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vendredi, 13 avril 2012

Sell and tell

Après avoir passé une nouvelle nuit en pointillés en raison de sa rhinopharyngite, pris ses drogues et son petit déjeuner, la marquise, dépitée d'être presque aphone, se connecta à Facebook avant de corriger un travail de M1 Recherche sous .docx. 

Elle enlève sa perruque car elle a peur que le travail de M1 ne la défrise. ‎(Elle s'interrompt - déjà - dans son travail pour aller étendre une lessive.) Pourquoi ai-je lu "la maquerelle" au lieu de "la marquise" ? 

The imp is no pimp.

Ma querelle ? ta querelle ! j'ai jamais cherché querelle ! 

 

Après qu'elle eut constaté que le lave-linge s'était convenablement mis sur la position "Arrêt", la marquise, ayant humé l'atmosphère fraîchement printanière et constaté qu'il s'agissait encore d'une de ces journées - trop nombreuses à son goût - où les militaires de la base aérienne avaient décidé d'empester et de polluer tout le quartier à grands renforts de kérosène, décida d'étendre le linge propre mais humide à la buanderie et, au moyen de cintres et de pinces, au-dessus des radiateurs, et non sur la terrasse où, plutôt que de sécher, chemisiers, pantalons, mouchoirs et caleçons risquaient plus évidemment d'être salis derechef par la manne noire tombée du ciel, et qu'envoient, sur les pauvres mortels de Tours-Nord, ces salopards de dieux modernes que sont les aviateurs et leurs acolytes.

 

(Puis Rembrandt s'aperçoit qu'il ne sait pas photographier l'odeur des lilas qui bordent la cour de récréation.)

 

Interlude non strictement narratif

Occup... qu'il était à se bidonn... en lisant le livre de Corinne, Guillaume a laiss... cram... les steaks hach...

 

 

Le récit reprit. Accaparée qu'elle était par de complexes réflexions administratives, la marquise mit une bonne minute à s'apercevoir qu'elle cherchait à recharger le téléphone portable avec le câble d'alimentation de l'appareil photographique. Avant d'aller se pochtronner puis s'éclater au Petit Faucheux, la marquise devait encore écrire deux mails professionnels et trouver quelque chose à grignoter. Au retour, tard le soir, à Mégara, dans les faubourgs de Carthage, son carrosse ayant obstinément refusé de se muer en citrouille, la marquise rentra chez elle après un exceptionnel double set au Petit Faucheux, expérience qu'elle prolongea par l'écoute de ALBEIT au casque.

(Interlude. Nuit.)

(Fin provisoire.) En raison du rhume persistant qui lui défrisait la cafetière depuis déjà trois jours, la marquise passa derechef une nuit fort courte, et de merde.

mardi, 10 avril 2012

Autre sizain en -pha

 

Pour rimer avec Diarapha,

On me propose Mustapha

– Ou d'orthographier kalipha

"Califat". Dans le Nord, à Pha-

Lempin, ou en Moselle, à Pha-

Lsbourg, qu'irait faire Diarapha ?

 

vendredi, 17 février 2012

La fée talmudique se repose (5’35”)

Pas de perte de contrôle, ni de vitesse, si ce n’est le sombre éclat entre les touches. Tu tergiverses, mais non – jamais tu ne tergiverses, alors : on s’embringue, embardées, d’où d’autres embrassades, sans emberlificoter, tout se résout finalement en un brelan harmonieux. La flèche monte au ciel, c’est comme si le caméraman avait trouvé un truc pour l’y suspendre, l’y arrêter, faire en sorte qu’elle s’attache à rien, à l’air, à la chaleur d’un souffle, au butinement discret d’un insecte imperceptible. Pourtant, la caméra elle aussi fait des embardées, tout le monde s’extasie. Après une pause étonnante, on se croit en plein film d’espionnage, même pas parodique, comme si la sieste nous avait saisis, un assoupissement de fortune, ça tombait bien, on n’allait pas fort, tout d’un coup c’est tout comme si tout prenait le moelleux d’un tapis de mousse, mais tout s’étiole toujours, partout. Alors, après la pause étonnante dont l’on ne garde plus qu’un souvenir diffus, en différé on suit les embardées renouvelées d’une cacugne – pas du tout la Jaguar ou la Porsche des frimeurs, des flambeurs – au volant de laquelle s’exprime tout un imaginaire. Il a fallu que je reprenne, revienne, reprenne tel mot, telle virgule, ça n’allait pas, le lisse et le moelleux qui enflamment, dans les embardées, le souffle chaud, le lisse et le moelleux je n’ai pas su les capter dans mes phrases, quoique j’aie fini par sentir, doucement, l’accalmie, le repos, la sérénité encore – sur un lit de mousse en été, contre une cabane de planches sèches en hiver – s’enfouir dans mes phrases, s’y lover, s’y bercer, embardées encore, et embrassades, et tout un monde partout qui détoure les nuages, les angles vifs, à l’horizon, tout un monde, oui – et pas de perte de contrôle. Ni de vitesse. Effacement (moelleux).

