Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 06 juin 2007

Sept cent trente jours

(Déjà.)

(Seulement.)

Même

Il faisait beau, grand soleil de juin. Le matin, en accompagnant mon fils à l'école maternelle, j'avais en tête la musique du générique des Petites bêtes (Allongez-vous dans l'herbe, etc.). C'était aussi la grande époque de Melchior, de Même en hiver, du grand colloque poitevin sur L'Illisible et de Hubert Lürlu. À la fac, je travaillais d'arrache-pied aux emplois du temps. Puis m'est venue l'idée saugrenue de débarquer dans la blogosphère avec mon carnétoile vert.

au printemps ce pays est beau

 

(Depuis lors, depuis le Débarquement, j'ai écrit 1617 billets.)

(Quoi de plus approprié pour un 6.6.07 ?)

vendredi, 18 mai 2007

La Devinière

C'est amusant que François parle de La Devinière, car j'y suis allé samedi dernier, lors d'une virée à l'ouest de Chinon. Autant j'ai déjà passé des heures innombrables au Prieuré Saint Cosme, autant je n'avais toujours pas longé l'allée délicate qui mène du parking, en bord de route au bout du monde, à la maison natale de Rabelais. La Possonière est pour plus tard.

-------------------------------------------------

Une fois n'est pas coutume, je vais reproduire des extraits de la note publiée à cette occasion dans le blog familial (d'accès restreint) que je tiens à d'autres moments perdus :

La Devinière est une petite bâtisse construite à la fin du XVème siècle par le père de Rabelais, avocat à Chinon. D’un côté, la vue sur le château du Coudray Montpensier (qui ne se visite pas mais vaut largement, dans son genre, Chaumont ou Azay) est superbe. De l’autre, le jardin des simples ouvre vers Chinon.

La Devinière : Boulins bouchés du pigeonnier

La visite commence par le pigeonnier, grande salle carrée qui date du XVIIème siècle et où se trouvent de nombreux documents relatifs à la geste de Gargantua. Il y avait notamment un répertoire très complet des occurrences antérieures à Rabelais de légendes relatives au géant Gargantua, par ordre des départements français, ce qui m’a permis de voir que trois communes du département des Landes avaient partie liée avec ce personnage dont on aurait fini par croire qu’il est sorti tout droit de l’esprit du génial moine François. Toutefois, aucune date n’est donnée, ni pour le « chant populaire landais » glané à Labouheyre, ni pour la légende des chênes arrachés par Gargantua à Labrit, ni pour le « pas de Charlemagne » (toponyme peyrehoradais, apparemment, mais dont je n’ai pas saisi le lien avec Gargantua).

Dans la grand’ salle se trouvent de nombreux documents, etc., mais aussi plusieurs bustes de Rabelais, tous de sculpteurs du dix-neuvième siècle, qui fut, semble-t-il, le siècle de la redécouverte de l’œuvre de Rabelais.

(D’ailleurs, en cherchant sur le Web des photographies du château du Coudray Montpensier, que l’on n’aperçoit que de loin et dont il est difficile de s’approcher en voiture, je suis tombé sur le texte intégral de la traduction des Cinq Livres par Sir Thomas Urquhart of Cromarty et Peter Antony Motteux : elle date de 1894, et le site du projet Gutenberg reproduit la totalité des gravures de Gustave Doré.) Le plus réussi, même dans son côté pataud/pâteux, est d’un certain Louis-Valentin-Elias Robert.

La Devinière : par ses enfants sera inventée...

Nous nous sommes égarés un moment dans les caves troglodytiques, formées de nombreuses salles, et qui, en superficie, doivent être le quintuple du manoir proprement dit. Elles sont décorées de reproductions découpées et agrandies des gravures de Doré, ce qui n’est pas toujours très heureux.

C'est aussi ce jour-là que nous avons visité l'abbaye de Seuilly, où j'avais entendu un concert de jazz en janvier 2005, et le petit village de Lerné, déjà évoqué dans ces carnets.

jeudi, 17 mai 2007

Itinéraire d'un traîneur de glèbe

J’ai traîné, non mes guêtres mais mon vieux blouson rouge (quatorze ans d’âge déjà), encore dans les allées du prieuré Saint-Cosme. medium_Prieure_St_Cosme_20_avril_2007_054.jpgOn a beaucoup discuté, avec A., de choses et d’autres (mais surtout de Ronsard, hommage au génie du lieu oblige), sous la grisaille que seul un timide mais fulgurant rayon de soleil est venu transpercer, tandis que nous approchions du jardin des senteurs.

