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vendredi, 24 mars 2006

Terreurs en terre travail

Je ne veux même pas parler de mon travail administratif. Déprime et Sisyphe.

 

Mais j’ai reçu hier mon exemplaire du volume L’autre, qui reprend les actes des journées d’étude du GRAAT consacrées jusqu’à présent à ce thème attrape-tout, avec dix tirés-à-part de mon article non agrafés. Je m’attaque à la mise en forme des articles dont je dispose pour le n°4 de la revue CRAFT (“Fantasmes d’Afrique”).

 

Et la traduction, quand ?

Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhh…  

09:42 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 23 mars 2006

CPE, blocus, etc. : quelques éléments de réponse

[Une première mouture de ce billet a été publiée à midi dix, mais la rédaction en avait été interrompue par un entretien avec une étudiante, justement, puis la publication par des collègues venus me chercher pour un déjeuner rapide à la Cabane de Romulus. Je relis ces lignes et les peaufine vaguement, pour leur enlever un peu de bâclé.]

 

J’interviens dans le débat autour du blocage des universités, relativement au CPE. J’avais écrit un assez long commentaire en réponse à une note de Tinou, qui reprend textuellement un message qui est, de toute évidence, un mauvais canular. Mais le serveur a mangé ma réponse juste après la validation.

J’interviens dans le débat en ma qualité de maître de conférences travaillant sur le site Tanneurs, à Tours, mais à titre personnel, évidemment. Le site, qui abrite les U.F.R. d'Arts & Sciences Humaines, mais aussi de Lettres & Langues, est bloqué depuis maintenant trois bonnes semaines.

Quand j’écris que le courriel en question est une belle intox, je veux dire qu’en matière de manipulation entre les pro-blocus et les anti-blocus, c’est 1 partout la balle au centre. Il suffit de parcourir les navrants blogs des anti-blocus pour voir que la récupération politique est bien partagée entre les deux "camps".

Je passe plusieurs heures par jour à recevoir des étudiants inquiets, à organiser des rattrapages de cours, à évaluer les modalités de compensation d’examens, à répondre aux courriers électroniques d’étudiants, à me concerter avec mes collègues, etc. Les enseignants, qu’ils soient favorables ou non au CPE (c’est une autre affaire: j’aimerais qu’il n’y ait plus d’amalgame entre les positions relatives aux blocus et celles qui concernent le CPE), font de leur mieux pour permettre, à terme, une reprise harmonieuse du travail et rassurer tout un chacun.

Il y a bien entendu un nombre important d’étudiants hostiles au blocus, et qui se sentent démunis face à la situation. Mais il est faux d’écrire que ces étudiants constituent une majorité dont la voix est étouffée. Ainsi, l’A.G. qui a eu lieu lundi soir en plein air place Anatole France s’est déroulée de manière tout à fait démocratique et – au vu des circonstances – fort civilement. Une large majorité s’est prononcée en faveur du blocus. Tous les présents ont pu participer au vote, le décompte s’est fait minutieusement, etc.

Pour résumer, donc :

  • oui, il y a des étudiants qui se sentent « pris en otage » pour parler comme un journaliste de bas étage
  • non, ils ne sont pas une majorité opprimée par quelques trotzkystes
  • tout sera fait pour que les examens et l’évaluation se déroulent dans les conditions les plus harmonieuses, sans la moindre injustice envers les étudiants
  • il faut arrêter les manipulations médiatiques, dans quelque sens que ce soit

Je sais ce que ce billet a de bâclé, de péremptoire parfois, de fragmentaire aussi. Il a le mérite de porter témoignage, le plus impartialement possible, au milieu d'une situation chaotique. Le débat ne gagne pas à la diffusion de fausses informations, de rumeurs, ni aux exagérations idéologiques. Comme je l'ai écrit plus haut, la manipulation sévit des deux côtés. Je ne demande qu'à préciser mon opinion au fil du débat qui, je l'espère, naîtra dans le fil de cette note.

 

13:44 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (12)

lundi, 20 mars 2006

Comptine de garçonnet, 1

À l'affiche, cette semaine, pour les nostalgiques de la sérénité : la catégorie ... de mon fils, qui se poursuit aujourd'hui avec cette comptine en deux parties inventée par mon fils :

 

I

Policier cherche Pompier.

