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mardi, 16 octobre 2007

Iohio

Où on joua yoyaïoli et parla malsomnie.

 

Carambolages, le hérisson

Carambolage, Nico Nu


Nico Nu (ré)invente l'affiche à colorier soi-même...

(Mouais...)

16:10 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Ligérienne, Art

lundi, 15 octobre 2007

Grosses légumes

............... Où l'on vit les cornichons de

 

 Montlouis prendre vie ............

 

 

(spéciale dédicace à François, dont je sais combien il aime cette rubrique)

B.S.S.L.

Tout écouter, chaque note de The Black Saint & the Sinner Lady, et puis rendez-vous au grand pylône ! On entre en transes sur ces morceaux de bravoure, et puis rendez-vous au grand pylône !

(On n'en parle plus, et puis boufniouze...)

La Tour de bambou

Dans la cosmogonie des Madi, en Ouganda, Ori est le dieu créateur de toutes choses. Doué d'ubiquité et d'omniscience, il ne se préoccupe guère de ce que font les hommes. Il vit dans les cieux ; c'est là que vivait aussi l'homme, autrefois.

Un jour, pour une raison obscure, l'homme et la femme furent expulsés du ciel. (Selon certaines versions du mythe, ils ont trébuché.) Une fois sur la terre, ils se sont mis à engendrer une nombreuse descendance. Les dieux ont alors fabriqué une corde en cuir de vache pour maintenir les liens ; de temps à autre, les dieux venaient festoyer et danser chez les hommes, et vice-versa.

Cela dura jusqu'au jour où l'hyène coupa la corde avec ses dents.

Les hommes tentèrent alors de retrouver le chemin des cieux en construisant une tour en bambou, mais la tour, trop haute et trop fragile, s'effondra.

 

(Adapté de : "Ori and the Rope of Cows' Hide" .

In Harold Scheub. A Dictionary of African Mythology. Oxford University Press, 2000.)

Tout ça pour ça...

             Désormais, la capacité de stockage des comptes électroniques GMAIL augmente à toute banane.

 

08:56 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne

Le Vif argent

Ce fumeur de pipes collectionne les tableaux. Derrière lui, pourtant, on trouve plutôt, accrochés aux murs, divers diplômes et titres. Il se gratte la boudine d'un air circonspect.

Sans doute est-il possible d'imaginer - à condition d'avoir bu au préalable, plusieurs verres d'alcool en sa compagnie - d'autres usages possibles pour ces tableaux et diplômes : livres de comptes, lettres de maîtresses éplorées, photos des enfants à divers âges de l'enfance, morceaux de chandail et de veston arrachés à ses ennemis,  cure-dents posés sur la table, lorgnons volés à des antiquaires, pédaliers de vainqueurs du Paris-Tours...

dimanche, 14 octobre 2007

Variorum / collation

....... Où il fut question de Bojan Zulfikarpasic et des lettres de Virginie, mais aussi (déjà !) du Nobel de littérature (avec l'apparition de Tinou) .......

 

.... ce qui ne doit pas vous dispenser de lire les autres textes publiés ce 14 octobre-ci.

 

La Marche du ciel gris qui passe

À peine sortis du berceau, les voilà des vieillards. /Vous saurez que ce texte est de prime importance pour moi./ Ils ont des faces en dents de scie, peut-être aussi le moral en berne. /Il germe depuis tant de jours dans la pénombre que je devais l'écrire à la double bougie./ Ces quatre figures brunes barbouillées se suivent en file indienne, et, comme ce sont surtout leurs profils d'égoïnes qui me hantent, j'imagine que le sol est râpeux sous leurs pas. Le premier a l'air insouciant plus que joyeux, tandis que le dernier de la ligne, doigts tendus, fiché en glaise, lève vers le ciel son visage hébété. /On dirait plutôt que celui qui le précède est ahuri, ou en train de remuer de basses pensées : je n'ai pas fermé les volets métalliques du salon avant de partir, quel est le code de mon coffre-fort, oh la vilaine limace.../ Ce genre de trapèze écru auquel cet ahuri s'accroche pour ne pas tomber tête la première dans la boue, est-ce cela, l'espace ? on dirait plutôt un mouton caché dans la brume. /Seul compte le sol, la terre, d'où émergent tant et plus de taupinières./ Vous avez gratté des signatures, écorché des voyelles. Alors, celui dont il n'est jamais question, le second du meneur, se rappelant soudain où il a posé sa bicyclette, se fige pour supplier votre regard de lui donner enfin forme et existence. /Vous saurez que je compte, pour cela, infiniment sur vous./

Enoncé il y a un jour

................ " Le gardien des îles Féroë, cette gueule d'escargot ! " ................

