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vendredi, 30 mars 2007

Culture et marmelade

Lu sous la plume de Juan Asensio, le critique de génie qui pense en basque avant de s'imaginer qu'il écrit en français :

Il y a fort à parier que, ipso facto, je n'eus été envoyé, aimablement recommandé par votre lettre de cachet, dans quelque Bastille...

 

Rappelons à cet aimable pourfendeur mégalomane que, si l'on se pique d'employer l'imparfait du subjonctif, il ne faut pas se mélanger les pinceaux. De même, l'usage du ne explétif n'est pas possible ici (principale assertive). Cette phrase, comme les trois quarts de ce que nous assène cet âne bâté qui voudrait se faire aussi doué qu'Antonin Artaud, ne veut donc rien dire. Rappelons aussi que le conditionnel reste possible ici, et peut-être plus à la portée des étudiants de français grands débutants.

 (Il y a fort à parier que j'eusse (ou que j'aurais) mieux fait de me dispenser de cette note...)

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Quand J.A. pose des questions à un romancier, ça donne ça : "Donc, si je vous lis bien, le prochain roman que vous publierez tentera de s’approcher un peu plus de cette délivrance ou allez-vous nous répondre que vous devez longer, coûte que coûte, cette faille, quitte à hurler, une nouvelle fois, devant la grâce enfuie, que c’est là et nulle part ailleurs que doit se tenir l’écrivain réel, sous le soleil noir d’Auschwitz ?" Toute personne en mesure de traduire ce galimatias en français a gagné le droit de s'endormir chaque soir en contemplant les pâles âneries du Stalker. (Rappel : le concept de galimatias est valide en stylistique. Dans le cas de Juan Asensio, il se rapproche de la verbigération, mais, hélas, jamais du phébus. (Tout ceci était du jargon.))

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Par ailleurs, le Stalker, l'admirable intellectuel qui confond Racine et Corneille, est un fin connaisseur des choses un peu anciennes. Aussi a-t-il des formules telles que "les vieilles sagas légendaires de bien des peuples anciens", ce qui ne veut rien dire, puisque les sagas sont islandaises. Peut-être a-t-il confondu avec la world music ?

jeudi, 29 mars 2007

Collectivisme façon Ceauşescu

J'évoquais hier la renaissance du carnétoile de Simon. Ce dernier, toutefois, s'est empressé, en une image belle mais plutôt morbide, de rappeler qu'il s'agissait de derniers soubresauts. Oranginal est donc bel et bien au point de bascule.

Comme un malheur n'arrive jamais seul, je reçois aujourd'hui une invitation pour "le 4ème apéro-blog tourangeau". Quand on sait que Guillaume Lapaque a épaulé Adrien Soissons qui avait tenu et tient encore des propos diffamatoires à mon égard, jusqu'à me pousser à ne plus participer au métablog, cette "invitation" (lancée au moyen d'un "outil" hideux et spammoforme) est assez savoureuse. D'ailleurs, presque tous les blogueurs enthousiastes du premier apéro-blog ont fini par déserter le méta-blog de M. Lapaque, et les apéros aussi, puisqu'il n'y est question que de ses préoccupations à lui, de son goût pour les blogs clones, des "spécificités juridiques du podcasting" e tutti quanti.

mercredi, 28 mars 2007

Oranginal, suite

Pour ceux et celles qui persistent à penser que Simon a bel et bien arrêté de tenir son carnet de toile, sachez qu'il a poursuivi, au contraire, mais que les 60 notes publiées en un mois de prétendu silence se trouvent entre la "dernière" note, Ce blog est fini, et la pénultième, Picarde. Ces notes sont brèves, incisives, témoignent comme toujours, comme avant, du coup d'oeil et de l'esprit incisif de ce captivant jeune homme. Pour les lire sans avoir à les dénicher, il suffit d'ouvrir la note Picarde et d'avancer dans le temps en utilisant les flèches de circulation en haut de page (note précédente / page d'accueil / note suivante).

J'ai quelques scrupules à dévoiler le pot-aux-roses, d'autant que Simon semble être entré dans une nouvelle phase de son existence, ce qui signifie aussi un nouveau rapport à l'écriture. Il ne répond pas, semble-t-il, aux commentaires, mais sera certainement heureux de voir que ses lecteurs de naguère reviennent le lire sans le propulser d'emblée dans un jadis factice.

