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lundi, 25 juillet 2005

Toits ardoisés

C’est fou, ce qu’on peut trouver, de bien et de moins bien, sur la Toile. Ainsi, en un rien de temps, une recherche autour de l’expression toits ardoisés produit les résultats les plus diversement étranges.

« Nous sommes en ces journées où le monde se vêt de gris, ses journées bourbeuses qui avancent si lentement. Le ciel se zingue, les toits ardoisés s’alignent un peu plus sur les nuages lourds, les arbres effeuillés prennent leurs silhouettes maigres crayonnées au fusain. Le gris s’impose. Il faudra passer l’hiver.» (Journal intime en ligne de Pascal Gonthier, 16 octobre 2004)

« La voiture roulait toujours, et l'on voyait déjà poindre derrière les arbres les grands toits ardoisés du château.» (Le Capitaine Fracasse, chapitre XX)

« J'étais en Bretagne, tiens. Ce n'est pas trop dépaysant en soi, le Festival Interceltique de Lorient, la mer à 22°C, l'herbe jaunie, la lande et ses Blockhaus, mon fidèle vélo rouge (Eclair Fulgurant), la Laïta et son anse, les plages de sable ôcre qui dévoilent leurs rochers à marée basse, le blanc des maisons aux toits ardoisés et le bleu-gris envoûtant de l'océan, mâtiné de turquoise au gré des fonds... La canicule, paraît-il. » (Les archives de Sylph. 23 août 2003)

« Sous les toits ardoisés
D’un atelier vitré,
Des grands immeubles parisiens
Ton souvenir me soutient. »
(1er quatrain de “La danseuse”, poème d’une dénommée Morine, et apparemment inspiré d’un tableau de Degas)

« Au sommet, la vue est immense... Loudun se dévoile comme par enchantement. L'enchevêtrement de ses ruelles historiques, le ballet des toits ardoisés et tuilés, les monuments religieux constituent un spectacle d'une grande beauté.» (site de l’Office de Tourisme de Loudun)

« Il regarde par la fenêtre, aperçoit la lune, ses reflets sur toits ardoises, une jeune femme qui passe en Kangoo et ça y est: une aura lumineuse le nimbe!» (Manöx. Stéphane Lu sur Lunatique Moon.)

« A nos pieds la vallée et le village de Cauterets avec les maisons blanches et les toits ardoises étaient cachés par cette mer de brouillard que nous venions de traverser, tandis que le pic Sombre, le pic de Viscoz, le Mouné, se coloraient rapidement des premiers feux du matin.» (Duchesse d'Abrantes. Voyage au Vignemale (Pyrénées), 1ère partie. In Journal des jeunes personnes, 1833)

dimanche, 24 juillet 2005

Proses profuses

En écrivant plus tôt, ou plus haut (ou plus bas, vu l’organisation des pages sur H&F), remerciements profus, je me suis pris à vérifier l’adjectif dans les dictionnaires. Le Grand Robert analogique, toujours lui, nous apprend que l’on peut parler de “sueurs profuses” (dont mon naturel ne me prive pas, dois-je dire, au grand bonheur des moustiques, qui peuvent hanter une maisonnée sans piquer personne d’autre si je m’y trouve, au repos).

Dans son Journal, à l’entrée du 17 juillet 1943 (mon grand-père avait dix-huit ans pile ce jour-là (difficile de s’imaginer cela)), Gide écrivait :

« Lumière profuse; splendeur. L’été s’impose et contraint toute âme au bonheur. » (cité dans le Grand Robert analogique, tome 2, p. 668)

***

C'est aujourd'hui l'anniversaire de ma mère.

Distractions

Désoeuvré, déraisonnable au point de ne pas rejoindre le lit où il se reposerait enfin quelque peu, lassé de reprendre une à une les vieilles notes pour les enregistrer sous de nouvelles catégories, que fait l'auteur du carnétoile? Eh bien, par exemple, il cherche le nombre d'occurrences de ce néologisme dans le site. Autre activité puérile, il ajoute une phrase tout à fait plate à une précédente note déjà pas folichonne, comme si la fonction "commentaires" était faite pour les chiens.

