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mercredi, 29 juillet 2020

Vide-maison, suite

Levé tôt, 6 h 30. C’est un peu mon rythme depuis le début de l’été, des nuits de cinq heures, et pas fatigué. Je ne ressens guère non plus les douleurs liées à ma lombalgie et à ma double tendinite : c’est heureux, puisque je sais, depuis qu’il a été confirmé que c’était de l’arthrose, qu’il n’y a pas grand-chose à faire. Ce matin, toutefois, c’est la douleur dans le bas du dos qui m’a réveillé. Il y a que j’apprends à éviter, autant que faire se peut, les gestes qui provoquent durablement ces douleurs : rester debout en piétinant, marcher lentement… Pour discuter debout, il faudrait que je m’achète une sorte de trépied pliant portatif qui me permettrait simplement de poser mes fesses et de signaler à mes interlocuteurs qu’effectivement discuter dans cette position est devenu presque impossible pour moi.

 

Mes parents viennent aujourd’hui nous aider à nettoyer le garage et la salle de soins. Ils doivent récupérer pas mal de trucs, notamment des livres pour la bibliothèque municipale de Cagnotte et pour Philippe S*, le spécialiste d’histoire régionale. Je ne saurais dire combien de livres abîmés et/ou sans intérêt j’ai balancés au papier à recycler en février et la semaine dernière. Et cela sans compter ceux que j’avais mis dans des boîtes à livres à droite et à gauche l’été dernier. Dans une maison dans laquelle j’aurais dit qu’il y avait peu de livres. Mes parents vont récupérer des bricoles, aussi, et des cartons qu’ils vont stocker en attendant de nous les monter au fur et à mesure.

 

La vente de la maison prendra probablement du retard ; initialement prévue le 31 août, elle pourrait n’être officielle devant le notaire qu’au cours de la seconde quinzaine de septembre, car les formalités ont pris du retard.

 

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mardi, 28 juillet 2020

Aphone, dit-il

 

Le retard s’accumule, pour les sonnets aphones. C’est dingue, à quel point je suis incapable de m’astreindre à une discipline rigoureuse et quotidienne, même pour quelque chose qui pourrait être exécuté rapidement.

Story of my life.

 

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lundi, 27 juillet 2020

Du coup...

Bien roulé ce matin, avec la voiture entièrement chargée de sacs et de cartons. Je venais de sortir de la voiture, garée sur le rond-point, quand j'ai vu arriver, de l'impasse, A* sur son vélo. Quel timing ! a-t-il dit. Retrouvailles heureuses.

 

Passé une bonne partie de l'après-midi à ranger les BD, vinyles, le linge, à installer ce qu'O* nomme d'ores et déjà le salon audio du sous-sol. Je n'arrive pas, malgré x tentatives et rebranchements divers, à installer les deux enceintes sur le même canal. Je me dis que ce doit être lié au système très complexe, à base de fils supplémentaires et de connexions incompréhensibles pour moi, installé par mon beau-père à l'origine (1978), et dont j'ai rompu certaines subtilités en désinstallant tout à Hagetmau hier. Toujours est-il que ce n'est pas grave car je comptais installer une des deux enceintes dans la chambre et l'autre dans le garage : c'est donc fait, et on peut basculer l'écoute du vinyle, avec l'ampli, soit sur la chambre soit sur le garage.

 

C* a fini par parler à quelqu'un de compétent, après avoir été promenée au téléphone de service en service, au sujet des taxes foncières de la maison de Hagetmau. Un drôle de sac de nœuds.

 

Bien que j'aie bu mon dernier café de la journée sur l'aire de Meillac à neuf heures du matin, je ne m'endors pas du tout. Toujours infoutu de lire. —— J'ai reçu un autre exemplaire, envoyé gracieusement par l'éditeur, de Se taire ou pas... Cela me gêne, du coup.

 

Tiens, je le note ici car ça fait partie des choses qui m'agacent depuis un petit moment : il paraît qu'il ne faut pas dire ou écrire du coup et que seuls les jeunes et les incultes (ça revient au même pour ces personnes) emploient cette locution à tout bout de champ. Je ne suis ni jeune ni inculte, et il se trouve que cette locution fait partie de mon répertoire depuis longtemps, les années 90 sans doute, les années 80 peut-être. Et je n'ai jamais pensé être un précurseur. Et c'est une locution : ça existe. Et c'est un tic : on en a toutes et tous. Deal with it, people...

 

dimanche, 26 juillet 2020

Bientôt un cluster à Garlin ?

Garlin.JPG

C'était surréaliste, cet après-midi, à Garlin : j'ai été témoin, pour la première fois depuis des mois, d'une scène d'inconscience collective. Les gradins sont semi-fermés, les gens (en dépit du marquage d'une place sur deux) à moins d'un mètre les uns des autres (vu la disposition des arènes il fallait éliminer une rangée sur deux et 2 places sur 3 sur la rangée restante)... et personne ou presque ne portait de masque. Déplacements sans masque, poignées de mains etc. La totale.

O* et moi avons gardé notre masque tout le temps, et on croise les doigts maintenant...

 

Interrogée par moi, une des responsables du comité des fêtes m'a dit que le protocole de la FFCL (Fédération Française de la Course Landaise) avait été appliqué à la lettre. J'ai ensuite appris que plusieurs membres du comité directeur de la FFCL avaient refusé de voter ce protocole et que le docteur fédéral avait démissionné pour ne pas être tenu responsable de quoi que ce soit en cas d'action juridique a posteriori. Autant dire qu'il ne faut pas beaucoup s'informer ni réfléchir pour se rendre compte que cette course landaise se déroulait dans des conditions entièrement incompatibles avec les réglementations demandées par les ARS.