Peut-être va-t-il désormais distiller ses nouveaux billets en d'autres recoins secrets de son site...?

mardi, 27 mars 2007

Café de biais, Le Petit Mesclun

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Tours, 22 mars 2007.

lundi, 26 mars 2007

Café bu, Le Petit Mesclun

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dimanche, 25 mars 2007

10 propositions, dont 9 vraies (par Aurélie B.)

Vu qu' Astolphe ne semble aucunement pressé de livrer la solution de l'énigme, alors que cela nous empêche tous de dormir (n'est-ce pas ?), je livre à présent la réponse d'Aurélie au défi lancé il y a quelque temps.

Elle me fit parvenir ces 10 propositions il y a bientôt un mois, avec pour consigne de ne les mettre en ligne que fin mars. Il faut préciser aussi que les phrases (ou, au moins, la septième) s'adressent à moi, mais que tout le monde peut jouer. D'ailleurs je ne sais pas laquelle est mensongère...

1. Je suis née un jour d’élections présidentielles, à Bourges.

2. J’ai lu La Source Noire, de Patrick Van-Eersel, en décembre 2004.

3. J’ai peu de pages « Aurélie Barnabé » sur Google, mais j’en ai quand même.

4. J’ai eu 14,7/20 de moyenne au bac (L).

5. J’ai perdu ma dernière dent de lait sur le Ponte Vecchio, à Venise.

6. Je suis restée coincée dans les toilettes publiques sur le site du Péloponnèse, en Grèce.

7. Lorsque nous avons échangé nos premiers mots, vous m’avez humiliée.

8. J’ai vu le concert de Joan Baez, au printemps de Bourges, alors que j’étais au lycée.

9. J’avais six ans, quand j’ai pris mes premiers cours de solfège.

10. Mon frère est déjà passé à la télé.

Petit Faucheux, 22 mars 2007 : David elsewhere

medium_Cendrey.jpgCette fois-ci, je suis arrivé trop tard – mais quand même avec dix minutes d’avance – pour pouvoir m’asseoir derrière le photographe gesticulant (dont je devais m’apercevoir, quelque temps après, au cours du concert, qu’il a une odeur de sueur vraiment âcre, car il s’était assis sur une marche derrière ma place en bord d’allée, et, si je ne l’avais pas vu, mon attention fut attirée par une subite odeur de musc chaud que, me retournant, je ne manquai pas de lui attribuer).

J’ai rêvassé en lisant la liste impressionnante des invités du festival Europa Jazz du Mans, lu les vingt premières pages – décidément c’est une habitude – d’un curieux roman, Principes du cochon de Jean-Yves Cendrey.

 

N’ayant, ce me semble, jamais entendu d’enregistrement du saxophoniste David S. Ware, je partais sans a priori, si ce n’est que je possède (et aime) deux disques du pianiste Matthew Shipp, qui l’accompagne en ce quartette. Aussi m’attendais-je peu au choc de ce concert exceptionnel. Jamais, même lors du concert de la Mingus Dynasty, à l’automne dernier, ou de la soirée consacrée à l’Instant Composers Orchestra en 2005, je n’étais sorti d’un concert organisé par le Petit Faucheux dans un tel état d’enthousiasme entre douceur et transe.

Il est difficile de parler de musique – d’écrire, mettre en mots une telle expérience, surtout lorsque, comme moi, on n’a aucune espèce de compétence. Suffirait-il de dire que pas une seconde les musiciens n’ont donné l’impression de faire du remplissage ? Non, car, si c’est déjà énorme, là n’était pas l’essentiel.

Dès l’entrée dans la salle bondée, le sax ténor de David S. Ware nous accueillait, posé au centre de la scène, sur le devant, et de l’instrument émanait déjà un je-ne-sais-quoi de rêveusement cosmique. Lorsque les quatre musiciens sont arrivés, la stature de David S. Ware marquait déjà l’entrée dans un autre monde. Otherworldly, as the English say. Il boite fortement, se déplace avec difficulté, mais jamais ne renvoie l’image de quelqu’un de diminué : au contraire, il semble le plus fort, dans tous les sens de l’expression.

