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jeudi, 31 mai 2007

Journées dionysiennes, [18]

2 mai 2007, huit heures et demie du soir.

Voilà une journée bien morne. Je suis sorti de la Maison de la Légion d’Honneur, un bâtiment certes admirable dans le style « austérité classique » de l’Empire, avec ses carrés cloîtrés, ses pelouses et ses jeunes filles en uniforme, e9bbefdbea6b565a2c7144a566eca5b2.jpgmais où les salles ont une acoustique déplorable et où j’ai une fois encore trouvé la plupart des collègues d’une grande lenteur : nous poursuivrons nos travaux demain matin, mais nous aurions pu tout boucler en une journée, à condition d’y mettre un peu plus de rythme et de ne pas toujours couper les cheveux en quatre. Entre six et sept heures et demie, je me suis promené, histoire de fatiguer la bête, puis j’ai dîné – fort bien – dans un restaurant anatolien ; même le vin rouge était bon. Bref, je dois encore corriger deux copies ce soir afin de préparer la séance de demain : chacun des 17 membres du jury de littérature corrige les mêmes copies, à titre d’essai et afin de comparer nos évaluations. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu plus de trois points d’écart, ce qui, si on considère qu’il y a double correction, assure une grande harmonie dans la notation.

La présentation du sujet et des différentes pistes de commentaire était à la limite du navrant. [...] Le plus étonnant c’est la manière dont les tenants de lectures monologiques, entièrement cohérentes – même dans le cas de textes évidemment couturés d’ambiguïté, de polysémie et même de contradictions – réussissent à vernir leur vieux discours cent fois rabâché (on a tout de même entendu évoquer le « message de l’auteur », pour un texte dans lequel il n’y a ni intrusion d’auteur, ni message univoque) de petits replâtrages : 7e250fe2d2439612ac297e1e76eb6664.jpgun p’tit coup de polyphonie par ci, un p’tit coup de dialogisme bakhtinien par là, ça ne fait pas de mal et ça fait moderne… Heureusement que beaucoup de candidats (et la plupart des collègues du jury, évidemment) valent mieux que cela ! [...]

On s’étonnera, après ça, que je me sois piqué la tête au vin rouge turc et que j’aie moins envie de regarder le débat entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal que la deuxième demi-finale de football !

(Je viens de m’apercevoir, en allant ouvrir les rideaux pour pouvoir corriger les deux copies photocopiées à la lumière du jour, qu’il y avait un store à lanière : je suis si habitué aux chambres d’hôtel baignées d’une demi-lumière même au cœur de la nuit que je n’avais même pas assombri celle-ci la nuit dernière !)

08:30 Publié dans Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Photographie

lundi, 28 mai 2007

Le Principe de ruine, p. 78

Pierre, Melchior et Le traversin : chants d'amour tendre.

Quand elle évoque "l'homme qui a faim et qui ne mange rien, l'homme miné", il ne peut s'empêcher de penser au graphite, et aussi aux graffiti, à l'indécence veule ou laide de clamer béatement.

Fabriquez des pelisses à la centaine, vous verrez toujours. (Ce sont des signes en aveugle dans la nuit, des panneaux sans armature et même, dans le chant retrouvé des merleaux échappés du nid, une poignée de fantassins sans armure.) Le fou de Chaillot, dont le père est un porc.

dimanche, 20 mai 2007

Lu dans le marc

Je m'étire sans fin (fatigue).

"Mai tire à sa fin." (Abbés, p. 19)

 

Le 19 mai passé, sûr qu'on affine.

samedi, 19 mai 2007

Le défi de Procuste

------- à la demande de Madame de Véhesse ----------- 

Les 4 livres de mon enfance :

  • la série des Jeannot Lapin (Enid Blyton) en bibliothèque rose
  • Topaze de Marcel Pagnol
  • Olé France (album bleu sur l'aventure des Bleus pour les éliminatoires du Mundial '82)
  • L'arbre en poésie et toute la série des *** en poésie (Folio-Junior)

 

Entre l'enfance et l'adolescence :

  • les deux "Pléiade" d'Eluard
  • Les Trois mousquetaires
  • Exercices de style
  • Cyrano de Bergerac (on va dire)

 

Les 4 écrivains que je lirai et relirai encore :

Balzac, Thomas Bernhard, Breyten Breytenbach, Shakespeare.

 

Les 4 auteurs fétiches que je ne lirai probablement plus jamais :

Hervé Guibert, Inoué Yasushi, Robert Merle, Robert Pinget (encore que...).

 

Les 4 premiers livres de ma liste à lire (entre des vingtaines) :

  • Thomas Hardy. The Return of the Native.
  • Hans Henny Jahn. Le Navire de bois.
  • José Eduardo Agualusa. La guerre des anges.
  • Elsa Triolet. La mise en mots

 

Les N livres que je suis en train de lire :

  • Danièle Sallenave. Le Principe de ruine.
  • Renaud Camus. Journal de Travers II (plus que 100 pages !).
  • John Steinbeck. Cannery Row.
  • Yves Bonnefoy. L'Arrière-pays.
  • Les Poèmes de Pessoa dans l'édition scandaleusement pas bilingue de la Pléiade.
  • Rémi Santerre. L'Ecart.

