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vendredi, 07 octobre 2005

Fous de librairie, II

Vendredi, 15 h 55

Voici donc la première des histoires de fous de librairie promises, qui m’ont été racontées par les libraires du Livre.

Un client est venu deux fois les voir. La première fois, la conversation avec le plus menu des deux libraires (celui qui se prénomme Laurent, je crois) a tourné comme suit :

« Homme - Vous connaissez Pierre Laroche, non ?

Libraire - Oui, c’est un écrivain qui a publié quelques livres chez Gallimard.

Homme - Ah, vous pouvez m’en citer quelques titres ? »

(Le libraire s’exécute.)

« Homme - Ah, c’est ce que je pensais… Vous voyez, je suis le frère de Pierre Laroche. ET ces livres, c’est moi qui les ai écrits.

Libraire - …

Homme – Vous comprenez, ce n’est pas possible, ça ne peut pas durer.

Libraire - …

Homme – Je dois faire quoi, ça va finir comment ? je vais le tuer, c’est ça ??! »

 

La deuxième fois, le client est revenu à la charge, avec le collègue de Laurent, lui expliquant que la mère de Pierre Laroche (« qui est aussi ma mère, n’est-ce pas, hein ? ») et Pierre Laroche lui-même ne lui répondaient pas quand il leur téléphonait.

Je leur ai tout de même demandé s’ils ne comptaient pas signaler ces propos et ce comportement assez inquiétants à l’écrivain en question, qui, si cela se trouve, n’est pas au courant, et court peut-être un danger.

(Il va de soi que Pierre Laroche n’est pas le vrai nom de l’écrivain. Il m’a semblé plus prudent de camoufler en partie cette anecdote sinon entièrement véridique.)

André Markowicz, traducteur en résidence

Vendredi, 15 h 30.

Hier soir, dans l’amphithéâtre Thélème, avait lieu la première intervention d’André Markowicz, qui est invité toute l’année à l’Université François-Rabelais comme artiste en résidence. C’est la première fois, apparemment, toutes collectivités ou initiatives privées confondues, qu’un traducteur est choisi pour une résidence d’artiste.

Je connais le travail d’André Markowicz depuis belle lurette, depuis 1993 exactement, date à laquelle je lus L’Idiot dans sa traduction, ce qui fut, pour moi, un coup de tonnerre. (Il a parlé des “grands chocs” de sa vie, et, dans mon itinéraire littéraire, cette découverte a certainement été l’un des “grands chocs”.) Je ne connais pas son travail sur Shakespeare, mais je suis appelé à participer, dès jeudi prochain, à l’atelier de traduction qu’il va animer à destination d’un groupe d’étudiants non nécessairement anglicistes. Je ne serai là, d’ailleurs, ni pour encadrer, ni pour aider à la traduction, car l’atelier s’adresse aux étudiants. Je ne sais pas trop encore comment Markowicz va m’employer, nous verrons ; en tout cas, j’ai bien décidé d’être as unobtrusive as possible, dans mon petit trou de souris, disponible voilà tout. Cet atelier va consister en une traduction des Merry Wives of Windsor. (Je ne sais pourquoi, il a eu beau employer, au cours de la conférence, le titre français habituel des Joyeuses commères, j’ai comme une intuition qu’il va proposer un autre titre…)

Bref… hier, c’était l’ouverture de cette résidence, en amphithéâtre Thélème, à 18 h 30, en présence de deux cent cinquante personnes environ, dont pas mal d’étudiants, finalement, en dépit de l’heure tardive et du sujet, propre à rebuter beaucoup, même parmi les littéraires.

Françoise Morvan, sa compagne, et lui ont donné une sorte de dialogue à moitié théâtralisé mais sans histrionisme, derrière la minuscule table placée au centre de la grande scène. C’est peu dire qu’il a captivé son auditoire. J’avais beau connaître un certain nombre de ses théories (sur l’invention propre au travail de traduction, sur les motifs, etc.), et une partie non négligeable de son parcours (Pouchkine, la poésie russe, Tchekhov, Dostoïevski, Shakespeare), j’étais moi-même sous le charme.

Une étudiante avec qui j’en parlais ce matin m’a dit qu’elle avait été très touchée par la manière dont ils avaient construit leur intervention de manière à faire entrer le public dans leur dialogue, à dédramatiser ou dépiédestaliser (my words) le phénomène conférence.