 

Le quartette a joué quatre morceaux, plus un bis à couper le souffle. David S. Ware a annoncé les noms des musiciens juste avant le premier salut, pendant que le trio de ses acolytes continuait, sur la quatrième composition, de se livrer à des dialogues périlleux et envoûtants. En quittant la scène cette première fois, il a lancé : As we come in peace we go in peace. Après le bis, il a lancé : Namasté ! namasté ! J’ai su qu’il n’y aurait pas de ter.

medium_David_S._Ware_by_John_Rogers.jpgOn pourrait dire – cela a dû être dit – que David S. Ware est un fils spirituel de Coltrane. Assurément, son jeu doit beaucoup au dernier Coltrane, celui des First Impressions et de Transition. Mais il y a là tout autre chose aussi : un désir de pousser plus avant certaines audaces ; un refus de l’élévation immédiate, de l’envol spirituel for the sake of it. Alors, on se dit que, si Coltrane jouait surtout sur les possibilités de l’air, David S. Ware joue de tous les éléments, et fait se rencontrer – dans son phrasé, dans ses déhanchements sonores – le feu et la terre, l’eau et l’air. Quelque bachelardien piqué de musicologie pourrait développer… Dans les influences, on sent aussi l’ombre bienveillante d’Ayler, mais à mille lieues des déconstructions savantes d’un Anthony Braxton (que j’admire aussi, dans un autre style).

Mais il ne faut pas parler du leader saxophoniste seul. Déjà, ses temps de jeu sont inférieurs à ceux du pianiste, du contrebassiste ou du batteur, ce qui ne signifie pas qu’il s’épuise plus vite (il n’en donnait aucunement l’impression, en tout cas) mais que les modulations de son sax poursuivent leurs résonances en ramifications dans le jeu des autres musiciens. Matthew Shipp est un pianiste fabuleux, autant dire de légende en dépit de son jeune âge : à l’aise dans une multitude de modes de jeu (art de la ballade, tripotages de harpe à l’intérieur du piano et plaqués véhéments entre autres), il ne cède jamais à la facilité, ni ne roule des mécaniques. Chaque note, chaque cluster, chaque proposition se trouve là pour donner consistance à l’univers en création, pour lancer le batteur, tendre une ligne à son leader, entrer avec le bassiste dans un dialogue de cordes.

Que dire, alors, du contrebassiste, William Parker ? Dans les modes de jeu avant-gardistes (archet sul ponticello ou à l’extrême altitude, avec étirement des cordes), son instrument rendait des sons d’une grande pureté, ce qui, chez bien des contrebassistes experts, ne va pas de soi. Même sous les furies emportées énergiques du ténor, il laissait entendre ses propres envols, concomitants mais jamais simplement supplétifs.

Enfin, quoi qu’il porte, à peu près, mon prénom, j’ai été moins convaincu par le batteur, Guillermo E. Brown, plus enclin – à de rares moments toutefois – à la débauche gratuite, voire au m’as-tu-vuisme. Il faut dire, à sa décharge, qu’on aurait l’air vite pâle à côté de tels lascars, mais aussi que, dans tous les moments de dialogue (soit avec le bassiste soit – moment d’anthologie du troisième morceau – avec le pianiste, en litanies et répons), il livrait sa partie avec justesse et brio.

 

Aucune photo tourangelle pour accompagner ces quelques paragraphes ? *  Il faudra que je me jette à l’eau (de toilette) et ose aborder le photographe pour lui proposer de m’en envoyer quelques-unes, moyennant paiement, à mon adresse électronique. Pour ce qui est de vous faire découvrir la musique de ce quartette, il me suffit de vous conseiller d’aller l’écouter en concert s’il passe près de chez vous, ou d’en acheter les disques.

 

* La photographie en noir et blanc de David S. Ware

qui illustre ce billet a été publiée par John Rogers sur FlickR.