Finalement, je n’avais rien écrit au sujet de notre précédente visite, il y aura quatre semaines demain. Le prieuré est un lieu si agréable, malgré le passage de la 2x2 voies tout près du jardin des simples et du potager, que l’on y revient toujours.

Tinou y a été intriguée, dernièrement, par les saints aussi médecins anargyres, et, de fil en aiguille, par la matula du bon saint Cosme. (Iam hercle ego vos pro matula habebo, nisi mihi matulam datis, dit Callimadates dans la Mostellaria de Plaute, ce qui doit vouloir dire quelque chose comme : « Ah par Hercule, je vous prendrai pour une cruche, si vous ne me donnez pas la cruche à pisse. » (Bon, là, il faudrait relire la Mostellaria pour s’assurer que cela veut vraiment dire quelque chose, et j’ai autre chose à faire !))

Il y a, à partir d’aujourd’hui, une intéressante exposition de Serge Crampon, artiste qui glane bois, tissus et formes sur les rives de la Loire. L’exposition s’intitule Itinéraire d’un traîneur de grèves, et, après avoir découvert plusieurs troncs d’arbre verticaux seulement tournés d’une certaine façon et rehaussés de quelques ajouts peints (ils figurent des corps immobiles, statues arrachées au fleuve), medium_Prieure_St_Cosme_20_avril_2007_078.jpgle visiteur peut admirer une plus large palette du travail de Serge Crampon dans le grand et toujours aussi beau réfectoire du Prieuré. Toiles au sens fort du terme, grands fusains (Corps d’arbres), troncs suspendus, impressions sur tissu… Cela n’a rien de sidérant, mais ça n’est pas du tout désagréable. En revanche, le film qui présente l’artiste et son travail vaut son pesant de cacahouètes : le texte en voix off, qui a dû être écrit par un ancien étudiant de philosophie qui ne s’est jamais remis de ses échecs répétés aux concours de l’enseignement (si, vous savez, dans le genre Juan Asensio), commence d’emblée par un imparfait du subjonctif (fussent-ils, etc.) aussi superbe qu’inutile, puisque le verbe principal est au présent… ! Tout est à l’avenant…

Bon, j’arrête de râler et je retourne à mes moutons. (Il faudra tout de même reparler de la précédente visite au prieuré. (Prétérition à répétition.))

---------------------------------

Je jure mes grands dieux que je n'ai même pas fait exprès de publier cette note le 17 mai à 17 h 05. (C'est grave, anargyre ?)

mercredi, 16 mai 2007

Seize centième note

Deux pigeons s'aimaient d'amour tendre

Merci à tous mes lecteurs

de s'être embarqués à mes côtés

depuis bientôt deux ans.

Journées dionysiennes, [15] : il y a deux semaines déjà

Minuit.

 

J’écoute Iphigenia in Brooklyn de Peter Schickele, qui ne parvient pas à me faire hurler de rire ni au génie comme mon ami Éric, de qui je tiens cet enregistrement du double album The Wurst of P.D.Q. Bach et qui s’était montré très enthousiaste. Lisant toujours L’Arrière-pays, je me suis rendu compte que le livre de souvenirs de Bonnefoy, Rue Traversière (que je n’ai pas lu mais, comme le dit Pierre Bayard, ça n’empêche pas d’en parler), fait référence à une rue de Tours, medium_Journees_dionysiennes_1er_mai_2007_053.jpgcertes jolie mais plus célèbre de nos jours pour abriter, sur ses trottoirs, les quelques prostituées du centre. Ainsi, la phrase « C’est un grand adepte de la rue Traversière » pourrait avoir deux interprétations divergentes (mais non incompatibles bien sûr) : a) cet homme est très féru de l’œuvre d’Yves Bonnefoy ;   b) ce type passe son temps aux putes. On peut imaginer d’autres significations, plus controuvées : c) c’est un flûtiste qui enseigne au Conservatoire (car le conservatoire se trouve non loin de là) ;   d) il fait toujours réparer sa voiture au garage du coin de la rue. Etc. *

Blague à part, je trouve aussi dans L’Arrière-pays cette phrase qui pourrait servir d’exergue aux Kleptomanies überurbaines (dont le titre, je l’avoue, est d’inspiration plus thiéfainienne) : « Cessant d’imaginer le surcroît de l’être dans l’intensité de ses apparences, ne faut-il pas exiger, ici presque, dans quelque rue latérale, la plus sordide même, une arrière-cour dans le charbon, une porte : et tout, au-delà du seuil, montagnes et chants d’oiseaux, et la mer, ressuscités, souriants ? » (pp. 18-9).

Il est temps que j’éteigne cet ordinateur ; sinon, je ne vais jamais dormir.

