mercredi, 15 juin 2011
Le raturé
/ 13 juin
Un serpent rouge (Jean III) est lové sur notre lit. Je ne sais pas où est Robin.
De questions en omissions, mon cher monsieur, vous avez laissé moisir la croûte. Et vous voici à multiplier les ratures sur vous-même. Ce ne sont pas de simples coups de griffe. Même le tatouage est moins douloureux, moins durable.
Le raturé ne répond pas, il avait sa scie sous son bras.
On entend du larsen, mon cher monsieur – ça ne vous casse pas les oreilles ?
Le serpent rouge et le serpent vert sont étonnamment immobiles. Robin appelle de toutes ses forces, mais lui aussi se crevasse, appelle la main délicate et minutieuse du restaurateur. Il ne m’a pas aidé à trouver de reproduction du tableau, ni le musée où il se trouve. (Du coup, d’un coup, pour ce coup-ci, je me suis senti autorisé à illustrer le fouillis, la vieille vieillerie, d’une photographie que je pris moi-même, aux aurores, en septembre, il y a neuf mois, et de guingois. Pourtant, je n'ai pas décrit ici la photographie, ni ne m'en suis inspiré, puisque je l'ai choisie autrement, après coup. N'ayant jamais vu Le raturé non plus, rien n'a pu m'y faire mordre.)
L’air est encore gorgé d’eau. La terre, elle, désespérément, est asséchée.
Des coups de ciseaux biffent les nuages, les crevasses mettent la gomme, et le balai, fiché poils en l’air comme un étendard, semble nous toiser d’un air goguenard. La meute griffe le ruisseau, le cerf est aux abois. Paris ne répond plus, et Charleville non plus.
L’air est encore gorgé d’eau. Dans la boue craquelée qui a oublié jusqu’à son nom, j’ai retrouvé une scie disloquée.
Pourquoi ne répond-il pas, pourquoi ne répond-il jamais – le raturé ?
(Fin programmée. Fin programmée. Fin programmée. Fin programmée. Fin programmée.)
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samedi, 11 juin 2011
L'Allègre
Lassé par d'autres âpretés, vous renoncez aux climats. Ce n'est pas au Mercantour, ni dans le Limousin que vous avez vu venir la victoire. Prise au dépourvu, la meute a donné de la voix, mais ce sont toujours les mêmes ondées, les mêmes nuages secs, les mêmes rosiers cabotins qui s'éternisent sur des pentes gravillonneuses. D'où que viennent les voix, vous ne parvenez à les entendre qu'étouffées. Si le mâle dominant est comme vous, il vous faudra rencontrer de nouveaux échecs, et, après les climats, renoncer aux humeurs.
02:00 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 24 mai 2011
Jardin de vite quitte
Sur le parterre transformé pour l’occasion en boulodrome, les garçons, brutaux et joueurs, s’amusent à lancer les boules le plus fort possible – pour renverser les quilles.
Zyeutent les filles. En coin.
Tout ça ne débouchera sur rien. Dormez sur vos deux oreilles. (Vous : parents ; pudibonds ; vertueux ; journalistes particuliers.)
Du square planté de saules et de gynériums, les garçons cavaleurs, encore enfants, ont déboulé le plus vite possible. Alerte à la patrouille.
Filez fissa, j’ai rien vu.
13:06 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 23 mai 2011
Champ inframental
Ce qu’il voit n’est pas ce qu’elle voit n’est pas ce qu’on vit n’est pas ce que tu veux n’est pas. Ce qui n’est pas n’a pas d’existence n’a pas de substance n’est pas sans être n’est pas sans s’avérer n’est pas sans poser quelques légitimes problèmes de substance. Ce qui est substance n’est pas essence ce qu’elle voit ce qu’il voit ce qu’on voudra comme on vit comme on veut comme on ne sait rien mieux vaut se taire. Ce que l’on tait n’est pas ce que l’on assume n’est pas un refus de s’exprimer n’est pas le mutisme n’est pas le chaos n’est pas un cataclysme – est-ce le mutysme ? – ce n’est pas et c’est le silence. Ce qui s’isole n’est pas ce qu’on immole n’est pas ce qu’elle adule n’est pas ce qu’il abhorre n’est pas ce qu’on hait n’est pas ce qu’on est. Ce que l’on naît n’est pas ce que l’on devient n’est pas ce que l’on soutient n’est pas ce que tu tiens n’est pas ce qu’elle craint n’est pas du tout pas pas du tout non pas du tout pas moindrement pas ce que pas ce qu’il pas ce dont n’est absolument pas ce dont je me souviens.