 

Les 4 livres que j'emporterais sur une île déserte :

Mémoires d'Outre-Tombe, les poèmes de Ronsard, Le Voyage vertical de Vila-Matas et Close Sesame de Nuruddin Farah.

 

Les derniers mots d'un de mes livres préférés :

Nous sommes entrés par la grand-rue dans le hameau, avons bu à la fontaine sur la petite place et demandé le chemin du sanctuaire, avons gagné le sanctuaire et vu la foule devant l'entrée et l'homme sur le banc, vu le vieux scribe marmonnant, balbutiant, dont la rumeur disait qu'il venait d'un monde ancien et connaissait la source de toute fable.

Claude Ollier. Qatastrophe (P.O.L., 2004, p. 228).

 

Je passe le morbac relais à dix de mes disciples camarades : Didier, Chloé, Simon, Fuligineuse, Aurélie, Philippe[s], Zvezdo, Jacques, Matthieu M.-M. et Mélisande.

15:51 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : Littérature

Lèvres miennes

Il ne faut pas trop s'arrêter à l'érudition. Pourtant, tout se mêle en un maelström, et surtout ce polylogue :

Tu n'avais quand même pas l'intention de... ?

Si, dès le principe, janvier 2006.

Mais alors...

Il y a eu cette interruption dans la parution, donc aussi l'écriture en a pâti.

Donc, c'était tout ce réseau ?

Mein, mine, mien, tous les mots qui riment en -mine, tout ça ?

Oh, et bien plus encore.

Et bien pire encore.

Comme quoi ?

Des anagrammes, des boustrophédons, des étirements, des interpolations. Va savoir. Suffit de relire ce qu'il y avait déjà courant janvier 2006.

Ah ?

Le pluriel n'était pas du projet, seulement le mot mine lui-même.

Ah ?

 

Le grand prieur de Cluny en personne les accueille, il est grave. Il accueille Adémar de Chabannes arrivé en même temps qu'eux, Adémar reprend le fil de son récit à sa façon romanesque et rusée. Le grand prieur les réunit dans la basilique, etc.

(Pierre Michon, Abbés, Verdier, 2002, p. 69)

Travlochon

Fuligineuse, facétieuse, me demande quelle différence je fais entre traversin et polochon. Or, je n'en fais pas : j'ai juste fait état, à un moment où je n'avais pas de dictionnaire sous la main, d'une impression. Selon cette impression, le polochon serait plus massif et cylindrique, le traversin plutôt du style extra-plat.

Je ne sais si cette différence sémantique est attestée, mais il est vrai, en revanche, qu'il y a, grosso modo, deux types d'oreiller long : l'une sorte est très plate (et alors, je suis incapable de dormir) ; l'autre est plus cylindrique, massive, rembourrée, et, dans ce cas, je peux dormir, aussi bien qu'avec mon habituel oreiller double.

Vérification faite dans le Robert culturel, il semble que cette différence sémantique ne corresponde nullement, en effet, à la différence des signifiants traversin et polochon (de huit lettres chacun, car tout lit est un échiquier). La définition que Rey et ses équipiers donnent de traversin est la suivante : long coussin de chevet, en général cylindrique (à la différence de l'oreiller), qui tient toute la largeur du lit. L'entrée du dictionnaire ajoute alors : Fam. Polochon.

Ainsi, Didier Goux avait bien raison : la différence est de niveau de langue. Il n'en demeure pas moins que le "en général" de la définition marque bel et bien une différence entre deux types de "long coussins de chevet", et qu'il faudrait deux signifiants différents pour ces deux genres de traversin.

Le problème est toujours là, dans les mots : on n'en sort pas. En cherchant à s'en sortir, on s'enfonce, comme sous les avalanches. Ainsi, ici, l'oreiller appelle l'oreillard, et avec lui le rhinolophe. D'autre part, la consultation du dictionnaire m'apprend qu'en astrologie une planète traversière est un astre néfaste : je suis persuadé qu'un astrologue aurait de nombreuses suggestions à proposer au sujet des conflits astraux et dérives désastreuses de la vie sentimentale de Renaud Camus telle qu'ils apparaissent dans le Journal de Travers. (Mais faut pas compter sur moi pour ces âneries.)

Par contiguïté, on dégotte aussi d'autres pépites :

Le Colisée est bâti presque en entier de blocs de travertin, assez vilaine pierre remplie de trous comme le tuf, et d'un blanc tirant sur le jaune. (Stendhal. Promenades dans Rome. 18 août 1827.)

 

Aussi, à la faveur de ses nombreuses rencontres avec un Aragon décrit comme vieillissant, sourd comme un pot, confus dans sa mythomanie, Renaud Camus relit Les Cloches de Bâle, alors qu'il n'a, a priori, guère de goût pour les romans (ni les poèmes, d'ailleurs) du grand L.A.. Or, le titre qui sert de repoussoir absolu, lorsque Renaud Camus veut évoquer les romans d'Aragon (qu'il compare aux Thibault (!!!)), ce sont Les Beaux Quartiers (que j'ai lu, pour ma part, en 1996, et qui, sans être mon préféré, est très bien (et la préface en est tout à fait géniale)), roman justement cité par le Robert culturel non loin de l'entrée TRAVERSIN : "Eugène soufflait, l'air hébété, bafouilleur, avec la gueule un peu de traviole."