 

Alban Darche 4tet. Brut ou demi-sec ? (Yolk, 2009)

mercredi, 08 février 2012

Un mercredi de rien

Voir seulement le soleil percer la blancheur.

Un regard vert 

s'étend jusqu'aux rayons. L'ennui

n'a rien à faire là-dedans. Voir le soleil

juste poindre, puis

éclater sur les étendues froides et cotonneuses,

apaise, rameute

les souvenirs. Voir juste percer

poindre. Le soleil

    .

lundi, 23 janvier 2012

Monday Morning Haiku

6.20 a.m.

 

this morning when I woke up

the hyacinths were sagging

with no mimsy borogoves

 

.

dimanche, 08 janvier 2012

Bast(ingag)e

Si je m'efforce d'écrire la vérité sur ce que je ressens, alors :

oui, moi aussi, je sens une part de mon corps s'en aller, voguer vers un océan lointain, tout en ayant le cerveau collé au bastingage.

.......

Mais ça ne fait pas de moi un livre à couverture verte emprunté à la B.U..

jeudi, 03 novembre 2011

Funky Fun-Key

Ça y est, à peu près toutes les horloges de la cuisine sont à l’heure, à l’heure d’hiver. Une complainte, tu ne vas tout de même pas passer tes journées à bader ce camping-car en laissant infuser ton thé à la bergamote ? Hier soir, le Château de Tiregand 2008 puis la liqueur de poire, ça faisait peut-être un peu solide sur le cassis.

Des jours, des journées comme ça, pluvieuses, grises, monotones, pas assez de jus pour se décourager en regardant les sandales détrempées sur la terrasse, ou les espadrilles en vrac dans le vestibule (notre ami tire sur la corde, je trouve). Dire que tu avais le cran de critiquer l’autre polardeux pour ses phrases nominales en cascade. Tu abuses, tu t’abuses. Avec les feuilles de néflier qui font un rideau jaune, et quand la pièce commencera-t-elle ?

Vous n’avez pas la clé, tout ça c’est juste pour s’amuser. Tu t’amuses.

Notre ami que voici se donne les gants de tout savoir, même la vie clandestine des flamants roses, et ce jusqu’au sens architectural du mot falbala, mais il est incapable de servir un thé qui n’ait pas, plus ou moins, et jusque dans les chaloupements osés de la contrebasse de Heiri Känzig, un goût de lavasse tombée d’une gouttière.

Le félin se marre, vous salue bien.

 

―――― Juste un rappel de la contrainte de ces textes, qui n’ont pas de rubrique réservée (et je crois qu’on en trouverait dans les deux blogs) : doivent être écrits, sans retouche ultérieure, pendant l’écoute du morceau qui leur donne titre.

jeudi, 15 septembre 2011

No Arizona thumbsicle (we're Ligerians)

La ville chavire, à l'état gazeux ou à l'ambiance nocturne.

 

Guingois du mercredi - 14 septembre 2011 : escalier de la Bibliothèque municipale (II)

Nous ne sommes plus grand chose. Nous nous regardons de biais, ou bien sommes enfoncés dans ce qui est devant nous boudeurs ? Le contraste a permis d'appuyer sur ce qui était gris, ou alors délavé ocre.

 

Aujourd'hui, tout de même, deux mots : thumbsicle (n'est pas dans l'OED) + bolosse (n'est pas dans le Robert).

 

dimanche, 26 juin 2011

L comme Litanie

Quelquefois l'auteur est décédé lors du choix de la mise en scène. Le metteur en scène fait le choix de mettre en scène un auteurs décédés.

(Copie de bac, série L, Français)

 

Soyons plus ambitieux que ce(tte) candidat(e), qui s'en tient à une seule redondance. Imaginons ensemble une copie entièrement redondante !

