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dimanche, 09 septembre 2007

(Autres) vendanges

"Le poète ne redoute pas la cascade des dangereux adverbes de manière" écrit Yves Sandre dans sa préface à l'édition des Vendanges de Saint-Pol-Roux (Rougerie, 1993).

Oui, c'est la saison des vendanges.

La vigne nous fait un signe.

Un signet dans un livre, s'en soucier comme d'une guigne.

(Que dire alors des matins mordus, des soirs perdus pour les chevauchées, des midi fendus comme des jupes ?)

Un charpentier rugueux joue de la guiterne avant de s'en remettre au vent.

Les raisins pleuvront dans son sac, mais pas avant le soir.

Les raisins pleuvront dans sa hotte, sans retour.

J'ai lié ma botte avec un brin de paille.

La vigne nous fait un signe. Il pleut des sarments. Un homme rugueux à la tête noueuse de cep desséché prend la tangente avant l'arrivée des vignerons. Quelques liserons se posent dans le champ voisin, comme des alouettes perdues pour les virevoltes.

C'est la saison des vendanges.

Un archange admoneste Jeanne et lui reproche de lambiner. (Get moving, maid ! Rires intempestifs mais inévitables.)

Saison des vendanges.

Que dire du vin qui coule à flots, dans le ressac des alouettes, dans le havresac des liserons, quand joue la sacqueboute des vignerons ?

Des vendanges.

À Sully-sur-Loire, l'issue s'inverse et le but vire au début (acte III de Fronton du Duc).

Vendanges.

J'ai lié ma botte avec un brin d'osier.

Vent

Où irons-nous courir, si même les liserons migrent et s'envolent pour l'Afrique ?

danger.

95 ter

Le célèbre idiot de Marnay

Lança un jour : " Le homarnay

Deux jours plus tôt que l'écrevisse."

Sa femme, toujours au supplice,

Nota cela dans son carnay.

 

samedi, 08 septembre 2007

95 bis

Une habitante de Marnay

En avait assez de marnay :

"En plus, mon mari

Est un sot fini.

Tenez, lisez donc ce carnay."

 

vendredi, 07 septembre 2007

95

Un vieux birbe fou de Marnay

Etait la bêtise incarnay.

Sa femme, Suzanne,

Disait : "Je muzanne

Oter tout dans un carnay."

 

jeudi, 06 septembre 2007

94

Un doux rêveur de Planchoury

Voulait aller en Mandchourie.

Le fin mot de l'histoire :

Il tomba dans la Loire

Du fait d'une planche pourrie.

 

93

Un mec d'Avrillé-les-Ponceaux

Renâcle méchant des pinceaux :

Les dames d'Avrillé

En ont le nez vrillé

Bien pis que de rillons manceaux.

 

92

Un professeur des Essards

Etait un triste cambroussard,

Confondant Cortazar

Avec Gide ou Ronsard,

Mais aussi les pur-sang et les pinçards.

 

mardi, 04 septembre 2007

91

Une veuve de Courléon

Gardait ses charmes pour Léon.

Après avoir connu Léonce,

Elle ne changea pas d'une once

Mais dit : "C'est un peu court, Léon ! "

 

dimanche, 02 septembre 2007

90

Gilles, sot geignard de Gizeux,

Pour tout repas gobe des oeufs.

"Pas de douleur au foie,

Car ce sont des oeufs d'oie ! "

Dit le sot Gilles de Gizeux.

 

 

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Dites, ce n'est pas pour dire, ni pour rire, mais 90 limericks, ça commence à faire. Ainsi, je vous propose, pour fêter le renouveau de cette rubrique longtemps restée en jachère, et même en déshérence, de commenter certains des limericks qui sont restés vierges de tout commentaire. Un limerick vierge, ça ne se peut pas.

Voici les liens vers les limericks à cette heure non commentés****** : [89] ; [86]***** ; [84]  ; [82] ; [80] ; [78] ; [69] ; [64] ; [63 bis] ; [62]* ; [60]** ; [56] ; [55]*** ; [52]**** ; [48].