Pompier est-il par ici ? Non.

Pompier est-il par là ? Non.

Pompier est-il devant lui ? Non.

Mais où est Pompier ?

De l'autre côté.

Dans sa maison.

 

II

Pompier ne travaille pas aujourd'hui.

Policier est très très en colère.

Il va le voir. Ils se bagarrent.

Policier finit par gagner.

Pompier fait du trampoline.

vendredi, 10 mars 2006

Je ne suis pas de retour

Je ne suis pas de retour. Je ne suis jamais parti, mais, en même temps, je suis ailleurs, écrivant un autre carnétoile tout aussi prolixe que celui-ci en son temps.

Vient aussi d'être créé un blog sonore, comme quoi je pouvais dire pis que pendre des podcasts...!

12:51 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (6)

mardi, 07 mars 2006

Basse table

medium_hpim1906.jpg

 

Vue de haut, la table basse du salon, depuis belle lurette abandonnée à A., avec (visibles ici) l'attirail de chevalier (costume, heaume, épées, fleuret, etc.), commode miniature, pot à crayons, petit chien en peluche, mais aussi livres divers calés contre elle, sac à rayures avec cartes et papiers divers. De la tablette, on voit dépasser dessins, jeu de Mémo, rubans etc.

Je passe le relais à Simon, Livy et Tronche de cinoche (ça n'a rien à voir avec son blog, mais tant pis pour elle !)

samedi, 04 mars 2006

C'était un peu une autre vie

Hier soir, j'ai participé au premier apéro-blog tourangeau, organisé par Touraine Blogs. C'était très sympathique, et j'ai enfin pu avoir une vraie conversation avec l'admirable Simon. J'ai aussi revu Brigitte, mais n'ai pu, faute de proximité spatiale, échanger avec Tinou, ce que je regrette beaucoup. Je demeure un blogueur tourangeau, même si la Touraine ne figure guère dans le nouveau carnétoile, sous pseudonyme, qui me sert de refuge.

Marion est passée en coup de vent, vers neuf heures moins le quart, pour signaler à Simon que ses parents étaient très inquiets. Evidemment, quand on dit qu'on prend le train de 19 h 30 pour Montlouis, et qu'on reste à la brasserie L'Univers à des heures (presque) indues...

 

P.S. : À voir absolument : petite vidéo.

mardi, 28 février 2006

VS on TS : table-turning

Je reprends le clavier, très passagèrement, en ces lieux désertés par leur auteur, mais aucunement par les lecteurs (9115 visites en 27 jours), ce pour répondre à la sollicitation de Madame de Véhesse, qui, n'ayant pas elle-même de carnet, me demande l'hospitalité, que je lui accorde bien volontiers. il n'y a pas grand chose dans le frigo, mais enfin...

Blague à part, il s'agit, pour cette admirable camarade, de répondre au défi que lui a lancé Philippe[s]... Je copie-colle ci-après le message d'Emorentienne...

 

*****************************

 

À la demande de Philippe[s], voici donc la photo de la table qui n'est pas basse, mais haute, car mon grand-père qui l'a fabriquée avec le bois des ormes morts de la ferme n'avait qu'une idée vague des  proportions d'une table de salon.

 

medium_table.jpg

 

La photo est prise dimanche très tôt, elle est un peu sombre, désolée. Charlotte se préparait à attaquer la bandoulière de  l'appareil photo, j'ai fait vite.

Le Lucky Luke face cachée est Jesse James, le livre bleu, c'est Les carnets du major Thompson.

Je passe le relais à Zvezdo, Jules et Raindrops.

Signé : VS.

mercredi, 01 février 2006

Trempette de la renommée

medium_hpim0865.jpg

 

 

Vallée des singes, 11 juillet 2005.

Rien ne nous sépare du gelada, que l'eau. Peu importe : tout le monde sait que les gelada, comme tous les babouins et la plupart des singes, ont peur de l'eau et n'y tremperaient pas l'orteil pour tout l'or du monde.

N'est-ce pas ?