Il y a eu quelques questions, sur la fin ; je leur ai demandé s’ils ne pensaient pas que, comme dans le cas de Dostoïevski, s’imposerait pas un semblable travail de dépoussiérage de l’œuvre de Dickens (victime, depuis un siècle et demi, d’un total malentendu “naturaliste” en France), et également si la « traduction sur le motif » a meilleure presse, finalement, dans le cas d’œuvres contemporaines comme celle de Lobo Antunes (ma lecture actuelle de Bonsoir les choses d’ici-bas a dû un peu influencer le cours de mes divagations mentales).

J’aurai l’occasion de reparler de cette résidence, d’André Markowicz, j’avais songé à constituer un répertoire de quelques liens vers des sites à son sujet, mais, comme dirait, mutatis mutandis, Birahima, le narrateur d’Allah n’est pas obligé, là je n’en ai pas envie, j’en ai marre, et j’arrête d’écrire pour aujourd’hui. Mon thé m’attend, je vais aller chercher mon fils à l’école, a faforo!

Fous de librairie, I

Vendredi, 15 h 50

Hier matin, entre l’instant où je commandai, sur l’un des postes informatiques prévus à cet effet dans le magasin de photos spécialisé dans les tirages numériques de la rue des Halles (waooow, Flau-bert…!*), des tirages à partir de ma clé USB, et le moment où je pouvais récupérer les dits tirages, je suis allé faire un tour (onéreux) à l’excellentissime libraire de la place du Grand Marché, Le Livre. Je me suis retrouvé à discuter avec les deux libraires, pourtant occupés, et, brandissant sans m’en apercevoir le dernier livre de Savitzkaya que j’étais venu y chercher (il s’intitule Fou trop poli), je les écoutai me raconter deux histoires de clients fous. Elles (les histoires) suivent. (Et, pour l’anecdote, j’ai lu hier soir, quoique fourbu, le Savitzkaya.)

 

 

* Doit se retrourner** dans sa tombe : that’s the gist of the parenthesis.

 

** Chouette lapsus de clavier : retrourner… Jarry eût adoré!

 

Radio Fréquence Luynes (RFL 101), encore

Vendredi, 15 h 15.

 

Je n’ai jamais été un auditeur de radio. Jamais amateur, à savoir. Chez moi, jamais je ne « branche le poste ». En voiture, je cherche France Info pour un trajet très court, ou sinon Radio Classique, ou encore cet ovni bizarre, RFL 101, dont les speaker(ine)s bafouillent, lisent souvent leur papier sans sembler toujours comprendre, mais dont la programmation musicale éclectique, parfois un rien chébran (c’est ringard de dire chébran, maintenant, non ? oui, alors, chébran leur convient parfaitement), capte souvent l’attention. J’ai fait de nombreuses découvertes grâce à RFL 101. RFL 101 m’a souvent permis de passer d’agréables quarts d’heure dans les embouteillages entre la crèche et la fac (il y a deux ans), ou, plus récemment, dans mes hasardeuses et infréquentes pérégrinations motorisées de par la cité tourangelle. Ce matin encore, en vingt minutes (sur le chemin de mon domicile à la rue Fromont, vers sept heures et demie, puis entre Fromont et Tanneurs, à neuf heures dix (oui, je sais, normalement, je fais ce trajet à pied mais le vendredi matin je n’ai pas le choix (vous arrêtez de m’interrompre, oui ?))), j’ai découvert deux voix féminines très pures, très douces, celle de la chanteuse du groupe Autour de Lucie et celle, encore inconnue, de la chanson funambule.

Tant que j’en suis à vous parler de RFL

Vendredi, 15 h 10.

J’ai aussi entendu un extrait d’une chanson des Elles, Pamela Peacemaker (pas la peine de me l’offrir), et une très jolie chanson du groupe ( ?) Autour de Lucie : typiquement le genre de texte et de voix que j’aurais détestés il y a dix ans.

 

Ô, qui ne change pas en ce monde labil…

Théodule & le funambule

Vendredi, 15 h.

J’ai entendu, ce matin, sur cette curieuse radio libre dont je parlerai peut-être un jour, RFL 101 (Radio Fréquence Luynes, cela ne s’invente pas), une chanson dont je ne parviens pas à trouver l’auteur ni l’interprète (féminine), hard though I’ve tried. Le distique final, répété quatre fois, donne à peu près ceci :

N’oublie jamais, Théodule,

L’histoire de ce feu* funambule

Quoique le fragment ci-dessus n’en donne peut-être qu’une piètre idée, il s’agit d’une chanson très ironique, très savamment composée, avec une orchestration subtile, et la voix de la chanteuse est extrêmement agréable. Je prie tous les lecteurs de ce carnet de toile de creuser dans leurs souvenirs (ou leur discothèque) : j’ai un besoin presque vital de connaître le nom de cette artiste.