 

* Je suis passé aujourd'hui à Continvoir ; je n'aurais jamais cru que j'avais un limerick sur ce village. Cela dit, c'est l'un des plus mauvais (et ce n'est pas peu dire).

** Celui-là, je le dédie rétrospectivement à Didier Goux.

*** On est dans le non-sens.

**** Prouesse de rimes, mais tout le monde s'en fout.

***** Là, j'avoue, il fallait oser.

****** Ajouterai-je que certains billets passent décidément à la trappe et qu'il est de mon devoir paternel de sauver ces oisillons de l'oubli, et, tel le pélican... euh, je m'égare... Donc, n'oubliez pas non plus : Doublure minée & Rangeoir aux épices (d'autant que je ne sais toujours pas si je dois lire du Yoko Ogawa).

samedi, 02 juin 2007

La douceur s'installe

Stalles de La Guerche 10

 

Le miroir dans un masque,

et la lune pour trembler

de peur malgré les souvenirs.

lundi, 14 mai 2007

Questions de traduction, Lucilius

Comme tous les beaux ouvrages oranges de la collection « Budé », le tome I des Satires de Lucilius que je m’apprête à rendre à la Bibliothèque Universitaire est d’une érudition impressionnante. Son auteur est F. Charpin (dont le prénom est introuvable, même sur la dédicace à l’encre violette qui figure sur la page de faux-titre, et qui, par ses pleins et ses déliés archaïsants, laisserait penser qu’elle a été écrite il y a des siècles, presque (or, le livre date de 1978)), et il faut remarquer qu’il hésite souvent entre une traduction « utile » (scolaire, au bord du littéral (je ne sais comment dire))* et une traduction plus respectueuse de la poéticité du texte. Ainsi, pour le fragment 19 du livre VII, il restitue admirablement l’écho allitératif esu-/ex-/excul- (repris par la série arr-/à la/aff-), de même que l’hypallage :

esuriente leoni ex ore exculpere praedam

arracher la proie à la gueule affamée d’un lion

 

En revanche, il est difficile de savoir si, dans le cas, du fragment 17 du livre VI, il n’a pas vu, ou pas su traduire, la contrainte alphabétique dans l’alignement des quatre termes forts (n, o, p, p) :

nequitia occupat hoc petulantia prodigitasque

 

qu’il traduit « ces gens se livrent à la débauche, à l’effronterie, au gaspillage », ce qui est très utile pour l’étudiant en mal de sens, mais frustrant pour l’amoureux de poésie. Je propose

tout le jour ce ne sont qu’ignominie, insolence et indiscipline

 

où la série j/i/i/i se substitue à la série n, o, p, p. La traduction est également plus resserrée et correspond mieux à la structure de l’hexamètre. Évidemment, il y a beaucoup à redire à la traduction de occupat hoc, d’un point de vue sémantique. (On tourne en rond, merde, on tourne en rond.)



* J’ai trouvé hier, en feuilletant notre vieux Folio jauni du Paysan parvenu, une citation géniale sur l’usage des parenthèses :

Jusque-là je m'étais assez possédé, je ne m'étais pas tout à fait perdu de vue; mais ceci fut plus fort que moi, et la proposition d'être mené ainsi gaillardement à la Comédie me tourna entièrement la tête; la hauteur de mon état m'éblouit; je me sentis étourdi d'une vapeur de joie, de gloire, de fortune, de mondanité, si on veut bien me permettre de parler ainsi (car je n'ignore pas qu'il y a des lecteurs fâcheux, quoique estimables, avec qui il vaut mieux laisser là ce qu'on sent que de le dire, quand on ne peut l'exprimer que d'une manière qui paraîtrait singulière; ce qui arrive quelquefois pourtant, surtout dans les choses où il est question de rendre ce qui se passe dans l'âme; cette âme qui se tourne en bien plus de façons que nous n'avons de moyens pour les dire, et à qui du moins on devrait laisser, dans son besoin, la liberté de se servir des expressions du mieux qu'elle pourrait, pourvu qu'on entendît clairement ce qu'elle voudrait dire, et qu'elle ne pût employer d'autres termes sans diminuer ou altérer sa pensée). Ce sont les disputes fréquentes qu'on fait là-dessus, qui sont cause de ma parenthèse; je ne m'y serais pas engagé si j'avais cru la faire si longue, revenons.

