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samedi, 29 octobre 2005

Azaléine

Le 29 octobre 1859, le père et le fils Gerber-Keller produisent l'azaléine, qui éclipse la fuchsine mise au point six mois auparavant par les lyonnais Renard et Franc.

Source: Le Cresat à Mulhouse.

vendredi, 28 octobre 2005

Ligérienne

Je me demande pourquoi Simon et Marion, qui l'ont pourtant créée, ne publient jamais leurs notes "locales" dans la communauté Ligérienne...

Mollycoddle 1

Il vient de se passer quelque chose d'extrêmement désagréable: l'ordinateur a égaré une note que j'avais pratiquement fini d'écrire (et qui était fort longue). Sacré PC de Fromont...

Il y était question, en long et en travers, du mot anglais mollycoddle.

Je note ici cette béance, pour reprendre plus tard (dans la journée, si possible) la mise au net de mes considérations.

Jigoro Kano

Il semblerait que naquit, il y a 145 ans, l'inventeur du judo, Jigoro Kano.

De bon matin, rue Fromont

De bon matin, rue Fromont, pianotant sur le doux clavier du vieux MicroVidéo estampillé 99268SP par les Services Centraux de l'université, je viens d'ouvrir la fenêtre de la salle des professeurs pour profiter de la douceur, le vent du sud tourbillonnant légèrement et offrant la tendre folie de ses braises, et j'ai contemplé un instant les quatre toiles d'araignée qui ont eu l'heur de ne pas être balayées par un agent trop scrupuleux ou un collègue arachnophobe (car il y en a).

Ce matin, rue Victor-Hugo et rue Fromont, j'ai vu plusieurs chats errants. Cela se voit qu'il n'y a pas d'officine à kebab dans ce quartier de Tours.

jeudi, 27 octobre 2005

Qui n'est pas cuistre...?

Savez-vous quelque chose de M.Edgar Quinet, auteur des articles sur la campagne de 1815 qui ont paru dans la Revue des Deux Mondes ? Tout à fait entre nous et pour vous seul, il me fait l'effet d'un cuistre qui écrit sur un sujet dont il n'a pas la première idée, qui a été mal renseigné, qui veut établir la mémoire de Ney et pour cela faire, porte contre l'Empereur les accusations les plus absurdes.

Ainsi commence la lettre qu'adressa Charles de Flahaut à Lavalette, le 27 octobre 1861.

Dans le mille

J'ai le très grand honneur de vous annoncer que le millième commentaire a été écrit ce soir par une nouvelle venue, mais fort bienvenue, Alexandra. (Par un scrupule linguistique, elle se trouve être aussi l'auteur du 999ème, ce qui est largement aussi enviable, à mon avis.)

Par ailleurs, il était bien normal que, lui répondant, je devinsse l'auteur du premier commentaire qui soit aussi un palindrome à quatre chiffres, le 1001ème (avec un quizz en prime).

21:52 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

Treacherous teachers ?

Jeudi, dix heures vingt.

Je viens d’écrire une nouvelle note pour mon carnet de toile consacré au roman de Ford Madox Ford, The Good Soldier. J’essaie de le tenir, autant que faire se peut, à jour, me contraignant à faire, chaque semaine, une synthèse en français des points abordés dans le cours anglais, voire à prolonger telle ou telle question, comme, actuellement, le cas de la fiabilité du narrateur, grand sujet de débat s’il en est. Or, je me désole quelque peu de savoir, d’une part, que la plupart de mes étudiants lisent ce blog, et de voir, d’autre part, que (pour de très louables raisons : ils ont d’autres chats à fouetter (other fish to fry…)) ce site est perçu par tous, non comme un espace de débat entre eux, mais comme une source d’informations supplémentaires.