 

[Edit du 28 juillet. J'ai alerté la préfecture des Pyrénées-Atlantiques. Réponse : nada.]

 

samedi, 25 juillet 2020

Se taire ou pas (projets)

Réveillé à 6 h avec la migraine pas passée hier soir. Je n’arrive plus du tout à lire en ce moment. Quoique l’angle sous lequel y est traitée la question de la mémoire de la traite esclavagiste soit très novateur et m’intrigue, le livre de Léonora Miano que j’ai commencé il y a trois jours – Crépuscule du tourment – me tombe des mains, comme tout ce que je tente de lire depuis une quinzaine, il semblerait. J’ai reçu Se taire ou pas, d’Isabelle Flaten, reparu en poche au Réalgar : si je n’arrive pas à le lire non plus, ça va devenir inquiétant.

Je pianote dans la maison vide et endormie, avec quatre bougies à la citronnelle et le reflet de mon visage au-devant du clavier, dans le verre de la table de la salle à manger (qui fait partie des nombreux meubles que nous devons virer d’ici fin août). Et la maison paraissait déjà vide après le nettoyage de février…

Il faut que j’écrive le billet d’hier, et les deux sonnets du jour, à défaut des trois en retard.

 

vendredi, 24 juillet 2020

Sum fluxae pretium spei

Aujourd’hui c’était l’anniversaire de ma mère. 72 ans, septante-deux comme écrit dans le sonnet du jour. Nous avons déjeuné tous les six (sans A* ni les Cessonnais, donc) à la Villa Mirasol avant de passer l’après-midi chez ma grand-mère. Ma grand-mère, qui a fêté ses 93 ans toute seule au début du confinement, semble aller très bien, sauf pour la marche, qui est très difficile, le corps voûté et désaxé, une hanche plus haute que l’autre ; la canne n’est pas superflue. Pour le reste, elle semble très en forme et remonter la pente de la double opération de la cataracte subie il y a moins d’un mois : elle se plaint d’ « avoir tout le temps froid » mais hier elle était habillée normalement ; les soirées et les matinées sont fraîches, donc rien de très étonnant à ce qu’elle « attrape une petite laine »… Ma mère se fait beaucoup de souci, à raison car sa mère entre de fait dans la grande vieillesse, mais elle l’a trouvée en meilleure forme et plus alerte qu’il y a quelques jours. Nous n’avions pas vu ma grand-mère depuis Noël, donc difficile de dire, pour notre part. Sans aller jusqu’à citer Elliott Carter, les personnes qui dépassent les 100 ans en (presque) pleine possession de leurs moyens, cela existe.

 

La conversation a roulé sur pas mal de sujets, et ma grand-mère était toujours attentive ; elle est même venue assister à la partie de Mölkky, alors que, pour le terrain, je n’avais pas pu choisir un terrain très proche de la maison. Je lui ai emprunté Montaillou, village occitan que je savais avoir vu dans sa bibliothèque quand j’étais jeune, car il se trouve que nous sommes passés à Montaillou mardi, alors que je n’aurais pu dire où se trouvait ce qui, aujourd’hui d’ailleurs, n’est guère plus qu’un hameau (et encore).

 

Ma mère a eu, outre nos cadeaux et ceux qu’elle se fait de la part de mon père (…), une belle orchidée de la part de ma grand-mère. Elle m’a rendu le roman d’Andre Brink que j’avais emprunté pour elle à la B.U. et je n’ai pas même eu le temps de lui demander ce qu’elle en avait pensé.

 

« Partagé » sur Facebook un sonnet que j’avais écrit le 24 juillet 2015 (nous étions en Italie) ; fait-il partie de ces nombreux sonnets que je retrouve et que j’ai oublié d’inclure dans mon recueil de 2016 ?

 

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jeudi, 23 juillet 2020

*2307*

 

4 h 15. Le seul avantage de se réveiller à 3 h 30 du matin, c’est de pouvoir se lever et de mettre à aérer la maison, moite et dont certaines pièces sentent le renfermé. Je le savais, le café exceptionnel d’hier soir à la pizzeria d’Arzacq ne m’empêcherait pas de dormir, mais il risquait de me tenir éveillé en cas de réveil prématuré. Encore des mails professionnels et des conversions de notes semestrielles d’étudiants partis à l’étranger à effectuer.

 

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mercredi, 22 juillet 2020

Ascendances, vols planés

 

Devant la Maison Bédrède, Mirepoix   Commencé la journée par écrire un peu à la salle de bains, tandis que C* et O* dormaient encore. Nuit mitigée, éboueurs, claquements de portes. Dès avant le petit déjeuner, O* m’a photographié devant la Maison Bédrède, très jolie, qui se trouve sur la place centrale de Mirepoix, et dont je ne sais comment (ni si) elle est reliée à ce quart ariégeois de mon ascendance.

(J’espère que ma mère aura recommencé de lire ces carnets, au cas où j’oublierais de le lui demander…)

 

Journée par gambades : église rupestre de Vals (très surprenante, jamais vu tel édifice), grotte du Mas d’Azil (où de très importantes découvertes de 2011 ont fait remonter tout un pan aurignacien, et donc fort ancien, de l’occupation du site, mais dont nous avons trouvé la visite guidée décevante par rapport à celle de 2008), villa gallo-romaine de Montmaurin, église Saint-Sever de Rustan (pas ouverte, mais bâtiments conventuels du 18e devant lesquels se déroulait une partie de pétanque fort disputée), Morlaàs (désert), Arzacq (où enfin se restaurer).

 

Après ces quatre jours de virée, bien des occupations nous attendent, mais il va falloir quand même que je ne flanche pas et poursuive le chantier des sonnets aphones.

