve le besoin de faire une pause. Pour mon autre carnétoile, c'est même pire : rien écrit depuis dix jours. Dans ce genre de passage à vide, de passade, de tocade vacuiste, il m'arrive de me dire qu'il ne serait pas compliqué de publier une photographie, histoire de donner à voir, à défaut d'offrir à lire. Si le ressort manque, peu importe.
(C'est étrange ; j'ai le sentiment d'avoir déjà écrit ce même genre de billet revenant, au cours des trente derniers mois...)
Ce n'est donc pas le colloque, qui était très bien, s'est bien passé... je crois. Le travail, la débauche d'énergie afin de faire suivre l'intendance, tout cela se paie, bien sûr. Mais l'écriture se trouve dans un autre royaume, ou dans un terroir distinct, nourri de pluies d'autre nature.
Hier, j'ai commencé la lecture de deux pavés : les récits de voyage de Henry James et le dernier livre de Wole Soyinka (You Must Set Forth at Dawn). Dans les deux cas, l'écriture est riche, savoureuse, complexe, enivrante. Le rapprochement doit paraître audacieux : puisque le hasard a réuni ces deux livres, pourquoi ne pas se fier au hasard ?
Ce qui m'a attiré, dans la lecture des récits de voyage de James, outre ma grande admiration pour l'auteur, c'est la centaine de pages qu'il consacre à ses pérégrinations en Touraine, à l'automne 1882. Le regard que James porte sur les monuments les plus renommés de la région est d'une rare profondeur, mais ce qui surprend aussi, ce sont les notations qui montrent en quoi les conditions mêmes des visites touristiques ont changé. Visiter Chambord sous la houlette d'un serviteur du comte Henri en exil (en tous lieux, James emploie, pour parler des guides, le beau mot de cicerone), cela pose le sujet. Entre autres traits, ses remarques contrastées au sujet des restaurations des châteaux de Blois et de Loches respectivement sont d'une justesse qui demeure frappante. Il ne semble pas avoir beaucoup de goût pour les tapisseries que l'on trouve pendues aux murs, et qu'il dit, à trois reprises, jaunies ou sales. Saint-Ours, Saint-Julien, Amboise : il faudrait citer (et commenter) chacune des phrases de ce livre. Cela n'est guère possible.
(Tu repars, dans le cabriolet Régence, lire Soyinka.)
23:41 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne
vendredi, 18 janvier 2008
Sept heures du soir, RN 124
( La zane de yeul, ça n'est pas folichon. )
Ce matin, il s'est passé ça. Puis, j'ai écrit ça. Idiot que je suis : l'énoncé j'ai vu passer une jolie jupe est toujours une métonymie, puisqu'il attribue à la partie du tout (le corps habillé) des propriétés du tout, la personne entière (la marche - "passer").
Autrement, après trois heures de cours, une traduction de poésie, deux heures et demie de recherches sur JSTOR et huit rendez-vous, j'ai quitté l'université à six heures du soir, pour me consoler avec Leo Perutz.

Six mulets et six hérissons font la douzaine, et la plupart des gens ont le nez au milieu de la figure. Avez-vous entendu, madame Sabot ? Demain, on enterre un mort !
(Leo Perutz. Turlupin. Traduction de J.-C. Capèle. Le Livre de Poche, "Biblio", p. 29.)
22:45 Publié dans Hors Touraine, Lect(o)ures, Moments de Tours, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Ligérienne, Photographie, Littérature
mercredi, 16 janvier 2008
Soleil nueigeux
Sans une seconde pour écrire dans les pages de ce carnétoile depuis avant-hier, je suis tout de même heureux d'avoir achevé la correction de mes cinq (gros) paquets de copie de ce mois-ci, ainsi que la lecture de Neige, à la fois très beau et très frustrant : la traduction, une fois encore très inégale, y est sûrement pour quelque chose. Comme j'avais interrompu le roman de Pamuk pour lire, ce week-end, Impératif catégorique, mais aussi pour commencer Parc Sauvage, je craignais que cela ne vire à l'abandon pur et simple... finalement, non.
Rien, de tout cela, ne m'a "terrorifié", comme l'écrit, curieusement, un étudiant de première année dans un devoir de version. Face à moi, désormais, se trouve une pile volumineuse d'essais et de recueils de poèmes, et notamment Cemetery of Mind de Dambudzo Marechera, dans lequel je me suis replongé en vue du colloque Poets & Theory, qui approche à grands pas.