 

*Feu ici est adjectif, et funambule substantif.

Vernissage de l'exposition Coco Texèdre

Tourangeaux,

demain à cette même heure

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n'oubliez pas.

14:00 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (0)

Le pourquoi du comment, avec le modèle intégré

Les plus attentifs de mes lecteurs auront remarqué que, depuis deux jours, j'essaie d'écrire des notes dont les liens ouvrent une nouvelle page, suite aux conseils savants et si faciles de l'excellent KA. Toutefois, il faut justement que je les fasse manuellement dans l'éditeur html, ce qui n'est pas simple, car l'édition en mode texte ne crée pas automatiquement de nouvelles pages. C'est mieux ainsi, si ce n'est que, pour une note de vingt lignes comprenant six liens, le plus long désormais est de créer les liens ouvrant une nouvelle page (cinq minutes, à vue de nez, pour chacune de ces deux activités...), et, ma fainéantise venant s'en mêler, je me dis que les habitués doivent savoir qu'il vaut mieux utiliser le clic droit, non?

11:35 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

Beaux-Arts en deux lieux

Dans le collège de jésuites qu'avaient fréquenté le grand Condé et Bourdaloue himself, fut créée, le 7 octobre 1881, l'Ecole des Beaux-Arts de Bourges, ce qui est l'occasion de saluer les étudiants en arts plastiques qui me lisent par milliers, mais aussi les Berruyers qui sont de proches voisins des Tourangeaux. Coïncidence amusante, c'est ce même jour que fut également fondée l’école nationale des Arts décoratifs de Nice.

jeudi, 06 octobre 2005

Le blues et moi

En écoutant l’album que m’a si gentiment fait parvenir le saxophoniste de Kevin Mark, François Thiffault (Little Frankie Thiffault), j’ai tout d’abord remarqué qu’il y avait, en effet, un fossé entre la prestation sur scène à Montlouis, que j’avais jugée (trop) sévèrement, et le disque, ce qui peut être dû, assurément, à des problèmes d’ordre technique. Malgré tout, je maintiens que je ne suis absolument pas touché par le chant, la voix de Kevin Mark, ni, a fortiori, par ses compositions et ses textes.

Aucune émotion ne passe, pour moi, dans cette voix, qui donne l’impression d’un complet détachement, d’une sorte d’exécution professionnelle, alors que l’essence du blues me semble être une forme d’esthétique expressionniste, dans laquelle l’expression vibrante du désarroi ou de la passion prime sur toute autre chose. Je peux me tromper, je me trompe sans doute, et il est vrai que je n’écoute pas souvent du blues. N’en écoutant guère, je n’en connais pas grand-chose. Le point commun aux trois artistes que j’admire et qui me font, pour le coup, vibrer jusqu’au tréfonds, est cette forme de fragilité si bouleversante : Bessie Smith, Robert Johnson, John Lee Hooker. Le deuxième est, si je ne m’abuse, de l’école de Chicago, dont Kevin Mark se rapproche. Pourtant, c’est le jour et la nuit, à mes oreilles s’entend.

Pour ce qui est des instrumentations, des solos de guitare, des répons entre cuivres  et section rythmique, rien à dire. C’est du blues bien fait, costaud, qui déménage, ou, pour chercher à « faire encore plus djeunns », de la bombe qui déchire sa race. Pas trop mon truc, on l’aura compris, mais nullement équivalent aux horreurs que j’en disais il y a trois semaines. Au temps pour moi, donc. Et album vivement conseillé si vous ne vous reconnaissez pas dans mes goûts en matière de blues. C’est du solide quand même.

***
Play It Loud de Kevin Mark (Blue Hog, 2004)

...123...

Le* Miantonomoh est un beau bateau, etc. --- et qui devait faire ses premiers essais en mer le 6 octobre 1882.

 

* Certes, en anglais, ships and vessels are referred to as she...

