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jeudi, 10 novembre 2005

Album de limericks ligériens

En attendant la parution du premier chapitre de l'un de mes romans, vous pouvez toujours participer à la discussion autour des limericks en français, sur mon blog pédagogique. Il s'agit d'écrire des limericks en français.

Le limerick est un poème court, humoristique, absurde ou grivois, toujours un quintil de forme AABBA, et dont la première rime est un nom de commune. Habituellement et originellement de langue anglaise, cette forme se transporte très bien, à mon avis, en langue française.

mercredi, 09 novembre 2005

Neuf couleurs: Rouge

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Le sculpteur aveugle
a des fourmis dans les mains
qui ont trop vu de visages
comme le tien
comme le mien
***
En écoute: Arthur H. "Le sculpteur aveugle". (Trouble-fête, 1996)

L’Amant bilingue, de Juan Marsé

On ne devrait jamais écrire sans avoir tous les ouvrages de référence nécessaires à portée de main, déclarait Jacques Marais, qui n’a jamais rien écrit (et pour cause). Je m’apprête pourtant à écrire quelques phrases sur ce roman lu il y a quelques jours, mais sans avoir même l’exemplaire – emprunté en bibliothèque – sous les yeux ni à ma disposition. Qui veut voyager loin ménage sa valise.

 

***********

 

Le paragraphe que vous venez de lire a été écrit, il y a une semaine exactement, par un autre moi qui voyageait et qui balisait. Aujourd’hui, je suis à ma table de travail (which is anywhere : in this very case, the dining room table) et je reprends cette note, car je dois rendre le roman demain à la bibliothèque universitaire.

Ce qui m’a le plus déconcerté, dans ce roman de Juan Marsé, c’est la référence constante (et centrale) à la rivalité entre Catalans de Barcelone et « Murciens », ou charnegos, c’est-à-dire, à ce que je crois comprendre, les Andalous ou habitants du sud de l’Espagne. Vendredi dernier, à Montpellier, une collègue de Madrid, qui se nomme Teresa Gibert (ça se prononce comme la librairie, a-t-elle précisé), m’affirmait être dépassée par l’essor incroyable des diverses langues jadis considérées comme régionales en Espagne ; d’après elle, la messe n’est plus retransmise à la télévision qu’en galicien, catalan, etc. Ce qui est le plus gênant, dans cette situation, c’est qu’elle a constaté un déclin incroyable du niveau moyen des étudiants espagnols en castillan (elle enseigne à Madrid).

Bref… L’Amant bilingue, comme son titre l’indique, traite essentiellement de cette question des langues et de leur pouvoir érotique/politique. En ce sens, c’est une gageure de le lire en traduction française.

La situation narrative est assez simple : un Catalan d’une quarantaine d’années est quitté par sa femme, nettement plus jeune que lui et issue d’une très riche famille ; la séparation a lieu après que le mari a découvert que sa femme le trompait avec un charnego, amant de rencontre qui solde la fin du couple. Marsé s’amuse beaucoup à imaginer diverses situations, dans lesquelles le mari inconsolable, devenu clochard et musicien des rues (entre autres, il joue de l’accordéon avec les pieds), téléphone à son ex-femme, qui est à la tête d’un programme linguistique officiel pour la promotion du catalan : il se fait passer pour un petit commerçant et, prenant un accent charnego à couper au couteau, lui demande, en castillan, la traduction de toute une série de mots désignant vêtements et sous-vêtements.

De prime abord, le roman semble raconter la tentative de reconquête, avant que Joan Marés (nom-miroir de celui de l’auteur) ne semble changer son fusil d’épaule et, se déguisant en Andalou, ne se fasse passer pour un ami d’enfance disparu – un certain Faneca, qu’il finit par imiter à la perfection –, afin de séduire son ex-femme ; naturellement, cette stratégie de dédoublement se referme sur lui comme un piège à mâchoires.

