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lundi, 16 avril 2007

24 yeas & no eyes

Chloé ayant eu la très mauvaise idée de me refiler un de ces questionnaires comme il en circule tant sur la Toile, je m'y colle, pour lui complaire : 

1) Attrapez le livre le plus proche, allez à la page 18 et écrivez la 4ème ligne :

Il s’agit de Travels through France and Italy de Smollett, et, sans vouloir jouer les pédants, je tiens à préciser qu’il y a deux pages 18, l’une en chiffres romains (correspondant à l’introduction de Thomas Seccombe) et l’autre en chiffres arabes, avec le texte des lettres.

election, a satirist of no mean order. It gives us some (p. xviii)

Boulogne. It appears to be situated in such a manner (p. 18)

 

2) Sans vérifier, quelle heure est-il ?

Je dirais onze heures vingt-cinq.

 

3) Vérifiez :

23 h 27


4) Que portez-vous ?

Peignoir, et rien d’autre.

 

5) Avant de répondre à ce questionnaire, que regardiez-vous ?

Je rédigeais un billet pour mon autre carnétoile.

 

6) Quel bruit entendez-vous à part celui de l'ordinateur ?

Rien. Un très léger vrombissement, au loin, sur le boulevard.

 

7) Quand êtes-vous sorti la dernière fois, qu'avez-vous fait ?

Ce matin, pour raccompagner une invitée à la gare – ou hier après-midi pour visiter Azay-le-Rideau (où j’ai vu une étudiante, d’ailleurs, qui s’occupe du guichet où sont délivrés prospectus et jeux « La Piste de l’enfant roi »).

 

8) Avez-vous rêvé cette nuit ?

Allez savoir.

 

9) Quand avez-vous ri la dernière fois ?

Il y a dix minutes, je crois.

 

10) Qu'y a-t-il sur les murs de la pièce où vous êtes ?

Papier peint jaune clair et motifs enfantins hideux.

 

11) Si vous deveniez multimillionnaire dans la nuit, quelle est la première chose que vous achèteriez ?

Une maison d’édition (et un petit château de rien du tout, vingt pièces à peine, dans les environs).

 

12) Quel est le dernier film que vous ayez vu ?

Dieu seul me voit (ce soir).

 

13) Avez-vous vu quelque chose d'étrange aujourd'hui ?

Ma carte d’électeur de 2004, que j’avais égarée et viens de retrouver en faisant du rangement. (Non, je n’ai rien vu d’étrange.)

 

14) Que pensez-vous de ce questionnaire ?

Pfffftttt. (C’est une citation, hein.)

 

15) Dites-nous quelque chose de vous que ne savons pas encore :

Je suis capable de manger une vingtaine de madeleines en moins de dix minutes.

 

16) Quel serait le prénom de votre enfant si c'était une fille ?

Lirena.

 

17) Quel serait le prénom de votre enfant si c'était un garçon?

J’ai un fils. Dans ce carnet, il s’appelle A.

 

18) Avez-vous déjà pensé à vivre à l'étranger ?

Oui.

 

19) Que voudriez-vous que Dieu vous dise lorsque vous franchirez les portes du paradis ?

Il n’existe pas, alors il ferait mieux de se taire, celui-là.

 

20) Si vous pouviez changer quelque chose dans le monde en dehors de la culpabilité et la politique, que changeriez-vous ?

Deux cent cinquante ans de méfaits industriels.

 

21) Aimez-vous danser ?

Joker.

 

22) Georges Bush ?

Sans s.

 

23) Quelle est la dernière chose que vous ayez regardée à la télévision ?

Dieu seul me voit. (Y a de l’écho ici.)

 

24) Quelles sont les 4 personnes qui doivent prendre le relais sur leur blog ?

Madame de Véhesse, Fuligineuse, l’Amateur et Astolphe (bien sûr, & quoiqu'il n'ait pas de blog).

dimanche, 15 avril 2007

Tony Takitani, d'un désir hérésie

Un film qui laisse à penser que l’œuvre littéraire dont il est l’adaptation ne mérite pas qu’on s’y intéresse mais qui vous laisse, en revanche, profondément impressionné et désireux de mieux connaître le cinéaste, voilà un objet précieux de fantasme, un terrain de hantise.

