mardi, 03 avril 2007
Le Lys d'Or, mardi dernier, 2
Elles sont crades, ces tasses. La littérature aussi c'est sale c'est du propre tiens ce n'est pas ça la littérature si c'est sale ah littérature ! Globuleux les orbes dessinent une sorte de pendule double, une pour les heures l'autre pour les minutes, et si le résidu le café sec collé c'est le passage du temps alors ce sera quoi la saleté la salle étroite la porte étroite par laquelle entrer. Il est six heures dix, ou bien une heure et demie allez savoir. J'ai ça le chocolat dans le nez j'ai ça le chocolat en horreur j'ai sali ma chemise.
06:15 Publié dans Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Photographie, Ligérienne, Littérature, écriture, Tasses
lundi, 02 avril 2007
Le Lys d'Or, mardi dernier, 1
Vous ne croyez pas, tout de même ?
Oh, juste le temps d'attraper l'appareil. Elles sont sales, mais...
Le placement des cuillères, c'est savant.
...
Non seulement vous me faites tenir des propos imaginaires mais vous avez la goujaterie de ne pas répondre ?
Oui, elles sont sales, ces tasses.
...
Oui, je fais toujours ça. Vous savez, ici je vous invente.
17:45 Publié dans Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : Ligérienne, écriture
samedi, 24 mars 2007
Que hume le jaseur…
Tiens ! je croyais l'avoir publiée en son temps, celle-ci :
9 mars. Sur l’album enregistré en 2000 par le quatuor de Jim Black, il y a une composition intitulée “Auk and Dromedary”. Ford Madox Ford n’appelait-il pas le roman qui l’a fait passer à la postérité, The Good Soldier, « my great auk’s egg » ? Ce sont bosses de dromadaire, seules éloignées, isolées. Je continue de préférer, encore et toujours, The Rash Act et Parade’s End.
Hier matin, au réveil, j’avais quatre livres en cours de lecture ; hier soir, deux seulement. Entre-temps, j’en avais fini trois, et commencé un autre. Cet autre est bientôt terminé, et j’en parlerai bientôt : il s’agit du récit de Michèle Laforest, Tutuola mon bon maître, préfacé par Alain Ricard.
Heureusement, d'ailleurs, car j'ai fini de lire le roman de Michèle Laforest il y a quinze jours, et je n'en ai toujours pas soufflé mot.
15:05 Publié dans Jazeur méridional | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Jazz, Landes, Afrique, Littérature, écriture
mercredi, 21 mars 2007
Tout ça se tasse, 6
(Sûr que ça va plaire à Fuligineuse et Didier Goux.)
16:30 Publié dans Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Photographie, Calembours, écriture
lundi, 19 mars 2007
Détruire dit-elle (Duras, dis-je)
Elle se calme.
Il a pris le le livre, le sien à lui, il l'ouvre. Il ne lit pas.
Des voix arrivent du parc.
Elle sort.
Elle vient de sortir.
Il ferme le livre.
(Détruire dit-elle, p. 14)
Pourquoi ai-je été déçu par Détruire dit-elle. Il fut un temps où je n'aimais pas Duras, sans l'avoir lue. Ce temps est de longtemps révolu. En fait, j'avais beaucoup aimé Moderato cantabile et plus encore Un barrage contre le Pacifique, vers mes quatorze ans, puis je m'étais éloigné de Duras, ne la comprenant pas. Donc quand j'écris que je ne l'avais pas lue quand je ne l'aimais pas, c'est faux. Plutôt je l'avais lue mais refusais de me rappeler l'avoir lue et aimée. (Oui, c'est aussi compliqué que du Duras.)
Le dernier Duras que j'ai lu, avant Détruire dit-elle, ce sont ces exquis Petits chevaux de Tarquinia, un roman splendide, retenu, ténu & chantant. J'ai dû lire ça il y a un an et demi, deux ans et demi peut-être. C'était l'été, on ruisselait. (Trois ans et demi ?)
Depuis longtemps je me suis réconcilié avec Duras, mais ce fut long. Il a fallu passer par Pinget, Beckett en anglais, Gertrude Stein, par Isou aussi, et même peut-être qui sait par Breyten B. Alors je me dis que j'ai le droit de m'avouer déçu par Détruire dit-elle. Puis aussi je n'écris quasiment jamais le moindre mot de tous ces livres que je lis et que je lis même en me disant que je vais écrire quelque chose à leur sujet dans ce carnétoile et finalement je n'écris rien s'empilent les livres lus et même parfois cornés ou ornés d'une ou plusieurs feuilles de très petit format (A6, je dirais) où se trouvent des notes prises en vue de ces textes que je n'écris jamais dans ce carnétoile.
Les bouts de papier volants sont des feuilles A4 coupées en quatre, ça doit donc être du A6 oui.
Je n'ai encore rien dit de Détruire dit-elle. Je n'ai encore rien dit de ma déception en lisant Détruire dit-elle. Pourtant tout avait bien commencé. J'ai lu les trente ou quarante premières pages avant le concert de jazz de mardi soir. Séduit, porté par le rythme de cette histoire qui se dessinait.
Le soir, après le concert, avant la nuit, j'ai poursuivi. D'esquissée l'histoire prenait des contours plus précis. Le lendemain soir (après trop d'heures de minutes peut-être consacrées à autre chose, d'autres lectures, d'autres occupations (ce texte n'est-il pas aussi destiné au théâtre en ce qu'il faudrait le lire d'un trait?)), j'ai lu les quarante dernières pages, ce quadrille infernal de sentiments qui finit par aboutir à un quinconce inextricable. Et là déçu. Déçu si ça se trouve par trop de distance prise avec cette histoire (oui il aurait fallu lutter contre le sommeil mardi et ne pas repousser à mercredi la fin du roman) ou si ça se trouve parce que trop bizarres ou trop anticonformistes dans leurs désirs leur façon d'exprimer leurs désirs ces personnages n'ont pas su me toucher. J'ai eu aussi, sur la fin, le sentiment que l'écriture tournait plus à vide.
L'écriture de Duras a ceci de magique qu'elle est infiniment fragile et solide. De sa fragilité naît sa solidité, son pouvoir d'envoûtement. Mais une répétition de trop, une virgule qui se pose comme une goutte de rosée trop lourde sur une toile d'araignée, et terrible c'est le dessaisissement.
Toutefois les dernières pages, sur la musique, sont très belles.
Il y a la période majestueuse d'introït : "Avec une force incalculable, dans la sublime douceur, elle s'introduit dans l'hôtel." (Il me semble qu'une grande part du charme de cette phrase repose sur l'usage du déterminant la, plutôt qu'une, choix plus convenu, plus aisément compréhensible aussi.
Puis la période ramassée : "La musique recommence, cette fois dans une amplitude souveraine." (p. 136)
Enfin le recours au rythme binaire, en point d'orgue : "La voici en effet, fracassant les arbres, foudroyant les murs." (ibid.)
Avec ça je ne sais toujours pas pourquoi j'ai été déçu par Détruire dit-elle. Qu'importe quoi.
15:55 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature, écriture, Ligérienne
mercredi, 14 mars 2007
Petit Faucheux, 13 mars 2007
Cédric Piromalli / Patrice Grente / Pascal Le Gall
John O' Gallagher Trio
Huit heures et demie.
Je me suis assis derrière le photographe. À chaque fois, si je le peux, je m'assieds derrière le photographe, toujours le même photographe, qui gesticule, couvre son colossal objectif avec son écharpe ou son pull, et se contorsionne parfois à même le sol. Et lu trente pages de ce livre laconique acheté l'après-midi même. Lu en entendant le murmure des voix et la rumeur monter, comme arrivaient les spectateurs. D'ordinaire, je ne lis, ni n'écris. Me contente de regarder, observer aux alentours, écouter, ou quand je ne suis pas seul discuter. Ce soir lisant, je m'imaginais la scène en fonction de mes observations des autres fois. Devais être d'autant moins loin du compte que ce sont toujours peu ou prou les mêmes habitués ici. Une agglomération de 200.000 habitants, et toujours dans la salle de jazz de 200 places plus ou moins les mêmes visages.
