dimanche, 09 septembre 2007
(Autres) vendanges
"Le poète ne redoute pas la cascade des dangereux adverbes de manière" écrit Yves Sandre dans sa préface à l'édition des Vendanges de Saint-Pol-Roux (Rougerie, 1993).
Oui, c'est la saison des vendanges.
La vigne nous fait un signe.
Un signet dans un livre, s'en soucier comme d'une guigne.
(Que dire alors des matins mordus, des soirs perdus pour les chevauchées, des midi fendus comme des jupes ?)
Un charpentier rugueux joue de la guiterne avant de s'en remettre au vent.
Les raisins pleuvront dans son sac, mais pas avant le soir.
Les raisins pleuvront dans sa hotte, sans retour.
J'ai lié ma botte avec un brin de paille.
La vigne nous fait un signe. Il pleut des sarments. Un homme rugueux à la tête noueuse de cep desséché prend la tangente avant l'arrivée des vignerons. Quelques liserons se posent dans le champ voisin, comme des alouettes perdues pour les virevoltes.
C'est la saison des vendanges.
Un archange admoneste Jeanne et lui reproche de lambiner. (Get moving, maid ! Rires intempestifs mais inévitables.)
Saison des vendanges.
Que dire du vin qui coule à flots, dans le ressac des alouettes, dans le havresac des liserons, quand joue la sacqueboute des vignerons ?
Des vendanges.
À Sully-sur-Loire, l'issue s'inverse et le but vire au début (acte III de Fronton du Duc).
Vendanges.
J'ai lié ma botte avec un brin d'osier.
Vent
Où irons-nous courir, si même les liserons migrent et s'envolent pour l'Afrique ?
danger.
15:15 Publié dans Ecrit(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Littérature, écriture
95 ter
Le célèbre idiot de Marnay
Lança un jour : " Le homarnay
Deux jours plus tôt que l'écrevisse."
Sa femme, toujours au supplice,
Nota cela dans son carnay.
01:00 Publié dans Album de limericks ligériens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Ligérienne
samedi, 08 septembre 2007
95 bis
Une habitante de Marnay
En avait assez de marnay :
"En plus, mon mari
Est un sot fini.
Tenez, lisez donc ce carnay."
01:00 Publié dans Album de limericks ligériens | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, Ligérienne
vendredi, 07 septembre 2007
95
Un vieux birbe fou de Marnay
Etait la bêtise incarnay.
Sa femme, Suzanne,
Disait : "Je muzanne
Oter tout dans un carnay."
01:00 Publié dans Album de limericks ligériens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Ligérienne
jeudi, 06 septembre 2007
94
Un doux rêveur de Planchoury
Voulait aller en Mandchourie.
Le fin mot de l'histoire :
Il tomba dans la Loire
Du fait d'une planche pourrie.
20:00 Publié dans Album de limericks ligériens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Ligérienne
93
Un mec d'Avrillé-les-Ponceaux
Renâcle méchant des pinceaux :
Les dames d'Avrillé
En ont le nez vrillé
Bien pis que de rillons manceaux.
16:00 Publié dans Album de limericks ligériens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Ligérienne
92
Un professeur des Essards
Etait un triste cambroussard,
Confondant Cortazar
Avec Gide ou Ronsard,
Mais aussi les pur-sang et les pinçards.
12:00 Publié dans Album de limericks ligériens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Ligérienne
mardi, 04 septembre 2007
91
Une veuve de Courléon
Gardait ses charmes pour Léon.
Après avoir connu Léonce,
Elle ne changea pas d'une once
Mais dit : "C'est un peu court, Léon ! "
00:20 Publié dans Album de limericks ligériens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie, Ligérienne
dimanche, 02 septembre 2007
90
Gilles, sot geignard de Gizeux,
Pour tout repas gobe des oeufs.
"Pas de douleur au foie,
Car ce sont des oeufs d'oie ! "
Dit le sot Gilles de Gizeux.
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Dites, ce n'est pas pour dire, ni pour rire, mais 90 limericks, ça commence à faire. Ainsi, je vous propose, pour fêter le renouveau de cette rubrique longtemps restée en jachère, et même en déshérence, de commenter certains des limericks qui sont restés vierges de tout commentaire. Un limerick vierge, ça ne se peut pas.
