mardi, 19 juin 2012
Birth
Le linge étendu, encore risques de pluie.
Le doux Anthony et Max le méticuleux soufflaient battaient comme fous. C'était en 1978, semble-t-il, et pourtant c'est aujourd'hui. Le texte se trouve dans une de ces phases dont j'ai souvent déploré l'existence, celles où tout est trop facile. On n'a pas idée de ne pas avoir d'imprimante qui fonctionne correctement, ni chez soi ni dans son bureau (problème de toner).
Pépiements. Peut-être ai-je déjà noté combien, par ces journées humides, en juin, l'odeur des troënes est envoûtante. Je crois qu'il n'y a pas de tréma, mais un simple accent grave. Troène, troëne. Poëme, poème. Qu'importe. L'odeur, quand on longe une haie du quartier des sçavants (savants, savànts), est envoûtante, presque autant que celle du chèvrefeuille.
Soufflez, il en sortira toujours quelque chose. Pourra-t-on, avec troène et toner, relancer Entre Baule et Courbouzon ? Peu probable. Pépiements.
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mardi, 08 mai 2012
Hollande jaune et rouge
Nous avons visité Collonges-la-Rouge le 14 juillet 2006.
Le même jour, les haras nationaux à Arnac-Pompadour. Il s'y tenait (à Arnac) la Fête de l'âne, à l'occasion de laquelle nous pûmes voir celui qui, entretemps et il y a deux jours, est devenu Président de la République. Sur la seule photo, un peu floue, que je pus saisir de ce moment, on le voit de face, et saluant cinq jeunes musiciennes en casquette – des deux du milieu, de dos, on ne voit que la queue de cheval qui s’échappe par la fente de leur couvre-chef – et dont l’on distingue qu’elles appartenaient à une sorte de fanfare baptisée Les Vicabos, et dont, par le truchement de Google, je découvre qu’elle est située en Aveyron et se proclame banda.
Avec les mots rouge, Arnac, âne, banda, casquette et prairie, il y a de quoi poursuivre, de façon plutôt champêtre, rustique, complexe, verdoyante, bucolique et, partant, églogale. Le réseau sémantique capillaire (queue de cheval ? queue-de-cheval ?) n'est pas à négliger.
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vendredi, 23 mars 2012
Arc-de-linotte
23 mars 2012. — Ab Baars fit ce périple avec nous. Il rentrait de trois semaines affreuses à Astana, et dans cette ville il avait enregistré deux albums, un avec son ami Wolter Wierbos et des musiciens kazakhs, l’autre en duo avec le pianiste Viktor Khomenkov. Tout s’était très mal passé, surtout la bouffe était, disait-il, dégueulasse. Au moins aurait-il aimé ne serait-ce qu’effleurer un peu de ce vaste pays, en dehors de la capitale née de rien, même pas des ruines. Les cuisiniers, là-bas, confondent mardi et vendredi. (Ainsi disait-il – une expression qui nous échappait, mais Ab souvent entassait de telles formules.) Dégoûté, il est. Revient avec des roubles en skaï. Son sax dessine des arcs, il doit tout reprendre à zéro. Il était heureux, disait-il, de nous accompagner un bout de chemin, peut-être pas, tout de même, jusqu’à l’estuaire. It’s now the taming of a shroud. La nature se tape un bol à la santé du rossignol. En 2009, c’était une autre affaire. Mais ce voyage-ci, ce périple (comme nous avons pris pour habitude de l’appeler), est une autre paire de manches. Ab Baars ne connaît pas Saint-Vaast la Hougue. Et alors, cela vous paraît-il anormal ?
Je craque.
Rien n'est résolu, tout se calme. Le texte se fissure.
Je craque, je craque aux entournures.
Il était une dame Tartine. Ça vous apprendra à écrire un premier jet, puis à ajouter à l’infini des phrases au milieu des phrases, même vous, vous n’y comprenez plus goutte, bien fait.
Ah enfin, on respire, on prend un bol d’air, c’est le printemps (un filet de sang qui se répand sur le plan), et Ab Baars sort son ténor, le monte précautionneusement devant nous, on s’est tous installés sur un talus, une levée au-dessus de la Loire, et tous nous l’écoutons, quel plaisir. Ab respire, s’éponge, quel plaisir de l’écouter. Ab aime le mot tocard. Il le prononce un peu à la maghrébine. Il est heureux de jouer, quel plaisir, ce talus, quel plaisir de l’écouter. Lui dit qu’il veut s’envoyer une pleine fricassée de poissons (il confond, je crois, avec le mot friture). Quel plaisir de l’écouter. Il nous joue des airs traditionnels, improvise des fureurs, et termine en rigolant derrière son bec, en se rengorgeant, par de vieilles chansons françaises. C’était en mars. C’était en mars. Il a rendu les armes, déposé son frac, plié sa jaquette. Ab nous enchante, tous nous nous sommes levés. Christelle entonne la vieille chanson. Il était une dame Tartine. La connaît par cœur.
La couverture craque. Craque aux entournures. N’avez-vous pas boutonné, de travers, votre veste ? Le texte, à peine repris par-dessus l’encre séchée (craquelée), se fissure. (Vous confondez, je crois, Sylvain Beuf et Claude Becq. Je craque, craque aux entournures.) Le texte se fissure déjà. — Vous confondez, je crois, avec le mot friture. Vita brevis. On s’aperçoit, dans un pouffement, que Bernard (encore lui ! encore Bernard ! la chatte me griffe, mécontente de voir revenir ce triste sire ! rôdait-il du côté de la salle 67 ??) confond La Teste et Saint-Vaast !!! Comme nous ne sommes pas loin de Saint-Lambert, on pourra le détromper. D’une part, le saxo ; on the other hand, l’aquarelle.
Les indices sont suffisants pour qu'on soit certain que quelque chose se passe. D’un côté, Cortazar ; de l’autre, les églises. Ab Baars entasse divers objets dans son havresac, et vogue la galère, on reprend la route, on n’est pas fatigués, il joue du ténor tout en marchant à vive allure. Il lui tarde de s’empiffrer de fricassée. C’était en mars. Continue le périple (comme nous avons pour habitude de le nommer). Nous allons détromper Bernard. Vous confondez, je crois, percaline et porcelaine. Le texte se fissure, tandis que continue le périple, et vous fêterez, dans les crevasses (les craquèlements ?) du texte, vos noces de froment.