 

 

* Ajout du 16 mai 2007, 10 h 10 : bien entendu, aucune de ces propositions n'est incompatible avec les autres, et un Joyce tourangeau pourrait fort bien écrire un épais pavé sur les 24 heures de l'existence d'un flûtiste amateur de Bonnefoy qui va aux putes pendant qu'il fait réparer sa voiture au garage du coin de la rue Traversière. (Réflexion faite, ça ressemble plus à du Roussel. (Pas Albert, Raymond.))

lundi, 14 mai 2007

Ah, ça se confirme...

Non, rien.

89

Un vieux châtelain de Lerné

Un beau matin se sut berné

Quand, devant le notaire,

On le pria de se taire.

(Je ne me sens pas concerné.)

 

dimanche, 13 mai 2007

Journées dionysiennes, [11] : Virée à Beaugency

(à la manière de R.C., pour énerver Didier Eribon) 

Ce matin, nous avons visité la petite ville de Beaugency, dans le Loiret. Bien sûr, ce n’est jamais une bonne idée de faire du tourisme le 1er mai, car rien n’est ouvert, les restaurants en particulier, etc. De plus, il y avait une espèce de grand marché annuel très prolaille, qui envahissait les bords de Loire et enlaidissait bougrement la perspective sur le vieux pont, très beau dans sa bizarrerie même (sorte de bazar hétéroclite d’arches romanes et gothiques). medium_Beaugency_1er_mai_2007_040.jpgMais nous n’avons eu aucune difficulté pour garer la voiture, et la ville elle-même était plutôt épargnée par la grande foire d’empoigne des blousons à trois euros pièce et des statuettes hideuses. La ville est ravissante, avec un très bel Hôtel de Ville construit en 1526 dans un pur style Renaissance, en pierre calcaire très blanche, qui tranche sur la pierre plus grise du reste de la ville. Plusieurs médaillons en sont abîmés, mais l’ensemble a été restauré avec goût et efficacité. Il y a aussi la tour Saint-Firmin, trop haute pour qu’il y ait la moindre perspective convaincante sur elle, et l’abbatiale, que nous n’avons pu visiter qu’une fois la messe terminée, et qui a notamment abrité, au XIIème siècle, un concile annulant le mariage d’Aliénor et de Louis VII (détail que j’avais oublié) : c’est grâce à cette basse manœuvre qu’Aliénor a pu ensuite épouser Henri d’Angleterre, et devenir ainsi l’une des rares reines de l’histoire à l’être de deux pays consécutivement. Le donjon est très massif, carré, percé de tardives fenêtres. La Porte médiévale qui donne sur lui est très épaisse, et donne un aperçu de ce que devaient être les murailles de cette ville de toute évidence stratégique. L’intérieur de l’abbatiale Notre-Dame est très beau, lumineux, notamment grâce aux jeux d’arcs du chœur, tout à fait romans ; ces arcs ouverts sont très rares, et donnent l’impression d’un vrai dialogue de regards entre le chœur et le déambulatoire. Les vitraux contemporains sont affreux comme rarement.

J’ai appris que les habitants de Beaugency se nomment les Balgentiens ; j’aurais imaginé quelque chose comme les Bellogénitains ou les Belligençains, mais la vérité onomastique est toujours ailleurs. Après cela, nous nous sommes cassé le nez au château de Talcy, qui fut le témoin des amours (platoniques, dira-t-on) de Ronsard et de sa Cassandre. medium_Beaugency_1er_mai_2007_094.jpgCette Cassandre était la fille du propriétaire et bâtisseur du château. Ce que l’on sait moins, c’est qu’Agrippa d’Aubigné s’amouracha par la suite de la petite-fille du même : on peut supposer, assez vulgairement, que les filles de la lignée étaient rudement tanquées (à moins que leurs seuls mérites poétiques et intellectuels n’aient attiré les deux grands poètes (mais j’ai du mal à admettre cette hypothèse seule)). On peut aussi envisager qu’Agrippa ait ainsi voulu croiser le fer avec, ou marquer sa dette à l’égard du Prince des Poètes.

Le petit village de Talcy est très joli ; l’auberge était naturellement fermée, et nous avons – après un long tour dans Mer, laide, déserte et sans le moindre recoin où se sustenter – repris le chemin des pénates, dans la mesure où, de toute façon, je ne devais pas rater mon train dans l’après-midi.

Deux figures de Lerné

Barbu à la hache

Je m'explique mal ces deux figures tutélaires qui ornent la petite porte d'entrée latérale, en façade de l'église de Lerné. Celle de gauche, une sorte d'Abraham courroucé, est soulignée d'une hache. Celle de droite, manière de Jésus débonnaire, a, sous elle, une grande scie.