 

En 1997, à Paris, je fis découvrir à des amis – dans la cave surchauffée qui tenait lieu de salle vidéo – un film qui revêtait pour moi une importance capitale, investi d’une valeur esthétique qui tenait autant au paysage (à la scène), qu’aux visages (aux faces) et à l’affrontement (au jeu). Il s’agissait d’Onibaba de Kaneto Shindo, un film de 1964 que j’ai regardé trois ou quatre fois, puis plus jamais revu (ni aucun autre du même cinéaste d’ailleurs). Je nageais alors en pleine période Ozu, et Onibaba, tout aussi génial, est une sorte d’anti-Ozu absolu.

Jeudi soir, j’ai découvert Tony Takitani de Jun Ichikawa. Ce film se signale par une technique de fondu linéaire et panoramique qui permet d’enchaîner les scènes au moyen d’objets-écrans : la caméra glisse, de gauche à droite, derrière une lampe qu’elle interpose entre la scène et le regard, le gris noircit puis, sur la droite apparaît progressivement la séquence suivante. Cette technique entrecoupante est très caractéristique du film (comme la musique de Ryuichi Sakamoto), en ce sens qu’elle donne rapidement une impression de surcharge, d’excès esthétique, qu’elle témoigne d’un désir outré, outrancier, exagéré. Que le cadrage et la mise en scène même soient le creuset où s’ancre le plus profondément le désir du cinéaste – et celui du spectateur –, il y a longtemps que je m’en persuade, et les films d’Ozu, en ce sens, furent une étape majeure. Ici donc, enchaînement surjoué des séquences ; présence envahissante de la musique ; effacement des dialogues par rapport à la voix off : une représentation en acte de l’obsession (thème (ou sujet ?) du film).

Dans la mesure où l’obsession crée le film, où c’est elle qui le porte, en enfante l’imaginaire autant que les images, on peut dire qu’elle en est le sujet. L’obsession a fait naître ce film de toutes pièces (obsession du prénom, phobie obsessionnelle tant de la vie de couple que du délaissement, obsession vestimentaire, obsession des machines et de leurs détails) et dans toutes les pièces : s’il est un point de rencontre entre ce film d’Ichikawa et le cinéma d’Ozu, c’est dans la passion des lieux, et singulièrement des lieux clos (les « pièces de x tatami » des nouvelles d’ Osamu Dazai). Lorsque l’employée de Tony, subjuguée par les centaines d’habits de la défunte et submergée d’émotion, se met à sangloter en allant d’un cintre à l’autre, c’est dans cette pièce qui n’avait été qu’à peine vue auparavant et sur laquelle la caméra s’attardera vide plus tard. Les piles, plutôt modestes, de vieux vinyls auront remplacé les tissus précieux, mais la pièce, elle, happe, si elle hante.

 

En revanche, la nouvelle de Haruki Murakami, si tant est qu’elle soit reprise fidèlement dans le texte lu en off, ne suscite pas, chez moi, le moindre désir. Déjà, j’ai abandonné à son sort, il y a quelque temps, un roman – Kafka sur le rivage – que C. a lu avec des sentiments mi-figue mi-raisin. Un bref survol de la Toile m’apprend, cependant, que Jun Ichikawa a réalisé une petite quinzaine de films… et Kaneto Shindo quarante au bas mot ! Tout un programme !

09:15 Publié dans Tographe | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma, Japon, Ichikawa, Shindo, Ozu

samedi, 14 avril 2007

En églogue

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Je suis allé pêcher un vieux texte (circa 2000, il se pourrait), intitulé En églogue, et dont je ne suis pas sûr qu'il ait un quelconque rapport avec cette troisième photographie de poisson d'avril.

Ecoute,

la bucolique n’est pas loin.


Sur ta chaise alangui

à lire les sillons

qu’aura formés ma main,

prends-tu le temps de vivre ?


Est-ce si important de

succomber au vacarme ?


La bucolique est là,

dans la mémoire avide.


Dans le souffle reçu au visage

à l’automne.

Dans l’affairement

du lézard le long des gouttières.


Ne la

laisse pas chanter seule.

22:33 Publié dans Fous d'avril | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie

Travaux prochains

C'est décidé (et pas seulement pour démentir les injures du petit complexé & carrément psychotique Juan Asensio) : je vais, d'ici peu, créer une colonne de liens permanents vers les notes de critique littéraire, mais aussi de critiques musicales et cinématographiques de ce carnétoile. Cela permettra un classement moins fouillis que le système des rubriques (ou catégories). Cela sera aussi l'occasion de soigner a posteriori la présentation des notes écrites en 2005, souvent mal justifiées, ou aux interlignes foutraques. (Je viens de le faire pour une note ancienne sur Yoko Tawada.)