 

 

 

 

N.B.: Cette note, qui avait été programmée d'avance et dont je viens d'anticiper la publication de quelques heures, est la dernière de Touraine sereine, qui disparaîtra dans deux jours de la Toile. Merci à tous ceux qui ont fait le voyage avec moi.

Il y a un autre carnétoile. Nous nous croisons encore, n'est-ce pas ?

Qui était donc Marcel Fajoux ?

medium_place_marcel_fajoux.jpg
N'en doutons pas, même au soleil, foin des jaloux,
ce ne sera qu'une passade [le phénomène des carnétoiles?],
et je finirai bien par attirer quelqu'un
par l'intermédiaire d'une recherche concernant "Marcel Fajoux",
car moi-même je m'y cassai les dents.

mardi, 31 janvier 2006

Miné

Je ne pensais pas céder un soir à la tentation de ce calembour, mais voilà – le mal est fait.

 

Des jours comme ça…

 

Le matin, une belle baffe ailleurs sur le réseau, & tout le jour un végétatif qui a posé ses crottes dans les commentaires de ce carnétoile, sans compter  le Vidal qui médicalement propose son terrorisme intellectuel.

 

À l’université, journée désastreuse. Au premier chef, lutte contre des ragots diffamants (histoire compliquée, dont on n’a pas vu le bout). Puis, dans l'ordre et en beauté...:

Une sombre histoire de devoir statutairement inscrit dans le livret et qu’un collègue n’a pas fait faire à ses étudiants ; c’est moi qui rattrape le coup et organise tout (téléphonages, entrevues, course après les salles).

Un T.D. de 45 étudiants placé dans une salle ne comptant que dix-huit places.

Enfin, une collègue qui me fait une scène à propos d’une prétendue confusion entre les deux centres de recherche. Il se trouve qu’elle affabule, comme d’habitude d’ailleurs.

 

Heureusement, les miens sont là. Je rêvasse en douceur en regardant mon fils. Et, ce matin, tout de même, j’ai consacré deux heures et demie à recevoir des étudiants, à qui je donnais des conseils individualisés sur leur travail : cela, c’est un vrai bonheur. (D'ailleurs, tous les entretiens que j'ai eus avec des étudiants aujourd'hui ont illuminé ma journée.)

 

Journée quand même affreuse. Je vais virer

[tiens, c’est le 31 janvier : le temps idéal pour cesser de remettre tout au lendemain et tenir ses promesses]

le Net de mon existence :

c’est-à-dire (bémol) préprogrammer une note par jour, et basta pour l’instant !

Pagli d'Ananda Devi

La note qui suit a été écrite en janvier 2002 et publiée sur le site Exigence Littérature. Je la publie dans ce carnet à l'occasion de la parution d'un nouveau roman, non encore lu, d'Ananda Devi.

 

Ce récit brûlant qui se transforme en roman torrentiel, pluie diluvienne autant que lexicale, est avant tout l’histoire d’une affabulation. On pourrait insister ici sur la figure féminine marginale, caractéristique des derniers romans d’Ananda Devi et si représentative de ce que Gilbert et Gubar nomment la folle du grenier (‘the madwoman in the attic’, la femme claustrée et contrainte au silence, version féministe de la “folle du logis”). Mais d’autres l’auront fait, sans doute.

Claustrée, Daya, que tous et toutes nomment “la Pagli” (la Folle), l’est assurément. Dans la première partie, elle ne parvient à nouer une histoire d’amour puissante, idyllique et métaphysique, avec Zil, le pêcheur, qu’en se sauvant de la demeure matrimoniale, “maison de sucre glace” ou, en créole, “gato lamarye”. Dans la deuxième partie, une fois sa relation extra-conjugale et surtout hors-normes éventée, confiée aux rumeurs et aux “mofines” (les commères), elle se voit enfermée dans un poulailler d’où, provoquant rageusement un déluge de pluie, elle attend le retour de Zil. La première page de l’antépénultième chapitre se charge d’ajouter une pierre à l’édifice littéraire des femmes claustrées : “Je suis l’emmurée vivante. […] Je suis entombée, embourbée, incarcérée en moi-même.” (p. 147)


En quoi, donc, la Pagli est-elle une affabulatrice ? C’est une narratrice dont l’idylle semble si magique, et surtout si abstraite, que le lecteur ne manque pas de trouver un deuxième sens au surnom, et au titre du roman : désireuse de s’inventer sa propre histoire en toute liberté, Daya/Pagli est une absolue fiction, car tout, dans ses propos et ses aventures, est fantasmatique. Jamais vraisemblable, quoique toujours saisissante, c’est une “figure”, un “antipersonnage” au sens où l’entend Xavier Garnier dans son récent essai (L’Eclat de la figure. Berne : Peter Lang, 2001).

