Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 30 octobre 2007

KP1 Isoleader

Tumbling blocks

They're just like tumbling blocks

Like stumbling steps a blindman takes

Like flocks of geese in the desert

And camels over in the clouds

They're just like melodies in the oven

Half-baked yet caked with mud and no one knows

How long those tumbling blocks will last

How long those stumbling men will fall

 

lundi, 08 octobre 2007

Incréments

François Bon signale, sur son blog, la parution imminente, dans la collection qu'il dirige au Seuil, de deux volumes, dont l'un, celui de Jérôme Mauche, semble obéir à un principe structurel dont, pour séduisant qu'il soit, j'avais énoncé les limites dans le cas d'Eric Meunié. Depuis, j'ai moi-même écrit des centaines de pages selon des principes incrémentiels, et ne cacherai donc pas mon intérêt pour ce type d'entreprise.

dimanche, 09 septembre 2007

(Autres) vendanges

"Le poète ne redoute pas la cascade des dangereux adverbes de manière" écrit Yves Sandre dans sa préface à l'édition des Vendanges de Saint-Pol-Roux (Rougerie, 1993).

Oui, c'est la saison des vendanges.

La vigne nous fait un signe.

Un signet dans un livre, s'en soucier comme d'une guigne.

(Que dire alors des matins mordus, des soirs perdus pour les chevauchées, des midi fendus comme des jupes ?)

Un charpentier rugueux joue de la guiterne avant de s'en remettre au vent.

Les raisins pleuvront dans son sac, mais pas avant le soir.

Les raisins pleuvront dans sa hotte, sans retour.

J'ai lié ma botte avec un brin de paille.

La vigne nous fait un signe. Il pleut des sarments. Un homme rugueux à la tête noueuse de cep desséché prend la tangente avant l'arrivée des vignerons. Quelques liserons se posent dans le champ voisin, comme des alouettes perdues pour les virevoltes.

C'est la saison des vendanges.

Un archange admoneste Jeanne et lui reproche de lambiner. (Get moving, maid ! Rires intempestifs mais inévitables.)

Saison des vendanges.

Que dire du vin qui coule à flots, dans le ressac des alouettes, dans le havresac des liserons, quand joue la sacqueboute des vignerons ?

Des vendanges.

À Sully-sur-Loire, l'issue s'inverse et le but vire au début (acte III de Fronton du Duc).

Vendanges.

J'ai lié ma botte avec un brin d'osier.

Vent

Où irons-nous courir, si même les liserons migrent et s'envolent pour l'Afrique ?

danger.

Matin mordu

Avec le couteau acheté au Portugal je pèle et découpe des poires, et je repense à la semaine passée jadis au Portugal, avec la Supercinq. Comme la compote d'hier était plutôt réussie, quoique trop sucrée, j'en prépare une autre, métissée de Williams et de Guyot. Au couteau, les Guyot sont plus moelleuses, de chair plus pâle, nettement plus juteuses ; plus grosses, les Williams ont la chair plus ferme, imperceptiblement moins blanche sous la lame. (Un couple d'oisillons / Un couple d'oisillons / Un couple d'oisillons) C'est à Castelo Branco que les souvenirs toujours me ramènent, dans l'odeur des poires.

Je les aime toutes, dans leur variété : passe crassane, "Conférence", Doyenné du Comice, packhams, etc. J'aime tous les murs blancs du Portugal.

(Un couple d'oisillons)

mardi, 13 mars 2007

Retour sur remaniements (tourne manivelle)

Mardi, dix heures.

 

Juste là, je pourrais revenir sur chacune des variantes entre la première version (first bad draft, in Nuruddin’s words) et le texte remanié qu’on va dire définitif (mais toujours décevant, frustrant). Il y en a beaucoup, et chacune avec ses raisons. Je veux seulement noter ici – pour aide-mémoire, comme on consigne, sur une feuille volante, un rendez-vous déjà passé chez le dentiste – que j’ai remis l’asyndète fautive et tout à fait involontaire de la toute première version, que j'avais corrigée avant première publication :

N’avait-il pas choisi le lectorat à Cambridge comme d’autres, il n’y a pas si longtemps, choisissaient de s’embarquer sur un baleinier ou la légion étrangère ?