Ceux qui me connaissent savent que je tiens aussi un autre blog, un poil plus "avant-gardiste" (whatever that means) ou "exigeant" (ouh la la, beurk...), et où se trouvent de nombreuses recensions idem.

12:05 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Littérature

Petit Faucheux, 13 avril : Lighting Up

Hier soir, au Petit Faucheux, deux quartettes proposaient leur lecture sonore de photographies de Jürgen Schadeberg. Musiciens non connus de moi, mais nous avions vu une belle exposition de Schadeberg lors de l’Été photographique de Lectoure, en 2005 (le jour même de la visite à Plieux).

medium_expectative.jpg

Face à une salle où s’extasiaient des relents de cuisine (d’oignon peut-être), le batteur du Workshop de Lyon, Christian Rollet, arborant un t-shirt Vilnius Jazz Festival, présenta le projet, né de la rencontre entre le quartette Heavy Spirits et le sien autour du travail de Schadeberg, puis créé dans plusieurs clubs ou salles sud-africains avant de s’exporter vers la France, comme ici. Comme il a hésité ensuite sur le nom du bassiste de Heavy Spirits, on a pu supputer que ce n’était pas avec lui que les deux groupes avaient tourné jusqu’à peu.

Les quatre musiciens de Heavy Spirits (Gershwin Nkosi, remarquable à la trompette ; Paul Vranas puissant au sax ténor ; Vincent Molomo calme à la basse ; Garland Selolo plein de résonances à la batterie) ont joué un premier morceau seuls, puis le Workshop de Lyon (Rollet, donc, tout en doigté ; Jean-Paul Autin, sax sopranino et clarinette basse (très peu, trop peu cette dernière) ; Jean Aussanaire aux saxes alto et soprano ; Jean Bolcato à la contrebasse) a joué une composition en quattrosolo aussi, avant que les huit lurons ne passent au plat de résistance, autour d’un montage vidéo réalisé par Jürgen Schadeberg lui-même et de films brefs du même (notamment une longue séquence montrant le président Mandela serrant les mains de dizaines d’adolescents).

Les compositions étaient belles, plutôt simples, très rythmées, lorgnant très gentiment (c’est-à-dire sans risque d’effrayer les béotiens) du côté de l’avant-garde (Gershwin Nkosi soufflant dans le pavillon de sa trompette, voix pseudo-chamaniques dans le dernier morceau, stridulences diverses). Une rencontre très assurée, dialogue entre plusieurs cultures musicales, assez surprenant par certains côtés, car, dans plusieurs compositions, c’est le Workshop qui s’enferrait (s'encuivrait plutôt, d'ailleurs) dans des citations de musique populaire sud-africaine des années 50.

Pour le bis, Rollet a invité un habitué des lieux, le trompettiste Jean-Luc Capozzo, à rejoindre l’octuor. C’était un peu décevant, car ils ont repris une des compositions déjà jouées, en la diluant un peu (pour l’introduction de Garland Selolo notamment). J’aurais préféré un bis dans un style différent, peut-être une reprise de standard : il me semble que l’univers sonore diffracté qu’avaient su créer les deux quartettes aurait fort habilement trouvé à se résumer dans une composition comme Caravan, par exemple.

Cela dit, tout cela ne manquait pas d’intérêt, et les images de Schadeberg n’y sont pas pour rien ; elles ne gagnent pas forcément à la mise en mouvement. Certaines photographies se présentaient successivement par un détail, puis par l’ensemble, puis par un zoom avant pointant vers un autre détail, etc. Or, ces photographies sont toujours merveilleusement construites, et ne requièrent pas tout ce cinéma (au sens technique & au sens figuré péjoratif).

Reste que Schadeberg doit bien signifier montagne de la désolation… et que des musiciens prénommés Gershwin et Garland, ça n’est pas rien non plus. J’ai bien « craqué » aussi pour le jeu tout en nuances de Jean Bolcato, le contrebassiste, qui avait une pêche de pandémonium et tenait la baraque de tous les belzébuths (d’autant que les quatre souffleurs du pupitre d’avant faisaient une jolie brochette de diablotins).

vendredi, 13 avril 2007

Pupille rouge

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Tu n'as pas tort, Fuligineuse. (Je travaille sans filet.)

jeudi, 12 avril 2007

86

Un sieur de La C.B.S.M. *

Ayant acquis un GSM

Rassembla son courage

Sillonna le village

Tout ça pour se trouver une maîtresse S.M. !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

* Désolé, mais La Chapelle-Blanche-Saint-Martin, ça ne rentre pas dans un vers de limerick !