Evidemment, je n’ai, pour l’instant, dispensé que des cours magistraux. Mardi, j’avais affreusement mal à la gorge, 38°5 de fièvre et étais presque aphone. (Ce n’est guère mieux aujourd’hui, d’ailleurs, alors que mon fils, lui, commence à aller mieux.) Cela pour dire que mon enseignement lui-même n’appelle peut-être pas le débat. Mais enfin, c’est, depuis longtemps, la principale réserve que j’émets au sujet de la grande majorité des étudiants : ils n’interviennent pas, ou très peu, ou seulement s’ils y sont obligés, et prennent véritablement (à l’exception de ceux d’entre eux, minoritaires, qui ne participent pas parce que cela les ennuie ou les dépasse) le professeur pour une forme de dispensateur absolu d’un savoir gravé dans le marbre. Je ne suis, pour ma part, jamais si content que lorsque un étudiant ou une étudiante me contredit, me demande de retrouver un mot qui m’échappe, etc. J’ai toujours envie de paraphraser la maxime (ironique, certes) de Lautréamont à propos de la poésie : Le cours doit être fait par tous, non par un.

Dans le cas du cours de CAPES-agrégation dont je parlais au début de cette note, ce qui m’étonne le plus, outre (me semble-t-il) une baisse des effectifs (que l’on pourra, selon le bilan des semaines suivantes, imputer à mon peu de succès pédagogique, ou à la même première épidémie d’angines et laryngites qui me cloue moi-même au lit (mais pas tout à fait le bec)), c’est que, pour les quatre explications de texte en classe qui auront lieu les 29 novembre, 6 et 13 décembre, 3 janvier, et qui sont l’occasion rêvée de s’entraîner tant au commentaire écrit qu’aux épreuves orales, je n’ai à ce jour, pour les deux groupes (soit huit créneaux possibles) que quatre volontaires ! Ce n’est pas moi qui passe le concours !

Enfin, la solution est simple, sans doute, et ce sont le livre, le cours ou le professeur qui leur déplaisent ou les désorientent.

11:20 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (11)

I'd love to write and read norvels too

October 27, 1861 - I rose quite early this morning had quite a bad rest last night. It drizzled rain all night I built a large fire eat my Breakfast &c As this Sunday I ought to read the Bible but as I have none I will read a norvel. This is a beautiful day. I would like to spend a few hours at my old Homestead. I took a nap & when I awoke Black had bought a nice fat Pig which we Barbequed elegantly. After dinner our Three Companies were called into a line & orders were read to us, Bill, Black & I then cut two or three Trees down made a fine log heep fire & fixed our Bush hut finely. We then took a nice supper. We have fared as well so far as in camp. But I guess we will be put on posts tomorrow.

Source: Civil War Diary d'A.L. Peel

mercredi, 26 octobre 2005

Affroidi

En additionnel post-scriptum à la note météorologique, j’aimerais signaler que, pour ma part, j’ai toujours fort bien vécu dans un logis chauffé à 18°, mais, les années passant en compagnie de ma chère et tendre, que je croyais au début frileuse alors qu’elle aime seulement vivre dans une maison où il fait à peu près vingt degrés, je ne sais si je pourrais revenir à ces us austères.

19:30 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

Echauffements

J’ai quelque scrupule à mettre, sur le tapis, d’oiseuses considérations météorologiques (il se pourrait qu’il y ait, dans l’union de ces deux adjectifs, une forme de pléonasme), mais tout de même, n’est-il pas étonnant qu’en Touraine, dans une partie de la France qui n’est pas réputée pour la chaleur de ses étés indiens, un 26 octobre, le chauffage pas encore relancé, il fasse 21° dans une maison de 175 m² ??? Mieux même : je fais actuellement (il est neuf heures du matin) aérer le salon, m’y trouvant, et la température ne baisse pas d’un iota !

D’une chose je suis certain : les deux années précédentes, nous avons dû mettre la chaudière en marche dès le début du mois d’octobre. Il y a deux ans, le 30 ou le 31 octobre, nous visitions Villandry avec ma sœur Delphine, avec pulls et manteaux, et nonobstant en nous pelant…

 

P.S. : Faut-il que je m’abstienne de ce genre de note à l’avenir, ou dois-je créer une catégorie Café du commerce ou Taille de bavette ? (Une voix démoniaque me pousse, comme vous n’en doutez pas, à choisir cette deuxième solution.)

L'étau se resserre

I'm cornered, ain't I?

Je n’ai pas ouvert les volets…

Sept heures du matin.