Pour commencer, je propose la troisème phrase qui suit :

Alors, comme l'auteur décédé est mort, le metteur en scène met en scène un texte dont l'auteur n'est plus en vie.

 

J'attends vos suggestions de phrases #4, #5 etc.

vendredi, 10 juin 2011

Petit exercice (oulipien, en quelque sorte)

 

Voici les trois premières phrases d’Adama ou la force des choses du Burkinabé Pierre Claver Ilboudo :

Pendant cinq bonnes minutes, Adama resta là, abasourdi, hagard. Puis il se mit à marcher droit devant lui, comme un automate. Il recouvrait progressivement ses esprits. (Présence Africaine, 1987, p. 7)

 

Voici à présent les trois dernières phrases du même roman :

Adama était là, figé, le visage en sueur et les traits décomposés. Le vélo qu’il avait garé dix minutes plus tôt devant la porte de l’atelier avait disparu. Et les tissus avec. (p. 154)

 

L’exercice que je propose consiste à écrire un récit dans lequel l’incipit et l’explicit seraient inversés. Autrement dit : le récit à écrire doit commencer par les trois dernières phrases d’Adama et s’achever par les trois premières phrases. À vos claviers.

 

vendredi, 04 mars 2011

Dimanche : troïka ou haïku

Je cuis au soleil.

L’odeur capiteuse des jacinthes d’Eric m’étourdit.

Brève est la prégnance du rêve.

 

jeudi, 09 décembre 2010

..... composer chastement mes charmes .......

9 décembre 2010.

Dans le tome 1 de l'édition Hubschmid des oeuvres de Nadar, le portrait de Caran d'Ache (avec monocle) fait face à celui de Caro-Delvaille (avec barbe en pointe et pinceau fin à la main droite). Bernard est bien heureux. Eglise des Carmes, dite aussi Saint-Saturnin, Tours, 29 janvier 2010.Bernard est bienheureux. Rien ne s'est tant perdu, ai-je chanté sur tous les tons, que la mode du gilet (blanc ou beige, notamment). Où les heures passent-elles ? Où les heures passent-elles ? Un an plus tôt, nous battions le pavé. Et ce jour-là (où sont-elles passées, les heures ?), la cité était bien déserte. On voit bien que la pierre rougeoie, et la fausse ardoise de l'autre côté. Bernard, bienheureux, mène une vie de patachon. Pourtant, vous chantiez si bien, plus jeune. Bernard mène une vie de famine. Les chants suivent la rosace.

samedi, 27 novembre 2010

Cool day in Hell (7'51")

Ni le ticket du match de handball remporté par le SCT hier soir, ni ma fiche de paie du mois de septembre d'octobre, ni le disque ouvert afin de pouvoir lire les titres des morceaux, ni le livre de Claro refermé qui se trouve en-dessous du disque, ni la télécommande de la chaîne stéréo du bureau-bibliothèque, ni le tube de Lysopaïne dans lequel il ne doit plus y avoir qu'une ou deux inefficaces pastilles, ni les cartes postales abîmées, ni le tome II des Essais de Montaigne ouvert et retourné couverture vers moi (dans l'édition du Livre de Poche (alors que je possède ces mêmes Essais en Garnier jaune et en Pléiade)), ni une carte de visite à mon nom qui traîne là allez savoir pourquoi, ni le pot à crayons où se trouvent des stylos et deux crayons à papier et qui est entouré (enveloppé ? décoré ?) d'une vieille photo plus écornée et abîmée encore que les cartes postales susdites et où vous verriez, si vous étiez près de moi, a younger version of myself, moi nourrissant une girafe en faisant une grimace pas possible, ni le DVD de Shining (pourquoi est-il là, d'abord ?), ni le solo de saxophone ténor sous-tendu par le cor de Peter Gordon et le trombone de Robin Eubanks, ni mon vieil exemplaire de Memory of Snow and of Dust et mon à peine plus reluisant exemplaire de Godhorse (pourquoi, pour quel remords stupide sont-ils là, alors que j'ai renoncé à écrire les articles correspondant à mes communications de novembre et mars dernier respectivement ?), ni l'ordinateur portable Toshiba sur lequel je pianote ces lignes (ma collègue, F., a parlé ce matin, dans un mail, de lapsus calami, alors que je jure mes grands dieux que je n'écris ni mes mails ni mes textes de carnétoile à la pointe effilée d'un roseau), ni les rayonnages de livres qui m'entourent,  ni les divers livres plus proches encore de moi, en pile sur ou dans l'espèce d'espace ouvert  -- mi-tiroir mi-étagère --  qui se situe à gauche sous la planche du bureau où j'écris ces lignes, ne pourront rivaliser avec l'ardeur des musiciens dont les dernières notes se font

entendre.

samedi, 25 septembre 2010

Super divin

Donner, d'une certaine manière, des coups de poing dans le vide -- ou fendre l'air.