09:31 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 08 avril 2011
Aires aux moires
Pas de risée qui passe, plissant de vaguelettes le miroir poli des eaux et historiant le sable d'or des fonds de capricieuses moires, sous l'ombre des eucalyptus et des mélaleucas, les cases de ces échiquiers funéraires.
Le plumage lustré de satins et de moires,
Les corneilles, oiseaux placides et dolents,
Parmi les champs d'hiver, que la neige a fait blancs,
Apparaissent ainsi que des floraisons noires.
Elles pourraient l'une et l'autre se préparer aux thalysies, sacrifice où l'on offrait à Bacchus et à Cérès les prémices de la terre, pendant les fêtes Haloënnes ou des Aires. Il hocha sa tête lisse où le jour courut en moires bleues. Madame Léonce faisait son ménage, gardait les clés des armoires : Estos gemidos se repiten en el cielo, en el mar, en los aires.
Elle prend les toiles fines, les batistes, les linons, les dentelles, les soieries, les velours, les moires, les joyaux. C'est avec une telle modification que l'homogénéité existera dans les équations, où l'on devra alors, si elles sont algébriques, estimer le degré de chaque terme, en doublant les exposans des facteurs qui correspondent à des aires, et triplant ceux des facteurs relatifs à des volumes. Quand les mannes s'étalèrent, Florent put croire qu'un banc de poissons venait d'échouer là, sur ce trottoir, râlant encore, avec les nacres rosés, les coraux saignants, les perles laiteuses, toutes les moires et toutes les pâleurs glauques de l'Océan.
10:21 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 04 avril 2011
Au boudin mystique
Ce n'est pas d'avoir vu, dans le casier des ouvrages réservés aux abonnés dont le nom commence par un C, l'exemplaire sans doute neuf de Ce qu'aimer veut dire, ni d'avoir écouté le double concerto pour piano et clavecin d'Elliott Carter, ni d'avoir égaré les yeux, un instant, sur la phrase mythique
may one be gay upon the Encantadas ?
en cherchant autre chose (toujours autre chose), ni d'avoir planché sur potentiel thorique, potentiel réel et charges d'enseignement..... ni de tomber dans l'oubli demain (pâte épaisse, carambolage de tumultes), peut-être alors d'être du genre à proposer, en traduction
a-t-on le droit de se faire enfiler sur les Îles Enchantées ?
(Oui, je sais.)
16:01 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 08 mars 2011
Grouloulou
Anthony Perkins, portant le plateau, se dédouble dans la vitre. L’acteur a 38 ans, moi 36. À moitié moins, peut-être.
« On comprend mieux, écrit Murielle Gagnebin, l’angoisse qui saisit tout spectateur devant les détritus d’un Bettencourt comme face aux figurines spongieuses d’un Dubuffet. » (Fascination de la laideur, édition de 1994, p. 208)
Même après avoir lu ce qu’elle en dit, je ne comprends pas mieux. Et, spectateur moi-même, y revenant encore et encore, je ne suis pas plus angoissé, si ce n’est d’avoir lu le texte de Murielle Gagnebin et de m’imaginer anormal de ne ressentir que joie et hilarité, et pas l’ombre d’une angoisse.
5 h 15. Crise d’éternuements, ou plutôt grand besoin de me moucher, encore et encore.