samedi, 23 juillet 2005

Promesses

Je m’amuse souvent à user des expressions synonymes «promesse de Gascon» et «promesse de Normand», car il se trouve que je suis Normand par dérivation paternelle, et Gascon par le lignage maternel. Autant dire que j’étais condamné à ne pas tenir mes promesses, même si je crois ne pas les tenir trop mal en général, surtout dans une époque où la parole donnée vaut de moins en moins (et je pense là, notamment, à cette collègue éminente qui ne cesse de poser des lapins aux étudiants, de changer l’ordre du jour des réunions, de ne pas faire le travail qu’elle s’était engagé à accomplir, puis va s’imaginer que la prétendue fuite de nos étudiants vers les rivages de la Seine est imputable à tel collègue, ou à telle autre…)

Je ne connais pas l’origine des expressions, qui voient en Gascons et Normands de piteux roublards, ou de fieffés menteurs. Je constate qu’à la page 498 du tome 5 du Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française (réédition de 1981), Paul Robert ne semble connaître que celle qui vise les méridionaux. Aurais-je, depuis des lustres, confondu avec autre chose ? Avec la réputation des Normands pour le demi-mot, leur tendance à ne pas se mouiller, comme dans la chanson (posthume) de Brassens ?

Non. Dans son remarquable Nouveau Dictionnaire universel de 1881, en trois volumes, Maurice Lachâtre confirme ce que je pensais savoir : “normand” signifie “peu sincère, ambigu”, comme dans les expressionsréponse normande, promesse normande. Ma double origine, ou ma généalogie bifrons, se vérifie donc, d’autant qu’elle s’autorise, sur ce point, d’une référence à La Fontaine, pas moins : «certain renard gascon, d’autres disent normand». Voilà d’où venait, sans doute, ma certitude, car il s’agit d’une fable que j’appris dans mes jeunes années. (Comment ne pas s’étonner, d’ailleurs, de ce jeune professeur de lettres qui avouait benoîtement, sur une liste de discussion réservée à ses pairs, n’avoir jamais lu ni étudié une ligne de La Fontaine au cours de ses études, et, pis, ne savoir qu’en faire ? Mais ce débat, comme je m’en étais fait l’écho, a déjà eu lieu ailleurs.)

Revenons à la parole donnée. J’ai, ce printemps, pour cause de travail imprévu et excessif, manqué à ma parole auprès d’une personne qui m’est chère, et dont je n’ai pas relu tous les chapitres de thèse qu’elle m’avait demandé de lui relire. Ce genre de faux pas est inhabituel, mais scandaleux. Je dois garder cela en tête, ou le porter au front comme une marque au fer, afin que cela ne se reproduise pas. Lachâtre nous apprend que ne pas tenir ses promesses se dit, fort ironiquement, je trouve, se ruiner en promesses.

Je ne saurais finir sans quelques embardées littéraires. Ce qui me saute aux oreilles, évidemment, c’est le célèbre vers de Malherbe (rappelons que je lisais, courant juin, le Pour un Malherbe de Francis Ponge) : «et les fruits passeront la promesse des fleurs ».

Parlant de Kairouan, Maupassant écrivait : «nous apercevons entre les maisons un beau ciel propre et pâle plein de promesses de chaleur et de lumière». Cette citation, empruntée, une fois encore, au Grand Robert analogique, pourrait me pousser vers l’exploration de souvenirs tunisiens, ou, tout simplement, à dire que ce sont de pareils cieux qui agrémentent en ces temps-ci, sur le matin, notre séjour landais.

vendredi, 22 juillet 2005

Ardoisé

Ma mémoire me joue des tours. J’entends par là que j’aimerais retenir des foules de choses passionnantes, mais qu’il m’arrive de constater que ce sont parfois les plus terribles inepties qui s’accrochent à mes neurones. Ainsi, ayant rencontré l’adjectif “ardoisé”, hier, m’est venue aussitôt à l’esprit l’expression “toits ardoisés”, que j’étais sûr d’avoir rencontrée dans un poème, peut-être un sonnet de la seconde moitié du 19ème siècle…

Cela m’est revenu, un peu comme dans ces mouvements, ces flux si bien décrits par Nathalie Sarraute dans l’un de ses derniers textes parus, Ici : à ma stupéfaction, à ma grande honte, c’était une bribe d’une chanson, et d’une chanson d’un groupe que je déteste, Tri Yann :

Et la pluie tombe noir’ sur les toits ardoisés.

 

Dans ces cas-là, il faut un puissant contrepoison, comme jeter un œil, prétendument distrait, au dictionnaire, qui nous offre cette belle phrase de Francis Jammes : «les nuages légers et rares s’écaillaient, à peine ardoisés». Il s’agit, à suivre les indications du Grand Robert analogique (tome 1, page 227), d’une citation de Clara d’Ellébeuse. Un gouffre d’ignorance s’ouvre alors sous mes pieds. Jammes aurait-il écrit des romans ?

