vendredi, 06 janvier 2006
38
Un garçon d'Epeigné-les-Bois
S'écria " J'ai peigné les bois ! "
Mais sa soeur, cette teigne,
Las ! lui vola son peigne...
Ce qui fit du ramdam à Epeigné-les-Bois.
07:00 Publié dans Album de limericks ligériens | Lien permanent | Commentaires (0)
Halcomanies, 3 : Portrait of Guillaume Cingal as a Younger Morrissey
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01:40 Publié dans Autoportraiture, Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 05 janvier 2006
Pics jumeaux (l'épeiche et le mar)
Nous venons de regarder Twin Peaks de David Lynch. Plutôt déçus. Décidément, ce début d'année est ponctué de déceptions cinématographiques. (Ou plutôt non : ne retenant que le négatif, je n'ai pas encore écrit de note sur La mala educacion.) *
Peut-être faut-il connaître la "série-culte" (!) pour apprécier... mais dans ce cas, l'exercice est un peu vain.
La construction est bâclée. Il n'y a, dans les intrusions du surréel si typiques du cinéaste, que les côtés les plus mystiques et kitsch, comme dans le deuxième tiers de Mulholland Drive (qui m'avait moyennement plu).
Quelques belles références picturales dans la construction de certaines scènes, un soupçon d'auto-citation, un dialogue très bien écrit dans la première demi-heure. Pas de quoi sauter au plafond.
Des films que je connais de Lynch, il n'y a finalement qu'Elephant Man et Lost Highway (vu quatre fois / jamais semblable) qui emportent sans réserves mon adhésion.
* Cette parenthèse comporte trois négations, plus l'adjectif négatif. Si j'étais une fille, je voudrais me nommer Ninon...
22:00 Publié dans Tographe | Lien permanent | Commentaires (3)
Food for thought
Moins l'on a de culture, plus on l'étale...
(Cette note commence avec un aphorisme, et s'achèvera sur un proverbe, doublé d'une maxime.)
Consultant le Robert culturel, puis le parcourant, je tombe sur l'encart qui, dans le tome III, la page 1542, aborde la polysémie, en français, du substantif pensée, fleur et notion abstraite, et la fascination de nombreux auteurs pour cette amphibologie (là, je ne cite pas l'encart, mais j'étale ma culture). Or, les trois auteurs de l'encart en question citent une fort intéressante citation d'August Strindberg, extraite d'un texte écrit originalement en français, Inferno. Je m'étonne de voir cette citation introduite comme suit : "Cependant, un grand écrivain norvégien fait état de la connivence de la fleur, non avec la pensée, mais avec le visage humain."
En raison de ma grande confiance en ce merveilleux dictionnaire, le doute - ainsi que l'on dit à la SNCF - m'étreint un instant. Après vérification dans la partie "noms propres" du Petit Larousse 2000, je m'assure que Strindberg était bel et bien suédois. Le plus inquiétant dans cette erreur, c'est que Strindberg n'est pas seulement un grand écrivain : il s'agit, de fait, du premier écrivain à avoir placé la Suède et la langue suédoise sur la carte du monde littéraire. Que les auteurs d'un si monumental Dictionnaire culturel (et la notice, écrite par C.T., a été reprise par G.F. et A.R., nous précise-t-on (A.R. n'étant nul autre que le responsable de la publication, le très médiatique Alain Rey)) puissent, sans sourciller, se tromper sur la nationalité de l'un des plus grands écrivains européens de ces 150 dernières années, c'est inquiétant ! Pourtant, je me dois de dire que ce dictionnaire en quatre volumes, dont j'ai déjà dû parler en octobre, est une mine de renseignements et de développements généralement irréprochables ; c'est la première erreur vraiment gênante que je rencontre.
Qui aime bien châtie bien. (C'est le proverbe.)
L'auteur de ce carnétoile, toutefois, a une fâcheuse tendance à ne raconter ici que ce qui lui déplaît. (C'est la maxime.)