Le comble de la supercherie intervient au moment où Zil, le pêcheur, projection des fantasmes de la narratrice, et surtout de ses frustrations, prend la parole. Ou plutôt : lorsque Daya fait parler Zil, car, au regard d’une polyphonie bien factice, Zil parle comme Daya, d’une même voix, à l’unisson. Ainsi, Zil, dont le récit soulignait l’attachement à la réalité et le refus des propos métaphysiques chers à la Pagli (voir en particulier pp. 71-72), livre lui aussi des propos emphatiques et abstraits : “Sans le don que tu m’as fait de toi, je ne serais qu’un homme à peu près, un homme à demi qui ne sait pas ce que c’est que d’être homme.” (p. 145).


En ce sens, à l’instar d’une silhouette dans un théâtre d’ombres, Zil est une pure projection d’un récit monologique, clos puisque voué la claustration. Zil, “île” promise, est l’appel du large, de l’extérieur, du Dehors, mais il n’est saisi par le texte qu’au mépris de sa particularité. Toutes les tentatives pour le “dire” (et même pour le faire parler) sont confinées au système intériorisé de la narratrice. Ananda Devi réalise ainsi une prouesse, en prenant à revers des décennies de production romanesque “phallogocentrique” et en faisant du sujet masculin un objet de discours, objet de passion certes mais principalement objet passif, silencieux. Si l’on suit les analyses d’Annie Anzieu, le phallogocentrisme consiste à “ramener tout système de compréhension au sexe masculin” (La femme sans qualité. Paris : Dunod, 1989, p. 74). A l’inverse, Devi fait émaner tout le système d’expression du sexe féminin : du sexe, c’est-à-dire de l’espace intime de Daya.

Annie Anzieu écrit plus loin dans son essai éclairant : “L’écriture féminine remplace pour la femme la gestation, ou la continue. Elle apparaît souvent comme le résultat d’une sublimation de la relation à un être aimé.” (La femme sans qualité, p. 88) Comment mieux expliquer le discours ventriloque mis en place par Daya, mais aussi l’épigraphe de Pagli : “Tout roman est un acte d’amour” (p. 9).


Récit d’une affabulation tout autant que d’un affolement, Pagli se nourrit d’une irrationalité toute théâtrale. Symptomatiquement, d’ailleurs, au “Nous” collectif et anonyme des “autres”, signal de l’exclusion bien-pensante (p. 130), s’oppose le Nous des amants, Je sublimé et porté en quelque sorte à la puissance deux, fausse extériorité : “Cette chose qui m’espace sous ma peau, qui la détend et la respire et y glisse de l’intérieur, c’est toi, Zil.” (p. 79).
Pour dire l’intériorité blessée de sa narratrice, Ananda Devi n’a d’autre recours que de construire un roman expressionniste, dans lequel les couleurs, pour prendre un exemple marquant, témoignent d’une crise brutale de la représentation. Ainsi, lorsque Zil s’adresse à Daya pour raconter leur rencontre : “Tu étais enveloppée de gris. Tu contredisais les couleurs qui t’entouraient.” (p. 143)


Les couleurs sont ce que la voix narrative en dit, sans symbolisme convenu et sans entre-deux. Le “noir véritable” est “un noir qui aveugle comme des larmes de sang et qui est l’annihilation de toute lumière” (p. 51). Même les adjectifs et substantifs usuels peinent à décrire les couleurs : “Le ciel est devenu couleur de violence. Cette teinte violette est rare et reconnaissable entre toutes.” (p. 122) La violence n’a pas de couleur connue, et, en même temps, elle se voit assigner une place particulière dans le spectre coloré : le violet, qui allitère si bien avec elle. La teinte violette est d’ailleurs reprise en fin de roman pour décrire un ciel nocturne : “La nuit se dilate et strie le violet du ciel.” (p. 150)

