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dimanche, 13 mai 2007

"The Green bag is open/ed"

Le marteau de Thor s'est mué progressivement en croix de la chrétienté. (Les signes sont labiles. Les anagrammes sont des anamorphoses. Les frottements sont autant de rejets.)

Hier et ce matin, A. a redécouvert L'Âge de glace, qu'il n'avait pas regardé depuis plus d'un an. Curieux de découvrir quel était le texte original de la réplique "Hé, sac à dos plein de poils, on va v'nir t' faire ta fête !", j'ai pu m'apercevoir ici que la traduction était meilleure, en fin de compte :

You overgrown weasel. Wait till we get down there.

 

(Ce qui, plus littéralement, donnerait : Espèce de belette géante, attends un peu qu'on t'ait rejoint.)

16:00 Publié dans ... de mon fils | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Traduction

Journées dionysiennes, [11] : Virée à Beaugency

(à la manière de R.C., pour énerver Didier Eribon) 

Ce matin, nous avons visité la petite ville de Beaugency, dans le Loiret. Bien sûr, ce n’est jamais une bonne idée de faire du tourisme le 1er mai, car rien n’est ouvert, les restaurants en particulier, etc. De plus, il y avait une espèce de grand marché annuel très prolaille, qui envahissait les bords de Loire et enlaidissait bougrement la perspective sur le vieux pont, très beau dans sa bizarrerie même (sorte de bazar hétéroclite d’arches romanes et gothiques). medium_Beaugency_1er_mai_2007_040.jpgMais nous n’avons eu aucune difficulté pour garer la voiture, et la ville elle-même était plutôt épargnée par la grande foire d’empoigne des blousons à trois euros pièce et des statuettes hideuses. La ville est ravissante, avec un très bel Hôtel de Ville construit en 1526 dans un pur style Renaissance, en pierre calcaire très blanche, qui tranche sur la pierre plus grise du reste de la ville. Plusieurs médaillons en sont abîmés, mais l’ensemble a été restauré avec goût et efficacité. Il y a aussi la tour Saint-Firmin, trop haute pour qu’il y ait la moindre perspective convaincante sur elle, et l’abbatiale, que nous n’avons pu visiter qu’une fois la messe terminée, et qui a notamment abrité, au XIIème siècle, un concile annulant le mariage d’Aliénor et de Louis VII (détail que j’avais oublié) : c’est grâce à cette basse manœuvre qu’Aliénor a pu ensuite épouser Henri d’Angleterre, et devenir ainsi l’une des rares reines de l’histoire à l’être de deux pays consécutivement. Le donjon est très massif, carré, percé de tardives fenêtres. La Porte médiévale qui donne sur lui est très épaisse, et donne un aperçu de ce que devaient être les murailles de cette ville de toute évidence stratégique. L’intérieur de l’abbatiale Notre-Dame est très beau, lumineux, notamment grâce aux jeux d’arcs du chœur, tout à fait romans ; ces arcs ouverts sont très rares, et donnent l’impression d’un vrai dialogue de regards entre le chœur et le déambulatoire. Les vitraux contemporains sont affreux comme rarement.

J’ai appris que les habitants de Beaugency se nomment les Balgentiens ; j’aurais imaginé quelque chose comme les Bellogénitains ou les Belligençains, mais la vérité onomastique est toujours ailleurs. Après cela, nous nous sommes cassé le nez au château de Talcy, qui fut le témoin des amours (platoniques, dira-t-on) de Ronsard et de sa Cassandre. medium_Beaugency_1er_mai_2007_094.jpgCette Cassandre était la fille du propriétaire et bâtisseur du château. Ce que l’on sait moins, c’est qu’Agrippa d’Aubigné s’amouracha par la suite de la petite-fille du même : on peut supposer, assez vulgairement, que les filles de la lignée étaient rudement tanquées (à moins que leurs seuls mérites poétiques et intellectuels n’aient attiré les deux grands poètes (mais j’ai du mal à admettre cette hypothèse seule)). On peut aussi envisager qu’Agrippa ait ainsi voulu croiser le fer avec, ou marquer sa dette à l’égard du Prince des Poètes.

Le petit village de Talcy est très joli ; l’auberge était naturellement fermée, et nous avons – après un long tour dans Mer, laide, déserte et sans le moindre recoin où se sustenter – repris le chemin des pénates, dans la mesure où, de toute façon, je ne devais pas rater mon train dans l’après-midi.