--- Dis, tu le connais, toi ?
--- Pas du tout.
--- Tout le monde le connaît pas du tout.
**************
Ce mercredi matin, les phrases d'hier soir recopiées, je veux tracer quelques signes pour fixer ce concert dans ma mémoire. J'étais déçu. Pas parce que ça n'était "pas bien", ou parce qu'un des deux sets était mauvais, non. Pour des raisons différentes, chaque set m'a laissé sur ma faim.
Le plus mémorable, sans doute, restera le trio du pianiste Cédric Piromalli, du contrebassiste Patrice Grente (voir photo ci-contre) et du batteur Pascal Le Gall. Le directeur du Petit Faucheux nous avait annoncé un trio de musique improvisé "plutôt radical" : on n'a pas été déçus du voyage ! En effet, les trois compères ont démarré à fond de train, tintamarre et charivari. Je comprends que d'aucuns aient pu ou puissent trouver ça inaudible, insupportable. Pour ma part, pendant le premier tiers du morceau unique joué (et qui a duré dans les cinquante minutes), je ne cessais de penser aux trois adjectifs suivants : féroce, terrible, jubilatoire. D'autres adjectifs venaient parfois s'embusquer (sauvage, ravageur ou forcené, par exemple), mais je retiendrai ces trois-là.
En fait, ça ne s'est apaisé en decrescendo qu'une ou deux minutes avant la fin, mais, tout le temps, c'était saccadé, follement bruyant, tout en étant d'une très grande variété, tant dans les modes de jeu que dans la "mélodie" jouée (je ne suis pas certain que le terme de mélodie soit très approprié ici, mais baste...)
Piromalli (voir photo ci-contre) est un pianiste remarquable, qui, s'il a su montrer qu'il maîtrisait les facettes les plus classiquement virtuoses de son instrument, a surtout joué des poings, du dos des mains, brutalisant avec doigté son Steinway qui, tout en se demandant ce qui lui arrivait, déployait une vraie palette d'harmonies tumultueuses. (Voyez, je trouve quand même d'autres adjectifs.)
D'où alors vint ma déception ? du peu de résistance de mes oreilles, tout simplement. C'était trop intense, trop long, par rapport à la sursonorisation, travers de l'époque & surtout défaut récurrent du Petit Faucheux. À la pause (entr'acte ? entre-deux-sets ? mi-temps ?), j'ai mis trois bonnes minutes à me remettre les acouphènes en ordre de marche. Peut-être suis-je vieux jeu, un vieux râleur monotone, mais je ne vais pas au concert par hâte ardente de rapprocher le moment où je devrai porter un sonotone.
Pour ce qui est de la deuxième partie, elle était, quoique plus colorée, plus chromatique, franchement frustrante. John O' Gallagher est certainement un excellent saxophoniste, qui n'est pas sans rappeler Steve Lacy (ce qui, pour moi, est un compliment), mais il n'a rien à raconter. Rien de rien à dire. Toutes ses interventions se ressemblaient, et son phrasé toujours identique a fini par faire fuir la plupart des spectateurs avant même la fin du set. C'est dommage, d'ailleurs, car Jeff Williams est un très bon batteur, pas très inspiré, malheureusement, par la soupe fadasse de son leader.
Seul le contrebassiste, inconnu de moi, s'en tire with flying colours. Il s'appelle Masa Kamaguchi, ne doit pas être bien vieux, a déjà un CV long comme le bras, et sait (qu'il accompagne, métronome aux effets imprévus, ou qu'il parte en cavalier solitaire) faire ce qu'O'Gallagher a jeté aux orties : raconter, de ses cordes tendues, une histoire. Si Patrice Grente avait, au cours de la première partie, montré tout ce que l'on peut faire, en frénésie, d'une contrebasse, jusqu'à faire tomber son archet à trois mètres de lui et à manquer chuter lui-même, Masa Kamaguchi a, de ses doigts seuls, distillé des notes tenues, retenues, subtilement relâchées, toujours au point d'équilibre et jamais loin du point de rupture. Un musicien à suivre...
11:30 Publié dans Jazeur méridional | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Ligérienne, Jazz, Littérature, écriture
mardi, 13 mars 2007
Retour sur remaniements (tourne manivelle)
Mardi, dix heures.
Juste là, je pourrais revenir sur chacune des variantes entre la première version (first bad draft, in Nuruddin’s words) et le texte remanié qu’on va dire définitif (mais toujours décevant, frustrant). Il y en a beaucoup, et chacune avec ses raisons. Je veux seulement noter ici – pour aide-mémoire, comme on consigne, sur une feuille volante, un rendez-vous déjà passé chez le dentiste – que j’ai remis l’asyndète fautive et tout à fait involontaire de la toute première version, que j'avais corrigée avant première publication :
N’avait-il pas choisi le lectorat à Cambridge comme d’autres, il n’y a pas si longtemps, choisissaient de s’embarquer sur un baleinier ou la légion étrangère ?
Pour involontaire qu’elle soit, elle me plaît beaucoup, et, comme il n’y a pas grand-chose qui me plaise dans tout ce texte, allons-y gaiement.
Sinon, F.B. avait justement remarqué l’écho entre la situation narrée/décrite et les années de lecteur de Beckett à Paris. Cela, c’était à peu près conscient quand j’ai écrit le texte, et d’ailleurs, si j’ai choisi de préciser la variété de bière (Murphy’s), ce n’est pas seulement que j’en buvais beaucoup cette année-là (le choix était moindre à Cambridge qu’à Oxford).
Moins conscient, déjà, dans la double triangulation qui structure le texte – ou, tout au moins, son invention –, le fait que la thèse de Hugo portait, si je ne m’abuse, sur Faulkner, Joyce et Proust. Peut-être aussi n’ai-je écrit ce texte (mais là, ça devient du mauvais Aragon) que pour y placer les frasques, phrase réellement prononcée par Hugo, sur le maudit punt, mais titre aussi d’un petit roman que j’écrivis cette année-là, concomitamment dirons-nous. Que ces frasques aient en retour attiré la ribambelle du premier paragraphe (puisque j’avais projeté d’écrire un roman appelé Ribambelles l’année d’avant à Paris, projet resté sans suite (mais non sans suie dans les turbines)), c’est possible, mais je ne m’en avise que maintenant.
De là, je pourrais enchaîner sur cette heure de solitude à visiter St John’s, à Cambridge, pendant que Jean-Pascal donnait un cours peut-être bien, et à prendre des photographies (en noir et blanc ? je ne suis plus si sûr), véritable et durable moment épiphanique, ou sur la salle informatique sans fenêtres et surchauffée, à Oxford, où j’avais écrit Frasques et aussi de nombreux poèmes en anglais jamais sauvegardés et dont la version imprimée s’est perdue, je crois.
Pendant ce temps-là, Frédéric Monino et ses cinq comparses (Stefano Di Battista et Thomas de Pourquery surtout) s’échinent superbement sur Caravan. Au début de Moya, composition que je ne connaissais pas de Laurent Cugny, c’est le tromboniste Francesco Castellani qui donne à rêver. Je dors si peu et si mal, cauchemars, angoisses. Et maintenant que l’électricien est passé relever le compteur, aller au turbin.
