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vendredi, 30 novembre 2007

Livrétoile

Je dois être un peu dingue : au lieu d'avancer dans mon travail, ou, à défaut, dans mes lectures (Moby Dick, Corée l'absente, nouvelles de James), j'ai continué de lire Starbook (le dernier Ben Okri, à peine commencé hier), écrit dans ces carnets, passé des heures à relire des poèmes d'e.e. cummings (à frémir d'envie de tous les traduire), tout en écoutant les Quatorze manières de décrire la pluie de Hanns Eisler. Tu parles d'un bazar...

19:33 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

Dragées

... où l'Anjou se farcit de facteurs ...

Même pas Johansson

Scarlett, maison de thé

Le voile s'écarte à peine, dans la brume humide de gaze ou de cretonne. Toute une cérémonie s'apprête, à laquelle personne ne vous a convié. Dans quelques mois, vous regretterez ces arômes chassés d'un regard fuyant, ces senteurs suaves de cardamome et de girofle, assez pour que la soif guette derrière les rideaux de bonne femme.

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Claude Egea n'y va pas de main morte, derrière et après Sara Lazarus, sur What is this thing called Love ?, ni Marc Ducret sur Amour à vendre.

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Laissez passer la cicatrice.

Ventredieu

Tout commence avec un rôti de boeuf qui semble succulent (et le sera (la boucherie Tillet ne nous déçoit jamais)). J'ai raté, pour deux minutes, la publication du précédent billet à 11 h 33 ; ça ne doit pas se reproduire. Ah, ça fait plaisir de voir quelqu'un qui achète du Braxton ! Nous parlons musiques improvisées, et d'un concert de Benoît Delbecq au Petit Faucheux, naguère, avec une demi-douzaine de spectateurs à tout casser. Je photographie... quoi, déjà ? la devanture du salon de thé Scarlett (en pensant à Didier Goux).

Le déjeuner au Surya, à l'invitation de Roukya Atteye, est passionnant : nous parlons beaucoup de Djibouti, du Somaliland et des projets de l'association Touraine-Djibouti. Comme je donne après-demain, à 15 heures, au Vinci, une conférence sur la littérature djiboutienne, il fallait que nous accordions nos violons.

Roukya Atteye est la très dynamique présidente de l'association ; elle doit aussi, outre ses responsabilités sur le stand au Festival des Langues, donner des cours d'initiation de somali et d'afar ; j'apporterai mon camescope, car elle n'est pas sûre qu'il y aura quelqu'un pour imortaliser le stand et les diverses animations du week-end.

(On ne dira pas que le premier mot de la dite conférence n'est pas encore couché sur le papier.)

Portefaix

Portefaix équin

Stalles de l'abbatiale de la Trinité, Vendôme (Loir-et-Cher).

Parachiffre XLIX

    Quarante-neuf rues où s’abîmer en rêveries. Quanrante-neuf plongées dans les abîmes de la nuit. Quarante-neuf secondes pour voir d’un seul coup apparaître la phrase précédente à l’écran, de longtemps tapée (quarante-neuf secondes). Quarante-neuf mots alignés pour servir de parade nuptiale au bleu gris. Quarante-neuf visages perdus dans les décombres d’une mémoire inutile, blasée. Quarante-neuf stratagèmes d’écriture qu’on ne comprend pas soi-même en se relisant sept semaines plus tard. Quarante-neuf oursons à la gomme, de couleurs vives et diverses, ornaient ce matin le trottoir (ça change des merdes de chien). Quarante-neuf sourires nous ont adouci le réveil, avec ta main que je serre doucement dans la mienne. Quarante-neuf trottoirs à pleurer des diamants. Quarante-neuf tartines griffonnées, sans ce gris bleu je ne suis rien.

Tanneurs, vingt-cinquième jour

Ce matin, à peine arrivé, j'ai fait demi-tour, car le site des Tanneurs est entièrement fermé. Il s'agit, à ce que j'ai compris, d'une fermeture administrative en vue de remettre les bâtiments en ordre. Le site sera ouvert normalement dès lundi matin, et les cours reprendront.