05:35 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (2)
mardi, 01 mars 2011
Caille en terrain pierreux
Tout part d’un chiasme boiteux : Pierre est un aigle, et la perdrix est en caillasse. Tout poète qu’il soit, il n’a pas appris à se méfier des chiasmes, ni des anaphores ou hyperbates d’ailleurs. On le prend en photographie, on le filme en train d’écrire ; ses moindres mouvements sont décomposés lorsque le film passe au ralenti, pour une salle de cinéphiles qui n’ont jamais vu son profil, jamais lu une ligne de lui, jamais entendu son nom, jamais (peut-être) ouvert un volume de poèmes. Lui, qui regarde aussi, se fait l’effet d’une lingère en train d’étendre des torchons sur un fil, entre un poteau lisse et un troène. Il ne sait pas pourquoi cette image lui vient à l’esprit – il sait à peine qu’il la gardera pour lui et n’en fera jamais état dans un poème. Certaines choses sont trop douloureuses, même pour le lyrisme. Alors, ni une ni deux, ni chiasme ni épitrochasme, le poète croise les bras, affiche une mine perplexe. Et si enfin l’inspiration revenait, pour peupler des pages vertes ? Si les doigts crochus alignaient de nouveau d’ineptes pattes-de-mouche ? Ce serait trop beau, n’effrayons pas les parenthèses – deux sortes de pierraille : chemin de la Mâture, chaos de Nîmes-le-Vieux. Alors, le regard de l’apôtre vous fixe de très haut, un point dans le ciel qui ne demande qu’à descendre en flèche sur l’alouette amoureuse, ou la gourde du pèlerin.
05:55 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (2)
vendredi, 25 février 2011
Sauve-qui-peut-en-Morvan
Où l’enfant se sera-t-il enrhumé, et où le vieillard ?
Quand l’œil se sera-t-il bistré, et quand la paupière ?
Autant de questions que pose, à notre regard, le grain stérile qui fait rigole. Les traits d’union, que moi-même je persiste, par lapsus systématiquement corrigés (au point de faire sourire narquoisement, et je les comprends, mes étudiants), à nommer tirets, forment une cartographie à part, mais pas sur Google Maps.
Il souffle, sur nos frimas, un vent de mort.15:55 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 22 février 2011
Dinguet Flibuste
Quoique je n’aie pas vraiment lu ce que Vialatte a écrit au sujet de Dubuffet, je ne laisse pas de m’étonner de la formule « la forme inhumaine de l’Australie », peut-être parce qu’enfant, j’étais toujours consolé, ou apaisé, ou heureux, en regardant le quart sud-est (en bas à droite, c’est ça ?) de la mappemonde qui était accrochée au-dessus de mon lit (et où se trouvait l’U.R.S.S. etc.). Encore l’histoire de l’œuf et de la poule : la flemme de chercher si le roman de Pinget, Graal Flibuste, est postérieur ou antérieur à Dinguet-Flibuste de Dubuffet. Graal Flibuste est l’un des rares textes décevants de Pinget, mais je m’en souviens trop mal pour savoir encore pourquoi.
Ai-je d’ores et déjà une mémoire en papier mâché ?
(Il y a vingt ans, peut-être, ma mère a cessé de crever les points noirs sur les marouflures de mon visage. L’œuvre et la foule |||L’Emploi, mode de vie.)
16:00 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 05 février 2011
L'Arbre candélabre
Entre autres merveilleuses résolutions que je finirai bien par prendre (fût-ce bien après la saison des résolutions) et même par traduire en actions concrètes, 2011 (au moins en sa fin) devrait (et déjà je sens que la syntaxe de cette phrase qui en est à sa troisième (4ème) parenthèse ne sera pas seulement complexe, mais même carément solécistique (solécique ?)) me voir relancer des chantiers de traduction, et même de menus projets de recherche.
On ne se lasse jamais des rengaines du type qui voit le temps lui échapper, sur son clavier.