20:00 Publié dans Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (11)
37
Un gars d'Antogny-le-Tillac
(Je n'ai pas de rime en -illac)
Fut le héros malheureux
D'un limerick calamiteux -
Ce pauvre gars perdu d'Antogny-le-Tillac !
18:33 Publié dans Album de limericks ligériens | Lien permanent | Commentaires (11)
Un rauque avenir
Hier après-midi, ayant déposé l'une de nos deux voitures au garage pour la vidange annuelle, mû sans doute par la crainte de devoir trop longtemps poireauter une fois mes cheveux coupés [cette admirable brachylogie doit être comprise comme suit : faisant d'une pierre deux coups, je dépose la voiture au garage puis je me fais couper les cheveux en attendant], j'achetai Les Inrockuptibles, faute d'avoir trouvé mieux ou plus à mon goût au bureau de presse de l'avenue *** [il s'agit de l'avenue le long de laquelle, entre le n° 1 et le n° 61, je capturai les images qui composent l'énigme du jour]. Il se trouve que le numéro des "Inrocks" de cette quinzaine inclut un CD sur lequel sont enregistrées vingt chansons de vingt artistes ou groupes encore inconnus, que les lecteurs du journal sont invités à départager, jusqu'au 11 janvier, par le biais d'un site Web. Le Vrai Tourangeau, toujours curieux et prêt à enrichir sa culture déjà impressionnante, a écouté ce disque. A deux ou trois morceaux près, tous les titres sélectionnés, sur 7 000 maquettes envoyées au jury de présélection (à en croire les explications du magazine), appartiennent à la même catégorie, que je suis tenté de qualifier de "rock fortement électrique d'influence britpop".
En d'autres termes, dix-sept des "artistes" sélectionnés sont des clones (imparfaits) ou de pâles copies de, disons, Bowie, The Clash et Placebo. (Je sais que les trois références que je cite appartiennent, pour les experts, à des styles musicaux assez différents, mais n'entrons pas dans les débats byzantins sur le sexe des anges, voulez-vous...)
Je veux bien imaginer que les méfaits de l'uniformisation culturelle soient tels que 85% de la jeune génération musicale française soient composés de perroquets sans cervelle ni imagination mélodique ou lyrique, mais j'ai tendance à penser plutôt (ce qui, dans le fond, est une hypothèse optimiste) que ce sont les Inrocks qui ont choisi des artistes du genre musical qui leur agrée le plus.
Autant dire que je serais très curieux d'entendre les artistes qui ont été rejetés unanimement par le jury de présélection ! Dans les sociétés standardisées (comme celle que les intransigeants des Inrocks doivent appeler de leurs voeux tout en n'ayant que la diversité et le pluralisme à la bouche), ou dans celles où règne une forme de censure plus autocratique, le plus intéressant, c'est souvent ce qui atterrit dans les poubelles des commissions de censure...
17:55 Publié dans Autres gammes | Lien permanent | Commentaires (4)
Jeu de piste à Tours
Je vous propose, ce jeudi, un petit jeu. Qui saura deviner le long de quelle avenue de Tours ont été prises, hier mercredi, les photographies qui composent cette note ?
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09:50 Publié dans Où sont passées les lumières?, Sites et lieux d'Indre-et-Loire | Lien permanent | Commentaires (9)
Halcomanie, 2
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01:35 Publié dans Autoportraiture, Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (1)
mercredi, 04 janvier 2006
Double coup double
Je cherche une citation précise de Hervé Guibert, dans L'Image fantôme, et je tombe sur celle-ci, plus belle encore :
Mon désir va vers les personnages qui entrent intrusément dans le cadre familial. ("Photo animée", p. 50)
Je le parcours. Le pré reverdit de son encre noire, encore. Il faudrait citer chaque phrase de ce livre. Voilà, enfin, celle que je promis de recopier dans ce carnet de toile :
Les photos que je trouve bonnes, moi, sont toujours les photos loupées, floues ou mal cadrées, prises par des enfants, et qui rejoignent ainsi, malgré elles, le code vicié d'une esthétique photographique décalée du réel. ("Inventaire du carton à photos", p. 40)
Voilà une citation, qui, outre réparer un oubli, devrait contribuer à un débat.