Noyer le poisson

Une journée sans trouver le temps de récupérer les courriers électroniques, et divers messages (à caractère professionnel principalement) se sont entassés, accumulés, exigeant des réponses précises et, le plus souvent, urgentes. Je viens donc d'écrire quatorze courriels en vingt-deux minutes, dont un, plutôt long, à Chloé, afin de lui expliquer comment faire des liens hypertexte dans le module de rédaction H&F. Il faut maintenant que je mette en forme trois corrigés de traduction, & m'envoie les copies à la plume noire (rouge, verte, bleue).

Sinon, on nage dans l'imbécillité : ce matin, j'ai appris, par la maîtresse d'école de mon fils, que les parents qui accompagnent la classe de grande section à la piscine n'ont plus le droit (par avis exprès de l'inspecteur (dont on ne sait quelle mouche l'a piqué (peur de la pédophilie ?))) d'entrer dans l'eau et d'y aider les enfants, lesquels, âgés de cinq ou six ans, ne sont guère rassurés a priori. Si cette mesure inepte est confirmée, tous les projets piscine des écoles maternelles (et peut-être même des petites classes d'écoles élémentaires) risquent fort de tomber à l'eau.

mardi, 10 avril 2007

La caféine n'est pas dans les bulles (mais dans les bulots, allez savoir...)

Dans les vape(ur)s, ou évaporé tout le jour, voici que je ne m'endors pas du tout. Pas faute d'essayer pourtant ; ce doit être les quatre ou cinq verres de Coca sans bulles que j'ai bus, et me voici, gros malin, à pianoter, patraque, mais pas du tout endormi (un sacré mal de dos quand même). Et à me plaindre aussi, pour faire bon poids.

Il y a quelque temps, j'avais "séché" lamentablement devant un groupe d'étudiants de 1ère année, en leur parlant de crustacés, de crevettes et de... bulots. Pédagogiquement, c'était irréprochable : je pris l'exemple des bulots comme exemple de vocabulaire qu'il n'était pas nécessaire d'apprendre par coeur, et pour rappeler mon petit laïus sur l'apprentissage autobiographique du vocabulaire (késako ? ah, ah, je vous tiens éveillés, moi aussi). Or, le mot bulot (sa traduction), je m'aperçus que je ne le (la) connaissais pas. Non que je l'eusse connu et que je l'oubliasse à cet instant devant mes étudiants médusés : je ne l'avais jamais su. Bien évidemment, à la première pause qui me permit de me rendre dans mon bureau, je vérifiai la traduction de bulot au moyen d'un dictionnaire bilingue. Le mot que je lus alors, s'il paraît familier, n'avait, à mon humble avis, jamais croisé mon regard : un bulot se dit whelk.

Hier, voulant raconter cette histoire à mes parents, je ne retrouvai pas ce satané whelk. Vérification derechef, et whelk de nouveau. Comme ma mère pensait n'avoir jamais rencontré ce mot, je m'amusai à chercher, sur la grande Toile, certaines occurrences, que je collai dans un fichier Word, ce qui me permet de vous dire que l'on trouve ces bulots anglomorphes dans des textes de John Buchan, R. Cadwallader Smith, de H.G. Wells, de John Ward, de W.W. Jacobs,  de Saki, de George MacDonald, d'Annie Allnut Brassey (whoever that is), de John St. Loe Strachey, de Charlotte Yonge, dans un drame en vers d'Alfred Lord Tennyson himself, dans le volume 159 du magazine Punch, dans la traduction de l'Iliade par Cowper (au livre II), et même, tenez-vous bien, dans King Lear (mais sous forme de verbe). Tout ceci mériterait un détour par l'OED, mais bon... je vais aller voir si le Coca renonce et baisse la garde.

lundi, 09 avril 2007

Pêchez des arêtes chez votre rétameur

Totalement rétamé : rien avalé de la journée, mal au bide, e tutti quanti. Raconterai plus tard, donc, cette superbe journée Traduire Bob Dylan. On peut tout de même dire que la superbe photo en contre-jour qui ouvre le récit de François Bon représente mes collègues Fabienne Toupin et Stephen Romer, accompagnés (dans le bureau 44) de quatre étudiants, dont Tony et Maud. Tony nous a éblouis en fin de journée avec ses guitare & harmonicas.