 

mardi, 21 juillet 2020

D'une perspicacité moyenne

 

Observation de deux Percnoptères, près du col de la Croix des Morts  (détail)   Retrouvailles pour déjeuner avec F°, pas vue depuis 2004, et sa compagne, qui se trouvent louer une maison à Bélesta cette quinzaine. Le matin, après nous être cassé le nez (et avoir failli y rompre la voiture) sur des chemins caillouteux indiqués comme routes sur notre carte (mais en fait : non), observation d’un groupe de vautours près de la Col du Croix des Morts, dont deux percnoptères : je les ai d’abord pris pour des gypaètes, car ils étaient loin, se sont éloignés très vite, et surtout car ce sont des rapaces dont je n’ai quasiment de connaissance que livresque. Les 4 ou 5 Vautours fauves observés ensuite dans un groupe de résineux étaient plus familiers, mais toujours aussi émouvants.

 

Soirée à Mirepoix, puis à baguenauder dans les monts alentour, aux confins de l’Aude. Pique-nique dans le bocage désert, entre Corbières et Sonnac, après avoir contemplé le château de Lagarde et avant d’apercevoir, au crépuscule, celui de Puivert. Tartines de bethmale face à un troupeau de vaches, sur de verts coteaux.

À retenir du matin : les gorges de la Frau ne sont accessibles qu’à pied ou en VTT.

 

lundi, 20 juillet 2020

Méandres et parois

 

Parc de la Préhistoire, Tarascon Matinée au Parc Préhistorique, avec une belle promenade et des installations permanentes très réussies, des intérieurs plus pénibles : les fac-similés sur paroi des différents sites inaccessibles, de Niaux notamment, sont très réussis, mais sinon tout passait par l’audioguide. Or, un de nos deux audioguides fonctionnait très mal, et aucun des deux n’a fonctionné pour le son des documentaires sur grand écran. Moi qui détestais déjà ces saloperies… Mais les extérieurs et les fac-similés feront oublier cela. Nous avons notamment pu voir la fameuse et énigmatique belette.

Après-midi à méandrer sur la route des corniches jusqu’à Ax, avec plusieurs églises romanes très jolies. Cette route est d’ailleurs très jolie, peu fréquentée, alors que la N20 en contrebas est immonde.

Ax-les-Thermes, station thermale en déshérence, avec son lot d’hôtels décrépits ou carrément abandonnés, ses rues de bric et de broc, d’où un caractère trempé. Trempé nos pieds, d’ailleurs, dans le bassin de la Basse, où l’eau soufrée, à forte teneur en barugine, est bouillante.

Perdu au poker.

 

dimanche, 19 juillet 2020

Ariège

 

Début d’une petite virée de quelques jours. Pas trop facile d’écrire dans ces conditions-là, notamment avec la chambre d’hôtel etc. L’Ariège, à ce qu’on en voit, est une terre assez belle, et abandonnée : l’un est-il lié à l’autre ?

 

Pas de sonnets mais grâce à Facebook j’en retrouve de vieux jamais publiés. Un vrai écureuil.

 

Jamais lu Tartarin de Tarascon, ni ses suites. Henry James l’aurait traduit, pour le fric, d’après Wikipédia.

 

Robert Pinget aurait eu 101 ans.

 

samedi, 18 juillet 2020

Plus bel âge

Ce matin, petites courses à Pouillon, aller-retour au bourg de Cagnotte pour accompagner ma mère à la poste.

Il fait enfin bien chaud, une vraie journée d’été.

 

À partir de lundi, le masque sera obligatoire dans tous les lieux publics clos ; ce matin, une demi-douzaine de clients du supermarché ne l’avaient pas. Les fameux « clusters » réapparaissent un peu partout. J’espère surtout – outre que personne de la famille n’attrapera cette saloperie – qu’on ne sera pas reconfiné dans les prochaines semaines.

Difficile de savoir comment tout cela va évoluer.

 

Ce matin, un incendie a commencé de ravager la cathédrale de Nantes, et les hypothèses complotistes islamophobes ont illico fleuri sur Twitter. Cette cathédrale avait déjà subi d’importants dégâts en 1972, à une époque où l’on ne parlait ni d’al-Qaeda ni de Daech. Il y a deux mois, un incendie sans doute criminel a eu lieu sur le chantier de la mosquée d’Amiens Nord : c’est à se demander qui manie le mieux les allumettes et l’essence, des prétendus islamistes ou des véritables suprématistes blancs qui se cachent derrière la défense de la foi chrétienne.

 

Notre ami C°, qui fêtait récemment ses 47 ans, m’a écrit qu’il « se convainc que c’est le plus bel âge ». La formule est ambiguë, mais, pour ma part, je ne cherche pas même à m’en convaincre : je n’aime pas l’approche de la cinquantaine, avec tout ce qui l’accompagne.

 

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vendredi, 17 juillet 2020

Avec le cerveau reptilien

Aujourd’hui mon grand-père maternel aurait eu 95 ans. Je faisais remarquer avant-hier qu’une des petites habitudes que je me suis surpris à avoir depuis quelque temps et que je n’ai connu qu’à lui était de rester à la cuisine juste après le dessert, à charger le lave-vaisselle ou laver des plats, préparer le café etc. – et d’y grignoter des biscuits, un reste de gâteau etc. Récemment aussi, ma mère a retrouvé une boîte de cigarillos qui datait de l’époque (fin des années 70 ?) où il avait tenté de se mettre à ça dans l’idée (illusoire) de cesser de fumer. Bref, on couche toujours avec des morts, comme le chantait Ferré.