 

Pour involontaire qu’elle soit, elle me plaît beaucoup, et, comme il n’y a pas grand-chose qui me plaise dans tout ce texte, allons-y gaiement.

Sinon, F.B. avait justement remarqué l’écho entre la situation narrée/décrite et les années de lecteur de Beckett à Paris. Cela, c’était à peu près conscient quand j’ai écrit le texte, et d’ailleurs, si j’ai choisi de préciser la variété de bière (Murphy’s), ce n’est pas seulement que j’en buvais beaucoup cette année-là (le choix était moindre à Cambridge qu’à Oxford).

Moins conscient, déjà, dans la double triangulation qui structure le texte – ou, tout au moins, son invention –, le fait que la thèse de Hugo portait, si je ne m’abuse, sur Faulkner, Joyce et Proust. Peut-être aussi n’ai-je écrit ce texte (mais là, ça devient du mauvais Aragon) que pour y placer les frasques, phrase réellement prononcée par Hugo, sur le maudit punt, mais titre aussi d’un petit roman que j’écrivis cette année-là, concomitamment dirons-nous. Que ces frasques aient en retour attiré la ribambelle du premier paragraphe (puisque j’avais projeté d’écrire un roman appelé Ribambelles l’année d’avant à Paris, projet resté sans suite (mais non sans suie dans les turbines)), c’est possible, mais je ne m’en avise que maintenant.

De là, je pourrais enchaîner sur cette heure de solitude à visiter St John’s, à Cambridge, pendant que Jean-Pascal donnait un cours peut-être bien, et à prendre des photographies (en noir et blanc ? je ne suis plus si sûr), véritable et durable moment épiphanique, ou sur la salle informatique sans fenêtres et surchauffée, à Oxford, où j’avais écrit Frasques et aussi de nombreux poèmes en anglais jamais sauvegardés et dont la version imprimée s’est perdue, je crois.

Pendant ce temps-là, Frédéric Monino et ses cinq comparses (Stefano Di Battista et Thomas de Pourquery surtout) s’échinent superbement sur Caravan. Au début de Moya, composition que je ne connaissais pas de Laurent Cugny, c’est le tromboniste Francesco Castellani qui donne à rêver. Je dors si peu et si mal, cauchemars, angoisses. Et maintenant que l’électricien est passé relever le compteur, aller au turbin.

Onze ans après, remanié

   Je l’ai rencontré plusieurs fois, quand j’allais passer quatre ou cinq jours d’affilée à Cambridge, chez cet ami que je perds aussi de vue maintenant. Jean-Pascal m’avait présenté la ribambelle de ses amis, et parmi eux Hugo.

    Hugo s’appelait en fait Hugues, mais il régnait, autour de son vrai prénom, un parfum d’interdit. You go first, right ? Lui, contrairement à nous autres, était lecteur pour une durée de cinq ans, et finissait sa thèse. Il était donc sensiblement plus âgé que nous, et avait plus ou moins claqué la porte au nez des siens, Parisiens. N’avait-il pas choisi le lectorat à Cambridge comme d’autres, il n’y a pas si longtemps, choisissaient de s’embarquer sur un baleinier ou la légion étrangère ? That’s one goal now.

    Étonnamment séduisant, et – à sa façon – raffiné, Hugo n’était en rien poseur. Un jour, nous discutions, tous les trois, avec Jean-Pascal, à la table crasseuse d’un bar de college, et Hugo, de façon tout à fait caractéristique, s’était assis en dehors du cercle formé au départ par la table et les trois chaises. Comme ça, non ? Tout aussi caractéristique, sa façon de nous encourager à reprendre une pinte, à ses frais, une Murphy’s, je dirais, tout en laissant quasi imbue la sienne. Il se contentait d’y tremper les lèvres, et discutait avec feu, riait, fronçait les sourcils, parfois les trois à la fois, puis, de son profil acéré, nous lançait des phrases ambiguës, tout en oubliant consciencieusement de boire. C’est une violence. Puis, entre deux paroles enflammées, deux rires, deux froncements, il se levait, comme nous partions, et vidait en deux fois une bonne part de la pinte jusque là délaissée. Let’s go lads, et le jus noir abandonné.

