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samedi, 15 septembre 2007

Pas loin de l'échevin gisait un cheval mort...

Just for the record : "des éparvins gonflaient ses jambes hérissées de longs poils" (Théophile Gautier, à en croire le Robert culturel). Le mot ne mérite donc pas de figurer au projet inabouti, presque abandonné, des Mots sans lacune, si ce n'est que son doublon paronymique, épervin, lui, n'est illustré d'aucune citation.

 

- Au secours ! Mon maître est tombé dans le ravin !

- Qu'est-ce donc ? Son cheval aura des éparvins...

(fragment d'un dialogue oublié d'un dramaturge méconnu)

vendredi, 14 septembre 2007

Jacqueline Lamba au Château de Tours

641e18884418cc38e37b16cd5ce38c78.jpg« Jacqueline Lamba, c’est en haut ». Ça commence bien, me dis-je ; au royaume de l’explosante-fixe, les étages s’inversent. Non : au troisième étage du château de Tours, Jacqueline Lamba est au plus près du ciel, et presque déjà dans les montagnes. Tout va bien, alors, rien ne déraille.

Je ne connaissais, de Jacqueline Lamba, que son statut de « femme et muse d’André Breton », pour ainsi dire. La rétrospective que propose le Château de Tours permet de saisir l’artiste dans la discontinuité même d’un travail poursuivi pendant plus d’un demi-siècle, de l’époque des jeux surréalistes aux villes et aux ciels des années 1980.

Dans le grand couloir, le visiteur est accueilli par une multitude de documents divers, dont une longue série de très belles photographies, datant surtout des années Breton, c’est-à-dire d’une petite décennie à peine, puisque Jacqueline Lamba quitta le poète pendant la seconde guerre mondiale, pour épouser le sculpteur David Hare (dont je n'avais, pour ma part, jamais entendu parler (à moins de considérer que connaître son parfait homonyme le dramaturge né en 1947 est en avoir entendu parler)). Ne serait-ce que par ces photographies – dont une splendide de Claude Cahun et une, sans nom d’auteur, un peu bougée, où l’on voit le trio formé par le couple et leur fille Aube, le père et l’enfant étonnamment semblables dans leur expression mi-inquiète mi-farouche – l’exposition vaut le déplacement.

[Il est à regretter, d’ailleurs, que le catalogue en propose si peu, et dans des formats dérisoires.]

e2cd63a1bb8ba8995b165d574203a78e.jpgToutefois, il ne faut pas s’en tenir à ces belles photographies, et, d’un pas décidé, en suivant ou non l’ordre chronologique, respirer au rythme des cent et quelque toiles exposées dans les six salles aériennes de ce troisième étage de féerie.

[J’exagère un tantinet, mais bon, Hugo est surréaliste quand il n’est pas bête, n’est-ce pas ?]

 

Respirons. Entrons. En effet, on n’est pas déçu du voyage, car bien des œuvres sont loin d’être mineures. Comme la maison ne recule devant aucun calembour hâtif pour faire pièce à Fuligineuse, on peut dire que Jacqueline Lamba n’était pas un peintre lambda.

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On reconnaît, dans les diverses phases de sa vie d’artiste, l’influence de peintres plus célèbres ou plus marquants – Matisse, O’Keefe, Mondrian… – sans qu’il s’agisse jamais de simple imitation, ni d’hommage : on a le sentiment que Jacqueline Lamba poursuivait de ses pinceaux une vision intérieur, une fièvre de paysages qu’elle trouva à exprimer selon divers modes au cours de sa carrière.

516110f63b484156ad5f8ce89faf3ca6.jpgIl me semble, pour ma part, que les toiles les plus belles, les plus durables, les plus admirables, sont la demi-douzaine de « montagnes » sur supports divers (papier journal, feuille de patron couturier, etc.), très inspirées des encres obsessionnelles de Michaux ; mais cette prédilection est sans doute l’influence de mes goûts préalables. J’aime aussi beaucoup la série des puits, de la première manière & donc exposée dans la première salle. Dans cette même salle, je n’ai pu photographier que de biais le troublant autoportrait, et encore sans éviter tout à fait le reflet d’autres cadres au niveau des yeux.

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Ce soir, boudant le festival in de Montlouis, souvent convenu voire carrément à cent lieues du jazz (ce soir, c’est l’octuor du mollasson Fabien Mary, très peu pour moi), je vais découvrir le trio du pianiste Frank Woeste. Vous en dirai des nouvelles. (Word souligne en vert, je ne suis pas surpris.)

18:45 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Art, Ligérienne, écriture

dimanche, 09 septembre 2007

(Autres) vendanges

"Le poète ne redoute pas la cascade des dangereux adverbes de manière" écrit Yves Sandre dans sa préface à l'édition des Vendanges de Saint-Pol-Roux (Rougerie, 1993).

Oui, c'est la saison des vendanges.

La vigne nous fait un signe.

Un signet dans un livre, s'en soucier comme d'une guigne.

(Que dire alors des matins mordus, des soirs perdus pour les chevauchées, des midi fendus comme des jupes ?)

Un charpentier rugueux joue de la guiterne avant de s'en remettre au vent.