Affabulation expressionniste, Pagli est, tout autant qu’un roman ou qu’un acte d’amour, un cri, une longue imprécation, savant mélange de violence et de mélancolie. Plus réussi formellement que le roman précédent d’Ananda Devi (Moi, l’interdite. Paris : Dapper, 2000), il constitue une porte d’entrée privilégiée dans l’univers particulier de la jeune romancière mauricienne.


DEVI, Ananda. Pagli. Paris : Gallimard, 2001, 168 pp.

CHAPTER THE FIRST

 

Inverted commas would help. Are inverted commas quotation marks? I never know. I said I never know. I said I never knew. I said I never knew or know whether inverted commas are the same as quotation marks. But they’re not. I know or knew they’re not. Whatever. Whether. I wrote whether inverted commas are the same as quotation marks. Inverted commas would help. (Or quotation marks.) Italics would help. (Or inverted commas.)

 

Notes astérisquées du billet précédent

* C’est cela, lire cinq ou six livres en même temps, écrire, travailler : les pavés n’avancent pas tout seul. (Ce que dénie l’expérience de mai 68.)

** C’est une de mes vieilles blagues, qui sent fort saumâtrement son professeur de littérature. Serais-je sous l’influence, non de la cocaïne du traducteur Rimini (voir Ière partie du roman), mais du chapitre tennistique (III, 3) ?

*** Une Suze à minuit !? Oh, c’est une Suze métaphorique. L’iris de Suze, disons… celle qui m’a tapé dans l’œil…

**** Tu ferais mieux d’utiliser, la tienne, de gomme, eh scribouilleur à la noix*****.

***** Note pour le typographe. N’intervertissez pas gomme et noix, s’il vous plaît.

Alan : Pauls :: Le : Passé

Dimanche, minuit.

C’est bien, que l’accès au WiFi soit indisponible, et d’avoir eu la flemme de descendre débrancher puis rebrancher la Livebox. [Solécisme que/de : on s’en fout ; continue.] Je pianote en haut, libéré du lien à la Toile, persuadé d’être détaché de l’œil de l’araignée.

J’ai avancé un grand coup, ce soir, dans un livre commencé jeudi 19*, acheté pourtant (sur la foi de critiques, mais surtout de la recommandation d’Enrique Vila-Matas) il y a trois mois, Le Passé du jeune romancier argentin Alan Pauls. J’ai déjà évoqué ici ma lecture de Wasabi. Je jette quelques bribes ici, aux deux tiers du roman (j’en suis à la page 471) ; jamais après, sinon, je n’écris ces billets.

Ça ne vaut pas tout le bien que l’on en dit. Je préférais ses deux textes brefs, nettement plus insurrectionnels, en un sens. Ce Passé-là en fait trop, s’attarde, s’enfle comme la grenouille de la fable, et même quand l’emphase est réussie… eh bien, le bœuf n’est pas le plus bel animal qui soit, tout de même. (J’ai belle gueule, de la ramener, avec mes métaphores dans le filet**)

Demain midi, je compte déjeuner au Cap-Ouest. Rien à voir ? Ce n’est pas sûr.

Page 471 : j’en suis donc au long chapitre (III, 4) qui se veut un décrochage dans l’histoire de Rimini, en revenant sur la gestation d’une série d’œuvres du peintre mondialement connu (et fictif, bien entendu), Jeremy Riltse. Pour l’instant, j’ai préféré la première partie à la seconde, et la seconde à, par exemple, ce long chapitre vraiment ampoulé et qui appuie trop sur le pastiche. (Non, je préfèrerais une Suze, merci…***)

Il semblerait (toujours se méfier des traductions) que Pauls laisse aller son goût immodéré pour une période quasi proustienne, qui se décline parfois en longs balancements homériques assez savoureux. L’histoire me désarçonne : ce personnage qui va d’abandon en trahison, en se laissant aller à la déshérence depuis la brisure du couple idéal qu’il forma douze ans avec Sofia, s’enfonce, un peu comme le protagoniste du Voyage vertical de Vila-Matas, mas s’enfonce d’une façon dont l’auteur ne garde pas la maîtrise.