    Il me semble qu’une autre fois, au début d’une soirée qui fut la plus arrosée de mon existence – avec les conséquences que l’on imagine –, je le vis jouer, avec une élégance rare, au baby-foot. Trois à rien quand même (l’accent sur à et quand, je pense). J’ignorais que l’on pût s’adonner à ce jeu, et même s’y donner, d’une façon qui fleure autant le gentleman. Hugo était autant fait pour les envols de l’imagination que pour l’atmosphère feutrée des clubs les plus select. Tu es sûr que ça va, Guillaume ?

    Il y eut aussi, peut-être la dernière fois que nous nous vîmes, son détachement dans ce punt infâme que nous avions loué à six et dont seul il se débrouillait, piroguier expert de ces bords presque gallois. Il faisait beau et frais, sur la Cam. Je m’énervais après tout le monde. Mais après lui, impossible.

    Ma mémoire persiste à me tendre de curieuses perches et à évoquer une possible rencontre, l’année suivante, ou même celle d’après, à Paris (pour sa soutenance de thèse ?). Pourtant, aucune image, aucun son précis ne me vient de cet épis od e pourtant ultérieur, s’il a bien eu lieu. Hugo, à Paris, cela ne se pouvait. Ce devait être Hugues : ce fantôme imposteur n’aura pas laissé de traces dans ma mémoire vive.

    Je vois ça d’ici, toi avec tes frasques.

lundi, 12 mars 2007

Onze ans après

Je l’ai rencontré plusieurs fois, quand j’allais passer quatre ou cinq jours d’affilée à Cambridge, chez cet ami que je perds aussi de vue maintenant. Jean-Pascal m’avait présenté la ribambelle de ses amis, et parmi eux Hugo.

Combien de fois suis-je allé à Cambridge ? On dira trois. À chaque séjour peut-être je voyais Hugo trois ou quatre fois. Et que m’importent ces chiffres ? Je ne sais.

Hugo s’appelait en fait Hugues, mais il semblait régner, autour de son vrai prénom, un parfum d’interdit. Lui, contrairement à nous autres, était lecteur pour une durée de cinq ans, et finissait sa thèse. Il était donc sensiblement plus âgé que nous, et avait plus ou moins claqué la porte au nez des siens, Parisiens. N’avait-il pas choisi le lectorat à Cambridge comme d’autres, il n’y a pas si longtemps, choisissaient de s’embarquer sur un baleinier ou partent pour la légion étrangère ? Si je raconte tout ça, c’est que sa vie paraissait nimbée de tant de demi-secrets, mais sans afféterie.

Étonnamment séduisant, Hugo n’était pas poseur. Ses excentricités verbales et sociales étaient d’une totale sincérité. Un jour, nous discutions, tous les trois, avec Jean-Pascal, à la table crasseuse d’un bar de college, et Hugo, de façon tout à fait caractéristique, s’était assis en dehors du cercle formé, au départ, par la table et les trois chaises. Tout aussi caractéristique, sa façon de nous encourager à reprendre une pinte, à ses frais, une Murphy’s, je dirais, tout en laissant quasi imbue la sienne. Il se contentait d’y tremper les lèvres, discutait avec feu, riait, fronçait les sourcils, parfois les trois à la fois, et, de son profil acéré jamais détendu, nous lançait des phrases si ambiguës qu’elles prenaient valeur de sentences, tout en oubliant consciencieusement de boire. Puis, entre deux paroles enflammées (« C’est une violence » ou « on te verra avec tes frasques »), deux rires, deux froncements, il se levait, comme nous partions, et vidait en deux fois une bonne part de la pinte jusque là délaissée.

Il me semble qu’une autre fois, au début d’une soirée qui fut la plus arrosée de mon existence – avec les conséquences que l’on imagine –, je le vis jouer, avec une élégance rare, au baby-foot. J’ignorais que l’on pût s’adonner à ce jeu, et même s’y donner, d’une façon qui fleure autant le gentleman. Hugo était autant fait pour les envols subits et violents d’imaginations fébriles que pour l’atmosphère feutrée des clubs les plus select.

Il y eut aussi, peut-être la dernière fois que nous nous vîmes, son détachement somptueux dans ce punt infâme que nous avions loué à six et dont seul il se démenait, en rameur expert, piroguier de ces bords presque gallois. Il faisait beau et frais, sur la Cam. Je m’énervais après tout le monde. Mais après lui, impossible.