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mardi, 20 mars 2012
Entrée du damier
Mardi 20 mars 2012 ╚→ Avoir le bourdon n’est pas donné à tout le monde, surtout au premier jour du printemps. Lorsque trois ans seront passés. Lorsque trois ans furent passés. Après trois ans, j’ai poussé le grillage et découvert, délavées par les intempéries, pas moins de vingt-quatre photographies – là, dans le jardin. Curieuse exposition, entre les murets affaissés, le portique rouillé, les ronciers brûlés par l’hiver. Même au premier jour du printemps, je voyais tout – une pause dans le périple : des escarpins dont le motif était un damier rouge et noir, de larges flaques de sang, les chevrons du réfectoire, un geste sirupeux du vieux violoniste, une belle phrase au feutre fin dans un livre d’or, les trois jeunes virtuoses debout pour le salut (et un peu compassés, mal à l’aise), un feu rouge flou en gros plan, diverses vues de l’église à moitié ruinée saisies au clair de lune, le piano sans pianiste. Etc. Ils se poursuivent en albums de ténèbres. C’est surtout le damier rouge et noir dont le souvenir me revient, après trois ans, et malgré le délavé de ce début de printemps. Au terme du périple, on ne balancera pas, on poursuivra le périple. Causa ruboris eram. On lancera des piques sans fard, on ne se permettra pas d’avoir le bourdon – même au premier jour du printemps – et on s’interrogera sur la disparition des grandes affiches métalliques du cirque Zavatta qui bordaient l’avenue Maginot. Il sera temps de porter, pour la première fois, ces élégantes chaussures marron à bout pointu, tout en songeant toujours au meilleur moyen de saisir, sans passer par le truchement (la tricherie) de la photographie, le damier rouge et noir des fugaces escarpins. Nouvelles godasses, premier jour du printemps. Causa ruboris eram.
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mercredi, 23 novembre 2011
Madrague
Sont-ce des jours ou des années ?
Ils passent en maugréant près de la remorque peinturlurée, recouverte d'inscriptions et des mots drogues et information dans divers coloris et diverses polices. Elle n'est pas peinturlurée, mais elle enlaidit le paysage, la vue sur le pont Wilson, avec le large épicéa, du coup comme tronqué, ou castré. De telles images, pour un conifère ! Toujours est-il que la remorque aux lettres bleues et vertes enlaidit bel et bien le paysage. La seule drogue, c'est la drague. Ils passent tout de même en maugréant.
Bernard n'a plus dit mot depuis qu'il a été rabroué. Denis ne parvient pas à décider s'il faut un ou deux r à "carriole". Il fallait que ce soit dit, et même si l'histoire de la musique n'en sort pas grandie, mais Yvonne Loriod était un tromblon ! Bernard n'a plus dit mot, mais il regarde, lui aussi, la remorque, avant de tourner les yeux de l'autre côté, vers le haut de la rue Nationale, où l'on voit trois jeunes filles, de vert forêt vêtues, sortir d'un bar-tabac, et l'on peut imaginer que l'une d'elles vient de faire valider le ticket qui lui rapportera des dizaines de millions à la loterie.
On ne trouve, dans son oeuvre, à aucun moment, le mot "gourdes", pas même au singulier. Pourtant, Denis a dégainé sa gourde et la tend, sans mot dire, à ses compagnons. Bernard ne voit rien, il mate les trois jeunes filles vert forêt. Il fait frisquet, ce matin de janvier novembre, un vent froid glace les joues déshabituées de la bise au point de suggérer le concept biscornu, amalgamé, de discohérence. (Tout comme sur la remorque du camion d'information sur les drogues, il faudrait ici tout un jeu de polices et de coloris, mais je n'écris ces mots qu'avec un vieux stylo plume noir de marque Rilck F.) Alors, en matant les jeunes filles, surtout celle de droite, la moins élancée et la plus jolie, Bernard se souvient d'autres lettres, dans un parc, et des escapades en varappe du côté de Sils Maria. Grand bien vous fasse ! Denis s'est lassé de tendre sa gourde ; il boit une gorgée, la remet dans son bissac. Il fait frisquet, ce matin de janvier novembre, un vent froid. Un camion, posé là, poursuit ses activités secrètes jusque sur les bords de Loire. On est dans la ville des Parques, alors Florent a dû se résoudre à me téléphoner pour discuter avec moi des problèmes afférents aux enseignements d'espagnol et aux responsabilités pédagogiques dans la filière L.E.A. Vous avouerai-je que je repense souvent à cette seule fois où nous nous sommes promenés dans ce parc, avec ses grandes lettres, son triple zozo, etc. ? Vous avouerai-je que, depuis facilement seize ans, je n'avais jamais repensé à cette Liza ? Même à l'époque où (la jeune fille la moins élancée, la plus jolie, s'éloigne de ses deux camarades pour aller poser une enveloppe dans la boîte à lettres située près du manège) je faisais, plusieurs fois par semaine, le trajet en train du côté de Chambly et de Laboissière Le Déluge, jamais je n'ai songé à Liza, ni d'ailleurs relié son nom aux pièces de circonstance de Mallarmé. D'après moi, c'est à fond de cale. Cette année-là aussi, à Montpellier, chez Gilles, j'ai découvert les thielles sétoises. D'après moi, c'est à fond de cale. On peut écrire aussi sans h, mais ça ne te donne pas l'orthographe de "carriole", d'autant que, dans cette encre noire où les ouvriers allemands jetaient, à grands crachats, leur salive mêlée de bière, mon stylo plume de marque Rilck F se noie. Il n'y a pas de rature après criticature. D'après moi, c'est à fond de cale. Bernard, séduit par la démarche svelte de la jeune fille la moins élancée, en oublie de maugréer, quoi que l'on aperçoive, au loin, péniblement, le moderne monastère.