L'agent à qui j'ai demandé si le site serait "sécurisé" lundi matin m'a répondu par l'affirmative. Autrement dit, la police sera présente ; ça promet...

09:30 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : Ligérienne

jeudi, 29 novembre 2007

La vie entre guillemets

Une fois n'est pas coutume, je vais copier-coller ci-après la totalité du texte étudié ce matin en séminaire de sémiotique (master 1). Il s'agit d'un extrait des (très savoureuses) Prose Fancies de l'injustement sous-estimé et méconnu Richard Le Gallienne (texte publié en 1894). Quel entremêlement délicieux de satire, de parodie, d'auto-ironie, de réflexions l'air de rien sur le phénomène désormais (et depuis quelques lustres) baptisé intertextualité... ("Nous ne faisons que nous entregloser", écrivait Montaigne.)

Du point de vue de la stricte sémiotique, les sujets de réflexion ne manquaient pas : la métaphorisation du signe de ponctuation, notamment, nous a occupés quelque temps... Il faut vraiment que je pousse ma fréquentation de l'oeuvre de Richard Le Gallienne, dont un étudiant (lecteur de ce carnétoile, d'ailleurs) m'a demandé s'il avait des origines françaises. Sans rien en savoir, je n'ai pu que formuler l'hypothèse d'origines huguenotes et d'un exil à l'époque bénie des guerres de religion. This, however, remains a wild guess.

Je m'aperçois aussi qu'il n'a pas du tout été question de l'allusion, dans le second paragraphe, au conte fantastique dans lequel l'ombre prétend être la "substance". Il s'agit, à mon avis, d'une référence au Peter Schlemihl de Chamisso, une pierre encore dans le jardin des Romantiques.

 

Dans la mesure où il ne reste que trois séances, je pense que nous n'aurons pas le temps de traiter du magnifique sonnet de Gerard Manley Hopkins, God's Grandeur, ce que je déplore. [ Redécouvrant, ces temps-ci, la poésie de Jean Sénac, je suis resté admiratif, lundi dernier, du 14ème sonnet des Leçons d'Edgard ; or, il s'agit d'un ensemble de 25 poèmes d'un niveau plutôt inégal. ]

Mais voici l'extrait promis des Prose Fancies :

 

 

LIFE IN INVERTED COMMAS

 

As I waited for an omnibus at the corner of Fleet Street the other day, I was the spectator of a curious occurrence. Suddenly there was a scuffle hard by me, and, turning round, I saw a powerful gentlemanly man wrestling with two others in livery, who were evidently intent on arresting him.

These men, I at once perceived, belonged to the detective force of the Incorporated Society of Authors, and were engaged in the capture of a notorious plagiarist. I knew the prisoner well. He had, in fact, pillaged from my own writings; but I was none the less sorry for his plight, to which, I would assure the reader, I was no party. Yet he was, I admit, an egregiously bad case, and my pity is doubtless misplaced sentiment. Like many another, he had begun his career as a quotation and ended as a plagiarism, daring even, in one instance, to imitate that shadow in the fairy-tale which rose up on a sudden one day and declared himself to be the substance and the substance his shadow. Indeed, he had so far succeeded as to make many people question whether or not he was the original and the other man the plagiarism. However, there was no longer to be any doubt of it, for his captors had him fast this time; and, presently, we saw him taken off in a hansom, well secured between strong inverted commas.

This curious circumstance set me reflecting, and, as we trundled along towards Charing Cross, my mind gave birth to sundry sententious reflections.

After all, I thought, that unlucky plagiarist is no worse than most of us: for is it not true that few of us live as conscientiously as we should within our inverted commas? We are far more inclined to live in that author, not ourselves, who makes for originality. It is, of course, difficult, even with the best intentions, to make proper acknowledgment of all our "authorities" - to attach, so to say, the true 'del. et sculp.' to all our little bits of art. There is so much in our lives that we honestly don't know how we came by.