89

Un vieux châtelain de Lerné

Un beau matin se sut berné

Quand, devant le notaire,

On le pria de se taire.

(Je ne me sens pas concerné.)

 

samedi, 12 mai 2007

L’École des fanes *

(De retour du marché.)

― Je voudrais deux bottes de carottes, s'il vous plaît.

― Je vous coupe les fanes ?

 

(Cela n'est pas un fragment des Satires de Lucilius.)

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Au demeurant, ce billet est publié dans la catégorie Mots sans lacune, car le Robert culturel ne donne aucune citation littéraire pour ce beau nom de fanes. Alors, en vrac :

« Le paysan laboure un champ de raves. Le diable vient réclamer son feuillage. Le paysan lui donne les fanes. Méfiant, le diable vient le soir observer, par une fente entre les poutres de l'izba, ce que complote le paysan, qui se fait une soupe de raves, qu'on appelle borchtch en russe, un régal de gourmets, de couleur mauve et rose. » (René Laurenceau. Nègres blancs.)

 

Les fanes d’orichalque au vent tintinnabulent

Des femmes enfiévrées sortent de tes chansons

Elles vont sans me voir comme des somnambules

Sur les pas du flûteur de la rue Vaucanson

(Robert Vitton. "Elégie pour un élégiaque". In Encres vagabondes, 1990.

 

« La poésie, qui détruit les frontières. Reconstruit les murailles qui nous encerclent, celles qui protègent du froid et des sottises. La poésie des dépravés, des arracheurs de pavés qui bravent les idées préconçues. La poésie des acharnés des rimes, ceux qui triment en terminaison de vers pour toute existence. Les autres, verre à la main, s’abreuvent des femmes et courbent les fanes dans des alexandrins étriqués. Et ceux qui ne comprennent rien. Je les envie. » (Falmar. Introduction, 27 janvier 2007)

 

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* Le titre du billet, hautement (et oncques bassement) calembouresque, est un hommage à ceux de mes lecteurs qui goûtent les jeux de mots (et je songe en particulier à Fuligineuse, Aurélie et Simon). Or, je me suis rendu compte, en cherchant sur la Toile des occurrences du mot fanes (au pluriel), que de nombreux internautes prétendûment francophones écrivent ainsi le féminin du substantif franglais fan ! Pas de quoi s'éventer !!! (Les pales du ventilateur tournent toujours.)

"Anu noceo"

Satires de Lucilius, suite. On trouve, dans les fragments retrouvés du livre VII, les trois vers suivants, qui réussissent la prouesse d'être à la fois très clairs et tout à fait énigmatiques :

Hanc ubi vult male habere, ulcisci pro scelere eius,

testam sumit homo Samiam sibi anu noceo, inquit,

praecidit caulem testisque una amputat ambo.

 

... que l'on peut traduire comme suit :

Comme il veut la malmener et se venger de ses forfaits, *

l'homme saisit un tesson de Samos en disant "Au cul la vieille" **

et d'un coup il se coupe la queue et les deux testicules ***

 

Le sens du fragment (lui-même arraché à l'oubli comme un testicule à un corps évanescent (a foolish figure)) est très clair ; le récit dans lequel il s'inscrivait est plus délicat à reconstruire.

 

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* Hier soir, au lit, j'ai lancé la phrase suivante, qui s'est avérée être un alexandrin parfait, au rythme saccadé :

T'as toujours tes Cendrars dans ton confiturier ? 

 

** Les adolescents latinistes ricanent toujours sous cape en apprenant qu'anus - us (substantif du 4ème groupe, et non du 2ème) signifie "vieille femme". Ici, le datif anu sert de boustrophédon à l'adverbe una (en même temps, de concert, d'un coup). Si j'ai, avec quelque liberté, rendu hommage à cette amphibologie, je n'ai pas trouvé de traduction honorable pour le jeu de mots testam/testis (tesson/rouston ?).