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Depuis hier soir, j'ai lu deux brefs romans de Sébastien Doubinsky. Il s'agit de tourner la page. I'm a great page turner, yet I'm not a book - who am I ? Tourner la page, et la saison des énigmes ne succède pas pour autant à celle des bonnes (ou merveilleuses) résolutions. Je me suis interrompu, afin d'écrire ce billet, dans la lecture du plus bref encore dernier texte paru de Sébastien Doubinsky, car le début du roman me met en mémoire trois choses :
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le recueil fabuleux de Michael Ondaatje, et la communication pitoyable que je lui avais consacré en juin 2002 (2003 ?) lors d'un colloque de poésie à Paris-VII
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les débuts de Début (Nathalie Quintane)
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mon peu de souvenirs du Jutland, et plus généralement du Danemark (hormis livresque, peut-être) - j'ai visité le Danemark en famille à l'âge de treize ans
De fil en aiguille, je me pose plusieurs questions essentielles, cruciales, a matter of survival : que sont devenus Vic Moan et Fred de Fred ? Baule est-elle une commune plus attachante que La Baule ? quand penserai-je à remettre sur ma boîte à lettres une affichette interdisant le dépôt de prospectus ?
14:37 Publié dans Blême mêmoire, Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (6)
samedi, 01 janvier 2011
L'oiseau merveilleux, dans le formol
Ce sont des bocages. Tout se désagrège.
Rouges violents, j'imagine alors les carrés oculaires de Paul Klee. Mais cela n'a rien à voir ! Pourtant, l'hallucination persiste. Ce livre, comme d'autres, doit reprendre son envol. Alors, quoi ? les carrés, les formes vagues et aiguës, les trublions rigolos ? N'est-ce rien, tout cela ? Vous ne dites rien, mais je lis des réponses hostiles sur vos lèvres.
Y a-t-il un bonheur ici-bas ?
18:45 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 19 octobre 2010
Allées et venues
Rubans, hachures, visages, contreforts, flagrants délires rayés et zébrures infinies ---
Mots, vertèbres, coussinets de mammifères ---
Perte de temps à toute vitesse, et véloce à perte de vue ---
Chaînes, moyeux, essieux, délires en longues lignes ---
Taraudant l'oeil, verticales venues, allées en zigzag, de guingois, en fouillis, par chaos ---
Espèces de soliloques ---
Vie des fourmis, vie des ridules, vie des rideaux, vie des étoiles, vie des vivants ---
Grouillant, comme des monologues ---
Espaces fermés ouverts, allées et venues en chair et en huile, passions égales de mirliflores.
05:15 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 17 octobre 2010
Ler dla canpane
Non, vous ne m'aurez pas. Pas à ce jeu. Pas à chercher la petite bête : tu as cru pendant deux ans, stupidement, parce que tu n'avais pas réfléchi deux secondes, que dans le titre Mine Boy, le premier mot était un pronom possessif, archaïsme argotique pour my -- avant de comprendre, à peine le livre acheté à Oxford, la couverture orangée devant les yeux, qu'il s'agissait d'un roman prolétarien sur le monde de la mine, une sorte de Germinal africain (aussitôt les poncifs, tout aussi irréfléchis, pleuvent).
En page 27, c'est la Tordue...
La folle tordue ? Where have you stored shoved your gaydar ? ça ne m'amuse plus, tu penses...
Bref, vous ne m'aurez pas. Bref, tu auras écrit 128 fois "Bref" pour n'en plus finir, t'appesantir dans plus de deux mille billets, en cinq ans chrono c'est un long lustre, et allonger le pas, toujours, quand la ville s'endort. Vous ne m'aurez pas, et vous me verrez me tutoyer moi-même, ondoyer dans l'air en cendres, c'est le comble de la rustauderie, de la rusticité : a rustic => un péquenot ? un plouc ? un jacques ? (383, palindrome, tout ça juste pour "the rustics", et encore je n'ai pas regardé l'OED -- non, mais).
Ce qui donne, et le bon air vous va bien, que le Ciel vous bénisse et vous fasse le noeud le nez comme j'ai le trombone à coulisse la cuisse :
The next moment, in the plain dress of rough brownish cloth, which he always wore except upon state occasions, he followed the fool to the gate, where he found him talking through the wicket-grating to the rustics, who, having passed drawbridge and portcullises, of which neither the former had been raised nor the latter lowered for many years, now stood on the other side of the gate demanding admittance.