Ainsi, d'une certaine manière, aura commencé ce samedi, comme s'est achevé vendredi, à la lecture des 40 puis des 100 premières pages de Saturday. Non sans avoir déliré ou pastiché Cendrars, bien sûr, l'heure était à la décompression (ce que les voisins sexagénaires ont dit de Balzac et Tolstoï.....(me faisant rater de surcroît la rencontre avec Laurent Cohen).....(mais C*** et G***, eux, méritaient la soirée).....).

Je contorte, c'est pénible. J'hyperhypotaxise, non... même pas...!... je sauts-et-gambades en fait ! comme ça... tout droit...! Sans heurts, fleur au fusil... l'épieu en bandoulière... pas déconner, non...!

On n'entend plus le percolateur. (Didascalie futile.)

 

Mois d'automne. Fresques de l'église Saint-Martin. Lignières-de-Touraine, dimanche 20 septembre 2009.Ensuite, il reste possible de diverger, de bifurquer, de prendre la tangente, sans tergiverser (ce n'est pas dit). Mois de vendanges (mais on a raté la Foire aux vins). Mois où le ciel prend des couleurs étranges (mais assommé sous le boulot que veux-tu que je m'esbaudisse ?). Mois où la flèche va moins vite que la tortue (or sumpfin' like that). Mois de fringale. Mois de jeûne pour les vieillards. Mois d'épanchements spermatiques (aussi). Mois d'élégance, à descendre d'un pas vif, la tête droite, la rue Nationale (mais personne ne te regarde, pauvre cloche). Mois où l'église Saint-Julien elle-même s'épanche (étrange vendange).

 

lundi, 14 juin 2010

Dit l'un (à l'autre)

Haie de troènes, nourritures terrestres. Le chèvrefeuille embaume, et les trous minuscules forés par mon fils ont tout de la fossoyure. Musique grandiloquente de bas de gamme (au cul les faussaires !), les fouilles archéologiques raffermissent le désir de ciel.

Eléments d'un fort romain.
Quel accent prendre, dans la nuit ? dans la fuite de tout ? est-il possible de revenir incessamment au pont du Gard ?

Vous avez des gargouillis, mauvaise martingale de rien, des hallebardes tombent et grêlent de gros galets d'eau la haie de troènes.

(Non ?!)

samedi, 28 novembre 2009

Ratatiné ?

C'est dommage, tout de même...

Bourrasques brusques de pluie froide, novembre finissant.

Ce serait dommage, tout de même...

Du lapsang souchong, et un pauvre imbécile affalé sur son canapé, à lire, à regarder le vent, la pluie, les nèfles maintenant pourries -- qu'elles choient de l'arbre, ou pas.

Dommage, tout...

Ce n'est pas la montagne brûlante l'été, pas du tout la page 133, le bain au milieu des sorghos.

C'est dommage, de même...

Et ce mal de dos à tout rompre, même ramasser la roulette du caddie de toile rouge était un supplice.

C'est dommage, tout de même...

Ce n'est pas la canicule, ni la plage, ni la longue étendue de neige blanche recouverte de milliers de fourmis, qu'on voit dans son sommeil, rien plus ne vous abuse :

Tout de même, c'est dommage !

 

samedi, 21 novembre 2009

Midlife crisis (un peu d'après Pavese mais pas dans le style)

Dans les coulisses : vous n'avez rien appris, vous avez sacré, juré vos grands dieux, votre âme est un paysage moisi - et à chaque instant de votre existence désormais vous vous sentirez comme un prisonnier dans les coulisses. À certains moments votre ventre palpitera, vous aurez des frissons de joie, mais ce seront toujours de fugitives impressions captives de certains moments. Pour la parade, frimant, humant, faisant la grande gueule, le type sûr de lui ou la femme que rien ne défrise, vous vous contraindrez facilement, jouerez double jeu, aurez la part belle, ferez noble figure, et plus vous agirez ainsi plus vos nuits deviendront noires, fragmentées, prêtes pour la parade.