Accessoirement, je signalerai à François S., l'auteur du six millième commentaire, que Simone de Beauvoir ne fut jamais surnommée "le Ragondin" : a beaver is not a nutria.
11:00 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne, écriture, Littérature
vendredi, 11 janvier 2008
Quartier Chopin, mercredi soir
08:10 Publié dans Kleptomanies überurbaines, Moments de Tours, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne, Photographie
jeudi, 10 janvier 2008
Ligne bleue des Vosges
À 88.000 kilomètres au compteur finir, après trois tours vains dans le pâté de maisons, par me garer dans la rue Eupatoria, dont j'ignorais l'existence, et où il faudra que je revienne, pour prendre quelques photographies. Presque trois heures plus tard, au feu rouge je feuillette la liste des ouvrages "du même auteur" située à la fin d'Impératif catégorique : stupéfaction de voir que le premier recueil de poèmes de Roubaud, dont le titre, ainsi que Roubaud lui-même le répète à l'envi, n'est pas
e
mais
є
(autrement dit : le signe d'appartenance)
est ici nommé Epsilôn.
Facétie de Roubaud ? Erreur d'un employé des éditions du Seuil ? Dans la liste des ouvrages du même auteur qui figure à la fin de Parc Sauvage, le signe d'appartenance reprend ses droits et sa typographie.
Sur le pont Mirabeau, je double une Twingo kiwi pâle immatriculée 7474 XK 37.
16:16 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne, Littérature
samedi, 22 décembre 2007
Itinéraires, au Château de Tours
D'emblée, j'ai un faible pour les expositions du Château de Tours. Le bâtiment a beau avoir subi les outrages du temps (et surtout des restaurations), il me plaît beaucoup ; il me plaît plus encore en tant que lieu d'exposition. Les salles sont vastes, amples, d'une grande sobriété pierreuse.
Ce vendredi après-midi, je m'y suis donc rendu, pour y découvrir l'exposition de l'association Itinéraires, qui occupe les trois étages et le rez-de-chaussée. Bien entendu, on ne s'attend pas à rencontrer le génie à toutes les cimaises, quand on parcourt les salles d'une exposition consacrée à 39 artistes tourangeaux contemporains : si la Touraine était peuplée d'artistes de premier plan, cela se saurait. Mais il y a tout de même, outre les inévitables croûteleux et ringards à la mode (dont Jean-Claude Loizeau est en passe de devenir le pire), quelques remarquables artistes du second rideau.
J'ai retrouvé avec un grand plaisir les ardoises de Florence Lespingal, qui est de plus en plus inspirée et dont les meules, notamment, nous avaient séduits lors de notre visite de l'atelier. Les dernières en date sont encore plus belles.
Dans un style voisin, j'ai découvert Hélène Sellier-Duplessis, dont les toiles gagnent sans doute à partager la même salle que la kitschissime Malou Ancelin.
Charles Bujeau a livré plusieurs grands formats abstraits, tôles peintes qui font grand effet sur les murs.
Les compositions d'Alain Plouvier sont très déconcertantes, et je ne sais trop qu'en penser.
Après un premier mouvement de recul, je me suis surpris à aimer plutôt la peinture d'Eraldo Buratti, grands aplats de lumières bleues ou jaunes qui portent, si mon souvenir est bon, des titres conceptuels. J'ai photographié le tableau ci-dessus à quatre heures moins dix, alors que le soleil dessinait, à travers les carreaux, de jolies découpures de jour. La photographie, malheureusement, n'est pas à la hauteur de l'épiphanie.
Au troisième étage, il y a aussi la salle conçue par Philippe Phérivong, artiste dont j'ai eu l'occasion de voir naguère des petits formats aux Bons Enfants. Philippe Phérivong propose une véritable installation, une série de toiles et de totems qui portent tous le titre Mise en cène. Le jeu de mots est un rien vaseux, mais la reprise du motif de la Cène est très convaincante. Il y a trois ou quatre grandes toiles rectangulaires, dont chacune représente les treize figures sous une couleur dominante, de petits triptyques, un ou deux Christ isolés, et enfin, au milieu de la salle, alignés, treize totems dont chacun représente deux ou trois apôtres et un verre de vin incarnat.