Voici les liens vers les limericks à cette heure non commentés****** : [89] ; [86]***** ; [84] ; [82] ; [80] ; [78] ; [69] ; [64] ; [63 bis] ; [62]* ; [60]** ; [56] ; [55]*** ; [52]**** ; [48].
* Je suis passé aujourd'hui à Continvoir ; je n'aurais jamais cru que j'avais un limerick sur ce village. Cela dit, c'est l'un des plus mauvais (et ce n'est pas peu dire).
** Celui-là, je le dédie rétrospectivement à Didier Goux.
*** On est dans le non-sens.
**** Prouesse de rimes, mais tout le monde s'en fout.
***** Là, j'avoue, il fallait oser.
****** Ajouterai-je que certains billets passent décidément à la trappe et qu'il est de mon devoir paternel de sauver ces oisillons de l'oubli, et, tel le pélican... euh, je m'égare... Donc, n'oubliez pas non plus : Doublure minée & Rangeoir aux épices (d'autant que je ne sais toujours pas si je dois lire du Yoko Ogawa).
22:08 Publié dans Album de limericks ligériens | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Poésie, Ligérienne
samedi, 02 juin 2007
La douceur s'installe
18:50 Publié dans Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : Photographie, Poésie
lundi, 14 mai 2007
Questions de traduction, Lucilius
Comme tous les beaux ouvrages oranges de la collection « Budé », le tome I des Satires de Lucilius que je m’apprête à rendre à la Bibliothèque Universitaire est d’une érudition impressionnante. Son auteur est F. Charpin (dont le prénom est introuvable, même sur la dédicace à l’encre violette qui figure sur la page de faux-titre, et qui, par ses pleins et ses déliés archaïsants, laisserait penser qu’elle a été écrite il y a des siècles, presque (or, le livre date de 1978)), et il faut remarquer qu’il hésite souvent entre une traduction « utile » (scolaire, au bord du littéral (je ne sais comment dire))* et une traduction plus respectueuse de la poéticité du texte. Ainsi, pour le fragment 19 du livre VII, il restitue admirablement l’écho allitératif esu-/ex-/excul- (repris par la série arr-/à la/aff-), de même que l’hypallage :
esuriente leoni ex ore exculpere praedam
arracher la proie à la gueule affamée d’un lion
En revanche, il est difficile de savoir si, dans le cas, du fragment 17 du livre VI, il n’a pas vu, ou pas su traduire, la contrainte alphabétique dans l’alignement des quatre termes forts (n, o, p, p) :
nequitia occupat hoc petulantia prodigitasque
qu’il traduit « ces gens se livrent à la débauche, à l’effronterie, au gaspillage », ce qui est très utile pour l’étudiant en mal de sens, mais frustrant pour l’amoureux de poésie. Je propose
tout le jour ce ne sont qu’ignominie, insolence et indiscipline
où la série j/i/i/i se substitue à la série n, o, p, p. La traduction est également plus resserrée et correspond mieux à la structure de l’hexamètre. Évidemment, il y a beaucoup à redire à la traduction de occupat hoc, d’un point de vue sémantique. (On tourne en rond, merde, on tourne en rond.)
* J’ai trouvé hier, en feuilletant notre vieux Folio jauni du Paysan parvenu, une citation géniale sur l’usage des parenthèses :
Jusque-là je m'étais assez possédé, je ne m'étais pas tout à fait perdu de vue; mais ceci fut plus fort que moi, et la proposition d'être mené ainsi gaillardement à la Comédie me tourna entièrement la tête; la hauteur de mon état m'éblouit; je me sentis étourdi d'une vapeur de joie, de gloire, de fortune, de mondanité, si on veut bien me permettre de parler ainsi (car je n'ignore pas qu'il y a des lecteurs fâcheux, quoique estimables, avec qui il vaut mieux laisser là ce qu'on sent que de le dire, quand on ne peut l'exprimer que d'une manière qui paraîtrait singulière; ce qui arrive quelquefois pourtant, surtout dans les choses où il est question de rendre ce qui se passe dans l'âme; cette âme qui se tourne en bien plus de façons que nous n'avons de moyens pour les dire, et à qui du moins on devrait laisser, dans son besoin, la liberté de se servir des expressions du mieux qu'elle pourrait, pourvu qu'on entendît clairement ce qu'elle voudrait dire, et qu'elle ne pût employer d'autres termes sans diminuer ou altérer sa pensée). Ce sont les disputes fréquentes qu'on fait là-dessus, qui sont cause de ma parenthèse; je ne m'y serais pas engagé si j'avais cru la faire si longue, revenons.