Les raisins pleuvront dans son sac, mais pas avant le soir.

Les raisins pleuvront dans sa hotte, sans retour.

J'ai lié ma botte avec un brin de paille.

La vigne nous fait un signe. Il pleut des sarments. Un homme rugueux à la tête noueuse de cep desséché prend la tangente avant l'arrivée des vignerons. Quelques liserons se posent dans le champ voisin, comme des alouettes perdues pour les virevoltes.

C'est la saison des vendanges.

Un archange admoneste Jeanne et lui reproche de lambiner. (Get moving, maid ! Rires intempestifs mais inévitables.)

Saison des vendanges.

Que dire du vin qui coule à flots, dans le ressac des alouettes, dans le havresac des liserons, quand joue la sacqueboute des vignerons ?

Des vendanges.

À Sully-sur-Loire, l'issue s'inverse et le but vire au début (acte III de Fronton du Duc).

Vendanges.

J'ai lié ma botte avec un brin d'osier.

Vent

Où irons-nous courir, si même les liserons migrent et s'envolent pour l'Afrique ?

danger.

Matin mordu

Avec le couteau acheté au Portugal je pèle et découpe des poires, et je repense à la semaine passée jadis au Portugal, avec la Supercinq. Comme la compote d'hier était plutôt réussie, quoique trop sucrée, j'en prépare une autre, métissée de Williams et de Guyot. Au couteau, les Guyot sont plus moelleuses, de chair plus pâle, nettement plus juteuses ; plus grosses, les Williams ont la chair plus ferme, imperceptiblement moins blanche sous la lame. (Un couple d'oisillons / Un couple d'oisillons / Un couple d'oisillons) C'est à Castelo Branco que les souvenirs toujours me ramènent, dans l'odeur des poires.

Je les aime toutes, dans leur variété : passe crassane, "Conférence", Doyenné du Comice, packhams, etc. J'aime tous les murs blancs du Portugal.

(Un couple d'oisillons)

vendredi, 07 septembre 2007

L'Âme noire du Prieur blanc

Quoique j’eusse emprunté l’exemplaire des Monodrames pour y lire Le Fumier, j’ai commencé par la première des deux pièces, L’Âme noire du Prieur blanc, très belle dans sa limpidité même, en ce qu’elle a de fatal, de prévisible. L’entretien brûlant entre l’apparition du prieur damné et le novice Bénédict – shakespearienne à la surface seulement – donnerait des démangeaisons de mise en scène au plus blasé des théâtreux.

      — Ô, il a ce matin employé son rasoir électrique, comme ça, parce qu’il était là, et qu’il s’agit d’un mode nomade de rasage !

Stalles de Solignac : dragons affrontés

Athanase et Onésime (tout de même) s’entretiennent et avalent le feu sacrément démoniaque. L’Apparition parle « sacripantement » et « de rechef » (oui, en deux mots). Les Reclus passent, la bouche en chœur. Le latin de catafalque se perd en tribraques.

      Ô, il va finir par bannir, de ses textes, de son écriture même, tous les mots contenant les deux lettres o et d successivement !

Six points violets soulignent chaque occurrence : ce serait une idée de mise en scène. (Ou comment Le Livre des mines devint Le Livre de l’Âme.) Dans la chambre 424, they’re screwing without giving a single thought to Alma’s corpse. Faut-il prononcer, doit-on entendre le g de Magdeleine ? En anglais, comme l’a souligné justement Javier Marias, ou son narrateur Jacques – au fait des usages –, Magdalen se prononce comme maudlin. Chaque saint berger finit voué aux gémonies, vipérisé.

      Il faut absolument résolument insolemment isolément être

Pélerins

« Les moulins ont l’air de grands oiseaux de pierre aux longues ailes blanches. » Toujours j’aimai, chez Saint-Pol-Roux, le sens de la période. (Six points violets, six notes messianiques, six couchers de soleil, et le rideau se ferme sur les vitraux pierreux de l’abbatiale.)

Sourire aux fossettes

Tags et trous

 

   Pour rentrer, j’ai coupé à travers champs et me suis retrouvé à devoir enjamber, pataudement, un large fossé. Au bout de la rue Tartifume, j’ai salué une vieille dame très rabougrie et un monsieur plus jeune, septuagénaire peut-être, qui tenait en laisse une sorte de berger allemand et s’est écarté pour me laisser passer, car le fil rouge sur lequel tirait le chien barrait tout le chemin. Malgré mes acrobaties délicates sinon périlleuses, j’ai mis huit minutes à revenir, contre treize à l’aller, sur trottoirs et voies.

   J’ai volé des vues, des voix. J’ai volé l’odeur atroce du kérosène, et les couleurs des panneaux À vendre placés aux murets des maisons. J’ai volé le bleu noir des nuages gris, et l’éclair soudain du soleil. J’ai volé du regard les trous dans les parpaings du mur, toujours rue Tartifume. J’ai volé par la mémoire, je me suis rappelé les photos d’avril.

   Dans le lotissement, rue du Colonel Chabert, j’ai salué ce monsieur avec qui nous discutions parfois à la sortie de l’école maternelle, et j’ai volé au même instant l’image enfouie d’un enfant arborant tétine et sourires dans une poussette canne.