 

Je n’ai pas ouvert les volets, je ne veux pas faire de bruit. Dormait-elle, la maisonnée ? Ma précaution a-t-elle un prix ?

Une journée aussi à reprendre l’écriture anticipée du carnétoile, ce qui se voit à la police employée. Mon écriture choyée, des bribes au sujet d’une voiture, déjà j’écris une fournée – de notes, bien sûr. Au ciel, les volets fermés, ne luisent pas les étoiles.

Une voiture mexicaine

Est-ce encore la Simon connection qui fait des siennes ? Avant-hier soir, quai Paul-Bert, je suivais une Mercedes classe A immatriculée au Mexique, ce qui ne se rencontre pas tous les jours. La plaque arborait les lettres et chiffres suivants : YWP 5565, accompagnés des abréviations YUC (Yucatan ?) et MEX (Mexique).

Quite unusual. Cela dit, un restaurant mexicain vient d’ouvrir à Tours, rue Bretonneau, en lieu et place de l’infâme restaurant coréen qui n’aura pas tenu un an. Mais peut-il vraiment y avoir lien de cause à effet entre le restaurant et l’apparition d’un véhicule immatriculé au Mexique?

Aphone you later

Les réveils sont difficiles, douloureux, déchantent. Cette nuit, la toux et les pleurs de mon fils, malade, lui, depuis cinq jours, et je n’ai pas pu me rendormir, secoué de quintes, gorge brûlante. L’aphonie toujours au rendez-vous. Au moins, j’aurai fait rire la secrétaire du département, hier ; elle me disait en plaisantant qu’il avait été décidé que les personnes souffrantes devaient rester chez elle cette année, à cause de la grippe aviaire, et je lui ai rétorqué que, si je n’avais presque plus de voix, cela n’avait tout de même rien à voir avec l’aphone sauvage. (Avec avifaune, le calembour était plus difficile.)


Dans l’après-midi, j’aurais pu souffler à mes groupes d’étudiants que c’était l’après-midi d’un aphone, mais ce genre d’humour littéraire (ou, à la rigueur, musical) ferait, je le crains, un four.


Aujourd’hui, je vais essayer de travailler un peu at home, même si je dois garder A., car ma compagne, coincée ici pendant trois jours entre son père et A. qui doit rester au chaud, va vouloir, je pense, prendre un peu l’air, et je la comprends… De plus, comme je ne suis pas fréquentable, avec mes microbes et mes remuements laryngiques, et comme je dors, depuis trois nuits (aussi afin de ne pas réveiller la maisonnée quand je partais à la fac hier et avant-hier), au rez-de-chaussée, à la salle de jeux, c’est elle qui s’est levée cette nuit pour donner, je pense, un verre d’eau et son médicament à A. Il semble, après presque une heure de toux, s’être rendormi. Incapable de réprimer et de supporter mes quintes, je me suis levé et je pianote. (Failli écrire : « je pinaille »)

mardi, 25 octobre 2005

Radio Béton? laisse béton

Je sais que j'ai mieux à faire, mais je veux tout de même vous faire part d'une expérience récente. Depuis hier, l'autoradio de ma Clio, sans doute trafiqué par des adeptes des musiques alternatives, refuse de diffuser les programmes de presque toutes les stations de radio que j'écoutais jusque là (Radio Classique et France Info). Je me suis donc retrouvé, hier soir et ce midi, à écouter Radio Béton, que je connais de nom car le Service Culturel de l'Université a un partenariat avec cette noble institution.

Hier, c'était plutôt comique: il était question d'un festival, les Rockomotives je crois, dont un responsable était interviewé. L'entretien était émaillé, comme il se doit, de morceaux de musique (à la limite de l'inaudible, d'ailleurs). Toutefois, l'ingénieur du son était soit amateur soit incompétent soit bourré, soit les trois, car il oubliait de débrancher les micros des animateurs au début de chaque morceau de musique. Sur l'un des morceaux, cela a duré une bonne minute:

- Ouais, ***, écoute, là on est hors antenne, tu vois.

- Ouais...

- Ouais, alors, faut qu' j' te dise, tu parles pas assez fort, et t'hésites un peu trop, tu vois...

- Ah ouais...