Chevelu à la scie

samedi, 12 mai 2007

Michon mi-Chinon

Quand on a publié, le même jour, quatre billets dans son carnet de toile, et quand on s'aperçoit, le soir venu, de retour du Chinonais, que seul le dernier a attiré les commentateurs, on hésite évidemment entre quatre raisons pour expliquer cet état de fait :

  1. les lecteurs ne lisent que la dernière note publiée (et ce d'autant mieux quand elle est brève)
  2. les chats albinos sont un sujet plus intéressant que l'émasculation à l'aide d'un tesson de Samos, les fanes des carottes ou les déambulations dionysiennes vieilles de dix jours
  3. les lecteurs les plus récents préfèrent réagir au dernier commentaire qu'à une note
  4. la police Palatino Linotype est plus attrayante que celle-ci ou que T.N.R.

 

Tiens, pour changer de mes récriminations...: C. compte lire des textes de Pierre Michon. Quelqu'un aurait-il des conseils avisés ?

Albi (Nosferatu)

Tandis que j’écrivais le billet intitulé L’École des fanes, est venu fureter, dans la cour de graviers, un chat entièrement blanc, comme je n’en avais jamais vu. J’ai tout d’abord songé qu’il s’agissait d’un chat albinos ; toutefois, A. m’a fait remarquer qu’il n’avait pas les yeux rouges (mais jaunes). J’en appelle à l’aréopage de mes lecteurs, et en particulier à la frange félinophile : existe-t-il des chats au pelage entièrement blancs qui ne soient pas albinos ?

L’École des fanes *

(De retour du marché.)

― Je voudrais deux bottes de carottes, s'il vous plaît.

― Je vous coupe les fanes ?

 

(Cela n'est pas un fragment des Satires de Lucilius.)

------------------------------------------                                                           ---------------------------------------

Au demeurant, ce billet est publié dans la catégorie Mots sans lacune, car le Robert culturel ne donne aucune citation littéraire pour ce beau nom de fanes. Alors, en vrac :

« Le paysan laboure un champ de raves. Le diable vient réclamer son feuillage. Le paysan lui donne les fanes. Méfiant, le diable vient le soir observer, par une fente entre les poutres de l'izba, ce que complote le paysan, qui se fait une soupe de raves, qu'on appelle borchtch en russe, un régal de gourmets, de couleur mauve et rose. » (René Laurenceau. Nègres blancs.)

 

Les fanes d’orichalque au vent tintinnabulent

Des femmes enfiévrées sortent de tes chansons

Elles vont sans me voir comme des somnambules

Sur les pas du flûteur de la rue Vaucanson

(Robert Vitton. "Elégie pour un élégiaque". In Encres vagabondes, 1990.

 

« La poésie, qui détruit les frontières. Reconstruit les murailles qui nous encerclent, celles qui protègent du froid et des sottises. La poésie des dépravés, des arracheurs de pavés qui bravent les idées préconçues. La poésie des acharnés des rimes, ceux qui triment en terminaison de vers pour toute existence. Les autres, verre à la main, s’abreuvent des femmes et courbent les fanes dans des alexandrins étriqués. Et ceux qui ne comprennent rien. Je les envie. » (Falmar. Introduction, 27 janvier 2007)

 

------------------------------------------                                                          ---------------------------------------

* Le titre du billet, hautement (et oncques bassement) calembouresque, est un hommage à ceux de mes lecteurs qui goûtent les jeux de mots (et je songe en particulier à Fuligineuse, Aurélie et Simon). Or, je me suis rendu compte, en cherchant sur la Toile des occurrences du mot fanes (au pluriel), que de nombreux internautes prétendûment francophones écrivent ainsi le féminin du substantif franglais fan ! Pas de quoi s'éventer !!! (Les pales du ventilateur tournent toujours.)

jeudi, 10 mai 2007

Journées dionysiennes, [8]

Six heures vingt-cinq. Suite des conversations.

             « L’Axe du loup, quand tu le lis, tu te dis que c’est un couillu quand même. »

medium_Journees_dionysiennes_1er_mai_2007_015.jpgJe ne sais pas de quel auteur ils parlent et qu’ils connaissent tous les trois : un grand voyageur qui a escaladé l’Himalaya apparemment, or something like that.

Il y a aussi Christian Galissian ( ?) qui a écrit Le Monde en liberté (titre à vérifier car ils ont parlé de ça il y a déjà un quart d’heure), récit de son tour du monde en 2CV autour de la ligne de l’Equateur. Ça a l’air assez fou, comme histoire, à les entendre raconter certains épis od es ou péripéties.

 

Six heures et demie.