Donc, patraque. (Pas une fois cette année, et ça tombe toujours au plus mauvais moment.) Je n'arrivais pas à dormir, alors j'essayais de lire, mais j'avais mal aux yeux, aux os, usw. Will someone stop me / From thinking all the time, comme dirait M. (qui n'est pas, ici, l'agaçantissime fils de Louis Chedid).

En attendant de nouvelles dylaneries (voire d'autres rinaldo-camuseries ou aussi extended Pynchoniana), je voulais vous faire écouter "Lexicon", un morceau du quartette de David S. Ware, dont j'ai parlé il y a quelque temps (mais tout le monde observa alors un silence poli ou gêné ou les deux).
podcast

vendredi, 06 avril 2007

Ma vie sur un coin de table

Franchement rarement été aussi crevé de ma vie, en plus je viens de m'apercevoir que j'ai oublié de prendre les photocopies pour l'atelier de demain à la Reprographie. Faudra faire sans, quel innocent ! La force de rien, je colle ici, tout benoîtement, mon ébauche de traduction (inachevée) de My Life in a Stolen Moment de Dylan.

 

Ma vie sur un coin de table

 

Duluth c’est une ville du Minnesota qui vit du transport fluvial de minerai

Construite sur une falaise rocheuse au bord du Lac Majeur

J’y suis né – mon père y est né

Ma mère venait d’une région plus au nord le pays du Fer

Le Pays du Fer est une longue traîne de villes minières

De Grand Rapids à Eveleth

Nous avons déménagé pour aller y vivre dans la famille de ma mère

À Hibbing quand j’étais jeune

À Hibbing il y a la plus grande mine de forage du monde

À Hibbing il y a des écoles, des églises, des épiceries – et une prison

Il y a un cinéma et au lycée il y a une équipe de football américain

À Hibbing le vendredi soir il y a des bagnoles trafiquées qui roulent à fond la caisse

À Hibbing il y a des petits bistrots où on joue des polkas

Si on se trouve à un bout de Hibbing on voit parfaitement l’autre côté de la ville

Hibbing c’est une bonne petite ville

J’ai fugué à dix, douze, treize, quinze, quinze ans et demi, mais aussi à dix-sept et dix-huit ans

On m’a chopé on m’a ramené presque à chaque fois

J’y ai écrit ma première chanson, pour ma mère, et ça s’appelait « À ma mère »

J’ai écrit ça quand j’avais dix ans et l’instit m’a mis un 15

J’ai commencé à fumer à onze ans et j’ai arrêté juste le temps de reprendre mon souffle

Je ne revois pas trop chanter mes parents

En tout cas je ne me revois pas échanger des chansons avec eux

Plus tard j’ai étudié à l’Université du Minnesota avec une bourse bidon que je n’ai jamais touchée

J’étais en fac de sciences et je me suis fait recaler car j’avais refusé de voir mourir un lapin

Je me suis fait virer du cours d’anglais pour avoir injurié le professeur dans un devoir

J’ai échoué à l’examen de communication parce que j’appelais tous les jours pour dire que je ne pouvais pas venir

En espagnol j’ai réussi mais ça je le savais d’avance

Je traînais dans un foyer et j’y étais si bien

J’y suis resté jusqu’à ce qu’on me demande de devenir membre

Alors je me suis installé chez deux filles qui venaient du Dakota du Sud

Deux nuits juste dans un F2

J’ai traversé le pont gagné la 14ème Rue et ai emménagé au-dessus d’une librairie qui vendait aussi des hot dogs infects des maillots de basket et des statues de chiens

Je suis tombé amoureux d’une petite actrice qui m’a cogné dans le bide

Et je me suis retrouvé à l’est du Mississippi avec une dizaine de potes dans un squat juste en dessous du pont Washington au sud des Sept Carrefours