Deux figures de Lerné

Barbu à la hache

Je m'explique mal ces deux figures tutélaires qui ornent la petite porte d'entrée latérale, en façade de l'église de Lerné. Celle de gauche, une sorte d'Abraham courroucé, est soulignée d'une hache. Celle de droite, manière de Jésus débonnaire, a, sous elle, une grande scie.

Chevelu à la scie

samedi, 12 mai 2007

Michon mi-Chinon

Quand on a publié, le même jour, quatre billets dans son carnet de toile, et quand on s'aperçoit, le soir venu, de retour du Chinonais, que seul le dernier a attiré les commentateurs, on hésite évidemment entre quatre raisons pour expliquer cet état de fait :

  1. les lecteurs ne lisent que la dernière note publiée (et ce d'autant mieux quand elle est brève)
  2. les chats albinos sont un sujet plus intéressant que l'émasculation à l'aide d'un tesson de Samos, les fanes des carottes ou les déambulations dionysiennes vieilles de dix jours
  3. les lecteurs les plus récents préfèrent réagir au dernier commentaire qu'à une note
  4. la police Palatino Linotype est plus attrayante que celle-ci ou que T.N.R.

 

Tiens, pour changer de mes récriminations...: C. compte lire des textes de Pierre Michon. Quelqu'un aurait-il des conseils avisés ?

Albi (Nosferatu)

Tandis que j’écrivais le billet intitulé L’École des fanes, est venu fureter, dans la cour de graviers, un chat entièrement blanc, comme je n’en avais jamais vu. J’ai tout d’abord songé qu’il s’agissait d’un chat albinos ; toutefois, A. m’a fait remarquer qu’il n’avait pas les yeux rouges (mais jaunes). J’en appelle à l’aréopage de mes lecteurs, et en particulier à la frange félinophile : existe-t-il des chats au pelage entièrement blancs qui ne soient pas albinos ?

L’École des fanes *

(De retour du marché.)

― Je voudrais deux bottes de carottes, s'il vous plaît.

― Je vous coupe les fanes ?

 

(Cela n'est pas un fragment des Satires de Lucilius.)

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Au demeurant, ce billet est publié dans la catégorie Mots sans lacune, car le Robert culturel ne donne aucune citation littéraire pour ce beau nom de fanes. Alors, en vrac :

« Le paysan laboure un champ de raves. Le diable vient réclamer son feuillage. Le paysan lui donne les fanes. Méfiant, le diable vient le soir observer, par une fente entre les poutres de l'izba, ce que complote le paysan, qui se fait une soupe de raves, qu'on appelle borchtch en russe, un régal de gourmets, de couleur mauve et rose. » (René Laurenceau. Nègres blancs.)

 

Les fanes d’orichalque au vent tintinnabulent

Des femmes enfiévrées sortent de tes chansons

Elles vont sans me voir comme des somnambules

Sur les pas du flûteur de la rue Vaucanson

(Robert Vitton. "Elégie pour un élégiaque". In Encres vagabondes, 1990.

 

« La poésie, qui détruit les frontières. Reconstruit les murailles qui nous encerclent, celles qui protègent du froid et des sottises. La poésie des dépravés, des arracheurs de pavés qui bravent les idées préconçues. La poésie des acharnés des rimes, ceux qui triment en terminaison de vers pour toute existence. Les autres, verre à la main, s’abreuvent des femmes et courbent les fanes dans des alexandrins étriqués. Et ceux qui ne comprennent rien. Je les envie. » (Falmar. Introduction, 27 janvier 2007)

 

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* Le titre du billet, hautement (et oncques bassement) calembouresque, est un hommage à ceux de mes lecteurs qui goûtent les jeux de mots (et je songe en particulier à Fuligineuse, Aurélie et Simon). Or, je me suis rendu compte, en cherchant sur la Toile des occurrences du mot fanes (au pluriel), que de nombreux internautes prétendûment francophones écrivent ainsi le féminin du substantif franglais fan ! Pas de quoi s'éventer !!! (Les pales du ventilateur tournent toujours.)

"Anu noceo"

Satires de Lucilius, suite. On trouve, dans les fragments retrouvés du livre VII, les trois vers suivants, qui réussissent la prouesse d'être à la fois très clairs et tout à fait énigmatiques :

Hanc ubi vult male habere, ulcisci pro scelere eius,

testam sumit homo Samiam sibi anu noceo, inquit,

praecidit caulem testisque una amputat ambo.