As I reflected in this wise, I was drawn to notice my companions in the omnibus, and lo! there was not an original person amongst us. Yet I looked in vain to see if they wore their inverted commas. Not one of them, believe me, had had the honesty to bring them. Each looked at me unblushingly, as though he were really original, and not a cheap German print of originals I had seen in books and pictures since I could read. I really think that they must have been unaware of their imposture. They could hardly have pretended so successfully.


There was the young dandy just let loose from his band-box, wearing exactly the same face, the same smile, the same neck-tie, holding his stick in exactly the same fashion, talking exactly the same words, with precisely the same accent, as his neighbour, another dandy, and as all the other dandies between the Bank and Hyde Park Corner. Yet he seemed persuaded of his own originality. He evidently felt that there was something individual about him, and apparently relied with confidence on his friend not addressing a third dandy by mistake for him. I hope he had his name safe in his hat.

Looking at these three examples of Nature's love of repeating herself, I said to myself: Somewhere in heaven stands a great stencil, and at each sweep of the cosmic brush a million dandies are born, each one alike as a box of collars. Indeed, I felt that this stencil process had been employed in the manufacture of every single person in that omnibus: two middle-aged matrons, each of whom seemed to think that having given birth to six children was an indisputable claim to originality; two elderly business men to correspond; a young miss carrying music and wearing eye-glasses; and a clergyman discussing stocks with one of the business men; I alone in my corner being, of course, the one occupant for whom Nature had been at the expense of casting a special mould, and at the extravagance of breaking it.

15:55 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (1)

mercredi, 28 novembre 2007

Florentienne entonnée

C'est aujourd'hui, paraît-il, le jour de Sainte Florentienne. (L'almanach propose Jacques de M.)

             Tout cela nous ramène à Benais et rue du Colombier.

(aussi)

Les sabots hellènes

Depuis la naissance de mon fils cadet, j’ai accoutumé de dénommer Alpha et Oméga, dans ce carnétoile, mes deux enfants. Cela a des conséquences amusantes dans la vie sociale au quotidien. Ainsi, François Bon m’a parlé de « son Alpha à lui ». Plus fort encore, un collègue de C., lecteur régulier – je crois – de ce carnet, lui demande des nouvelles d’Alpha et d’Oméga, alors qu’il connaît les vrais prénoms.

 


Il fut un temps où je pensais écrire une série de textes que j’aurais intitulée a & w, tout en gardant à l’esprit le nombre non négligeable d’œuvres très médiocres, sirupeuses, insupportables, qu’a pu susciter, même sous la plume de grands écrivains, la paternité ou la maternité. J’avais donc décidé d’écrire des textes plutôt abstraits, ou, dans tous les cas, codés, plus encore que Marin mon cœur ou Exquise Louise, d’Eugène Savitzkaya (de possibles modèles).

 


Tandis que j’écris ceci, d’ailleurs, Oméga, allongé sous son arche de jeux, souffle des framboises – ainsi que disent les anglophones – et Alpha, sautillant en tous sens, raconte à haute voix les différentes espèces d’animaux de son zoo imaginaire. (Il vient de me demander si l’envergure d’un vautour pouvait atteindre douze mètres, et un ours brun juché sur deux pattes onze mètres. Une fourmi de 18 mètres avec un chapeau sur la tête, aurais-je pu lui répondre...)


 

Outre que je n’ai pas écrit une ligne du livre projeté (a & w), je suis plutôt fier du choix des pseudonymes, qui reprennent les initiales des vrais prénoms tout en les transposant dans un contexte hellénique : il se trouve que le vrai prénom d’Alpha penche plutôt du côté de l’hébreu, et le vrai prénom d’Oméga du côté de la latinité tardive (pour simplifier). Le grec toujours sera l’indispensable trait d’union entre des références de cet ordre. This also means that my sons are the be-all and the end-all of my current life (together with C. (the Sea (la Mer (la Mère (C.))))).