17:00 Publié dans Ecrit(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, Jazz, écriture
La littérature est-elle dangereuse ? [5] : Juliet/Beckett & lambeaux de discours direct
******************** Tout va par deux
Voici ce que j’ai noté, en totale anarchie, au cours de la séance, et avant de partir écrire Onze ans après. Ce que j’écris est en Times 10. Ce que j’ai noté de l’intervention de François Bon (que j’ai préféré écouter sans être rivé au clavier cette fois (…)) est en Times12.
Il y a très peu de monde : jour de rentrée ? atelier déplacé du jeudi au lundi ? Moi, j’étais absent aux séances 3 et 4, dont François Bon redit le plus grand bien. (Il nous en a envoyé, dans la nuit, des morceaux choisis.) La salle 80 est hérissée de pieds de chaises, car elles sont toutes renversées, par paquets de deux, sur les tables. On a dû chasser deux pauvres étudiants qui finissaient un devoir (concours blanc ?)
******************** Par maints et par vaux
Oralité, ce qui remonte, ce qui traverse le texte et n’est pas narratif.
J’ai amené Charles Juliet. Montre Rencontres avec Samuel Beckett. Parle de Lambeaux. Dans ce texte restreint sur Beckett…
Le mot du jour est restreint. Est-ce sur, l’écrivain, l’influence du train ? L’entrée dans la langue française se fait, pour Beckett, avec ce vocabulaire restreint. Juliet, passage du silence contraint à l’écriture du silence.
Quatre rencontres. Neuf ans s’écoulent entre la première et la quatrième.
Juliet publie déjà son journal, mais s’interdit de parler de sa rencontre avec Beckett tant que l’écrivain est vivant.
Deux mecs qui ne parlent pas : le dispositif d’écriture de Juliet est intéressant (notation précise des propos de Beckett).
François Bon raconte son dernier voyage en train à Lille, face à un type qui trimbalait des rats dans une cage verte et orange fluo. Il parle aussi d’un vieux cousin mort depuis longtemps, coupures de journaux, notices de médicaments, etc. Dans quel livre a-t-il parlé de ce parent ? Je n’ose demander.
Le rapport du dialogique au narratif est inversé par rapport à la logique ordinaire. Les rencontres sont brèves et la parole rare : c’est cela qui fait exister l’écriture.
Il faut donc raconter une ou plusieurs rencontres importantes avec quelqu’un de marquant (et pas forcément célèbre).
Technique, forme du texte : cf la manière abrupte dont le narrateur de la Recherche entre en rapport dialogique avec une multitude d’interlocuteurs.
Nombreux extraits des Rencontres avec Samuel Beckett.
Poème de Morand sur Proust, ‘Ode à Marcel Proust’, 1915.
******************** La main du diable (Un échec)
Après la présentation de la séance par François Bon, je suis allé dans mon bureau, dont les volets roulants, par un miracle étonnant, étaient restés ouverts, ce qui fait que j’ai écrit le texte Onze ans après, au crépuscule puis dans la suie, face à la passerelle faiblement éclairée. De ce texte, Onze ans après, j’ai livré, illico, à huit heures du soir, la première mouture, puis je suis retourné en salle 80 où ça grattait sec, et me suis remis au texte. Disons-le tout net : la consigne de ce jour m’a profondément embarrassé, car, contrairement à la plupart des fois où je me suis trouvé en situation de contrainte, j’ai mis beaucoup de temps à trouver un sujet. Ensuite, une fois le sujet trouvé, je me suis embarqué dans l’écriture en ne parvenant aucunement à restituer la voix du portraituré rencontré, Hugo A. J’ai raturé, repris, modifié, même écrit un paragraphe encore plus mauvais dont je me suis rendu compte, juste avant la lecture à haute voix, qu’il n’était « insérable » nulle part dans mon texte. J’avais déjà modifié pas mal de choses au texte publié à huit heures du soir, mais pas comme il faudrait : dans le détail et non dans la trame. Alors, pas du tout convaincu, j’ai lu mon texte qui, ça tombe bien, n’a pas convaincu François Bon – même s’il a pris de fort élégantes pincettes pour me le dire. Pour ma part, ce n’est pas tant le côté suranné (« plus France que Proust », a dit F.B.*) qui me gêne que le côté mou de ce texte ; je n’ai pas su trancher, et c’est un texte au mitan, oui, grassouillet. Du coup, ce mardi matin, je prends le parti, après un nouveau toilettage, d’instiller polyphonie pour de bon, avec insertion / injection de phrases hugoliennes.
*Ah oui : François Bon a aussi parlé d'une traduction de Henry James qui aplatirait ou raterait (je ne sais plus) ce qui fait le génie de James. Cela dit, même en mauvaise traduction, je prends la référence à James comme un compliment, vu ma grande frustration face à ce texte dont je ne sais que faire. Dans la discussion qu'il a eue avec une étudiante qui prépare un travail de master 1 sur Danielle Collobert, F.B. a raconté que Jérôme Lindon avait, à l'époque, refusé de publier Meurtres, qui lui paraissait trop directement inspiré de / calqué sur l'écriture de Beckett. Pour ma part, même si le texte de R., une autre étudiante, était très réussi, j'ai trouvé qu'il était trop directement inspiré de / calqué sur l'écriture de Duras. (Ou de François Bon, peut-être ?)
10:20 Publié dans Résidence avec Laloux | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : Ligérienne, Littérature, écriture
Onze ans après, remanié
Je l’ai rencontré plusieurs fois, quand j’allais passer quatre ou cinq jours d’affilée à Cambridge, chez cet ami que je perds aussi de vue maintenant. Jean-Pascal m’avait présenté la ribambelle de ses amis, et parmi eux Hugo.
Hugo s’appelait en fait Hugues, mais il régnait, autour de son vrai prénom, un parfum d’interdit. You go first, right ? Lui, contrairement à nous autres, était lecteur pour une durée de cinq ans, et finissait sa thèse. Il était donc sensiblement plus âgé que nous, et avait plus ou moins claqué la porte au nez des siens, Parisiens. N’avait-il pas choisi le lectorat à Cambridge comme d’autres, il n’y a pas si longtemps, choisissaient de s’embarquer sur un baleinier ou la légion étrangère ? That’s one goal now.
Étonnamment séduisant, et – à sa façon – raffiné, Hugo n’était en rien poseur. Un jour, nous discutions, tous les trois, avec Jean-Pascal, à la table crasseuse d’un bar de college, et Hugo, de façon tout à fait caractéristique, s’était assis en dehors du cercle formé au départ par la table et les trois chaises. Comme ça, non ? Tout aussi caractéristique, sa façon de nous encourager à reprendre une pinte, à ses frais, une Murphy’s, je dirais, tout en laissant quasi imbue la sienne. Il se contentait d’y tremper les lèvres, et discutait avec feu, riait, fronçait les sourcils, parfois les trois à la fois, puis, de son profil acéré, nous lançait des phrases ambiguës, tout en oubliant consciencieusement de boire. C’est une violence. Puis, entre deux paroles enflammées, deux rires, deux froncements, il se levait, comme nous partions, et vidait en deux fois une bonne part de la pinte jusque là délaissée. Let’s go lads, et le jus noir abandonné.
Il me semble qu’une autre fois, au début d’une soirée qui fut la plus arrosée de mon existence – avec les conséquences que l’on imagine –, je le vis jouer, avec une élégance rare, au baby-foot. Trois à rien quand même (l’accent sur à et quand, je pense). J’ignorais que l’on pût s’adonner à ce jeu, et même s’y donner, d’une façon qui fleure autant le gentleman. Hugo était autant fait pour les envols de l’imagination que pour l’atmosphère feutrée des clubs les plus select. Tu es sûr que ça va, Guillaume ?
Il y eut aussi, peut-être la dernière fois que nous nous vîmes, son détachement dans ce punt infâme que nous avions loué à six et dont seul il se débrouillait, piroguier expert de ces bords presque gallois. Il faisait beau et frais, sur la Cam. Je m’énervais après tout le monde. Mais après lui, impossible.