Tout de même, 383 ! On doit être bien, dans vos Eglogues. (Et dans tes étagères à mégot, hé, cafard ?!!?) Parlez-en à Martin Buber. Mehr Licht !
dimanche, 26 septembre 2010
Tout le monde s'entitre
Réveillé en plein coeur de la nuit, tiré de l'insomnie même, cauchemardant des insolences, brûlé à vif par de souterraines terreurs, happé par le halo fragile de la lampe, croyant voir des goules ou les entendre, avec leur accent glaswegien à couper au couteau, il repose (ne repose pas : étouffe, s'offusque, halète) sur un matelas strié qui prendrait bientôt des allures de pluie violente s'il l'hallucinait, et redressé sent son coeur se soulever ; même les linges arrachés du buffet ne le consolent pas.
A-t-il trouvé le temps de se pencher sur l'innocence des formes noires ? A-t-il conçu quelque vaste (vague) projet de cycle romanesque en douze tomes (tous les titres devaient commencer par la syllabe RI - cela a fait chou blanc, long feu, it's petered out all right) ? A-t-il déployé ses regards jusqu'à la commode, puis la porte, jusqu'au buffet où dorment les couteaux ?
(On ne le saura pas.)
Artur Barrio (1945 - ). Sans titre, 1987.
08:45 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 28 juin 2010
Ermitage en pays gluant
À chaque repas, il racontait avec enthousiasme ses promenades. Une odeur fade flottait en buée sous le plafond bas et sombre. Je la verrai toute ma vie. (A droite, bosquets à travers lesquels on aperçoit l'entrée.)
Après les premières foulées sur ce sol particulier, il raidit, en une retombée adroite, ses quatre jambes nerveuses et se mit à glisser, ainsi planté, sur ce sol gras, où ses sabots sans fer creusaient des rainures. J'avais une peur spéciale des courtilières qui ont un corps long [...] et deux antennes sur la tête, et qui jouissent dans le monde agricole d'une réputation détestable. (M. de Labrador, ambassadeur d'Espagne, homme fidèle, parle peu, se promène seul, pense beaucoup, ou ne pense point, ce que je ne sais démêler.)
(Le torrent se divisait en plusieurs ramifications, et son cours semblait se perdre dans la plaine.)
Sur la pierre du milieu, entre l'enfant et le vieillard, moisissait le corps d'un beau jeune homme déjà saisi par le violet de la mort. Ce masque qui semblait visqueux se modelait dans les reflets de la nuit. (Derrière lui ont disparu les hommes, les chevaux et la meute.)
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Si vous ne comprenez goutte à ce texte, il vous reste toujours les huit liens interactifs...
(Mais à qui je parle.)
12:12 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 25 juin 2010
Vache au nez subtil
Si je pouvais seulement tenir cette rubrique à jour chaque jour, si je pouvais me trouver nez à nez avec mes années, si le monde n'allait pas à vau-l'eau, si je ne cessais, dans l'obscurité du bureau, de confondre le signe ( avec le signe -, tout irait mieux, pensait-il après avoir justement (injustement, gauchement, maladroitement) écrit orait à la place d'irait. Les prières des saints ne coulent pas aux fontaines. J'aimerais que Margot, pour ça aussi, me réponde, que je ne sois pas contraint chaque jour à faire le pied de grue en l'attendant, tant et si bien que deux vieux et même une très jolie jeune femme ont fini par me demander "c'est combien ?" ! (J'explose.) Il pensait exploser, et disait j'explose, écrivait j'explose, n'explosait pas, continuait d'écrire... et le petit insecte quasi microscopique de trottiner toujours entre les lettres de l'écran et l'éclairage pas public. Tout joué au pif, j'ai vraiment eu le nez creux. Tout fait en cachette, j'ai somnolé, et pas pour rien. J'explose, écrit-il derechef.
07:07 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (1)
lundi, 07 juin 2010
Cerises au fumeur
La rue Briçonnet faisait grise mine. L'école maternelle, non loin, bruissait de cris. (??)