Voilà à peu de choses près mes années d’étudiant

Après ça en stop je suis allé à Galveston, dans le Texas, en quatre jours

À chercher un vieux copain dont la mère m’a ouvert la porte

M’a dit il s’est engagé

Le temps qu’elle referme la porte de la cuisine

J’étais déjà en Californie, et presque dans l’Oregon

Dans la forêt je suis tombé sur une serveuse qui m’a pris en stop

Et m’a laissé quelque part dans l’état de Washington

En dansant j’ai quitté la fête des Indiens à Gallup, Nouveau Mexique

Le Carnaval de la Nouvelle Orléans, en Louisiane

Le pouce tendu, tombant de sommeil, le chapeau relevé, la tête bien enlevée

J’errais j’en apprenais des tonnes

Je me faisais ma petite Dépression

Ça m’éclatait de voyager en train de marchandises

Ça me faisait marrer de prendre des gnons

Je touchais quelques dollars à couper de l’herbe

Et quelques cents avec mes chansons

J’ai fait du stop sur la 61, la 51, la 75, la 169, la 37, la 66, la 22

La Gopher Road, la 40 et la HJ Turnpike

On m’a soupçonné de vol à main armé – jeté en prison

On m’a gardé quatre heures en cabane pour une histoire de meurtre

On m’a chopé parce que j’ai une drôle d’allure

Et j’avais rien fait d’ tout ça

Dans tout ça j’ai pris le temps d’apprendre à jouer d’ la guitare

Dans tout ça j’ai pris le temps de commencer à chanter

Dans tout ça j’ai pris le temps de commencer à écrire

Mais jamais j’ai pris le temps de savoir pourquoi

J’ai pris le temps de faire ça – quand on me demande

À moi pourquoi et où j’ai commencé, je secoue la tête j’esquive des yeux et je m’en vais sans dire un mot

Après Shreveport j’ai atterri à Madison, dans le Wisconsin

De Madison on s’est fourrés à cinq dans une petite Pontiac

Et on a filé droit vers le sud direct vers l’est et 24 heures après on était encore sous le tunnel de l’Hudson

On partait dans une tempête de neige on disait adieu de la main aux trois autres, on s’est baladés sur MacDougal St avec cinq dollars en tout – mais on n’était pas pauvres

J’avais ma guitare et mon harmonica

Et lui il avait les fringues de son frère à mettre au clou

Au bout d’une semaine il est reparti à Madison et moi je suis resté

[...]

jeudi, 05 avril 2007

Traduire Bob Dylan tous azimuts

Pauline, une des étudiantes qui va participer à l'atelier Traduire Bob Dylan après-demain (et qui fit partie des recrues de la première heure !), vient de me signaler qu'elle avait, de son côté, travaillé sur Blowin' in the Wind, Mr Tambourine Man et Subterranean Homesick Blues.


podcast

Je me repasse cette dernière, suis plutôt inspiré, me dis que je devrais me pointer aussi samedi avec mon ébauche de traduction de My Life in a stolen moment (Ma vie à la dérobade).

Traduire Bob Dylan rue Ronsard

Cela tournait dans ma tête depuis quelque temps. Man of Peace fait partie des chansons de Bob Dylan que j'aimerais bien traduire (même si elle n'est aucunement prévue pour samedi). La question de la traduction des références bibliques me taraude depuis longtemps (et je l'ai croisée souvent), et c'est l'une des raisons de mon intérêt pour ce texte-ci.

Ce matin, marchant dans la rue, j'ai trouvé une traduction "chantable" de la première strophe, que je propose ci-après. Content des rimes internes, très riches, mais c'est le refrain qui cloche (work in progress).

Look out your window, baby, there's a scene you'd like to catch,

The band is playing "Dixie," a man got his hand outstretched.

Could be the Fuhrer / Could be the local priest.

You know sometimes Satan comes as a man of peace.

 

Regarde un peu par la fenêtre, il s'en passe de belles :

Un orchestre qui joue Dixie et un homme qui fait la quête.

Ce pourrait être Hitler

Ce pourrait être un prêtre.

Satan est adroit, parfois, il prêche la paix (je crois)

Passange

Entre la cage vitrée et le tableau vert-igineux*, j'entends un collègue d'une soixantaine d'années (et que je ne connais pas) lancer un À plus ! retentissant à deux étudiantes. Nous nous dirigeons vers la bibliothèque universitaire, et je l'entends siffloter les premières mesures de Funky town. Deux détails insolites, dont l'un seulement surprend, au su des générations.

 

* Comme je cherchais, sur la vaste Toile, certaines occurrences de l'expression tableau vertigineux, je suis tombé sur cette page, d'autant plus intéressante que l'extrait proposé de Moi aussi ** s'intitule Regarder un autoportrait... et que le tableau de Norman Rockwell n'apparaît pas dans la fenêtre !

medium_rockwell.2.jpg
** Philippe Lejeune is everywhere !