Eternal child (Avishai Cohen, en duo avec Chick Corea)

Toujours enfant

Enfant à tout jamais

A mettre la porte sous la clef

A s’endormir à s’enrêver

S’enturbanner de chemins colorés

De pluies de grisailles factices

Et de lumières adventices

 

A tout jamais enfant

Toujours plus jamais grand

Dévorer les songes des autres

Ronger les ongles les peaux mortes

Et glisser grognon sous la porte

Une orange et un cercueil pour le vent

 

A toujours plus jamais enfant

Coco Texèdre aux Bons Enfants

Suite des coïncidences? Je reçois aujourd'hui même de la galerie des Bons Enfants l'annonce suivante:

COCO TEXEDRE
vous invite à découvrir
ses peintures, dessins et livres...
du 1er au 31 octobre 2005
Vernissage
samedi 8 octobre 2005
de 14h à 19h30
à l'espace d'exposition
"du côté des bons enfants"
(près de la place Châteauneuf)
7, rue des bons enfants - 37000 Tours
tél. 02 47 31 30 60

15:09 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (1)

L'insomnie étend

L’insomnie étend ses tentacules calcule s'immisce n'attend plus rien nous n'avons plus rien à attendre rien à attendre d’elle elle tend ses pièges elle a tendu ces filets nous n'avons rien attendu elle nous a perdus égarés nous sommes pris dans ses rets nous voici furieux furets devenus tigres dynasties perdues dans les draps oreillers vagabonds vont volant les plumes au vent une vie sans estime le cauchemar qui nous relie au sommeil et l’insomnie qui virevolte va en pagaille nous escorte est-ce que tu m’as vu souffrir m’as-tu vu saigner aux quatre veines l’insomnie sans pitié à un point de la nuit je déclare tout net tu n’existes pas je veux nier que l’insomnie existe plus de verbes d’action l’insomnie n’est pas une personne juste un vilain mot pas de vilénie délibérée de volonté de nuire ce n’est pas l’insomnie qui c’est moi qui ne dors pas qui ne sors pas de ce tourbillon et les mots aussi se bousculent comme aux tempes le sang comme aux pluies de décembre une froideur nouvelle un piquant retrouvé la froidure revigorée oui comme aux tempes le sang aux tempes d’argent je me fais des cheveux c’est ça et en disant en criant si silencieusement tu n’existes pas ce n’est pas toi insomnie tu n’es rien juste un mot qui désigne un état en disant criant hurlant cela je me poursuis moi-même je continue la lutte et je crée l’insomnie je lui donne une forme et une personnalité une force nouvelle oui elle existe c’est mon enfant je la pygmalionise modèle glaise et tourmente qu’il pleuve qu’il vente comme le sang aux tempes comme un courant d’eau pure un martin-pêcheur aperçu au bord de la Gartempe oh que je voudrais voir cet oiseau coloré mais l’insomnie est là juste le noir le rouge et les couleurs violentes comme le sang aux tempes comme aux tempes le sang s’en va éclaboussant mon sommeil ma nuit plutôt et tu n’existes pas car je n’existe plus épuisé je ne suis plus rien que ce désir sauvage et épuisé dormir enfin dormir c’est cela l’insomnie et comme aux tempes le sang le temps ne passe pas il bat les cartes rebat la mesure combat contre quoi contre rien c’est un combat vain l’insomnie n’est rien et à nouveau je je je

 

Note de tout bois

Juste entre deux tâches ingrates, un petit mot pour vous signaler que ce carnétoile a reçu hier 364 visites, pour 2012 pages vues, soit le record ex aequo avec la journée du 26 septembre. il faut dire que je m'applique pour publier un peu tout et surtout n'importe quoi ces derniers temps...

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Avishai Cohen : Lyla (Nocturne NTCD 343)

Vous souvient-il, bien-aimés et fidèles lecteurs, d’un quiproquo doublé d’une coïncidence tous deux jazzistiques, qui se produisit cet été en ce carnet de toile, à propos d’une mienne note consacrée à un disque du trompettiste Avishai Cohen, et ce au moment où, en vacances dans le Sud-Est de la France, Livy se rendait au concert d’un autre Avishai Cohen, bassiste, pianiste et chanteur, alors en formation trio?

 

Eh bien, cette histoire connaît un infime rebondissement, à faire se pâmer ceux qui, en nombre toujours grandissant, réclament à hauts cris que je tienne enfin ma promesse d’écrire un roman-feuilleton interactif (merci, la Jeune Divorcée), oui, un rebondissement, car ce mercredi, à la médiathèque de La Riche, j’ai emprunté Lyla, disque sorti en 2004 sous le nom du bassiste.

(Pour ceux qui n’auraient pas encore cliqué sur les six liens ci-dessus, sachez qu’ils ont pour seul but de gonfler artificiellement les statistiques du blog en augmentant le nombre de pages différentes consultées. Une sorte de Viagra carnétoilé, si vous voulez. Voyez à quoi j’en suis réduit.)

