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mercredi, 19 septembre 2007

Lys d'anus

Un poète dont on voyait les os, ce fut sans doute la première harpe.

 

 

 

Varech & coquillage

 

 

Le Squelette

Tout est fumier !

Le Pèlerin du ciel

Et le sceptre et la crosse ne sont que d’ignobles lys d’anus entre les mains du pontife et du roi !

 

Roches

[...]  Lentement les Squelettes émergent des terres alentourantes où la besogne les presque ensevelissait : symphonie d’os.

Guillaume réitère son appel dans toutes les directions.

Flottis algué

Une fois la chose consommée, les amants observent entre eux deux quelqu’un, fantôme composé de ce qu’ils ont gagné ou perdu à se donner totalement, puis chacun va de son côté laissant l’étrange personnage devant la balance.

 

Derrière ce rideau l’action grouille informe dans la ténèbre : tragédie au fond de l’encrier.

 

Double cerf-volant

Le Paon

(ouvrant sur l’homme sa harpe de regards)

Hahehihohu !...

 

 

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Photographies : Dunes de Sainte-Marguerite (Finistère)

Textes : Saint-Pol-Roux (Le Fumier & Vendanges)

À la chaîne

J'écoute la Sonate pour luth n° 36 de Weiss, puis je compare les deux versions du Concerto italien de Bach par Brendel et Tharaud respectivement, et, cette nuit, sur le canapé, avant de me rendormir vaguement frigorifié, je peinais à poursuivre ma lecture de Mantra (Rodrigo Fresan), qui me fascine parfois et m'agace prodigieusement depuis le début, et où se trouvent de nombreuses références à Bob Dylan, ce qui suscite évidemment la mémoire des journées de mars et d'avril, et, sur la table de chevet, l'appel de Bob Dylan toujours pas lu (alors que François, lui, me lit).

dimanche, 09 septembre 2007

(Autres) vendanges

"Le poète ne redoute pas la cascade des dangereux adverbes de manière" écrit Yves Sandre dans sa préface à l'édition des Vendanges de Saint-Pol-Roux (Rougerie, 1993).

Oui, c'est la saison des vendanges.

La vigne nous fait un signe.

Un signet dans un livre, s'en soucier comme d'une guigne.

(Que dire alors des matins mordus, des soirs perdus pour les chevauchées, des midi fendus comme des jupes ?)

Un charpentier rugueux joue de la guiterne avant de s'en remettre au vent.

Les raisins pleuvront dans son sac, mais pas avant le soir.

Les raisins pleuvront dans sa hotte, sans retour.

J'ai lié ma botte avec un brin de paille.

La vigne nous fait un signe. Il pleut des sarments. Un homme rugueux à la tête noueuse de cep desséché prend la tangente avant l'arrivée des vignerons. Quelques liserons se posent dans le champ voisin, comme des alouettes perdues pour les virevoltes.

C'est la saison des vendanges.

Un archange admoneste Jeanne et lui reproche de lambiner. (Get moving, maid ! Rires intempestifs mais inévitables.)

Saison des vendanges.

Que dire du vin qui coule à flots, dans le ressac des alouettes, dans le havresac des liserons, quand joue la sacqueboute des vignerons ?

Des vendanges.

À Sully-sur-Loire, l'issue s'inverse et le but vire au début (acte III de Fronton du Duc).

Vendanges.

J'ai lié ma botte avec un brin d'osier.

Vent

Où irons-nous courir, si même les liserons migrent et s'envolent pour l'Afrique ?

danger.

samedi, 08 septembre 2007

Dévorations à la petite semaine

Si je ne peux vous raconter la dernière blague de Toto, et encore moins celle de Marius et Olive, je peux toutefois vous informer de la dernière imbécillité de Juan Asensio, le bouillonnant copiste qui pense en basque avant de croire qu'il écrit en français : figurez-vous que le susnommé s'est mis dans la tête (après avoir, il est vrai, cherché quelque temps l'emplacement du cerveau) que Faulkner écrivait en français. En effet, comme il ignore qu'Absalom, Absalom ! est le titre original de l'un des plus beaux romans du sieur William, il va s'imaginer que c'est une coquille tombée de la plume du médiocre Millet.

Quand on pense que ce petit paon & pion raté se targue de critique (!) et d'écriture (re !)...

vendredi, 07 septembre 2007

L'Âme noire du Prieur blanc

Quoique j’eusse emprunté l’exemplaire des Monodrames pour y lire Le Fumier, j’ai commencé par la première des deux pièces, L’Âme noire du Prieur blanc, très belle dans sa limpidité même, en ce qu’elle a de fatal, de prévisible. L’entretien brûlant entre l’apparition du prieur damné et le novice Bénédict – shakespearienne à la surface seulement – donnerait des démangeaisons de mise en scène au plus blasé des théâtreux.

      — Ô, il a ce matin employé son rasoir électrique, comme ça, parce qu’il était là, et qu’il s’agit d’un mode nomade de rasage !

Stalles de Solignac : dragons affrontés

Athanase et Onésime (tout de même) s’entretiennent et avalent le feu sacrément démoniaque. L’Apparition parle « sacripantement » et « de rechef » (oui, en deux mots). Les Reclus passent, la bouche en chœur. Le latin de catafalque se perd en tribraques.

      Ô, il va finir par bannir, de ses textes, de son écriture même, tous les mots contenant les deux lettres o et d successivement !