   J’ai volé encore l’odeur du kérosène, et le tintamarre des avions de chasse.

   Les clefs du kleptomane ont tinté contre la porte du garage ; c’est l’affaire de cinq minutes.

 

Ciel fuligineux

mercredi, 05 septembre 2007

Un sang d’encre

2 septembre.

   Je me rase avec une de ces lames qui enfin ne me coupent pas la peau, un rasoir à lames jetables (mais terriblement durables) que m’a offert en mai Alexis (je sais qu’il avait, à un moment donné, un pseudonyme dans ces carnets, mais au diable…), je me rase sans le moins du monde me prendre pour Thierry Woods ni Roger Henry ni Tiger Federer, et je pense aux coupures du passé qui plus jamais ne se produisent : je ne me coupe plus jamais, pensé-je en songeant aussitôt ou presque à l’expression petites coupures qu’un instant je confonds avec coupures de presse (et si pressé alors je me coupais je n’appliquais pas de pierre d’alun achetée cher en petites coupures), et, me dévisageant dans le miroir de la salle de bains après avoir entraperçu mon reflet dans la bonde je vois deux menues éraflures de sang au niveau de la moustache (absente puisque le rasage a pris fin) ; ainsi, je pensais, en me rasant, à ce texte que j’allais écrire, et je me suis coupé ! même je ne me suis pas loupé ! short cuts, ce qui s’appelle se faire un sang d’encre. L’encre coula, puis le sang.

   Il faut toujours tout reprendre par le menu, surtout ici dans ces pages, et en reprenant fatalement je reprise, ravaude, et le texte qui s’imprime sur l’écran blanc face à moi n’est plus guère celui que je jetai tout à trac ce matin au dos d’une carte postale TER Pour être bien bougeons mieux, en brèves phrases, brefs fragments. Il faut reprendre par le menu, car le sang d’encre je le retrouve aussi ce soir dans la lecture que je poursuis du tome 2 de Ton visage demain, et je ne sais plus trop comment je me l’étais formulé à moi-même ce matin dans la salle de bains avant de jeter ces quelques bribes avant oubli sur la carte postale qui représente une sorte d’hybride entre l’oryx et la girafe (image de synthèse) contempler du haut d’une colline (on imagine) un véritable embouteillage de voitures dans le désert. On oublie tout, dit-on (d’ailleurs, c’est l’une des lignes de force qui traversent tant Mantra de Rodrigo Fresan que ce tome de Ton visage demain, mais aussi la première phrase, si je me la remémore correctement, de Frasques, ce bref roman que j’écrivis à Oxford début 1996), et même la girafe est éberluée. Tout ça pour dire, écrire que le sang coule quand on pense s’être prémuni des coupures et tirer de ce détail pitoyable et anodin quelque short cut d’écriture dans la panique, une coupure à la hâte, un mot à la va-vite, un billet à la hussarde.

   (Au demeurant, écrivit le critique pompeux, ces histoires de lames de rasoir sont un motif récurrent de son œuvre.)

   Ce qui est sûr, c’est que la moustache (ou son emplacement virtuel) en deux points même menus ébréchée, et le reste du visage lisse, je tire une drôle de tronche. L'après-midi même, au château de Gizeux, j'appris, pour mon malheur, qu'on peignait jadis les portes des écuries au sang-de-boeuf mêlé de vinaigre, pour éloigner mouches, taons et autres insectes. À un texte comme celui-ci, rouge ou pas, on peut toujours ajouter, comme une ode en do. Quand on se coupe, on dit merde ou aïe ou zut en ut, ou on ne dit rien, trop occupé à constater les éraflures ou petites coupures qui repeignent notre façade sans chasser les insectes.

dimanche, 02 septembre 2007

Doublure minée

« sa crise de minauderie durait un moment »

 

: je n’ai lu cette phrase – traduite de l’espagnol – que peu avant minuit, et pourtant j’avais eu, me trottant dans la tête, les vers d’une vieille chanson à peu près oubliée de tous, je pense

Coucou, c’est moi la bavure

J’ai d’ la minerie dans ma doublure

Et je suis au regret de vous annoncer

Que je s’rai pas tout seul ce soir

 

J’avais neuf ou dix ans quand j’écoutais Des lourdeurs dans les erreurs, et justement je m’aperçois ce matin, au terme d’une brève recherche, que j’avais toujours compris les paroles de travers. Il semblerait que le deuxième vers soit : « J’ai d’la nitrite dans ma doublure ». C’est nettement plus satisfaisant, d’un point de vue sémantique… et pourtant… L’internaute qui  transcrit les paroles hésite au moins une fois et laisse un blanc, comprend joue au lieu de fous (« J’ fous des serpents dans les plumards »), orthographie dérisoire sans –e : ces menues erreurs (sans lourdeur) incitent à douter du reste, même si, hélas, trois fois hélas, dans le cas du doublon minerie/nitrite, je suis persuadé, désormais, qu’il a raison.