Ma mémoire persiste à me tendre de curieuses perches et à évoquer une possible rencontre, l’année suivante, ou même celle d’après, à Paris (pour sa soutenance de thèse ?). Pourtant, aucune image, aucun son précis ne me vient de cet épis od e pourtant ultérieur, s’il a bien eu lieu. Hugo, à Paris, cela ne se pouvait. Ce devait être Hugues : ce fantôme imposteur n’aura pas laissé de traces dans ma mémoire vive.
Je vois ça d’ici, toi avec tes frasques.
09:00 Publié dans Ecrit(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, Ligérienne, écriture
lundi, 12 mars 2007
Onze ans après
Je l’ai rencontré plusieurs fois, quand j’allais passer quatre ou cinq jours d’affilée à Cambridge, chez cet ami que je perds aussi de vue maintenant. Jean-Pascal m’avait présenté la ribambelle de ses amis, et parmi eux Hugo.
Combien de fois suis-je allé à Cambridge ? On dira trois. À chaque séjour peut-être je voyais Hugo trois ou quatre fois. Et que m’importent ces chiffres ? Je ne sais.
Hugo s’appelait en fait Hugues, mais il semblait régner, autour de son vrai prénom, un parfum d’interdit. Lui, contrairement à nous autres, était lecteur pour une durée de cinq ans, et finissait sa thèse. Il était donc sensiblement plus âgé que nous, et avait plus ou moins claqué la porte au nez des siens, Parisiens. N’avait-il pas choisi le lectorat à Cambridge comme d’autres, il n’y a pas si longtemps, choisissaient de s’embarquer sur un baleinier ou partent pour la légion étrangère ? Si je raconte tout ça, c’est que sa vie paraissait nimbée de tant de demi-secrets, mais sans afféterie.
Étonnamment séduisant, Hugo n’était pas poseur. Ses excentricités verbales et sociales étaient d’une totale sincérité. Un jour, nous discutions, tous les trois, avec Jean-Pascal, à la table crasseuse d’un bar de college, et Hugo, de façon tout à fait caractéristique, s’était assis en dehors du cercle formé, au départ, par la table et les trois chaises. Tout aussi caractéristique, sa façon de nous encourager à reprendre une pinte, à ses frais, une Murphy’s, je dirais, tout en laissant quasi imbue la sienne. Il se contentait d’y tremper les lèvres, discutait avec feu, riait, fronçait les sourcils, parfois les trois à la fois, et, de son profil acéré jamais détendu, nous lançait des phrases si ambiguës qu’elles prenaient valeur de sentences, tout en oubliant consciencieusement de boire. Puis, entre deux paroles enflammées (« C’est une violence » ou « on te verra avec tes frasques »), deux rires, deux froncements, il se levait, comme nous partions, et vidait en deux fois une bonne part de la pinte jusque là délaissée.
Il me semble qu’une autre fois, au début d’une soirée qui fut la plus arrosée de mon existence – avec les conséquences que l’on imagine –, je le vis jouer, avec une élégance rare, au baby-foot. J’ignorais que l’on pût s’adonner à ce jeu, et même s’y donner, d’une façon qui fleure autant le gentleman. Hugo était autant fait pour les envols subits et violents d’imaginations fébriles que pour l’atmosphère feutrée des clubs les plus select.
Il y eut aussi, peut-être la dernière fois que nous nous vîmes, son détachement somptueux dans ce punt infâme que nous avions loué à six et dont seul il se démenait, en rameur expert, piroguier de ces bords presque gallois. Il faisait beau et frais, sur la Cam. Je m’énervais après tout le monde. Mais après lui, impossible.
Ma mémoire persiste à me tendre de curieuses perches et à évoquer une possible rencontre, l’année suivante, ou même celle d’après, à Paris (pour sa soutenance de thèse ?). Pourtant, aucune image, aucun son précis ne me vient de cet épisode pourtant ultérieur, s’il a bien eu lieu. Hugo, à Paris, cela ne se pouvait. Si ça se trouve, c’était Hugues, et ce fantôme imposteur n’aura pas laissé de traces dans ma mémoire vive.
20:00 Publié dans Ecrit(o)ures, Hors Touraine, Résidence avec Laloux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne, écriture
La littérature est-elle dangereuse ? [5]
Quelques minutes avant la cinquième séance de l'atelier d'écriture animé par François Bon sur le site Tanneurs, "La littérature est-elle dangereuse ? " (j'ai manqué la troisième séance pour raisons personnelles et la quatrième car j'avais oublié de la noter dans mon agenda, pensant que la fréquence régulière était d'un atelier tous les quinze jours), j'ai réussi, fait rarissime, à me garer du côté impair de la rue des Tanneurs, sans avoir à risquer un périlleux (et limite illégal) demi-tour sur voie au niveau des feux tricolores qui suivent.
Des affiches déchirées, des prospectus, du béton gris. La fac ne donne pas son meilleur visage en ces jours de grand soleil, premières chaleurs dans l'air & premières terrasses à lézards place Plumereau. Quand elle si belle, la lumière adoucit ce qui n'est que médiocre, mais les choses laides, elles, ressortent de manière plus vive, plus poignante.
Ce matin, vers dix heures et demie, en descendant l'escalier le formidable après un cours au quatrième étage, j'ai pu admirer les remous de la Loire sous le soleil doucement incandescent. Durant le cours, j'ai fait remarquer aux étudiants qu'une pie, peut-être la même qui m'avait incité à leur apprendre quelques noms d'oiseaux deux semaines auparavant, faisait son nid pile à notre niveau, à portée de nos regards. Les nids de pie, ces constructions foutraques de grosses brindilles pas même branches, on les voit rarement à niveau, et suffiraient-ils d'ailleurs à suggérer une métaphore malingre et alambiquée de ce carnet de toile ?
To room 80 now !
18:25 Publié dans Résidence avec Laloux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, Ligérienne, écriture
dimanche, 11 mars 2007
Glissé loin des ombres (Ahalco, 11/11)
16:15 Publié dans Autoportraiture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Photographie, écriture
mardi, 06 mars 2007
Bouillon d'onze ombres, 6/11
On est tous un peu transformistes. On s'affiche. On est tous un peu exhibitionnistes. Jouant avec la mémoire vive, avec nos souvenirs d'éléphants, en avant les défenses.
21:40 Publié dans Autoportraiture | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Photographie, écriture
lundi, 05 mars 2007
Halco en ombres, 5/11
22:45 Publié dans Autoportraiture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Photographie, écriture, Ligérienne
lundi, 26 février 2007
Mastiquez, m'astiquez
Cela fait quinze jours presque que je n'écris plus. Me dis que c'est normal, que je vais remonter la pente, revenir à la pointe, et j'ai même raté l'atelier de François Bon jeudi dernier, trop fatigué par ma journée de travail (neuf heures presque non-stop) et peu enclin à repartir pour un tour. (Pourtant, ce tour-là devait valoir le coup, avec Artaud qui n'est pas ma tasse d'étau (et justement !).) *
Quinzaine occupée par les images, surtout celles si vives de la mémoire enfouie. Du coup, toilettant le disque dur, je retombe sur de petites ébauches que je n'ai jamais publiées...
Comme celle-ci, du 14 septembre 2004 :
Le parfum de la pampa qui se dégage, exotiquement mais sans fausses fioritures, des premières pages de l’autobiographie de W.H. Hudson n’a rien de commun avec l’écriture louvoyante de Santiago H. Amigorena, dans son très passionnant work in progress, où se donne surtout à sentir, à ressentir, l'odeur du papier et la couverture, l’odeur que l’on peut imaginer de l’encre des anciens écrits que, parcimonieusement, l’auteur nous livre, et qui sont le fondement de son entreprise autobiographique. Outre l’origine rompue, sud-américaine, à laquelle ces deux textes renvoient constamment, qu’est-ce qui peut bien rapprocher ces deux textes – peut-être l’initiale H. médiane en leurs noms respectifs ?