Six points violets soulignent chaque occurrence : ce serait une idée de mise en scène. (Ou comment Le Livre des mines devint Le Livre de l’Âme.) Dans la chambre 424, they’re screwing without giving a single thought to Alma’s corpse. Faut-il prononcer, doit-on entendre le g de Magdeleine ? En anglais, comme l’a souligné justement Javier Marias, ou son narrateur Jacques – au fait des usages –, Magdalen se prononce comme maudlin. Chaque saint berger finit voué aux gémonies, vipérisé.

      Il faut absolument résolument insolemment isolément être

Pélerins

« Les moulins ont l’air de grands oiseaux de pierre aux longues ailes blanches. » Toujours j’aimai, chez Saint-Pol-Roux, le sens de la période. (Six points violets, six notes messianiques, six couchers de soleil, et le rideau se ferme sur les vitraux pierreux de l’abbatiale.)

lundi, 03 septembre 2007

« En forme de couronne de laurier »

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                    « À distance, il me rappela l’autoportrait de Luis Meléndez qui est au Louvre, mais en dégradé et en vicieux ; et ce que le peintre a sur les cheveux n’est pas comparable : un foulard noué, sauf erreur de ma part, en forme de couronne de laurier ou cherchant à pr od uire cet effet. » (Javier Marías. Ton visage demain II. Danse et rêve. Traduit de l’espagnol par Jean-Marie Saint-Lu. Gallimard, 2007, p. 92)

 

 

 

 

… j’ai bien mis l’accent aigu sur le i, encore que je ne sache pas du tout à quoi cela correspond… j’avais bien dit que je me lancerais fiévreusement dans ce Danse et rêve le soir du 31 août… relu un extrait d’un texte traduit de Javier Cercas, semble-t-il un clone de Marías... Martin Mantra s’en bat l’œil… du nu herculéen à l’oreille fermée on ne dira rien… du double pinceau pointant vers la peau mate du peintre non plus… de la feuille à croquis désespérément retroussée moins encore… on ne dira rien du reps bleu… finalement le foulard noué petitement ne serait pas si saillant, sans la signature.

samedi, 01 septembre 2007

Rangeoir aux épices

 Les doigts salis par la poussière des livres et des étagères, au point de craindre de toucher le clavier d'un blanc quasi immaculé (depuis quand ne m'étais-je pas servi de cet iMac ? pffffui...), je viens de faire ce devant quoi je regimbais   ###cette tournure est-elle correcte ? j'en doute...###   depuis déjà plusieurs jours, à savoir trier les quatre cartons de livres qu'il fallait ranger dans les différentes parties de notre bibliothèque. Bien entendu, il reste une pile de livres et de magazines que je devrai encore classer demain sur les rayonnages du rez-de-chaussée, mais enfin, l'essentiel est fait.
  Ces quatre cartons étaient constitués entre autres de livres lus pendant l'été, de livres toujours pas lus pendant l'été, mais surtout, pour le plus gros du contingent, d'une partie des ouvrages qui encombrent toujours le placard de mon ancienne chambre, chez mes parents, et que, pour certains, je n'avais pas ouverts depuis, au bas mot, douze ans. Ranger des livres aussi divers est toujours l'occasion, évidemment, de s'attarder sur eux, mais plus encore, sur leurs voisins d'étagère, ceux qui se trouvaient déjà là et à qui l'on impose soudain la présence d'un nouveau venu. Dans certains cas, la cohabitation ne devrait pas poser trop de problème : ainsi, je ne m'attendais pas, en rangeant le dernier récit de Claude Ollier, à voir ses quatre camarades de semblable format et du même auteur se rebiffer. Qatastrophe, en particulier, persistait à vouloir disparaître en fond d'étagère, comme par bouderie. Cela n'a rien qui doive surprendre, me direz-vous, de la part d'un livre au titre si biscornu, et, en ce sens, prometteur, voire enclin à la distorsion, la petite fâcherie, l'écart de conduite. (À cette occasion, je me suis aussi rendu compte (et là encore, me direz-vous, le sens du titre ne saurait échapper à personne) que le seul dont je n'avais à peu près aucun souvenir se passe au Canada : il s'agit de Missing.)
   Dans quelle mesure aussi, me suis-je demandé, les noms d'auteur ne se chassent-ils pas, pour moi, dans la mesure où ils sont voisins par les sonorités ou le nombre de syllabes ? Ainsi, il y a, dans ma bibliothèque de fictions traduites, quatre ouvrages de l'excellente Yoko Tawada, qui n'est, me semble-t-il, pas très célèbre. Souvent j'ai vu, en librairie, des livres d'une quasi homonyme, Yoko Ogawa, et toujours j'ai éprouvé une répulsion, ou, à tout le moins, une véritable réticence à son égard, comme si cette parenté sonore était le signe indubitable d'une mauvaise monnaie, d'une contrefaçon cherchant à me piéger... C'est idiot, sans doute, et je ne demande qu'à me convaincre, ne serait-ce qu'en franchissant le pas, que Yoko Ogawa est une grande romancière.
    Je redoute de terminer ce petit billet par un truisme, et toutefois je m'y résigne : le plus terrible, ce sont ces nombreux livres que l'on n'a pas encore lus, ou que l'on voudrait prendre le temps de relire, ou de découvrir plus en profondeur, ou qui, s'étant effacés de notre mémoire, appellent au secours car ils savent (et nous avec eux) qu'ils y retrouveraient lustre et allégresse, pour briller de mille feux. Après cela, y a-t-il encore de la place pour Yoko Ogawa ?

mardi, 28 août 2007

Un bon p'tit job II

Qu'écrirons-nous, amis, dans l'album de la comtesse ?