Le pouvoir immanent des livres
Peut-être je ne les ouvrirai pas, mais peut-être aussi leur présence (petit entassement à mes pieds) s'insufflera-t-elle dans mon imagination. Je crois à ce pouvoir immanent des livres, il faut parfois les laisser clos pour qu'ils disent leurs secrets.
(Hervé Guibert. Voyage avec deux enfants. Paris : Minuit, 1983, p. 27)
15:40 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0)
Croisement / croisades
Je doute que la blogosphère - et même cette infime partie que constitue mon maigre lectorat - soit principalement composée de personnes qui connaissent le bulletin municipal de ma cité, originalement baptisé Tours.infos. Toutefois, je ne résiste pas à l'envie qui me tenaille de vous faire part des titres respectifs de deux "brèves" situées l'une à la suite de l'autre dans le n° 71 de cet étonnant canard :
La galette des rois des aînés
Obésité infantile : le dépistage
*************************************
Par ailleurs, j'ai reçu récemment, par le service des livres d'occasion du site américain de la Fière Amazon(e), un exemplaire d'After Theory de Terry Eagleton, et le dernier roman paru d'Abdulrazak Gurnah, Desertion (que j'ai commencé de lire et qui est superbe). Il s'agit de deux vendeurs différents, qui m'ont tous deux "refourgué", sans aucun scrupule, semble-t-il, des ouvrages portant, de manière patente, la mention suivante :
This is an uncorrected bound proof. It is not for sale and should not be quoted without comparison with the finished book.
Autrement dit :
Ce livre constitue le jeu d'épreuves finales sous forme reliée. Sa commercialisation est interdite. Pour le citer, il faut se référer à l'édition définitive.
Cela ne me gêne pas tellement, en soi, que les libraires fraudent, d'autant moins que ces éditions seront peut-être un jour recherchées et qu'elles auraient alors une valeur bibliophilique (je n'y connais rien et j'en doute). Mais, outre la question de principe, il se trouve que je suis, de par ma profession, appelé à avoir besoin de citer ces ouvrages : le dernier point, qui est mis en relief dans la troisième phrase de ma traduction, marque à quel point le fait que j'aie acheté (assez cher, car le montant exorbitant des frais de port compense intégralement le prix dérisoire du livre d'occasion) ces éditions ne me permet pas de travailler dans de bonnes conditions. Je tiens à signaler que c'est la première fois que cela m'arrive, mais deux fois coup sur coup, c'est violent.
Pour clore sur cette anecdote, je tiens à signaler que la page 54 de l'ouvrage de Terry Eagleton est entièrement blanche, ce qui, à lire la fin de la page 53 ("this downtrodden, long-despised class of men and women") et le début de la page 55 ("set of beliefs as a whole.") , n'est pas délibéré ! Si j'étais d'humeur oulipienne, je pourrais me lancer à essayer d'inventer la page manquante. Mais je crois que je vais tout simplement photocopier le passage dans un exemplaire de bibliothèque... si la pagination n'en est pas trop différente !
14:15 Publié dans Lect(o)ures, Moments de Tours, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
In the mood for translation (Lost in love)
A deux jours d’intervalle, le 30 décembre et le 1er janvier, nous avons vu deux films, qui, en leur temps, il n’y a guère, firent grand bruit et que nous n’avions jamais vus : In the mood for love de Wong Kar-wai, sorti en 2000, et Lost in translation, de Sofia Coppola, sorti en 2003. Ces deux films ont soulevé l’enthousiasme de nombreux cinéphiles, et de plusieurs de nos proches : il semblerait d’ailleurs que les amateurs du premier aient également « craqué » pour l’autre. De fait, ces deux films sont voisins, au moins dans leur refus de filmer la passion assouvie. Ce sont, de manière assez différente, des films qui ont pour sujet la rencontre de deux êtres qui se prennent, l’un pour l’autre, d’une passion progressive, forte et brûlante, mais à laquelle ils ne succombent pas.