 


Comme je viens d’évoquer la Mer, je dois dire deux mots de Moby Dick, que je prends le temps de lire (en partageant mes lectures avec d’autres livres, pour mieux retarder la jouissance) et qui m’étonne beaucoup. J’ai été amusé de constater que, dans le roman de Jamal Mahjoub que je lisais la semaine dernière, The Drift Latitudes, il y avait de nombreuses références à Moby Dick (baleines et sous-marins). De même, certains traits stylistiques d’In the American Grain paraissent empruntés directement à Melville.

 


Moby Dick m’étonne surtout parce que le roman n’a pas grand-chose à voir avec ce que j’attendais ; je n’avais d’ailleurs pas du tout le sentiment de m’attendre à quelque chose, mais il faut croire que je m’étais quand même fait des images, des idées préconçues, puisque ma lecture les met à mal.

 


Dimanche, dans le jardin, tandis qu’Alpha construisait des cabanes de Cro-Magnon sédentarisé (sic), je lisais « Guest’s Confession », une nouvelle peu connue de James, et qui, de fait, n’a pas la splendeur de certains récits plus tardifs, ou même de romans d’elle contemporains (le superbe Roderick Hudson, par exemple). C. venait de la lire dans la traduction du récent Pléiade dirigé par Evelyne Labbé. J’ai griffonné plusieurs brimborions de notes, qui, bien entendu, ne vont déboucher sur rien de concret, dans ce carnétoile.


Bref, quand je ne perds pas des journées entières à essayer de faire cours ou à préparer l’éventuelle reprise des enseignements et des examens, voilà un peu le déroulement de mes journées. (Ainsi, je me suis interrompu dix fois, au cours du paragraphe précédent, pour rendre sa girafe couinante (Sophie) à Oméga et lui faire des risettes, dont, en retour, il n’est pas avare.) J’écoute aussi, pour la troisième fois aujourd’hui, l’Art de la fugue... De Bach comme l’alpha et l’oméga de la musique européenne ?

Pierre écrit

Comme je lis Corée l'absente, le journal 2004 de Renaud Camus, je constate, en me reportant à la chronologie des événements qui figure sur le site de l'écrivain, que, vers l'automne, c'est Pierre, son compagnon, qui rédige les entrées de l'agenda. Ainsi, on trouve, sous sa plume, un joli néologisme : "Petit déjeuner tôtif dans un autre hôtel après approches du château de Zuloaga".

Comme, d'autre part, j'apprends, en lisant Corée l'absente, que c'est Pierre qui a transcrit une bonne partie du monumental Journal de Travers (1976-77) publié au printemps dernier, je me demande si son nom ne devrait pas, dans certains cas, figurer à côté de celui de Renaud Camus ! (Je galèje, bien sûr : ils font comme ils le souhaitent...!)

mardi, 27 novembre 2007

Pastilles dans l'ornière

Peut-être suis-je condamné à égréner de pénibles souvenirs agréables : mes quelques séjours, toujours courts (trois jours au maximum), à Angers, ville dont j'ai découvert, à chaque fois, de nouveaux visages. En mai 2000, il y eut un bref trajet en bus et la conversation très ironique que j'eus avec ma soeur et J.-P. N., célèbre universitaire et romancier.

Plus tôt, j'avais livré, face à quelques pontes, une analyse peu timide d'un passage très beau de Maps. À l'époque, je ne tenais pas de carnétoile, et encore moins de journal intime. Mais les souvenirs remontent.

Comme les visions.

Promenade du Bout du Monde, lampadaire

lundi, 26 novembre 2007

Sans gêne

......... où on file grotte où on chasse

  

l'ange .....

Banque des équivoques

C'est rigolo d'avoir des 7, c'est rigolo d'avoir des 8.

Des 97 zones hachurées de rouge, seules quelques-unes peuvent être, avec quelque légitimité, qualifiées d'enclaves. Les sept fragments de nuit qui attendent que les yeux se ferment, de fatigue, pour envahir le tableau ont tout de voies sans issue. Ce que l'on voit au fond des puits quand on se penche ensuite.