 

Je décide d’abandonner A Glastonbury Romance. 700 pages encore, ça vaut le coup de ne pas insister, d’autant que je pique du nez chaque soir vers 11 h à la lumière de la lampe de chevet. Pour diverses raisons, de toute façon, les semaines d’été ne sont pas celles où je lis le plus ; en tout cas, ce ne sont pas celles qui se prêtent le mieux aux grandes lectures, ou aux lectures-fleuve.

 

Hier : une tortue, des masques portés en pointillés, un nid d’asticots dans un cadavre de souris, l’ail d’Henri IV.

 

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jeudi, 16 juillet 2020

Le Sacre de l'écrivain

 6 h. Réveillé par un moustique, et le mal de dos. Je crois que j’ai réussi à tuer l’insecte avant de quitter la chambre. Ici à la cuisine, j’ai compté les piqûres, rien qu’au pied gauche : quatre. Et j’ai tué trois moustiques. Ma mère s’est levée, car elle ne dormait pas non plus, puis est allée se recoucher. Le wifi fonctionne de façon capricieuse.

 

Peu lu hier. A Glastonbury Romance, seulement un chapitre (sieste l’après-midi, et je tombe de sommeil le soir à onze heures au lit).

Le Sacre de l’écrivain de Bénichou, bientôt terminé, est intéressant, mais ses deux défauts majeurs sont d’être un travail purement chronologique, de sorte que même lui s’aperçoit de la faible pertinence d’un tel modèle pour son sujet et fait sans cesse des petites allusions rétrospectives (une édition hypertextuelle serait bien pratique), et surtout de traiter uniquement du romantisme français, ce qui n’a, de fait et à l’épreuve de la lecture, que peu de sens : Bénichou réduit donc l’émergence de sensibilités voisines au prisme de convictions politiques parfois antagonistes, dans un contexte qui n’est jamais européen. Or, si les filiations que le livre établit entre l’émergence de l’apostolat scripturaire dans les années 1760-1780 et la génération des Hugo et Lamartine sont passionnantes à explorer, elles n’ont pas grand sens à se priver des liens avec les soulèvements politiques dans d’autres pays d’Europe, mais surtout des liens avec les ruptures formelles amorcées dès les années 1780 en Allemagne et dans les Îles britanniques, avec notamment la réinvention des normes et des codes de la ballade. Avant d’attaquer ces deux ‘Quarto’ achetés sur le conseil de l’ami éditeur David M*, j’étais un peu sceptique, car j’ai toujours beaucoup lu au sujet du romantisme dans une perspective comparatiste, européiste en quelque sorte, et je reste, de fait et malgré les angles nouveaux pour moi, sur ma faim. Au fond, le plus intéressant, et cela tombe bien vu que c’est le sujet central du livre, est la manière dont Bénichou décrit l’émergence d’une protofigure de l’intellectuel engagé, avec la figure laïcisée du poète ; cela explique fort bien, entre autres, la prégnance des sujets bibliques dans une perspective qui n’est justement pas celle de Milton, Klopstock ou Blake, pas réductible à l’épopée luthérienne ou au prophétisme pythique semi-délirant.

 

Hier soir, petit appel visio avec A* et les Cessonnais, puis belote (C* et moi avons gagné), puis dîner, puis 4 épisodes de Two and A Half Men (que nous faisons découvrir à O*).

 

mercredi, 15 juillet 2020

Concordance des lieux

Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de notre ami C°. Il faut que je lui envoie un mail, d’autant que je n’ai pas répondu à sa réponse du 10. Il commence ses vacances en Dordogne, chez ses parents, mais cette année n’ira pas au Pays basque, et pour cause. D’ailleurs, plusieurs pays reconfinent partiellement (Inde, Etats-Unis, Espagne). Hier le Président a annoncé que le masque serait probablement obligatoire dans les lieux clos, et sans doute à partir du 1er août. Cette obligation devrait déjà être de mise depuis plusieurs semaines ; beaucoup de gens ont relâché toute vigilance, et même si à Tours je n’ai pas constaté les 70% de gens sans masque dont il est question à la radio, il n’y évidemment plus 100% de gens qui le portent.

Aussi à retenir : le community manager de Macron, sur Twitter, avait abusé de la cocaïne hier. Ou Macron se trumpise davantage que je ne le pensais.

 

Hier soir, traditionnelle partie de belote. Depuis qu’O* a appris à y jouer (cela fait 4 ans, peut-être 5 même), nous faisons traditionnellement équipe, C* et moi, tandis qu’O* joue avec mon père. Ils nous ont battus aux deux parties de mille, comme d’habitude ai-je envie de dire. Je ne joue pas très bien, certes, mais lui et mon père ont surtout une chance assez constante : difficile de lutter contre ça.

 

6 h. Comme hier je me lève tôt. J’entends à présent la pluie tomber à verse. Un moustique me tourne autour, à la cuisine.

 

6 h 45. La pluie a cessé presque aussitôt. J’ai tué à mains nues le moustique qui m’avait piqué pendant que je sirotais mon café en écrivant le début de ce billet. La journée peut commencer (on dira).

 

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mardi, 14 juillet 2020

*1407*

6 h. En me levant aussi tôt pour écrire, je pense à Jacques Roubaud racontant son rituel, Nescafé à l’eau chaude même pas chauffée, ce doit être infect, d’ailleurs il l’admet quelque part, c’est infect.

 

Je veux me contraindre à écrire une nouvelle série de poèmes, des sonnets, mais il faudrait des sonnets un peu particuliers.

 

Les feux d’artifice ont été généralement annulés ; je ne peux m’empêcher aux bons côtés de ce genre d’annulation, moins de pollution, moins d’animaux nocturnes dérangés, moins de gaspillage… Cet été il n’y a quasiment pas de courses landaises, et pour la première fois depuis 2007 nous n’en verrons peut-être qu’une ou deux.