Autre piste, et non des moindres. Je projette, depuis deux ou trois jours, d’écrire une note sur les descriptions de nuages, car, après avoir cité Eric Laurrent, l’autre jour, j’ai rencontré une très belle description dans le roman de Tariq Goddard que je lis ces jours-ci.

La phrase de Jammes mérite d’entrer dans le florilège.

…………………………….
En écoute : Venus d’Othmar Schoeck (acte I).

Se corriger

Fuligineuse faisait part de son malaise, ou de ses doutes, face à tel de mes délires, ou telle de mes verbigérations, car elle ne comprenait pas ce que j’entendais par « ne pas se corriger ». J’ai répondu sommairement, dans un commentaire en réponse au sien, mais j’aimerais pousser un peu mon avantage ici même et perpétuer de quelques piques le galop effréné de mon fringant destrier.

C’est que relisant, à l’instant même (vendredi 22, à dix heures et des brouettes), une note tout juste écrite dont je ne sais quand je la publierai (elle s’intitule “Promesses”), je me surprends à hésiter sur mon recours fréquent aux parenthèses. Je crois savoir que cet excès de parenthèses, qui a pour moi une valeur tant ludique qu’explicative, en agace plus d’un, ou en décourage d’autres, ce qui est plus gênant. Toutefois, je pense, à trente ans, avoir atteint un point de non-retour dans l’élaboration de mon style personnel: non qu’il ne puisse connaître de nouveaux détours, de soudaines bifurcations, des ruptures, de concomitantes divergences, mais, voilà, ce que je sais faire, en matière d’écriture, la manière dont il me plaît de tourner mes phrases, cela ne saurait faire l’objet d’un vif trait de plume, d’une relégation au panier, et basta ! Non. Je me corrige sans cesse, sur le choix des mots, la reprise d’un début de phrase bancal pour le conformer à la syntaxe provisoirement finale, l’insertion de tel exemple ou d’une citation idoine, mais sur le ton, le style en général, point d’affaire.

Evidemment, au plan moral et esthétique, il faut sans cesse se corriger, être, de soi-même, le plus vigoureux critique. Je ne m’en prive pas, et les éperons m’entaillent bien souvent le flanc, avant d’attaquer celui de mes petits Pégases. Se corriger, pour devenir toujours différent, si possible s’améliorer.

Fuligineuse faisait remarquer que j’employais le terme d’émendations, qui est certainement un néologisme. S’agit-il de ma part, d’un latinisme ou d’un anglicisme ? Des deux, peut-être bien. Je viens de vérifier dans trois dictionnaires, sans aucun succès. Le verbe émender, est bel et bien d’ordre judiciaire. L’“émendation” telle que je l’entends, ou telle que la langue française m’appelle, une fois passé l’envol lyrique, à l’entendre, serait donc, appliquée à soi-même, cette forme d’auto-censure que je réprouve partiellement.

S’émender pour mieux dire, s’amender, faire amende honorable, dire où sont erreurs et errements, tout cela, j’y souscris. Mais, s’il s’agit, par exemple, de taire, par scrupule, par désir de tranquillité, certaines pensées un peu hétérodoxes, je trouve ces émendations-là bien peu recommandables. Par exemple, un diariste fumiste comme Pierre Driout, qui veut donner des leçons à tout le monde et en remontrer sur tout, alors qu’il n’a, de tous les domaines qu’il aborde, que des vues bien superficielles et infantiles, est, pour moi, le champion du monde toutes catégories de la non remise en question: il se considère le seul et unique étalon de tout, lui seul a raison, et, s’il a décidé une fois pour toutes que les Noirs, par exemple, sont inférieurs intellectuellement aux Blancs, il ne s’interrogera jamais sur cette «théorie». Il lui faut toujours baigner dans son petit conformisme confortable. Je ne mange pas de ce pain-là. Si j’écris, c’est pour examiner des questions ouvertes, m’interroger sur mes failles et mes fautes, sur mes réussites aussi, c’est pour donner (quand je me pique de concurrencer les guides touristiques (!)) ma vision forcément partielle et partiale de tel lieu.

La correction s’entend aussi comme justesse (de ton ?), politesse (à l’égard des lecteurs ou des sujets traités ?), reprise indéfinie des moindres nuances (où l’on en revient à la Korrektur bernhardienne).

jeudi, 21 juillet 2005

Informe?