*** "Grossier personnage." (Aurélie)

vendredi, 11 mai 2007

Satires de Lucilius

Les Satires de Lucilius (qui m'avaient intrigué avant-hier et dont l'auteur n'est pas le destinataire des célèbres épîtres de Sénèque) offrent une expérience de lecture plus étonnante que les fragments des Présocratiques même les plus fragmentaires.

En effet, la plupart des bribes qui nous sont parvenues de Héraclite disons, sont généralement encerclés de gloses, ont des significations complexes, philosophiques, etc., ce qui fait qu'un fragment reste encore lisible dans la perspective d'un tout. (Bon, je sais, la plupart des exégètes ou spécialistes hurleraient en lisant ce raccourci scandaleux. Je crois me rappeler que Kostas Axelos... Mais enfin, ce n'est pas le sujet...)

Dans le cas des satires de Lucilius, le lecteur qui emprunte, comme moi, un volume de la collection Budé se trouve face à des fragments d'un ou deux vers, sauvés de l'oubli grâce à divers compilateurs ou lexicographes, et dont on ne sait absolument pas, pour la plupart, quel pouvait en être le contexte. On regarde alors ces vers comme des morceaux de fresques qui ne sont plus que couleur ou mouvement purs, en s'attachant à telle expression, telle allitération, ou tel vague écho de préoccupations contemporaines. Il en est ainsi de ce vers où revient encore le tarbouif :

Si nosti, non magnus homo est, nasutus, macellus.*

 

ce que l'on pourrait traduire par :

Si tu le connais, ce n'est pas un géant, mais un malingre au nez camus à gros tarin.

 

* 11ème fragment du Livre VI des Satires de Gaius Lucilius

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Ajout de 22 h 50 : échos aux Kleptomanies überurbaines par la route Selby Jr, voie d'accélération François Bon.

samedi, 28 avril 2007

88

Il est, à Ferrière-Larçon,

Un fort singulier garçon,

Qui, aux fillettes de Ferrière

Toujours exhibe son derrière

Aussi gros qu'un cheval d'arçon.

 

vendredi, 27 avril 2007

87

Un godelureau de Luré

Etait tout à fait déluré.

À une fille de Larçon

Il offrit son caleçon :

Pauvre imbécile de Luré !

 

samedi, 14 avril 2007

En églogue

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Je suis allé pêcher un vieux texte (circa 2000, il se pourrait), intitulé En églogue, et dont je ne suis pas sûr qu'il ait un quelconque rapport avec cette troisième photographie de poisson d'avril.

Ecoute,

la bucolique n’est pas loin.


Sur ta chaise alangui

à lire les sillons

qu’aura formés ma main,

prends-tu le temps de vivre ?


Est-ce si important de

succomber au vacarme ?


La bucolique est là,

dans la mémoire avide.


Dans le souffle reçu au visage

à l’automne.

Dans l’affairement

du lézard le long des gouttières.


Ne la

laisse pas chanter seule.

22:33 Publié dans Fous d'avril | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie

jeudi, 12 avril 2007

86

Un sieur de La C.B.S.M. *

Ayant acquis un GSM

Rassembla son courage

Sillonna le village

Tout ça pour se trouver une maîtresse S.M. !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

* Désolé, mais La Chapelle-Blanche-Saint-Martin, ça ne rentre pas dans un vers de limerick !

vendredi, 06 avril 2007

Ma vie sur un coin de table

Franchement rarement été aussi crevé de ma vie, en plus je viens de m'apercevoir que j'ai oublié de prendre les photocopies pour l'atelier de demain à la Reprographie. Faudra faire sans, quel innocent ! La force de rien, je colle ici, tout benoîtement, mon ébauche de traduction (inachevée) de My Life in a Stolen Moment de Dylan.