Cette histoire dure un moment. Dans le Robert culturel, il n’y a pas de minerie entre minéralurgie et minerval. La sagesse voudrait qu’on s’en tînt là, et ne publiât pas même ces quelques phrases ; enfin, c’est du matériau, du minerai, de l’engrais rêvé pour Le Livre des mines. (Le jour où on l’écrira vraiment, celui-là !...)

samedi, 01 septembre 2007

Rangeoir aux épices

 Les doigts salis par la poussière des livres et des étagères, au point de craindre de toucher le clavier d'un blanc quasi immaculé (depuis quand ne m'étais-je pas servi de cet iMac ? pffffui...), je viens de faire ce devant quoi je regimbais   ###cette tournure est-elle correcte ? j'en doute...###   depuis déjà plusieurs jours, à savoir trier les quatre cartons de livres qu'il fallait ranger dans les différentes parties de notre bibliothèque. Bien entendu, il reste une pile de livres et de magazines que je devrai encore classer demain sur les rayonnages du rez-de-chaussée, mais enfin, l'essentiel est fait.
  Ces quatre cartons étaient constitués entre autres de livres lus pendant l'été, de livres toujours pas lus pendant l'été, mais surtout, pour le plus gros du contingent, d'une partie des ouvrages qui encombrent toujours le placard de mon ancienne chambre, chez mes parents, et que, pour certains, je n'avais pas ouverts depuis, au bas mot, douze ans. Ranger des livres aussi divers est toujours l'occasion, évidemment, de s'attarder sur eux, mais plus encore, sur leurs voisins d'étagère, ceux qui se trouvaient déjà là et à qui l'on impose soudain la présence d'un nouveau venu. Dans certains cas, la cohabitation ne devrait pas poser trop de problème : ainsi, je ne m'attendais pas, en rangeant le dernier récit de Claude Ollier, à voir ses quatre camarades de semblable format et du même auteur se rebiffer. Qatastrophe, en particulier, persistait à vouloir disparaître en fond d'étagère, comme par bouderie. Cela n'a rien qui doive surprendre, me direz-vous, de la part d'un livre au titre si biscornu, et, en ce sens, prometteur, voire enclin à la distorsion, la petite fâcherie, l'écart de conduite. (À cette occasion, je me suis aussi rendu compte (et là encore, me direz-vous, le sens du titre ne saurait échapper à personne) que le seul dont je n'avais à peu près aucun souvenir se passe au Canada : il s'agit de Missing.)
   Dans quelle mesure aussi, me suis-je demandé, les noms d'auteur ne se chassent-ils pas, pour moi, dans la mesure où ils sont voisins par les sonorités ou le nombre de syllabes ? Ainsi, il y a, dans ma bibliothèque de fictions traduites, quatre ouvrages de l'excellente Yoko Tawada, qui n'est, me semble-t-il, pas très célèbre. Souvent j'ai vu, en librairie, des livres d'une quasi homonyme, Yoko Ogawa, et toujours j'ai éprouvé une répulsion, ou, à tout le moins, une véritable réticence à son égard, comme si cette parenté sonore était le signe indubitable d'une mauvaise monnaie, d'une contrefaçon cherchant à me piéger... C'est idiot, sans doute, et je ne demande qu'à me convaincre, ne serait-ce qu'en franchissant le pas, que Yoko Ogawa est une grande romancière.
    Je redoute de terminer ce petit billet par un truisme, et toutefois je m'y résigne : le plus terrible, ce sont ces nombreux livres que l'on n'a pas encore lus, ou que l'on voudrait prendre le temps de relire, ou de découvrir plus en profondeur, ou qui, s'étant effacés de notre mémoire, appellent au secours car ils savent (et nous avec eux) qu'ils y retrouveraient lustre et allégresse, pour briller de mille feux. Après cela, y a-t-il encore de la place pour Yoko Ogawa ?

mardi, 28 août 2007

Un bon p'tit job II

Qu'écrirons-nous, amis, dans l'album de la comtesse ?

 

{ début de roman }

La comtesse sortit à cinq heures. Elle voulut répondre aux questions de quelques journalistes, mais...

{ André Breton enrage. }

... mais, voyant un maître-chien s'avancer vers elle sns retenir ni son golden retriever (qui se distingue du labrador par de longs poils soyeux qui font le bonheur des moquettes et des canapés) ni son doberman, elle...

{ Allez, poursuivez ! }

............................ un bon p'tit job à la cour !"  Ayant ainsi parlé, la comtesse remonta l'escalier, gloussa une dernière fois et rentra chez elle pour regarder Le Bigdil (si tant est qu'une émission portant ce titre existe encore).

 

{ fin }

dimanche, 26 août 2007

(ça va ...)

Entrevue, une voiture de sport rouge qui passe à 70 dans une zone 30. Pour un peu, elle serait doublée par les Supercinq et les mobylettes. Il est des quartiers où jamais vous ne verrez le bout de la queue de la casquette d'un gendarme. Trop paisibles, jusqu'au jour où quelques gamins se feront sauvagement écraser.