Eh bien, éteignant la lumière à onze heures et demie hier soir, pensant ainsi me reposer, être raisonnable, j'aurais mieux faire de suivre mon penchant et de redescendre au salon écrire quelques notes pour ce carnet de toile, ou de poursuivre la lecture de Homage to a Firing Squad, commencée hier soir, car, entre les deux moustiques zézayant et vrombissant sans cesse, les fenêtres légèrement ouvertes donnant, à travers la moustiquaire, sur le trafic honteusement ininterrompu de la route de Monségur, l'oreiller de piètre qualité, eh bien, je n'ai quasiment pas fermé l'oeil, ce qui est un peu inhabituel mais surtout exaspérant, d'autant qu'à chacune de ces mini-insomnies, je me retrouve à gigoter dans tous les sens, à tourner et virer, à avoir de mauvaises pensées (au sens catholique et confessionnel du terme) et, enfin, à dérouler des dizaines de pages de pastiches des Mémoires de Saint-Simon, dont j'ai décidément, au début du mois, lu trop frénétiquement les tomes VII et VIII.

mercredi, 20 juillet 2005

Journalistes incultes... un pléonasme?

Un des désagréments de la fréquentation de la famille, en vacances, est d'être exposé à la télévision (comme on dit être "exposé aux radiations" ou à un virus).

Ainsi, à l'instant, sur Arte, chaîne pour laquelle on pourrait imaginer que les journalistes sont mieux triés qu'ailleurs, à l'issue d'un reportage sur la situation au Togo (!), la journaliste nous dit que "l'O.N.U. vient de publier un rapport alarmiste".

Si cette andouille connaissait la différence entre les adjectifs "alarmant" et "alarmiste", elle aurait sans doute employé le premier des deux adjectifs... à moins qu'elle n'ait vraiment cherché à dire que l'O.N.U. s'affolait pour rien... ce qui serait cocasse, car, dans ce cas, pourquoi consacrer un reportage à la question?

Non, rassurez-vous... ou plutôt: inquiétez-vous. La situation au Togo est bel et bien alarmante.

jeudi, 14 juillet 2005

Epitrochasme glacial

« Lips, palms, skin, soles of feet were all chapped. »

(Wole Soyinka. Ibadan, p. 119)

mercredi, 13 juillet 2005

Couillards

Il n'est pas faux, vraiment, de dire que les dictionnaires sont d'inépuisables réservoirs à surprises. On y trouve les plus inattendus des renseignements.

Ainsi, comme mon beau-père me demandait quelle était l'étymologie du substantif "couille", et me trouvant désemparé, j'ai vérifié dans le Robert en six volumes, pour apprendre, par ailleurs et hasard, que l'on appelait, en typographie, le "petit filet que l'on met à la fin d'un chapitre".

J'ai donc vu, dans ma vie, des milliers de couillards!



***


A propos de la confusion couillu/couillard

On peut dire que Pierre Driout est vraiment l'imbécile absolu: comprendre aussi peu, écrire aussi mal, tenter le calembour sans y parvenir, lourdement, comme un petit benêt dans son bac à sable... cela se voit rarement.

jeudi, 07 juillet 2005

Les mots ont une orthographe : « grez »

Suite à notre visite du château de Champchevrier, il y a une dizaine de jours, le châtelain m’a rappelé, n’ayant pas trouvé mon adresse électronique, pour me donner la définition et l’orthographe du terme technique qu’il avait employé pour parler des défenses supérieures des sangliers, et qu’il empruntait au Traité de vénerie générale de Robert de Salnove, dont la première édition remonte à 1655.

Tout cela sur répondeur, car j’étais absent. Je lui sais gré de m’avoir appris et confirmé ce mot, que j’avais orthographié « graies », me semble-t-il, dans la note relative à notre visite.

Je donne, en suivant, la description, trouvée sur la Toile, d’un exemplaire original de l’ouvrage cité :
SALNOVE (Robert de). La Vénerie royale divisée en IV parties ; qui contiennent les chasses du cerf, du lievre, du chevreüil, du sanglier, du loup, & du renard. Avec le denombrement des forests & grands buissons de France . Paris, Antoine de Sommaville, 1665. 4 parties en un volume petit in-4°, veau, double filet doré encadrant les plats, armoiries au centre, pièce d?armes aux angles, dos à nerfs orné du même motif (reliure de l’époque)

mercredi, 06 juillet 2005

Abbayes de Touraine

J’apprécie assez de me voir réclamer des notes sur tel ou tel point de topographie ou d’histoire, mais il va de soi que la Touraine ici racontée ou décrite, écrite en quelque sorte, l’est au gré de mes rencontres, de mes excursions, etc. Je ne prétends pas à la publication d’un guide, d’autant que les nombreuses notes hors-sujet montrent ma faiblesse sur ce point.