 

La Femme des sables

Je sors comme hébété mais aussi ravi – peut-être transformé – de la lecture de La Femme des sables. La 2ème et la 3ème parties sont brûlantes, fortes. Le récit devient plus intense, mais le côté un peu anodin, mystérieux mais léger, des soixante premières pages, renforce certainement cette impression progressive d’enfermement. Un démarrage un peu vacillant, pour mieux river le clou ensuite... ?


 

Le plus étonnant, dans ce récit, c’est l’ambiguïté fondamentale entre résistance et abandon. Par là j’entends bien sûr la tension constante, dans l’esprit et les actions du protagoniste, entre acharnement et désir de laisser filer, mais aussi la façon dont le narrateur ne cesse de lâcher la bride pour mieux et plus vigoureusement tirer dessus quelques pages ou quelques paragraphes plus loin. Ainsi, si les lectures allégoriques possibles du roman sont multiples, l’une d’entre elles consisterait à voir dans La Femme des sables un miroir déformé, criblé, de la relation entre un texte et son lecteur, entre un récit de l’enfermement et l’enfermement du lecteur lui-même. La métaphore centrale est évidemment celle des insectes pris au piège du sable, mais elle se double de nombreux aspects secondaires qui la minent.


 

L'hébétude et le ravissement du lecteur occupent les postes opposés de la résistance et de l’abandon. (On laisse filer le sable entre les doigts, car on ne peut, de toute façon, le retenir.) Le dernier chapitre est très énigmatique : quel rapport de fond entre la grossesse extra-utérine et l’évasion forcée de la femme, qui ne voulait pas s’échapper (et, de fait, s’échappe sans doute vers sa mort) ? tout empreint d’ambiguïté qu’il soit, le désir de l’homme de rester, en fin de compte, pour faire part de sa découverte à « la clique », relève-t-il, de la part de l’auteur, d’une célébration de l’esprit d’invention humain – dans toute sa persistance – ou d’un retournement ironique visant à montrer que la faculté d’auto-aveuglement de l’espèce ne connaît pas de limites ? À cette deuxième question, on serait tenté de répondre « les deux, mon commandant », au risque de se retrouver, en tenant les divers degrés de l’échelle de corde, de nouveau – avec le protagoniste – au fond du trou.


 

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C’est un ami qui nous a offert ce livre. Je n’avais, de l’œuvre d’Abe Kobo, qu’un souvenir précis de La face d’un autre (lu vers 1993, récit fantastique très bien mené mais qui souffre – à l’inverse de La Femme des sables – d’un essoufflement sur la fin) et le souvenir plus vague d’avoir parcouru le Cahier kangourou, emprunté à la médiathèque de Beauvais. E. – l’ami – m’a dit que le film, primé à Cannes dans les années soixante, était très décevant. De fait, La Femme des sables court le risque, transposé à l’écran, d’un net aplatissement. Si le réalisateur n’est pas imaginatif, l’échec guette.

10:40 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature, Japon

samedi, 13 octobre 2007

9840 cauchemars (tant et plus)

Le 12.

 

Imaginez qu’il y aurait, qu’il pourrait y avoir 9840 textes, et même qu’à partir des titres alternatifs non retenus, on pourrait écrire plus de dix mille textes, lesquels, même à supposer qu’ils fussent brefs, composeraient au bas mot un corpus de deux ou trois mille pages. Or, si, en deux ans et demi, je suis parvenu à écrire – en ne tenant compte que de mes deux carnétoiles ou blogs principaux – un peu plus de trois mille textes sur des sujets divers – en me donnant la liberté de baguenauder, de bayer aux corneilles, de prendre tel chemin de traverse –, il faudrait donc, au minimum et en suivant ma méthode passée des sauts et gambades, voire des abandons ou des lassitudes temporaires, peut-être douze ou quinze ans pour venir à bout de ce texte dont j’ai commencé il y a quelques jours l’écriture et qui s’intitule Un fouillis de vieilles vieilleries.

D’aucune manière je ne sais si je renoncerai. (Pourquoi l’image du roncier m’obsède-t-elle ces temps-ci ? Ai-je rêvé de ronces ?)

 

*

 



Le 13.