 

Mon fils aîné est fou de batailles, et pas seulement chevaleresques.

Bien entendu, un bonhomme de neige déguisé en banquier se dissimule dans le paysage, avec les filles des pommes de terre, effilochées, qui attendent que les yeux se ferment pour en prendre de la graine. La neige gagne ces espaces à grands coups de canon, à grands renforts d'apéritifs raffinés. Ce que l'on voit au fronton des mairies quand on rêve de forêt vierge.

 

On attend de voir le dessous de jugeotte.

Blocage aux Tanneurs, 4ème semaine

Les résultats du vote électronique au sujet d'une éventuelle reprise des cours dans les U.F.R. de Lettres & Langues et d'Arts & Sciences Humaines sont assez clairs : 1591 votants ; 81% en faveur de la reprise des cours ; 12% contre ; 7% d'"abstentions". (En effet, il était possible de voter blanc, en quelque sorte.)

Comme les A.G. d'étudiants grévistes avaient appelé au boycott de ce scrutin, on peut se réjouir d'une assez large participation, et surtout d'un résultat incontestable qui a bien mis en évidence qu'il existait une vaste majorité muselée qui désire reprendre le travail.

Comme on pouvait s'y attendre, les "bloqueurs" n'ont pas reconnu la légitimité de ce résultat, et, voyant que les différentes issues avaient été débloquées samedi et les chaises et tables rangées dans les salles, ils erraient ce matin comme des âmes en peine, par petits groupes hargneux, essayant désespérément de forcer les portes. Ils ont même bousculé délibérément un collègue qui avait eu le malheur de ne pas se pousser suffisamment à leur goût.

Ils ont donc agi comme suit : tout d'abord, ils ont allumé un feu de joie à l'accueil (porte M), ce qui a eu pour conséquence immédiate d'enfumer durablement la cage d'escalier. Puis ils ont décidé de déménager le site voisin d'Anatole France, d'où ils ont extirpé chaises, tables, etc., pour se livrer à leur habituel chambardement. Des étudiants m'ont raconté que les automobilistes regardaient passer ces groupes portant chaises et tables avec une mine effarée.

Il y a quelques instants, près de la salle 36, une échauffourée a eu lieu, qui n'a pas été loin de dégénérer. On se demande comment tout cela va finir.

10:50 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : Ligérienne

dimanche, 25 novembre 2007

Métro

Trois dames à tricorne napoléonien croisent des mains pareilles à des tentacules. Trois dames à voilettes vertes de dimensions différentes, et dont les visages se vêtent de reflets, nous regardent sans sembler savoir qu'elles ont des voisines. La plus timide est la muette. La plus audacieuse est la moins belle. La plus douce est embarrassée par ses quilles.

Rauchen verboten.

Un carrousel au fond inaugure l'espace.

Toile, été, volet

Il y a trois ans : Montpellier & ses fastes (à célébrer religieusement).

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Il y a deux ans : Angers, comme un jet d'éponge.

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Il y a un an : rien (qui vaille).

Dans le leurre de Seuilly

Comme il est encore question sur le site de F (comme il aime à signer de sa seule initiale, je poursuis la tradition), de l'abbaye de Seuilly (avec des photos stupéfiantes), je poursuis le dialogue en rappelant ici un billet de mai dernier, et en publiant des photographies inédites.

Abbaye de Seuilly, les communs En communsStatue de Rabelais (par M. Audouard)Paysage gothiqueLe Procès de Panurge à Paris (Jules Arsène Garnier)

Maman les p’tits guerriers

Outre qu’il y aurait beaucoup à s’interroger sur une société dans laquelle les principaux media ne semblent rien trouver d’anormal à parler de la « maman » du Président de la République, e177b2cc2dfb3f3855fd77cc94a1e1b8.jpgon peut aussi noter que la présence de cette dame (contre laquelle je n’ai aucun grief particulier) en Chine et aux frais de l’Etat est passablement problématique.