 

Dimanche soir A* nous a appris à jouer au poker.

 

8 h. Levé depuis 6 h (et j’étais réveillé depuis pas mal de temps), j’ai été assez idiot pour ne pas prendre mon livre. Ou plutôt, j’ai été assez idiot pour ne pas laisser traîner, au salon ou dans la cuisine, un des trois livres que je lis en ce moment, de sorte que, sans connexion internet, une fois écrits trois sonnets, promené en robe de chambre (en me caillant) dans le jardin, je me suis retrouvé à lire quelques poèmes de Jean Rameau (meilleurs que dans mon souvenir), à feuilleter un livre sur les peintures murales des églises de la Grande Lande. Je suis habillé à présent, mais seul levé. Sur la terrasse il fait encore bien frais. Les bruits de la campagne, depuis une heure, ce sont surtout zézaiements des moustiques, craiements des corneilles au loin, appels répétés du coq, meuglements du côté de Daillat.

 

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lundi, 13 juillet 2020

Graal difficile

Il y a ces livres – longs – autour desquels on tourne depuis des années, on finit par se lancer dedans, avant de craindre, au bout de cinq ou six jours et à peine 300 pages, de ne pas les achever. Il en va ainsi, pour moi, de A Glastonbury Romance, qui recèle pourtant, comme chaque livre de John Cowper Powys, des merveilles, mais qui est probablement, et tout simplement, trop long. Nous verrons.

 

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dimanche, 12 juillet 2020

Boutures

Difficile de trouver à réorienter ces carnets...

Il y a tant de projets que je laisse en plan, en souffrance.

 

L'année (universitaire) qui s'achève a été si étrange. Les effets de la période de confinement et de déconfinement, sur le rythme des journées autant que sur la perception de l'avenir (je ne parle même pas des inquiétudes quant à de nouveaux graves soubresauts de la pandémie), sont loin d'être terminés.

 

Il faudrait donc faire bifurquer ce journal, trouver quelque bouture à faire.

Mixed metaphors.

 

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samedi, 11 juillet 2020

*1107*

A* a dix-neuf ans aujourd'hui.

Moyennant quoi nous n'avons pas fait grand chose aujourd'hui. Il est rentré dans la matinée d'une soirée chez des potes, on a fêté son anniversaire après le déjeuner, et on a passé une bonne partie de la journée à glandouiller, lire sur la terrasse (j'ai même somnolé...).

 

Soir : visionnage d'un des cadeaux d'A*, une pièce de Barillet et Grédy avec Jacqueline Maillan. [Oui, vous avez bien lu. Nous sommes en 2020 et cet enfant est né en 2001.]

 

vendredi, 10 juillet 2020

Cigarillos, garde-boue et cache-poussière

Ce matin, je suis allé en ville à vélo, aller-retour, comme samedi dernier, histoire bien sûr d'aller plus vite qu'en bus et tramway, mais aussi de voir s'il était envisageable de me mettre à aller à la fac à vélo l'an prochain. Comme je le pensais, ce n'est guère envisageable. C'est plutôt rapide, malgré mon incurie : 19 minutes à l'aller et 22 au retour, en dépit du fait que je rame sur la bécane avenue de la Tranchée (mais cette fois-ci j'ai mis pied à terre au-delà de Mi-Côte, y a du progrès). Bon, pour cinq kilomètres en ville avec des arrêts réguliers pour feux etc. ce n'est pas glorieux, mais je pense que je finirais par gagner du temps à la marge. La vraie raison en est que j'en suis revenu épuisé (mon légendaire manque de forme physique) et donc je ne me vois pas me taper la Tranchée puis Maginot avec sa portion sans piste après une journée entière de travail. A* passe par le Pont de Fil et la rue du Nouveau Calvaire dont il m'a dit qu'elle était moins pentue et qu'il ne mettait jamais pied à terre : j'ai des doutes mais il faudra que j'essaie. Il n'est guère sportif, mais il compte 26 années de moins que moi, et autant de kilos en moins je pense.

 

Hier soir : The Good, the Bad and the Ugly. 4e fois, je crois. La dernière, c'était avec A* il y a 7 ou 8 ans, donc je m'en souvenais bien. J'aime vraiment énormément ce film, qui croise si intelligemment la reprise des motifs du western avec la guerre civile américaine. Un élément marquant est qu'il n'y a vraiment aucun personnage féminin : Leone ne fait pas semblant. Le western est un truc de mecs, donc il fait un film entièrement sans femmes. Je suppose que cela a dû faire couler beaucoup d'encre depuis 20 ou 30 ans, tant du côté des gender studies que de la critique féministe. Au risque d'être compris de travers, je dirai ici que je pense que c'est la raison pour laquelle je préfère ce film à Once Upon A Time in the West : le personnage joué par Claudia Cardinale est raté et n'apporte rien, si ce n'est sans doute la réécriture des clichés du western avec le motif de l'aventurière, de la prostituée qui avait décidé de se ranger etc. De toute manière, Leone aurait pu ajouter cinq personnages de femmes par film, il n'aurait jamais réussi le test de Bechdel. Ce n'est pas à cette aune qu'il faut évaluer ses films.

En tout cas, le côté testostérone doit avoir un sens, car pour la troisième fois devant ce film C* a somnolé, s'est copieusement ennuyée, en disant qu'une fois encore elle s'était aperçue qu'elle ne se souvenait pas de grand chose. Comme mon ami O* avait lancé ce matin un petit jeu sur Facebook consistant à résumer un film connu en une phrase de la façon la plus ennuyeuse possible, C* a proposé ceci : Trois mecs mettent trois plombes à trouver un trésor dans une tombe en se faisant des crasses.