11:00 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Latin, Traduction, Littérature, Poésie
89
Un vieux châtelain de Lerné
Un beau matin se sut berné
Quand, devant le notaire,
On le pria de se taire.
(Je ne me sens pas concerné.)
09:10 Publié dans Album de limericks ligériens | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Ligérienne, Poésie
samedi, 12 mai 2007
L’École des fanes *
(De retour du marché.)
― Je voudrais deux bottes de carottes, s'il vous plaît.
― Je vous coupe les fanes ?
(Cela n'est pas un fragment des Satires de Lucilius.)
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Au demeurant, ce billet est publié dans la catégorie Mots sans lacune, car le Robert culturel ne donne aucune citation littéraire pour ce beau nom de fanes. Alors, en vrac :
« Le paysan laboure un champ de raves. Le diable vient réclamer son feuillage. Le paysan lui donne les fanes. Méfiant, le diable vient le soir observer, par une fente entre les poutres de l'izba, ce que complote le paysan, qui se fait une soupe de raves, qu'on appelle borchtch en russe, un régal de gourmets, de couleur mauve et rose. » (René Laurenceau. Nègres blancs.)
Les fanes d’orichalque au vent tintinnabulent
Des femmes enfiévrées sortent de tes chansons
Elles vont sans me voir comme des somnambules
Sur les pas du flûteur de la rue Vaucanson
(Robert Vitton. "Elégie pour un élégiaque". In Encres vagabondes, 1990.
« La poésie, qui détruit les frontières. Reconstruit les murailles qui nous encerclent, celles qui protègent du froid et des sottises. La poésie des dépravés, des arracheurs de pavés qui bravent les idées préconçues. La poésie des acharnés des rimes, ceux qui triment en terminaison de vers pour toute existence. Les autres, verre à la main, s’abreuvent des femmes et courbent les fanes dans des alexandrins étriqués. Et ceux qui ne comprennent rien. Je les envie. » (Falmar. Introduction, 27 janvier 2007)
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* Le titre du billet, hautement (et oncques bassement) calembouresque, est un hommage à ceux de mes lecteurs qui goûtent les jeux de mots (et je songe en particulier à Fuligineuse, Aurélie et Simon). Or, je me suis rendu compte, en cherchant sur la Toile des occurrences du mot fanes (au pluriel), que de nombreux internautes prétendûment francophones écrivent ainsi le féminin du substantif franglais fan ! Pas de quoi s'éventer !!! (Les pales du ventilateur tournent toujours.)
11:40 Publié dans Mots sans lacune | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Poésie, Langue française, Ligérienne
"Anu noceo"
Satires de Lucilius, suite. On trouve, dans les fragments retrouvés du livre VII, les trois vers suivants, qui réussissent la prouesse d'être à la fois très clairs et tout à fait énigmatiques :
Hanc ubi vult male habere, ulcisci pro scelere eius,
testam sumit homo Samiam sibi anu noceo, inquit,
praecidit caulem testisque una amputat ambo.
... que l'on peut traduire comme suit :
Comme il veut la malmener et se venger de ses forfaits, *
l'homme saisit un tesson de Samos en disant "Au cul la vieille" **
et d'un coup il se coupe la queue et les deux testicules ***
Le sens du fragment (lui-même arraché à l'oubli comme un testicule à un corps évanescent (a foolish figure)) est très clair ; le récit dans lequel il s'inscrivait est plus délicat à reconstruire.
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* Hier soir, au lit, j'ai lancé la phrase suivante, qui s'est avérée être un alexandrin parfait, au rythme saccadé :
T'as toujours tes Cendrars dans ton confiturier ?