Ma mémoire persiste à me tendre de curieuses perches et à évoquer une possible rencontre, l’année suivante, ou même celle d’après, à Paris (pour sa soutenance de thèse ?). Pourtant, aucune image, aucun son précis ne me vient de cet épisode pourtant ultérieur, s’il a bien eu lieu. Hugo, à Paris, cela ne se pouvait. Si ça se trouve, c’était Hugues, et ce fantôme imposteur n’aura pas laissé de traces dans ma mémoire vive.

samedi, 03 mars 2007

Frasques de fresque

Je ne sais plus à quand remonte le brouillon de billet ci-après, car il est en carafe depuis des semaines. Un mois et demi, peut-être ? Je comptais donner, à ce quatrain, quelques frères, mais il est préférable de poser d'ores et déjà les jalons. De plus, c'est l'occasion rêvée d'annoncer (avec une semaine de retard) la parution d'un ouvrage en collaboration avec Tinou, qui a très bien fait le service de presse sur son blog ! Merci à elle d'avoir accordé sa confiance à mes mirlitoneries.

 

Vous souriez, mais ce n'est rien.

Vos lèvres déjà vous échappent ;

Le sourcil baissé patricien

Ploie sur la peau comme une chape.

 

jeudi, 08 février 2007

sous les rires les sourires

Laon, 1997

tu es debout tu as froid les mains croisées gants panthère manteau rouge mais sans musique manteau rouge unique et unique dans le manteau rouge sur fond de brouillard ce brouillard picard tu es debout te tiens debout sur le trottoir devant cette porte fortifiée médiévale noyée dans le brouillard et seule aussi Laon ce jour-là noyé dans le froid noyé dans la brume était superbe Laon était superbe et dans la brume nous écumions l’Aisne nous écumions Laon tu souris tu souris à l’objectif ou au photographe ou derrière moi au brouillard tu souris rêveuse au brouillard

 

Guignecourt, 1998

c’est l’été finissant ou l’automne commençant ai-je jamais su c’est l’été finissant et devant la muraille d’enceinte de l’église de Guignecourt en plan américain te voilà légèrement décentrée légèrement excentrée sur le côté de face souriant souriante te voilà encore face à moi et légèrement excentrée sur la gauche je ne revois pas du tout les vêtements que tu as sur cette photo sur cette photo de côté tu laisses voir la mosaïque émouvante des pierres blanches rouges grises briquettes et encore briquettes à Guignecourt ce jour-là grand soleil c’était l’été finissant

 

Saint-Pierre du Mont, 1994

nos ombres bien sûr nos ombres s’allongeant par-dessus les parterres les plates bandes du jardin de mes grands-parents nos ombres lointaines fuyantes rien d’évident nos ombres touchant presque le grillage cette photo en noir et blanc m’est revenue tout de suite en repensant à cette série de photos en noir et blanc ce devait être à Noël il faisait doux j’étais près du figuier et j’appuyais sur le déclencheur de mon Minolta cette année-là je faisais le malin à acheter des pellicules en noir et blanc Ilford 400 et j’avais pris plein de photos ce jour-là je faisais le malin et ce doit être ou pas loin ce doit être la première ou pas loin ce doit être la première photo d’ombres ou pas loin ma première photo d’ombres fuyantes ou pas loin

 

Va savoir où, 2006

pas de gros plan disais-tu et au moment où tu disais pas de gros plan je t’ai attrapée en gros plan en très gros plan on voit ta peau ses aspérités ton nez ses vagues seulement le dessous de tes yeux leurs arpèges

 

Sousse, 2000

tu te prends un joli fou rire dans le clair-obscur de la nuit d’été tu es immobile immobilisée c’est la veille du mariage tu te prends un sacré fou rire avec tes pieds tes mains peinturlurées ici tatouées au henné c’est sur la terrasse le toit de la maison jamais finie on mangeait à côté du mouton à une table basse entre les étendoirs tu te piques un rien de fou rire assise jambes tendues dans ton pantacourt mains tendues tatouées au henné et à côté de toi la grand-tante de notre ami rigole aussi complice elle te glisse un sourire en coin joue avec ton fou rire et sous les vêtements déjà secs étendus tu ne souris pas ce n’est pas un sourire tu te prends un joli fou rire

 