L'attente : le temps d'apprendre à vivre... Sur l'île d'Yeu, je me fie aux dieux. Sur l'île d'Ys, je me fie aux lys. Sur l'île d'Ouessant, j'ai vu couler enfin, tel quel, mon sang. Il restait cette énigme éternelle, de sorte qu'on ne pût en rien rattacher ce texte aux autres de même eau (de même farine, de même genre, du même ordre, de la même fournée), et le Sphinx refusait de formuler la question.

On n'est guère avancés, lança l'homme sportif et moderne amateur de goûts naturels en réclamant un Bartissol.

Il a englouti la quiche en cinq sec. Sa fille a donné la langue au chat et vendu la terre précaire, environnée d'eau, à un gentil monsieur biscornu. Il a englouti la quiche en cinq sec.

Ne me parlez pas de kouign amann maintenant. (Reste-t-il du Bartissol au fond de la bouteille de Rivesaltes ? Pauvres orphelins, on prie par habitude.)

 

J'imagine vos bouilles.

C'était en 1963. Pas la peine de vous procurer ce nectar ; vous n'aurez jamais, à dîner, que des rustauds se contentant des apéritifs qui traînent et sévissent partout. (Du Bartissol !)

samedi, 18 août 2007

(.. .. mal)

Tu as petite mine. Est-ce d'avoir lu, toute la nuit, en prenant des notes, Crayonné au théâtre ? Chaque jour un croquis sert de dépôt à tes pensées, tes tourments, tes affres de la nuit blanche. Sur papier bible jamais même tu ne pourrais te passer de ce gros crayon à pointe grasse, presque un crayon de charpentier ou de boucher. Si, au réveil, épuisé des cauchemars où tu ne vois qu'alignements de corps calcinés ou de disjecta membra, passant au ralenti sur une autoroute, tu saisis, avant même la poêle pour le bacon et les oeufs sur le plat, ou la tasse de café d'Ethiopie, ce crayon et ses acolytes, tu sais aussi que tu as, indéniablement, petite mine.

Stan Laferrière simplement devrait se dispenser de chanter.

(ça va mal)

dimanche, 17 juin 2007

Comme d'un soufflet de forge

Depuis qu'Alpha (le nouveau surnom d'A. dans ces carnets) est parti, avec sa mère, pour une petite virée post-électorale au prieuré Saint-Jean du Grais, que nous n'avons encore pu visiter, car nous nous y sommes déjà cassé le nez quelques fois, il tombe, non des cordes ni des trombes, mais une pluie qui fut d'abord fine mais s'est progressivement épaissie, alourdie, tombe drue et grise sur les graviers de la courette. Ici, bien sûr, je garde Oméga, qui a un petit rhume sans gravité, mais, comme chez tout nourrisson, à surveiller.

D'aucuns de mes lecteurs auront pu s'imaginer que ma récente paternité est le motif principal qui m'a détourné de ce carnétoile. Ce n'est pas tout à fait faux, mais ce n'est qu'en partie vrai. (Now, how's that for Jesuitism ?) En l'occurrence, les premières semaines d'Omega coïncident avec un gros moment de surchauffe à la fac, ce qui m'a laissé peu de temps pour la lecture, et peu d'inspiration pour l'écriture. À plusieurs reprises, j'ai caressé l'idée de raviver la flamme de la rubrique intitulée Comme dirait le duc d'Elbeuf, et je pense d'ailleurs programmer quelques billets en ce sens pour la semaine prochaine. Peut-être le soleil, vert ou blanc étincelant, reviendra-t-il.

J'écoute le premier mouvement du Quintette à cordes KV 516, le thé infuse... et Oméga a fini par s'endormir, paisiblement, à la chambre d'amis, dans sa nacelle. La pluie tombe toujours plus drue. Rude dimanche à broyer de petits caractères et à se forger un passé. La pile toujours impressionnante des lectures à venir s'est colossalement renforcée ces derniers temps, et j'espère écoper un peu le tonneau des Danaïdes au cours de l'été. (Sera-t-il pluvieux en lectures ?)

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{{{ Une pensée pour Irène, qui met les bouchées doubles. }}}

dimanche, 20 mai 2007

Lu dans le marc

Je m'étire sans fin (fatigue).

"Mai tire à sa fin." (Abbés, p. 19)

 

Le 19 mai passé, sûr qu'on affine.

samedi, 19 mai 2007

Lèvres miennes

Il ne faut pas trop s'arrêter à l'érudition. Pourtant, tout se mêle en un maelström, et surtout ce polylogue :

Tu n'avais quand même pas l'intention de... ?

Si, dès le principe, janvier 2006.

Mais alors...

Il y a eu cette interruption dans la parution, donc aussi l'écriture en a pâti.

Donc, c'était tout ce réseau ?

Mein, mine, mien, tous les mots qui riment en -mine, tout ça ?

Oh, et bien plus encore.

Et bien pire encore.

Comme quoi ?

Des anagrammes, des boustrophédons, des étirements, des interpolations. Va savoir. Suffit de relire ce qu'il y avait déjà courant janvier 2006.

Ah ?

Le pluriel n'était pas du projet, seulement le mot mine lui-même.

Ah ?

 

Le grand prieur de Cluny en personne les accueille, il est grave. Il accueille Adémar de Chabannes arrivé en même temps qu'eux, Adémar reprend le fil de son récit à sa façon romanesque et rusée. Le grand prieur les réunit dans la basilique, etc.