** Les adolescents latinistes ricanent toujours sous cape en apprenant qu'anus - us (substantif du 4ème groupe, et non du 2ème) signifie "vieille femme". Ici, le datif anu sert de boustrophédon à l'adverbe una (en même temps, de concert, d'un coup). Si j'ai, avec quelque liberté, rendu hommage à cette amphibologie, je n'ai pas trouvé de traduction honorable pour le jeu de mots testam/testis (tesson/rouston ?).
*** "Grossier personnage." (Aurélie)
09:55 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Latin, Poésie, Traduction
vendredi, 11 mai 2007
Satires de Lucilius
Les Satires de Lucilius (qui m'avaient intrigué avant-hier et dont l'auteur n'est pas le destinataire des célèbres épîtres de Sénèque) offrent une expérience de lecture plus étonnante que les fragments des Présocratiques même les plus fragmentaires.
En effet, la plupart des bribes qui nous sont parvenues de Héraclite disons, sont généralement encerclés de gloses, ont des significations complexes, philosophiques, etc., ce qui fait qu'un fragment reste encore lisible dans la perspective d'un tout. (Bon, je sais, la plupart des exégètes ou spécialistes hurleraient en lisant ce raccourci scandaleux. Je crois me rappeler que Kostas Axelos... Mais enfin, ce n'est pas le sujet...)
Dans le cas des satires de Lucilius, le lecteur qui emprunte, comme moi, un volume de la collection Budé se trouve face à des fragments d'un ou deux vers, sauvés de l'oubli grâce à divers compilateurs ou lexicographes, et dont on ne sait absolument pas, pour la plupart, quel pouvait en être le contexte. On regarde alors ces vers comme des morceaux de fresques qui ne sont plus que couleur ou mouvement purs, en s'attachant à telle expression, telle allitération, ou tel vague écho de préoccupations contemporaines. Il en est ainsi de ce vers où revient encore le tarbouif :
Si nosti, non magnus homo est, nasutus, macellus.*
ce que l'on pourrait traduire par :
Si tu le connais, ce n'est pas un géant, mais un malingre
au nez camusà gros tarin.
* 11ème fragment du Livre VI des Satires de Gaius Lucilius
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Ajout de 22 h 50 : échos aux Kleptomanies überurbaines par la route Selby Jr, voie d'accélération François Bon.
23:00 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Latin, Littérature, Poésie
samedi, 28 avril 2007
88
Il est, à Ferrière-Larçon,
Un fort singulier garçon,
Qui, aux fillettes de Ferrière
Toujours exhibe son derrière
Aussi gros qu'un cheval d'arçon.
00:05 Publié dans Album de limericks ligériens | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, Ligérienne
vendredi, 27 avril 2007
87
Un godelureau de Luré
Etait tout à fait déluré.
À une fille de Larçon
Il offrit son caleçon :
Pauvre imbécile de Luré !
18:56 Publié dans Album de limericks ligériens | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Ligérienne, Poésie
samedi, 14 avril 2007
En églogue
Je suis allé pêcher un vieux texte (circa 2000, il se pourrait), intitulé En églogue, et dont je ne suis pas sûr qu'il ait un quelconque rapport avec cette troisième photographie de poisson d'avril.
Ecoute,
la bucolique n’est pas loin.
Sur ta chaise alangui
à lire les sillons
qu’aura formés ma main,
prends-tu le temps de vivre ?
Est-ce si important desuccomber au vacarme ?
La bucolique est là,dans la mémoire avide.
Dans le souffle reçu au visageà l’automne.
Dans l’affairement
du lézard le long des gouttières.
Ne lalaisse pas chanter seule.
22:33 Publié dans Fous d'avril | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie
jeudi, 12 avril 2007
86
Un sieur de La C.B.S.M. *
Ayant acquis un GSM
Rassembla son courage
Sillonna le village
Tout ça pour se trouver une maîtresse S.M. !
* Désolé, mais La Chapelle-Blanche-Saint-Martin, ça ne rentre pas dans un vers de limerick !