14:34 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

Help is coming (so you say, Ayo !)

Tout va très bien, lady Marchioness.

Cette semaine, en sus du travail ordinaire (déjà pas piqué des hannetons), j'organise la journée Traduire Bob Dylan, je remplace (comme la semaine dernière et la semaine prochaine, et bénévolement !) une collègue tombée gravement malade ; petit plaisir supplémentaire, les copies commencent de pleuvoir de tous côtés.

Pour tout arranger, j'ai dû boucler lundi l'organisation des examens oraux de L3, ce qui est théoriquement le travail des secrétaires mais que je prends habituellement sur moi : la bagatelle d'une douzaine d'heures de travail à compulser des fiches individuelles, créer douze jurys avec répartition des 120 candidats, puis report du tout dans un tableau alphabétique des étudiants, envoi des informations aux collègues, affichage pour les étudiants, etc. Eh bien, depuis mardi, comme si ça ne suffisait pas, j'échange des courriels avec un collègue qui est persuadé d'un déséquilibre (tout à fait imaginaires) et d'injustices flagrantes (complètement chimériques) dans la répartition des candidats par matières et m'accuse de je ne sais quoi.

Zen, surtout rester zen !

12:21 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne, Université

Lire Renaud Camus, c'est renversant

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Techniquement, pas un autoportrait. Peut-être le trucage vaut-il "autorité" - ou l'appropriation, dans le style Nouveau Nouveau Roman, propriété intellectuelle ?

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Assommé sous le travail et les basses tâches, accaparé aussi par trois autres lectures en cours, je n'ai guère avancé dans le Journal de Travers depuis dimanche : hier soir, je devais en être aux alentours de la page 300 (soit même pas au cinquième de l'ouvrage (certes volumineux)). Or, ce que je voudrais noter ici, en toute hâte, c'est qu'une fois encore ce qui me séduit, dans la fréquentation de cette vaste oeuvre, c'est le démon de l'association, que je partage pleinement avec Renaud Camus. J'entends par là que la passion de R. Camus pour les signes et leurs métamorphoses, mais aussi pour les croisements formels les plus inattendus, rejoint la mienne ; mais, par ailleurs, immanquablement, à peine ouvert un tome de son journal, les coïncidences commencent à pleuvoir. Ainsi, ai-je passé trois heures à écumer et esquiver l'exposition Objet Beckett samedi avant de me rendre à la présentation du Journal de Travers ? Y ai-je écouté un entretien avec Raymond Federman ? Y ai-je admiré les différentes phases de la collaboration entre Beckett et Jasper Johns pour Foirades / Fizzles ? Eh bien, dans les 150 premières pages du Journal de Travers, il est question du retour de Jasper Johns à New York après sa collaboration avec Beckett, mais aussi d'un des livres que les éditions Denoël soumettent à Camus pour qu'il en fasse un compte rendu... livre dont l'auteur n'est autre que Raymond Federman. Que le patronyme de Federman signifie homme de plume, ou que le nom de Jasper Johns se prête à d'eventuels onzains acrostiches, n'est pas non plus étranger à cette vertigineuse empoignade dans le monde des signes.

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ARC-SEIN : RACINES

(Nous ne faisons que nous entregloser.)

mardi, 03 avril 2007

Le Lys d'Or, mardi dernier, 3

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Dans les prés fleuris cueillir la violette. Essaie d’attraper en fait le socle violet de la pyramide. La couverture du petit livre rose tout au fond contre le mur ressemble beaucoup à celle de : The Body in the Mind dont Mark Johnson est l’auteur. Cette teinte violette est reconnaissable entre toutes. La rose absente de tout bouquet. J'étais aussi sur fond noir, colonne violette. Je finis par me décider.

Binocles, centons, proffance ; ceci est un billet bipartite.

Bob Dylan ici, approche en plané

Obsession ? Il ne faudrait pas écouter Tweedle Dee & Tweedle Dum pour la dix-huitième fois en trois jours. Il y a tant d'autres chansons de Bob Dylan que je connais mal, ou pas du tout. Celle que je viens de citer est la première du pénultième album, Love & Theft, qui m'avait d'abord surpris, déconcerté, découragé. En fait, après quelques écoutes, c'est un des plus beaux*.