Dans le Robert culturel, l'entrée TRAVERS est précédée par l'entrée TRAVELO. (Voir remarque de Renaud Camus sur le côté tue-l'amour et même achricuratif des travestis, in Journal de Travers, circa p. 1485. (Vais pas vérifier non plus, hein... (Mais si, je le ferai.)))

vendredi, 18 mai 2007

Petits mensonges quotidiens

Nicolas Sarkozy, alors président de l'U.M.P., avait affirmé que Christian Vanneste, condamné en janvier 2007 pour ses propos homophobes (mais également auteur de l'amendement sur le rôle "positif" de la colonisation (un cumulard de l'inintelligence, en quelque sorte)), ne serait "pas réinvesti pour les législatives".

On vient d'annoncer qu'il sera candidat dans sa circonscription sous l'étiquette CNI/UMP.

Ce que le candidat promet, le Président le dément.

21:21 Publié dans Indignations | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : UMP, Politique, Sarkozy

Minuscules, 1

Il faut beaucoup de résolution, c’est-à-dire aussi un œil résistant aux pixels en pagaille. Quitte à tout considérer comme réservoir, répertoire, bassin d’orage même – et même (surtout) ces revues, ces milliers de pages qui s’entassent en tous recoins et dont on pourrait, à chaque page ouverte, faire son miel – pourquoi ne pas prendre la tangente, comme le veut un stupide cliché contemporain, ou tracer en virant à l’oblique. (J’aime tant le vol des hirondelles.)

Ainsi, veux-je citer les premières phrases de l’article que Marie-Laure Delorme consacra il y a deux ans à Jean Rolin dans le Magazine littéraire, je me trouve à vouloir décrire le sourire qu’arbore l’écrivain sur la photographie (et qui, lèvres plissées vers le bas, est néanmoins un sourire de joie douce, nullement un rictus), à chercher dans ma mémoire si j’ai lu, de Jean Rolin, autre chose que La Frontière belge (à quinze ans, et alors n’y ayant pas compris grand-chose), mais aussi à tourner en tous sens ce mot-là, magazine.

Que les centaines de fascicules entassés me soient un réservoir, une cuve, gisement, carrière abysse, est-ce encore l'affaire ?

Qu’importe :

     Le style dit tout. Les phrases de Jean Rolin, remplies d’une multitude de « peut-être », de « ou », de « à tort ou à raison », charrient un monde miné de l’intérieur. Minuscules bouts d’humanité comme tombés de la marche du temps. Entrez donc dans un univers incertain.

 

Il y avait là, dans le choix de ces clonages (ou plutôt, de ces boutures), l’envie d’en revenir à ce qui me possède (et non à ce qui m’appartient), renversement éminent de tout désir du possessif. Faire mien ne m’intéresse pas.

Sémantique & arithmétique gouvernementales

7 = 14 

Cela fait des semaines que l'on entendait dire que le gouvernement voulu par Nicolas Sarkozy respecterait la parité hommes/femmes et serait "resserré" autour de 15 portefeuilles. Aujourd'hui, on n'entend encore parler que de "parité". Entendons-nous bien, je ne suis pas un partisan à tout crin de la parité for the sake of it, surtout si tout ce que l'UMP a dans ses tiroirs, c'est Roselyne Bachelot (!) ou Valérie Pecresse à la Recherche (!!!!!!!!). En revanche, je suis assez partisan qu'un candidat devenu président ne revienne pas, dès sa première décision, sur ses promesses. Or, l'arithmétique la plus élémentaire me contraint de constater que :

1 Président + 1 Premier Ministre + 8 ministres hommes + 4 secrétaires d'Etat = 14 hommes (dont les deux chefs de l'exécutif et le seul Ministre d'Etat)

 

et que

7 femmes ministres = 7 femmes

 

... ce qui ne fait pas quinze portefeuilles, et ce qui est très loin de constituer une quelconque parité.

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On a appris, par ailleurs, qu'en novlangue sarkozyste, félonie et veulerie s'appelaient "Prospective et évaluation des politiques publiques".

13:31 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : UMP, Politique

La Devinière

C'est amusant que François parle de La Devinière, car j'y suis allé samedi dernier, lors d'une virée à l'ouest de Chinon. Autant j'ai déjà passé des heures innombrables au Prieuré Saint Cosme, autant je n'avais toujours pas longé l'allée délicate qui mène du parking, en bord de route au bout du monde, à la maison natale de Rabelais. La Possonière est pour plus tard.

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Une fois n'est pas coutume, je vais reproduire des extraits de la note publiée à cette occasion dans le blog familial (d'accès restreint) que je tiens à d'autres moments perdus :

La Devinière est une petite bâtisse construite à la fin du XVème siècle par le père de Rabelais, avocat à Chinon. D’un côté, la vue sur le château du Coudray Montpensier (qui ne se visite pas mais vaut largement, dans son genre, Chaumont ou Azay) est superbe. De l’autre, le jardin des simples ouvre vers Chinon.