 

Mes heures nocturnes furent lourdes de La Femme des sables. Le long rêve final qui me cueillit, me retourna en tous sens, me tourneboula à l’aurore, était une transposition de ce récit piégé que j’ai dû, pris par le sommeil, interrompre hier soir à un moment crucial. Terré dans un trou d’où il a chassé un chien errant, le protagoniste est en train de s’enfuir après s’être encordé. Dans mon rêve, j’étais prisonnier sur la planète Mars, dans un garage de guimbardes bousillées, à ne pouvoir prendre l’ascenseur-fusée susceptible de me libérer du cauchemar.

I'll Sleep When I'm Dead

HIer soir, c'était, après une longue et belle journée très cérébrale, I'll Sleep When I'm Dead de Mike Hodges, film impressionnant à bien des titres. Le savant dosage d'accents cockney très variés n'est pas pour rien dans le plaisir très musical que j'ai pris à regarder ce film, sans compter plusieurs gros plans sur des "gueules" mémorables (yeux de Clive Owen, face tordue de Jonathan Rhys-Meyer, rictus tickyholgadesques de Jamie Foreman, impassibilité vibrante de Charlotte Rampling, profil plus qu'aquilin du légiste...) et une intrigue mêlant habilement la simplicité du film noir à quelques impasses sémantiques bien senties.

Il y a aussi, immanquablement, quelques posters de Coltrane, ou la mention comme en passant, sur un message de répondeur anodin, d'un concert de Terence Blanchard, qui situe l'esthétique "noire" du film aussi du côté du jazz post-bop des années 1960, ce qui n'est pas rien. Il y a aussi cette contre-plongée isolée sur Foreman et Owen juste avant leur première incursion dans le jardin de l'assassin sodomite.

Après les nanards de ces derniers temps (Gattaca, Million Dollar Baby), that was a real whiff of fresh air, mate !

09:55 Publié dans Tographe | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma, Ligérienne

vendredi, 12 octobre 2007

Chat botté

... while ... 

Une part non négligeable de mon enfance s'est passée à admirer les volets rouge sang du Sarraillot.

... while you were conquering America ...

Ici, dans une mare de pétrole gluante, un ectoplasme se déplace gracilement.

... you're still conquering America ...

Soleil rouge écrasé violacé, tu te dégonfles... c'est ça ?

... while you were conquering America ...

Le corps du géant se décline en lambeaux de ciel, tentacules de glaise, bribes de phraséologie.

... you're still conquering America ...

Si vous laissez parler la voie lactée, elle vous dira qu'étoile filante vous vîtes passer, lourdaud, le Chat botté.

 

 

(Merci quand même à Kafka, Tracy et Jean D.)

jeudi, 11 octobre 2007

Gourmand (o) Gaden

..... Où il fut encore question de Henri Gaden, mais aussi du marché gourmand de Chaveignes .....

La vérité sort du marqueur des enfants

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Depuis quelques semaines,

 

Alpha         

 

          apprend à écrire .

Aber wo ist doch Nathan der Weise ?

Le Prix Nobel de Littérature vient d'être attribué à Doris Lessing.

Loin d'être au rang des "sceptiques", je trouve souvent les choix de l'Académie suédoise justes ou, à tout le moins, dignes du débat. Là, il n'y a pas photo : le jury s'enfonce dans le train-train ridicule qui consiste à attribuer le Prix à un écrivain de langue anglaise une année sur deux, comme si l'hégémonie de la langue anglaise dans le monde interdisait de récompenser un Turc, une Allemande, une Japonaise, un Mexicain ou un Portugais plus d'une année de suite (!) ; de surcroît, il s'agit, comme avec Coetzee, de décerner la prestigieuse médaille (& le pognon qui va avec) à un(e) représentant(e) du mainstream White writing, quand Breytenbach, LaGuma, Bessie Head ou Zoe Wicomb n'auront jamais été même shortlisted. (Mille pardons pour le mélange de langues, but I'm thinking all this in English...)

Le pire de tout, c'est que l'on pouvait encore considérer qu'avec Coetzee, on tenait, à peu près, un écrivain, même si son oeuvre est souvent fade, compassée, exsangue. Lessing, elle, est une chichiteuse infatuée bourrée de tics et dont la langue sue l'académisme le plus poussiéreusement pense-petit qui soit. Imaginer, ne serait-ce qu'une seconde, que ses romans puissent servir de modèle des écritures contemporaines, cela revient à placer Eugène Sue devant Flaubert, Rimbaud ou Hugo... autant dire, une ignorance fondamentale de ce qui fait la force de la Littérature.

(Je songe aussi à ce que Renaud Camus dit de sa surprise en découvrant que l'artiste choisi par Tzvetan Todorov, pour figurer la seconde moitié du 20ème siècle, était... Jeanclos !)