 

{ début de roman }

La comtesse sortit à cinq heures. Elle voulut répondre aux questions de quelques journalistes, mais...

{ André Breton enrage. }

... mais, voyant un maître-chien s'avancer vers elle sns retenir ni son golden retriever (qui se distingue du labrador par de longs poils soyeux qui font le bonheur des moquettes et des canapés) ni son doberman, elle...

{ Allez, poursuivez ! }

............................ un bon p'tit job à la cour !"  Ayant ainsi parlé, la comtesse remonta l'escalier, gloussa une dernière fois et rentra chez elle pour regarder Le Bigdil (si tant est qu'une émission portant ce titre existe encore).

 

{ fin }

dimanche, 26 août 2007

Dezsö Kosztolanyi, je te plumerai

Alouette bleue

Je l'avais acheté début septembre 2006, l'ai photographié sur le dessus de lit le 2 juillet, suis même allé jusqu'à le lire (fin juillet ou début août, je ne sais plus). Monochromes qui se meuvent, à perte de vue l'océan, le ciel bleu, tous ces clichés pour rien, pour ne rien dire. Un jour, le même jour, à Montlouis, on a acheté un vélo d'enfant, présence subreptice qui a fini par s'épanouir sur le parking du gymnase Ronsard. (Donner à un lieu d'abrutissement le nom d'un poète, je dois me tromper.)

D'Alouette on ne parla guère. Son cynisme s'était-il envolé ?

 

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Dernière minute : devant les mauvais résultats du club, Raymond Barre vient de renoncer à entraîner l'Olympique lyonnais.

vendredi, 17 août 2007

Il me faut t'aimer - une pierre

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Ces deux autoportraits ont été saisis le 1er août dernier, à Hagetmau, à 17 h 07.
Dix-sept secondes très précisément les séparent.
(I swear it's true.)
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Le livre n'est pas juste là pour décorer : contrairement au précédent opus du flamboyant Portugais (Bonsoir les choses d'ici bas, abandonné au bout de 500 pages, comme les lecteurs de mon autre carnétoile s'en souviennent peut-être), celui-ci est superbe, envoûtant, tout en finesse, et surtout, d'une beauté si juste...
Dans l'oeuvre de Lobo Antunes, Il me faut aimer une pierre se situe tout près du pinacle, et donc de ces deux indépassables (me semble-t-il) sommets que sont l' Exhortation aux crocodiles et N'entre pas si vite dans cette nuit noire. (Les titres originaux, si bien sonnants pourtant, m'échappent.)

jeudi, 16 août 2007

Dans les parages (aux environs)

Ah... Didier, qui calembourise autour du patronyme de Pagé. (Lors de ma première visite du Prieuré Saint-Cosme, en 1994, il se trouvait, dans le réfectoire, une belle exposition de Norbert Pagé. Celui qui expose aux Bons-Enfants se prénomme François. Norbert, lui, avait plusieurs toiles aux murs de la Rôtisserie tourangelle, institution gastronomique de la rue du Commerce qui a fini par fermer ses portes, à notre grand dam et gris dol, en février dernier.)

Pour comprendre le calembour, j'ai dû m'y reprendre à deux fois, car dire le page pour le lit n'a rien, pour moi, de spontané. (Plumard ou pieu, oui. Plume ou pageot, non, ou alors par référence à Céline.)

De là, rêverie sur les équivoques possibles qui naissent ou naîtraient des termes homographes : un page (de cour), une page, un page (où se pieuter). Irruption d'un titre (de Jean-Pierre Richard, crois-je) : Pages Paysages. Souvenir d'avoir été envoûté par l'un des intertitres des Champs magnétiques, à quinze ans : "Le Pagure dit". J'ignorais le mot pagure et n'avais même pas pris la peine de vérifier dans le dictionnaire.

De là, malheureusement, à cause de ce pagure, j'en viens à repenser à la petite bafouille de Laure Adler, ce matin sur France Info, oui, à ce chef-d'oeuvre d'ineptie et d'inculture, et je préfère cesser là ce billet, si je veux rester serein.

mardi, 17 juillet 2007

Chambrays and shoats

Près de la cabane où le paysan tient enfermés ses chiens courants pousse un saule, que je contemple, de loin, dans l’arôme des belles-de-nuit. Je me suis photographié hier, avec le livre de Kharitonov pour me cacher le visage. Peu après, j’ai commencé la lecture des Grapes of Wrath, avec l’exemplaire parfois annoté par mon père, qui m’a dit avoir alors été lycéen. Le petit volume de poche, dont le papier n’a pas mal vieilli, doit donc dater du début des années 60. J’en ai lu dans les 70 pages avant d’éteindre la lampe, hier soir. Tom Joad ramasse une tortue qui sait ce qu’elle veut, puis il se cache dans la solitude des champs de coton ; son grand-père boutonne sa braguette de travers, et la flamme est lancée. En anglo-américain, il semble que l’adjectif chambray désigne une sorte de tissu, par déformation du toponyme français (et nordique) Cambrai. Aucun rapport, donc, avec Chambray-lès-Tours. Un pourceau, ici, cela se dit shoat, ou shote, ou shott – terme que je n’avais jamais rencontré.