              Je passe le reste du trajet à lire des recensions contemporaines de la publication de The Scarlet Letter ou des articles récents, notamment les textes de Jane Grey Swisshelm, Robert Levine, Kristin Boudreau et Stephen Railton.

19:30 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Ligérienne

Peau forée (Le décolleté)

medium_Langeais_5_mai_2007_137.jpg

(5 mai 2007 : Langeais : le décolleté)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il suffit d'avoir le menton méchamment blessé, avec ajouts d'éosine pour harmonies chromatiques, pour que les questions fusent, de la part des collègues comme des étudiants. Tu es tombé ? Vous êtes tombé ? Ouh la, tu as eu un accident ? Les meilleures hypothèses furent "c'est votre fils qui vous a griffé ?" (cela de la part d'une étudiante) et "ah, ça y est, ça commence, les flics t'ont tabassé" (dixit le collègue professeur de droit). Morne et monotone, je ne pouvais que répondre la même inéluctable et plate vérité : "non, c'est une lame de rasoir défectueuse". (Variantes : cut myself shaving ; Gillette a l'amour vache ; je n'ai jamais su me servir d'une perceuse...)

(10 mai : Tours : la décollation)

Titres, diapasons, tarbouifs

Comme je m'ennuie parfois, lors de ces réunions dans la cage vitrée, je me surprends à lire les titres de la collection Budé et à essayer d'en retenir certains, surtout ceux que je ne connais pas du tout ou, à tout le moins, que je n'ai pas lus ni jamais traduits. Ainsi, hier matin, ce furent les Fables de Hygin, la Vie de Saint Martin de Venance Fortunat et les satires de Lucilius. (Sur ce dernier auteur, mystère total.)

Je me dis souvent qu'il faudrait que je me remette de manière régulière, voire quotidienne, à lire des auteurs latins, mais je ne le fais qu'occasionnellement, ce qui m'énerve contre moi-même. Au lieu de cela, je me retrouve, sur la Toile, à lire des poèmes de la Renaissance anglaise, captivants aussi, d'ailleurs, comme, hier soir, The Tunnyng of Elynour Rummyng de John Skelton. Voilà un texte très drôle, qui serait une véritable gageure de traduction !

On y retrouve le nez camus de Tristram Shandy et du Journal de Travers (et de Rannoch Moor, et de L'Amour l'Automne...) :

Her nose somdele hoked,

And camously croked,

Neuer stoppynge,

But euer droppynge ;

mercredi, 09 mai 2007

Journées dionysiennes, [5] : la caravane passe...

Nous passons (notre train passe) près d’un gigantesque dépôt de carlingues de poids lourds. Mon œil a été attiré par plusieurs cabines Intermarché rouillées à la file.

Désormais il est question de Budapest et de Pec, entre les deux garçons.

medium_Saint_Denis_2_mai_2007_004.jpg(J’ai de plus en plus de mal à concevoir que ces garçons puissent être si unanimement « jeunes catholiques » : histoires de trafics de jeans Lee Cooper entre l’Europe de l’Est et la France, etc. Ce n’est pas incompatible, me dira-t-on.)

« Comme on s’emmerde à mort en école de commerce, il faut bien voyager, hein. Voilà pourquoi le Maroc. »

(Ah si, quand même, un voyage de 40 jours au Laos, en mission humanitaire avec Sœur Je-ne-sais-quoi et l’O.N.G « Enfants d’Asie ».)

« Nicolas Ducret et Marion Veneault. Le frère de Marguerite n’a que vingt-deux ans, a fait le tour du monde en vélo. Nicolas aussi d’ailleurs. Ça a pété mais ils ont écrit un bouquin. » (Je ne comprends rien mais je note par bribes, pour vérification ultérieure.)

15:20 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne, écriture, Journal

Embrassades

Le bouquet apporté il y a dix jours par G. et P. tient encore le coup. La grisaille toujours domine. Hier, au retour de Talcy (où il n'est jamais question de Ronsard, mais de l'un des premiers traducteurs du Faust de Goethe, Albert Stapfer, également pionnier de la photographie*), nous avons admiré un clocher d'église, mais ce n'était ni à Villexanton ni à Epiez. Je suis enseveli sous les copies (entre autres d'agrégation) et plus généralement par le travail, et je n'ai pas eu le temps de vous entretenir (ici ou ailleurs) de la piste Trakl. Il pleuviote (ou pluviote, ou pleuvote) toujours ce matin. Le temps passe et la grisaille domine.

 

* On ne sait si le double portrait des jeunes filles qui date de 1849 est de lui, mais cela donne envie d'en savoir plus. Hélas, sur cette partie de son activité, Dame Google demeure désespérément muette.

mardi, 08 mai 2007

Journées dionysiennes, [4]

1er mai toujours, cinq heures quarante.