Denis s'agace, gourde rangée dans le bissac. Aristocratie des mains calleuses. C'est un couvent. Telles images. (Plus tard, bien plus tard, après un séjour dans un petit village du Poitou, il a dégotté -- chez une bouquiniste de Poitiers dont le gros chien, bâtard d'épagneul et de labrador très bravoulasse, lui fit fête, près du vieux bureau puant et encombré encore d'autres livres où se trouvait la "caisse" -- plusieurs livres, dont certains abîmés mais fort rares et qu'il désirait lire, et en particulier ce volume mythique et épuisé dont il avait lu de nombreux fragments épars sur le Web mais qu'il ne possédait pas et qu'il lut, d'une traite, avec tous ses embranchements, en moins de vingt-quatre heures, tout en jouant les femmes de ménage et les garde-malade.) Près de l'épicéa dont la remorque du camion chargé de l'information sur les drogues castre la vue (de telles images pour un conifère !), Christelle aura pu envisager, brièvement, de décrire avec minutie le village, et son séjour de quelques années là-bas.
Sont-ce des jours ou des années ?
(De la main de l'annotatrice : on ne trouve, dans tout le texte, ni le mot minutie, ni le mot épicéa, ni le mot castre.)
Il faudrait aussi, pense Christelle en admirant le regard, finalement assez peu reluqueur, dont Bernard entoure la jeune fille vêtue de vert forêt (de telles images !), ne faire de rien métaphore ou allégorie. C'est un projet colossal, qui demanderait moins de relâchement. Mais qu'est-ce qu'un lion paterne ? Ecrire de manière à éviter toute envolée vers l'allégorie, ce serait un projet colossal. Mais qu'est-ce qu'un lion paterne ? Mais qu'est-ce qu'un lion paterne ? Aucune métaphore, aucune ouverture vers l'allégorie ?!? N'a-t-elle pas été choquée, aussi, lorsque, s'étant interrogée à voix haute sur ce procédé qui consiste à employer un nom propre comme un nom commun et dont le nom persiste à lui échapper, ou à ne pas lui revenir, Guy lui a répliqué, assez brutalement (ce qui n'est pas dans ses habitudes), que cela relevait de la métonymie, et qu'en fin de compte tous les procédés relevaient de la métonymie ou de la métaphore, du syntagme ou du paradigme, donc qu'on se foutait à peu près du nom exact d'une telle figure de style. La poubelle est près du frigidaire. N'a-t-elle pas été, plus que choquée, blessée ?
Et puis, pourrait-on rétorquer au rétorqueur, à ce Guy qui a parfois été nommé Diadème dans ces pages, bien des figures de style, notamment de rhétorique, n'ont de rapport ni avec la métonymie, ni avec la métaphore. Nous avons blasphémé Jésus, la poubelle est près du frigidaire. Bien des figures de rhétorique n'ont pas de rapport avec la métaphore ou la métonymie. Que dire de la paronomase, de l'antimétathèse, de l'antanaclase ou de l'anadiplose ? De l'anadiplose, hein ??!? Nous n'allons pas toujours faire les singes, à faire des signes...
Sont-ce des jours ou des années ?
Passons à autre chose, vu que nous sommes obnubilés par les drogues, par cette remorque défigurante, et par les antimétathèses, qui pullulent. Et nous ne sommes pas allés jusqu'au parc national de Stone Mountain. Personne n'était high. Passons à autre chose, pense Christelle, qui ne se rappelle toujours pas le nom de cette figure de style (le vieux crésus ouvrit le frigidaire, dont il jeta l'intégralité du contenu dans la poubelle voisine), et par exemple, pourquoi ne pas souligner maintenant combien il est pénible que ni Ricardou ni les oulipiens n'aient vraiment conceptualisé la part de la fortuité, du hasard, dans les dispositifs textuels les plus complexes. Or ce nombre est comme par hasard le numéro du département dont il est ici question. La pensée de Christelle suit alors des chemins pleins de ronces, tandis que ses pas l'éloignent, par les platanes, de Tours. Bernard la rattrape avant La Riche. Il n'a pas soixante ans. Or ce nombre est comme par hasard le numéro du département dont il est ici question. Il n'a pas soixante ans. Il va bon train, parfois Christelle peine à le suivre. Il jacte sans cesse à présent, recommande encore une fois les mises en scène de Gilles Bouillon. C'est un peu gros. Il va à vive allure, marche très vite le long de la Loire (qui n'a jamais été aussi basse). Il va à vive allure.
« Mon TGV avait 6-7 mn de retard mais j'ai pu attraper le TER quand même. » Personne, à ce rythme, ne peut suivreBernard, qui spécule, par des chemins pleins de ronces, sur le sigma majuscule des Grecs. De la pinède des signes, vous entreverrez la vallée. Et, à ce rythme-là, les platanes auront bientôt perdu leur écorce. Le camion, on l'a planté là.
Il n'y a pas de platanes, au pays de Racan. Ni lion, ni camion. On ne rebrousse même pas chemin.
lundi, 17 octobre 2011
Malchanceux
13 octobre 2011
Nous en avons vu, des oiseaux pliés en plein vol. Icare encore. Gouache, aquarelle, brûlure et cendre, le regard des marcheurs se tournait du côté du moulin -- du moulin sur la rivière Floss, au moins, et au mois d'avril (le plus cruel mois). Sa manie de clore des phrases emberlificotées par des parenthèses ne l'a pas quitté, je renonce, dit la correctrice, à ce que je crois savoir. Au moins, et au mois d'avril. Avril, le plus cruel mois, je me rengorge, moulin, battre des ailes ce n'est pas rien... phrases brutes, emberlificotées, je m'embrouille, n'avance à rien. Oiseaux, donc, et vagues.