 

Ma vie sur un coin de table

 

Duluth c’est une ville du Minnesota qui vit du transport fluvial de minerai

Construite sur une falaise rocheuse au bord du Lac Majeur

J’y suis né – mon père y est né

Ma mère venait d’une région plus au nord le pays du Fer

Le Pays du Fer est une longue traîne de villes minières

De Grand Rapids à Eveleth

Nous avons déménagé pour aller y vivre dans la famille de ma mère

À Hibbing quand j’étais jeune

À Hibbing il y a la plus grande mine de forage du monde

À Hibbing il y a des écoles, des églises, des épiceries – et une prison

Il y a un cinéma et au lycée il y a une équipe de football américain

À Hibbing le vendredi soir il y a des bagnoles trafiquées qui roulent à fond la caisse

À Hibbing il y a des petits bistrots où on joue des polkas

Si on se trouve à un bout de Hibbing on voit parfaitement l’autre côté de la ville

Hibbing c’est une bonne petite ville

J’ai fugué à dix, douze, treize, quinze, quinze ans et demi, mais aussi à dix-sept et dix-huit ans

On m’a chopé on m’a ramené presque à chaque fois

J’y ai écrit ma première chanson, pour ma mère, et ça s’appelait « À ma mère »

J’ai écrit ça quand j’avais dix ans et l’instit m’a mis un 15

J’ai commencé à fumer à onze ans et j’ai arrêté juste le temps de reprendre mon souffle

Je ne revois pas trop chanter mes parents

En tout cas je ne me revois pas échanger des chansons avec eux

Plus tard j’ai étudié à l’Université du Minnesota avec une bourse bidon que je n’ai jamais touchée

J’étais en fac de sciences et je me suis fait recaler car j’avais refusé de voir mourir un lapin

Je me suis fait virer du cours d’anglais pour avoir injurié le professeur dans un devoir

J’ai échoué à l’examen de communication parce que j’appelais tous les jours pour dire que je ne pouvais pas venir

En espagnol j’ai réussi mais ça je le savais d’avance

Je traînais dans un foyer et j’y étais si bien

J’y suis resté jusqu’à ce qu’on me demande de devenir membre

Alors je me suis installé chez deux filles qui venaient du Dakota du Sud

Deux nuits juste dans un F2

J’ai traversé le pont gagné la 14ème Rue et ai emménagé au-dessus d’une librairie qui vendait aussi des hot dogs infects des maillots de basket et des statues de chiens

Je suis tombé amoureux d’une petite actrice qui m’a cogné dans le bide

Et je me suis retrouvé à l’est du Mississippi avec une dizaine de potes dans un squat juste en dessous du pont Washington au sud des Sept Carrefours

Voilà à peu de choses près mes années d’étudiant

Après ça en stop je suis allé à Galveston, dans le Texas, en quatre jours

À chercher un vieux copain dont la mère m’a ouvert la porte

M’a dit il s’est engagé

Le temps qu’elle referme la porte de la cuisine

J’étais déjà en Californie, et presque dans l’Oregon

Dans la forêt je suis tombé sur une serveuse qui m’a pris en stop

Et m’a laissé quelque part dans l’état de Washington

En dansant j’ai quitté la fête des Indiens à Gallup, Nouveau Mexique

Le Carnaval de la Nouvelle Orléans, en Louisiane

Le pouce tendu, tombant de sommeil, le chapeau relevé, la tête bien enlevée

J’errais j’en apprenais des tonnes

Je me faisais ma petite Dépression

Ça m’éclatait de voyager en train de marchandises

Ça me faisait marrer de prendre des gnons

Je touchais quelques dollars à couper de l’herbe

Et quelques cents avec mes chansons

J’ai fait du stop sur la 61, la 51, la 75, la 169, la 37, la 66, la 22

La Gopher Road, la 40 et la HJ Turnpike

On m’a soupçonné de vol à main armé – jeté en prison

On m’a gardé quatre heures en cabane pour une histoire de meurtre

On m’a chopé parce que j’ai une drôle d’allure

Et j’avais rien fait d’ tout ça

Dans tout ça j’ai pris le temps d’apprendre à jouer d’ la guitare

Dans tout ça j’ai pris le temps de commencer à chanter

Dans tout ça j’ai pris le temps de commencer à écrire

Mais jamais j’ai pris le temps de savoir pourquoi

J’ai pris le temps de faire ça – quand on me demande

À moi pourquoi et où j’ai commencé, je secoue la tête j’esquive des yeux et je m’en vais sans dire un mot