11:11 Publié dans BoozArtz, Moments de Tours, Sites et lieux d'Indre-et-Loire, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Art, Ligérienne
Nuit grise, eau brune
On peut dire que les vacances commencent bien. Ce matin, réveillé vers quatre heures (pourquoi ? le thé de 5 heures ? l'UPSA pourtant pas vitaminé d'hier soir ?), j'ai tourné dans ma tête un grand nombre de détails futiles et de souvenirs désagréables. J'ai fini par me lever à six heures, et, au risque de réveiller toute la maisonnée, ai préparé du café. La cafetière, cette grande salope (objets inanimés, avez-vous donc une âme ?), doit être totalement entartrée, et a laissé passer, du coup, la moitié du liquide (mélangé de café moulu et donc imbuvable) à côté. Voyant cela, j'ai mis fin à la percolation afin de déplacer au plus vite l'objet du délit vers l'évier : la maudite cafetière a compissé de son eau marronnasse le sol de la cuisine. Maintenant, je dois répondre à divers mails professionnels avant de passer ma journée à corriger des copies. On peut dire que les vacances commencent bien.
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Ajout de 7 h 33 : je viens d'entendre une toccatta de Frescobaldi par Francesco Tristano Schlimé. La cafetière est nettoyée ; il faudra la détartrer. Disons que les vacances commencent bien, suffit de le vouloir, hein...
06:25 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (2)
lundi, 17 décembre 2007
1881 - Trampolines du centenaire
(Je n'allais pas, pour l'or du monde, laisser passer le palindrome.)
Hier après-midi, alors que je tournais désespérément dans le quartier du cinéma CGR Centre, à la recherche (finalement fructueuse) d'une place de stationnement, et que je contribuais ainsi (plutôt ironiquement, pusique j'emmenais mon fils aîné voir Le Renard et l'Enfant) à l'émission de gaz à effet de serre, le compteur kilométrique de la Clio a brièvement affiché le nombre 87878, également palindromique. Le jour où je pourrai fièrement annoncer que je suis en train de publier mon 87878ème billet est loin encore, et même, en y songeant sérieusement, une telle perspective fout la frousse.
10:05 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Ligérienne
dimanche, 16 décembre 2007
Yeux anagrammeurs
Après quelques ébauches de soulagement, aura-t-on, pour rien, mal dormi (peut-être sous l'influence du film regardé, Maria Full of Grace, pas vraiment bon mais très noir) ? Ciel bleu, vent sec qui balaie les rues. Les yeux ressentent l'aridité si douce.
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Lesbia Harford : le nom d'une poétesse australienne ; ça ne s'invente pas, et d'autant moins qu'un de ses vers proclame doucement
Afar from men
Me croira-t-on si j'écris ici qu'en déroulant trop rapidement la page Web où est reproduite l'édition 1941 de ses poèmes choisis, j'ai cru lire LONG METRAGE, alors que le titre du poème XV est NOLI ME TANGERE ?
(Lesbia : loin des hommes. When is a door not a door ? When it's ajar.)
11:45 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Littérature
mercredi, 12 décembre 2007
60 centimes au 27
Dans ma ville, on voit, au dos d'une boîte à lettres, l'inscription Saïd l'escroc habite au 27 suivie d'une flèche. Dans ma ville, une jeune postière tutoie les clients. Dans ma ville, les regards s'effacent pour un rien. Dans ma ville, les gens sont tout surpris si vous leur tendez un ticket de stationnement qui leur permet d'économiser soixante centimes. Dans ma ville, les cyclistes roulent sur les trottoirs et les passages pour piétons, ce qu'aucun d'eux ne faisait il y a encore cinq ans. Dans ma ville, la grisaille s'efface difficilement en décembre. Dans ma ville, on voit, au dos d'une boîte à lettres, l'inscription Saïd l'escroc habite au 27 suivie d'une flèche.
22:49 Publié dans Kleptomanies überurbaines, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne
vendredi, 30 novembre 2007
Même pas Johansson
Le voile s'écarte à peine, dans la brume humide de gaze ou de cretonne. Toute une cérémonie s'apprête, à laquelle personne ne vous a convié. Dans quelques mois, vous regretterez ces arômes chassés d'un regard fuyant, ces senteurs suaves de cardamome et de girofle, assez pour que la soif guette derrière les rideaux de bonne femme.
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Claude Egea n'y va pas de main morte, derrière et après Sara Lazarus, sur What is this thing called Love ?, ni Marc Ducret sur Amour à vendre.
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Laissez passer la cicatrice.