La Devinière : Boulins bouchés du pigeonnier

La visite commence par le pigeonnier, grande salle carrée qui date du XVIIème siècle et où se trouvent de nombreux documents relatifs à la geste de Gargantua. Il y avait notamment un répertoire très complet des occurrences antérieures à Rabelais de légendes relatives au géant Gargantua, par ordre des départements français, ce qui m’a permis de voir que trois communes du département des Landes avaient partie liée avec ce personnage dont on aurait fini par croire qu’il est sorti tout droit de l’esprit du génial moine François. Toutefois, aucune date n’est donnée, ni pour le « chant populaire landais » glané à Labouheyre, ni pour la légende des chênes arrachés par Gargantua à Labrit, ni pour le « pas de Charlemagne » (toponyme peyrehoradais, apparemment, mais dont je n’ai pas saisi le lien avec Gargantua).

Dans la grand’ salle se trouvent de nombreux documents, etc., mais aussi plusieurs bustes de Rabelais, tous de sculpteurs du dix-neuvième siècle, qui fut, semble-t-il, le siècle de la redécouverte de l’œuvre de Rabelais.

(D’ailleurs, en cherchant sur le Web des photographies du château du Coudray Montpensier, que l’on n’aperçoit que de loin et dont il est difficile de s’approcher en voiture, je suis tombé sur le texte intégral de la traduction des Cinq Livres par Sir Thomas Urquhart of Cromarty et Peter Antony Motteux : elle date de 1894, et le site du projet Gutenberg reproduit la totalité des gravures de Gustave Doré.) Le plus réussi, même dans son côté pataud/pâteux, est d’un certain Louis-Valentin-Elias Robert.

La Devinière : par ses enfants sera inventée...

Nous nous sommes égarés un moment dans les caves troglodytiques, formées de nombreuses salles, et qui, en superficie, doivent être le quintuple du manoir proprement dit. Elles sont décorées de reproductions découpées et agrandies des gravures de Doré, ce qui n’est pas toujours très heureux.

C'est aussi ce jour-là que nous avons visité l'abbaye de Seuilly, où j'avais entendu un concert de jazz en janvier 2005, et le petit village de Lerné, déjà évoqué dans ces carnets.

jeudi, 17 mai 2007

Itinéraire d'un traîneur de glèbe

J’ai traîné, non mes guêtres mais mon vieux blouson rouge (quatorze ans d’âge déjà), encore dans les allées du prieuré Saint-Cosme. medium_Prieure_St_Cosme_20_avril_2007_054.jpgOn a beaucoup discuté, avec A., de choses et d’autres (mais surtout de Ronsard, hommage au génie du lieu oblige), sous la grisaille que seul un timide mais fulgurant rayon de soleil est venu transpercer, tandis que nous approchions du jardin des senteurs.

Finalement, je n’avais rien écrit au sujet de notre précédente visite, il y aura quatre semaines demain. Le prieuré est un lieu si agréable, malgré le passage de la 2x2 voies tout près du jardin des simples et du potager, que l’on y revient toujours.

Tinou y a été intriguée, dernièrement, par les saints aussi médecins anargyres, et, de fil en aiguille, par la matula du bon saint Cosme. (Iam hercle ego vos pro matula habebo, nisi mihi matulam datis, dit Callimadates dans la Mostellaria de Plaute, ce qui doit vouloir dire quelque chose comme : « Ah par Hercule, je vous prendrai pour une cruche, si vous ne me donnez pas la cruche à pisse. » (Bon, là, il faudrait relire la Mostellaria pour s’assurer que cela veut vraiment dire quelque chose, et j’ai autre chose à faire !))

Il y a, à partir d’aujourd’hui, une intéressante exposition de Serge Crampon, artiste qui glane bois, tissus et formes sur les rives de la Loire. L’exposition s’intitule Itinéraire d’un traîneur de grèves, et, après avoir découvert plusieurs troncs d’arbre verticaux seulement tournés d’une certaine façon et rehaussés de quelques ajouts peints (ils figurent des corps immobiles, statues arrachées au fleuve), medium_Prieure_St_Cosme_20_avril_2007_078.jpgle visiteur peut admirer une plus large palette du travail de Serge Crampon dans le grand et toujours aussi beau réfectoire du Prieuré. Toiles au sens fort du terme, grands fusains (Corps d’arbres), troncs suspendus, impressions sur tissu… Cela n’a rien de sidérant, mais ça n’est pas du tout désagréable. En revanche, le film qui présente l’artiste et son travail vaut son pesant de cacahouètes : le texte en voix off, qui a dû être écrit par un ancien étudiant de philosophie qui ne s’est jamais remis de ses échecs répétés aux concours de l’enseignement (si, vous savez, dans le genre Juan Asensio), commence d’emblée par un imparfait du subjonctif (fussent-ils, etc.) aussi superbe qu’inutile, puisque le verbe principal est au présent… ! Tout est à l’avenant…

Bon, j’arrête de râler et je retourne à mes moutons. (Il faudra tout de même reparler de la précédente visite au prieuré. (Prétérition à répétition.))