Chacun de ces deux films a ses réussites, incontestables, mais il m’a semblé qu’il était exagéré de les avoir pareillement porté aux nues. Ce sont, en un sens, de petits films. J’entends par là, non des films de deuxième zone ou dénués de talent(s), mais des films qui manquent d’ambition : une histoire simple, traitée de manière extrêmement académique, voire conformiste (pour Lost in translation), ou précieuse (pour In the mood for love). Dans l’un et l’autre, la fin est ratée : conventionnelle et banalement « romantique » pour le film américain ; d’un mysticisme new age bien pénible dans le film taïwanais. Célébrer ce genre de films moyens montre bien combien notre époque se méfie de l’ambition, de l’élévation : rien de sublime là-dedans. Bien entendu, le sublime court le risque de l’emphase, du ridicule, ou du ratage ; mais, à tout le moins, les artistes qui choisissent de telles voies prennent des risques. Rien de risqué dans Lost in translation ; pas la moindre corne de taureau à l’horizon ; c’est gentillet.
Là s’arrête la comparaison entre ces deux films, d’ailleurs : l’un des deux est nettement meilleur que l’autre, parce que Wong Kar-wai, même avec ses excès, est un véritable artiste, un cinéaste qui donne un sens profond à chaque cadrage, alors que la fille Coppola n’a guère hérité de la vista paternelle : cadrages fades, plans ternes, direction d’acteurs très inégale. Je pourrais ajouter – pour ne rien celer de ma réaction – un certain agacement, de ma part, à regarder ce film qui se moque, pas si gentiment que cela, des Japonais : il semble que la passion ne puisse naître, dans cet hôtel, qu’entre deux Américains, parce que les Japonais sont minuscules et ridicules. Jamais la morgue ou l’ignorance culturelle des Américains ne fait l’objet d’une semblable satire. Que la critique française se soit montrée, dans mon souvenir, aussi unanime sur ce film aux relents xénophobes montre bien que l’antiracisme est, en notre pays, bien sélectif : tout film qui se livrerait à de semblables clichés sur les Israéliens, les nord-africains, voire, plus généralement, les Juifs ou les musulmans, serait descendu à boulets rouges. Être mesquin ou ignorant vis-à-vis des Japonais, voyons, ce n’est pas du racisme, me dira-t-on… Il y a quelques années, le succès du roman d’Amélie Nothomb, Stupeur et tremblement, avait manifesté la même absence de gêne des critiques et des lecteurs vis-à-vis de ce recueil ambulant de clichés et de lourdeurs xénophobes. Vous me direz peut-être que le vrai crime d’Amélie Nothomb, c’est d’écrire comme un pied gangréné, et là, je vous donne raison.
Pour en revenir aux deux petits films, je ne pourrais clore cette note ô combien lacunaire et subjective sans dire que, par un autre hasard tout aussi frappant, j’avais en tête, pendant ces journées, la chanson de Moby, We’re all made of stars. Il se trouve que, par ses paroles mais aussi son esthétique, cette chanson ferait, pour ces deux films, une illustration sonore très pertinente. C’est peut-être, les cimentant ensemble, cette chanson qui relèvera, dans mon souvenir, ces deux œuvres, si décevantes par ailleurs. In the mood for love et Lost in translation sont des films sur le désir amoureux – or, sans triangulation, pas de désir !
Ajout du 6 janvier : après discussion avec Arbor, je tiens à rapporter son interprétation, qui souligne combien les clichés ethnocentristes émanent surtout du personnage principal, désorienté et presque incapable de faire un pas vers les autres, lui-même cliché ambulant de l'Américain buveur de whisky. Il me semble toutefois que les clichés évidents liés à l'identité américaine font l'objet d'une distanciation ironique de la part de la cinéaste, notamment dans les scènes de filmage ou de photographie des publicités pour le whisky, justement. En revanche, les Japonais restent des étrangers sans profondeur, massés en vrac, indistincts, sans individuation. Il est possible de voir, comme Arbor, cette indistinction comme le fait du personnage principal, incarné par Bill Murray - mais je me demande si ce n'est pas là un moyen assez commode de "sauver" le film en lui refusant par principe tout dérapage idéologique. Enfin, peu importe... je ne suis pas pour qu'on relance la chasse aux sorcières, même contre les xénophobes.