- J' comprends, t'es stressé, tu dois être crevé par l'organisation du festival, mais bon quoi...

- D'accord. Par ailleurs, faudrait qu'on s'organise pour appeler Alice.

- Ah ouais, mais Alice y a que son portable.

- ...

- Eh c'est quoi son portable? Ah ouais, c'est le 06 ** ** ** **.

[Ils ont quand même donné le numéro de portable de la fille à l'antenne!] [Autre notation comique: l'organisateur du festival a parlé de la "majestuosité" de la salle de concert qui a une "acoustique énorme...]

Aujourd'hui, c'était moins comique. Il était 13 h 30, et l'animateur passait son temps à vomir sur les lois Sarkozy (soit). Notamment, il promettait d'offrir des places gratuites pour je ne sais plus quel concert au "premier qui appelle et qui insulte Sarkozy dans mes petites oreilles, là, allez-y". Il était question des nouvelles mesures d'expulsion, en particulier, je suppose (quoi que cela n'ait jamais été dit pendant le temps que j'ai passé à écouter l'émission), dans le contexte de la manifestation prévue cet après-midi pour défendre un jeune étudiant malien menacé d'expulsion. C'est un cas complexe, et il serait juste, en effet, que la préfecture mette un peu d'eau dans son vin, dans ce dossier.

Bref, l'animateur a d'abord passé une "chanson" d'un groupe (La Rumeur... ça existe?). Le titre était "Nom Prénom Identité". Il y avait donc adéquation totale avec le sujet de l'émission, même si le ton de l'animateur, polémique et dénué de toute distance informative, avait de quoi agacer. Le plus ahurissant, c'est que ce gonze enchaîna en annonçant "dans le même thème, voici le morceau de Tiken Jay Fadoly [orthographe?], Y'en a marre".

L'auditeur qui ne connaît pas Tiken Jah Fakoly (entre la phrase précédente et celle-ci, j'ai vérifié l'orthographe sur le Web) s'attend donc à une nouvelle diatribe contre la politique française en matière d'immigration. Or, pas du tout: vérifiez vous-mêmes en lisant les paroles.

Donc, voici un olibrius qui, du fait du pouvoir que lui confère fugitivement son statut de disc-jockey, mélange, d'une part, les problèmes spécifiques des régimes politiques et des sociétés africaines et, d'autre part, la politique française d'immigration. Je sais que les deux se rejoignent, à un certain stade, car tout est lié (ne me faites pas dire ce que je n'ai pas écrit), MAIS: les deux chansons ne traitaient pas du tout du "même thème", et faire l'amalgame entre les problèmes des nations africaines dans l'ère post-coloniale et le statut des immigrés en France, ce n'est certainement servir la cause ni des uns ni des autres.

En mille

Je tiens seulement à signaler que nous approchons, lentement mais sûrement, du millième commentaire. (Je sais, j'ai bien dû en écrire quelques centaines moi-même...)

Le chiffre de VS (Saint-Vincent de Neuvy)

Longtemps promise, image due.

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The early bird catches the spleen

Certains matins, cela se produit. Au réveil, l'impression que jamais on ne se lèvera, que jamais on ne pourra continuer ce train-train. On repense à tout ce qu'il y a de désagréable dans la vie, et les perspectives de la journée qui commence semblent pires les unes que les autres.

Ce matin, avant que sonne le réveil, assailli par le seul souvenir obsédant des diverses tâches importantes que j'ai, jusqu'à ce jour, laissées en plan, j'avais envie de tout laisser tomber. Comment faire pour se débarrasser des pensums? La perspective de devoir enseigner toute la journée en état de quasi-aphonie n'est sûrement pas sans lien avec cet état d'absolu découragement et de total abattement.

Tout envoyer promener. Tout et quoi?

09:12 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (3)

lundi, 24 octobre 2005

Surgir, disparaître, formuler

Peut-être est-ce là un effet du "genre journal": la consignation et le choix de ce que l'on y dit comptent, de facto, parmi les thèmes essentiels d'un journal intime. Toujours est-il que je trouve, sous la plume de Harry Laus, dans son Journal absurde, une analyse contradictoire ou complémentaire du paragraphe que je citais hier, de Julien Green:

25 juillet

J'ai souhaité écrire dans ce carnet bien des choses qui me sont arrivées durant ce mois de juillet, mais il s'est toujours produit quelque événement pour m'empêcher de réaliser ce souhait. Aussi, comme elles avaient surgi, ces choses ont disparu, je crois, faute d'avoir été formulées.