 

... que l'on peut traduire comme suit :

Comme il veut la malmener et se venger de ses forfaits, *

l'homme saisit un tesson de Samos en disant "Au cul la vieille" **

et d'un coup il se coupe la queue et les deux testicules ***

 

Le sens du fragment (lui-même arraché à l'oubli comme un testicule à un corps évanescent (a foolish figure)) est très clair ; le récit dans lequel il s'inscrivait est plus délicat à reconstruire.

 

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* Hier soir, au lit, j'ai lancé la phrase suivante, qui s'est avérée être un alexandrin parfait, au rythme saccadé :

T'as toujours tes Cendrars dans ton confiturier ? 

 

** Les adolescents latinistes ricanent toujours sous cape en apprenant qu'anus - us (substantif du 4ème groupe, et non du 2ème) signifie "vieille femme". Ici, le datif anu sert de boustrophédon à l'adverbe una (en même temps, de concert, d'un coup). Si j'ai, avec quelque liberté, rendu hommage à cette amphibologie, je n'ai pas trouvé de traduction honorable pour le jeu de mots testam/testis (tesson/rouston ?).

*** "Grossier personnage." (Aurélie)

Journées dionysiennes, [10] : In memoriam Jean-Jaurès

        Je me demande comment je vais « saucissonner » ces Journées dionysiennes pour les publier ensuite dans mes divers carnétoiles. Peut-être devrais-je numéroter diverses séquences. Peut-être aussi faudra-t-il toiletter, réécrire.

        La promenade, plutôt brève, m’a conduit, par la rue de la Légion d’Honneur (je n’avais pas de plan et me guidais d’instinct), à la basilique, fermée à cette heure tardive, moins monumentale que dans mon souvenir, et dont le portail mériterait un joli ravalement car il paraît noirci au bouchon. medium_Journees_dionysiennes_1er_mai_2007_049.jpgDans la rue de la Légion d’Honneur, j’ai vu quelques belles maisons du début du vingtième siècle, voire d’un peu avant, mais pas toutes en très bon état, loin de là. La place de la basilique, où se trouve l’Hôtel de Ville, est en travaux, et il faut suivre, pour en faire le tour, tout un trajet zigzaguant le long de banderoles de plastique. L’Hôtel de Ville n’est pas vilain, mais deux grandes affiches criardes pour la Coupe du Monde de Rugby en défigurent la façade. Il y a une sorte de grand centre commercial derrière, où j’ai croisé quatre policiers, puis, dans la cour intérieure toute en longueur, plusieurs grands gamins qui jouaient au football. Plus loin, je m’en suis vu pour photographier la façade de l’hôtel Jean-Jaurès, car il y avait trois cars de CRS bien mal placés et dont les conducteurs, dûment pourvus de matraques et de regards brutaux, suivaient mes mouvements d’un air soupçonneux. La lumière du soir était très belle.

        Ensuite, j’ai tourné viré dans diverses rues et ruelles parfois délabrées, pour ne trouver que des kebabs et des restaurants africains, ce qui m’aurait fait plaisir d’ordinaire ; mais j’ai quelques problèmes gastriques ces temps-ci et je préfère ne pas tenter le diable. J’ai fini par échouer, donc, dans cette minable gargote aux prétentions italianisantes mais tenue par trois vieux Maghrébins très gentils, attablés devant un match de foot, dont j’ai suivi l’évolution avec eux, histoire de ne pas prêter trop d’attention à la pizza. Comme j’étais mort de faim, je n’ai pas eu trop de mal à nettoyer mon assiette, mais on a vu mieux, comme étape gastronomique.

        Je suis très content d’avoir déniché cet hôtel pas trop cher (et pas trop terrible non plus, if truth be told) et très proche de la Maison d’Éducation de la Légion d’Honneur, car je n’aurai pas besoin de demander à être réveillé demain matin, et, si le sommeil tarde à venir (ce que je pressens), je pourrai un peu lambiner au lit demain matin. La convocation est pour neuf heures et demie, ce qui, pour quelqu’un qui est d’ordinaire réveillé chaque jour de la semaine à sept heures (encore qu’A. ait pris un certain rythme vacances depuis une huitaine, et se réveille plutôt vers huit heures), est le comble du luxe.