Ainsi, si d'aucuns - les étrangers et même les familiers - vous prennent pour un caïd, le roi du bal, le plus éminent émondeur d'huîtres, vous saurez au tréfonds, vous savez déjà pour toujours que vous ne vivotez que dans les coulisses, de sorte qu'en aucune manière, nullement, pour rien au monde il ne faut vous regarder ainsi.

 

--------------- Autant aller vivre en Australie. (Mais c'est comme si c'était fait.)

 

mardi, 13 octobre 2009

Archets vengeurs

Du moment que rien ne se passe, il n'y a aucune raison de tirer les garnements par la peau du cou, ni de tirer une flèche vers les cibles qui cachent le soleil. L'invisible nous arrête, mais comment empêcher que dardent les yeux ? Tout de même, l'abeille doit avoir une solution, quand rien ne casse trois pattes à un canard. En tapinois, les petits vauriens dévalent la pente raide. Ils ont été aux myrtilles. Ce n'est pas une raison ! Du moment qu'il ne s'est rien passé, que vous n'avez rien de cassé, que les nids sont à leur place, les pendules solidement accrochées au mur, je vous confie l'air de rien. Et s'abîmer dans l'océan à bord d'un Cessna, ce n'est pas la mer à boire, quand bien même vous seriez engoncé dans votre soutane, ô monsieur l'abbé. Ce n'est pas du tout, mais pas du tout une raison. Lights of Lake George. Circulez...

samedi, 10 octobre 2009

Pas de répit pour les escargots

Toujours pour d'excellentes raisons (dont je vous épargne l'énumération), j'ai remis à demain la préparation de mon séminaire de lundi sur les Sonnets from the Portuguese. (Les autres cours roulent tout seuls, en quelque sorte : une fois les brochures préparées pour trois semaines, ce qui peut prendre du temps, évidemment, les notions et les contenus sont tellement connus de moi que je passe facilement en mode "improvisation". (Il n'y a pas à dire, le fait que le niveau des étudiants ne cesse de baisser finirait presque par contraindre à ce mode de semi-improvisation : sans cela, on ne peut se mettre à leur niveau et mener un cours un tant soit peu interactif. Il y a aussi que les nombreuses tâches administratives empêchent, quoi qu'il en soit, de préparer de façon approfondie les cours les plus anodins.)) Si j'ai choisi les 44 sonnets les plus connus d'Elizabeth Barrett Browning, cette "sonnet sequence" si élaborée et si belle, c'est pour de multiples raisons, mais aussi parce que, dans le coin rêveur de mon cerveau qui continue d'échafauder des projets dont une autre partie sait d'ores et déjà, au moment même de leur conception, qu'ils resteront lettre morte, j'avais envisagé la création d'un carnétoile spécifique, une sorte de S/Z quotidien (oui, S/Z : tant qu'à bâtir des châteaux en Chalosse, autant se prendre pour Barthes). Mais la barque du quotidien etc. (enfin, ce n'est pas encore le suicide, hein)

Comme je rouvre ces pages vertes, une fois tous les quatre matins, autant y noter d'autres brimborions banals et sans importance : commencé à lire Barchester Towers / terminé Passage des larmes / trouvé enfin le bon dosage pour réussir les coings au four / découvert avec intérêt que les quatorze escargots qui couraient en tous sens hier soir à onze heures were nowhere to be found ce matin à neuf.

 

(Et aussi : bien sûr, je devrais* me mettre à ce S/Z. Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Tout de même, la prolifération des parenthèses et l'amincissement progressif de la taille des paragraphes ne sont-ils pas de cruels symptômes ?)

 

 

* Qu'attribuer, comme formule-type, au bartleby cingalien ? "Je devrais m'y mettre." (De vrais bonheurs d'écriture.)

 

lundi, 21 avril 2008

... caboodle /

Tantale avec joie regarde tomber la pluie, les averses légères comme des coups de trique, et la fleur au fusil de l'imbécile heureux. Frottant la lampe d'Aladin, il porte l'épée. Le flambeau n'est pas assez glorieux, à ses yeux ; il lui faut cesser d'urgence toute activité. Alors, saisi, comme Sisyphe, par le démon de l'ataraxie, il se prend à rêver d'un monde inactif, sans turbulences, où plus la moindre avalanche ne viendrait se mettre en travers de son chemin, comme le pêcheur de Gavarnie stupéfait d'entendre glisser derrière lui, près des gorges du gave, le monde de son enfance, tout le tremblement.