Squelettes joviaux, gris aussi, grattés, comme d'amiante. (Tout de même, mon pauvre amiral, tu ne t'appliques pas. Tu déroches l'échelon, tu mets la main au pannetone, et à l'arrivée tu jubiles comme un aimant, pfffffffff...)
Votre monde ne me ressemble pas, ce que j'aime en lui -- en vous.
13:16 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 19 juillet 2009
Centon caennais
La Madone du futur. ¤ Patti Smith, land 250. Canisy. Picasso et les maîtres. Qu'est-ce que l'art abstrait ? ¤¤¤¤¤ Nous qui désirons sans fin. L'invention de la nature. Les Jardins. La porte des Larmes. ¤¤¤¤¤¤¤¤¤ Emaux du Moyen-Âge occidental. Alfred Hitchcock. ¤ Nouvelles du monde. Adios. Chronique de la ville de pierre. ¤ Avec le temps. Léger. Walter Benjamin, une vie dans les textes. Entrée en matière. ¤¤¤¤¤ Les étoiles froides. Les cinq sens. Lipstick traces. L'hérétique. ¤¤¤ Journal. Jane Austen et le révérend. Avedon An Autobiography. ¤ Picasso et les maîtres.
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mardi, 04 décembre 2007
Le Vieillard et la mer
Jacques Fourcade, libraire rue de Rennes, lui fait lire Le Vieil homme et la mer d'Hemingway (qu'il intitule dans son cahier de notes de lecture Le Vieillard et la mer, erreur inattendue de transcription chez un lecteur si sourcilleux de précision.)(Jakobi, p. 153)
16:10 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 01 décembre 2007
L’égaré
C’est un timbre de l’année 1985, peut-être ma première approche – mon premier souvenir de Dubuffet. En 1985, on m’a offert mon premier “Pléiade”, le tome 1 des œuvres d’Eluard, avec le poème pour « Monsieur Dubuffet », mais je doute de m’être beaucoup renseigné sur le peintre à cette occasion-là. (De plus, en y songeant bien, je me dis que le poème en question doit se trouver dans le tome 2, qui couvre les années 1945 à 1953.)
Aujourd’hui, cette image mélancolique quoique chargée d’une joie profonde suggère le plaisir que j’éprouve toujours à lire – et à traduire, si tant est qu’un éditeur un jour veuille bien de ma proposition de traduction de The Witch Herbalist of the Remote Town – les romans d’Amos Tutuola. En se perdant, en s’égarant, en suivant le flot (comme pour Saint-Simon) ou les ressassements (comme avec Thomas Bernhard), on signe sa propre lecture, son oubli profond, sa terrible reconnaissance, sa vraie jouissance.
11:47 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Art, écriture, Littérature
vendredi, 30 novembre 2007
Parachiffre XLIX
Quarante-neuf rues où s’abîmer en rêveries. Quanrante-neuf plongées dans les abîmes de la nuit. Quarante-neuf secondes pour voir d’un seul coup apparaître la phrase précédente à l’écran, de longtemps tapée (quarante-neuf secondes). Quarante-neuf mots alignés pour servir de parade nuptiale au bleu gris. Quarante-neuf visages perdus dans les décombres d’une mémoire inutile, blasée. Quarante-neuf stratagèmes d’écriture qu’on ne comprend pas soi-même en se relisant sept semaines plus tard. Quarante-neuf oursons à la gomme, de couleurs vives et diverses, ornaient ce matin le trottoir (ça change des merdes de chien). Quarante-neuf sourires nous ont adouci le réveil, avec ta main que je serre doucement dans la mienne. Quarante-neuf trottoirs à pleurer des diamants. Quarante-neuf tartines griffonnées, sans ce gris bleu je ne suis rien.
10:33 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne, Art, écriture
lundi, 26 novembre 2007
Banque des équivoques
C'est rigolo d'avoir des 7, c'est rigolo d'avoir des 8.
Des 97 zones hachurées de rouge, seules quelques-unes peuvent être, avec quelque légitimité, qualifiées d'enclaves. Les sept fragments de nuit qui attendent que les yeux se ferment, de fatigue, pour envahir le tableau ont tout de voies sans issue. Ce que l'on voit au fond des puits quand on se penche ensuite.