(Pierre Michon, Abbés, Verdier, 2002, p. 69)

vendredi, 18 mai 2007

Minuscules, 1

Il faut beaucoup de résolution, c’est-à-dire aussi un œil résistant aux pixels en pagaille. Quitte à tout considérer comme réservoir, répertoire, bassin d’orage même – et même (surtout) ces revues, ces milliers de pages qui s’entassent en tous recoins et dont on pourrait, à chaque page ouverte, faire son miel – pourquoi ne pas prendre la tangente, comme le veut un stupide cliché contemporain, ou tracer en virant à l’oblique. (J’aime tant le vol des hirondelles.)

Ainsi, veux-je citer les premières phrases de l’article que Marie-Laure Delorme consacra il y a deux ans à Jean Rolin dans le Magazine littéraire, je me trouve à vouloir décrire le sourire qu’arbore l’écrivain sur la photographie (et qui, lèvres plissées vers le bas, est néanmoins un sourire de joie douce, nullement un rictus), à chercher dans ma mémoire si j’ai lu, de Jean Rolin, autre chose que La Frontière belge (à quinze ans, et alors n’y ayant pas compris grand-chose), mais aussi à tourner en tous sens ce mot-là, magazine.

Que les centaines de fascicules entassés me soient un réservoir, une cuve, gisement, carrière abysse, est-ce encore l'affaire ?

Qu’importe :

     Le style dit tout. Les phrases de Jean Rolin, remplies d’une multitude de « peut-être », de « ou », de « à tort ou à raison », charrient un monde miné de l’intérieur. Minuscules bouts d’humanité comme tombés de la marche du temps. Entrez donc dans un univers incertain.

 

Il y avait là, dans le choix de ces clonages (ou plutôt, de ces boutures), l’envie d’en revenir à ce qui me possède (et non à ce qui m’appartient), renversement éminent de tout désir du possessif. Faire mien ne m’intéresse pas.

jeudi, 17 mai 2007

Journées dionysiennes, [16]

Mercredi 2 mai, sept heures et demie du matin.

          Je me suis réveillé il y a dix minutes, ce qui n’est pas mal finalement, après une nuit courte mais pas trop entrecoupée de réveils : la rue n’est pas calme, medium_Saint_Denis_2_mai_2007_008.jpgil n’y a pas de volets et je suis obligé de dormir avec un traversin extra-plat (que j’ai quand même réussi à surélever grâce à une couverture), et donc, au su de ces trois facteurs, ce n’est pas mal d’avoir à peu près dormi six heures (d’autant que, lisant cette nuit le Journal de Travers II, je me rendais compte que je ne m’endormais absolument pas !). D’ailleurs, il m’est venu hier matin, à propos de ce journal, une idée de parodie, ou de décalque, assez farfelue : comme nous approchions de Beaugency, nous avons traversé la petite commune – laide ou insignifiante, à ce que nous en avons vu – de Tavers, ce qui permettrait, qui sait, de rédiger quelques entrées d’un Journal de Tavers… non ? après vérification sur le Web, hier après-midi, j’ai appris qu’il y avait trois dolmens aux noms charmants (mais déjà oubliés de moi) sur le territoire de Tavers.

          (Plus haut, j’ai écrit « traversin », mais je me demande si ce n’est pas plutôt un polochon.)

mercredi, 16 mai 2007

M qui signifie les Mines

Déjà, quand elle descend la rue de l'Église, les mères font hâtivement rentrer leurs enfants, avec des mines sombres et inquiètes.

Dans la glaise je descends.

 

Réinventant la roue, je me vautre.

 

Le M qui signifie les Mères (heeeeeeein ?).

 

Du moment que j'ai toujours, à mon casque, son plumet, je resterai fermement sédentaire dans le territoire du crayon.

mardi, 15 mai 2007

Toupet d'étoupe

Il est surprenant qu'une expression aussi fréquente que le livre des mines (qui donne son titre à ce fil) ne soit quasiment jamais employée. Naguère, j'ai pourtant vu, sous son apparente simplicité, se dessiner d'innombrables polysémies. Peut-être était-ce aussi sous l'influence du sonnet de Baudelaire, Le mauvais moine ? Non, je dois être en train de reconstruire à partir des virages récents qu'a pris ce projet d'écriture.

On s'interrogera sur les enluminures du mal. Il rejette le capuchon, elle voit la tête d'étoupe.

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Il peint les signes du sutra en trempant dans l'encre la queue du chat, placide, puis le disciple furieux, de la pointe du couteau dont la lame lui entaille la paume, grave les signes dans les planches du ponton, avant que, plus apaisés encore que le chat à la queue irrémédiablement noircie, les deux policiers n'aident le maître à peindre le creux des lettres de multiples couleurs (orangé, mauve, bleu, vert), en contournant délicatement le corps endormi du disciple épuisé.

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Vingt-sept tirets froissés, le temps de compter les billets. La guichetière prend son temps, et dans la file d'attente on s'impatiente. Guillaume est trop blond et sa colère galope comme le feu.