(Journal absurde, traduit par Claire Cayron, Corti, pp.113-4)

Malédiction

Ce doit être une joyeuse malédiction. M'apprêtant à rendre, à la bibliothèque d'anglais sise au troisième étage de la tour du S.C.D. (Service Commun de Documentation), un volume de The Library of America reprenant les trois premiers romans publiés de Paul Bowles, écrivain dont je n'ai jamais lu une ligne et dont j'avais emprunté ces textes à l'intention de ma mère, qui les a d'ailleurs lus tous trois au cours de l'été, j'ouvre une page presque au hasard (en fait, il s'agit du début de The Spider's House) et, lisant ce prologue, je me sens attrapé, capturé, apprivoisé déjà par les phrases de l'écrivain... et j'aimerais maintenant garder le livre pour le lire. Oui, ce doit être une forme de malédiction, l'épuisant désir de ces choses.

Romanse

Je tenais seulement à informer mes fidèles lecteurs que les romans interactifs que je dois commencer à écrire d'ici peu ne sont pas encore commencés. Ils sont en gestation. En attendant de pouvoir lire le premier chapitre d'Avril déjà dérape, toutefois, il vous est possible de réfléchir au concept même de romanse.

Il y a palindromiquement...

Quel effet de curieuse nostalgie, d'incompréhensible opacité, de tenace envie de saisir, à la lecture d'un article du Saint John Morning Telegraph d'il y a 141 ans.

Le Vrai Parisien m'envoie une partie de ses oeuvres complètes

Ce matin-là, le Vrai Parisien s'est senti pétri d'euphorie et nourri d'une profonde vénération à l'égard de l'écrivain qu'il admire par-dessus tout. Il s'est levé, et d'un pas fringant, a dirigé ses pas mélancoliques et sa face qu'illuminait un doux soleil automnal vers le bureau de poste le plus proche, afin d'expédier avec la plus infinie célérité la liasse constituée de plusieurs notes écrites au cours des dernières semaines. Il avait enté chaque liasse d'une dédicace de sa main, car il voulait que le génial écrivain prêtât attention à son envoi et lût chaque ligne avec délectation (ce que le génial écrivain fit, nous narrateur omniscient pouvons le dire sans détours). Ah, Vrai Parisien, que tu es heureux, de compter ainsi parmi tes lecteurs cet admirable Tourangeau que nous envie l'humanité!

Abbaye de La Clarté-Dieu, II

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Nous nous y promenâmes un jour sombre et presque froid de juillet. Qui vive, il n'y avait pas âme. Juste notre reflet dans les branches des arbres, et le clapotis d'eau que font les nuages, sans fin. C'est une propriété privée, et nous ne nous sommes pas avancés. Visiblement, le lieu est plus ou moins à l'abandon. Quel dommage. Retournons sur nos pas, sans froisser les fragrances du chèvrefeuille et de la badiane.

 

Harry Laus, le 3 août 1950

Ce n'est pas seulement pour écrire "3 août" que je me suis assis à ma table et que je viens d'ouvrir ce carnet. mais ce n'est pas non plus pour parler d'un sujet précis. C'est pourquoi je suis resté plusieurs minutes en suspens, sans savoir quoi dire, et craignant de n'avoir à écrire, finalement, que la date.

En ce moment, je ne sais pas davantage ce que je vais dire, mais cette indécision ou cette ignorance, ou absence de projet se reflète souvent dans mes actes. A force de vouloir trouver les origines de ce comportement, j'en viens à le justifier par le fait d'avoir toujours dû chercher et découvrir, par moi-même, tous les mystères et lieux obscurs de la vie. De n'avoir jamais eu personne pour me guider: ni mère, ni père, ni frère.

(Harry Laus. Journal absurde. Traduit par Claire Cayron. Paris: Corti, "Ibériques", 2000, p. 120)