Il se trouve que, lisant hier la Préface du Pléiade des Poèmes de Pessoa (par Robert Bréchon, qui vient briser l'allitération)**, je remarquai enfin que le "second exil" dont ne cesse de parler Amigorena dans les trois volumes à ce jour publié de son exceptionnelle autobiographie n'est autre qu'une référence à Pessoa. It was staring me in the face, really. What a nobodaddy I am !
* D'ailleurs, Simon pourrait prendre le relais, histoire de ne pas arrêter d'écrire seulement parce qu'il a dix-huit ans maintenant...
** Fini aussi Paysage fer, qui m'a donné foison, flopée d'idées, et un curieux volume de Messagier, Siège de la tirelire blanche, auquel goutte je n'ai compris.
13:15 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature, écriture, Poésie
vendredi, 09 février 2007
La littérature est-elle dangereuse ? [2] : Photos absentes écrites
Les six textes composant sous les rires les sourires ont été écrits et publiés aussitôt, "bruts de décoffrage", comme le veut un cliché contemporain. Quelques minutes après, vers huit heures, je les ai un peu retouchés, modifiés, à la plume rouge, puis lus devant l'auditoire rassemblé pour l'atelier de François Bon, après avoir écouté, souvent admirativement, les textes des autres participants.
Mon voisin de droite fut l'un des premiers à lire ses textes sur photos (Photos que je n'ai pas faites), et je lui ai parlé, après, à la fin, de Danielle Mémoire. Juste avant le début de l'atelier, nous avions discuté de Cadiot, car j'avais vu son exemplaire de L'art poétic' posé sur la table. Je n'aime pas tellement Cadiot, mais je ne demande qu'à aller y revoir.
Mon voisin de gauche a lu ses textes lui aussi, vers la fin de la séance, pétrifié (m'a-t-il dit après) par le trac, ce nouveau venu depuis quelques mois dans son existence. Ses textes aussi étaient très beaux, et j'espère qu'il les publiera. J'ai aussi entendu sa voix comme jamais auparavant. Je crois avoir reconnu une des photos écrites.
François Bon avait apporté des extraits de L'Image fantôme, de W, de Histoire de Claude Simon (je connais quatre personnes qui l'ont lu en entier, à commencer par moi) et Roubaud.
Jeudi soir, donc. Avant l'atelier, juste avant, Boogaerts (Que vas-tu faire / Moi je vais prendre la mer / Rompons cette atmosphère). Juste après, Rochepinard et Greux, puis les bords de Loire noirs.
21:55 Publié dans Résidence avec Laloux | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne, Littérature, écriture
jeudi, 08 février 2007
sous les rires les sourires
Laon, 1997
tu es debout tu as froid les mains croisées gants panthère manteau rouge mais sans musique manteau rouge unique et unique dans le manteau rouge sur fond de brouillard ce brouillard picard tu es debout te tiens debout sur le trottoir devant cette porte fortifiée médiévale noyée dans le brouillard et seule aussi Laon ce jour-là noyé dans le froid noyé dans la brume était superbe Laon était superbe et dans la brume nous écumions l’Aisne nous écumions Laon tu souris tu souris à l’objectif ou au photographe ou derrière moi au brouillard tu souris rêveuse au brouillard
Guignecourt, 1998
c’est l’été finissant ou l’automne commençant ai-je jamais su c’est l’été finissant et devant la muraille d’enceinte de l’église de Guignecourt en plan américain te voilà légèrement décentrée légèrement excentrée sur le côté de face souriant souriante te voilà encore face à moi et légèrement excentrée sur la gauche je ne revois pas du tout les vêtements que tu as sur cette photo sur cette photo de côté tu laisses voir la mosaïque émouvante des pierres blanches rouges grises briquettes et encore briquettes à Guignecourt ce jour-là grand soleil c’était l’été finissant
Saint-Pierre du Mont, 1994
nos ombres bien sûr nos ombres s’allongeant par-dessus les parterres les plates bandes du jardin de mes grands-parents nos ombres lointaines fuyantes rien d’évident nos ombres touchant presque le grillage cette photo en noir et blanc m’est revenue tout de suite en repensant à cette série de photos en noir et blanc ce devait être à Noël il faisait doux j’étais près du figuier et j’appuyais sur le déclencheur de mon Minolta cette année-là je faisais le malin à acheter des pellicules en noir et blanc Ilford 400 et j’avais pris plein de photos ce jour-là je faisais le malin et ce doit être ou pas loin ce doit être la première ou pas loin ce doit être la première photo d’ombres ou pas loin ma première photo d’ombres fuyantes ou pas loin
Va savoir où, 2006
pas de gros plan disais-tu et au moment où tu disais pas de gros plan je t’ai attrapée en gros plan en très gros plan on voit ta peau ses aspérités ton nez ses vagues seulement le dessous de tes yeux leurs arpèges
Sousse, 2000
tu te prends un joli fou rire dans le clair-obscur de la nuit d’été tu es immobile immobilisée c’est la veille du mariage tu te prends un sacré fou rire avec tes pieds tes mains peinturlurées ici tatouées au henné c’est sur la terrasse le toit de la maison jamais finie on mangeait à côté du mouton à une table basse entre les étendoirs tu te piques un rien de fou rire assise jambes tendues dans ton pantacourt mains tendues tatouées au henné et à côté de toi la grand-tante de notre ami rigole aussi complice elle te glisse un sourire en coin joue avec ton fou rire et sous les vêtements déjà secs étendus tu ne souris pas ce n’est pas un sourire tu te prends un joli fou rire
Vianden, 1998
nous deux et le roc la montagne nous deux et les monts au fond nous deux si proches souriant complices d’un air à moitié inquiet comme toujours ces touristes comme tous les touristes qu’un autre touriste inconnu propose de prendre en photo pour que l’album ne soit pas une succession de portraits où manque toujours quelqu’un et dans l’album nous deux et le roc nous deux cet été-là souriions de cet air-là toi en chemisier blanc et jeans bleu moi en chemise blanche et jeans bleu deux toiles blanches dans l’album
19:50 Publié dans Ecrit(o)ures, Résidence avec Laloux, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Ligérienne, écriture
Synesthésies / nostalgies
Parfois, quand je travaille, Pandora m'accompagne, et de son tonneau des Danaïdes où sans fin on puise sans s'épuiser, m'envoie des musiques que je ne connaissais pas avant. Ainsi, des différentes "stations" que j'ai créées, plusieurs, évidemment, sont principalement consacrées au jazz.
Sur la chaîne John Zorn, par exemple, se succèdent différents morceaux de différents groupes/ compositeurs/ interprètes, tout cela dans la joyeuseté du bazar imprévu. Tout d'un coup, j'entends des notes, un instrument indien, et, avant même de dire que je connais ce morceau, je revois le papier peint de notre studio, à Talence, en 1996 ; je marche le long des cours bordelais ; nous sommes, toi et moi, dans le bus qui nous conduit au cinéma. Dans la cuisine exiguë nous mangeons en discutant de tout et de rien. Je fais réparer cette maudite latte en verre de la fenêtre d'aération. Il fait grand soleil, chaud près du parc Peixotto. Allongés dans l'herbe, nous regardons des bambins près d'une poussette.
Je ne saurais pas retrouver le titre du morceau, mais je sais que c'est un album de John McLaughlin. Je n'ai guère dû écouter The Promise depuis ces années-là.