 

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Sans rapport --- Aurélie reçue au CAPES et Simon reçu à Sciences Po' Bordeaux. "2721 cuites, ça s'arrose", comme dirait Hubert-Félix.

jeudi, 05 juillet 2007

Pas vide impavide

Le matin du 4, dans un poème d'Amy Clampitt (dont j'ai fini par me procurer les Collected Poems), cet adjectif que je n'avais jamais rencontré, me semble-t-il mais que, latin aidant, je n'ai pas eu de mal à comprendre : perfervid. Le soir du 4, dans le chapitre VII ou VIII de la deuxième partie de The Return of the Native, ce même adjectif. Pour ce genre de coïncidences qui n'en sont pas, aussi, j'aime la littérature. J'aime aussi la manière fragmentée et curieuse dont je me suis rappelé, ce matin, entre deux eaux, le camping de Millau, avec les trois bassins de sa piscine. (C'était à l'été 1981.)

dimanche, 20 mai 2007

Lu dans le marc

Je m'étire sans fin (fatigue).

"Mai tire à sa fin." (Abbés, p. 19)

 

Le 19 mai passé, sûr qu'on affine.

samedi, 19 mai 2007

Le défi de Procuste

------- à la demande de Madame de Véhesse ----------- 

Les 4 livres de mon enfance :

  • la série des Jeannot Lapin (Enid Blyton) en bibliothèque rose
  • Topaze de Marcel Pagnol
  • Olé France (album bleu sur l'aventure des Bleus pour les éliminatoires du Mundial '82)
  • L'arbre en poésie et toute la série des *** en poésie (Folio-Junior)

 

Entre l'enfance et l'adolescence :

  • les deux "Pléiade" d'Eluard
  • Les Trois mousquetaires
  • Exercices de style
  • Cyrano de Bergerac (on va dire)

 

Les 4 écrivains que je lirai et relirai encore :

Balzac, Thomas Bernhard, Breyten Breytenbach, Shakespeare.

 

Les 4 auteurs fétiches que je ne lirai probablement plus jamais :

Hervé Guibert, Inoué Yasushi, Robert Merle, Robert Pinget (encore que...).

 

Les 4 premiers livres de ma liste à lire (entre des vingtaines) :

  • Thomas Hardy. The Return of the Native.
  • Hans Henny Jahn. Le Navire de bois.
  • José Eduardo Agualusa. La guerre des anges.
  • Elsa Triolet. La mise en mots

 

Les N livres que je suis en train de lire :

  • Danièle Sallenave. Le Principe de ruine.
  • Renaud Camus. Journal de Travers II (plus que 100 pages !).
  • John Steinbeck. Cannery Row.
  • Yves Bonnefoy. L'Arrière-pays.
  • Les Poèmes de Pessoa dans l'édition scandaleusement pas bilingue de la Pléiade.
  • Rémi Santerre. L'Ecart.

 

Les 4 livres que j'emporterais sur une île déserte :

Mémoires d'Outre-Tombe, les poèmes de Ronsard, Le Voyage vertical de Vila-Matas et Close Sesame de Nuruddin Farah.

 

Les derniers mots d'un de mes livres préférés :

Nous sommes entrés par la grand-rue dans le hameau, avons bu à la fontaine sur la petite place et demandé le chemin du sanctuaire, avons gagné le sanctuaire et vu la foule devant l'entrée et l'homme sur le banc, vu le vieux scribe marmonnant, balbutiant, dont la rumeur disait qu'il venait d'un monde ancien et connaissait la source de toute fable.

Claude Ollier. Qatastrophe (P.O.L., 2004, p. 228).

 

Je passe le morbac relais à dix de mes disciples camarades : Didier, Chloé, Simon, Fuligineuse, Aurélie, Philippe[s], Zvezdo, Jacques, Matthieu M.-M. et Mélisande.

15:51 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : Littérature

Lèvres miennes

Il ne faut pas trop s'arrêter à l'érudition. Pourtant, tout se mêle en un maelström, et surtout ce polylogue :

Tu n'avais quand même pas l'intention de... ?

Si, dès le principe, janvier 2006.

Mais alors...

Il y a eu cette interruption dans la parution, donc aussi l'écriture en a pâti.

Donc, c'était tout ce réseau ?

Mein, mine, mien, tous les mots qui riment en -mine, tout ça ?

Oh, et bien plus encore.

Et bien pire encore.

Comme quoi ?

Des anagrammes, des boustrophédons, des étirements, des interpolations. Va savoir. Suffit de relire ce qu'il y avait déjà courant janvier 2006.

Ah ?

Le pluriel n'était pas du projet, seulement le mot mine lui-même.

Ah ?

 

Le grand prieur de Cluny en personne les accueille, il est grave. Il accueille Adémar de Chabannes arrivé en même temps qu'eux, Adémar reprend le fil de son récit à sa façon romanesque et rusée. Le grand prieur les réunit dans la basilique, etc.

(Pierre Michon, Abbés, Verdier, 2002, p. 69)

Travlochon

Fuligineuse, facétieuse, me demande quelle différence je fais entre traversin et polochon. Or, je n'en fais pas : j'ai juste fait état, à un moment où je n'avais pas de dictionnaire sous la main, d'une impression. Selon cette impression, le polochon serait plus massif et cylindrique, le traversin plutôt du style extra-plat.