05:50 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Paris, Journal

vendredi, 11 mai 2007

Satires de Lucilius

Les Satires de Lucilius (qui m'avaient intrigué avant-hier et dont l'auteur n'est pas le destinataire des célèbres épîtres de Sénèque) offrent une expérience de lecture plus étonnante que les fragments des Présocratiques même les plus fragmentaires.

En effet, la plupart des bribes qui nous sont parvenues de Héraclite disons, sont généralement encerclés de gloses, ont des significations complexes, philosophiques, etc., ce qui fait qu'un fragment reste encore lisible dans la perspective d'un tout. (Bon, je sais, la plupart des exégètes ou spécialistes hurleraient en lisant ce raccourci scandaleux. Je crois me rappeler que Kostas Axelos... Mais enfin, ce n'est pas le sujet...)

Dans le cas des satires de Lucilius, le lecteur qui emprunte, comme moi, un volume de la collection Budé se trouve face à des fragments d'un ou deux vers, sauvés de l'oubli grâce à divers compilateurs ou lexicographes, et dont on ne sait absolument pas, pour la plupart, quel pouvait en être le contexte. On regarde alors ces vers comme des morceaux de fresques qui ne sont plus que couleur ou mouvement purs, en s'attachant à telle expression, telle allitération, ou tel vague écho de préoccupations contemporaines. Il en est ainsi de ce vers où revient encore le tarbouif :

Si nosti, non magnus homo est, nasutus, macellus.*

 

ce que l'on pourrait traduire par :

Si tu le connais, ce n'est pas un géant, mais un malingre au nez camus à gros tarin.

 

* 11ème fragment du Livre VI des Satires de Gaius Lucilius

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Ajout de 22 h 50 : échos aux Kleptomanies überurbaines par la route Selby Jr, voie d'accélération François Bon.

Journées dionysiennes, [9] : ateliers Christofle

Saint- Denis , Hôtel Moderne, huit heures [toujours le 1er mai].

 

Je suis ici depuis à peine cinq minutes et j’ai déjà installé toutes mes affaires, c’est-à-dire pas grand-chose, à la vérité. L’hôtel est modeste, pour user d’une litote ; il est situé près d’un grand carrefour, et, de ma fenêtre, en se penchant, on voit le Stade de France. Il me semble que ce n’est pas très loin d’ici, dans le site étonnant des anciens ateliers Christofle que nous avions vu, C. et moi, « la pièce du Pape », au printemps 1999. (C’était, non par catholicisme soudain, mais par amitié pour l’un des acteurs.)

medium_Journees_dionysiennes_1er_mai_2007_030.jpgJe vais aller dîner, mais aussi me renseigner quant à l’éventualité d’un accès Wi-Fi, sans trop d’illusions sur ce dernier point. J’ai déjà photographié la chambre (c’est-à-dire le lit, la salle de bains, la table de chevet avec les trois livres, mais aussi mon reflet dans la glace qui fait face à la petite tablette où j’écris ces lignes, et l’ordinateur lui-même (qui s’en soucie comme d’une guigne et ne m’a même pas gratifié d’un sourire, l’ordure)).

 

 

Neuf heures vingt-cinq.

De retour à l’hôtel (qui n’offre aucun accès Wi-Fi), après une petite promenade dans le « quartier » et un dîner vite bâclé : pizza aux trois jambons caoutchouteuse avec deux verres d’un vin rouge infâme. L’hôtel se situe à quatre minutes, pas une de plus, de la Maison d’Éducation de la Légion d’Honneur, où se déroulent les séances d’harmonisation des barèmes (mot que, cette fois-ci, pour la première fois de ma vie peut-être et sans l’intervention préalable du correcteur orthographique de Word, j’écris avec un accent grave et non un circonflexe, as is my wont).

19:05 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Photographie, Hôtels

Maldonne

Tu es têtu, Malamine ; écoute ton père, Malamine...

Dans son boubou blanc, il trouve encore le monde trop compliqué. Trouver mon cadavre en travers de la porte.

Malamine est devenu fou.

 

Aller frapper à la porte de la muette, mettre la case à feu. Le corps à sang se repose sur des charbons ardents. Vous n'avez qu'à retrousser vos pensées, et que la pierre traverse aussi le fleuve.

C'était le 13 avril, à quatre heures de l'après-midi.

Maudit soit le nom de celle qui fut violée. (Also sprach...)