(Je ne picole pas, mais j’ai l’impression d’écrire n’importe quoi. Si vous y tenez, appelez la police.)

Je ne sais où ce radeau m’emmène. Enfin, j’ai embarqué il y a dix jours, je ne me déplais pas sur ces planches parfois râpeuses, et, même avec des réserves sur certains aspects de ce roman, j’ai des réserves de viande boucanée ; l’écrivain ne me laisse pas seul sur ce maudit rafiot. D’ici trois jours, la terminaison probable aura peut-être apporté son lot d’épiphanies, et, si j’ai la sève, on mangera tous ensemble la gommette****.

lundi, 30 janvier 2006

Tridentition de Neptune

Aboli bibelot, dynamite asonore,

Je dors la nuit en oubliant mon râtelier

Dans un verre glacé. Balayant l'atelier,

Tu mettrais l'univers entier, qui déshonore

 

Une étoile oubliée au fond de ton cellier.

Ici se pâmeraient de goulus frugivores

Et de galants amants nullement spordivores

(Divorcés de leur temps, si Serre-Chevalier

 

N'a, pour eux, point d'attraits, non plus que La Mongie).

Voici, dans le cellier, le feu d'une bougie

Qui, éclairant le ciel-de-lit, se désarçonne

 

À n'avoir, du coussin, vu les bûchers ardents,

Comme, en mon cauchemar, coiffée à la garçonne,

L'ange tend un filet où se prennent mes dents.

Osanore encore

Osanore est cette béance entre la page 1222 (O.S.) et la page 1223 (OSCABRION) du Robert culturel (tome III). Pourtant, le Littré, à la page 2948, fait suivre l'adjectif (sans la citation de Corbière) de deux autres termes tout aussi absent du Grand Blanc, OSAR et OSCABRELLE.

Eric Meunié, 7 : Meure ciné I

[443]

Tous les nombres sont beaux. Tous sont tressés de merveilles.

Du 16, puissance qui clôt le recueil, au 919, palindrome, qui l’ouvre, comment ne pas lire, surinscrire un sens ?

919 est un nombre extraordinaire de beauté. J’y vois, par-delà le palindrome, mon fétiche 91 multiplié par dix, auquel encore s’ajoute 9.

Tous les nombres sont beaux.

Les mots aussi, mais moins : il leur faut la parole, et le travail si incroyablement vain d’un écrivain.

Eric Meunié, 6 : E, crime nié

[443 : où l’on songe à Perec, et puis non…]

Même avec sa phraséologie, le premier fragment 405 est d’une densité d’analyse, d’une limpidité aphoristique qui fait scintiller, comme un diamant entrevu, la double antithèse entre, d’une part, préoccupation et affranchissement, d’autre part prouesses et surprises. J’essaie de m’affranchir, ce qui n’est pas affranchir, et de me surprendre, ce qui est bien différent du rapport que j’entretiens avec vous, pâles solaires silencieux lecteurs.

(E)ric M(e)unié, 5 : Ricin ému

[333]

Le fragment 594 dit à merveille la sotte absorption dans laquelle choit l’auteur d’un carnétoile au cours d’une conversation. Pourtant, aujourd’hui dimanche, des amis sont venus déjeuner et pas une seule seconde je n’ai eu de pensée pour mes frétillements électroniques… ni pour les textes de Poésie complète.

Ce soir, je me rattrape.

Eric Meunié, 4 : Cire ni émeu

 

[457 : je n’ai pas fait exprès !]

 

Petit détail paratextuel sans aucune pertinence pour l’analyse du fragment – l’Eric batifolant et folâtre du fragment 457 ne serait-il pas le préfacier de Poésie complète, l’illustre Chevillard, dont je lis en parallèle le petit texte qu’il vient de consacrer à Gaston Chaissac ? Ou est-ce le prénom de l’écrivain, peut-être pas le je du fragment 457, qui se dédouble par ce sortilège vieux comme le monde ?