Le roman m’a plu, par bien des côtés. Ce qui ne laisse pas de m’agacer, d’un certain point de vue (comme lorsque j’avais découvert Napoléon VII de Javier Toméo, il y a deux mois et quelque), c’est la banalité du thème. Cette histoire de double – ce récit d’une aliénation (ou d’une métamorphose), pour être bien mené, sent le déjà-lu, quand même… Dès les premières phrases (plus précisément : dès la deuxième), le lecteur comprend que le miroir sert à la fois de piège et de moyen d’expression principal pour Joan. L’idée que le reflet infiniment diffracté, le contraste entre l’image et l’identité, est la source des métamorphoses de Joan, est répétée de manière plus ou moins subtile, de loin en loin, comme au chapitre XIX de la première partie :

Marés réussit à se faire une place au bout du comptoir, à côté de Ribas et de Norma, et il se regarda dans le miroir moderniste qui le répétait à l’infini dans un autre miroir frontal : un type méprisable, tapi près de Norma, qui respirait le mensonge avec son air farouche de Charnego à longs cils, un peu canaille. (p. 107)

 

La fin du chapitre I de la deuxième partie vient d’ailleurs confirmer ce dédoublement, de manière plus explicite encore :

une main invisible lui tapotait amicalement l’épaule, pour lui donner du courage : si tu deviens un autre sans cesser d’être toi-même, plus jamais tu ne te sentiras seul. (p. 128)

 

Pourtant, Marsé glisse plusieurs indices quant au caractère factice de ce dédoublement. Il semble erroné de lire le roman dans son entier à l’aune de cette dualité Marés/Faneca. En effet, j’ai remarqué que, si le roman se divise en deux parties de vingt chapitres chacune, il existe une autre structure, celle des cahiers dans lesquels Marés, initialement narrateur de sa propre histoire, écrit. Or, le premier cahier occupe les six premiers chapitres ; le deuxième s’étend du chapitre VII de la première partie au chapitre II de la seconde (soit seize chapitres à lui seul) ; le troisième cahier vient définitivement briser l’apparente symétrie de la structure narrative, puisqu’il occupe le reste de la seconde partie. Chaque nouveau cahier correspond à un changement de voix, de point de vue, mais aussi à un nouveau degré de métamorphose. Marsé a-t-il cherché à suggérer quelque chose par ce biais ? Qu’il existe une troisième instance, l’auteur lui-même, qui préside aux destinées du personnage clivé ? Rien de moins sûr… mais le roman échappe à la lourdeur du thème par ce vacillement permanent, et surtout par ses audaces linguistiques, son humour féroce et caustique.

*********

Juan Marsé. L’Amant bilingue. Traduit de l’espagnol par Jean-Marie Saint-Lu. Paris : Christian Bourgois, 1996.

Rue Briçonnet, toujours

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Est-ce un lion, un griffon?

 

Toutes griffes dehors,

comme un très curieux chat

posé sur la corniche -

 

Il se refuse même

(en pierre) à nous toiser

Thèse, 2001

Mercredi 9 novembre, 13 h 50.

Au moment de coucher mon fils pour sa prétendue « sieste » (en fait, il ne dort plus, l’après-midi, depuis un an maintenant), il m’est revenu en mémoire qu’il y a tout juste quatre ans, je m’apprêtais à soutenir ma thèse de doctorat à Dijon. A. avait alors quatre mois et avait d’ailleurs assez tôt perturbé le déroulement de la dite soutenance. (Ma compagne et mes parents s’étaient relayés, pour s’occuper de lui, dans le couloir. 

C’est un excellent souvenir. 

Je me rends compte qu’en quatre ans j’ai parcouru du chemin et j’ai stagné ; l’un n’empêche pas l’autre.

 

La soutenance est un grand moment, évidemment, dans la vie d’un universitaire. Voilà donc une célébration hautement probable (pour nous changer des invraisemblables).

 

 

En écoute : Arthur H. « Le Jardin des délices ». In Négresse blanche, 2003.

16:30 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

Apprentis sorciers

Une discussion intéressante sur les mesures annoncées par le Premier Ministre mardi soir s'ébauche et bat son plein ici.