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... billet qui devait (ap)paraître ce matin à cinq heures, mais le 31, non le 11, avait été (malencontreusement) coché. Pour ne rien dire des diverses mauvaises, bonnes ou tristes mines que je ne cesse de rencontrer, d'origine ou en traduction (mais une traduction est un texte original), depuis que j'ai commencé d'écrire Le Livre des mines, il faudrait s'aligner sur ces zooms avant trop brusques et (dis)paraître de l'écran.

jeudi, 10 mai 2007

Journées dionysiennes, [8]

Six heures vingt-cinq. Suite des conversations.

             « L’Axe du loup, quand tu le lis, tu te dis que c’est un couillu quand même. »

medium_Journees_dionysiennes_1er_mai_2007_015.jpgJe ne sais pas de quel auteur ils parlent et qu’ils connaissent tous les trois : un grand voyageur qui a escaladé l’Himalaya apparemment, or something like that.

Il y a aussi Christian Galissian ( ?) qui a écrit Le Monde en liberté (titre à vérifier car ils ont parlé de ça il y a déjà un quart d’heure), récit de son tour du monde en 2CV autour de la ligne de l’Equateur. Ça a l’air assez fou, comme histoire, à les entendre raconter certains épis od es ou péripéties.

 

Six heures et demie.

              Je passe le reste du trajet à lire des recensions contemporaines de la publication de The Scarlet Letter ou des articles récents, notamment les textes de Jane Grey Swisshelm, Robert Levine, Kristin Boudreau et Stephen Railton.

19:30 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Ligérienne

Peau forée (Le décolleté)

medium_Langeais_5_mai_2007_137.jpg

(5 mai 2007 : Langeais : le décolleté)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il suffit d'avoir le menton méchamment blessé, avec ajouts d'éosine pour harmonies chromatiques, pour que les questions fusent, de la part des collègues comme des étudiants. Tu es tombé ? Vous êtes tombé ? Ouh la, tu as eu un accident ? Les meilleures hypothèses furent "c'est votre fils qui vous a griffé ?" (cela de la part d'une étudiante) et "ah, ça y est, ça commence, les flics t'ont tabassé" (dixit le collègue professeur de droit). Morne et monotone, je ne pouvais que répondre la même inéluctable et plate vérité : "non, c'est une lame de rasoir défectueuse". (Variantes : cut myself shaving ; Gillette a l'amour vache ; je n'ai jamais su me servir d'une perceuse...)

(10 mai : Tours : la décollation)

Titres, diapasons, tarbouifs

Comme je m'ennuie parfois, lors de ces réunions dans la cage vitrée, je me surprends à lire les titres de la collection Budé et à essayer d'en retenir certains, surtout ceux que je ne connais pas du tout ou, à tout le moins, que je n'ai pas lus ni jamais traduits. Ainsi, hier matin, ce furent les Fables de Hygin, la Vie de Saint Martin de Venance Fortunat et les satires de Lucilius. (Sur ce dernier auteur, mystère total.)

Je me dis souvent qu'il faudrait que je me remette de manière régulière, voire quotidienne, à lire des auteurs latins, mais je ne le fais qu'occasionnellement, ce qui m'énerve contre moi-même. Au lieu de cela, je me retrouve, sur la Toile, à lire des poèmes de la Renaissance anglaise, captivants aussi, d'ailleurs, comme, hier soir, The Tunnyng of Elynour Rummyng de John Skelton. Voilà un texte très drôle, qui serait une véritable gageure de traduction !

On y retrouve le nez camus de Tristram Shandy et du Journal de Travers (et de Rannoch Moor, et de L'Amour l'Automne...) :

Her nose somdele hoked,

And camously croked,

Neuer stoppynge,

But euer droppynge ;

mercredi, 09 mai 2007

Journées dionysiennes, [5] : la caravane passe...

Nous passons (notre train passe) près d’un gigantesque dépôt de carlingues de poids lourds. Mon œil a été attiré par plusieurs cabines Intermarché rouillées à la file.

Désormais il est question de Budapest et de Pec, entre les deux garçons.

medium_Saint_Denis_2_mai_2007_004.jpg(J’ai de plus en plus de mal à concevoir que ces garçons puissent être si unanimement « jeunes catholiques » : histoires de trafics de jeans Lee Cooper entre l’Europe de l’Est et la France, etc. Ce n’est pas incompatible, me dira-t-on.)