Je ne sais si cette différence sémantique est attestée, mais il est vrai, en revanche, qu'il y a, grosso modo, deux types d'oreiller long : l'une sorte est très plate (et alors, je suis incapable de dormir) ; l'autre est plus cylindrique, massive, rembourrée, et, dans ce cas, je peux dormir, aussi bien qu'avec mon habituel oreiller double.

Vérification faite dans le Robert culturel, il semble que cette différence sémantique ne corresponde nullement, en effet, à la différence des signifiants traversin et polochon (de huit lettres chacun, car tout lit est un échiquier). La définition que Rey et ses équipiers donnent de traversin est la suivante : long coussin de chevet, en général cylindrique (à la différence de l'oreiller), qui tient toute la largeur du lit. L'entrée du dictionnaire ajoute alors : Fam. Polochon.

Ainsi, Didier Goux avait bien raison : la différence est de niveau de langue. Il n'en demeure pas moins que le "en général" de la définition marque bel et bien une différence entre deux types de "long coussins de chevet", et qu'il faudrait deux signifiants différents pour ces deux genres de traversin.

Le problème est toujours là, dans les mots : on n'en sort pas. En cherchant à s'en sortir, on s'enfonce, comme sous les avalanches. Ainsi, ici, l'oreiller appelle l'oreillard, et avec lui le rhinolophe. D'autre part, la consultation du dictionnaire m'apprend qu'en astrologie une planète traversière est un astre néfaste : je suis persuadé qu'un astrologue aurait de nombreuses suggestions à proposer au sujet des conflits astraux et dérives désastreuses de la vie sentimentale de Renaud Camus telle qu'ils apparaissent dans le Journal de Travers. (Mais faut pas compter sur moi pour ces âneries.)

Par contiguïté, on dégotte aussi d'autres pépites :

Le Colisée est bâti presque en entier de blocs de travertin, assez vilaine pierre remplie de trous comme le tuf, et d'un blanc tirant sur le jaune. (Stendhal. Promenades dans Rome. 18 août 1827.)

 

Aussi, à la faveur de ses nombreuses rencontres avec un Aragon décrit comme vieillissant, sourd comme un pot, confus dans sa mythomanie, Renaud Camus relit Les Cloches de Bâle, alors qu'il n'a, a priori, guère de goût pour les romans (ni les poèmes, d'ailleurs) du grand L.A.. Or, le titre qui sert de repoussoir absolu, lorsque Renaud Camus veut évoquer les romans d'Aragon (qu'il compare aux Thibault (!!!)), ce sont Les Beaux Quartiers (que j'ai lu, pour ma part, en 1996, et qui, sans être mon préféré, est très bien (et la préface en est tout à fait géniale)), roman justement cité par le Robert culturel non loin de l'entrée TRAVERSIN : "Eugène soufflait, l'air hébété, bafouilleur, avec la gueule un peu de traviole."

Dans le Robert culturel, l'entrée TRAVERS est précédée par l'entrée TRAVELO. (Voir remarque de Renaud Camus sur le côté tue-l'amour et même achricuratif des travestis, in Journal de Travers, circa p. 1485. (Vais pas vérifier non plus, hein... (Mais si, je le ferai.)))

vendredi, 18 mai 2007

Minuscules, 1

Il faut beaucoup de résolution, c’est-à-dire aussi un œil résistant aux pixels en pagaille. Quitte à tout considérer comme réservoir, répertoire, bassin d’orage même – et même (surtout) ces revues, ces milliers de pages qui s’entassent en tous recoins et dont on pourrait, à chaque page ouverte, faire son miel – pourquoi ne pas prendre la tangente, comme le veut un stupide cliché contemporain, ou tracer en virant à l’oblique. (J’aime tant le vol des hirondelles.)

Ainsi, veux-je citer les premières phrases de l’article que Marie-Laure Delorme consacra il y a deux ans à Jean Rolin dans le Magazine littéraire, je me trouve à vouloir décrire le sourire qu’arbore l’écrivain sur la photographie (et qui, lèvres plissées vers le bas, est néanmoins un sourire de joie douce, nullement un rictus), à chercher dans ma mémoire si j’ai lu, de Jean Rolin, autre chose que La Frontière belge (à quinze ans, et alors n’y ayant pas compris grand-chose), mais aussi à tourner en tous sens ce mot-là, magazine.

Que les centaines de fascicules entassés me soient un réservoir, une cuve, gisement, carrière abysse, est-ce encore l'affaire ?

Qu’importe :

     Le style dit tout. Les phrases de Jean Rolin, remplies d’une multitude de « peut-être », de « ou », de « à tort ou à raison », charrient un monde miné de l’intérieur. Minuscules bouts d’humanité comme tombés de la marche du temps. Entrez donc dans un univers incertain.

 

Il y avait là, dans le choix de ces clonages (ou plutôt, de ces boutures), l’envie d’en revenir à ce qui me possède (et non à ce qui m’appartient), renversement éminent de tout désir du possessif. Faire mien ne m’intéresse pas.

La Devinière

C'est amusant que François parle de La Devinière, car j'y suis allé samedi dernier, lors d'une virée à l'ouest de Chinon. Autant j'ai déjà passé des heures innombrables au Prieuré Saint Cosme, autant je n'avais toujours pas longé l'allée délicate qui mène du parking, en bord de route au bout du monde, à la maison natale de Rabelais. La Possonière est pour plus tard.