10:10 Publié dans Hors Touraine, Jazeur méridional, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne, écriture
mardi, 30 janvier 2007
La littérature est-elle dangereuse ? [1] : Fenêtres
Il serait enfin temps que je copie-colle ici les notes prises sans aucun ordre ni souci d'exhaustivité, tout à trac, en écoutant François Bon présenter l'atelier La Littérature est-elle dangereuse ? jeudi dernier, 25 janvier. L'atelier se tient en salle 80 de 18 h 30 à 21 heures. L'introduction, par François Bon, dure une quarantaine de minutes ; elle est suivie par un temps d'écriture de 50 minutes environ, puis de lectures à voix haute par les différents participants.
J'ai aussi noté quelques bribes de textes, et ai formulé quelques remarques in petto, mais j'essaierai d'y consacrer un billet à part. L'exercice d'écriture sur les fenêtres a donné lieu à une suite de cinq textes déjà publiés, le soir même. Par ailleurs, les étudiants de l'université, mais aussi toutes les personnes un tant soit peu intéressées par les livres ou les bibliothèques, pourront admirer les photographies prises par F.B. lors de sa visite des magasins de la B.U. (officiellement baptisée S.C.D. ou Service Commun de Documentation, mais presque personne n'emploie cette dénomination).
Ci suit donc ma tentative de transcription de la présentation de François Bon. Les (rares) phrases entre crochets et en Times 10 sont de moi, au cours de l'écoute.
Espèces d’espaces
Le dehors, le possible du récit.
Questionnez vos propres textes pour voir ce qu’ils déplacent.
L’écriture ne peut être enseignée de manière raisonnable, technique, contrairement aux autres arts. Ce que l’on peut mettre en commun, ce sont des résistances, des singularités.
Monodique. Essayer de s’appuyer sur un texte donné.
Ecrire sur commande à date fixe : paradoxal mais ça fonctionne.
Je parlerai quarante minutes, puis il y aura un temps d’écriture, environ cinquante minutes. Moi, je reste là ; Guillaume aussi, on fera du blog.
Je ne m’attacherai pas à faire lire tout le monde par principe. La dernière heure sera consacrée à travailler sur vos textes, réimproviser des choses sur les textes. Que demande le texte à la profération, au corps ?
Espèces d’espaces est un fondamental, voyez l’état dans lequel est le livre.
Le père de Perec, qui s’était engagé plutôt que de choisir un second exil, est un des premiers morts de la guerre de 40. Le rapport de Perec à l’écriture a commencé dans les fiches de films faites enfant. Perec adolescent dyslexique, considéré comme handicapé du langage.
À Sfax, il emporte la correspondance de Flaubert et part d’une pile de Madame Express laissés par le précédent propriétaire pour écrire Les Choses. Refusé par ses éditeurs habituels et publié chez Galilée, Espèces d’espaces passe alors inaperçu. De la carte de Lewis Carroll, du Coup de dés de Mallarmé, il travaille sur la forme-page (la surface-page de Mallarmé). Chambre. L’enjeu est de reconstituer son autobiographie. Les lieux où on a dormi sont les lieux où l’on a perdu conscience ; ces abandons, forts d’une vraie rémanence, peuvent permettre de reconstruire un passé. « Le statut des lieux vides » : François Bon évoque sa visite de certains lieux déserts près des magasins de la B.U. le matin même. « La chambre du Golem ». Le seuil de Borgès. Raskolnikov. [Tiens, le lien entre l’an dernier et cette année : Dostoïevski, bien sûr. Comment ne pas y avoir pensé plus tôt ?] « L’inhabitable […] l’architecture du mépris ».
F.B. lit des extraits du Perec. On n’a toujours pas compris ce que je veux vous faire faire, donc j’en profite.
L’épuisement au sens de Perec est une méthode de reconstruction mémorielle.
Lapsus génial de F.B. : les bulldozers décrivent [détruisent] la rue Vilain. [Il aime tenir le livre grand ouvert à l’horizontale très haut face à lui.]
Le rapport d’Olivier Rolin à Perec consistait à décrire toutes les (nombreuses) chambres d’hôtel où il passait. (Suite à l’hôtel Crystal)
Le rapport de Roubaud à Perec se retrouve dans Poésie : (l’appropriation de la ville selon des principes oulipiens).
L’auteur Fayard – « C.P.E. au lycée de la Mer à La Rochelle » – ne sera pas nommé [« mon pote Bozier » (?) : finalement c’est Raymond Bozier] : 37 vues de fenêtres. Dans les 50 minutes d’écriture, j’aimerais que vous me fassiez au moins 3 ou 5 ou 10 brèves instantanées de fenêtres. Techniquement, je voudrais du visuel : ce qui s’organise depuis un cadre. Vous n’entrez pas dans votre travail, vous restez en dehors, en restant à distance de ce que vous voyez par ou à la fenêtre. Essayez de travailler sans aucun verbe au moins pour une de vos fenêtres. Quel rapport au vocabulaire.
Lit l’extrait d’ Espèces d’espaces qui est une énumération d’infinitifs seuls (accumulation de mots).
Prenez aussi une image en mouvement (cadre fixe mais images fugitives : qu’est-ce que ça change à la manière de les écrire). Pare-brise, casque de moto, vitre de bus, baie de train, peu me chaut.
« Des ciels gris de cristal », etc. Les phrases nominales (Rimbaud).
13:53 Publié dans Résidence avec Laloux | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Littérature, Ligérienne, écriture
jeudi, 25 janvier 2007
Cinq fenêtres de par les temps
Ayant écrit mes textes directement par ordinateur et la batterie s'étant déchargée, j'ai dû me défiler quand François Bon m'a demandé de lire mes textes fenêtres. Les voici donc.
2001, Anachronisme
Beauvais. Assis à lire dehors par une journée ensoleillée de début juin dans la courette minuscule de graviers, saisi le salon et l’échappée vers la cuisine américaine. Grande lampe halogène noire sur l’extrême bord droit, accoudoir vert & multicolore. Écrire par couples et encore écrire. Étagères blanches construites par mon grand-père jadis et reproduction de Munch vue sur le profil des étagères. En balayant toujours vers la gauche. Éteint le téléviseur et rocking-chair camelote replié comme éteint. Au loin ainsi que je l’ai écrit je distinguais le bar élégant, la cuisine américaine, l’escalier qui mène à l’étage, lumineux sous la grande trouée de jour.
2007, Autoroute
C’est la nuit sur l’A10, samedi. Derrière le rideau de larmes que je ne peux retenir et le rideau des averses bourrasques, des poids lourds fugaces que je double, des bornes, ces petits panonceaux repliés prêts à servir en cas de rétrécissement des voies (90 noir cerclé de rouge) et toujours les abats de vent que je vois. Presque toutes les vraies images sont absentes de ce décor fuyant malhonnête carton pâteux. Images du passé, de P. que j’aime, et qui est en train de mourir. C’est la nuit sur l’A10, retour de Bordeaux, après la journée à l’hôpital.
2006, Links
À la table du salon, travaillant, traduisant. Printemps finissant. Fenêtre de la salle à manger. Celle de gauche. Capot de la Clio garée dans la cour. Couvercle jaune de la poubelle (tri sélectif papiers plastiques conserves). Comment ce chat encore est-il là, errant ? Thuya crevé roux, les autres verts, tous cachent la rue.
1993, Apprenti
Dans le cadre étroit, rectangulaire et cerclé de bleu du rétroviseur intérieur, le capot de la voiture de sport jaune garée immobile derrière celle que je pilote maladroitement se rapproche, ne cesse de se rapprocher, et je fixe, dans ce rétroviseur, tantôt le logo de la voiture (une Fiat avec ses quatre traits obliques reconnaissables entre mille) tantôt ses essuie-glaces terriblement tiounés, au lieu de me concentrer sur le petit carré autocollant rouge placé là par le moniteur d’auto-école et dont je m’étonne même que l’examinateur ne l’ait pas ôté, ce tout petit carré rouge dont je sais par cœur qu’il doit m’aider à savoir quand contrebraquer, puisqu’il le faudra pile au moment où il coïncidera avec la vision du trottoir, et que j’oublie. Je m’y reprends, et encore. Vous repasserez.