 

Ironie encore, ou coïncidence : ma mère, qui a passé quelques jours chez ma grand-mère maternelle après que cette dernière a dû subir une opération oculaire, a fait du rangement et retrouvé une boîte de cigarillos qui remonte à l'époque où mon grand-père avait tenté de se mettre à fumer ça. Cela remonte donc aux années 70, et ils sont donc bons pour la poubelle si tant est qu'ils n'aient pas été infects dès le principe...

 

jeudi, 09 juillet 2020

Des actes, inexacts

Dernier jour de "travail" au sens le plus officiel du terme, et pourtant je ne me suis pas du tout senti "en vacances" ce soir. Il faut dire que le dernier conseil d'UFR de l'année, présidé par le nouveau doyen, a duré 4 heures, et surtout qu'il s'est déroulé selon un mode "hybride", avec une partie des collègues qui assistaient au conseil via Teams avec projection sur grand écran, et une vingtaine d'entre nous en salle des Actes : or, plusieurs collègues assis les uns à côté des autres n'avaient pas de masque, se parlaient à l'oreille etc. Nous sommes cinq à avoir gardé le masque pendant quatre heures, ce qui n'est pas confortable mais supportable.

 

Quand je pense que nous espérons (et voulons) faire une rentrée en présentiel avec des groupes de TD et de CM normaux, c'est-à-dire avec les masques mais une occupation normale des salles de classe, cela me semble mal barré. D'une part, il paraît que les gestes barrière* sont de moins en moins bien respectés, un peu partout ; c'est ce que déclarait ce matin le professeur Delfraissy à la radio ; il est donc possible que la pandémie aura recommencé à galoper avant même la rentrée. D'autre part, si nous ne sommes pas capables de respecter les mesures règlementaires minimales en conseil d'UFR, comment imaginer que les cours seront autre chose qu'un gigantesque bazar ? peut-être que non, après tout ; peut-être qu'un-e enseignant-e qui dira à la classe que tout le monde doit garder son masque sera mieux écouté-e qu'un directeur d'UFR qui, de fait, n'a rien dit, rien rappelé, pas bronché...

 

Comme j'avais fait un post Facebook sur le sujet, une des collègues qui assistait à la réunion via Teams m'a dit qu'elle avait été stupéfaite et choquée de ce qu'elle avait vu en salle des Actes...

 

 

* Je ne peux pas dire que je serai le dernier à respecter la fonction adjectivale (et donc invariable) de barrière dans cette expression, puisque, pour le coup, tout le monde a fait la faute dès le début...

 

19:32 Publié dans *2020*, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 08 juillet 2020

*0807*

Comme hier, il doit faire beau aujourd'hui. Je le sens dès le matin, installé pour écrire et lire sur la terrasse.

 

La rumeur des voitures, incessante au loin, sans rapport avec la tranquillité étrange des semaines du confinement...

 

Les peintres, avec leur fourgonnette rouge, sont de nouveau chez les voisins du 14. Il y a un mois, quand B* m'a remis les deux gros colis arrivés en notre absence, elle m'avait dit qu'il y en avait "encore pour une bonne semaine".

 

Appels de tourterelles atterrissant sur des toits, battements d'ailes de merles, cajoleries des pies. Ce ne sont pas encore, à vrai dire, les vacances.

 

Une manière simple de tenir ce journal, sans se creuser les méninges, serait de commenter ou poursuivre une précédente entrée. Le substantif entrée ne s'en trouverait-il pas, d'ailleurs, resémantisé ?

 

09:49 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 07 juillet 2020

"agir non agir"

Première vraie journée d'été, pas franchement caniculaire... toujours ce vent...

 

Beaucoup lu. Je poursuis la lecture, linéaire, j'y tiens, de La Sauvagerie. Je ne suis pas encore en mesure d'écrire quoi que ce soit au sujet de ce livre dont je ressens très fort qu'il s'agit d'un poème qui va me marquer durablement, devenir un de mes classiques incontournables, toujours remis sur le métier. On peut lire le long méandreux article que vient de lui consacrer Auxeméry (un des 49 co-auteurs du livre, d'ailleurs), mais je pense que le mieux est, à condition d'aimer lire de la poésie, de se procurer le livre de Vinclair.

[Je préfère la recension de Tristan Hordé, qui m'apprend que Vinclair publie simultanément un essai intitulé Agir non agir.]

 

Avant-hier j'ai commencé la lecture de Comorian Vertigo, qui me plaît moins que les deux autres livres de Nassuf Djailani chroniqués samedi dernier. C'est un roman, mais de bric et de broc, il semble.

Avant-hier j'avais aussi commencé à me plonger dans les deux gros "Quarto" rassemblant les quatre livres de Paul Bénichou ; aujourd'hui, j'ai beaucoup avancé dans Le Sacre de l'écrivain. Même si une partie de la démonstration m'intéresse modérément, en matière d'histoire littéraire, je ne lis pas trop en diagonale car je veux être sûr de ne pas manquer les articulations principales. Or, les pages sur l'illuminisme, sur Senancour ou sur Lamartine sont difficiles à extraire, ou à abstraire.

 

Soir : Wild At Heart, que je me rappelais mal, et qui est de fait, un petit Lynch. Difficile d'imaginer comment ce film a eu la Palme d'Or. Cage y est excellent, mais tout y est un peu surdéterminé, excessif aussi. Je crois que quelque chose m'échappe.