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Une fois n'est pas coutume, je vais reproduire des extraits de la note publiée à cette occasion dans le blog familial (d'accès restreint) que je tiens à d'autres moments perdus :

La Devinière est une petite bâtisse construite à la fin du XVème siècle par le père de Rabelais, avocat à Chinon. D’un côté, la vue sur le château du Coudray Montpensier (qui ne se visite pas mais vaut largement, dans son genre, Chaumont ou Azay) est superbe. De l’autre, le jardin des simples ouvre vers Chinon.

La Devinière : Boulins bouchés du pigeonnier

La visite commence par le pigeonnier, grande salle carrée qui date du XVIIème siècle et où se trouvent de nombreux documents relatifs à la geste de Gargantua. Il y avait notamment un répertoire très complet des occurrences antérieures à Rabelais de légendes relatives au géant Gargantua, par ordre des départements français, ce qui m’a permis de voir que trois communes du département des Landes avaient partie liée avec ce personnage dont on aurait fini par croire qu’il est sorti tout droit de l’esprit du génial moine François. Toutefois, aucune date n’est donnée, ni pour le « chant populaire landais » glané à Labouheyre, ni pour la légende des chênes arrachés par Gargantua à Labrit, ni pour le « pas de Charlemagne » (toponyme peyrehoradais, apparemment, mais dont je n’ai pas saisi le lien avec Gargantua).

Dans la grand’ salle se trouvent de nombreux documents, etc., mais aussi plusieurs bustes de Rabelais, tous de sculpteurs du dix-neuvième siècle, qui fut, semble-t-il, le siècle de la redécouverte de l’œuvre de Rabelais.

(D’ailleurs, en cherchant sur le Web des photographies du château du Coudray Montpensier, que l’on n’aperçoit que de loin et dont il est difficile de s’approcher en voiture, je suis tombé sur le texte intégral de la traduction des Cinq Livres par Sir Thomas Urquhart of Cromarty et Peter Antony Motteux : elle date de 1894, et le site du projet Gutenberg reproduit la totalité des gravures de Gustave Doré.) Le plus réussi, même dans son côté pataud/pâteux, est d’un certain Louis-Valentin-Elias Robert.

La Devinière : par ses enfants sera inventée...

Nous nous sommes égarés un moment dans les caves troglodytiques, formées de nombreuses salles, et qui, en superficie, doivent être le quintuple du manoir proprement dit. Elles sont décorées de reproductions découpées et agrandies des gravures de Doré, ce qui n’est pas toujours très heureux.

C'est aussi ce jour-là que nous avons visité l'abbaye de Seuilly, où j'avais entendu un concert de jazz en janvier 2005, et le petit village de Lerné, déjà évoqué dans ces carnets.

mercredi, 16 mai 2007

M qui signifie les Mines

Déjà, quand elle descend la rue de l'Église, les mères font hâtivement rentrer leurs enfants, avec des mines sombres et inquiètes.

Dans la glaise je descends.

 

Réinventant la roue, je me vautre.

 

Le M qui signifie les Mères (heeeeeeein ?).

 

Du moment que j'ai toujours, à mon casque, son plumet, je resterai fermement sédentaire dans le territoire du crayon.

Journées dionysiennes, [15] : il y a deux semaines déjà

Minuit.

 

J’écoute Iphigenia in Brooklyn de Peter Schickele, qui ne parvient pas à me faire hurler de rire ni au génie comme mon ami Éric, de qui je tiens cet enregistrement du double album The Wurst of P.D.Q. Bach et qui s’était montré très enthousiaste. Lisant toujours L’Arrière-pays, je me suis rendu compte que le livre de souvenirs de Bonnefoy, Rue Traversière (que je n’ai pas lu mais, comme le dit Pierre Bayard, ça n’empêche pas d’en parler), fait référence à une rue de Tours, medium_Journees_dionysiennes_1er_mai_2007_053.jpgcertes jolie mais plus célèbre de nos jours pour abriter, sur ses trottoirs, les quelques prostituées du centre. Ainsi, la phrase « C’est un grand adepte de la rue Traversière » pourrait avoir deux interprétations divergentes (mais non incompatibles bien sûr) : a) cet homme est très féru de l’œuvre d’Yves Bonnefoy ;   b) ce type passe son temps aux putes. On peut imaginer d’autres significations, plus controuvées : c) c’est un flûtiste qui enseigne au Conservatoire (car le conservatoire se trouve non loin de là) ;   d) il fait toujours réparer sa voiture au garage du coin de la rue. Etc. *

Blague à part, je trouve aussi dans L’Arrière-pays cette phrase qui pourrait servir d’exergue aux Kleptomanies überurbaines (dont le titre, je l’avoue, est d’inspiration plus thiéfainienne) : « Cessant d’imaginer le surcroît de l’être dans l’intensité de ses apparences, ne faut-il pas exiger, ici presque, dans quelque rue latérale, la plus sordide même, une arrière-cour dans le charbon, une porte : et tout, au-delà du seuil, montagnes et chants d’oiseaux, et la mer, ressuscités, souriants ? » (pp. 18-9).

Il est temps que j’éteigne cet ordinateur ; sinon, je ne vais jamais dormir.