Ah, vous rédigez intégralement vos exposés ? C'est une très mauvaise habitude ! (Mais c'est un très bon travail.)

"Le roi prie, déjeune, termine sa toilette et est habillé." : celle-là, je vous la piquerai pour mon Livre des mines (auquel il est question que je me remette sérieusement).

Louis XIV. Abbés, p. 20 et p. 10.

 

C'était griffonné au dos de la fiche d'identification d'une certaine Camille Dugenoud. Demain est un autre jour. On comptera les saisons, et surtout on en reparlera, puisque la question même des sept âges de l'homme, des quatre saisons de l'existence, et autres fariboles ejusdem farinae, est au creux du corps du projet.

vendredi, 11 mai 2007

Maldonne

Tu es têtu, Malamine ; écoute ton père, Malamine...

Dans son boubou blanc, il trouve encore le monde trop compliqué. Trouver mon cadavre en travers de la porte.

Malamine est devenu fou.

 

Aller frapper à la porte de la muette, mettre la case à feu. Le corps à sang se repose sur des charbons ardents. Vous n'avez qu'à retrousser vos pensées, et que la pierre traverse aussi le fleuve.

C'était le 13 avril, à quatre heures de l'après-midi.

Maudit soit le nom de celle qui fut violée. (Also sprach...)

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... billet qui devait (ap)paraître ce matin à cinq heures, mais le 31, non le 11, avait été (malencontreusement) coché. Pour ne rien dire des diverses mauvaises, bonnes ou tristes mines que je ne cesse de rencontrer, d'origine ou en traduction (mais une traduction est un texte original), depuis que j'ai commencé d'écrire Le Livre des mines, il faudrait s'aligner sur ces zooms avant trop brusques et (dis)paraître de l'écran.

mercredi, 09 mai 2007

Journées dionysiennes, [5] : la caravane passe...

Nous passons (notre train passe) près d’un gigantesque dépôt de carlingues de poids lourds. Mon œil a été attiré par plusieurs cabines Intermarché rouillées à la file.

Désormais il est question de Budapest et de Pec, entre les deux garçons.

medium_Saint_Denis_2_mai_2007_004.jpg(J’ai de plus en plus de mal à concevoir que ces garçons puissent être si unanimement « jeunes catholiques » : histoires de trafics de jeans Lee Cooper entre l’Europe de l’Est et la France, etc. Ce n’est pas incompatible, me dira-t-on.)

« Comme on s’emmerde à mort en école de commerce, il faut bien voyager, hein. Voilà pourquoi le Maroc. »

(Ah si, quand même, un voyage de 40 jours au Laos, en mission humanitaire avec Sœur Je-ne-sais-quoi et l’O.N.G « Enfants d’Asie ».)

« Nicolas Ducret et Marion Veneault. Le frère de Marguerite n’a que vingt-deux ans, a fait le tour du monde en vélo. Nicolas aussi d’ailleurs. Ça a pété mais ils ont écrit un bouquin. » (Je ne comprends rien mais je note par bribes, pour vérification ultérieure.)

15:20 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne, écriture, Journal

mardi, 01 mai 2007

Memini

Il y a un an, il était question, dans un échange épistolaire entre ma mère et moi, de La Buveuse de Pietr de Hooch. La table de la cuisine est recouverte de trente-deux carreaux bleus (selon un schéma classique de huit sur quatre), et bordée de bois. Les carreaux répondent à ceux de la paillasse, à droite de l'évier. C'est une cuisine où j'ai vécu mon enfance. Il y a un an, il était question, dans un échange épistolaire entre ma mère et moi, de La Buveuse de Pietr de Hooch. Dans la caravane, à l'été 1986, quelque part entre la Bavière et le Baden-Würtemberg, j'avais photographié ma mère avec, à la main, cette colossale chope. Je me rappelle aussi des palais et folies en coquillages, théâtres de pierre, d'eau et de verdure et surtout pas du meilleur goût. Il y eut aussi quelques parties de badminton avec de jeunes Néerlandais et des adolescents allemands, toujours roux, peu ou prou. Il y a un an, il était question, dans un échange épistolaire entre ma mère et moi, de La Buveuse de Pietr de Hooch. Nous avons parcouru, à longues enjambées, par un soleil printanier, les allées poussiéreuses du Parc de la Haute Touche, où il était question d'installer les pauvres ours du Jardin botanique de Tours. Nous avions passé la matinée à nous promener près des étangs de la Brenne, dont celui de la Mer rouge. Nous nous étions cassé le nez au château de Nailhac. Il y a un an, il était question, dans un échange épistolaire entre ma mère et moi, de La Buveuse de Pietr de Hooch. Cela, je me le dis sans cesse, il ne sert à rien de le ruminer, même en flânant dans les abbayes vidées de leurs moines, les rues grises ou sales où l'on ne voit rien d'autre que chats dépenaillés ou chiens abandonnés...

mardi, 17 avril 2007

Mardi craves

À midi tapant, j'ai observé le manège de quatre corbeaux (une corneille, un freux et deux choucas) qui fouaillaient et arpentaient de concert un champ fraîchement retourné le long de l'avenue Daniel-Mayer. Il est rare de voir les trois espèces ainsi réunies, dans un semblant d'harmonie parfaite.