 

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Ajout de 18 h 05. Voici ce que Le Monde nous apprend ce soir à ce sujet :

Interrogée à son arrivée devant sa maison dans le nord-ouest de Londres, Doris Lessing s'est dit "ravie" d'avoir reçu cette récompense. "Cela fait trente ans que ça dure. J'ai remporté tous les prix en Europe, tous ces foutus prix, alors je suis ravie de les avoir remportés. C'est un flush royal", a-t-elle ajouté.

 

Voilà qui en dit long sur la profondeur de vision de cette marchande de soupe, impératrice ès imposture...

14:15 Publié dans Indignations | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Littérature

La Montagne aux Ravines

Le ciel est un terrible littoral, sans que l'on sache si cette pâte rougeoyante recèle de meurtrières baïnes ou si les enfants y gagneront le large, avirons repliés, fous de Bassan à la dérive. On trouve des fils comme des fibrilles pris dans la végétation, à moins que ce ne soient des algues tressées, des filets où se sont englués des saumons agonisants, saignants, bouche bée. (J'essaie de retrouver la première impression, la vision d'une mare de sang, Marnie obsédée ou nez mal cautérisé qui ne cesse de s'écouler dans un lavabo, sans nulle aide du savon âcre à l'odeur de citron chimique, comme si aussi une vague, une lame rouge venait, comme une gueule, s'emparer du radeau rampant sur les rouleaux.) Après maints passages sur les rotatives, après essais d'infructueuses litotes, après embardées par de chimériques Rialto, l'évidence est rompue : le ciel est un terrible littoral.

mercredi, 10 octobre 2007

L'Âne égaré

                              "Ce qu'on appelle communément philosophie est de l'art piétinant, de la pâte d'art qui n'a pas levé." (Dubuffet. Prospectus II, p. 34)

 

Que faites-vous là haut,

Dame au fruste manteau ?

Peut-être que la crête

À ce point vous arrête

Que le regard bientôt

- La patte comme emplâtre -

Fixe la feuille prête

À recuire jaunâtre,

Le ciel pour écriteau

Que la terre regrette.

 

 

 

"... l'incision ne permettant pratiquement pas de repentir." (Laurent Danchin. Jean Dubuffet. Paris : Terrail, 2001, p. 65)

Le Voyageur sans boussole

Cinquante-cinq plus tard, on dirait une de ces photographies de la Terre par satellite, un de ces clichés trouvés, à force de persévérance, sur Google Earth, et où l'on reconnaît avec peine, dans leur familière étrangeté, des lieux où l'on passe si souvent.

Ces stries, ces crevasses, ces chemins qui ne mènent nulle part, cette ligne de démarcation (ou de flottaison) qui distingue la lourde pâte brune du fin réseau ocre irisé de graffiti, sont come autant de signaux de brume. Le regard s'y perd, et les yeux s'y enfoncent, comme dans les trames d'un typon complexe. Est-ce vraiment une carte, ou une tôle explosée ? Pourrons-nous retrouver, dans ces incisions, ces hachures, le chemin instinctif ? Il y a fort à parier que le sable nous engloutira avant que nous ayons pu réussir, ou qu'il s'étendra, comme une nappe d'huile, à ronger nos forces, à rogner le désert de bitume.

(Il se peut qu'ici la lecture de La Femme des sables m'influence.)

Etopmoc etocmop

... Où il fut question de Blanche Lazzell,

  

du Cameroun ,    de Julien Jacob      et

  

de shuttlecocks .....

mardi, 09 octobre 2007

Afrique des abri-bus

........ Où il fut question de Henri Gaden,

 

de Yootha Joyce et de François Bon ......

Scène de chasse

Comme jamais auparavant, je m'intéresse de près au travail de Jean Dubuffet, qui, outre la prodigieuse diversité de son oeuvre peint et sculpté (sans compter, je suppose, des architectures controversées), fut un écrivain non dénué d'intérêt. Comme j'écoutais une cantate de Bach - une de mes préférées, Vergnügte Ruh (ah, l'aria finale, Mir ekelt mehr zu leben (Il me répugne de vivre encore)) - je me disais que ce n'était pas nécessairement l'accompagnement musical le plus propice à cette rêverie attentive nourrie d'images et de textes, et me suis enfoncé dans une rêverie plus profonde encore sur les correspondances possibles entre telle facette de l'artiste et tel compositeur, ou sur le terreau fertile que constitueraient des choix discrépants (au sens I.I.), tant et si bien que je dois enfin prendre à bras-le-corps cette envie d'écrire, décrire, à ne rien souscrire.