(Le sens de «hors-sujet» se rapproche de la conceptualisation de ce terme par Pierre Bayard dans son magnifique livre Le Hors-sujet. Proust et la digression..)

Toutefois, je suis sensible à cette demande, d’autant que j’ai peu d’espoir de convaincre Livy de traquer les épitrochasmes si je m’en tiens à ma promesse d’un exemplaire unique et dédicacé de morceaux choisis de ce weblog… (Mais on peut imaginer d’autres récompenses, plus adaptées au vainqueur.)

Les principales abbayes de Touraine sont celles de Beaulieu-lès-Loches, Bourgueil, Cormery, Fontevraud, Gâtines, La Clarté-Dieu, Marmoutier, Preuilly, Seuilly, de Turpenay et de Bois-Aubry. De ces onze, je n’en connais encore que trois : Fontevraud, que je visitai en 1994 ; Cormery, que nous avons visitée en 2004 ; enfin, Marmoutier, beau corps situé près du quartier Sainte-Radegonde à Tours, est désormais transformée en lycée privé et ne se visite que lors des Journées du patrimoine.

Il faudrait, à cette liste, ajouter les prieurés, une dizaine dirais-je, dont celui de Saint-Cosme est bien connu de moi, puisque je l’ai visité trois fois déjà, en 1994 et, depuis, à l’automne 2003, avec des amis (déjà mentionnés mais je crains de m’embrouiller dans les initiales astérisquées), et au printemps 2004, avec A***.

samedi, 02 juillet 2005

Sieste

Des nuées de mouche d’orage sillonnent le salon où, assis dans le canapé, j’écris quelques notes, pendant la «sieste» de mon fils. Il ne fait plus la sieste depuis belle lurette ; il a cessé de s’adonner à ses trois heures de sommeil post meridiem vers octobre ou novembre, mais il accepte de se coucher et de rester au repos une petite heure ; parfois même, fort infréquemment, il s’endort.

L’un des plus jolis villages des Landes, tout près du village où j’ai passé mon enfance, s’appelle Siest. Comme nous allons passer une infime partie de l’été en Touraine, j’ai songé à créer un autre carnétoile, qui serait une sorte de mirror weblog de celui-ci et qui s’appellerait Chalosse véloce. Je continuerais toutefois à publier des notes dans Touraine sereine, peut-être un choix de correspondance, ou des poèmes ; une autre possibilité consisterait à se concentrer sur celui-ci et à essayer d’écrire des notes sur telle rue de Tours, tel monument, tel village de Touraine, à partir de mes souvenirs, ce justement pendant que je suis éloigné de la région. Ce serait certainement plus honnête vis-à-vis des lecteurs qui réclament plus d’adéquation entre le titre du carnétoile et son contenu.

Entre autres projets pharaoniques, j’aimerais créer un index, mis à jour régulièrement, des notes. Ce que je ne saisis pas très bien, et qui m’inquiète quelque peu, c’est que l’espace disque que j’ai employé jusqu’à présent n’est, selon mon hébergeur, que de 24 KO, ce qui correspond aux deux misérables images qui figurent dans mes fichiers. Dois-je en inférer que la sauvegarde des notes et des commentaires est secondaire (hypothèse pessimiste) ou que HautEtFort, tout en veillant au grain, ne « facture » pas les fichiers texte (hypothèse optimiste)?

vendredi, 01 juillet 2005

Tripalium et otium

Heureusement que Marione me demande ce que j’enseigne, et non ce à quoi un enseignant-chercheur passe ses journées. Là, par exemple, je viens de passer deux heures à signer des relevés de note, en ma qualité de président de jury de Licence L.E.A. 1ère année, puis à mettre au point, avec la secrétaire du département d’anglais, la fiche d’inscription en Licence 3ème année, pour la rentrée universitaire prochaine. Par ailleurs, quoique les délibérations aient lieu, pour les diplômes d’anglais, lundi prochain, et que le délai de remise des notes par les enseignants ait été fixé à lundi dernier, je viens d’hériter d’un paquet de treize copies d’explication de textes 2ème année, cours que je n’enseigne même pas. La raison en est que la collègue est occupée au jury de CAPES, ce qui est légitime ; ce qui l’est moins, c’est que, la responsable de cycle ne s’étant pas préoccupée du problème, je me retrouve, devant le désarroi compréhensible de la secrétaire, à dépanner le département, une fois encore (mon bon cœur me perdra !).