Nico Nu me dit que je suis relax

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samedi, 24 mars 2007

Que hume le jaseur…

Tiens ! je croyais l'avoir publiée en son temps, celle-ci :

9 mars. Sur l’album enregistré en 2000 par le quatuor de Jim Black, il y a une composition intitulée “Auk and Dromedary”. Ford Madox Ford n’appelait-il pas le roman qui l’a fait passer à la postérité, The Good Soldier, « my great auk’s egg » ? Ce sont bosses de dromadaire, seules éloignées, isolées. Je continue de préférer, encore et toujours, The Rash Act et Parade’s End.

Hier matin, au réveil, j’avais quatre livres en cours de lecture ; hier soir, deux seulement. Entre-temps, j’en avais fini trois, et commencé un autre. Cet autre est bientôt terminé, et j’en parlerai bientôt : il s’agit du récit de Michèle Laforest, Tutuola mon bon maître, préfacé par Alain Ricard.

 

Heureusement, d'ailleurs, car j'ai fini de lire le roman de Michèle Laforest il y a quinze jours, et je n'en ai toujours pas soufflé mot.

Carnaval de Tours

Voici la première phrase du prospectus vantant les mérites du Carnaval de Tours :

Notre ville s'endort petit à petit dans son conformisme et sa langueur naturelle que d'aucun appel « art de vivre ».

 

J' veux dire, quoi, si on s' contrebranle d'écrire correctement le français pass' que c'est vrai c'est confaurmyste de savoir distinguer un nom (appel) d'un verbe (appellent)*, eh bien on n'écrit rien du tout et on ne fait pas de site Web, bande de tocarnavaleux !

 

* pour ne rien dire du -s manquant à "d'aucuns". Remarquez, peut-être que le G.O. chargé du Carnaval n'est autre que Juan Asensio... ça expliquerait...

Quatre-vingtième anniversaire de ma grand-mère maternelle

Qui se serait commis, hier soir, entre cinq heures moins le quart et six heures moins vingt, à glisser l’œil par la vitre – c’est façon, et maladroite encore, de dire – voire à se hasarder dans cette Ardoise, petit bistrot calme de la rue Berthelot, y eût assisté à la rencontre – pas loin d’être aussi improbable que celle d’un parapluie et d’une machine à coudre sur une table de dissection – entre l’auteur de ces lignes et le désormais mythique Astolphe Chieuvrou, dont justement il ne faudrait pas, au prétexte qu’il est mythique, inférer qu’il s’agit d’un être chimérique, car, de fait, je l’ai rencontré hier, et nous avons gentiment discuté autour d’un bon verre de Chinon, dans cette Ardoise sinon déserte mais toutefois enfumée par la tabagie du patron, avant de nous quitter, rue Berthelot toujours, sur un trottoir noyé de bruine, Astolphe s’en allant au cinéma Les Studios et moi rentrant dans mes pénates.

vendredi, 23 mars 2007

Tout ça se tasse, 8

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Tout ça

 

 

pour ça

 

jeudi, 22 mars 2007

Tout ça se tasse, 7

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(non, rien...)

mercredi, 21 mars 2007

Tout ça se tasse, 6

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L'une à moitié bue est.

(Sûr que ça va plaire à Fuligineuse et Didier Goux.)

10 propositions, dont 9 vraies (par Astolphe Chieuvrou)

Astolphe Chieuvrou a fini par relever le défi des dix propositions... Voici, chers lecteurs, ce qu'il soumet à votre sagacité. Une seule phrase est fausse.

1- Je possède la collection complète de Fluide Glacial, depuis le premier numéro, en 1976, jusqu'à ce jour.

2- J'ai vu en concert, au cours de la même soirée, Carlos, Marie-Paule Belle et Patrick Topaloff en 1979.

3- Je n'ai pas le permis de conduire, que je suis parvenu à rater lors de mon glorieux service militaire en 1988, pas plus, du reste, que ne l'ont mon père, ma mère, mon frère ni ma sœur.

4- J'ai fondé le Front Hurluberlu de Libération du Morier (FHLM), qui a revendiqué un attentat auprès de la mairie de Joué-lès-Tours en 1989.

5- J'ai descendu, assis à l'arrière d'une blanche automobile, une grande avenue déserte de Lisbonne en 1991, en saluant d'un geste auguste la foule massée de part et d'autre pour voir passer le pape Jean-Paul II.