(Arbor, tu as le droit de formuler ton interprétation mieux que je ne l'ai ici résumée et trahie, certainement.)
11:35 Publié dans Tographe | Lien permanent | Commentaires (4)
Valentin Conrart, deuxième
Délirant, il y a quelques jours, sur le nom fascinant du brave Valentin Conrart, j'étais loin de penser qu'il me serait impossible de trouver, sur la Toile, des textes de cet écrivain - certes méconnu - du XVIIème siècle. En revanche, on trouve aisément plusieurs liens vers la biographie critique et historique de Nicolas Schapira.
10:45 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (1)
Deux sourcillements
Deux motifs d'étonnement aujourd'hui : l'inepte Driout qui réécrit un sonnet de Mallarmé, Salut, parce qu'il n'a pas compris (entre autres) l'image finale ; et Google, qui apparaît en braille. Ce doit être la journée mondiale des aveugles.
Pour Driout, c'est dommage : pour la première fois de sa petite existence de minable, il avait écrit un paragraphe entier qui était assez bien vu (celui qui commence par "Jean d'Ormesson est un anti-anti-sémite"). Bien sûr, le paragraphe en question est, comme d'ordinaire, truffé de fautes de français et de fautes de style, mais la verve satirique y est assez convenablement dosée. Tout cela pour retomber, aussitôt après, dans la mégalomanie prétentieuse de bac à sable... quelle pitié !
09:20 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles | Lien permanent | Commentaires (1)
Réveillon apollinien, et après... ?
La nuit du Réveillon, je l'ai passée dans des débuts d'insomnie, avec pour compagnie le tome I des Œuvres en prose de Guillaume Apollinaire, relisant certaines pages - qui m'ont paru toujours aussi fortes - de L'Enchanteur pourrissant, lisant - pour la première fois - le décevant et si vieilli Poète assassiné, lisant plusieurs contes (intéressants) de L'Hérésiarque & Cie, parcourant deux des Trois Don Juan que je n'avais pas lus, et qui ne sont rien d'autre qu'une pochade compilée... d'où il ressort que, malgré les efforts rhétoriques des spécialistes, et de l'auteur de l'édition en Pléiade, Apollinaire était, dans l'ensemble, un assez piètre prosateur, comme il est, d'ailleurs, des pages manquées dans ses poèmes.
La nuit qui vient de s'écouler, étouffant d'un mal de gorge renouvelé, et hanté par des musiques, des visions, des souvenirs, je l'ai passée sur le canapé, ne pouvant m'endormir, lisant certains des textes épars rassemblés par Caio Fernando Abreu dans ses Brebis galeuses (traduites posthumément aux éditions Corti). Etrange écrivain, que je ne connaissais pas. Parfois, je me demande si ses bizarreries sont liées à la traduction, ou à de réelles idiosyncrasies de style.
(La traductrice est Claire Cayron, dont il a déjà été question sur ce carnétoile, au cours d'un échange avec Alina. D'ailleurs, l'éditeur mentionne en début d'ouvrage la liste des "traductions de Claire Cayron", mais nullement les autres œuvres d'Abreu, ce qui me semble aller un peu loin, tout de même, dans la préférence accordée au traducteur. Le plus amusant est que l'on comprend fort vite, par les notes de bas de page, que de nombreux textes et romans d'Abreu sont traduits chez d'autres éditeurs ; c'est d'autant plus amusant que c'est la traductrice qui est l'auteur des notes, d'où le soupçon qui se porte alors sur l'éditeur, qui ne semble pas vouloir faire de publicité pour ses concurrents. Rien de commun, indeed...!)