 

lundi, 06 juillet 2020

Mulholland Drive, évidemment

Hier soir, nous avons revu Mulholland Drive, avec les garçons. Je l'avais vu au cinéma à sa sortie, et je n'en avais qu'un souvenir assez général, ou vague : pas mal d'éléments de l'intrigue m'étaient sortis de la mémoire. À l'époque, j'avais trouvé le film moins bon que Lost Highway ; plus surfait, plus kitsch aussi. J'ai revu deux fois Lost Highway depuis, et je maintiens que c'est un grand film. Mulholland Drive est certainement beaucoup plus riche en détails et en doubles fonds, mais c'est aussi sa limite : en fin de compte, le film n'a de résonance durable que par les articles critiques qu'il suscite, ou par les interrogations herméneutiques du spectateur, surtout a posteriori d'ailleurs. Le principe même de mise en abyme y est à peu près impossible à circonscrire : la clocharde/Mort tient une boîte qui peut représenter le cinéma ; le cinéaste et Mr Roque représentent deux facettes opposées de l'art cinématographique ; la lampe du corral s'allume et s'éteint selon que le cowboy s'approche ou s'éloigne ; la femme en bleu qui lance Silencio juste avant le générique de fin est celle qui détient le final cut (comme Kesher ? comme Lynch ? ou comme le mafieux italien, interprété justement par le compositeur du film ?).

 

Et, de fait, j'ai passé une bonne partie de la journée à réfléchir, à ruminer sur tel ou tel point d'achoppement. Ce qui me plaît, au fond, outre que le côté kitsch est totalement incorporé à l'intrigue et qu'il est le fait de la capacité de Diane à (se) fantasmer, c'est que l'hypothèse majoritaire, selon laquelle toute la première partie n'est que le rêve de Diane Selway interprétée par Naomi Watts dans la seconde partie, ne fonctionne pas tout à fait. Le film de Lynch n'est pas incohérent, et il répond bel et bien à l'articulation rigoureuse de logiques disparates voire contradictoires. Il y a néanmoins des pièces étrangères au puzzle principal, des faits ou des scènes qui ne collent pas.

 

Certains de ces éléments sont

  • les trois tenues différentes de Diane au moment du suicide, de Diane à son réveil et du cadavre de Diane découvert par Betty et Rita

 

  • le dialogue entre le tueur et la prostituée blonde (je n'ai pas retrouvé la scène sur YouTube, il va falloir que je reprenne le DVD)

 

  • la séquence placée entre l'ouverture de la boîte bleue et le réveil de Diane et dans laquelle on voit la tante Ruth inspecter la chambre entièrement vide

 

  • le club de golf (qui n'est pas l'attribut du cinéaste à seule fin de rappeler le pétage de plombs de Jack Nicholson dans la vraie vie, puisqu'Adam Kesher se promène avec ce club de golf tout au long de la première partie)

 

  • et surtout les deux images en surimpression brillante de Betty avec le vieux couple au début, et avec Rita-en-blonde juste après le suicide de Diane.

 

Si on s'en tient à l'hypothèse majoritaire, ces deux images sont extérieures au rêve de Diane, alors qu'elles correspondent en tous points à la mise en scène de la première partie.

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Surtout, l'interprétation rationalisatrice selon laquelle Diane a voulu devenir actrice après avoir gagné un concours de jitterbug (c'est ce qu'elle explique à la mère d'Adam dans la seconde partie) et que c'est cela qui est représenté dans la scène de danse du début ne tient pas. En effet :

  • cette scène est filmée d'une manière irréaliste, comme dans un théâtre de marionnettes ou de papiers découpés

 

  • c'est bel et bien Betty, et non Diane, qui apparaît radieuse, et en surbrillance, à la fin de cette scène

 

  • Betty y est seule, puis accompagnée du vieux couple, alors qu'un concours de jitterbug (on songe bien sûr à Saturday Night Fever et à Pulp Fiction) implique un couple

 

Comme le couple heureux formé par Betty et Rita blonde (donc "bettysée") à la fin, le triomphe lors du concours de jitterbug est une des affabulations... de qui d'ailleurs ? car, si on en conclut que même la seconde partie ne donne pas de clé homogène et cohérente, la question même du point de vue s'opacifie. L'hypothèse majoritaire tend à expliquer que la seconde partie est filmée en suivant le point de vue de Diane, et que la longue première partie (le "rêve", donc) est le rêve de Diane s'imaginant en jeune première promise à toutes les réussites. Si tel est le cas, Diane se fantasme continuellement seule, ou accompagnée de vieux dont on ne saura jamais qui ils sont, sauf à la fin, avec son double schizophrénique (cf Lost Highway).

Mais si finalement ces différentes séquences incompatibles nous ramenaient à l'évidence même, c'est-à-dire que le seul regard réel est celui du spectateur ou de la spectatrice ? que c'est nous qui voyons ce que nous voyons ? tous les détours labyrinthiques de l'emboîtement narratif complexe ne renverraient, in fine, qu'à cette tautologie... Qui affabule le concours de jitterbug ? n'est-ce pas le spectateur qui veut absolument faire fonctionner cet "indice" ?

En fin de compte, cette tautologie débouche sur un axiome interprétatif pas si évident que cela : Mulholland Drive, en représentant des projections fantasmatiques répondant à des logiques contradictoires, appelle les interprètes à être piégé-es par leurs propres centres d'intérêt, biais ou marottes. Ainsi, je pourrais proposer une lecture très riche de ce film du point de vue de l'histoire culturelle afro-américaine, mais est-ce que cela ne correspond pas surtout à un de mes biais ?

[Pour diverses autres interprétations de ces deux scènes, cf ici.]