6- J'ai lancé un appel sur les ondes en 1993 en faveur de la reconnaissance de la paternité tourangelle en matière de rillette face à l'inique usurpation mancelle.

7- J'ai effectué l'escalade en solitaire, par sa face septentrionale et par temps pluvieux, du grand terril de Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais) en 1994.

8- J'ai été chaudement félicité, lors la soirée électorale du second tour des cantonales de 1998 à l'hôtel de ville de Tours, par un vieux militant socialiste qui tenait absolument à me consoler après ma « défaite plus qu'honorable face au candidat de la droite ».

9- J'ai contribué à la libération de la députée kurde Layla Zana des geôles turques en 2004.

10- Je n'ai jamais vu la Méditerranée mais suis régulièrement invité à Toulon par un couple d'amis expatriés en Provence.

mardi, 20 mars 2007

Tout ça se tasse, 5

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Nuruddin Farah on PBS

Bien sûr, il faut lire Nuruddin Farah.

Pour ceux que je bassine depuis si longtemps avec ce remarquable écrivain somalien de langue anglaise, voici un petit lien vers une interview récente. En cliquant sur le lien Streaming Video, juste en haut de l'article et à côté de la photo de Nuruddin, vous pourrez le voir & l'entendre en action.

lundi, 19 mars 2007

Tout ça se tasse, 4

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Vaguement, vertement, vous m'envoyer valser.

Vous me toisez, vous me tancez

Dans l'océan

éborgné.

Détruire dit-elle (Duras, dis-je)

Elle se calme.

Il a pris le le livre, le sien à lui, il l'ouvre. Il ne lit pas.

Des voix arrivent du parc.

Elle sort.

Elle vient de sortir.

Il ferme le livre.

(Détruire dit-elle, p. 14)

 

Pourquoi ai-je été déçu par Détruire dit-elle. Il fut un temps où je n'aimais pas Duras, sans l'avoir lue. Ce temps est de longtemps révolu. En fait, j'avais beaucoup aimé Moderato cantabile et plus encore Un barrage contre le Pacifique, vers mes quatorze ans, puis je m'étais éloigné de Duras, ne la comprenant pas. Donc quand j'écris que je ne l'avais pas lue quand je ne l'aimais pas, c'est faux. Plutôt je l'avais lue mais refusais de me rappeler l'avoir lue et aimée. (Oui, c'est aussi compliqué que du Duras.)

Le dernier Duras que j'ai lu, avant Détruire dit-elle, ce sont ces exquis Petits chevaux de Tarquinia, un roman splendide, retenu, ténu & chantant. J'ai dû lire ça il y a un an et demi, deux ans et demi peut-être. C'était l'été, on ruisselait. (Trois ans et demi ?)

Depuis longtemps je me suis réconcilié avec Duras, mais ce fut long. Il a fallu passer par Pinget, Beckett en anglais, Gertrude Stein, par Isou aussi, et même peut-être qui sait par Breyten B. Alors je me dis que j'ai le droit de m'avouer déçu par Détruire dit-elle. Puis aussi je n'écris quasiment jamais le moindre mot de tous ces livres que je lis et que je lis même en me disant que je vais écrire quelque chose à leur sujet dans ce carnétoile et finalement je n'écris rien s'empilent les livres lus et même parfois cornés ou ornés d'une ou plusieurs feuilles de très petit format (A6, je dirais) où se trouvent des notes prises en vue de ces textes que je n'écris jamais dans ce carnétoile.

Les bouts de papier volants sont des feuilles A4 coupées en quatre, ça doit donc être du A6 oui.

Je n'ai encore rien dit de Détruire dit-elle. Je n'ai encore rien dit de ma déception en lisant Détruire dit-elle. Pourtant tout avait bien commencé. J'ai lu les trente ou quarante premières pages avant le concert de jazz de mardi soir. Séduit, porté par le rythme de cette histoire qui se dessinait.