« Comme on s’emmerde à mort en école de commerce, il faut bien voyager, hein. Voilà pourquoi le Maroc. »

(Ah si, quand même, un voyage de 40 jours au Laos, en mission humanitaire avec Sœur Je-ne-sais-quoi et l’O.N.G « Enfants d’Asie ».)

« Nicolas Ducret et Marion Veneault. Le frère de Marguerite n’a que vingt-deux ans, a fait le tour du monde en vélo. Nicolas aussi d’ailleurs. Ça a pété mais ils ont écrit un bouquin. » (Je ne comprends rien mais je note par bribes, pour vérification ultérieure.)

15:20 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne, écriture, Journal

Embrassades

Le bouquet apporté il y a dix jours par G. et P. tient encore le coup. La grisaille toujours domine. Hier, au retour de Talcy (où il n'est jamais question de Ronsard, mais de l'un des premiers traducteurs du Faust de Goethe, Albert Stapfer, également pionnier de la photographie*), nous avons admiré un clocher d'église, mais ce n'était ni à Villexanton ni à Epiez. Je suis enseveli sous les copies (entre autres d'agrégation) et plus généralement par le travail, et je n'ai pas eu le temps de vous entretenir (ici ou ailleurs) de la piste Trakl. Il pleuviote (ou pluviote, ou pleuvote) toujours ce matin. Le temps passe et la grisaille domine.

 

* On ne sait si le double portrait des jeunes filles qui date de 1849 est de lui, mais cela donne envie d'en savoir plus. Hélas, sur cette partie de son activité, Dame Google demeure désespérément muette.

mardi, 08 mai 2007

Journées dionysiennes, [4]

1er mai toujours, cinq heures quarante.

Lecture du chapitre 5 achevée. Je crois que je vais insérer directement dans ce Journal des notes pour les différents carnétoiles (poèmes, textes en prose, peut-être des topographies, des notules musicales ou des ekfrasis de photographies).

Trois jeunes catholiques (deux garçons et une jeune fille, on ne peut plus « jeunes catholiques » (villiéristes ?)) se sont installés à mes côtés, et l’un d’entre eux raconte un voyage déjà ancien en Slovénie avec des « messes en croate » ( ?) et surtout une histoire de courroie de distribution pétée. Celui qui n’a pas fait le voyage lance : « ça, ça fout la merde, les nanas dans les groupes, normalement ». Apparemment, c’est vrai. « C’est classique, les gonzesses, c’est pas bien, dans les groupes. » La jeune fille réagit quand même : « Classique, eh, oh ! ».

medium_Journees_dionysiennes_1er_mai_2007_018.jpgLe chapitre 5 est très impressionnant, bien sûr. De toute manière, j’aime beaucoup The Scarlet Letter. Eric, mon collègue américaniste et surtout ami, ne comprend pas cela, car il trouve ce texte lourdingue, tellement inférieur surtout à Moby Dick, son contemporain inégalable, mais aussi aux nouvelles du même Hawthorne (les Twice-Told Tales notamment, que C. a lus en traduction, but I never !).

Le garçon qui est assis à côté de moi et qui a fait le voyage en Bosnie (à Medj ?) raconte aussi qu’il y avait le club du troisième âge de son bled (à côté de Pornic) dans cette ville de Slovénie (vraiment ?). L’autre : « à Medj, toi tu pèches pas, mais il y a des rivières de malade mental ». Pêche ou péché ? je dois être influencé par The Scarlet Letter.

La Slovénie ne tarde pas à attirer le sujet inévitable des ours. La jeune fille, en face de moi, pas laide mais vraiment trop « jeune catholique » d’air plus que d’allure, compte les points.

Tiens ! on peut être catholique et très BCBG et ignorer 1) qu’il est grossier de répondre au téléphone quand on est engagé dans une conversation avec des amis 2) qu’il est interdit de téléphoner dans la voiture, alors que les plateformes sont prévues pour ça.

« Venise, c’est génial, pourtant je suis anti-les trucs touristiques. »

22:47 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : Ligérienne

lundi, 07 mai 2007

Journées dionysiennes, [2] et [3]

Mardi 1er mai, 17 h 15.