Oiseaux imprécis, écrasés, au vol brisé brutalement, oiseaux pliés en plein élan. On revoit le volatile plus tard, toujours de façon fugitive, au bord de la Loire, et même plus à l'abri du vent, en échappant aux bourrasques, se réfugier dans les salles vastes du Château de Tours (que l'on a saisi combien de fois par une imagination mécanique ?), bref se réfugier et revoir là aussi le volatile... mais plié en plein élan, pilé. Elle, donc, elle (pas Christelle, Anne, encore une nouvelle figure, encore un énième ectoplasme (qu'est devenu Bernard ?)) revoit, après avoir cherché à effacer de sa mémoire, et même de son passé, les explosions, les événements traumatisants, elle revoit le volatile, capté en miroir, prisé en relief, pris dans son regard, c'est terrible. Phrases embrouillées. Qu'est devenu Bernard ? Qu'est devenu Bernard ?
Anne (ce n'est que la première partie de son prénom composé, elle a le regard sûr, elle a marché longtemps avec les autres, leur périple le long du fleuve n'est pas rien, on pourrait s'y perdre, s'égarer (qu'est devenu Bernard ?)) revoit, car elle vit une longue file d'oiseaux qui volaient haut dans le ciel, en un vol rassemblés, un vol d'oiseaux traversant le ciel. Oiseaux, donc, regard sûr, vision précise, aucun flou, et vagues. Près de ce gouffre qui s'ouvre dans le sol (et qui ne rappelle pas le moulin sur la Floss, plutôt une bouche de métro - Charing Cross ?), elle voit cette file d'oiseaux, qui lui rappelle encore le mythe d'Icare. Icare encore. Elle évoque Bernard, et s'aperçoit qu'il est près d'elle, était-il aussi dans le château, près de la bouche de métro ? Bernard ne sourit pas, il a l'air figé dans son élan, et, comme il n'a pas levé le regard, il devient progressivement évident (pour Anne, pour personne d'autre) que c'est le colonel Sanders qu'il remarque.
Oiseaux pliés en plein élan. Revoir le volatile. Il sauta par la fenêtre au risque de se rompre les os. Au tableau noir (vert sombre, en fait, comme tous les tableaux noirs), la main a tracé les mots Icarus et Icarean, ainsi que les mots Zero at the bone et, plus mystérieusement : OS > OISEAU. Anne ajoute, dans ses notes : What's in a bird ?. Sachez-le, le tableau n'était pas noir, c'était un tableau blanc, et les mots avaient été, non tracés, mais inscrits au feutre rouge. (J'avais même plaisanté : out of the blue écrit en rouge.) Icare, tombé du ciel, out of the blue, écrasé par une bagnole. Remythification ? Qu'est devenu Bernard ? Il a disparu, encore, de sorte qu'Anne se demande si ce n'était pas une hallucination. Elle revoit le volatile, sa rétine le porte. Peut-être s'est-il brûlé à votre rétine, il faudrait ajouter les mots oeuf et oeil, toujours en rouge, puis effacer le tableau, et avec les inscriptions effacer le passé, les événements traumatisants, les tragédies, les incendies, les explosions. Faire qu'Icare atterrisse. (Utopie.) Faire qu'Icare vole. Icare, Icare. Icare encore. Icare (son vol achevé, ailes pas brûlées, intactes) est seul sans être à l'écart. Oh, arrête...
Oh, arrête. Oh, arrête ? Non, reprenons, plutôt. Reprenons mieux, de plus haut. De plus haut ? De haut ? (Au moment où Icare, splosh, flop, plouf, n'atterrit pas, amerrit, trouve sa tombe.) Anne se dit qu'elle a failli tomber de haut en voyant le diptyque dérangeant de Sacha Ketoff. Un malaise larvé. Tout a failli tomber à l'eau, dit-elle à Bernard qui la regarde, plus près qu'elle de la sorte de gouffre, bouche de métro, croix sans partage. Une angoisse larvée. Avec le nom de Sacha Ketoff, se dit Bernard (ectoplasme, nouveau masque du scripteur ?, s'interroge en marge la correctrice lassée de corriger les agaçantes parenthèses emboîtées et passant à l'ennemi (à la place du tableau noir gras de sueur il faudra fixer des couleurs, tel mot en rouge par exemple), participant elle-même de l'embrouillamini (phrases emberlificotées)), on pourrait commencer une série de poèmes acrostiches, 11 vers pour 11 lettres à l'initiale. Et si c'était des hendécasyllabes... Comme si elle lisait dans ses pensées, pense-t-il, Anne lui parle alors de carrés. Il comprend vite qu'il s'agit des oiseaux de Ketoff, pas de son projet. La chute dans la mer, dit-elle, ajoute-t-elle, entend-il, est comme une petite carie douloureuse mais marginale, dans le coin inférieur droit du tableau.
Reprenons (en avril, mois cruel, prends la file). Elle a une dent contre moi, pense Bernard. Reprenons de plus haut. Le volatile fugitif n'est pas l'oiseau plié en plein élan et fixé par Sacha Ketoff, qui n'est pas non plus Icare. D'Icare, il faudrait (acrostiche ou pas) étendre, s'interroger sur les prophéties, le labyrinthe. La bouche de métro n'est pas la bouche d'ombre n'est pas l'écume des vagues (ni des jours). L'un des onze styles (le onzième) est même qualifié de « sibyllin ». Oiseaux, et vagues. Vision précise, regard sûr, etc. (qu'est devenu Bernard, pense Bernard). La correctrice n'en peut plus. Anne, désorientée, constate que les oiseaux meurent, sont écrasés (on entend le craquement atroce de leurs os), pliés en plein élan, fouettés en plein vol (et pour la danse, j'ai mis «pirouettes» (c'est mauvais)), que l'homme-oiseau, l'enfant-oiseau, s'est brûlé les ailes trop près du soleil, que l'utopie est impossible, le retour en arrière illusoire. Meredith (qui doit son prénom à un autre George romancier de l'ère victorienne, un homme-plume) ne sera pas the highest high flier, l'apogée, la prunelle de leurs yeux, l'échelon le plus abouti de la reproduction des élites.
Bernard s'intéresse beaucoup au théâtre et nous recommande vivement une première de Gilles Bouillon. Il faut être fou. Anne passe outre. Envoie un pigeon ou un SMS. Anne s'intéresse beaucoup au théâtre et nous recommande vivement une première de Claire Diterzi. Pourquoi pas. Mais le message n'est pas passé, la Sibylle était aphone, le pigeon n'était rien d'autre, finalement, qu'un oiseau urbain malchanceux.