Le soir, après le concert, avant la nuit, j'ai poursuivi. D'esquissée l'histoire prenait des contours plus précis. Le lendemain soir (après trop d'heures de minutes peut-être consacrées à autre chose, d'autres lectures, d'autres occupations (ce texte n'est-il pas aussi destiné au théâtre en ce qu'il faudrait le lire d'un trait?)), j'ai lu les quarante dernières pages, ce quadrille infernal de sentiments qui finit par aboutir à un quinconce inextricable. Et là déçu. Déçu si ça se trouve par trop de distance prise avec cette histoire (oui il aurait fallu lutter contre le sommeil mardi et ne pas repousser à mercredi la fin du roman) ou si ça se trouve parce que trop bizarres ou trop anticonformistes dans leurs désirs leur façon d'exprimer leurs désirs ces personnages n'ont pas su me toucher. J'ai eu aussi, sur la fin, le sentiment que l'écriture tournait plus à vide.

L'écriture de Duras a ceci de magique qu'elle est infiniment fragile et solide. De sa fragilité naît sa solidité, son pouvoir d'envoûtement. Mais une répétition de trop, une virgule qui se pose comme une goutte de rosée trop lourde sur une toile d'araignée, et terrible c'est le dessaisissement.

Toutefois les dernières pages, sur la musique, sont très belles.

Il y a la période majestueuse d'introït : "Avec une force incalculable, dans la sublime douceur, elle s'introduit dans l'hôtel." (Il me semble qu'une grande part du charme de cette phrase repose sur l'usage du déterminant la, plutôt qu'une, choix plus convenu, plus aisément compréhensible aussi.

Puis la période ramassée : "La musique recommence, cette fois dans une amplitude souveraine." (p. 136)

Enfin le recours au rythme binaire, en point d'orgue : "La voici en effet, fracassant les arbres, foudroyant les murs." (ibid.)

 

Avec ça je ne sais toujours pas pourquoi j'ai été déçu par Détruire dit-elle. Qu'importe quoi.

dimanche, 18 mars 2007

Tout ça se tasse, 3

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Oui, c'est un peu décalé...

samedi, 17 mars 2007

Tout ça se tasse, 2

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... photo prise à Gence ...

JPO & les révoltés à deux balles

Je suis énervé. Très. Je viens de passer cinq heures à l'université pour l'accueil de lycéens dans le cadre des Journées Portes Ouvertes. Nous avons eu des échanges positifs, constructifs. J'ai fait part de mon enthousiasme pour les filières où j'enseigne (anglais et L.E.A.). J'ai rencontré des lycéens intéressés par mes informations au sujet des bases de données et de la documentation électronique, mais aussi, bien sûr, par les enseignements dispensés. C'était un travail bénévole et fatigant, mais plein d'aspects positifs.

Mais voilà... Avant de partir, j'ai vu que, sur les grilles de la passerelle, des étudiants (probablement de l'UNEF, vu que ce "syndicat" (it's more of a syndicate actually, but well...)) a aussi placardé sa petite propagande stérile anti-entreprises un peu partout dans le hall d'entrée) avaient accroché une gigantesque banderole qui proclame fièrement : "ICI PROCHAINEMENT OUVERTURE D'UNE ANNEXE DE L'ANPE".

Ainsi, ce ne sont plus les élitistes de l'E.N.A. ni les privilégiés des grandes écoles qui peuvent se permettre de cracher sur la fac en colportant l'idée fausse qu'elle serait une "usine à chômeurs". Pas besoin d'eux, non. Nos vaillants petits insurgés bourgeois s'en chargent tout seuls. Imaginent-ils seulement le nombre de lycéens qui, sincèrement motivés par leur choix de filière, viennent à l'université dans l'intention d'y travailler sérieusement ? Imaginent-ils le découragement inutile que de telles formules, aussi cyniques que mensongères, peuvent faire naître chez les lycéens, ou chez leurs parents ?

Car une telle formule est mensongère. Dans une filière comme L.E.A., par exemple, 90% des titulaires du master 1 obtiennent un C.D.I. sous neuf mois. En anglais, l'obtention de la licence d'anglais ouvre bien des portes, et pas seulement celles de l'enseignement...