Ce n’est pas le fragment 754 qui offre la réponse.

Eric Meunié, 3 : Ire, une cime

 

[454 ou 545 : 91 blancs]

 

Deux fragments, dans ma lecture non achevée du recueil, m’ont agacé par leur côté facile. Est-ce une tentative de provocation ?

Ainsi du troisième fragment 422 : banalisation du viol ou platitude d’écrivain peu inspiré ? Le jeu de mots sur couvreur, bien falot, n’est plus à découvrir.

Ou du deuxième fragment 380 : on n’est jamais très loin du racolage, avec ce genre de petite chute prévisible et sans grande force ; du raccolage ? (N’y a-t-il pas une opération de bibliophilie, ou d’entretien technique des livres qui se nomme le recollement ?)

 

Eric Meunié (s), 2 : Murène sciée

[788]

Au pluriel. Pluriel, l’auteur se diffracte en tant de fragments. Son recueil n’est pas – le système compris puis absorbé par le lecteur – cet appauvrissement, ce chemin vers la brièveté ni le dépouillement. Ce dépouillement n’est qu’affaire de forme, ou plutôt d’organisation dans le volume. La passion des nombres, qui simplement donne sa structure au livre, forge des extases pour un arithméticien maniaque et amateur tel que moi, qui me surprends à admirer qu’il y ait deux fragments intitulés 393, trois intitulés 131, mais un seul fragment 262. J’ai dû me constituer (sans du tout m’y contraindre, le caractère machinal de ma maniaquerie faisant l’essentiel du travail) un ordre de lecture qui échappe à la catégorisation comptable qui, fruste, a présidé à la composition du recueil.

Os à ronger

De nombreux malheurs s'abattent sur moi : je n'ai pas le Robert culturel sous la main, et je brûlais d'écrire un billet sur l'adjectif osanore, découvert hier grâce à Livy.

L'épuisant désir de ces choses...

Ernst Reijseger

Samedi, 17 h 30.

Je viens d’écrire une brève note relative aux canapultes, ces curieux monstres lexicaux, et j’écoute le Double Trio (clarinettes de Sclavis, Angster et Di Donato ; cordes de Feldman, Reijseger et Dresser).

Je me souviens d’avoir vu, écouté et applaudi Reijseger, lors des Rencontres Internationales de Violoncelles de Beauvais (était-ce en 1999 ?). Je le connaissais déjà, pour ce disque du Double Trio, et pour le disque Rara Avis, où il joue avec Han Bennink et Michael Moore (pas le porc vulgaire, mais l’autre, le vrai : le grand saxophoniste) au sein de la formation Clusone 3.

À Beauvais, il avait sidéré et, je crois bien, décontenancé le public – la moindre de ses algarades extramusicales n’étant sans doute pas son geste d’aller fouiller dans la terre d’une affreuse et gigantesque plante en pot qui se tenait là, sagement, dans un coin de la scène du théâtre. D’un archet drolatique, il touilla le terreau d’un geste magistral, faussement gauche.

C’est aussi un remarquable musicien… mais vous ne trouverez pas, sur la Toile, l’anecdote de l’archet touilleur.

Rêve parti

Mon fils était allé se coucher dans un lit immense, de trois mètres sur trois, qui se trouvait à l'endroit de la cage d'escalier. Puis, m'informait posément C. tandis que j'observais ce grand lit défait occupant tout le palier, il s'était recouché tout seul dans sa chambre, laissant la porte ouverte. Il y avait ses chaussons juste devant.

Je regardais, inquiet, ce grand lit, me demandant où était l'escalier.

Puis le réveil sonna, me plongeant dans le gouffre de la journée.

CHAPTER TOGETHER

Whatever the weather let’s spend the day together. A day out together.
The weather and they say the weather.
They wither saying the weather is like. Saying what is the weather like. What is the weather like? Is it likely that they said what is the weather like? And did they like the weather?
Did they wither saying? Did they wither saying the weather. They said whatever the weather let’s spend the day out altogether. All together.
Is all together altogether the same? Is all together altogether the same as altogether? Italics would help.

Italics would help. Inverted commas would help. Italics or inverted commas would most certainly help.