2007, Aperçu
Marre des fenêtres, vais faire un tour. Toujours aimé Tanneurs désert. Dans le couloir près de mon bureau, un étudiant écrit frénétiquement, assis par terre, as is their wont. J’aperçois la porte ouverte de la salle 34, ce qui m’étonne. L’étudiant griffonne. J’entre dans la salle 34 obscure, et suis frappé de voir qu’à travers la triple fenêtre du fond – triptyque médiéval aux deux panneaux latéraux extraordinairement étroits – m’apparaissent, m’éblouissent, dans une perspective que je n’aurais jamais imaginée, n’enseignant jamais dans cette salle 34 pourtant si proche de mon bureau, une multitude de fenêtres les unes derrière et à côté des autres, et dans la salle éclairée, au fond, on aperçoit, assis au bureau tandis qu’écrivent les étudiants, François Bon, point d’orgue, moderne vedutta de ce triptyque moderne.
21:45 Publié dans Résidence avec Laloux | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Ligérienne, écriture, Littérature
F.B., ça continue
Pas de réseau pour mon portable en salle 80, alors j'ai filé jusqu'à mon bureau, juste pour écrire ceci :
C'est la première séance de l'atelier animé par François Bon, et je m'éclate.
(Deuxième phase de l'atelier. Les participants (étudiants) vont où ils veulent pour écrire leurs textes sur fenêtres. D'où ma présence hors de la salle 80, fou échappé.)
Simon has not shown up. Too bad.
19:59 Publié dans Résidence avec Laloux | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : Ligérienne, écriture
Ce que dit le pagure Kenny Craig
Cavere, par le Zeena Parkins Pan-Acousticon, ça déménage ; méfiez-vous des cabots et plus encore des demoiselles qui les promènent. Il y a des livres à un euro à la Boîte à Livres de l'Etranger ; des livres qui valent le coup. Harpe et violoncelle, piano qui se disloque. Il doit faire moins cinq à Tours demain matin. Après une matinée passée à régler des subtilités d'emploi du temps, je vais aller faire le guignol au lycée Jean-Monnet, pour un déjeuner de travail (comme je crois qu'on dit). En revenant de la Poste, j'ai croisé une étudiante qui, me voyant le nez coulant, les yeux injectés, les mains violacées*, m'a souhaité bon courage pour mon rhume, ce qui était très gentil (mais l'hiver seul est coupable). Maudit soit ton nom, Salamine ! Un ami m'a écrit qu'il aurait bientôt, peut-être, un poste à Tours. * On se croirait dans Dracula, ou, allez savoir, dans les Récits de la Kolyma (où les crachats gèlent en vol). Formons des souhaits. À huit heures, sur le pont Mirabeau, la vitre côté conducteur a finalement accepté de se baisser**. Peasant Boy par le trio de Bob James, ce n'est pas mal non plus ; on est sur la route, maintenant, à regarder le rideau de pluie, les affaires empilées à l'arrière du camion (bâché, bien sûr). Dormez tous, je le veux. ** Je sais, il ne faudrait jamais démarrer sans avoir conscieusement raclé les vitres et dégelé l'ensemble des points de vision. Look into my eyes, not around the eyes, look into my eyes. Vous repartez au charbon, mais c'est l'engrais qui ici culmine.
10:45 Publié dans Jazeur méridional, Le Livre des mines, Moments de Tours, WAW | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Ligérienne, écriture
mercredi, 24 janvier 2007
Jeudi 18 janvier / La première bande
Dans l’amphithéâtre Thélème, une cinquantaine de pékins (date très mal choisie : la plupart des étudiants pas du tout là cette semaine d’examens pour salariés seulement, pour ne rien dire des collègues n’habitant pas à Tours) venus écouter François Bon, pour sa « conférence inaugurale », dont on pouvait se douter que, certes inaugurale, elle ne serait en rien une conférence, au sens classique du terme, toutefois. L’an dernier, André Markowicz et Françoise Morvan avaient dialogué, en une sorte de porte-à-faux stylisé très heureux.
Cette année, François Bon, ordinateur relié à des baffles et à ce que, dans mon ignorance totale, je pense être une pédale de guitare électrique, a lu des – onze précisément – extraits de son dernier livre publié, Tumulte, où se retrouvent les textes publiés au jour le jour dans son blog. La plupart avaient eu, comme point de départ, « ces espèces de faits divers » (Bon himself).
Après une présentation élégante et chaleureuse du président de l’Université, Michel Lussault, toujours vestu de noir et écharpé de rouge, François Bon a donc lu cet hendécaèdre de textes, avec des effets d’échos et de soufflé en fond (grâce au dispositif électroacoustique ci-dessus sommairement décrit), et, parfois, une petite présentation du contexte d’écriture, ou des personnages portraiturés.
1. [oublié de noter]
2. accident près de la gare de Saint-Pierre des Corps
3. asile – « En un an, il a perdu des dents » [/// hier, soit quatre jours après la lecture de François Bon, j’ai commencé la lecture de Moravagine]
4. attentat de Londres aux actualités {très beau} « l’onde » / Londres
5. suicide – « Ce sera contre mon gré »
6. exercices sur le rêve – « la paroi du rêve » {sirène des pompiers pendant la dernière phrase et le silence qui la suit}
7. texte du trou aux bruits – « Il n’était plus question de silence nulle part dans les gares. »
8. Présente le fou vagabond tourangeau Quasi et sa langue inventée, son obsession pour le fleuve et le flot des voitures. Parle des photographies, de la topographie des trajets de Quasi. « C’est un des derniers textes du livre et je vous le lirai pas, j’en lis un autre. » {arlésienne, absente de tout bouquet ou point de fuite / le texte sans doute n'est plus en ligne}
9. « une autre tourangelle » – explosion au crématorium
10. le cours sur Rimbaud aux Beaux-Arts – « la poignée de main de Rimbaud », transmise d’écrivain en écrivain, de génération en génération {émouvant}
11. Annonce un texte sur « le 22 h 53 qui autrefois s’arrêtait à Amboise et qui ne s’y arrête plus » – descendu dans la mauvaise ville symétrique {le matin même, François Bon avait sorti de sa sacoche un exemplaire très usagé du Journal de Kafka}
Tandis que je recopie ces notes, mardi vers midi, j’écoute l’album Black Vomit d’Anthony Braxton & Wolf Eyes. (Tumulte aussi, limite multiple.)
02:20 Publié dans Résidence avec Laloux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, écriture, Ligérienne, Jazz
mardi, 23 janvier 2007
Lorsque Flore / sort / de l'or du bal
Jeudi à peine croisé la Kangoo de mes parents, qui arrivaient dans notre rue alors que je filais à la fac – soir, pluie, grisaille, voitures et vrac partout sur Tours – sur le pont Mirabeau chanter la vitre ouverte encore et encore Lorsque Flore avec la scie musicale et les tintinnabulements d’origine – peut-être même à tue-tête une fois la cassette arrêtée Ce sont les noms des mots maintenant assis sur une marche de l’escalier Thélème – écrivant sur au dos d’une simple carte postale – j’attends le début de la conférence d’ouverture
~~~~~~~~~~~~~~~~~~
J’avais envie de saluer ma mère avant de filer en ville
sans doute à cause du rêve affreux de la nuit dernière.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Mardi donc ce matin, oui à peine au bas de la rue du Nouveau Calvaire cette chanson se lance, s’étend dans l’habitacle, commence – froid hivernal après tant de semaines de douceur, flot discontinu des cars et des bus – sur le pont Wilson me rappeler les milliers de souvenirs liés à cette chanson, depuis onze ans déjà Ce sont les sons des noms maintenant de retour chez moi pianotant – écrivant dans ces carnets toujours compulsivement – je songe à la rubrique Autres gammes, qui pourrait accueillir les fragments souvent rêvés d’une autobiographie aux ritournelles.