 

 

* Ajout du 16 mai 2007, 10 h 10 : bien entendu, aucune de ces propositions n'est incompatible avec les autres, et un Joyce tourangeau pourrait fort bien écrire un épais pavé sur les 24 heures de l'existence d'un flûtiste amateur de Bonnefoy qui va aux putes pendant qu'il fait réparer sa voiture au garage du coin de la rue Traversière. (Réflexion faite, ça ressemble plus à du Roussel. (Pas Albert, Raymond.))

mardi, 15 mai 2007

Toupet d'étoupe

Il est surprenant qu'une expression aussi fréquente que le livre des mines (qui donne son titre à ce fil) ne soit quasiment jamais employée. Naguère, j'ai pourtant vu, sous son apparente simplicité, se dessiner d'innombrables polysémies. Peut-être était-ce aussi sous l'influence du sonnet de Baudelaire, Le mauvais moine ? Non, je dois être en train de reconstruire à partir des virages récents qu'a pris ce projet d'écriture.

On s'interrogera sur les enluminures du mal. Il rejette le capuchon, elle voit la tête d'étoupe.

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Il peint les signes du sutra en trempant dans l'encre la queue du chat, placide, puis le disciple furieux, de la pointe du couteau dont la lame lui entaille la paume, grave les signes dans les planches du ponton, avant que, plus apaisés encore que le chat à la queue irrémédiablement noircie, les deux policiers n'aident le maître à peindre le creux des lettres de multiples couleurs (orangé, mauve, bleu, vert), en contournant délicatement le corps endormi du disciple épuisé.

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Vingt-sept tirets froissés, le temps de compter les billets. La guichetière prend son temps, et dans la file d'attente on s'impatiente. Guillaume est trop blond et sa colère galope comme le feu.

Ah, vous rédigez intégralement vos exposés ? C'est une très mauvaise habitude ! (Mais c'est un très bon travail.)

"Le roi prie, déjeune, termine sa toilette et est habillé." : celle-là, je vous la piquerai pour mon Livre des mines (auquel il est question que je me remette sérieusement).

Louis XIV. Abbés, p. 20 et p. 10.

 

C'était griffonné au dos de la fiche d'identification d'une certaine Camille Dugenoud. Demain est un autre jour. On comptera les saisons, et surtout on en reparlera, puisque la question même des sept âges de l'homme, des quatre saisons de l'existence, et autres fariboles ejusdem farinae, est au creux du corps du projet.

Journées dionysiennes, [13] : L'Arrière-pays, ou la nostalgie de Concriers

Mardi 1er mai, toujours. Onze heures et demie.

Je suis très influencé par les quelques pages que je viens de lire de L’Arrière-pays, qui font écho à notre errance du matin dans les paysages mornes et ternes entre Josnes et Talcy (par Isy, Séris et… quoi ? Concriers ?).

Je crois me rappeler que j’avais essayé de lire ce petit livre il y a déjà longtemps, et qu’il m’était tombé des mains ou n’avait pas su éveiller mon désir. medium_Journees_dionysiennes_1er_mai_2007_060.jpgIl y a aussi le souvenir, plus précis quoique plus ancien, du recueil d’essais de Bonnefoy, L’Improbable, que je prenais parfois, par désoeuvrement, dans la salle de lecture de la bibliothèque, au lycée Montaigne, que je feuilletais et auquel je ne comprenais à peu près rien. Comme j’avais découvert la poésie de Bonnefoy à la faveur des premières semaines d’hypokhâgne, je m’étais dit que ses essais devaient être plus abordables ; or, il n’en est rien, ou, en tout cas, ses proses sont beaucoup plus difficiles à qui n’est pas encore adulte. (L'est-on jamais ? Autre question.)

« Car alors l’invisible et le proche se confondent, l’ailleurs est partout, le centre à deux pas peut-être : je suis depuis longtemps sur la voie, il ne s’en faut plus que d’un tournant avant que j’aperçoive les premiers murs, ou parle aux premières ombres… »

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En écoutant Angelina de Bob Dylan, je me dis qu’après tout il n’y a peut-être aucun rapport entre ce titre et la chanson de CharlÉlie Couture, Angelina is known. (Et aucun rapport avec Bonnefoy ni « l’admirable Piero » d’ailleurs. (Pas de virgule : afféterie signifiante : Piero della Francesca, pour être de là-bas, est toujours d’ailleurs, étranger même à ses propres yeux.)

lundi, 14 mai 2007

Questions de traduction, Lucilius

Comme tous les beaux ouvrages oranges de la collection « Budé », le tome I des Satires de Lucilius que je m’apprête à rendre à la Bibliothèque Universitaire est d’une érudition impressionnante. Son auteur est F. Charpin (dont le prénom est introuvable, même sur la dédicace à l’encre violette qui figure sur la page de faux-titre, et qui, par ses pleins et ses déliés archaïsants, laisserait penser qu’elle a été écrite il y a des siècles, presque (or, le livre date de 1978)), et il faut remarquer qu’il hésite souvent entre une traduction « utile » (scolaire, au bord du littéral (je ne sais comment dire))* et une traduction plus respectueuse de la poéticité du texte. Ainsi, pour le fragment 19 du livre VII, il restitue admirablement l’écho allitératif esu-/ex-/excul- (repris par la série arr-/à la/aff-), de même que l’hypallage :

esuriente leoni ex ore exculpere praedam

arracher la proie à la gueule affamée d’un lion

 