18:20 Publié dans Album de limericks ligériens | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Poésie, Ligérienne
vendredi, 06 avril 2007
Ma vie sur un coin de table
Franchement rarement été aussi crevé de ma vie, en plus je viens de m'apercevoir que j'ai oublié de prendre les photocopies pour l'atelier de demain à la Reprographie. Faudra faire sans, quel innocent ! La force de rien, je colle ici, tout benoîtement, mon ébauche de traduction (inachevée) de My Life in a Stolen Moment de Dylan.
Ma vie sur un coin de table
Duluth c’est une ville du Minnesota qui vit du transport fluvial de minerai
Construite sur une falaise rocheuse au bord du Lac Majeur
J’y suis né – mon père y est né
Ma mère venait d’une région plus au nord le pays du Fer
Le Pays du Fer est une longue traîne de villes minières
De Grand Rapids à Eveleth
Nous avons déménagé pour aller y vivre dans la famille de ma mère
À Hibbing quand j’étais jeune
À Hibbing il y a la plus grande mine de forage du monde
À Hibbing il y a des écoles, des églises, des épiceries – et une prison
Il y a un cinéma et au lycée il y a une équipe de football américain
À Hibbing le vendredi soir il y a des bagnoles trafiquées qui roulent à fond la caisse
À Hibbing il y a des petits bistrots où on joue des polkas
Si on se trouve à un bout de Hibbing on voit parfaitement l’autre côté de la ville
Hibbing c’est une bonne petite ville
J’ai fugué à dix, douze, treize, quinze, quinze ans et demi, mais aussi à dix-sept et dix-huit ans
On m’a chopé on m’a ramené presque à chaque fois
J’y ai écrit ma première chanson, pour ma mère, et ça s’appelait « À ma mère »
J’ai écrit ça quand j’avais dix ans et l’instit m’a mis un 15
J’ai commencé à fumer à onze ans et j’ai arrêté juste le temps de reprendre mon souffle
Je ne revois pas trop chanter mes parents
En tout cas je ne me revois pas échanger des chansons avec eux
Plus tard j’ai étudié à l’Université du Minnesota avec une bourse bidon que je n’ai jamais touchée
J’étais en fac de sciences et je me suis fait recaler car j’avais refusé de voir mourir un lapin
Je me suis fait virer du cours d’anglais pour avoir injurié le professeur dans un devoir
J’ai échoué à l’examen de communication parce que j’appelais tous les jours pour dire que je ne pouvais pas venir
En espagnol j’ai réussi mais ça je le savais d’avance
Je traînais dans un foyer et j’y étais si bien
J’y suis resté jusqu’à ce qu’on me demande de devenir membre
Alors je me suis installé chez deux filles qui venaient du Dakota du Sud
Deux nuits juste dans un F2
J’ai traversé le pont gagné la 14ème Rue et ai emménagé au-dessus d’une librairie qui vendait aussi des hot dogs infects des maillots de basket et des statues de chiens
Je suis tombé amoureux d’une petite actrice qui m’a cogné dans le bide
Et je me suis retrouvé à l’est du Mississippi avec une dizaine de potes dans un squat juste en dessous du pont Washington au sud des Sept Carrefours
Voilà à peu de choses près mes années d’étudiant
Après ça en stop je suis allé à Galveston, dans le Texas, en quatre jours
À chercher un vieux copain dont la mère m’a ouvert la porte
M’a dit il s’est engagé
Le temps qu’elle referme la porte de la cuisine
J’étais déjà en Californie, et presque dans l’Oregon
Dans la forêt je suis tombé sur une serveuse qui m’a pris en stop
Et m’a laissé quelque part dans l’état de Washington
En dansant j’ai quitté la fête des Indiens à Gallup, Nouveau Mexique
Le Carnaval de la Nouvelle Orléans, en Louisiane
Le pouce tendu, tombant de sommeil, le chapeau relevé, la tête bien enlevée
J’errais j’en apprenais des tonnes
Je me faisais ma petite Dépression
Ça m’éclatait de voyager en train de marchandises
Ça me faisait marrer de prendre des gnons
Je touchais quelques dollars à couper de l’herbe
Et quelques cents avec mes chansons
J’ai fait du stop sur la 61, la 51, la 75, la 169, la 37, la 66, la 22
La Gopher Road, la 40 et la HJ Turnpike
On m’a soupçonné de vol à main armé – jeté en prison