 

Du monde monte à Saint Pierre des Corps. Je vais peut-être passer à la deuxième phase du trajet (qui doit consister à relire attentivement le chapitre 5 de The Scarlet Letter, dont est extrait le texte du commentaire qui a été soumis à la sagacité des candidats à l’agrégation d ‘anglais il y a deux semaines). Demain et après-demain, avant de repartir chacun avec nos 70 copies (qui ne sont que la moitié de ce qu’il faudra corriger en un peu moins d’un mois), nous allons nous concerter afin d’harmoniser la correction des commentaires.

medium_Journees_dionysiennes_1er_mai_2007_012.jpgQuand j’écrivais qu’il y avait plus de place dans les trains Corail (ou Aqualys) : bien que pas mal de monde soit monté à Saint Pierre des Corps, je reste à disposer d’un « carré » pour moi tout seul, et il en est de même pour les autres voyageurs, qui tous peuvent gentiment s’espalaser, qui à sa tétrade, qui sur une place double, qui (comme moi) en n’occupant qu’un seul siège mais en n’ayant pas à jouer des coudes avec le fantôme d’à côté ni des genoux avec les spectres d’en face. Ce n’est pas de sitôt que les joueurs de belote ou de tarot nous vagiront aux oreilles.

 

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[3] Avant de passer à la fameuse phase 2, je voulais noter ici que, dès que j’ai été choisi pour faire partie du jury de littérature de l’agrégation d’anglais, en juillet dernier, j’ai lu ou relu toutes les œuvres, pas plume en main mais l’esprit vigilant : ainsi, pour The Scarlet Letter, que j’avais lu et peut-être même étudié (mais ce point reste en suspens) vers 1994, je me suis procuré l’édition Norton et ai relu le roman à Hagetmau, dans la chaleur de juillet, jusqu’à peaufiner en lisant la plupart des articles critiques qui figurent dans la Norton. Depuis, en revanche, je n’y ai pas touché (et j’étais bien soulagé de voir qu’aucun des quatre sujets (deux de composition et deux de commentaire) que j’avais proposés au président du jury, à sa demande, n’était « tombé » (ce que j’eusse découvert, si cela avait été le cas, en même temps que (et même après) les candidats), car une telle tuile aurait signifié que je devais, dans les deux semaines qui restaient avant la réunion dionysienne, « pondre » un corrigé et des propositions de barème, ce qui m’eût demandé une relecture très attentive et fulgurante, non seulement de l’œuvre en question mais aussi de l’essentiel de la critique ayant servi à l’élaboration des cours des collègues de France et de Navarre (ouf, j’ai eu chaud !)).

Il me faut donc relire, d’ici demain, dans le train et à l’hôtel, plusieurs des passages significatifs de The Scarlet Letter, et notamment ce chapitre 5, fort ambigument nommé « Hester at her needle ». (Il est cinq heures vingt. Je m’y mets.)

17:58 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Ligérienne, Voyages

dimanche, 06 mai 2007

Pas la peine de vous connecter aux sites belges et helvètes...

               Victoire de Nicolas Sarkozy par 53 % des voix (au moins).

Journées dionysiennes [1] : Hommage au Corail

Mardi 1er mai, cinq heures moins dix.

       Journées dionysiennes : en aucun cas dionysiaques. Seulement, je me rends pour deux jours à Saint- Denis , préfecture du département qui en porte le nom. Rien n’y sera dionysiaque, ni même apollinien, puisque je vais travailler, pendant deux jours, dans le cadre de la réunion d’harmonisation des barèmes du jury de l’agrégation d’anglais (ce qui nous fait, tout de même, pour commencer ces carnets, un quintuple génitif, et ça n’est pas rien). Je ne peux donc compter ni sur Apollon ni sur Bacchus pour agrémenter ce bref séjour, à moins peut-être – pour honorer le premier dieu – que je ne trouve le temps d’aller promener mes souliers du côté de la basilique, que je n’ai vue qu’une fois, en 1984, alors âgé de neuf ans et demi. Dans mon souvenir, l’ensemble formé par les tombeaux des rois, reines et princes de France est un exemple splendide de statuaire.

medium_Journees_dionysiennes_1er_mai_2007_007.jpgPour ce qui est du second (Bacchus), je ne vois pas trop ce qu’il pourrait en être, à moins de me pochtronner tout seul tristement dans ma chambre d’hôtel, ce qui serait une première (et un signe très sûr de décadence).