15:33 Publié dans Ecrit(o)ures, Moments de Tours, Sites et lieux d'Indre-et-Loire, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Ligérienne, Photographie, Poésie, Jazz
Ventredieu
Tout commence avec un rôti de boeuf qui semble succulent (et le sera (la boucherie Tillet ne nous déçoit jamais)). J'ai raté, pour deux minutes, la publication du précédent billet à 11 h 33 ; ça ne doit pas se reproduire. Ah, ça fait plaisir de voir quelqu'un qui achète du Braxton ! Nous parlons musiques improvisées, et d'un concert de Benoît Delbecq au Petit Faucheux, naguère, avec une demi-douzaine de spectateurs à tout casser. Je photographie... quoi, déjà ? la devanture du salon de thé Scarlett (en pensant à Didier Goux).
Le déjeuner au Surya, à l'invitation de Roukya Atteye, est passionnant : nous parlons beaucoup de Djibouti, du Somaliland et des projets de l'association Touraine-Djibouti. Comme je donne après-demain, à 15 heures, au Vinci, une conférence sur la littérature djiboutienne, il fallait que nous accordions nos violons.
Roukya Atteye est la très dynamique présidente de l'association ; elle doit aussi, outre ses responsabilités sur le stand au Festival des Langues, donner des cours d'initiation de somali et d'afar ; j'apporterai mon camescope, car elle n'est pas sûre qu'il y aura quelqu'un pour imortaliser le stand et les diverses animations du week-end.
(On ne dira pas que le premier mot de la dite conférence n'est pas encore couché sur le papier.)
14:33 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Ligérienne
mercredi, 21 novembre 2007
Araucaria à la dérive
Aucun des quatre billets publiés le 21 novembre 2006 n'a reçu de commentaire : il y a des jours où même les quarterons n'attirent pas les foules.
Ce matin, dans l'ouvrage d'entraînement à la version et au commentaire de traduction de Sébastien Salbayre et Nathalie Vincent-Arnaud, j'ai lu un texte dElizabeth Jane Howard, extrait de son roman Confusion (que je ne connaissais pas) et où se trouvait l'expression monkey puzzle, que je ne connaissais pas non plus et qui désigne, semble-t-il, l'araucaria.
Le soleil a fini par se lever, le feignant des bureaux d'obsèques. (Cette apodose ferait, pour Bruno Schulz, un bon titre. Jean Dubuffet me souffle que c'est l'essentiel, quoique je sache désormais que je dois me méfier de ses dires, et plus encore de ses pinceaux ou de son fil à tailler le polystyrène.)
Dans The Drift Latitudes, le fils de Rachel saute sur une mine. (C. n'a pas aimé la troisième partie ; je me tâte.)
......... où Villandry signe blanc .........
15:15 Publié dans Comme dirait le duc d'Elbeuf, Le Livre des mines, Lect(o)ures, Moments de Tours, Un fouillis de vieilles vieilleries, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Ligérienne, Photographie, Littérature
mercredi, 24 octobre 2007
October // The summer / Is over
C'est à la Ritournelle - ça ne s'invente pas - que j'ai entendu une chanson de Dolores O' Riordan, inconnue.
Chez le disquaire, j'ai découvert que l'album solo était sorti en mai dernier, alors qu'en septembre encore C. me disait n'en pas trouver trace sur le site de la fière Amazone. Une poule a trouvé un peigne. Et ce matin, après avoir lu le chapitre de son Bob Dylan que François Bon consacre à Joan et Mimi, je reçois un spam dont l'auteur est Leanna Baez.
(All this makes sense, you know.)
09:50 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Ligérienne
mardi, 02 octobre 2007
Ça ne s’invente pas
Une pluie fine accompagne nos rires. L’exemplaire des Limites de l’interprétation que j’ai emprunté ce matin contenait une fiche datée du 27 octobre 2005 et au nom de Iosif Felvinti. We’re all keeping our fingers crossed and sure you’ll do very fine, Irene ! *
* Sounds like some f---ed-up early Pink Floyd tune, this.
16:15 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne
lundi, 01 octobre 2007
1707 - Pont Wilson
Au temps d'aimer rien
ne meut les oriflammes
À peine si le vent soulève
(un peu) le coin
du voile
À peine si le vent
agite doucement
les hideux pavois de
Michel Gressier.
08:50 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Poésie, Ligérienne
vendredi, 21 septembre 2007
Jeudi finissant
Chez le boucher, 1
Salade de géziers, 13,50 €
Site des Tanneurs, six heures et demie du soir. Une tripotée de soutanes déambulant sur le parvis devant les bureaux, et dans les couloirs entre l'extension et les salles 50.