Mon fils aîné est fou de batailles, et pas seulement chevaleresques.
Bien entendu, un bonhomme de neige déguisé en banquier se dissimule dans le paysage, avec les filles des pommes de terre, effilochées, qui attendent que les yeux se ferment pour en prendre de la graine. La neige gagne ces espaces à grands coups de canon, à grands renforts d'apéritifs raffinés. Ce que l'on voit au fronton des mairies quand on rêve de forêt vierge.
On attend de voir le dessous de jugeotte.
18:25 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : Ligérienne, Art, écriture
dimanche, 25 novembre 2007
Métro
Trois dames à tricorne napoléonien croisent des mains pareilles à des tentacules. Trois dames à voilettes vertes de dimensions différentes, et dont les visages se vêtent de reflets, nous regardent sans sembler savoir qu'elles ont des voisines. La plus timide est la muette. La plus audacieuse est la moins belle. La plus douce est embarrassée par ses quilles.
Rauchen verboten.
Un carrousel au fond inaugure l'espace.
20:10 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 23 novembre 2007
L'Instant propice
Amplement temps reprendre chantier. Un peu de rouge dans la titraille [...] n'aurait peut-être pas été mauvais.* C'est toujours l'instant propice, et ce n'est jamais le bon moment.** Que dans ces parages les hachures zébrées de vermillon tiraillent à hue et à dia, c'est beaucoup pour le regard, et c'est peu demander au peintre. Savez-vous que deux étudiantes qui font partie du comité de blocage du site des Tanneurs ont clairement dit l'autre jour qu'elles trouvaient que la "culture" n'avait pas "sa place à l'université" ? (N'esayez pas de leur expliquer que ce sont des idées d'extrême-droite : ils ont décidé une bonne fois pour toutes que le facho, c'était vous.)
Enfin bref amplement temps reprendre chantier. J'ai traîné, j'ai perdu du temps, je ne me suis pas assez botté les fesses.*** Alors la milice m'envoie ces quatre drilles joyeux et colorés se dandinant comme des ectoplasmes aux corps mordus et dont l'un a deux têtes, et je pense soudain que c'est la milice des écrivains, alors que je n'ai pas bu le calice, et je pense soudain que c'est la milice du macadam, alors que je n'ai pas ouvert la boîte de Pandore, et je pense soudain qu'il suffit d'écouter Off Minor et Epistrophy en se fermant au bruit du monde, alors que le vent se lève, la pluie déchante, que se passe-t-il ?
* et *** Corée l'absente, p. 117 et 113.
** Celui qui marche devant, 3ème strophe.
16:09 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Ligérienne, Art, écriture
mercredi, 21 novembre 2007
Araucaria à la dérive
Aucun des quatre billets publiés le 21 novembre 2006 n'a reçu de commentaire : il y a des jours où même les quarterons n'attirent pas les foules.
Ce matin, dans l'ouvrage d'entraînement à la version et au commentaire de traduction de Sébastien Salbayre et Nathalie Vincent-Arnaud, j'ai lu un texte dElizabeth Jane Howard, extrait de son roman Confusion (que je ne connaissais pas) et où se trouvait l'expression monkey puzzle, que je ne connaissais pas non plus et qui désigne, semble-t-il, l'araucaria.
Le soleil a fini par se lever, le feignant des bureaux d'obsèques. (Cette apodose ferait, pour Bruno Schulz, un bon titre. Jean Dubuffet me souffle que c'est l'essentiel, quoique je sache désormais que je dois me méfier de ses dires, et plus encore de ses pinceaux ou de son fil à tailler le polystyrène.)
Dans The Drift Latitudes, le fils de Rachel saute sur une mine. (C. n'a pas aimé la troisième partie ; je me tâte.)
......... où Villandry signe blanc .........
15:15 Publié dans Comme dirait le duc d'Elbeuf, Le Livre des mines, Lect(o)ures, Moments de Tours, Un fouillis de vieilles vieilleries, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Ligérienne, Photographie, Littérature