Il vient d’être annoncé, dans les haut-parleurs de l’Aqualys, que « le départ est imminent ». Je ne m’explique toujours pas, d’ailleurs, que les trains corail de la région Centre aient un nom qui leur est propre (Aqualys) : ce sont pourtant des Corail comme les autres (c’est-à-dire que ce ne seront jamais des coraux). Ne croyez pas que mon avarice me pousse à ne jamais voyager en TGV : j’emprunte souvent ces boîtes à sardines profilées, mais, dans le cas présent – celui de ces journées dionysiennes – j’ai prévu de voyager en Aqualys pour plusieurs raisons : financières évidemment (encore que je puisse être remboursé, je pense, de ce voyage à titre professionnel), car [Interruption. Annonce au micro : « Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, nous attendons l’arrivée de notre conducteur. Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée. » Dites donc, ça commence bien, non ?] le billet aller-retour coûte 56 euros, contre 103 euros pour le même trajet en TGV (or, le trajet dure (doit durer, à condition que le conducteur finisse par arriver un jour) deux heures, alors que le trajet en TGV dure 1 h 10 (ce qui est à peine plus de la moitié, certes, mais ne saurait justifier, pour moi qui ne suis pas à la bourre, une telle différence de prix)) ; professionnelles ensuite, car tant la lecture que l’écriture sont plus comm odes aux tablettes des voitures Corail ; de confort enfin, car je me trouve toujours beaucoup plus à l’aise dans les voitures Corail que dans les TGV, moins spacieux (voire plus spartiates) et, dans tous les cas, généralement plus bondés. (Entre-temps, tandis que je m’emmêlais dans mes parenthèses, le train a démarré, avec sept minutes de retard.)

Il est cinq heures cinq, et en un quart d’heure, je n’ai pas trouvé le temps d’écrire quoi que ce soit d’intéressant, si ce n’est les conditions du voyage (et les aléas de son commencement). J’avais d’emblée jeté sur la table le distinguo entre dionysien et dionysiaque ; je pourrais « pousser mon avantage » (comme disait mon maître Michel Boisset) en distinguant l’apollinisme (l’apollinien selon Nietzsche et consorts) de l’apollinarisme, qui peut relever de la lecture de poètes ainsi dénommés (Sidoine ou Guillaume notamment) ou même du fait d’habiter dans une rue nommée en hommage à l’un de ceux-là. Mon existence va donc, durant deux jours, prendre un tour dionysien.

mercredi, 02 mai 2007

Hôtel de ville de Beaugency

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Hôtel de ville de Beaugency (Loiret). Détail, 1er mai 2007.
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(Pour faire plaisir à Astolphe, je lui ferai remarquer que ce billet est classé dans la rubrique Hors Touraine, créée dès l'été 2005.)

mardi, 01 mai 2007

Memini

Il y a un an, il était question, dans un échange épistolaire entre ma mère et moi, de La Buveuse de Pietr de Hooch. La table de la cuisine est recouverte de trente-deux carreaux bleus (selon un schéma classique de huit sur quatre), et bordée de bois. Les carreaux répondent à ceux de la paillasse, à droite de l'évier. C'est une cuisine où j'ai vécu mon enfance. Il y a un an, il était question, dans un échange épistolaire entre ma mère et moi, de La Buveuse de Pietr de Hooch. Dans la caravane, à l'été 1986, quelque part entre la Bavière et le Baden-Würtemberg, j'avais photographié ma mère avec, à la main, cette colossale chope. Je me rappelle aussi des palais et folies en coquillages, théâtres de pierre, d'eau et de verdure et surtout pas du meilleur goût. Il y eut aussi quelques parties de badminton avec de jeunes Néerlandais et des adolescents allemands, toujours roux, peu ou prou. Il y a un an, il était question, dans un échange épistolaire entre ma mère et moi, de La Buveuse de Pietr de Hooch. Nous avons parcouru, à longues enjambées, par un soleil printanier, les allées poussiéreuses du Parc de la Haute Touche, où il était question d'installer les pauvres ours du Jardin botanique de Tours. Nous avions passé la matinée à nous promener près des étangs de la Brenne, dont celui de la Mer rouge. Nous nous étions cassé le nez au château de Nailhac. Il y a un an, il était question, dans un échange épistolaire entre ma mère et moi, de La Buveuse de Pietr de Hooch. Cela, je me le dis sans cesse, il ne sert à rien de le ruminer, même en flânant dans les abbayes vidées de leurs moines, les rues grises ou sales où l'on ne voit rien d'autre que chats dépenaillés ou chiens abandonnés...