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mardi, 11 octobre 2011
Quasi cristaux
Je suis sujet à des évanouissements, à des éblouissements. Un grand cri dans la nuit, un grand Christ étoilé dans le noir, un grand crucifix au mur de la chambre, et un Christ humble, vivant et splendide accompagnant notre périple. Il n'y a pas de cheikh, ni de shaker. Personne abandonné, on écrase une larme. Eau et fer sont fréquents, offert se rencontreen tous lieux, dans les entrailles d'un poulet. C'est un voyage de mots. C'est un voyage de phrases.
On célèbre... quoi...? les quasi-cristaux ? on célèbre... est-on vraiment emballé ? ce n'est pas dit. Qui confond jeu de mots et calembour s'évertue à avoir raison. Une phrase compliquée, c'est un voyage de mots. C'est un voyage de phrases ! Tout de même, c'est un voyage, mais dans la pierre. Notre périple nous conduit parmi les promeneurs aux ombres à jamais immobiles. Nous y sommes. Phrases, pages que nous parcourûmes. Ce journal ne peut s'écrire qu'en devenant imaginaire. Les ratures pullulent, ça m'agace. Les ratages s'accumulent, ça dépasse le Suédois, ça surpasse les fourmis, ça fait une impasse. Les ratures pullulent. Les rats pullulent. On ne sera plus bien loin de La Teste.
La Teste ? êtes-vous fous ? nous descendons la Loire.
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jeudi, 29 septembre 2011
Comme une promesse de couperet
29 septembre 2011
Une chaleur furieuse. It was the scar together with the flowers. Christelle, qui a rejoint les autres embringués dans ce périple sans fin, se rappelle la chambre de la maternité. Dans son pays, dans sa contrée, on ne faisait pas tant d'histoires. Vraiment, c'est le bouquet ! Vraiment, c'est le bouquet !
Le bâtiment l'impressionne, rose pastel. Elle ne sait pas ce qu'elle doit encore imaginer, se prouver. Peu s'en faudrait qu'elle ne ressente une saine indignation, quatre syllabes se mêlant. Un ami à moi, sans qu'ils s'en aperçoivent, avait brisé la glace d'une sonnette d'alarme, les nuages roses alors s'éloignaient, buvant le vin des musiciens. De 1972 à 1978 (elle se rappelle la chambre de la maternité), il aura fallu passer des six lettres formant une seule syllabe lourde et voluptueuse aux cinq signes griffés que l'on prononce en deux temps distincts, comme une promesse ou comme un couperet, ou comme une promesse de couperet. Le nom me rompit aux charmes du monde. Et, près du Carrousel, je fus roué de coups. Cela s'appelle, en effet, briser la glace.
Vraiment c'est le bouquet. Alors, toutes les traditions se perdent, même dans les maternités. Nuages roses, envolés... Filer la laine près d'une fenêtre, pfffuittt... Cinq signes griffés, le nom difficile à dire sans y faire porter des siècles de lourdeur théologique, une syllabe fervente. Et peu s'en faudrait que Christelle, en se disant tout cela, en réfléchissant à ce qu'a été, jusqu'à ce périple, son existence, ressente une vive indignation. Pays des cicatrices. Il aura fallu six années pour se défaire d'un signe, gardant la lettrine, l'initiale. Nuages roses, puis je marche jusqu'au fleuve, contemple ce périple fou. Vraiment, c'est le bouquet ! Pays de cicatrices, et donc regarde le fleuve, vide ton verre.
Vraiment, c'est le bouquet. Tu m'as bien compris.
Avec tes amis.
Christelle, avec ses amis mais seule en elle aussi, poursuit le voyage.
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mercredi, 21 septembre 2011
Dans un café duveteux
................... 9 décembre 2010.
Les coings au four étaient le dessert préféré de Sir Isaac Newton. Je reprends de plus haut. Cela ne fit rire personne quand Guy demanda : "personne n'a vu ma fiole ?" (C'était une blague à tabac.) C'était une blague à tabac. Et celui-là n'était pas mûr (je reprends de plus haut). Adina prit un coing et dit : non, tu ne l'as pas lavé, il a de la fourrure sur la peau. Celui-là n'était pas mûr : ils sont trop verts, dit le renard dont la fourrure, chaque jour, rétrécit comme peau de chagrin dans l'appartement d'Adina. Celui-là n'était pas mûr. Déjà pourtant il déverdissait (par rapport aux feuilles, s'entend). Richard est bien heureux. Les heures passeront, les moineaux volèteront toujours dans le ciel, dans dix ou vingt décennies. J'aimerais en être sûr. Richard est bienheureux. Ce tapis vert de feuilles... Ai-je pris la photographie du coing (celui-là n'était pas mûr) depuis la fenêtre de la cuisine d'Adina ? Entre Richard (sa face biseautée, un peu en queue de pelle) et moi, il n'y a pas l'ombre d'un doute, ce coing-là n'était pas mûr (ce tapis vert de feuilles...), duveteux encore. Je lis Les Inachevés, dont le sujet (et même la langue, comme outrée par rapport à l'autre texte) est si proche d'Atemschaukel, lu il y a à peine plus d'un mois. Celui-là n'était pas mûr : mais tout, toujours, est inachevé, voué à l'inachèvement. Un recoin contient deux billards. Pourquoi toujours trois points de suspension, et pas quatre comme dans l'édition 1855 des Leaves of Grass, ou sept ou neuf ou seize (comme dans mon (encore inachevé (mais tout, toujours, est voué à l'inachèvement)) Journal de Tavers). Soleil, ne sois pas coruscant ! La petite rue de Montrouge, sans épicerie ni garage, est baignée de soleil. You're getting on my nerves ! Tu me tapes sur le système ! Le Melburninien de dire : on my quince ! Et, par ma foi, un recoin (voué à l'inachèvement) contient deux billards
et rien moins. Bon sang, mais c'est bien sûr ! Une telle exclamation, si fort qu'on veuille l'atténuer (même sans l'éternuer), ça s'entend. Non, ce coing-là n'était pas mûr (duveteux, vert clair encore). Non, vous ne savez pas ce que c'est, un bon fou rire, un qui fait mal. Les coings au four étaient le dessert préféré de Sir Isaac Newton. Mariotte n'en savait rien ; d'ailleurs, les coings lui donnaient des aigreurs d'estomac (What a stipended fool !), donc, même pour imiter Newton, que voulez-vous...