Pendant que je nettoyais les vitres des pièces du premier étage, je voyais, comme dans un cadrage que traversait énergiquement le chiffon vert clair, A. et son ami M., venu pour l'après-midi, vaquer à leurs jeux, dans le jardinet. Les camions benne ne transportent pas tous de la terre ou du gravier. Au déjeuner, on a évoqué les chocards et les craves.

Il y a quinze mois, à vue de mémoire, j'avais publié une série de photographies de l'avenue Maginot. C'était lors de la précédente vidange (j'ai un peu tardé).

Julien Jacob à Jouy-en-Josas

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Ce fut un des jours les plus importants de sa vie. Un public enthousiaste, dans la salle des fêtes, très moderne, de Jouy-en-Josas. Des spectateurs et des spectatrices venus le féliciter de son concert, et de sa démarche musicale.

On ne parlera pas de ‘déclic’, car le déclic avait eu lieu bien longtemps avant, quand, humant, fredonnant, éventuellement hurlant, il s’était dit qu’il pourrait un jour faire un disque dans une langue semi-inventée, faite de sons recherchés et d’apparents borborygmes. Un journaliste malin (était-ce des Inrockuptibles ou de L’Echo des Savanes) avait parlé de ‘borborythmes’. C’était un peu idiot, mais assez vrai.

Donc, ce jour-là, dans la salle des fêtes de Jouy-en-Josas, Julien avait fait le plein. Le plein de spectateurs et le plein d’émotions. Un trop-plein, quasiment. Il avait chanté de sa belle voix, plus assurée que jamais, avec Les Messieurs, ses deux acolytes, à ses côtés.

Ce soir-là, il avait choisi de commencer, comme dans le disque (et contrairement aux quelques autres concerts), par l’incantation

Wol wol Wol métil donmé

Ya wol métil don

Wol métil donmé

 

Il avait commencé sans musique, à voix basse, a capella, dans une quasi obscurité, pour capter l’oreille. Et, de là, tout s’était enchaîné comme par enchantement. La musique avait quelque chose de magique. Il se souvint de son père, qui parlait si bien des rites qu’il avait connus enfant. Jamais pourtant il n’avait trépigné. Pour démentir un peu certains propos exagérés entendus ci et là. Il était resté digne, se cantonnant, pour l’envoûtement, aux seules vibrations, aux seules variations de sa voix.

Il avait pensé au premier cri poussé, il y avait juste trente-six ans de cela.

 

G.C., 21 mars 2001.

jeudi, 05 avril 2007

Lire Renaud Camus, c'est renversant

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Techniquement, pas un autoportrait. Peut-être le trucage vaut-il "autorité" - ou l'appropriation, dans le style Nouveau Nouveau Roman, propriété intellectuelle ?

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Assommé sous le travail et les basses tâches, accaparé aussi par trois autres lectures en cours, je n'ai guère avancé dans le Journal de Travers depuis dimanche : hier soir, je devais en être aux alentours de la page 300 (soit même pas au cinquième de l'ouvrage (certes volumineux)). Or, ce que je voudrais noter ici, en toute hâte, c'est qu'une fois encore ce qui me séduit, dans la fréquentation de cette vaste oeuvre, c'est le démon de l'association, que je partage pleinement avec Renaud Camus. J'entends par là que la passion de R. Camus pour les signes et leurs métamorphoses, mais aussi pour les croisements formels les plus inattendus, rejoint la mienne ; mais, par ailleurs, immanquablement, à peine ouvert un tome de son journal, les coïncidences commencent à pleuvoir. Ainsi, ai-je passé trois heures à écumer et esquiver l'exposition Objet Beckett samedi avant de me rendre à la présentation du Journal de Travers ? Y ai-je écouté un entretien avec Raymond Federman ? Y ai-je admiré les différentes phases de la collaboration entre Beckett et Jasper Johns pour Foirades / Fizzles ? Eh bien, dans les 150 premières pages du Journal de Travers, il est question du retour de Jasper Johns à New York après sa collaboration avec Beckett, mais aussi d'un des livres que les éditions Denoël soumettent à Camus pour qu'il en fasse un compte rendu... livre dont l'auteur n'est autre que Raymond Federman. Que le patronyme de Federman signifie homme de plume, ou que le nom de Jasper Johns se prête à d'eventuels onzains acrostiches, n'est pas non plus étranger à cette vertigineuse empoignade dans le monde des signes.

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ARC-SEIN : RACINES

(Nous ne faisons que nous entregloser.)

mardi, 03 avril 2007

Le Lys d'Or, mardi dernier, 3

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Dans les prés fleuris cueillir la violette. Essaie d’attraper en fait le socle violet de la pyramide. La couverture du petit livre rose tout au fond contre le mur ressemble beaucoup à celle de : The Body in the Mind dont Mark Johnson est l’auteur. Cette teinte violette est reconnaissable entre toutes. La rose absente de tout bouquet. J'étais aussi sur fond noir, colonne violette. Je finis par me décider.

Binocles, centons, proffance ; ceci est un billet bipartite.