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Ajoutons aussi que la visite en 25 minutes chrono du mausolée de l’empereur Qin en dit long sur les goûts et les pratiques culturelles du natit qui nous gouverne. (Douche comprise ?)    Reste une question : pourquoi les figures de pierre ont-elles l'air si humaines ?

Palilalies de Huntington

Entre autres chantiers multiples, dans mes deux carnétoiles ou ailleurs affaissé dans l'écriture, il y a les Mots sans lacune, vieille et maigre rubrique de ce site-ci. Elle me revint sous la plume à l'heure même où je lus, hier soir, cette phrase :

Les murs ocre qui entourent le domaine et les toits qui dépassent d'eux ne me sortent pas plus de l'esprit que Coré l'absente ou Corée l'absente, ce qui prouve bien que l'architecture peut être un objet de battologie au même titre que la poésie, et qu'il existe une palilalie visuelle autant que langagière.

Renaud Camus. Corée l'absente. Paris : Fayard, 2007, p. 249.

 

Pour le substantif battologie, le Robert culturel propose une citation, tout à fait réjouissante d'ailleurs, de Raymond Queneau, alors que, pour palilalie, la définition n'est pas accompagnée :

PALILALIE. n.f. < 1908, A. Soques ; du grec palin "de nouveau" et lalein "parler", cf palikinésie >

Pathol. Répétition involontaire d'un ou de plusieurs mots, observée dans la maladie de Parkinson et dans d'autres maladies du système nerveux.

 

Il se trouve que, sans être involontaire, la palilalie (du simple rabâchage au style itératif) est une figure essentielle de l'écriture de Renaud Camus, notamment dans les Eglogues (au secours, Madame de Véhesse !), mais plus généralement dans le reste de l'oeuvre. Ainsi, les pages 229 à 241 de Corée l'absente en présentent plusieurs cas ; par exemple : "Il a fait toute la journée un temps magnifique. Il a fait toute la journée un temps magnifique. Je croyais avoir facilement le vertige, mais Pierre est bien pire que moi." (p. 229)

samedi, 24 novembre 2007

Alex sans drain

araignées    épiciers    nescioquid

         araignées

Pageries d'automne

Il y avait déjà, en cours, Moby Dick (à petites doses, d'autant plus impressionnantes), In the American Grain (j'ai lu ce matin, dans le jardin, "Red Eric", quatre pages d'une durable puissance), Bruno Schulz (qui m'ennuie), les premiers mois de Corée l'absente, sans compter les lectures en vue du colloque Poets & Theory (Lew Welch, Sylvia Plath, Philip Larkin) et désormais, puisque C. travaille sur Le Tour d'écrou, se pencher sur les deux traductions empruntées mardi dernier (donc se replonger dans la novella en V.O.), et lire en anglais les nouvelles de jeunesse qu'elle lit en français, moi qui connais surtout, de Henry James, les nouvelles des années 1880-1910.

Tout cela explique pourquoi je n'ai pas encore écrit une ligne au sujet des Drift Latitudes, dernier roman paru de Jamal Mahjoub (en 2006).

Pawking metaws

Pas trouvé le film de Warhol, les 8 minutes montrant Dylan fidgety, assis nerveux dans le fauteuil peluche, et dont François Bon parlait hier soir (ainsi que dans sa biographie de Bob).

Mais sur youTube j'ai tout de même dégotté le scopitone original de Subterranean Homesick Blues, un immense classique (paroles ici), et aussi la parodie de ce même "clip" par Weird Al Yankovic, sur un texte entièrement constitué de palindromes assez savoureux.

L'Esthétique de la résistance

"Finalement, j'appartiens bien à la littérature française contemporaine : je fais du surplace."

(François Bon, hier soir au Livre).