Vianden, 1998

nous deux et le roc la montagne nous deux et les monts au fond nous deux si proches souriant complices d’un air à moitié inquiet comme toujours ces touristes comme tous les touristes qu’un autre touriste inconnu propose de prendre en photo pour que l’album ne soit pas une succession de portraits où manque toujours quelqu’un et dans l’album nous deux et le roc nous deux cet été-là souriions de cet air-là toi en chemisier blanc et jeans bleu moi en chemise blanche et jeans bleu deux toiles blanches dans l’album

mardi, 23 janvier 2007

Lorsque Flore / sort / de l'or du bal

Jeudi à peine croisé la Kangoo de mes parents, qui arrivaient dans notre rue alors que je filais à la fac – soir, pluie, grisaille, voitures et vrac partout sur Tours – sur le pont Mirabeau chanter la vitre ouverte encore et encore Lorsque Flore avec la scie musicale et les tintinnabulements d’origine – peut-être même à tue-tête une fois la cassette arrêtée Ce sont les noms des mots maintenant assis sur une marche de l’escalier Thélème – écrivant sur au dos d’une simple carte postale – j’attends le début de la conférence d’ouverture

~~~~~~~~~~~~~~~~~~

J’avais envie de saluer ma mère avant de filer en ville

sans doute à cause du rêve affreux de la nuit dernière.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Mardi donc ce matin, oui à peine au bas de la rue du Nouveau Calvaire cette chanson se lance, s’étend dans l’habitacle, commence – froid hivernal après tant de semaines de douceur, flot discontinu des cars et des bus – sur le pont Wilson me rappeler les milliers de souvenirs liés à cette chanson, depuis onze ans déjà Ce sont les sons des noms maintenant de retour chez moi pianotant – écrivant dans ces carnets toujours compulsivement – je songe à la rubrique Autres gammes, qui pourrait accueillir les fragments souvent rêvés d’une autobiographie aux ritournelles.

samedi, 30 décembre 2006

Time’s Mirror / Train shuffle

Les remous du drap blanc qui va servir de nappe – lors d’un pique-nique pré-électoral – envahissent l’écran sans que l’on sache, le temps d’une ou deux pulsations, si l’action va désormais se transporter sur un navire, dans le ciel des anges, dans une fabrique d’édredons. Ce drap blanc qui frétille, tangue au gré des gestes gracieux de deux figurantes, représente aussi ces fausses mers de théâtre, comme, par exemple, dans la première scène de La Tempête, a lieu le naufrage. Mais aussi, comme tout cela ne dure qu’une poignée de secondes (nous n’aurions pas même le temps de passer sous le drap, la nappe, par jeu), cette image si brève – dans un film qui sait, par ailleurs, prendre le temps des descriptions, des cadrages savants, des démonstrations subtiles – est le miroir du temps, dans l’éclatement des cuivres qui fait suite à la lente et douce mélopée. La tempête après le calme, avec ces ondulations de la nappe, annonce aussi le bringuebalement du train d’enfer, entre deux ères, entre deux lignes, entre deux fenêtres, entre deux arcs-en-ciel. Duvet de plumes d’eider s’échappant d’un trombone folâtre.

dimanche, 24 décembre 2006

Esperluette au frigidaire

Ce n'est rien, pensa-t-il. Puis décampa, prit la poudre, se tira avec l'héroïne, et alors macache les adieux ! Sans même pousser de simiesques hurlements, sans se demander même s'il avait vu juste, il prit le taureau par les cornes, et même si c'est un jour orange je m'en tape, je me barre. Prit aussi la poudreuse, le mauvais virage avant l'avalanche. Mourir dans le feu d'un sati comme une épouse hindoue, tard venue, sur le bûcher presque lancée, ou droguée peut-être, une autre forme encore d'héroïsme béat. Chacun sa sainteté, pensa-t-il en plantant le bout du bâton dans la neige décidément trop lourdement damée. Dépassé par les fuseaux horaires, comme si jamais avant il n'avait skié dans les montagnes rocheuses (ce bonnet, pensa-t-il, me rend beau), il s'interrogea : peut-on attraper froid par les jambes ? Par les sentiments plus sûrement, mais c'était encore une autre affaire, paire de manches ou poisson à frire, enfin c'était autre chose, et les pleins et les déliés n'auraient pas ce crime sur la conscience. Il se demande bien, tout de même, où et comment tout cela va finir. Dans tout mauvais film, il y aurait une trace de sang atroce sur le mur, et atroce de réalisme bien sûr (fausse). Dans tout mauvais film, aussi, je me réveillerais en sueur. On n'en est pas très loin, pensa-t-il. Ronge tes barreaux avec tes dents, la dinde - de son gloussement macabre - t'attend. Les passants verront son ombre difforme s'allonger sur le macadam. Du raisiné, encore un verre !

mardi, 19 décembre 2006

Le borgne lorgne

medium_Bords_de_Loire_8_nov._2006_041.2.jpg

 

Sans doute ai-je déjà publié cette photographie, mais, comme elle reflète étonnamment mon état d'esprit actuel, je ne prends pas la peine de vérifier et la refourgue sans vergogne. Après quatre jours de jachère, ce carnétoile se renouvelle un petit peu. (À peine si j'ai remarqué que la note précédente, si brève et anecdotique fût-elle, était la 1400ème en dix-huit mois de hauts et de bas.) En ce moment, plus que jamais la tête dans les bouquins et la main à la plume, je délaisse ces pages, il est vrai. Il est douteux, toutefois, que je devienne moins rare après le 23, car je n'aurai plus d'accès haut débit durant une dizaine de jours.

C'est la vieille rengaine de Noël, les affreux rougeauds en plastique à toutes les fenêtres, la main droite glacée, et la gauche moins froide. On s'effarouche toujours d'un rien, car les cheveux font des fourches. Tant pis pour les sentiers de montagne.

 

En écoute : "Stella by Starlight" (Jean-Pichel Pilc. Welcome Home).

mercredi, 13 décembre 2006

Vitraux de Truyes, 4

medium_Truyes_9_decembre_2006_057.jpg

 

Deux notes par jour, depuis lundi. Saint Rémi, priez pour nous !

Deux billets par jour, depuis lundi. Le dollar et le dinar, face à l'euro, se déprécient.

Une image par jour, depuis lundi. Chaque texte contient une multitude de bons points et chaque image repique celle de la veille.

(Dans Apex Hides the Hurt de Colson Whitehead, n'était-il pas question, dans une phrase brève comme un coup de canif, de la vieillesse comme d'un desséchement ? Cliché. Ou était-ce dans le volumineux roman fini juste avant ? Quoiqu'il en soit, faire un roman cratylien quand on s'appelle Whitehead et qu'on est noir...)

Un jour par image, dans la rétine du temps. 

Deux billets par jour, depuis lundi. Jingle coins, jingle all the way.

Deux notes par jour, depuis lundi. Encore un carreau de cassé, Gustave Doré n'était pas vitrier.

mardi, 21 novembre 2006

Borée souffle d'autres borborygmes

Pas moribond ! Non ! D'un bond, Melchior (en plein dans la fleur de l'âge) pointe du doigt vers les premiers borborygmes. Un bonobo lui coupe la parole (enclin au vagabondage). Non ! Pas moribond !

Un dieu presque vieux

Une peau de pomme

Etc.

 

Avec le mythe des rois mages, on pleure un bon coup. Les marges sont reines, c'est sûr, that's what Marge said (but The Handmaid's Tale is not selling too well, quoth her publisher). En tout cas, ça y va, ça y va dans les borborygmes !

(Je crève la dalle, oui !)

Prochain & lointain virage : le moment choisi par Borée pour se lancer à l'assaut des zéphyrs. Il neige sur les Alpes. C'est tout ce qu'ils trouvent à dire ??? (Bah, cherchez pas à comprendre...)

mardi, 03 octobre 2006

Vertes fenêtres...

Vertes fenêtres désuètes,

Quand le soleil brûle, attiseur,

Vous offrez vos grâces --- muettes

Que surprend un climatiseur.

Tout ce que je vois...

Quatrain barcelonais

Tout ce que je vois, sous les cubes,

C'est, la casquette bien vissée,

Lisant son journal à pleins tubes,

Un cannier aux carres plissées.

 

De la guérite...

Nouveau quatrain barcelonais.

De la guérite que surplombe