On m’a gardé quatre heures en cabane pour une histoire de meurtre
On m’a chopé parce que j’ai une drôle d’allure
Et j’avais rien fait d’ tout ça
Dans tout ça j’ai pris le temps d’apprendre à jouer d’ la guitare
Dans tout ça j’ai pris le temps de commencer à chanter
Dans tout ça j’ai pris le temps de commencer à écrire
Mais jamais j’ai pris le temps de savoir pourquoi
J’ai pris le temps de faire ça – quand on me demande
À moi pourquoi et où j’ai commencé, je secoue la tête j’esquive des yeux et je m’en vais sans dire un mot
Après Shreveport j’ai atterri à Madison, dans le Wisconsin
De Madison on s’est fourrés à cinq dans une petite Pontiac
Et on a filé droit vers le sud direct vers l’est et 24 heures après on était encore sous le tunnel de l’Hudson
On partait dans une tempête de neige on disait adieu de la main aux trois autres, on s’est baladés sur MacDougal St avec cinq dollars en tout – mais on n’était pas pauvres
J’avais ma guitare et mon harmonica
Et lui il avait les fringues de son frère à mettre au clou
Au bout d’une semaine il est reparti à Madison et moi je suis resté
[...]
18:35 Publié dans Résidence avec Laloux | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Poésie, Traduction, Ligérienne
jeudi, 05 avril 2007
Traduire Bob Dylan rue Ronsard
Cela tournait dans ma tête depuis quelque temps. Man of Peace fait partie des chansons de Bob Dylan que j'aimerais bien traduire (même si elle n'est aucunement prévue pour samedi). La question de la traduction des références bibliques me taraude depuis longtemps (et je l'ai croisée souvent), et c'est l'une des raisons de mon intérêt pour ce texte-ci.
Ce matin, marchant dans la rue, j'ai trouvé une traduction "chantable" de la première strophe, que je propose ci-après. Content des rimes internes, très riches, mais c'est le refrain qui cloche (work in progress).
Look out your window, baby, there's a scene you'd like to catch,
The band is playing "Dixie," a man got his hand outstretched.
Could be the Fuhrer / Could be the local priest.
You know sometimes Satan comes as a man of peace.
Regarde un peu par la fenêtre, il s'en passe de belles :
Un orchestre qui joue Dixie et un homme qui fait la quête.
Ce pourrait être Hitler
Ce pourrait être un prêtre.
Satan est adroit, parfois, il prêche la paix (je crois)
17:05 Publié dans Résidence avec Laloux | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Traduction, Poésie
mardi, 03 avril 2007
Le Lys d'Or, mardi dernier, 3
Dans les prés fleuris cueillir la violette. Essaie d’attraper en fait le socle violet de la pyramide. La couverture du petit livre rose tout au fond contre le mur ressemble beaucoup à celle de : The Body in the Mind dont Mark Johnson est l’auteur. Cette teinte violette est reconnaissable entre toutes. La rose absente de tout bouquet. J'étais aussi sur fond noir, colonne violette. Je finis par me décider.
Binocles, centons, proffance ; ceci est un billet bipartite.
17:45 Publié dans Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : Photographie, écriture, Poésie, Littérature
85
Un vieux dragueur du Boulay
Trouvait tous les caribous laids.
C'est très original
De haïr l'orignal !
Et toutes de penser : "Mon Dieu, mais quel boulet ! "
08:55 Publié dans Album de limericks ligériens | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Poésie, Ligérienne
lundi, 02 avril 2007
84
There was once a wowser
Who had no Web browser.
Living close to the Loire
Was indeed so bizarre
For this Webbrowserless wowsering din dowser !
06:00 Publié dans Album de limericks ligériens | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne, Poésie, Anglais
lundi, 19 mars 2007
Tout ça se tasse, 4
Vaguement, vertement, vous m'envoyer valser.
Vous me toisez, vous me tancez
Dans l'océan
éborgné.
22:30 Publié dans Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Photographie, Poésie
mercredi, 07 mars 2007
Ombres, 7/11 (Miniature béton)
20:35 Publié dans Autoportraiture | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Photographie, Poésie