Chez le boucher, 2
Urgent, cause santé enfant. Donne petite chatte.
08:10 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : Ligérienne
mercredi, 19 septembre 2007
À la chaîne
J'écoute la Sonate pour luth n° 36 de Weiss, puis je compare les deux versions du Concerto italien de Bach par Brendel et Tharaud respectivement, et, cette nuit, sur le canapé, avant de me rendormir vaguement frigorifié, je peinais à poursuivre ma lecture de Mantra (Rodrigo Fresan), qui me fascine parfois et m'agace prodigieusement depuis le début, et où se trouvent de nombreuses références à Bob Dylan, ce qui suscite évidemment la mémoire des journées de mars et d'avril, et, sur la table de chevet, l'appel de Bob Dylan toujours pas lu (alors que François, lui, me lit).
10:56 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Ligérienne, Littérature, Musique
vendredi, 31 août 2007
Ces merveilleux fous volants...
Rue Lilienthal. Ingénieur allemand 1848-1896.
Voici ce que proclame sobrement la plaque de la ruelle. Sans plus de précisions, comme il est d'usage.
Le quartier de Joué-lès-Tours où nous étions invités à déjeuner hier doit sans doute être connu, des édiles et des habitants, comme des agents immobiliers soucieux de sembler experts, sous le sobriquet (ou raccourci) de quartier des aviateurs. En effet, à la rue Maryse Bastié succède la rue Roland-Garros, sans compter les inévitables Lindbergh e tutti quanti. Je n'ai pas repéré de rue ni d'allée Hélène-Boucher, qui fut pourtant (mais pour des raisons ni militaristes ni fétichistes) une héroïne de mon enfance ; mais il doit bien s'en trouver une, en quelque recoin.
En fin d'après-midi, un charcutier ambulant avait installé son étal rue Lilienthal.
Il se trouve qu'Otto Lilienthal, certes ingénieur, s'est surtout tué au cours du dernier de ses quelque 2 000 envols en vélivole. Les engins qu'il expérimentait sont généralement réputés pour être, peu ou prou, les ancêtres des deltaplanes.
Et Joué-lès-Tours ? Pourquoi, se scandaliseront d'aucuns (et je pressens d'ores et déjà un certain intérêt de Tinou et Astolphe pour le sujet de ce billet), avoir ainsi annexé la cité jocondienne à la rubrique des Moments de Tours ? Je ne sais. Peut-être crains-je la rareté des publications si je créais une rubrique Moments jocondiens, étant donné le peu de fois où je foule durablement le sol de cette noble cité, la deuxième du département pour le nombre d'habitants (mais la 37ème pour l'intérêt historique et architectural) ? Ou de devoir forcer mon talent ?
17:20 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Ligérienne
jeudi, 16 août 2007
De l'inévitable ébullition des rennes et des coatis en milieu de surchauffe tempérée
Histoire de justifier de temps à autre le titre de ce carnétoile (tant pour le toponyme que pour l'adjectif), voici un bref récit de notre première promenade de retour à Tours.
Voiture garée rue du Commerce, où, sous le soleil parfois timide mais toujours présent de ce jeudi auguste, étaient encore attablés quelques dîneurs tardifs. (Que voulez-vous, pour moi, par maniérisme ou feinte d'archaïsme, le repas du midi reste le dîner, et celui du soir le souper... mais juste, pour faire le malin, hélas : dans la vie courante, avec chaussures à pointe et style Jazy, je cède à l'infâme modernité du déjeuner et du dîner vespéral.)
Puisqu'il est question du regretté Jazy (regretté... mais est-il même mort ? penser à demander à Chieuvrou), avouerai-je qu'à la devanture d'un magasin de disques dont je n'avais jamais perçu l'existence, au début de la frange piétonne de la rue du Commerce, j'ai acheté quatre disques de jazz, dont le curieux Octet Ost du tromboniste autrichien Christian Muthspiel, que j'écoute en ce moment même. Je sais pertinemment que Christian Muthspiel se trouve en quelque autre point indécis de ma galaxie discothèque, mais où ? penser à demander à Chieuvrou...?
Les trois autres albums sont Il fait toujours beau du Stan Laferrière Tentet (ô quel titre tragiquement ironique...), Coïncidences de Yochk'o Seffer et Sylvain Miller, ainsi qu'une anthologie d'enregistrements de Dexter Gordon (années 1943-1947, collection "The Chronological Classics" (qui a l'air minable, mais je voulais cette version du 12 juin 1947 de The Chase, alors pour trois euros, hein...)).