L'ardoise grise voit ployer les résolutions les plus fermes, toujours sous l'orage.

Tantale, lassé d'entendre les hurlements des suppliciés, leurs hululements, leurs vociférations en cascade, leurs cris poussés par la vésanie, se cache dans un bistrot crasseux et descend, l'un après l'autre, de petits verres de Marie Brizard en disant d'une voix féroce et douce :

 H. E. N. R. Y., Henry Ier, c'est moi, le roi !

 

Sisyphe rigole dans son absence de barbe. Fontaine, je ne boirai pas de tonneaux.

lundi, 04 février 2008

Perutz, Poitiers, saules, lentes dédicaces

Comme je voulais aborder l'écriture du (long, peut-être) texte que je veux consacrer à Petite nuit de Marianne Alphant, j'ai ouvert le document Word où j'écris certains textes avant de les publier dans l'un ou l'autre de mes carnétoiles, et j'y retrouve ces bribes, datées du 19 janvier dernier et jamais publiées / franchement oubliées :

19 janvier, déjà, minuit quinze, je ne m’endors pas du tout.

 

        Le seizième chapitre de Turlupin est parfaitement hilarant. Leo Perutz, dont le goût du roman historique – même déconstruit – me semblait un peu fade, sur les premiers chapitres, est maître dans l’art de faire dérailler progressivement, mais non sans une violence jubilatoire, un récit de prime abord anodin. (Il y a aussi la façon dont, subrepticement, « la danse de Toulouse », p. 104, me rappelle « la jambe de Poitiers », octobre 2003.)

        Autour du titre. D’emblée : Je crache des gauloiseries. Avant, il y eut turlupiner, dont je crus lire que l’expression française était « ça me turlupiline » (j’avais sept ans, mettons, ou huit). Turlupin était, nous apprennent les dictionnaires, un auteur de comédies vite populaire pour l’inanité de ses calembours en dessous de la ceinture (ou, en adaptant à la mode du dix-septième siècle, ses mots proches du haut-de-chausses). Le nom de Tirelupin, dans Gargantua, a fait couler beaucoup d’encre : les auteurs du Robert culturel y consacrent d’ailleurs un encart instructif.

        (Accessoirement, le lecteur vagabond finit par apprendre qu’en français du Québec et d’Acadie, la turlutte n’est pas ce qu’on pense. Cela dit, il n’est pas indifférent que le substantif turlupin soit encadré par turgescence et turlute.) Ça, c’était autour du titre. De pleines bouchées de mots crus...


 

Julio Gonzalez, Les saules (1925).


Pour tout compliquer, j'illustre ce billet au moyen d'une photographie de l'exposition "Julio Gonzalez en famille" [Julio Gonzalez. Les saules, 1925. (Ils n'ont pas l'air de saules, mais bon... la pâte prend l'ascendant...)].

mercredi, 16 janvier 2008

-sibirsk

eaux troubles

soleil sans cesse revenant EAUX TROUBLES ici comme à Novosibirsk

 

où les crachats gèlent en vol SOLEIL

 

sans cesse revenir au point de non-retour Dans un RÊVE cette nuit : une collègue retraitée depuis un an et demi et qui a les mêmes initiales que moi erre dans les couloirs de la fac à la recherche d'une salle de l'Extension (elle ne peut pas connaître, puisqu'elle a pris sa retraite avant l'inauguration des nouveaux bâtiments) ; je l'envoie perfidement au 4ème étage, histoire qu'elle se perde, puis je vais manger une glace achetée à un marchand ambulant, rue des Tanneurs SOLEIL

sans cesse revenant

 

eaux troubles (vu

Novo)

15:45 Publié dans Ecrit(o)ures | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne

mercredi, 09 janvier 2008

Grand-tante Finesse tape fesse

effet instantané des asperges

Sur la table à tréteaux rouge où se trouve, parmi quelques autres entassements, le vieil ordinateur composite et bruyant, assis sur une chaise cannée – ou faut-il, comme pour les gâteaux, dire cannelée ? – de métal rouge, ayant monté et dévalé dix fois d’affilée les seize marches de l’escalier de bois, j’écris ces quelques lignes, tandis que se téléchargent, sur le vieil ordinateur composite, bruyant et lent, les photographies fades de ces deux derniers jours. Le ronronnement de l’ordinateur couvre presque le son des touches qui claquètent.