Il y a, dans l'un des premiers textes, la merveilleuse image de la grand-mère tricotant un chandail qui finit par recouvrir le sol de la maison. Dans le fragment intitulé "Introduction à Passo de Guanxuma", l'image qui sert de description originelle est celle des quatre points cardinaux qui servent à distinguer les quatre points d'entrée (ou de sortie) de cette ville imaginée par Abreu et qui, à ce que je comprends, sert de décor à plusieurs de ses romans. Les quatre points cardinaux sont représentés par les quatre pattes d'une araignée fabuleuse : là encore, l'erreur entomologique, grossière, est-elle délibérée ou non ? J'en suis réduit à supposer que oui.
08:07 Publié dans Hors Touraine, Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (7)
Halcomanie, 1
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01:30 Publié dans Autoportraiture, Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (4)
mardi, 03 janvier 2006
Paysage et autoportrait
... que je reste de glace ...
... aucun monde ne te remplace ...
01:25 Publié dans Autoportraiture | Lien permanent | Commentaires (7)
lundi, 02 janvier 2006
L’essoufflante soif de ces poèmes
Qui es-tu, Valentin Conrart ?
Dans la noire encyclopédie, aux pages de crème et d’argent, ta face noble se cristallise. Tu fus, au dix-septième siècle, l’auteur d’Epîtres et de Psaumes, que je meurs de lire, et le premier secrétaire perpétuel de l’Académie française, semble-t-il.
…………
Le cobalt déteint sur la bure.
Le blason de Chinon est de brèches, ornées de trois castels à trois donjons d’or, accompagnés de trois fleurons de même messe agencés.
La Marelle de Cortazar n’est pas le labyrinthe de Touraine.
23:50 Publié dans Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0)
Apollinaire, Don Juan des Flandres
Le pied fleuri de Daphné suit la trace des premiers émois. Ce petit roman n’est pas un roman. Ce libertin ne se repentit pas. Cet autre, là, n’agit pas à rebours. Ces fleurs ne pourrissent pas, car la famille ronfle ses prières.
…………
Et ce volume de la Pléiade était le seul, avec son compagnon le tome II des proses, à être resté dans la maison de mes parents.
22:10 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0)
D’un visage d’Arnold Schönberg [sonnet décomposé]
31 décembre, cinq heures du soir, après un appel déchirant.
Ce visage
Couronné comme de nuages
Me fixe d’orbites lunaires
Où s’extasie communément
La folie rouge,
Ce carnage
De la peau brunie, décharnée
Par l’implacable calenture.
Le serpent des yeux
– Stries sans fin
Puits sans fond –
Berce la brume près du mur ;
Et la fumée s’envole
De la moustache du cadavre.
20:30 Publié dans Ecrit(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0)
Bonnes résolutions
Comme nous avons composé hier soir, dans le salon, après avoir fini de regarder In the mood for love, une liste pour que C. n’oublie rien des différents objets, cadeaux, vêtements oubliés à Hagetmau et qu’elle est allé chercher aujourd’hui, je pourrais amorcer dès ce dernier jour de 2005 une liste – même pas traditionnelle, car c’est un rituel auquel je ne sacrifie guère, d’ordinaire – de bonnes résolutions, sinon pour ma vie (qui est perdue, je crois bien), du moins pour ce carnet de toile qui navigue gentiment – même avec les journées de reflux, de maigreur ou de vacance qu’il vient de connaître – vers ses sept mois d’existence. Je pense que cette note, comme la précédente écrite, ne sera publiée que dans deux jours, une fois de retour à Tours, ce qui ne rend pas si intempestive que cela la rédaction d’une telle liste.
................
Il fau(drai)t donc que :
1) je reprenne les chroniques de disques, car c’est un exercice salutaire, difficile ; d’autre part, quand je parle de musique, j’obtiens plus de retour par les commentaires que pour n’importe laquelle de mes autres rubriques (hormis, peut-être, les fameusement infâmes autoportraits)
2) je me relance dans la réflexion amorcée l’été dernier autour de la question Qu’est-ce qu’un beau vers ?