Le reste de la promenade relevait de l'ultra-classique : place Plumereau ; place du Grand Marché avec son Monstre dont on ne sait s'il est plus insignifiant et laid qu'indigne et ridicule ; basilique Saint-Martin (Alpha voulant revoir l'intérieur de cette bonbonnière fin 19ème, je fus même traîné dans la crypte, dont je dois avouer que les mosaïques sont très honnêtes, considering...) ; exposition de l'espace des Bons-Enfants (où nous pûmes admirer plusieurs masques très réussis de Danie Christidés, de beaux noirs de François Pagé, un quinconce de céramiques de Hélène Stefanica, fidèle au poste) ; rue Nationale avec x tentations à l'étal du bouquiniste de la galerie Nationale ; etc.
{{{ Well, an uneventful afternoon, then, but that's just to give you a feel of Tours. }}} Nous ne sommes pas allés du côté de la place Jean-Jaurès, toujours agréable en ces milieux d'après-midi noirs de monde, ni près de la cathédrale, avec l'habituel tour par le château et le jardin de la place François-Sicard. {{{ Some other time...}}}
17:47 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Ligérienne
mardi, 14 août 2007
Avocat melon
La roche Tarpéienne n'est pas éloignée du Capitole, ce qui signifie aussi que le dépôt de vêtements et de vieux livres des Compagnons d'Emmaüs est proche d'un supermarché mal ficelé où jamais d'ordinaire je ne vais, et proche aussi du cabinet de pédiatrie où l'on n'a guère envie (croisons les doigts) de remettre les pieds avant la prochaine vaccination impérative d'Oméga.
Autrement écrit : je suis de retour en Touraine.
Une série de ronds points après des bâtiments et des murs de béton gris comme ci comme ça rafistolés, et on ne voit que panneaux vantant un film de Michel Boujenah avec l'affreuse Seigner et l'inepte Kad Merad, chiens promenés au vent lourd et chaud d'août gris. De quoi confisquer, dérober la ville à l'attention de ses habitants : kleptomanies toujours.
16:16 Publié dans Autoportraiture, Kleptomanies überurbaines, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : Ligérienne
samedi, 07 juillet 2007
Sept sept deux mil sept
Vers 1991, je pense, le chanteur belge Julos Beaucarne - que j'ai vu récemment acteur dans un nanard de Podalydès - chantait
Neuf neuf nonante-neuf
Le monde sera neuf ou veuf
La date ronde est passée depuis bientôt huit ans, et le difficile pélerinage du protocole de Kyoto suffirait à laisser penser que l'affaire est entendue, la Terre foutue, etc. Autre air :
Ta carlingue fatiguée est en approche finale
Dans une odeur de frites et de vieux sperme rance
Splitch splatch. La verseuse verse surtout à côté. Coups d'éponge sur la paillasse. Passer la brosse et le torchon...
Et le monde virtuel électronique, pas du tout virtuel d'ailleurs ?
Tes enfants ne dansent plus Maintenant ils commémorent
À travers leurs modems et leurs écrans-goulags
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Désolé, je n'avais guère mieux pour ce jour qui point.
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Le mieux, c'est encore la technique du pigeon.
05:55 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : Ligérienne, Photographie, Intime
vendredi, 29 juin 2007
Nu bleu aux bas verts
On a beau lui montrer la pendule, les aiguilles qui se déplacent, ou le cadran noir et orange de la sonnette, ou encore la couverture bariolée d'un livre sur les châteaux-forts qui traîne là, près du radiateur, son regard toujours en revient, reste rivé au Nu bleu aux bas verts. La fibre des jours se teinte de gris si les nuages, comme des montagnes, culminent. Déjà le fétichisme des couleurs, des découpages, du corps jouet, se dessine, s'installe peu à peu, et peu à peu on descend en l'accompagnant les pentes neigeuses de montagnes imaginaires. Bientôt le cadran aura éclaté, le tintamarre des jours eux aussi orangés s'assouplira, et il sera temps de dévaler, encore et encore et encore et encore, les lettres dansantes, par la malle-poste.
Où sont passées les lumières ? Juste sous les paupières. Ou : au fin fond des chaumières. Pas de quoi trembler de chaleur absente. Le rêve de cette nuit (morsure de vipère et infirmière hermaphrodite), on l'oubliera.
10:00 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Ligérienne