effet instantané des asperges

Soudain, l’ordinateur – ou plutôt, son ventilateur depuis si longtemps bruyant – a cessé de ronronner bruyamment, et l’on peut de nouveau apprécier les roucoulades des tourterelles turques depuis longtemps oublieuses du Bosphore, le passage d’une charrue sur le chemin vicinal, le frottement des feuilles, les rayons de soleil brûlants contre les vitres. Dans le Magazine littéraire acheté ce matin chez Caldéra, j’ai lu ce matin même l’article consacré aux deux nouvelles parutions de Roubaud, dont – enfin ! – la nouvelle branche du ‘Projet’. Sous Word, les tirets semi-cadratins s’effectuent automatiquement du moment qu’on laisse une espace de chaque côté du mot ou du groupe de mots à placer entre tirets, mais en revanche

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, il faut ajouter les signes de ponctuation autres, comme les points d’interrogation ou d’exclamation, après coup, sinon la saisie automatique se défile et, laissant en plan le typographe amateur, ne lui offre, pour tout potage, qu’un maigre tiret de rien du tout, à peine un trait d’union, rien de bien folichon. (Je devrais écrire, se dit-il, quelques phrases sur Stefano Bollani ou sur l’album étrange et étrangement beau du trio de Sophie Courvoisier, Ocre.)

effet instantané des asperges

Il n’en fait rien. Roucoulent les tourterelles, la caravane passe. Utrillo peignit les maisons grises délabrées de Montmagny, et moi je rature. Aujourd’hui ce serait la Sainte Famille, mais le calendrier de la banque ne suggère que la saint Roger. L’ombre du petit pot de verre, sur le coffre des vinyles, est à elle seule la chorégraphie de ce jour d’été. Je ne sais toujours pas pourquoi j’ai laissé ouvert mon exemplaire de Degrés à la page 204, près de l’ordinateur composite et bruyant, mais le Magazine littéraire est posé plus près encore, et je sais dans quel but (

effet instantané des asperges

) je l’ai déposé là : il est impossible de savoir qui rédigé les très brèves notices qui « résument », à cheval sur les pages 46 et 47 de cet exemplaire du centenaire (janvier 2008), chacun des ouvrages importants de Simone de Beauvoir, mais il est certain que ce(tte) sagouin(e) ne connaît pas le français. Voyez plutôt le résumé (très erroné également, à ce que m’en dit ma compagne, qui a lu ce roman) des Belles images, publié en 1966 : « Ce roman, dédicacé à Claude Lanzmann, décrit les sentiments d’une femme qui réalise qu’elle a été flouée par la vie. Une critique acerbe de l’hypocrisie de notre éducation. »

Peut-être le roman est-il dédié à Claude Lanzmann, mais il y a fort à parier qu’il a été « dédicacé » à beaucoup d’autres lecteurs, y compris par de tout autres personnes que Simone de Beauvoir (e.g. : à ma chère tantine suffragette, son petit Aymeric). De même, que l’on puisse collaborer à un magazine littéraire et ne pas savoir que « réaliser », au sens de « percevoir » « s’apercevoir » « se rendre compte », est un anglicisme qui sent le cuir, c’est inquiétant. (Au demeurant, cela n’a pas semblé gêner tellement les trois traducteurs d’Istanbul d’Orhan Pamuk, non plus, ni l’éditeur Gallimard : le texte français d’Istanbul est parsemé de ces réaliser laids et contresémantiques.) Enfin, on aimerait savoir à quel nous collectif peut bien renvoyer l’expression « notre éducation » : est-ce le système éducatif français qui est hypocrite, ou l’éducation d’une génération, voire, si on le prend au sens strict, l’éducation des journalistes du Magazine littéraire ? (C’est bien possible, en effet : pour écrire aussi mal, il faut que l’éducation laisse à désirer.)