Il faudrait penser à ne jamais laisser la moitié d'un coing parce qu'elle sèche comme une fourrure, se racornit comme un brin d'herbe. (Avec quatre points de suspension, pourquoi pas ? Richard en est bien heureux et rien moins.)
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dimanche, 03 juillet 2011
L'Autour (I)
Mr. Wetblanket said he would buy the present (a painting and a brand new Nikon Coolpix) himself. Mon dieu, que dis-je ? La fenêtre ouverte sur la fraîcheur et le vent, sur le vent frais, il était temps de faire une pause, de brasser de l'air chaud - chaud, brûlant, de s'être perdu dans la dureté de matières arides (emplois du temps). Avez-vous vu Néron ? Avez-vous vu Néron, à l'aube midnighteuse de ce mercredi chargé ?
Enfin, c'était lors de ses soixante-et-un ans. On ne peut pas toujours faire semblant. La mort brandit sa longue faux. Il restait, à la femme assise sur le banc, bien des étés, bien des hivers. Ah, si la mort est une citation, vous me rassurez... Et, si vous avez pu faire une pause, admirer l'équilibre harmonieux d'une serre dont les montants n'étaient pas garnis de mousse et de lichen, on ne vous demandera ni où ni quand. Oublions seulement que nous prenions là, en correspondance, un char à bancs tiré par des mules, qui montait jusqu’à l’autre parc. Délaissant la marche à pied nous cavalions. Dévalions tous les sujets, sur tous les tons. Sans fausse pudeur. Ne ravalions rien. Entre les tennis, la statue de Verlaine! Pas possible, nous disions-nous.
Et (ne commencez pas de phrases par "et" ou "mais", soulignait la correctrice), finalement, le cadeau devint une reproduction de statuette chypriote, un fac-similé de carte de 1618 et un Coolpix. (Il fallait des fleurs. Mr. Wetblanket said he would order the flowers himself.) Il fallait aussi des fleurs. Aucune surprise, de ce fait, à lire de longs développements sur Elliot Carter sous la plume du diariste. (Evitez tous ces mots en mots en -iste, s'énerva la correctrice, scriptrice, décopiste.) Après les cent premières pages, Mr. Wetblanket déclara qu'il allait s'occuper personnellement de faire venir les fleurs.
Mon dieu, que dis-je ?
Un état final du texte, tandis qu'Eric et Cécile partaient chercher les fleurs (which Mr. Wetblanket had ordered himself), ne cessait d'être différé. Dans la mesure où l'état final du texte repose sur d'infinis palimpsestes, et des registres de différences, il ne saurait y avoir d'état final du texte. Alors, mon dieu, que dis-je ? Toujours en peignant des faucons, des autours dont les serres acérées ne trouent pas la toile, il pensait à la chasse. (Le cri entre en lice, à onze heures quand il fallait aller chercher les fleurs, avec des rumeurs de rôles, adagios, palmiers, nez aquilins.) Il pensait à la chasse ; le cri entre en lice. On entendit un cri (ce n'était pas Nietzsche) ; le peintre pense à la chasse. Un incendie se déclara, tandis que le cri vibrant entrait en lice (pour annoncer quoi ? les cadeaux ? a brand new Coolpix?!) -- avez-vous vu Néron ?
Peut-on dire du peintre qui peint des faucons, des autours, qu'il a un nez aquilin ? Nous y sommes enlevés à nous-même. Normal, dans pareil cas, que tout se dérobe, à commencer par la prétendue linéarité du fleuve, ou de notre périple qui s'est mué en excursion, peut-être en errance. Tout se dérobe, puisque les voyageurs se retrouvent souvent (l'autour (dans un bocal nocturne) a cédé la place à l'engoulevent), sont complices (le cri entre en lice), se détournent mais toujours se retrouvent, et dans la mesure où les lieux ne sont pas seulement ceux qu'ils avaient imaginé arpenter ou découvrir, au début de leur voyage, c'est-à-dire quand ils l'avaient conçu.
However, Mr. Wetblanket maintained he would go on being led astray.
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jeudi, 23 juin 2011
« Festőmályva »
Sally went out, picked hollyhocks. Sur l'image, prise un jour de juillet, je ne cherche pas à interpréter le rôle de Septimus, ni à donner l'illusion d'un qui serait victime d'obusite, mais, pris entre les lignes irrégulièrement verticales et doucement penchées de roses trémières aux couleurs variées (de droite à gauche : rose fuchsia, grenat, rose pâle, rose pâle au coeur lilas), je tente de contempler, et de donner un sens à ce qui n'est pas le mur. L'instant est si rare de lumière. De sérénité. Le vert pâle, à peine froissé, de la chemise, est juste rehaussé par le vert plus foncé des tiges. De l'autre silhouette, plus lointaine, on n'aperçoit que le haut. L'instant est si rare. L'instant est si rare.
Barbe se hâtait, un peu grisée, mais, après les hallucinations auditives (j'ai noté cela dans la nuit de mercredi à jeudi, peut-être étais-je déphasé ou décalqué), ne peut-on envisager que le suicide de Septimus soit une sublimation inscrite dans le texte, et non un appel au secours ? Katherine Rossy désapprouve, est sur une autre longueur d'ondes. Creepy Virginia. L'instant est si rare. Barbe se hâtait : Julie n'est pas Charlotte, et Janine n'est pas (vraiment) Josiane, n'est-ce pas Nelly et Josiane ? (Il manquait, dans notre périple, des voyageuses.) Creepy Virginia.L'air est lourd du parfum de la visiteuse, et c'est dans cet enfermement que je ne voulais pas me regarder : pas dans le mur, mais porté par la verticalité à peine penchée des roses trémières. (Festőmályva.)