Après Shreveport j’ai atterri à Madison, dans le Wisconsin

De Madison on s’est fourrés à cinq dans une petite Pontiac

Et on a filé droit vers le sud direct vers l’est et 24 heures après on était encore sous le tunnel de l’Hudson

On partait dans une tempête de neige on disait adieu de la main aux trois autres, on s’est baladés sur MacDougal St avec cinq dollars en tout – mais on n’était pas pauvres

J’avais ma guitare et mon harmonica

Et lui il avait les fringues de son frère à mettre au clou

Au bout d’une semaine il est reparti à Madison et moi je suis resté

[...]

jeudi, 05 avril 2007

Traduire Bob Dylan rue Ronsard

Cela tournait dans ma tête depuis quelque temps. Man of Peace fait partie des chansons de Bob Dylan que j'aimerais bien traduire (même si elle n'est aucunement prévue pour samedi). La question de la traduction des références bibliques me taraude depuis longtemps (et je l'ai croisée souvent), et c'est l'une des raisons de mon intérêt pour ce texte-ci.

Ce matin, marchant dans la rue, j'ai trouvé une traduction "chantable" de la première strophe, que je propose ci-après. Content des rimes internes, très riches, mais c'est le refrain qui cloche (work in progress).

Look out your window, baby, there's a scene you'd like to catch,

The band is playing "Dixie," a man got his hand outstretched.

Could be the Fuhrer / Could be the local priest.

You know sometimes Satan comes as a man of peace.

 

Regarde un peu par la fenêtre, il s'en passe de belles :

Un orchestre qui joue Dixie et un homme qui fait la quête.

Ce pourrait être Hitler

Ce pourrait être un prêtre.

Satan est adroit, parfois, il prêche la paix (je crois)

mardi, 03 avril 2007

Le Lys d'Or, mardi dernier, 3

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Dans les prés fleuris cueillir la violette. Essaie d’attraper en fait le socle violet de la pyramide. La couverture du petit livre rose tout au fond contre le mur ressemble beaucoup à celle de : The Body in the Mind dont Mark Johnson est l’auteur. Cette teinte violette est reconnaissable entre toutes. La rose absente de tout bouquet. J'étais aussi sur fond noir, colonne violette. Je finis par me décider.

Binocles, centons, proffance ; ceci est un billet bipartite.

85

Un vieux dragueur du Boulay

Trouvait tous les caribous laids.

C'est très original

De haïr l'orignal !

Et toutes de penser : "Mon Dieu, mais quel boulet ! "

 

 

lundi, 02 avril 2007

84

There was once a wowser

Who had no Web browser.

Living close to the Loire

Was indeed so bizarre

For this Webbrowserless wowsering din dowser !

 

lundi, 19 mars 2007

Tout ça se tasse, 4

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Vaguement, vertement, vous m'envoyer valser.

Vous me toisez, vous me tancez

Dans l'océan

éborgné.

mercredi, 07 mars 2007

Ombres, 7/11 (Miniature béton)

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La tête encore a manqué le puisard.
The curfew tolls the knell of parting day...

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Ah, une petite précision : en ce moment, interrompu tous projets d'écriture, ici comme ailleurs. Pas que je me complaise dans l'autocontemlation, dans le jeu de miroir avec moi-même. C'est plutôt qu'il faut relancer ce carnet, d'une manière d'une autre, alors, préparant des publications ce vendredi soir, du 2 mars, je balance, vraiment, balance sans hésitation cette série, liée à bonheur et douleur. Autoportraiture, sinon, puisqu'un inculte m'a reproché ce mot : le verbe portraiturer, la traîtrise, la rature, tout cela ne vous dit rien qui vaille, hein ?