Ce samedi, ce sera - sans que je perçoive tout à fait comment ça va se dérouler - l'atelier "Traduire Bob Dylan" sous la houlette de François Bon. Finalement, il se trouve quasiment une trentaine d'étudiants motivés pour cette journée pourtant placée au pire moment : un samedi, et sur le week-end de Pâques en sus !

François Bon m'a écrit pour préciser que l'essentiel de nos réflexions porterait sur Ballad of a thin man, Desolation Row, Visions of Johanna, mais aussi les 11 épitaphes (que je ne connais pas (honte à moi !)) et My Life in a stolen moment.

Cette semaine, de toute façon, c'est encore, outre le boulot habituel, la panique : organisation des examens, remplacement d'une collègue malade pour trois de ses cours,  préparation des partiels, préparation de l'atelier, usw. Du coup, je ne pourrai pas prendre le train fantôme à la B.U. cette après-midi et devrai me contenter de ce que le chauffeur-lecteur François en écrira sur son site.

Bien entendu, il y a aussi la pile de livres toujours plus volumineuse qui menace de s'effondrer sur moi dans mon sommeil, les quatre en train (même pas fantôme) et les dix ou douze lus qui me supplient d'écrire quelque chose à leur sujet ici ou dans mon autre carnétoile, oui, de tirer quelques paragraphes des notes jetées tout à trac sur les brimborions de papier glissés entre leurs pages.

 

* De Love & Theft, il faudrait dire, surtout, que le déclic est venu quand j'ai entendu les centaines d'échos nappés à Bo Diddley ou Robert Johnson. Du miel de millefleurs. Honeymoon blues, anyone ?

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Un vieux dragueur du Boulay

Trouvait tous les caribous laids.

C'est très original

De haïr l'orignal !

Et toutes de penser : "Mon Dieu, mais quel boulet ! "

 

 

Le Lys d'Or, mardi dernier, 2

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Elles sont crades, ces tasses. La littérature aussi c'est sale c'est du propre tiens ce n'est pas ça la littérature si c'est sale ah littérature ! Globuleux les orbes dessinent une sorte de pendule double, une pour les heures l'autre pour les minutes, et si le résidu le café sec collé c'est le passage du temps alors ce sera quoi la saleté la salle étroite la porte étroite par laquelle entrer. Il est six heures dix, ou bien une heure et demie allez savoir. J'ai ça le chocolat dans le nez j'ai ça le chocolat en horreur j'ai sali ma chemise.

lundi, 02 avril 2007

Le Lys d'Or, mardi dernier, 1

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Vous ne croyez pas, tout de même ?

Oh, juste le temps d'attraper l'appareil. Elles sont sales, mais...

Le placement des cuillères, c'est savant.

...

Non seulement vous me faites tenir des propos imaginaires mais vous avez la goujaterie de ne pas répondre ?

Oui, elles sont sales, ces tasses.

...

Oui, je fais toujours ça. Vous savez, ici je vous invente.

 

84

There was once a wowser

Who had no Web browser.

Living close to the Loire

Was indeed so bizarre

For this Webbrowserless wowsering din dowser !

 

Lire Renaud Camus, ça donne la grosse tête

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Au moins personne ne risque de prendre le message de travers...

dimanche, 01 avril 2007

Fous d'avril

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Reçu ça hier. Sais qui c'est.

Wagon huppé

Samedi, 21 h 35. 

Cet enfant qui s'amuse, par une phrase d'une syntaxe complexe et parfaitement maîtrisée, à jouer sur la proximité des verbes pouvoir et puer au participe passé me fait penser à mon fils - peut-être à mon fils dans deux ou trois ans ?

Avis important

Contrairement à ce que s'imagine Zvezdo (dont Madame de Véhesse s'évertue (ou s'obstine) à prononcer le pseudonyme Zvedo), Aurélie et Astolphe Chieuvrou ne sont pas deux de mes hétéronymes. La première est une ancienne étudiante ; j'ai rencontré le second, personnage tourangeau mythique s'il en est, il y a quelque dix jours, ce qui fut narré dans ces carnets.

Comme j'ai plusieurs blogs, je ne signe jamais, sur chacun, que de mon nom d'auteur : ici, dans Touraine sereine, je signe toujours de mon prénom, de mon nom complet ou de mes initiales. Si je me permets - ce qui reste rare - une facétie dans la signature d'un commentaire, je fais toujours figurer un lien vers TS.

 

(Très narcissiquement, il ne glissa, dans les multiples liens, qu'un seul envoi externe.)