Hier, c’était bien aussi : délibérations de première année de L.E.A., qui se sont étendues sur presque toute la matinée en raison d’un défaut de calcul inattendu dans le logiciel Apogée. Etc.

La maîtresse de mon fils, qui me lance ce matin - comme c'est le dernier jour d'école et comme elle doit s'étonner de me voir toujours en partance pour mon travail - "pour vous, ce n'est pas fini, encore?", se trompe bougrement. Tous les "enseignants", il est vrai, n'ont pas les mêmes congés ni la même conscience de leur travail. Pour ma part, je n'ai pas soufflé depuis Noël, et les week-ends chômés se comptent sur les doigts de la main.

Cela dit, et pour véritablement répondre au commentaire de Marione, non, la curiosité n’est pas un vilain défaut ; en revanche, je trouve légèrement contradictoire, peut-être, que l’on s’intéresse à la vie des autres et moins au genre autobiographique. Je ne parviens pas non plus à comprendre en quoi Enfance de Nathalie Sarraute est «fleur bleue» ; certes, c’est le texte le plus abordable de son auteur, mais il recèle une telle ironie, un tel dédoublement des voix, qu’on peut difficilement, me semble-t-il, en trouver le point de vue naïf ou kitsch… ou fleur bleue.

Les Mots est sans doute l’un des textes les plus supportables de Sartre, ou l’un de ceux qui a le mieux vieilli. (L’un de ceux qui ont le mieux vieilli ?) Je me rappelle avoir beaucoup aimé la retenue de l’auteur, à laquelle se mêle un vrai souci d’approfondir les failles, les blessures, les bonheurs.

Si c’est un homme, pour être essentiel, est un texte qui m’a profondément ennuyé. Primo Levi, de manière générale, m’ennuie.

Je reviendrai dans une prochaine note sur mes lectures du moment et sur ce que j’enseigne, en essayant de tenir ma promesse, c’est-à-dire de n’être fidèle ni à ma partie normande (paternelle), ni à ma partie gasconne (maternelle).

dimanche, 26 juin 2005

Epitrochasme

Après une dizaine d’années d’études largement consacrées à la poétique et à la sémiotique, j’ai rencontré hier, pour la première fois, la figure de style appelée épitrochasme, ou plutôt, son nom, car la figure, elle, m’était familière, comme à vous tous, chers lecteurs, qui, n’ayant jamais entendu ce mot barbare (ou plutôt : grec), faites partie de la grande communauté des Monsieur Jourdain qui font des épitrochasmes sans le savoir. Voilà un avis net, sec, bref, vif et mûr.

mardi, 14 juin 2005

Astasia-abasia

V-ue, décidément ma plus fidèle (ou ma seule?) lectrice, me dit ne pas avoir trouvé le sens de astasia-abasia, faute sans doute d'un réflexe googlien suffisant.

La définition la plus vague est la suivante:

Astasia-Abasia
A disorder whose predominant feature is a loss or alteration in physical functioning that suggests a physical disorder but that is actually a direct expression of a psychological conflict or need.

Mais les plus fréquentes définitions insistent surtout sur l'incapacité à se tenir debout ou à marcher, pour des raisons psychologiques:

astasia-abasia
n.
Inability to stand or walk normally as a symptom of conversion hysteria. Also called abasia-astasia, Blocq's disease.

C'est évidemment un mot très séduisant, mais je n'ai pas encore révélé la raison pour laquelle je connais ce mot. Alors... une idée? lâchez vos commentaires!

mardi, 07 juin 2005

Rues

"They lived in Hyams Place, over the river - Hyams Place, that little crescent of old houses with the name carved in the middle which she used to pass so often when she lived down here. She used to ask herself in those far-off days Who was Hyam? But she had never solved the question to her satisfaction. She walked on, across the river."
Virginia Woolf. The Years (1937). Hogarth Press, 1972, p. 174.

A Talence, nous vivions rue Frédéric-Sévène; à Beauvais, rue Jean-Baptiste Baillière. Nous avons fini par savoir qui était le second. Le premier, jamais, même en écrivant à la mairie.
A Tours, dans le quartier des poètes, peu de chance de ne pas connaître (encore que je ne parierais pas sur les voisins).

En écoute: Rabih Abou-Khalil. "Serenade to a Mule" (Il Sospiro, 2002).