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Je jure mes grands dieux que je n'ai même pas fait exprès de publier cette note le 17 mai à 17 h 05. (C'est grave, anargyre ?)

Journées dionysiennes, [16]

Mercredi 2 mai, sept heures et demie du matin.

          Je me suis réveillé il y a dix minutes, ce qui n’est pas mal finalement, après une nuit courte mais pas trop entrecoupée de réveils : la rue n’est pas calme, medium_Saint_Denis_2_mai_2007_008.jpgil n’y a pas de volets et je suis obligé de dormir avec un traversin extra-plat (que j’ai quand même réussi à surélever grâce à une couverture), et donc, au su de ces trois facteurs, ce n’est pas mal d’avoir à peu près dormi six heures (d’autant que, lisant cette nuit le Journal de Travers II, je me rendais compte que je ne m’endormais absolument pas !). D’ailleurs, il m’est venu hier matin, à propos de ce journal, une idée de parodie, ou de décalque, assez farfelue : comme nous approchions de Beaugency, nous avons traversé la petite commune – laide ou insignifiante, à ce que nous en avons vu – de Tavers, ce qui permettrait, qui sait, de rédiger quelques entrées d’un Journal de Tavers… non ? après vérification sur le Web, hier après-midi, j’ai appris qu’il y avait trois dolmens aux noms charmants (mais déjà oubliés de moi) sur le territoire de Tavers.

          (Plus haut, j’ai écrit « traversin », mais je me demande si ce n’est pas plutôt un polochon.)

mercredi, 16 mai 2007

M qui signifie les Mines

Déjà, quand elle descend la rue de l'Église, les mères font hâtivement rentrer leurs enfants, avec des mines sombres et inquiètes.

Dans la glaise je descends.

 

Réinventant la roue, je me vautre.

 

Le M qui signifie les Mères (heeeeeeein ?).

 

Du moment que j'ai toujours, à mon casque, son plumet, je resterai fermement sédentaire dans le territoire du crayon.

Benoît Hamon II

Décidément, ce Benoît Hamon est une riche découverte. Voici un florilège (non exhaustif, je le crains) de son incapacité absolue à s'exprimer dans un français correct. Un tel florilège pourrait servir à enseigner les rudiments de la grammaire française à tout locuteur étranger désireux de s'exprimer mieux qu'un député européen socialiste :

  1. Eviter le galimatias : "N'empêche que ce qui est frappant, c'est de voir à quel point les courants sont fragiles sur le socle politique et culturel qu'ils sont censés représenter." ("La divergence de l'éléphanteau", in T.O.C., n° 24, novembre 2006)
  2. Eviter d'être incohérent quand on parle de confusion : "Toute alliance avec le centre, donc avec la droite, aujourd'hui, supposerait un minimum d'accord programmatique, qui, plutôt que de favoriser la clarté de notre projet, ajouterait à la confusion." (Entretien accordé au Parisien le 10 mai 2007)
  3. Ne pas changer de sujet en cours de phrase : "Le Premier secrétaire va devoir prendre ses responsabilités et rebondir tous ensemble, collectivement." (Entretien accordé à 20 minutes le 7 mai 2007)
  4. Eviter le triple génitif (surtout avec accumulation d'épithètes) : "J’ai l’honneur de faire partie des cibles de la dernière saillie argumentaire de la lettre de Rénover Maintenant." (Lettre ouverte aux amis que je conserve à Rénover Maintenant.)
  5. Connaître les temps et les modes : "Que ça plaise ou non, et même si je n’aurai pas prédit qu’elle fût celle là, j’ai choisi la cohérence avec notre histoire depuis cinq ans." (ibid.)
  6. Ne pas confondre les points et les virgules : "S’il faut à vos yeux, que je sois de ces archaïques qu’il faut débusquer et combattre. Et bien soit, je relève le gant." (ibid.)

 

Rétrospectivement, il nous ferait presque regretter les barbarismes et les solécismes de Ségolène Royal !

Hamoncellements

De Benoît Hamon, député européen du P.S. : "le dernier épisode a pu apparaître confusant".

Du même, au cours du même entretien : "Veut-on ou pas que la gauche soit plus faible et moins en capacité d'exercer des contre-pouvoirs face à la droite?"

Eh bien moi je dis que si Baylet il serait pas été discuter avec Sarkozy de comment il pourrait prendre participation à la majorité présidentielle il y a un gros nullard d'ancien président du M.J.S.* qui aurait resté dans l'anonymat...

 

* Eh oui, c'est un vivier. Tiens bon, Adrien S. ! Plus on est crasse, mieux ça passe !

 

Seize centième note

Deux pigeons s'aimaient d'amour tendre

Merci à tous mes lecteurs

de s'être embarqués à mes côtés

depuis bientôt deux ans.

Journées dionysiennes, [15] : il y a deux semaines déjà

Minuit.