A Cherbonnières, alors, je ne voulais pas imaginer d'autres journées, plus noires, ni d'autres tiges - d'un violet singulier, zébré de jaune. L'anthracite prend si facilement le dessus (Barbe se hâtait, un peu grisée), dans nos vies, et même dans nos étés, et même dans les moments où l'on voudrait s'adonner à la vacance. Silence ponctué, comme un ciel nocturne, de rares éclats presque blancs. Le mur est d'une couleur terne, mais sans uniformité. Du gris, du charbonneux, du beige sale, du blanc jaunâtre, et lui aussi (le mur) semble pencher. Lui aussi (l'homme) semble fléchir doucement (flancher ?).
L'instant est si rare de lumière trémière.
Voit-il les voyageuses ? Voit-il les voyageuses ? Et que voit-il ? Les voyageuses. Les voyageuses (Julie, Charlotte et Nelly) se déplacent avec des ciseaux. Elles dessinent des arcs dans le ciel, au fur et à mesure de leurs déplacements, et avancent avec des mouvements décidés, à la manière des concertistes que l'on imagine, dans un mouvement presto de Haendel. Elles s'avancent. Elles s'avancent dans l'allée à dessins de sable jaune et gris. Elles se hâtaient. Se hâtent. Un peu étourdies. Leurs mouvements précis comme ceux que l'on imagine aux concertistes (basse de viole). Alors, j’imagine encore d’autres chiens, au collier bleu impeccablement ponctué d’ocre (s'avançant eux aussi dans l'allée ? à la rencontre des trois voyageuses ? où ?), comme il imagine des concertistes, ou des voyageuses, ou des envolées lyriques, s'affichant sur le non-mur face à lui qui a derrière lui un mur d'une couleur terne, mais sans uniformité. Alors j'imagine encore d'autres chiens. Alors j'imagine d'autres lumières. L'instant est si rare. Amstramgram, Sally went out. Nelly (pas Sally) vit la première, au bout de l'allée (où pas un chien, pas le moindre), le panonceau, et lut l'inscription : Festőmályva. C'était loin d'entre Baule et Courbouzon. Le voyage est encore long. L'instant est si rare.
He retreats. So rare my taste. He returns. So rare my taste. (En brun orangé, bien sûr, page 43.) Souvenirs, de pied en cap, et de viole en vielle. Tout à pied, la marche, le voyage, pas de roue. Si rare de lumière. (Goût exquis.) Si rare de lumière. Nuages roses : Ces piétons ont le temps pour eux. (Premier vers d'une dérobade ?)
Elles s'avancent. Et que voit-il ? Il ne voit rien, semble fléchir doucement (flancher ?). De nouveau, la correctrice fait remarquer la propension de l'écrivain en herbe (folle, sauvage, ombellifères envahissant la vue et ne permettant de voir que partiellement le blanc impeccable des volets) à user de parenthèses, à en abuser à la toute fin des phrases (comme ici). Lui, le regard perdu, légèrement penché, penchant légèrement, l'imagine avec les trois marcheuses, et se dit qu'elle aussi ne saisirait pas le sens de cette pancarte (du panonceau) : Festőmályva.
06:00 Publié dans Entre Baule et Courbouzon | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 22 juin 2011
2300 - D'ailleurs quelles régions
Nous voici de l'autre côté, en pensée à tout le moins. Des arbalétriers sont à pied d'oeuvre. Mettre le roi en pièces en un clin d'oeil ? Le vieux projet (Eu dans l'eau) refait surface. Et pourtant le désir de Lisbonne me hante.
Tout de même, on est mal barrés ! Revenons à Lyon, si vous le voulez bien, dans les traboules, et dans les bouchons où l'on déguste d'excellentes fricassées, ou les plats qui, de tous ceux que la cuisine française a pu inventer, sont les plus susceptibles de faire peur aux Amerloques. Des ribambelles nées à Babel rebondissent. Le texte alors se compliqua, encore un tour de vis, encore un faisceau supplémentaire, des strates en veux-tu en voilà (Lisie n'a pas dit non), puisque le scripteur se mit en tête, se fit un devoir, d'ajouter aux citations barrées et aux citations non identifiées d'autres citations, des sortes d'autocitations que, faute d'autre police possible dans les "fenêtres de commentaires" de son site de photographies (la source de tout texte, ici), il italicisa. Rome caracole. Comme ce verbe "caracoler" tombe à point nommé. Comme tout se rejoint, comme tout fait sens !
Unissons !
Frissons ! Revenons à Lyon, en gardant notre sang-froid. Confondus avec la foule. Ce qui nous berce nous bannit. Primatiale de tous les saints, frissons du pardon. Avoir visité, jadis, Lyon avec un fervent catholique a dû colorer mon regard. Comme ce verbe "colorer" tombe à pic. Vincent vint sans son yacht. Il s'appelle évidemment ..... Tristan.
Comment nommer un texte composite formé de collages et de bribes qui sont-elles mêmes dérivées de textes polymorphes où l'on sent la pratique du centon, l'ekphrasis, la sortie impossible du langage ? Ce n'est pas la bucolique. Ce voyage, du jeudi au mardi matin (tôt, il n'est pas sept heures et je suis levé depuis deux heures déjà), a connu un coup d'arrêt. Un coup d'épée. Et pourtant le désir de Lisbonne me hante. Allez savoir de qui (de quelle contrée?) il s'agit... (D'autres s'interrogent, non sur Zimbazane, en Corrèze (qui vaut mieux qu'une montre en or, mais pas que le Zambèze), mais sur Fonbalquine, qui doit connaître des ressourcements.) Faute d'autre police : il faudrait, lors de la publication finale, en arborescence, un jeu de couleurs. Comme ce mot "couleurs" tombe à merveille. Et du Rhône on ne peut dire qu'il possède l'aura diaphane, si particulière à ces régions. D'ailleurs, quelles régions ? D'ailleurs quelles régions.
Avec tous ces détours, nous n'avons pas vu Lyon.
Y étions-nous ?
Unissons.
D'ailleurs, quelles régions ? (Tu reviendras. La sottise n'est pas mon fort.)