 

Entre autres petits accrocs qu'il faudrait approfondir (c'est-à-dire qu'il faudrait que je cherche qui a déjà écrit à ce sujet, car le film a évidemment suscité des milliers de pages d'analyses (et je n'ai pas tout lu aujourd'hui, lol)), il me semble que la vue aérienne et nocturne de la mégapole à la fin ne correspond pas à Los Angeles et Hollywood (les arches rouges rappellent plutôt le Golden Gate, autre image du passage dans l'au-delà) ; je crois aussi que les termes mêmes de l'expression jitterbug contest appellent une réinterprétation sémiologique. (Pour ce qui est des éléments culturels liés à la naissance de cette danse et des éléments intertextuels avec The Wizard of Oz, autre point d'ancrage essentiel de la façon dont Lynch traite du désir et du fantasme dans Mulholland Drive, l'article JITTERBUG de la WP anglophone est très éclairant.)

 

dimanche, 05 juillet 2020

Tout fait boucle

Levé tôt, cinq heures. Peut-être que ça repart comme en mars-avril, dans les premières semaines du confinement. Peut-être d'ailleurs que la pandémie elle-même va se réaccentuer : la Catalogne reconfine la région de Lerida, quelques clusters se renforcent en France, sans parler bien sûr de la catastrophe sanitaire au Brésil ou aux Etats-Unis... Personne ne parle de l'Inde, dont les statistiques me paraissent absolument invraisemblables, au vu de l'état sanitaire et de la surpopulation du pays.

 

* * * * *

 

Hier soir, fini de lire La saison de l'ombre de Léonora Miano. Cela fait des années que je "tourne autour", selon la formule consacrée, de l'œuvre de Léonora Miano, et j'ai fini par franchir le pas, après avoir lu le bel essai d'égo-histoire de ma collègue Maboula Soumahoro : j'ai emprunté une demi-douzaine de livres de Miano pour l'été. La saison de l'ombre est un roman en cinq parties, très bien structuré, très architecturé, mais ni classique ni baroque, et dont le sujet est le début de la traite transatlantique, vu du point de vue d'un village qui se trouve soudain attaqué par une ethnie voisine.

Si j'animais un séminaire de littérature africaine, je crois que je donnerais à lire ce livre aux côtés du classique Things Fall Apart, pas seulement ni même principalement pour la question de la réappropration historique, mais aussi pour la construction, pour le point de vue alternant entre personnages féminins et masculins, pour le décentrement aussi en matière de système philosophique et religieux. Je pense, entre autres, que ce roman de Miano doit permettre de décentrer la doxa africaniste de son attribution du statut de monument indiscuté à Things Fall Apart. Le premier roman d'Achebe permet de repenser la colonisation, tandis que le récit de Miano narre la traite négrière de biais. Ce qui est très fort, c'est la manière dont Miano ne dépasse jamais l'ignorance historique des protagonistes, et dont elle joue sur les connaissances supposées du lecteur impliqué.

(Sur le sujet, je recommande cette belle conférence d'Olivette Otele.)

Peut-être devrais-je inventer une forme vidéo, totalement désinstitutionnalisée, de ce séminaire de littérature africaine auquel je pense souvent mais que je n'enseignerai jamais dans mon université.

 

* * * * *

 

Comme le livre de Miano est un emprunt à la B.U., je devrais en parler un jour dans la série de vidéos je rends des livres, si ce n'est que je l'ai interrompue depuis novembre dernier. Hier, je m'interrogeais sur la poursuite éventuelle de l'autre grande série de bavassages littéraires, je range mon bureau... Ce n'est pas la fin de l'année qui incite à ces atermoiements, car je me suis interrompu dans le grand Projet Scarlatti il y a trois mois désormais, et j'écrivais déjà le 18 janvier dernier dans ces carnets : "Et comment se remettre à Pinget ?".

 

* * * * *

 

Je ne l'ai pas noté ici, mais la nouvelle majorité municipale a pris ses fonctions avant-hier, avec deux collègues que je connais un peu pour l'une (Annaëlle Schaller), mieux pour l'autre (Elise Pereira-Nunes est aussi une ancienne étudiante, et je la connais depuis 2006), toutes deux désormais adjointes au maire Emmanuel Denis. J'espère qu'une mairie verte va pouvoir montrer la voie sur un certain nombre de sujets.

 

samedi, 04 juillet 2020

Pentes et sentes

Levé tôt, fatigué. Me suis senti un peu comme ci comme ça toute la journée.

 

En fin de matinée, je suis allé en ville en vélo, pour la première fois. Cela m'a permis de voir qu'il me faudrait 17 minutes si je comptais me rendre l'an prochain au travail en vélo (au lieu de 25 minutes environ à pied et en tramway), et plutôt 25 minutes au retour (j'ai mis pied à terre à mi-côte, avenue de la Tranchée, mais c'est parce que je n'ai pas pris l'habitude de grimper).

 

 

 

Après bien des tergiversations, j'ai aussi fini par enregistrer, en trois temps, la vidéo n° 62 de je range mon bureau. Vu le nombre de livres qui s'étaient accumulés, j'ai été contraint de les expédier, de parler de chacun en trois minutes voire moins, à l'exception des Hommes qui me parlent d'Ananda Devi ; j'ai considérablement abrégé le temps de bavassage en ne lisant que peu d'extraits (Woolf, Devi et Thörn seulement).

Je parle de bavassage, et je parle de tergiversations : en effet, je crois que j'ai fait le tour de ce format, que je n'en vois plus trop l'intérêt. Mon seul problème est que, si je ne fais plus ces vidéos, je ne garderai plus trace, pour moi-même, des livres que je lis, et qui s'empilent sur les étagères. Un ami, avec qui j'ai pris un verre ce midi justement, et qui a acheté plusieurs livres suite à ces chroniques filmées, publie des extraits des livres qu'il lit sur Facebook : moins chronophage que le billet de blog, cette pratique est peut-être ce qu'il me faut désormais.