 

J’écoute Iphigenia in Brooklyn de Peter Schickele, qui ne parvient pas à me faire hurler de rire ni au génie comme mon ami Éric, de qui je tiens cet enregistrement du double album The Wurst of P.D.Q. Bach et qui s’était montré très enthousiaste. Lisant toujours L’Arrière-pays, je me suis rendu compte que le livre de souvenirs de Bonnefoy, Rue Traversière (que je n’ai pas lu mais, comme le dit Pierre Bayard, ça n’empêche pas d’en parler), fait référence à une rue de Tours, medium_Journees_dionysiennes_1er_mai_2007_053.jpgcertes jolie mais plus célèbre de nos jours pour abriter, sur ses trottoirs, les quelques prostituées du centre. Ainsi, la phrase « C’est un grand adepte de la rue Traversière » pourrait avoir deux interprétations divergentes (mais non incompatibles bien sûr) : a) cet homme est très féru de l’œuvre d’Yves Bonnefoy ;   b) ce type passe son temps aux putes. On peut imaginer d’autres significations, plus controuvées : c) c’est un flûtiste qui enseigne au Conservatoire (car le conservatoire se trouve non loin de là) ;   d) il fait toujours réparer sa voiture au garage du coin de la rue. Etc. *

Blague à part, je trouve aussi dans L’Arrière-pays cette phrase qui pourrait servir d’exergue aux Kleptomanies überurbaines (dont le titre, je l’avoue, est d’inspiration plus thiéfainienne) : « Cessant d’imaginer le surcroît de l’être dans l’intensité de ses apparences, ne faut-il pas exiger, ici presque, dans quelque rue latérale, la plus sordide même, une arrière-cour dans le charbon, une porte : et tout, au-delà du seuil, montagnes et chants d’oiseaux, et la mer, ressuscités, souriants ? » (pp. 18-9).

Il est temps que j’éteigne cet ordinateur ; sinon, je ne vais jamais dormir.

 

 

* Ajout du 16 mai 2007, 10 h 10 : bien entendu, aucune de ces propositions n'est incompatible avec les autres, et un Joyce tourangeau pourrait fort bien écrire un épais pavé sur les 24 heures de l'existence d'un flûtiste amateur de Bonnefoy qui va aux putes pendant qu'il fait réparer sa voiture au garage du coin de la rue Traversière. (Réflexion faite, ça ressemble plus à du Roussel. (Pas Albert, Raymond.))

mardi, 15 mai 2007

Toupet d'étoupe

Il est surprenant qu'une expression aussi fréquente que le livre des mines (qui donne son titre à ce fil) ne soit quasiment jamais employée. Naguère, j'ai pourtant vu, sous son apparente simplicité, se dessiner d'innombrables polysémies. Peut-être était-ce aussi sous l'influence du sonnet de Baudelaire, Le mauvais moine ? Non, je dois être en train de reconstruire à partir des virages récents qu'a pris ce projet d'écriture.

On s'interrogera sur les enluminures du mal. Il rejette le capuchon, elle voit la tête d'étoupe.

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Il peint les signes du sutra en trempant dans l'encre la queue du chat, placide, puis le disciple furieux, de la pointe du couteau dont la lame lui entaille la paume, grave les signes dans les planches du ponton, avant que, plus apaisés encore que le chat à la queue irrémédiablement noircie, les deux policiers n'aident le maître à peindre le creux des lettres de multiples couleurs (orangé, mauve, bleu, vert), en contournant délicatement le corps endormi du disciple épuisé.

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Vingt-sept tirets froissés, le temps de compter les billets. La guichetière prend son temps, et dans la file d'attente on s'impatiente. Guillaume est trop blond et sa colère galope comme le feu.

Ah, vous rédigez intégralement vos exposés ? C'est une très mauvaise habitude ! (Mais c'est un très bon travail.)

"Le roi prie, déjeune, termine sa toilette et est habillé." : celle-là, je vous la piquerai pour mon Livre des mines (auquel il est question que je me remette sérieusement).

Louis XIV. Abbés, p. 20 et p. 10.

 

C'était griffonné au dos de la fiche d'identification d'une certaine Camille Dugenoud. Demain est un autre jour. On comptera les saisons, et surtout on en reparlera, puisque la question même des sept âges de l'homme, des quatre saisons de l'existence, et autres fariboles ejusdem farinae, est au creux du corps du projet.

Journées dionysiennes, [13] : L'Arrière-pays, ou la nostalgie de Concriers

Mardi 1er mai, toujours. Onze heures et demie.

Je suis très influencé par les quelques pages que je viens de lire de L’Arrière-pays, qui font écho à notre errance du matin dans les paysages mornes et ternes entre Josnes et Talcy (par Isy, Séris et… quoi ? Concriers ?).

Je crois me rappeler que j’avais essayé de lire ce petit livre il y a déjà longtemps, et qu’il m’était tombé des mains ou n’avait pas su éveiller mon désir. medium_Journees_dionysiennes_1er_mai_2007_060.jpgIl y a aussi le souvenir, plus précis quoique plus ancien, du recueil d’essais de Bonnefoy, L’Improbable, que je prenais parfois, par désoeuvrement, dans la salle de lecture de la bibliothèque, au lycée Montaigne, que je feuilletais et auquel je ne comprenais à peu près rien. Comme j’avais découvert la poésie de Bonnefoy à la faveur des premières semaines d’hypokhâgne, je m’étais dit que ses essais devaient être plus abordables ; or, il n’en est rien, ou, en tout cas, ses proses sont beaucoup plus difficiles à qui n’est pas encore adulte. (L'est-on jamais ? Autre question.)