Lecture du chapitre 5 achevée. Je crois que je vais insérer directement dans ce Journal des notes pour les différents carnétoiles (poèmes, textes en prose, peut-être des topographies, des notules musicales ou des ekfrasis de photographies).

Trois jeunes catholiques (deux garçons et une jeune fille, on ne peut plus « jeunes catholiques » (villiéristes ?)) se sont installés à mes côtés, et l’un d’entre eux raconte un voyage déjà ancien en Slovénie avec des « messes en croate » ( ?) et surtout une histoire de courroie de distribution pétée. Celui qui n’a pas fait le voyage lance : « ça, ça fout la merde, les nanas dans les groupes, normalement ». Apparemment, c’est vrai. « C’est classique, les gonzesses, c’est pas bien, dans les groupes. » La jeune fille réagit quand même : « Classique, eh, oh ! ».

medium_Journees_dionysiennes_1er_mai_2007_018.jpgLe chapitre 5 est très impressionnant, bien sûr. De toute manière, j’aime beaucoup The Scarlet Letter. Eric, mon collègue américaniste et surtout ami, ne comprend pas cela, car il trouve ce texte lourdingue, tellement inférieur surtout à Moby Dick, son contemporain inégalable, mais aussi aux nouvelles du même Hawthorne (les Twice-Told Tales notamment, que C. a lus en traduction, but I never !).

Le garçon qui est assis à côté de moi et qui a fait le voyage en Bosnie (à Medj ?) raconte aussi qu’il y avait le club du troisième âge de son bled (à côté de Pornic) dans cette ville de Slovénie (vraiment ?). L’autre : « à Medj, toi tu pèches pas, mais il y a des rivières de malade mental ». Pêche ou péché ? je dois être influencé par The Scarlet Letter.

La Slovénie ne tarde pas à attirer le sujet inévitable des ours. La jeune fille, en face de moi, pas laide mais vraiment trop « jeune catholique » d’air plus que d’allure, compte les points.

Tiens ! on peut être catholique et très BCBG et ignorer 1) qu’il est grossier de répondre au téléphone quand on est engagé dans une conversation avec des amis 2) qu’il est interdit de téléphoner dans la voiture, alors que les plateformes sont prévues pour ça.

« Venise, c’est génial, pourtant je suis anti-les trucs touristiques. »

22:47 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : Ligérienne

lundi, 07 mai 2007

Journées dionysiennes, [2] et [3]

Mardi 1er mai, 17 h 15.

 

Du monde monte à Saint Pierre des Corps. Je vais peut-être passer à la deuxième phase du trajet (qui doit consister à relire attentivement le chapitre 5 de The Scarlet Letter, dont est extrait le texte du commentaire qui a été soumis à la sagacité des candidats à l’agrégation d ‘anglais il y a deux semaines). Demain et après-demain, avant de repartir chacun avec nos 70 copies (qui ne sont que la moitié de ce qu’il faudra corriger en un peu moins d’un mois), nous allons nous concerter afin d’harmoniser la correction des commentaires.

medium_Journees_dionysiennes_1er_mai_2007_012.jpgQuand j’écrivais qu’il y avait plus de place dans les trains Corail (ou Aqualys) : bien que pas mal de monde soit monté à Saint Pierre des Corps, je reste à disposer d’un « carré » pour moi tout seul, et il en est de même pour les autres voyageurs, qui tous peuvent gentiment s’espalaser, qui à sa tétrade, qui sur une place double, qui (comme moi) en n’occupant qu’un seul siège mais en n’ayant pas à jouer des coudes avec le fantôme d’à côté ni des genoux avec les spectres d’en face. Ce n’est pas de sitôt que les joueurs de belote ou de tarot nous vagiront aux oreilles.

 

---------------------------------------------------

[3] Avant de passer à la fameuse phase 2, je voulais noter ici que, dès que j’ai été choisi pour faire partie du jury de littérature de l’agrégation d’anglais, en juillet dernier, j’ai lu ou relu toutes les œuvres, pas plume en main mais l’esprit vigilant : ainsi, pour The Scarlet Letter, que j’avais lu et peut-être même étudié (mais ce point reste en suspens) vers 1994, je me suis procuré l’édition Norton et ai relu le roman à Hagetmau, dans la chaleur de juillet, jusqu’à peaufiner en lisant la plupart des articles critiques qui figurent dans la Norton. Depuis, en revanche, je n’y ai pas touché (et j’étais bien soulagé de voir qu’aucun des quatre sujets (deux de composition et deux de commentaire) que j’avais proposés au président du jury, à sa demande, n’était « tombé » (ce que j’eusse découvert, si cela avait été le cas, en même temps que (et même après) les candidats), car une telle tuile aurait signifié que je devais, dans les deux semaines qui restaient avant la réunion dionysienne, « pondre » un corrigé et des propositions de barème, ce qui m’eût demandé une relecture très attentive et fulgurante, non seulement de l’œuvre en question mais aussi de l’essentiel de la critique ayant servi à l’élaboration des cours des collègues de France et de Navarre (ouf, j’ai eu chaud !)).