 

La musique de cet Avishai-là est bien séduisante, me fait penser à mon cher Leon Parker, dans son caractère polyrythmique et son inventivité constante, son croisement de modes de jeux et de genres musicaux multiples, sans qu’il y ait pour autant de dissolution de l’harmonie sonore, ou de la cohérence. La COHérENce est là*, n’en doutez pas.

 

Tout d’abord, Avishai Cohen est souvent présenté comme un bassiste qui a d’autres cordes à son arc. Hum, c’est vite dit. Si vous écoutez le solo de piano qui sert de centre à cet album, Structure in emotion, vous ne manquerez pas de remarquer que bien des pianistes de jazz aimeraient avoir ce touché, ce phrasé, cette suggestion de spectres, et aussi (comme accessoirement) ce talent pour la composition.

Les morceaux qui me convainquent moins (mais c’est plus lié à mes goûts et à mon indécrottable préférence pour le jazz acoustique) sont les morceaux où s’entremêlent échantillonnages électroniques, comme Handsonit, ou The Watcher, composition d’ailleurs signée Dr. Dre. Handsonit est un assez beau morceau toutefois, dans les solos de basse électrique, mais aussi les volées de trompettes (Diego Urcola et Alex Norris), et c’est certainement celui qui réjouira le plus les amateurs de St Germain, par exemple. Pour moi, la vraie beauté de la musique d’Avishai Cohen est ailleurs, et, sans aucun doute, dans Eternal child, duo entre le contrebassiste et un Chick Corea magistral, ou Ascension.

* Si je prolongeais le jeu de mots, je pourrais noter que Cohen crée est l’anagramme de cohérence. Mais je ne le fais pas, n’est-ce pas (prétérition?).

Prix Nobel de Chimie

Une fois n'est pas coutume, je copie-colle une dépêche de l'A.F.., faute d'avoir mieux à dire. Mais c'est une information importante.

*******

Un Français obtient le Nobel de chimie

Le prix Nobel de chimie 2005 a été attribué, mercredi 5 octobre, au Français Yves Chauvin et aux Américains Robert H. Grubbs et Richard R. Schrock pour leurs travaux sur la métathèse en synthèse organique qui ont ouvert "des possibilités fantastiques" pour la fabrication de médicaments

"Les prix Nobel de chimie de l'année ont développé la métathèse pour en faire l'une des réactions les plus utiles en chimie organique", a précisé l'académie royale suédoise des sciences en décernant le prix au Français Yves Chauvin et aux Américains Robert H. Grubbs et Richard R. Schrock. "Leurs travaux ont ouvert des possibilités fantastiques pour, entre autres, la fabrication de médicaments. La création de nouvelles molécules n'est bientôt plus limitée que par notre imagination !", a souligné l'académie. La métathèse est, selon la définition élégante qu'en donne l'académie suédoise, "une danse avec changement de partenaire". Elle est couramment utilisée dans l'industrie chimique, surtout dans la production de médicaments et de matériaux plastiques élaborés.

"Les substances organiques contiennent du carbone élémentaire. Les atomes de carbone peuvent former de longues chaînes ou des anneaux, se combiner à d'autres éléments tels que l'hydrogène et l'oxygène, former des liaisons doubles, etc. Toute vie sur terre est fondée sur de tels composés carboniques mais on peut également les créer artificiellement, ce qu'on appelle synthèse organique", a expliqué l'académie. "Métathèse signifie changer de place. Dans les réactions métathèse, les liaisons doubles entre les atomes sont rompues et recomposées d'une façon qui provoque le changement de place de groupes d'atomes. On obtient ce réarrangement grâce à l'action de molécules catalytiques spécifiques qui permettent la réaction sans subir de modification chimique. Ainsi, la métathèse est un peu comme une danse au cours de laquelle on changerait de partenaire", selon le communiqué explicatif.