À force de planches la toile,

On guetterait pendant des plombes

Au loin, médusée, une voile.

jeudi, 28 septembre 2006

À plat, tope là...

Ce n'est pas le calme plat sur la Touraine. C'est juste et seulement le calme plat dans ces parages. Faire du plat... à  personne. Passer le plat aux invités. Se prendre un plat dans la piscine (ah, ce sont les mots bleus, au fond, tout au fond, contre les carreaux minuscules, de l'autre côté de la vase). Pour le travail, j'en ai  eu ma (belle ou parfois lourde) dose en septembre, et c'est normal, me  direz-vous. Peu de photos, peu de sorties, peu de poèmes. On fait ce qu'on peut, étant (ou pas) à plat, débitant des fadaises ou encore des platitudes, ou même encore à cette aune oserait-on (citant une chanson) écrire platités ? Non, faire du plat, très peu pour moi, je n'y goûte pas, ne mange pas de ce pain-là. Sauçons, tiounquons. La vie est belle. La vie est-elle belle ? Reprenons. Le plan, l'espace plan, la mappemonde, et quoi encore ?
(La barre d'espace réagit plus que celle de mon ordinateur portable, d'où de grands blancs entre certains mots.)

07:08 Publié dans Ecrit(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne

lundi, 18 septembre 2006

Quelques quatrains barcelonais...

... sur des images de Tinou ...

 

Rongé par la folie qui songe

À la façade tel Argus,

L'esprit se débride la longe

En Barcelone aux vifs aigus.

 

****

 

Ne se croirait-on au théâtre

Où irait arlequinement

Se découvrir, le teint albâtre,

Un Don Quichotte de roman ?

 

***

 

Aubergiste, approche la lampe

Que je puisse m'émerveiller,

Sous les barreaux de cette rampe,

Du bleu globuleux écaillé.

 

**

 

Gaudi reconnaissable entre mille

Comme l'illustre Gaudissart

De Honoré et non d'Emile

(Où manque une rime en -issart...)

 

*

 

Qu'aux panneaux vides alignés

Comme la grille d'un poème

L'horizon vous ait assignés,

Vous, mes yeux, voilà ce que j'aime.

 

 

... un jour, j'irai à Barcelone. (Partie remise depuis 2000.)

mercredi, 30 août 2006

F fémur

medium_Statues_menhirs_12.JPG

 

Je fige l'éphémère. Et alors ? Si l'éphémère ne veut pas de moi ? Que faire ?

Un poème de Norge ? Un roman paysan, Anna et Léonce ? Pas même une romance ?

Questions sans réponse. Sous mes doigts, le i se dérobe. Saloperie de clavier, ou mutilation du miroir ?

 

 

 

 

Moulage de statue menhir. Le Grand Pressigny, 21 juin 2006.

mercredi, 25 janvier 2006

Seuls pharaons

medium_vendredi_13_e.jpg

Antonio n’aime pas beaucoup Zool. Que cherche-t-il, par ici, du bout des doigts ? Zool le fureteur, grillon du foyer et folle du logis. Antonio lit tout ce que l’on écrit sur eux : l’un qui s’entoure de musiciens aussi reluisants que lui (c’est tout dire) pour mieux creuser la solitude de ses harmonies intimes, et l’autre qui se place seul face au piano pour mieux peupler le silence de figurines, de compagnons de débauche ; l’un qui, latin, distille les chaleurs, tandis que l’autre, saxon, propose ses carnavals glacés. Des foutaises ! un foutoir de notes ! remballe !

 

Zool aime bien Antonio. Peut-être serait-il plus juste de dire qu’il aime bien quand il croise le regard agacé d’Antonio. « Tiens, il a l’air énervé » semble-t-il dire, d’un regard innocent et plein d’incompréhension naïve. Zool est un musicien de verdure, et Antonio hume, à pleins poumons, l’air de la nuit profonde.

 

Je prête l’oreille à Zool ; la toile blanche qu’il tend aux trous du vent, pectinée à peine de douces mouchetures, je l’entends claquer, flotter, blanchir les ombres. Il va sinuant si près du sol que sa musique envoûterait les cimes.

 

Tandis que je pianote, je prends garde de ne pas éveiller de vieux démons, de ne pas cogner trop vivement, je veux que les touches se suivent de façon harmonieuse, comme si je jouais la partition prodigieusement délicate de Zool. Comme si je jouais, dans mon coin, avec Ira et Jeff, je veux que les armes reposent en paix, sans colère, je galère laborieusement pour mentir en mots, tandis que je pianote.

 