Il me faut donc relire, d’ici demain, dans le train et à l’hôtel, plusieurs des passages significatifs de The Scarlet Letter, et notamment ce chapitre 5, fort ambigument nommé « Hester at her needle ». (Il est cinq heures vingt. Je m’y mets.)

17:58 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Ligérienne, Voyages

dimanche, 06 mai 2007

Journées dionysiennes [1] : Hommage au Corail

Mardi 1er mai, cinq heures moins dix.

       Journées dionysiennes : en aucun cas dionysiaques. Seulement, je me rends pour deux jours à Saint- Denis , préfecture du département qui en porte le nom. Rien n’y sera dionysiaque, ni même apollinien, puisque je vais travailler, pendant deux jours, dans le cadre de la réunion d’harmonisation des barèmes du jury de l’agrégation d’anglais (ce qui nous fait, tout de même, pour commencer ces carnets, un quintuple génitif, et ça n’est pas rien). Je ne peux donc compter ni sur Apollon ni sur Bacchus pour agrémenter ce bref séjour, à moins peut-être – pour honorer le premier dieu – que je ne trouve le temps d’aller promener mes souliers du côté de la basilique, que je n’ai vue qu’une fois, en 1984, alors âgé de neuf ans et demi. Dans mon souvenir, l’ensemble formé par les tombeaux des rois, reines et princes de France est un exemple splendide de statuaire.

medium_Journees_dionysiennes_1er_mai_2007_007.jpgPour ce qui est du second (Bacchus), je ne vois pas trop ce qu’il pourrait en être, à moins de me pochtronner tout seul tristement dans ma chambre d’hôtel, ce qui serait une première (et un signe très sûr de décadence).

Il vient d’être annoncé, dans les haut-parleurs de l’Aqualys, que « le départ est imminent ». Je ne m’explique toujours pas, d’ailleurs, que les trains corail de la région Centre aient un nom qui leur est propre (Aqualys) : ce sont pourtant des Corail comme les autres (c’est-à-dire que ce ne seront jamais des coraux). Ne croyez pas que mon avarice me pousse à ne jamais voyager en TGV : j’emprunte souvent ces boîtes à sardines profilées, mais, dans le cas présent – celui de ces journées dionysiennes – j’ai prévu de voyager en Aqualys pour plusieurs raisons : financières évidemment (encore que je puisse être remboursé, je pense, de ce voyage à titre professionnel), car [Interruption. Annonce au micro : « Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, nous attendons l’arrivée de notre conducteur. Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée. » Dites donc, ça commence bien, non ?] le billet aller-retour coûte 56 euros, contre 103 euros pour le même trajet en TGV (or, le trajet dure (doit durer, à condition que le conducteur finisse par arriver un jour) deux heures, alors que le trajet en TGV dure 1 h 10 (ce qui est à peine plus de la moitié, certes, mais ne saurait justifier, pour moi qui ne suis pas à la bourre, une telle différence de prix)) ; professionnelles ensuite, car tant la lecture que l’écriture sont plus comm odes aux tablettes des voitures Corail ; de confort enfin, car je me trouve toujours beaucoup plus à l’aise dans les voitures Corail que dans les TGV, moins spacieux (voire plus spartiates) et, dans tous les cas, généralement plus bondés. (Entre-temps, tandis que je m’emmêlais dans mes parenthèses, le train a démarré, avec sept minutes de retard.)

Il est cinq heures cinq, et en un quart d’heure, je n’ai pas trouvé le temps d’écrire quoi que ce soit d’intéressant, si ce n’est les conditions du voyage (et les aléas de son commencement). J’avais d’emblée jeté sur la table le distinguo entre dionysien et dionysiaque ; je pourrais « pousser mon avantage » (comme disait mon maître Michel Boisset) en distinguant l’apollinisme (l’apollinien selon Nietzsche et consorts) de l’apollinarisme, qui peut relever de la lecture de poètes ainsi dénommés (Sidoine ou Guillaume notamment) ou même du fait d’habiter dans une rue nommée en hommage à l’un de ceux-là. Mon existence va donc, durant deux jours, prendre un tour dionysien.