Encore sept...

... commentaires avant le 1111ème.

15:14 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

Eglise d'Azay

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Glisse, église.
Ton fronton aux statues tues, taiseuses, merveilleuses, qui blanches s'épanchent, s'aveugle.

Etat d'urgence... vraiment?

Je vais sans doute passer pour un affreux ennemi des libertés, mais je ne peux m'empêcher de trouver hautement cocasse tout le foin que font les medias autour de la décision du préfet de la Somme d'imposer, dans la communauté urbaine d'Amiens, le couvre-feu "aux mineurs de moins de seize ans non accompagnés entre 22 h et 6 h". Il me semble, pour ma part, que les mineurs de moins de seize ans ne devraient jamais avoir le droit de sortir seuls à ces heures-là.

Soyons sérieux: cette situation dite "d'urgence", et présentée avec les plus infinies précautions par le Premier Ministre, devrait correspondre à l'état normal de notre civilisation.

Ramdam

Difficile d'écrire en ce moment - et de trouver le temps, et d'en trouver la force. Merci à tous de continuer à fréquenter ces pages presque éparses désormais, et peu riches en texte.

10:10 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 08 novembre 2005

Belle tumade à Pomarez

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Propos de garçonnet: Devant Louis XIII

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Tu as vu, à côté du roi, il y a un homme qui est tombé dans un trou.

lundi, 07 novembre 2005

Neuf couleurs: Bleu

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Le triangle du ciel...

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... que découpe le bloc terreux des entrepôts.
(Entrepôts Lainé, à Bordeaux, 8 août 2005.)

En cours d'écriture

Je voulais seulement signaler que, mercredi après-midi, puis un peu hier soir, j'ai amorcé l'écriture des trois romans interactifs que je compte publier d'ici peu sur mon autre site. Tout vient à point à qui sait attendre, et la cristallisation est lente.

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Propos de garçonnet: Devant l'église d'Azay

— Attends, il y a la messe.

— C'est quoi?

— C'est pour ceux qui croient en Dieu.

— Merde, on ne peut pas y aller, alors.

 

dimanche, 06 novembre 2005

Azay-le-Rideau

Nous sommes revenus, sur les quatre heures, d'une promenade du côté d'Azay, d'où je ramène de nombreuses images qui me permettront, la semaine prochaine, de combler le vide actuel de ce carnet de toile, et où, outre la visite du château, nous avons pu apprécier à sa juste valeur (assez médiocre) la cuisine du Grand Monarque, pourtant louée par le Champerard 2004.

Nous avons aussi jeté un oeil à l'église, après la sortie de la messe. En début d'après-midi, nous avons admiré le manoir de Vonnes, et un autre château, très beau, situé entre Azay et Artannes. Il faisait un grand soleil. Le château d'Azay est un régal, à ce détail près qu'il n'y a que fort peu de détails sur le mobilier, souvent d'une grande beauté.

J'ai du travail par-dessus la tête, je vais passer ma soirée à corriger des copies, à trouver un double sujet de thème pour le partiel que je donne à mes étudiants de troisième année demain, etc. Et je suis revenu épuisé de Montpellier...

Vaches dans les prés verts, et coteaux au loin

Samedi, 11 h 30. Entre Lyon et Paris, je suppose.

Ce TGV, sur deux niveaux, a une prise électrique pour chaque siège, ce qui n’était pas le cas de celui qui m’a conduit à Montpellier mercredi après-midi. Cela me permet de travailler sur secteur et de pouvoir encore utiliser mon ordinateur dans le train corail, dans la deuxième partie de mon voyage.

J’aurai – pour la première fois de ma vie – voyagé en première classe à l’aller comme au retour, car c’était, avec une certaine catégorie de billets non échangeables appelés (je crois) Prem’s, moins cher qu’en seconde.