Alors, que veulent-ils, les tenants syndicalistes de la politique du pire ? Eh bien, comme l'an dernier, quand ils ont bloqué les universités contre l'opinion de la majorité des étudiants, car la majorité des étudiants voulaient reprendre les cours mais se faisaient fermer le bec par des petits dictateurs en herbe comme Adrien Soissons dès qu'ils voulaient énoncer, en A.G., un avis contraire à la doxa unefiste. S'ils ne veulent pas faire évoluer l'université vers plus de démocratie, que veulent-ils ? Ce qu'ils veulent, c'est s'approprier le pouvoir, faire parler d'eux dans les médias. Améliorer le niveau de vie des étudiants, participer à l'élaboration de contenus pédagogiques plus appropriés, tout cela, ils s'en contrefichent. Tout ce qui compte, pour eux, c'est de pouvoir montrer en tous lieux, et en toutes circonstances, leur terrible pouvoir de racolage tapageur et surtout de nuisance. Lamentable.

 *******************

Enfin, j'aimerais finir sur une note plus positive et remercier ici les étudiants et étudiantes de deuxième et troisième année qui se sont donnés bien du mal aujourd'hui. Certains convoyaient les lycéens d'une salle à l'autre et leur faisaient visiter les lieux essentiels (bureaux, bibliothèque, labos de langue), d'autres répondaient à leurs questions. Un petit groupe a proposé plusieurs représentations d'extraits d'une pièce de Martin Crimp. D'autres ont dansé (danses celtiques, si j'ai bien compris (j'étais enfermé en salle 50)). Tous et toutes ils ont renseigné sans relâche les lycéens. Merci à eux de porter si haut le flambeau, au mépris des petits nihilistes salonnards.

14:50 Publié dans Indignations | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Ligérienne

vendredi, 16 mars 2007

Tout ça se tasse, 1

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Retape

Nouveau bâtiment des Tanneurs, suite. 

Pour répondre à Denis (que (depuis le temps que cela doit se faire) je pourrais bien retrouver un de ces quatre pour visiter l'exposition actuelle des Archives départementales (non?)), je vais raconter ma petite séance de cette après-midi, un cours d'une demi-heure dans le cadre de l'accueil d'élèves de Terminale des lycées Jean-Monnet et Grandmont.

Après mon cours de grammaire-traduction L.E.A., j'ai eu le privilège de faire partie des premiers enseignants à essuyer les plâtres (tout métaphoriquement) du nouveau bâtiment, en donnant un petit cours de grammaire, traduction et analyse littéraire, et ce dans la salle 6, qui est, de fait, très lumineuse, et dotée d'un très grand tableau blanc. Toutefois, pour un bâtiment qui vient d'être achevé et sera inauguré demain, il est inquiétant de constater qu'une des plaques du plafond s'était déjà détachée, laissant voir les fils électriques... Donc, le ménage aura été fait, oui, mais ce bâtiment déjà très béton pas beau aura l'air décrépit en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, tout ça parce qu'on continue de construire avec des matériaux merdiques, laids, dérisoires, éphémères.

Pendant que je gesticulais face à une quinzaine de lycéens, je voyais, de l'autre côté de l'un des pans de verre qui entourent la porte de la salle, Simon, Charlotte et Marlène m'observer en se gaussant.

jeudi, 15 mars 2007

Nouveau bâtiment des Tanneurs

Voici quelques images volées, ce matin, dans le nouveau bâtiment du site principal de l'université, rue des Tanneurs. Voyant l'accès, jusque là en travaux, enfin ouvert, je n'ai pu résister à l'appel de la curiosité. Heureusement que cette aile du site reste encore déserte, car je devais avoir une drôle de mine, à traquer les ombres dans ce lieu où ne manque qu'une ultime couche de ripolin, et quelques derniers coups de balai (à suivre je suppose d'ici après-demain, pour la Journée Portes Ouvertes).

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"La blogosphère, c'est de la balle"

Un site dont je ne suis pas certain de comprendre la stratégie ni la fonction, Rapidactu.com, archive le double des notes de ce carnétoile. Dois-je m'en réjouir ou m'en courroucer, droit d'auteur oblige ?

Une recherche de l'expression "Sous Souchon" dans le célèbre métamoteur binoclard renvoie, avant toute référence à la chanson de Vincent Baguian, vers Touraine sereine. Baguian s'en réjouirait-il ou s'en courroucerait-il ?