Je prête l’oreille à Antonio, farouche, bondissant, coloriste et sang de feu. Vous, Zool et Antonio, l’alpha et l’oméga, les deux frères que je n’eus pas, je tends les bras vers vous, dompte le lion mélancolique, tire gentiment l’oiseau de sa noirceur pantomime, et je les présente l’un à l’autre.

 

Qu’ils s’aiment vraiment, profondément, effrontément… qu’ils s’aiment ou non, ce sont mes seuls pharaons.

medium_vendredi_13_j.jpg

lundi, 23 janvier 2006

Vendredi 13, laisse en pas

 

Le chien traîne avec lui sa laisse, mais il a dû remiser son maître quelque part dans les recoins sombres du parc du Musée des Beaux-Arts. Un homme d’une quarantaine d’années le regarde passer, d’un air amusé. Cet homme, que je guette depuis une heure et demie, et que j’ai filé jusqu’à ce point de rencontre habituel, semble épier, de son côté, une jeune femme, peut-être une étudiante déjà bardée de diplômes. Le quadragénaire allume une cigarette en observant le chien d’un air maintenant goguenard. Puis il prend quelques notes dans un carnet tout en scrutant les moindres détails du visage et de l’accoutrement de la jeune femme. Je la regarde à mon tour.

 

Deux policiers à cheval, un homme et une femme, passent, demandent à un vieux de déplacer son véhicule, qui mord largement sur une place réservée aux invalides. L’un des chevaux, beau et bai, esquisse un hennissement que la cavalière a tôt fait d’adoucir, d’une tape douce mais stricte. Le vieux dégage. Les flics se taillent. Ma proie, la jeune femme et moi poursuivons notre manège. L’absent tarde à venir, pour forclore le quadrille.

 

Le chien délaissé frôle la pierre de la cathédrale avant de filer vers la rue Colbert.

 

Dans une semaine, au Salon d’Information des Lycéens, tu verras Jean Germain, l’actuel maire de Tours, se retourner au moment de frôler le stand que tu occupes, et lancer, goguenard, à un homme qu’il vient de saluer : « C’est sûr, on ne sait plus quoi faire à l’UDF, maintenant… ».

 

 

 

) Droits réservés texte et photographie.
Image prise le 1er octobre 2005, place de Châteauneuf. (

Vendredi 13, morsure de l’aube

 

Distillant quelques attentats sonores, au moyen d’une corne de morse… Connaissez-vous la corne de morse, cet instrument lapon taillé et façonné dans une défense de morse, qui produit un son suraigu et porte (erronément) le nom de corne (morse-horn en anglais) ?

Devant la cathédrale, avec Attila, le glabre de mes joues à tout jamais dévasté, j’essayai quelques notes maladroites sur cet instrument curieux, maintenant fabriqué en bois, mais de manière à imiter le son originel de la défense. J’attaque les premières mesures de Round ‘Bout Midnight, mais je m’attire les foudres de la police montée.

J’attends en vain Abbey Lincoln, qui m’a posé un lapin.

 

medium_hc1905-1906.jpg

dimanche, 22 janvier 2006

Vendredi 13, un attentat facial

Suite de 4.

 

medium_le_miroir_de_moi_v_13_janvier_4.jpg

 

 

J’attendais. Ma face s’est muée progressivement en bouillie de carton, en phrases livresques – et je ne savais plus à quel saint me vouer.

 

Saint Attila, protégez-moi, mes cheveux ne repoussent pas.

 

Voyez cette figurine qui m’empoisse les yeux, ces caractères rouges qui m’empâtent la langue. À quel saint me vouer, dans quel antre devenir ermite, dans quelle gangue attendre ma métamorphose ?

 

À la crise de vers succéda l’image, douce et cruelle, de la chrysalide.

samedi, 21 janvier 2006

Au creux de la combe

Jeudi 19 janvier.

Comme

cramée, la mémoire :

La mer enrubannée

s’éloigne

et se dérobe


au fond des catacombes

                                      Est-ce brume


brisants, lame

et vaisseaux fantômes

rugissants gisant mort


Dans la mer

vieilles larmes fourbies

Vieux montagnard fourbu

étonné