12:12 Publié dans Autres gammes, Ecrit(o)ures, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Ligérienne, Chanson française, écriture
vendredi, 19 janvier 2007
Ferraillons ferme
Il y a un moment, dans la septième partie du disque mythique d’Anthony Braxton For Alto, où le saxophone s’approche du son d’une whistling kettle, et tout ce qui suit, tout ce qui précède, justifie totalement cette stridence ponctuelle. Not so yesterday, mais tout le monde n’est pas Braxton.
*********************
Là, je reviens, lessivé, du S.I.L., qui ne s’appelle plus comme ça. Le Salon d’Information des Lycéens (comme naguère il s'appelait) se tient à Rochepinard, l’une des plus hideuses fertiles friches urbaines de l’agglomération tourangelle. Lessivé je suis, car brouhaha, et redire cinquante voire cent fois la même chose. Toutefois, en discutant avec l’étudiante qui nous aidait – et que je n’avais jamais rencontrée –, j’ai appris qu’un(e) collègue était surnommé(e) Capitaine Crochet, et, quoique je n’aie pas réussi à découvrir l’identité du ou de la collègue, l’idée que les étudiants donnent encore des surnoms aux professeurs, pratique pourtant en constant recul depuis trois décennies, m’a réjoui. Me reste à cogiter.
Entre-temps, une étudiante de troisième année est venue souffler à l'oreille de G.I. qu'il y avait des filles peu vêtues en pleine démonstration d'épilation au stand des formations d'esthéticienne. "Ta réputation, lui ai-je soufflé, n'est plus à faire." Comme j'apprenais, toujours par l'étudiante "cafteuse", qu'un autre encore de mes collègues était surnommé l'Obsédé, cela m'a surpris, car, étant donné le désarroi évident (voire les gloussements incrédules et puérils) des étudiants dès que, lors d'une analyse littéraire, l'on cherche à s'interroger sur les connotations sexuelles implicites d'un texte, je pensais que tous les enseignants de littérature passaient pour des obsédés.
*********
À l’aller, cinq chansons de Dylan, dans les confitures de circulation, et au retour deux seulement, filons sur le pont Mirabeau (embourbé ce matin, pas permis). Je ne fais pas les soldes, mais un beau pull coloré tout neuf m’est tombé tout rôti dans le bec. Même quand je mens, c’est vrai (titre de Stomy Bugsy, excusez la référence).
16:55 Publié dans Autres gammes, Jazeur méridional, Moments de Tours, WAW, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : Ligérienne, Photographie, écriture
jeudi, 18 janvier 2007
Prise de vue & marteau-piqueur
Après une année 2006 en heurts, du fait aussi que l'essentiel de ce que j'écrivais, publiais etc. trouvait sa place dans l'autre carnétoile, je viens de me décider à créer dans ce carnet-ci (pour la première fois depuis des lustres) une nouvelle catégorie, ou rubrique, consacrée à la résidence de l'écrivain François Bon dans l'université où j'enseigne (François-Rabelais, pour ceux qui ont manqué le début (comme on écrivait dans Télé7Jours quand j'étais gosse etc.)). La catégorie WAW, outre qu'elle déborde, me semble peu appropriée, car ce n'est pas tellement moi qui travaille, mais LUI. Ces considérations liminaires affichées, entrons dans le vif du sujet.
*****
Ce matin, à dix heures et demie, dans la salle 229 – l’une de celles où l’est le plus dérangé par les travaux du nouveau bâtiment * –, avait lieu la première prise de contact (comme je crois qu’on dit) entre François Bon et les équipes pédagogiques (comme je crois qu’on dit).
Invité à l’Université François-Rabelais comme artiste en résidence pour l’année 2006-2007 (et donc, principalement pour le second semestre, qui commence ce janvier), François Bon va animer un certain nombre de projets, ateliers etc.
L’atelier principal fait se rencontrer des lycéens du L.P. Victor-Laloux et des étudiants de master et de doctorat issus de diverses filières de sciences humaines, autour d’un projet de travail lié aux nouveaux espaces urbains (si je ne me plante pas trop). Le deuxième atelier, qui aura lieu sur le site Tanneurs de 18 h 30 à 21 heures un jeudi sur deux (et qui (je le signale à mes étudiants qui me lisent par milliers (Simon, Aurélie, il est interdit de ricaner)) peut compter comme U.E. libre (se renseigner auprès du Service Culturel, à côté du panneau vert de Nico Nu)), s’appelle « La littérature est-elle dangereuse ? », et c’est à celui-là que je compte assister, par curiosité (« toujours malsaine », comme je crois qu’on dit**).
Sinon, cette réunion a été l’occasion de brasser un certain nombre d’autres ébauches de projets. [Ce paragraphe a été retiré à la demande du Service Culturel : Confidentiel Défense] François Bon est très enthousiasmé à l’idée de travailler avec la B.U., le CUEFEE (le centre d’accueil et de formation des étudiants étrangers), le département Arts du spectacle, et même le département d’anglais (more on that later).
*********
[Où le narrateur, sachant que l’impétrant lira peut-être ces lignes, marche un brin sur des œufs.] Le plus important, pour moi, dans cette matinée, c’est que, pour la première fois peut-être de ma brève carrière, j’ai participé à une réunion où, en une heure et demie, plus de travail a été fait qu’en trois heures de certaines commissions. En l’occurrence, je n’avais jamais rencontré François Bon, dont je connais, depuis un certain temps, l’œuvre, et il est pour beaucoup dans ce dynamisme efficace. There’s no nonsense about him, as Charles D. would have it.
J’ai lu plusieurs de ses livres, dont certains me plaisent moins, mais Sortie d’usine, C’était toute une vie et Mécanique sont de très beaux récits, où la voix de l’auteur trouve son grain, son ton juste, entre fêlures et certitudes. Autant dire que je suis très heureux, captivé même, à l’idée de pouvoir faire quelques lieues de chemin avec lui.
Au cours de la réunion, il s’est montré affable, charmant, précis et rigoureux. Il a aussi balancé quelques piques intéressantes et tout à fait légitimes, qu’il m’est évidemment impossible de rapporter sur ce site public. Je l’imagine assez stakhanoviste ou bourreau de travail, et il avait, outre son ordinateur portable, un petit appareil photo numérique que je n’ai pas immédiatement identifié comme tel.
***********************
Pour finir, je ne peux qu’encourager ceux d’entre vous qui ne le connaissent pas à aller découvrir, déjà, son blog, au titre rabelaisien, avant de vous précipiter sur ses livres entiers ou en tiers (et peut-être, si je peux jouir ici de quelque confiance, sur les trois titres cités plus haut en gras). Pour lire et voir les impressions suite au premier atelier straight from the horse’s mouth, c’est aussi sur le blog.
* Mais Martine (: Pelletier, we’re on a first-name basis here, folks) m’a appris que l’inauguration officielle des nouveaux bâtiments devait avoir lieu le 17 mars, jour de la Saint Patrick, ce qui, je le subodore, n’est nullement une coïncidence, mais bien le fruit d’une machination de la section secrète Irish Studies in Tours.
** Ce qui est pénible avec Cingal, ce sont les parenthèses. ***
*** Attends, tu rêves, t’as pas vu les astérisques.
17:17 Publié dans Résidence avec Laloux | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : Ligérienne, Littérature, écriture