« Car alors l’invisible et le proche se confondent, l’ailleurs est partout, le centre à deux pas peut-être : je suis depuis longtemps sur la voie, il ne s’en faut plus que d’un tournant avant que j’aperçoive les premiers murs, ou parle aux premières ombres… »

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En écoutant Angelina de Bob Dylan, je me dis qu’après tout il n’y a peut-être aucun rapport entre ce titre et la chanson de CharlÉlie Couture, Angelina is known. (Et aucun rapport avec Bonnefoy ni « l’admirable Piero » d’ailleurs. (Pas de virgule : afféterie signifiante : Piero della Francesca, pour être de là-bas, est toujours d’ailleurs, étranger même à ses propres yeux.)

Crier avant d'avoir mal

Vu ce matin un mur de cimetière tagué en grandes et fières lettres noires, à Tours : "La France, état fasciste".

Il y a des fois où j'aimerais bien que la machine à remonter le temps existe vraiment et que l'on propulse, ne serait-ce que quelques semaines, les imbéciles qui écrivent ce genre d'âneries dans l'Italie de Mussolini, ce qui leur permettrait de voir ce que ça fait vraiment de vivre dans un régime de dictature, où le fait même d'appartenir à une minorité doit être tu, pour ne rien dire des aléas de la condition de journaliste, de professeur ou d'éditeur. Je pense aux démocrates chinois, aux homosexuels de l'Espagne franquiste, aux "déviants" de tout poil des dictatures d'ici et d'ailleurs, d'hier et d'aujourd'hui, et à ce qu'ils penseraient en voyant de gentils nantis écrire de beaux mots bien ronflants comme fasciste ou pétainiste à tous les coins de rue...

Que je sache, le pluralisme politique, comme la liberté d'opinion et de culte, ne se porte pas trop mal en France : il n'y a qu'à voir les ex-futurs ministres de Mme Royal (mais si, celle qui devait nous servir de rempart contre le "péril brun") aller à la soupe aux portefeuilles...! Décidément, je regrette de moins en moins d'avoir refusé de choisir entre la grippe et la varicelle, au second tour des élections...

13:55 Publié dans Indignations | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : Politique

En âge

(15 mai 2007) Le Président de la Fédération Française de Natation est attendu aujourd'hui à Rome, où il doit essayer de déminer les bassins italiens. Je suis en nage. À la brasse j'ai des yeux de braise. Un papillon ne fait pas le printemps, mais ça nous fera quand même tout drôle, ce froid revenu. Pour essayer de déminer le terrain et faire en sorte que la réunion du groupe ne se transforme pas en vaste pugilat, Bernard Accoyer, très remonté contre Jean-Louis Debré, a passé sa soirée de lundi au téléphone avec Dominique de Villepin, Nicolas Sarkozy et même Jacques Chirac. (17 octobre 2006)

-------------- Dernier jour de Jacques Chirac aux affaires.

lundi, 14 mai 2007

Ah, ça se confirme...

Non, rien.

Questions de traduction, Lucilius

Comme tous les beaux ouvrages oranges de la collection « Budé », le tome I des Satires de Lucilius que je m’apprête à rendre à la Bibliothèque Universitaire est d’une érudition impressionnante. Son auteur est F. Charpin (dont le prénom est introuvable, même sur la dédicace à l’encre violette qui figure sur la page de faux-titre, et qui, par ses pleins et ses déliés archaïsants, laisserait penser qu’elle a été écrite il y a des siècles, presque (or, le livre date de 1978)), et il faut remarquer qu’il hésite souvent entre une traduction « utile » (scolaire, au bord du littéral (je ne sais comment dire))* et une traduction plus respectueuse de la poéticité du texte. Ainsi, pour le fragment 19 du livre VII, il restitue admirablement l’écho allitératif esu-/ex-/excul- (repris par la série arr-/à la/aff-), de même que l’hypallage :

esuriente leoni ex ore exculpere praedam

arracher la proie à la gueule affamée d’un lion

 

En revanche, il est difficile de savoir si, dans le cas, du fragment 17 du livre VI, il n’a pas vu, ou pas su traduire, la contrainte alphabétique dans l’alignement des quatre termes forts (n, o, p, p) :

nequitia occupat hoc petulantia prodigitasque

 

qu’il traduit « ces gens se livrent à la débauche, à l’effronterie, au gaspillage », ce qui est très utile pour l’étudiant en mal de sens, mais frustrant pour l’amoureux de poésie. Je propose

tout le jour ce ne sont qu’ignominie, insolence et indiscipline

 

où la série j/i/i/i se substitue à la série n, o, p, p. La traduction est également plus resserrée et correspond mieux à la structure de l’hexamètre. Évidemment, il y a beaucoup à redire à la traduction de occupat hoc, d’un point de vue sémantique. (On tourne en rond, merde, on tourne en rond.)