En revanche, il est difficile de savoir si, dans le cas, du fragment 17 du livre VI, il n’a pas vu, ou pas su traduire, la contrainte alphabétique dans l’alignement des quatre termes forts (n, o, p, p) :

nequitia occupat hoc petulantia prodigitasque

 

qu’il traduit « ces gens se livrent à la débauche, à l’effronterie, au gaspillage », ce qui est très utile pour l’étudiant en mal de sens, mais frustrant pour l’amoureux de poésie. Je propose

tout le jour ce ne sont qu’ignominie, insolence et indiscipline

 

où la série j/i/i/i se substitue à la série n, o, p, p. La traduction est également plus resserrée et correspond mieux à la structure de l’hexamètre. Évidemment, il y a beaucoup à redire à la traduction de occupat hoc, d’un point de vue sémantique. (On tourne en rond, merde, on tourne en rond.)



* J’ai trouvé hier, en feuilletant notre vieux Folio jauni du Paysan parvenu, une citation géniale sur l’usage des parenthèses :

Jusque-là je m'étais assez possédé, je ne m'étais pas tout à fait perdu de vue; mais ceci fut plus fort que moi, et la proposition d'être mené ainsi gaillardement à la Comédie me tourna entièrement la tête; la hauteur de mon état m'éblouit; je me sentis étourdi d'une vapeur de joie, de gloire, de fortune, de mondanité, si on veut bien me permettre de parler ainsi (car je n'ignore pas qu'il y a des lecteurs fâcheux, quoique estimables, avec qui il vaut mieux laisser là ce qu'on sent que de le dire, quand on ne peut l'exprimer que d'une manière qui paraîtrait singulière; ce qui arrive quelquefois pourtant, surtout dans les choses où il est question de rendre ce qui se passe dans l'âme; cette âme qui se tourne en bien plus de façons que nous n'avons de moyens pour les dire, et à qui du moins on devrait laisser, dans son besoin, la liberté de se servir des expressions du mieux qu'elle pourrait, pourvu qu'on entendît clairement ce qu'elle voudrait dire, et qu'elle ne pût employer d'autres termes sans diminuer ou altérer sa pensée). Ce sont les disputes fréquentes qu'on fait là-dessus, qui sont cause de ma parenthèse; je ne m'y serais pas engagé si j'avais cru la faire si longue, revenons.

dimanche, 13 mai 2007

Ces “enveloppes datées” semblent avoir été perdues

Journal de Travers. Le filet horizontal de la page 1421 sépare le récit de la journée du 4 septembre 1976 de la date du mercredi 2 février 1977, soit cinq mois d’une rupture en grande partie compensée par les multiples crochets qui ont permis, sur près de 700 pages, de raconter les journées « intercalaires » (entre le 5 septembre et le 19 décembre).

En ce sens, le Journal de Travers est à la fois semblable à (et, dans son économie même, très différent de) ce volume de journal dont le titre m’échappe désespérément, et qui doit bien être Graal Plieux, tout de même (non ?) : dans le volume auquel je pense, il y a, au milieu du volume, une béance de deux mois (ou plus ?), en raison de l’exposition estivale au château de Plieux, qui avait accaparé toute l’énergie du diariste.

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      Diary/diarrhea (pour une petite histoire de la merde (et de l'adhérence)) :

W. m'a lu l'autre jour une phrase de Sollers (en italien, Dieu sait pourquoi, peut-être était-ce au sujet de Pasolini) où il était question de la merde. Je ne me souviens plus très bien - quelque chose du genre: il y a deux sortes d'écrivains, ceux qui parlent de la merde et ceux qui n'en parlent pas. Enfin, toujours est-il que la merde, et son apparition dans l'écriture, aurait représenté le fin du fin. Voilà le genre d'idées auquel il n'importe en aucune façon de croire ou de ne pas croire, d'adhérer ou de ne pas adhérer. Leur vérité éventuelle est tout à fait secondaire. Mais elles sillonnent péremptoirement la modernité, elles la signent et la modèlent. Leur valeur est de structure, et plus précisément de structuration. Accessoirement elles fonctionnent comme signes de reconnaissance, passeport, gage d'appartenance. Je suis moderne, on chie entre mes pages.

(Renaud Camus. Journal de Travers, pp. 1424-6.)

 

... ou imaginer comment traduire ici adhérer, sillonner, modeler (et la paronomase gage/pages).

samedi, 12 mai 2007

Michon mi-Chinon

Quand on a publié, le même jour, quatre billets dans son carnet de toile, et quand on s'aperçoit, le soir venu, de retour du Chinonais, que seul le dernier a attiré les commentateurs, on hésite évidemment entre quatre raisons pour expliquer cet état de fait :

  1. les lecteurs ne lisent que la dernière note publiée (et ce d'autant mieux quand elle est brève)
  2. les chats albinos sont un sujet plus intéressant que l'émasculation à l'aide d'un tesson de Samos, les fanes des carottes ou les déambulations dionysiennes vieilles de dix jours
  3. les lecteurs les plus récents préfèrent réagir au dernier commentaire qu'à une note
  4. la police Palatino Linotype est plus attrayante que celle-ci ou que T.N.R.

 

Tiens, pour changer de mes récriminations...: C. compte lire des textes de Pierre Michon. Quelqu'un aurait-il des conseils avisés ?