Mercredi, dans le train, j’ai travaillé à la traduction des seize limericks de mon cours sur l’humour britannique, car le barrage de la langue requiert que je propose des traductions pour faire comprendre cette espèce particulière de nonsense. J’ai aussi ébauché le premier chapitre de chacun des romans que je compte écrire puis mettre en ligne. Il va falloir, une fois ces amorces jetées sur l’écran, essayer de les poursuivre, les approfondir, les améliorer, avant publication.

Depuis mercredi soir, je n’ai quasiment pas allumé mon ordinateur. Entre-temps, Montpellier et le colloque ont retenu toute mon attention. C’était un colloque passionnant à bien des égards, mais quelconque ou frustrant sur d’autres points. Je suis toujours frappé du mixte d’excellence et d’ineffable médiocrité des communications ; c’est presque tout l’un ou tout l’autre, tant d’un point de vue linguistique qu’à appréhender les banalités ou les faussetés qui sont parfois débitées d’un infiniment docte ton.

Enfin, je n’ai pas, de ces trois jours, écrit.

 

En écoute :   Arthur H., “Les parures secrètes” (Pour Madame X, 2000)

L'Europe n'est pas hors de portée...

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... entre le globe et les fanions, elle nous crève les yeux.

Entre Tours et Onzain

Mercredi, trois heures et demie.

Très vite, étant donné la fréquence des arrêts et le constant va-et-vient des passagers dans ce que je nomme « un train corail » mais qui s’appelle un Aqualys, le choix s’imposa de lire sur cette portion du trajet, jusqu’à Paris-Austerlitz, et de réserver le travail sur ordinateur (avec deux heures et demie d’autonomie) au trajet en TGV entre Paris et Montpellier. Je me trouvai alors dans une situation voisine de celle de Robert Walser écrivant ses microgrammes, réduit à griffonner notes abréviées en caractères minuscules sur la fiche de format A6, partiellement imprimée au verso, de surcroît, puisqu’il s’agit du billet de remise d’ouvrages du Service Commun de Documentation de Tours.

 En écoute :   Arthur H., “www.com” (Pour Madame X, 2000)

samedi, 05 novembre 2005

Impasse du Colombier

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Mon quartier, 3

 

Je me pousse du col

Et les tuyaux fuyant,

J'appelle le plombier

Qui arrive en riant.

vendredi, 04 novembre 2005

Six apparitions de Pierre de Ronsard sur une verrière en plexiglas

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jeudi, 03 novembre 2005

Rue Jehan de Daillon

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Cette rue sentait le graillon. J'avançais à pas de géant.

mercredi, 02 novembre 2005

150ème jour de Touraine sereine

Le 2 novembre 1855, Victor Hugo quitta Jersey. Il alla à Guernesey. Cependant le libre peuple anglais s'émut. Des meetings se firent dans toute la Grande-Bretagne, et la nation, indignée de l'expulsion de Jersey, blâma hautement le gouvernement. L'Angleterre, par Londres, l'Ecosse, par Glascow, protestèrent. Victor Hugo remercia le peuple anglais.

(Victor Hugo. Actes et paroles II. Pendant l'exil 1852-1870.)

 

P.S.: Cela a été deviné par Philippe[s] il y a neuf jours: oui, je suis, bien sûr, la réincarnation de Victor Hugo.

Jardin à la française (Luynes)

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Que l'on quadrille vos mirages
ou qu'on envole vos atours,
Vous n'aurez pour autres parages
Qu'avides les vieux alentours.

 

Comité de défense du point-virgule

Mieux vaut tard, je relaie par cette note l’appel de Fuligineuse en vue de créer un Comité de défense du point-virgule, signe de ponctuation que j’aime beaucoup, de fait. Mais j’aimerais y associer un autre mal-aimé, très présent, à un degré presque maniériste, dans l’œuvre (par exemple) d’un Julien Gracq : le tiret.

Mais ne confondons pas tout, me direz-vous, à raison ; alors, que faire ? Créer deux comités jumelés ? N' y aura-t-il pas de l’hostilité de la part de certains points-virguleurs pour les tirets, ou de certains tiretophiles pour l’usage du semi-colon ?