C'est en 1971 qu'Yves Chauvin, né en 1930, directeur de recherche honoraire à l'Institut Français du Pétrole (IFP) de Rueil Malmaison (Hauts-de-Seine), a réussi à expliquer en détail le fonctionnement des réactions. Les premiers furent Henri Moissan en 1906 et Marie Curie en 1911. Dans la phase suivante, les chercheurs s'efforcèrent d'appliquer la "recette" pour développer, dans la limite du possible, les catalyseurs. Richard Schrock, né en 1942, professeur en chimie au Massachusetts Institute of Technology (MIT), fut, en 1990, le premier chercheur à "produire un composé métalloïde jouant un rôle efficace de catalyseur dans les métathèses". Deux ans plus tard, Robert Grubbs, professeur au California Institute of Technology, a mis au point un catalyseur encore plus performant, stable dans l'air et qui s'est donc révélé d'une grande utilité pratique. Les trois scientifiques se partageront un tiers chacun du prix, doté de 10 millions de couronnes suédoises (1,1 million d'euros). Le prix leur sera remis le 10 décembre, date anniversaire de la mort en 1896 de l'inventeur de la dynamite et industriel suédois Alfred Nobel, lors d'une cérémonie à Stockholm suivie d'un dîner de gala en présence de la famille royale de Suède. Yves Chauvin, est le huitième scientifique français à être récompensé par le Nobel de chimie. "Je suis plutôt embarrassé, parce que je n'ai pas le vrai profil", a-t-il déclaré, peu après l'annonce de la récompense, sur les ondes de la radio publique suédoise. "Je suis âgé, j'ai 75 ans. (...) c'est pas tout jeune ! Et puis ce que j'avais trouvé, je l'avais trouvé il y a 40 ans! Alors ça fait très ancien". M. Chauvin a déjà prévenu qu'il ne prévoit pas, en raison de son âge, de se rendre à Stockholm afin de chercher le prix.

08:45 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (2)

Pierres blanches

Je ne sais à quand remonte ni à qui je dois cet honneur, mais je découvre ce jour, au début du cinquième mois d'écriture de ce carnétoile, qu'il (le carnet de toile) est répertorié dans l'annuaire de sites non automatisé DMOZ. Par ailleurs, le site de la SLRC a commencé à publier en ligne, depuis trois jours, les entrées quotidiennes du Journal romain de Renaud Camus, précisément vingt ans après leur écriture. Vous trouverez ici l'entrée du 6 octobre 1985. L'entrée du 3, elle, est passionnante dans sa théorisation de l'écriture intime.

Lever matinal

Tombé du lit quoique couché ou endormi fort tard et ma première pensée ou presque va à ce carnet de toile pourtant j'ai bien mieux à faire même avec cet ordinateur ce qui m'inquiète le plus bien sûr c'est d'entendre un peu tousser ou bouger peut-être mon fils une heure avant son réveil habituel l'aurais-je dérangé mauvaise conscience du père blogueur d'autant que je dois aussi mettre plusieurs textes et commentaires en ligne sur le blog Cours 2005 non vraiment j'ai mieux à faire et si j'avais repris sur la table de chevet avant de me lever dans l'obscurité le livre que je lis en ce moment et pour lequel depuis deux jours j'ai retrouvé un peu de temps l'histoire se mettant en place j'en ai aussi trouvé meilleur le goût plus entraînante la lecture il s'agit du dernier Lobo Antunes bien sûr sinon pourquoi écrirais-je en ce torrentiel style?

06:27 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (3)

mercredi, 05 octobre 2005

Henry Céard, pas moins de 122 ans après

Après avoir occupé pendant deux semaines le poste d'attaché au cabinet du préfet de la Seine Charles Floquet, Henry Céard fut nommé, le 5 octobre 1883, sous-bibliothécaire de la Ville de Paris à l'Hôtel Carnavalet.

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La tentation de Pécuchet.

Lettre de Zola à Céard (22 mars 1885)

Saint Esprit

Je me rends compte que je n'ai jamais donné suite à la note dans laquelle j'"assassinais" (in metaphorical terms) un exégète malheureux (ou: mal inspiré, mal informé, bien hâtif) du roman de Coetzee, Elizabeth Costello. Il se trouve que le rédacteur en chef de l'excellente revue Esprit m'avait répondu, que sa réponse remonte au 5 septembre... et que la voici:

Cher lecteur,

En effet, la méprise est impressionnante! Désolés d'être tombés si bas ! Faut-il esquisser une défense ?

Votre mot est plein de compréhension malgré votre légitime consternation. Il faut avouer que l'auteur est plutôt connaisseur de littérature allemande... personne n'est parfait ni, surtout, "spécialiste" au sens universitaire du terme.

Cela dit, on peut y voir un hommage involontaire à la puissance créatrice du romancier qui fait croire entièrement à sa fiction et qui sème l'indistinction aux marges du réel et du fictif. Un dernier mot en faveur de l'auteur, qui ne prétend pas d'ailleurs connaître parfaitement Coetzee ni la littérature anglophone, son centre d'intérêt est ailleurs : dans la réflexion sur le mal, qui n'est pas centralement remise en cause, me semble-t-il, par cette erreur.