mercredi, 02 mai 2007

Hôtel de ville de Beaugency

medium_Beaugency_1er_mai_2007_026.jpg
Hôtel de ville de Beaugency (Loiret). Détail, 1er mai 2007.
 --------------------------------
(Pour faire plaisir à Astolphe, je lui ferai remarquer que ce billet est classé dans la rubrique Hors Touraine, créée dès l'été 2005.)

mardi, 01 mai 2007

Memini

Il y a un an, il était question, dans un échange épistolaire entre ma mère et moi, de La Buveuse de Pietr de Hooch. La table de la cuisine est recouverte de trente-deux carreaux bleus (selon un schéma classique de huit sur quatre), et bordée de bois. Les carreaux répondent à ceux de la paillasse, à droite de l'évier. C'est une cuisine où j'ai vécu mon enfance. Il y a un an, il était question, dans un échange épistolaire entre ma mère et moi, de La Buveuse de Pietr de Hooch. Dans la caravane, à l'été 1986, quelque part entre la Bavière et le Baden-Würtemberg, j'avais photographié ma mère avec, à la main, cette colossale chope. Je me rappelle aussi des palais et folies en coquillages, théâtres de pierre, d'eau et de verdure et surtout pas du meilleur goût. Il y eut aussi quelques parties de badminton avec de jeunes Néerlandais et des adolescents allemands, toujours roux, peu ou prou. Il y a un an, il était question, dans un échange épistolaire entre ma mère et moi, de La Buveuse de Pietr de Hooch. Nous avons parcouru, à longues enjambées, par un soleil printanier, les allées poussiéreuses du Parc de la Haute Touche, où il était question d'installer les pauvres ours du Jardin botanique de Tours. Nous avions passé la matinée à nous promener près des étangs de la Brenne, dont celui de la Mer rouge. Nous nous étions cassé le nez au château de Nailhac. Il y a un an, il était question, dans un échange épistolaire entre ma mère et moi, de La Buveuse de Pietr de Hooch. Cela, je me le dis sans cesse, il ne sert à rien de le ruminer, même en flânant dans les abbayes vidées de leurs moines, les rues grises ou sales où l'on ne voit rien d'autre que chats dépenaillés ou chiens abandonnés...

dimanche, 29 avril 2007

Embarras

Quelle ne fut pas ma surprise, en parcourant ce matin l'exemplaire de Libra de Don DeLillo emprunté au cours de la semaine à la bibliothèque d'anglais des Tanneurs, d'y trouver, scotchée sur la troisième de couverture, la photographie d'un ancien étudiant (que je croise encore fréquemment dans les couloirs) et d'une ancienne étudiante (qui suivait, l'an dernier, les cours de L3, dont mon cours d'analyse de textes littéraires, en parallèle de ses cours au conservatoire d'art dramatique), très évidemment en couple face à l'objectif, comme naguère dans les couloirs, quand je les y croisai, et, si je suis, bien sûr, tenté de "rendre" cette image à l'étudiant en question lors de notre prochaine rencontre (pas par moquerie ni persiflage, mais seulement pour lui rendre un bien privé dont je suis devenu par erreur (et temporairement) dépositaire), ce qui m'arrête, c'est aussi qu'il ne semble plus côtoyer la jeune fille en question, et même qu'il semble en côtoyer d'autres (et même, qu'il n'est pas certain qu'il s'intéresse réellement (ou prioritairement) aux jeunes filles). Tout cela est bien embarrassant...

Une hypothèse a été écartée d'emblée, je le signale avant que de mauvais esprits n'en réclament l'application : publier la photographie dans ce carnétoile.

« Le vrai personnage, c’est l’île »

 medium_II_Verteuil_4.JPG« J’ai entrepris des recherches et mon éditrice m’a incité à mettre davantage l’accent sur le vrai personnage de Robinson/Selkirk. Mais pour moi, le vrai personnage, c’est l’île ! Elle a été un sanctuaire de la flibuste puis, après l’indépendance du Chili, la Bastille du Pacifique. »

 

(Ricardo Uztarroz, au sujet de son roman La véritable histoire de Robinson Crusoë,

in Atlantica, n° 143, octobre 2006, p.24)

............................................

Ce pont rend un son roman. Le panneau d'interdiction se retrouve dans son roman.

samedi, 28 avril 2007

88

Il est, à Ferrière-Larçon,

Un fort singulier garçon,

Qui, aux fillettes de Ferrière

Toujours exhibe son derrière

Aussi gros qu'un cheval d'arçon.

 

vendredi, 27 avril 2007

87

Un godelureau de Luré

Etait tout à fait déluré.

À une fille de Larçon

Il offrit son caleçon :

Pauvre imbécile de Luré !