 

 

Présentation émouvante, avec la lecture de beaux passages de son Bob Dylan. Les anecdotes que François a racontées ensuite ouvraient des chemins digressifs infinis, à grands renforts de phrases interrompues. Je crois d'ailleurs qu'il y a eu un malentendu, car Martin Arnold lui a bien posé cinq questions, mais François n'avait pas compris qu'un temps, dans la soirée, était réservé aux questions du public. Toutefois, peu importe... il semble que, s'il évoque aussi peu les deux dernières décennies de la comète Dylan, c'est qu'il est moins convaincu par ce versant de l'oeuvre, mais aussi qu'il avait déjà écrit 450 pages et était, de toute manière, en retard pour rendre son manuscrit ! Good enough reasons... point taken !

Au cours de sa présentation, François a dit, avec une lueur de malice dans le regard, qu'il faudrait que quelqu'un écrive un livre intitulé Esthétique de la résistance. Comme il avait fait la même vanne avec le rhizome et le pli un quart d'heure auparavant ("mais c'est Deleuze, non ?" me glissa, déconcerté, mon voisin), j'en ai conclu qu'il y avait effectivement un livre qui se nomme ainsi. Ignare que je suis ! (J'ai pu vérifier cela sur les rayonnages de littérature allemande*, au cours du vin d'honneur qui s'en est suivi.)

Quand faut y aller, faut y aller... (D'autre part, on peut s'interroger, avec François Bon, sur le rire de résistance et la question des droits réservés à l'ère du Web 2.0..)

 

* Tiens, j'en profite pour écrire ici que je ne suis pas d'accord avec François Bon quand il se moque (gentiment) de Laurent Evrard et Martin Arnold parce que leur librairie est la seule de France où les rubriques ne sont pas signalées au-dessus des rayonnages. Je préfère, moi, être momentanément désorienté, car c'est ainsi que l'on flaire des archipels inattendus. Une librairie n'est pas une bibliothèque. (A bookshop is not a library.)

vendredi, 23 novembre 2007

Léger excès de bleu

L'Orage au bord d'un lac

 

P.-H. de Valenciennes (1750-1819). L'Orage au bord d'un lac.

 

 

Le léger excès de bleu dans la couverture de Sommeil de personne ne frappe que moi, apparemment. (Corée l'absente, p. 136).

 You can say that again.

La couverture est un détail du tableau. Les couleurs du tableau ne sont en rien si bleutées, ni la nuée entre terre et ciel si verdâtre, ni la forêt si violette. Ou est-ce la reproduction du site de la RMN, ci-dessus par moi reproduite, qui n'est pas assez bleue / verdâtre / violette ?

19:50 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Art, Littérature

L'Instant propice

Amplement temps reprendre chantier. Un peu de rouge dans la titraille [...] n'aurait peut-être pas été mauvais.* C'est toujours l'instant propice, et ce n'est jamais le bon moment.** Que dans ces parages les hachures zébrées de vermillon tiraillent à hue et à dia, c'est beaucoup pour le regard, et c'est peu demander au peintre. Savez-vous que deux étudiantes qui font partie du comité de blocage du site des Tanneurs ont clairement dit l'autre jour qu'elles trouvaient que la "culture" n'avait pas "sa place à l'université" ? (N'esayez pas de leur expliquer que ce sont des idées d'extrême-droite : ils ont décidé une bonne fois pour toutes que le facho, c'était vous.)

Enfin bref amplement temps reprendre chantier. J'ai traîné, j'ai perdu du temps, je ne me suis pas assez botté les fesses.*** Alors la milice m'envoie ces quatre drilles joyeux et colorés se dandinant comme des ectoplasmes aux corps mordus et dont l'un a deux têtes, et je pense soudain que c'est la milice des écrivains, alors que je n'ai pas bu le calice, et je pense soudain que c'est la milice du macadam, alors que je n'ai pas ouvert la boîte de Pandore, et je pense soudain qu'il suffit d'écouter Off Minor et Epistrophy en se fermant au bruit du monde, alors que le vent se lève, la pluie déchante, que se passe-t-il ?

 

* et *** Corée l'absente, p. 117 et 113.

** Celui qui marche devant, 3ème strophe.