Je n'essaie pas de nous justifier d'avantage, d'autant plus qu'une simple vérification de notre part aurait permis de nous rendre compte de la méprise, et vous prie de transmettre nos excuses à M. Paul West (le vrai !) à l'occasion.

Merci de votre fidélité,

Marc-Olivier Padis

Rédacteur en chef

Revue Esprit

 

J'avais répondu, immédiatement, à M. Padis, en lui certifiant que je maintenais ma confiance à sa revue, que c'était surtout l'auteur de l'article qui était à blâmer, que je ne connaissais pas Paul West... et que je publierais sa réponse. Mieux vaut tard que jamais, dit l'adage.

Le prieuré Saint-Cosme

Mercredi, 12 h 15

Aussitôt dit, aussitôt fait… Je promets une note, et une fois encore je faillirais à ma promesse ? Ah non, pas de ce pain-là, hein…

Le prieuré Saint-Cosme, à La Riche, est un lieu que je trouve, pour ma part, touché par la grâce. Il ne reste pas grand-chose, certes, des bâtiments conventuels du seizième siècle, mais le réfectoire, par exemple, vaut à lui seul la visite. Les fragments qui restent de l’église sont aussi très émouvants.

 

Bien entendu, le prieuré est surtout réputé car Ronsard l’a immortalisé dans plusieurs poèmes, en fut prieur de 1565 à 1585, y écrivit quatre chants de la Franciade.

Puis dès le poinct du jour redoublant le marcher,

Nous vismes dans un bois s’élever le clocher

De Saint Cosmes prè Tours où la nopce gentille

Dans un pré se faisait au milieu de l’isle.

 

Voilà de beaux vers, assurément. (Ce qui vous remet en mémoire, fidèles lecteurs, que j’ai laissé naguère en plan la série annoncée Un beau vers. Je me demande si, velléitaire comme je le suis, je me tiendrai, avec la masse de travail qui m’attend jusqu’en février au moins, à mon projet de roman publié dans ce carnet de toile. C’est une autre histoire, non?)

 

Ce sont de beaux vers. J’aime ce quatrain, car, outre la douceur de la scène champêtre, la gaieté si bien transmise, il y a cette métamorphose discrète, de vers à vers, du poinct en un bois, puis de prè en pré. Par ailleurs, ce quatrain indique que la commune (ou paroisse) devait, à l’époque, s’appeler Saint Cosme, et non La Riche. D’où est venu ce nom, et quand ? Quel est le lien avec l’église Notre-Dame de La Riche, qui se trouve, de fait, à Tours, dans un quartier très voisin de La Riche ? Autant de questions dont je chercherai les réponses… Quelle prétention de vouloir tenir un carnet qui parle aussi des sites et lieux d’Indre-et-Loire, quand je suis si nouvellement arrivé et si peu informé de tant de choses…

Coco Texèdre… à suivre…

Mercredi, 11 h 50

Je reviens, avec mon fils, de la médiathèque de La Riche, où sont exposées, comme souvent, des œuvres d’artistes locaux, dont il vaut mieux, généralement, se dispenser de parler. (C’est le genre d’œuvres dont nous parlons, avec C., en employant l’expression palette fléchoise en souvenir d’une mémorable exposition de croûtes vue à La Flèche l’été 1994). Toutefois, ce matin, il y avait, le long de l’escalier qui permet d’accéder à l’espace adultes du 1er étage, deux grandes plaques de verre en partie sculptées et recouvertes de peinture rouge ou bleue, et d’inscriptions dans un style voisin d’Alechinsky ou Opalka, toutes proportions gardées. La documentaliste du bureau de prêt m’a dit qu’il s’agissait d’œuvres de Coco Texèdre (?). Je ne suis pas certain de l’orthographe de ce nom, et je vérifierai en cherchant sur la Toile plus d’informations. En tout cas, voilà un nom d’artiste qui ne laisse rien présager de très captivant, et pourtant, l’alliance d’une technique complexe et d’un graphisme subtil m’a tapé dans l’œil.

 

A consulter: le site de Coco Texèdre.