 

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Rêverie attentive : dans une forêt d'ombres, frondaisons en dégoulinures, envols de passereaux et reptations de bruns insectes minuscules, un lascar hachuré suit la piste pareille à une échelle de corde, mais comme tracée au sol pourtant, pour faire face à l'animal massif (sanglier de corpulence, cerf par les bois, lion par la dégaine), lui-même parvenu au terme d'une longue errance et, désemparé, hébété, prêt toutefois à charger, sous le regard curieux d'un saint-esprit en retrait, arbre ou statue, du feu dont on fait les curées.

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Chouettes pépées

On en apprend tous les jours, et de très utiles. Ainsi, ce matin, browsing the OED [traduction à l'attention de Tinou, Didier et Denis : en parcourant l'Oxford English Dictionary], j'apprends que le mot grouse, dont je connaissais le sens comme substantif (tétras ou coq de bruyère (oui, Didier : The Famous Grouse, le célèbre tétras-lyre), existe aussi comme en adjectif, et désignait, en argot australien des années 40-50 (mais non, Aurélie, je ne publierai pas les photos compromettantes de toi en compagnie des Wallabies), toute chose superlativement remarquable.

On pourrait donner, comme équivalents également dépassés, sensass', formid'  ou tip-top (de mémoire : "Chère Reine de Ventadour veut que tout soit tip-top", cf Belle du Seigneur, le nanard d'Albert Cohen).

Voici à présent deux des exemples d'usage que donne l'OED :

1944 L. Glassop We were Rats I. i. 5 You know them two grouse sheilas we've got the meet on with tomorrer night?

1947 D.M. Davin Gorse blooms Pale 200 An Iti bint, a real grouse brush she was, with bonzer black eyes.

 

Si je puis comprendre la première phrase, et même en risquer une traduction, je suis assez perplexe au sujet de la seconde. (Ajoutons que j'ignore totalement qui sont ou furent Glassop et Davin, probables très locales gloires australiennes.)

Pour la première phrase, voici ce que je propose : Tu sais, ces deux chouettes pépées qu'on doit se coltiner d'main soir ?

Pour la seconde, après vérification des autres termes problématiques, je suggère : Une Ritale, mais si, une vraie nana sensass', avec de super yeux noirs.

Il s'agit d'approximations, car un traducteur consciencieux vérifierait dans un dictionnaire d'argot français les termes les plus pertinents pour la période concernée ; en l'occurrence, je ne suis pas certain qu'on ait beaucoup dit pépée et sensass' en 1944 et 1947, que l'on eût - ou non - les mains comme des raquettes...

Transposée à notre époque, la seconde phrase donnerait des résultats voisins de "une super giga meuf [une meuf trop top canon ?], avec des yeux noirs de la mort". (Je sais, de la mort sonne terriblement nineties. (On ne va pas s'en sortir.))

Pour ce qui est de Iti, que je n'ai pas hésité à traduire par "Ritale" dans le contexte des années 40, il pose vraiment problème : emploie-t-on encore ce genre de terme pour désigner les gens de nationalité ou d'origine italienne ? je pense que le politiquement correct (ou la plus grande intégration de la composante italienne dans la société française) a triomphé de ce genre de formules...

lundi, 08 octobre 2007

Incréments

François Bon signale, sur son blog, la parution imminente, dans la collection qu'il dirige au Seuil, de deux volumes, dont l'un, celui de Jérôme Mauche, semble obéir à un principe structurel dont, pour séduisant qu'il soit, j'avais énoncé les limites dans le cas d'Eric Meunié. Depuis, j'ai moi-même écrit des centaines de pages selon des principes incrémentiels, et ne cacherai donc pas mon intérêt pour ce type d'entreprise.

Arracher des récits

Sur la première photographie marque-page je t'ai photographiée, près de la poignée de porte, fond de peinture bleu ciel, et tu arbores la casquette à carreaux de mon grand-père, que nous avions dérobée furtivement et temporairement, à seule fin de claquer ces deux clichés.

 Mon père s'arrêta et se passa la main sur le front ou se le pressa presque, avec quatre doigts, comme s'il voulait en arracher quelque chose, des images peut-être, peut-être des récits. (Javier Marias. Ton visage demain II. Danse et rêve. Traduction de Jean-Marie Saint-Lu. Gallimard, 2007, p. 280.)

 

Sur la seconde photographie marque-page tu m'as photographié, près de la grande reproduction d'une toile d'Odilon Redon, et j'arbore la casquette à carreaux de mon grand-père, que nous avions dérobée furtivement et temporairement, à seule fin de claquer ces deux clichés.