Des chiens aboient sous le soleil, sans raison apparente, et comme chaque nuit aussi ; c’est la grande nouveauté

effet instantané des asperges

de ces vacances. Je me rappelle avoir lu Degrés ici un été, peut-être 2004 ou 2005, mais je ne me rappelle plus où j’avais déniché cet exemplaire aux pages non coupées, probablement d’origine : achevé d’imprimer le 8 janvier 1960, soit 4 jours après la mort accidentelle d’Albert Camus, dont j’ai rêvé cette nuit, recroquevillé sous mon manteau. (Je n’ai pas lu une ligne de Giono, ni d’Albert Camus, depuis l’adolescence.) Degrés ne m’a pas vraiment plu ; j’ai trouvé qu’il sentait un peu trop l’atelier, sans compter que le charme suranné du cadre scolaire des années 1950 nuit grandement aux prétentions du roman à une quelconque modernité. Quand on songe que Butor n’était pas loin de commencer à concevoir les volumes II et III de son Génie du lieu… Quand on songe

effet instantané des asperges

à son génie, on ne peut manquer de désirer lire le dernier volume paru du ‘Projet’ de Roubaud. Degrés se déroule au long de 380 pages. Au centre précis du récit, à la page 198, il est question de papier vert, rose et jaune. Couleurs. Au quart du parcours, un adolescent révolté retarde sa brouille avec le père haï pour une sombre histoire de timbres du Liban. Je me rappelle avoir « tiqué » – l’été 2004 ou 2005, donc – en lisant le patronyme d’un des personnages, M. Bonnini, dont l’épouse, aux trois quarts de Degrés, semble aller mieux. (Mais il n’est plus question (effet

instantané des

asperges) de papiers de couleurs variées.

jeudi, 13 décembre 2007

Flaque zircon

Bosser dur : c'est le moment même où le travail n'avance pas. Je trime en n'en foutant pas une rame. Il est vrai que, sur mes terres, il y a deux types de travail qui, intensément, effrontément, se chassent l'un l'autre, comme la limaille sur l'aimant.

Depuis lundi, les images assagissent le flot tumultueux de la vieillesse orpheline.

(Je n'avais même aucun souvenir de ce roman de Colson Whitehead, que je n'ai pas lu en entier, me semble-t-il. Le billet vaut aussi pour les deux titres qui l'encadrent. Il eut des remords de ne plus écrire de textes pour son Fouillis. Le chagrin lâche la bonde, mais l'eau stagne dans le bidet. Tout de même, en trente mois, tout ce que tu as pu débiter comme âneries... Il n'y a plus de billet vert sur ma carte bleue : je répète : il n'y a plus de bas bleu dans mon carnet vert.)

 

On se retrouve à Saint-Pierre des Corps, pour une valse. La maîtresse ne connaît pas les mules impressionnantes des corridas. La mule n'est pas l'ânon : noyer le poisson.

 

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En bonus : les pratiques débiles de la maison Gallimard.

jeudi, 06 décembre 2007

La Ruse du Professeur Maupas

L’opération ne se passait pas mal, quoique, dérangé par les va-et-vient impétueux d’une bourvonne, le professeur Maupas fût quelque peu cardilophe. Ce brave homme, issu d’une famille d’experts (il avait une sœur psychiatre et un demi-frère halgorologue), était, de toute évidence, taraudé par quelques souvenirs impromptus et indésirables : le matin même, il avait omis de jacavarer avant de quitter le foyer conjugal, non sans quelques gargodontes suscités par son étourderie légendaire. Bref, le patient avait bien de la chance d’être inconscient, car il se fût, sinon, légitimement affolé.
 
« Grégory, les ciseaux 16/18 » ordicta-t-il à son assistant. Il s’irrita en voyant que cet olibrius viliesque, qui avait dû avoir ses diplômes dans une pochette-surprise, ou une année de grèves estudiantines, lui tendait une sorte de phalancodre.
 
Plus tard, tandis qu’en salle de réveil l’opéré revenait à lui, le professeur Maupas se rendait au Petit Patrimoine, où il savait ne pas trouver ce gorsoir de novembre qu’il avait tant aimé. En manquant glisser dans une ploud, il repensa à un giclement inopportun qui  s’était produit lors de l’opération ; même ce grand expert au cœur bien accroché ne put réprimer un frisson.

vendredi, 30 novembre 2007

Même pas Johansson

Scarlett, maison de thé

Le voile s'écarte à peine, dans la brume humide de gaze ou de cretonne. Toute une cérémonie s'apprête, à laquelle personne ne vous a convié. Dans quelques mois, vous regretterez ces arômes chassés d'un regard fuyant, ces senteurs suaves de cardamome et de girofle, assez pour que la soif guette derrière les rideaux de bonne femme.

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Claude Egea n'y va pas de main morte, derrière et après Sara Lazarus, sur What is this thing called Love ?, ni Marc Ducret sur Amour à vendre.

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Laissez passer la cicatrice.