17:25 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (3)

Atelier mode d’emploi: Ségolène Garnier et Cécile Cluzan

Mercredi, 11 h 40

 

Dimanche dernier, en début d’après-midi, dans le cadre d’une manifestation culturelle appelée Atelier mode d’emploi et qui consistait, pour les artistes tourangeaux, à accueillir le public dans leurs ateliers respectifs, nous nous sommes rendu, mes parents, ma compagne, A. et moi, au 32, rue Delpérier, où demeure Ségolène Garnier, qui avait exposé certains de ses mobiles tridimensionnels, et une série fort longue de figures rouges sur supports imprimés retravaillés. C’est, de ses œuvres, cette série que j’ai préférée. J’ai aussi remarqué, sur les rayonnages de sa bibliothèque, qu’elle avait lu Le sujet monotype de Dominique Fourcade, dont j’avais promis de parler mais que j’ai dû rendre, entre-temps, à la Bibliothèque Universitaire (ou S.C.D.).

 

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Auparavant, nous avions été accueillis, dans la courette de l’immeuble, et pendant une battante averse, par l’invitée de Ségolène Garnier, Cécile Cluzan, qui avait édifié une sorte de tente-igloo entièrement constituée de pull-overs et de chandails décousus puis recousus les uns aux autres, dans une sorte de sarabande colorée très insolite. J’ai photographié le reflet, dans la théière, des visiteurs et hôtes assis autour d’un thé fumé sur ce fond multicolore.

Je ne sais si Ségolène Garnier m’autoriserait, elle, à inclure dans ce carnet de toile une ou deux images volées à ses figures rouges ; je vais essayer de retrouver sa trace, afin de lui signaler, au moins, l’existence de cette note.

Après cette incursion dans l’atelier de ces deux jeunes artistes, nous avons profité du soleil revenu pour flâner avant de conduire mes parents à la gare de Saint-Pierre des Corps. Je leur ai montré les bâtisses de style art nouveau de la rue Jules Charpentier ; nous avons visité, dans ces parages-là, un autre atelier dont je préfère éviter de parler.

Revue de presse

Mercredi, 12 h 05

 

Quelle peut être la valeur d’une note de blog par rapport à la presse spécialisée et imprimée, celle qui, par son imprimatur, se voit investie, justement, d’une vraie légitimité ? Je repense au commentaire de la mystérieuse et si gentille Carole. Sans doute, Julien Duthu et Rémi Panossian, qui forment, je le rappelle ici, un duo admirable, seront très contents de lire la recension que j’ai écrite, à mon modeste niveau. Mais peuvent-ils vraiment citer Touraine sereine dans un press book ? Pourtant, ce carnétoile peut s’enorgueillir d’une moyenne de 300 visiteurs quotidiens, ce qui n’est pas rien : après tout, si je devenais assez gourou pour inciter mes lecteurs réguliers à acheter les disques (ou les livres, etc.) que je recommande si chaudement, ce ne serait pas négligeable pour les artistes concernés, non ?

La Riche

 

Mercredi, 11 h 55

 

Je ne connais pas très bien cette commune limitrophe de Tours, où je me rends désormais avec une certaine régularité, depuis que nous avons pris un abonnement à la médiathèque. Jusqu’alors, je connaissais surtout la petite place qui se trouve derrière le Jardin botanique, mais aussi, pour y être allé une fois, seulement, un quartier résidentiel construit dans les années 1980, vraiment pas beau et où habite un collègue pour qui j’ai, a demeurant, la plus vive estime et l’admiration la plus profonde (moi-même, je ne vis pas dans le coin le plus beau de Tours, c’est un bel euphémisme d’écrire cela!). Je connaissais aussi, et j’y suis retourné trois fois depuis notre installation ici, le prieuré Saint-Cosme, qui méritera une note à lui seul.

 

Il y a actuellement, derrière la médiathèque, un grand chantier de construction dont je suis les progrès avec régularité, car A. est fasciné par les machines et les grues. Je remarque que ce chantier avance à vitesse V, ce qui n’est pas le cas de celui qui nous empoisonne l’existence à l’université (extension du site Tanneurs).

 

Il y avait, ce matin, un enterrement à l’église de La Riche, qui est, à n’en pas douter, l’une des plus laides du département. De quand peut-elle bien dater ? de 1923 ? 1891 ? (Tiens, je devrais reprendre l’écriture de mes célébrations improbables, mais aussi y ajouter une série de conjectures inactuelles.)

 

Preuve de plus que cet automne 2005 sera richois (la-richois ? la-richien ?) ou ne sera pas, je viens de réserver deux places pour le concert de Mathieu Boogaerts à la Pléiade.