* J’ai trouvé hier, en feuilletant notre vieux Folio jauni du Paysan parvenu, une citation géniale sur l’usage des parenthèses :

Jusque-là je m'étais assez possédé, je ne m'étais pas tout à fait perdu de vue; mais ceci fut plus fort que moi, et la proposition d'être mené ainsi gaillardement à la Comédie me tourna entièrement la tête; la hauteur de mon état m'éblouit; je me sentis étourdi d'une vapeur de joie, de gloire, de fortune, de mondanité, si on veut bien me permettre de parler ainsi (car je n'ignore pas qu'il y a des lecteurs fâcheux, quoique estimables, avec qui il vaut mieux laisser là ce qu'on sent que de le dire, quand on ne peut l'exprimer que d'une manière qui paraîtrait singulière; ce qui arrive quelquefois pourtant, surtout dans les choses où il est question de rendre ce qui se passe dans l'âme; cette âme qui se tourne en bien plus de façons que nous n'avons de moyens pour les dire, et à qui du moins on devrait laisser, dans son besoin, la liberté de se servir des expressions du mieux qu'elle pourrait, pourvu qu'on entendît clairement ce qu'elle voudrait dire, et qu'elle ne pût employer d'autres termes sans diminuer ou altérer sa pensée). Ce sont les disputes fréquentes qu'on fait là-dessus, qui sont cause de ma parenthèse; je ne m'y serais pas engagé si j'avais cru la faire si longue, revenons.

Journées dionysiennes, [12] : Buuuuuuut !

Mardi 1er mai, toujours, 10 h 40 (du soir).

        Je viens de lire, dans l’édition Norton, l’article de Millicent Bell, qui est tout à fait remarquable. Par ailleurs, le prénom de l’essayiste m’a remis en mémoire un des limericks les plus stupides, et donc les plus drôles qui soient :

The bottle of perfume that Willie sent

Did not agree with Millicent.

     Her reply was quite bold,

     So they argued, I’m told,

About that silly scent Willie sent Millicent.

 

medium_Journees_dionysiennes_1er_mai_2007_054.jpg        Moi, ça me fait rire...

        Bon, ce n’est pas tout, je vais aller me doucher. (Je ne m’endors absolument pas.)

 

10 h 50.

        À peine je sors de ma douche et j’aperçois un but pleine lucarne, la joie d’un attaquant de Liverpool, puis le drapeau levé qui invalide le but – ce que la presse sportive nommera peut-être demain « le tournant du match ». (Ah, j’avais oublié de noter que je regardais d’un œil la suite de cette demi-finale tout en regardant les photographies du jour, en écrivant la première de ces Journées, en lisant dans l’édition Norton de The Scarlet Letter, etc. (Je serais bien en peine de « surfer » sur la Toile, faute d’une connexion.))

        Je vais à présent recopier l’avant-dernière phrase du texte du commentaire, afin d’y souligner quelques traits stylistiques particuliers. Ensuite, je lirai la nouvelle de Hawthorne, “The Minister’s Black Veil”, que j’ai lue il y a longtemps et dont j’ai tout oublié.

89

Un vieux châtelain de Lerné

Un beau matin se sut berné

Quand, devant le notaire,

On le pria de se taire.

(Je ne me sens pas concerné.)

 

dimanche, 13 mai 2007

Ces “enveloppes datées” semblent avoir été perdues

Journal de Travers. Le filet horizontal de la page 1421 sépare le récit de la journée du 4 septembre 1976 de la date du mercredi 2 février 1977, soit cinq mois d’une rupture en grande partie compensée par les multiples crochets qui ont permis, sur près de 700 pages, de raconter les journées « intercalaires » (entre le 5 septembre et le 19 décembre).

En ce sens, le Journal de Travers est à la fois semblable à (et, dans son économie même, très différent de) ce volume de journal dont le titre m’échappe désespérément, et qui doit bien être Graal Plieux, tout de même (non ?) : dans le volume auquel je pense, il y a, au milieu du volume, une béance de deux mois (ou plus ?), en raison de l’exposition estivale au château de Plieux, qui avait accaparé toute l’énergie du diariste.

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      Diary/diarrhea (pour une petite histoire de la merde (et de l'adhérence)) :

W. m'a lu l'autre jour une phrase de Sollers (en italien, Dieu sait pourquoi, peut-être était-ce au sujet de Pasolini) où il était question de la merde. Je ne me souviens plus très bien - quelque chose du genre: il y a deux sortes d'écrivains, ceux qui parlent de la merde et ceux qui n'en parlent pas. Enfin, toujours est-il que la merde, et son apparition dans l'écriture, aurait représenté le fin du fin. Voilà le genre d'idées auquel il n'importe en aucune façon de croire ou de ne pas croire, d'adhérer ou de ne pas adhérer. Leur vérité éventuelle est tout à fait secondaire. Mais elles sillonnent péremptoirement la modernité, elles la signent et la modèlent. Leur valeur est de structure, et plus précisément de structuration. Accessoirement elles fonctionnent comme signes de reconnaissance, passeport, gage d'appartenance. Je suis moderne, on chie entre mes pages.

(Renaud Camus. Journal de Travers, pp. 1424-6.)

 

... ou imaginer comment traduire ici adhérer, sillonner, modeler (et la paronomase gage/pages).