3) j’écrive de brefs textes sur les sites ligériens qui me tiennent à cœur
4) je recense, au moins une fois par semaine, un des livres qui m’ont influencé au cours de ces (cinq à dix à quinze) dernières années, en particulier dans la perspective d’un prosélytisme africaniste dont je me suis, à ce jour, gardé
5) la série des Célébrations improbables prenne un nouveau tournant, un tant soit peu plus infernal, et où s’abolisse le sens, même calendaire
15:15 Publié dans Ecrit(o)ures, Flèche inversée vers les carnétoiles, Hors Touraine, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (9)
De rerum iustitia
31 décembre 2005
Narcisse tue son chien de son safran bâtard.
A peine a-t-il tenté de fuir qu’un sot fêtard,
Enivré, aux propos décousus, le taraude
Et, lui barrant le passage, désobéit
A ses cris. Tous deux luttent devant l’abbaye
Jusqu’à alerter un vieux gendarme en maraude.
Le cadavre du chien, dans la mare aux têtards,
Flotte suavement. On entend des pétards
Echappés d’un sonnet, de quelque bizarre ode,
Ou d’un poème bruitiste. « Dans mon pays,
Pense Narcisse, un œil est, comme à Pompéi,
Un miroir taciturne aux extases faraudes. »
Mutisme ! dérision ! enfer dans les ordures !
Les jardins aux parfums subtils, et aux bordures
Soignées, de ce Satan subissent la morsure.
Narcisse a dévasté les visages nombreux
Du fêtard, du gendarme,
et l’hydre des miroirs,
Où cent mille rictus déplaisants et scabreux
S’échappent de ses dents comme de cent tiroirs.
Le chien mort refleurit au milieu des mouroirs,
Loin des fiers aquilons et des veufs ténébreux.
13:30 Publié dans Ecrit(o)ures | Lien permanent | Commentaires (4)
Ces rivages
31 décembre, dans l'après-midi.
Je n’écris rien de ces rivages, où nous avons connu l’atrocité et l’angoisse. Les sillons profonds, peu fiables, où l’on se tord le pied, qu’ont creusé des années de calamités – ce sont des prismes trompeurs.
[…]
Dans la nuit de décembre à janvier, seule dans son lit d’enfance, le froid peut-être s’empare de son cœur noué et de ses souvenirs. Mon cœur chavire, et je respire près de toi.11:45 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)
Ton ombre sur mon front
30 décembre.
Ton ombre sur mon front
La rondeur de la lune
Eclaire les folies d’autrefois
Aux mûrissements nombreux et nourris des saisons
La peur s’arque
boute hors du territoire
un espoir de paix dénudé
Aluni parmi les cyprès
Appréciée de la nue éparse
Ton ombre sur mon front
10:00 Publié dans Ecrit(o)ures | Lien permanent | Commentaires (3)
Eden, dernière
C’est le dernier jour de l’année. Bruit fou de l’aspirateur, serpent de bois désarticulé qui chasse les trains miniatures. Un globe illuminé mutile les yeux de l’histoire. Aveuglé, je contemple les saisons qui passent, avec le camion-citerne en panne sur la route enneigée, verglacée. Rumeur du monde et des saisons, mousse des frimas oubliés. Que signifie la fin d’une année, hormis la pure convention, et le glacis vénérable des souvenirs amassés près de Pau, à l’aéroport ? Et le nombre 31, premier et synonyme, dernièrement, de l’âge qui s’avance, sans compter les syllabes du tanka, la forme noble et hiératique du gabay, le sonnet en son extension tertiaire, comment se fier à lui, si ce n’est pour célébrer le premier janvier, ou tout premier du mois qui se présente, comme à cette invraisemblable comédie du temps cosmétique, décoratif, empesé, empressé, qui file vers la mort avec l’amas des adjectifs, égrenés sur la pelouse avec leurs signes de ponctuation, leurs accents, leurs indécentes farandoles – une pelouse qui gèle, avec ses mots ossifiés qui marinent dans l’intervalle, à la folie du nombre ?
En écoute : « Why does my heart feel so bad? » (Moby. Play. 1999)08:15 Publié dans Ecrit(o)ures, Hors Touraine, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 01 janvier 2006
Il y a 210 ans...
... mourait Alexandre-Théophile Vandermonde.
12:05 Publié dans Célébrations improbables | Lien permanent | Commentaires (1)