08:37 Publié dans Entre Baule et Courbouzon, Hors Touraine, Questions, parenthèses, omissions | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 15 juin 2011
Ciel de traîne
C'est au lycée d'Agen que le futur Derême offre au futur Carco un poisson rouge. Albin en est pour ses frais, il a le détour à la caille. Toutefois, nous n'en savons rien. Nous avons encore remonté la Loire (mais qu'est-ce qui nous prend ? jamais un fleuve ne chemine vers sa source), afin de voir le château de Cray. L'amour fut doux. L'amour fut doux.
Derrière les murailles, on n'aperçoit rien de ce qui semble être une bâtisse quelconque, voire laide, du 19ème siècle peut-être. Il n'y a pas de quoi casser trois pattes à un canard. Cette journée de marche à rebrousse-poil nous défrise. Décidément, il était écrit que ce serait un mauvais jour. Au moins avons-nous pu admirer, dans un quartier de Montlouis, une demeure beaucoup plus belle, avec les bow-windows à la chinoise de sa façade ouest. Il n'a pas plu, c'est déjà ça, et le ciel n'est pas devenu violet. Bernard a tracé, dans son carnet, un croquis de la maison aux bow-windows. Puis il passe à autre chose et chantonne la barcarolle :
Elle est debout dans le soleil dans la pluie dans le vent sans pareil
Derême ne s'appelait pas Derême. Peut-on manger du poisson en confiance ? Carco pas Carco. De la vaisselle en borosilicate, et puis quoi encore ? L'amour fut doux. Ce pseudo-château nous a déçus, quelle journée à rebours, dans tous les sens du terme. (Cela fait trop de sens, on ne s'y retrouve pas.) Il nous faudrait retrouver notre gîte du quartier Saint-Martin, la tour Charlemagne et son eau couleur d'encre. Et nous n'attendrons plus Albin ! Il nous retrouvera plus loin, fût-ce près de l'estuaire.
Assez traîné ! En route !
21:22 Publié dans Entre Baule et Courbouzon | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 13 juin 2011
Un tour quelque peu cavalier
13 juin 2011
C'était un lundi, qui rappelait, par sa fraîcheur, celui de Pentecôte. Déjà le roi faisait mine de s'avancer, croyant être arrivé à destination et ne s'étonnant pas qu'on le reçoive dans ce réduit poussiéreux… Tandis qu'Albin était parti pour un détour par Yvillers, nous avions rebroussé chemin pour nous attarder à Tours. Délaissant la marche à pied, nous cavalions en char à bancs.
Nous avions, certes, le sentiment que ce périple à pied, qui n'aurait pas dû prendre beaucoup plus de deux semaines, allait durer éternellement. S'arrêter, prendre des chemins de traverse, tout cela était inévitable, et faisait même tout le charme du voyage. Une règle non écrite semblait nous obliger à attendre qu'Albin fût revenu de son passage par Brasseuse, dont nous n'avions encore aucune nouvelle. (A cette note, encerclée au crayon feutre vert, se rattachent à leur tour trois appendices.)
Nous admirâmes le clocheton, peut-être faudrait-il dire le lanternon. Comme tant d'autres, nous tentâmes de retrouver, au hasard et donc vainement, en arpentant la rue des Halles, le plan de la basilique romano-gothique. D'où venait cet aérostat, véritable jouet de l'effroyable tempête?
Trois appendices ? Étant donné ces diverses particularités, la mise au point des trois plus bas chronomètres ne manquerait pas d'exiger un travail exceptionnellement ardu. Trois appendices ? Quand l'animal pinça, piqua, trancha, ce fut de tout son être, qui, même au bout de son arme, avait sa complète énergie. Tout de même, il était décevant, malgré la beauté singulière du lanternon, du clocheton, et à condition de ne pas trop regarder les bâtiments alignés près du sol, de nous retrouver à Tours, qui n'a rien d'une promenade insolite. J'ai du bon tabac dans ma tabatière. Trois appendices ? Trois appendices ? Par la porte ouverte, on peut voir quelques clients debout, la tête baissée, en train de feuilleter les revues disposées sur de longs comptoirs. Il n'y a pourtant aucun sex-shop rue des Halles. Nous admirâmes alors, assez vainement, le clocher -- notamment certaine baie géminée romane, murée (quand ?).
Charlemagne n'avait qu'à bien se tenir. Avez-vous l'heure ? Avez-vous l'heure ? Et pas de nouvelles d'Albin ! Le périple allait-il s'éterniser, alors que nous avions failli atteindre l'estuaire, déjà nous touchions au but. Notre seul but est — de toute évidence — d'égarer nos soupçons. C'est assez mystique, tout de même : plus l'estuaire semblait se rapprocher, moins notre voyage touchait à son but. (Il faut enlever ces disgracieuses répétitions.)
Assez couru, à rechercher, des yeux et vainement, le plan. Délaissant la marche à pied, nous cavalions en char à bancs. Effondrée, la basilique romano-gothique, et nous ne pouvions plus rien pour elle. Alors autant cavaler en écoutant les propos enjoués du demi-demeuré qui conduisait les chevaux ! L’impératrice est agenouillée près d’une fontaine, au fond d’un bois. D'ailleurs, n'est-ce pas au musée municipal de Royat que nos amis G* et C* avaient dû affronter, finalement défaits, et après une bataille de trois heures, la volubilité démente du gardien, qui, entre autres énumérations encyclopédiques, connaissait tous les prénoms d'Eugénie, ainsi que ceux des cousins et des cousines d'icelle ? Autant cavaler. Du 13 au 23 août, Mallarmé séjourne au Splendid Hôtel, en compagnie du docteur Evans et de Méry Laurent. Autant cavaler. C'était un lundi d'été, très chaud, et sans commune mesure avec ce lundi tout à fait frisquet de Pentecôte qui nous avait servi de point d'appui, tout autant que le lanternon (ou faut-il dire le clocheton ?).
Sans commune mesure : ce pourrait faire un bon titre, quand je me serai lassé d'Entre Baule et Courbouzon. (Faux, l'un. Vrai, l'autre. Une autre paire de manches.)
********* Mis seize minutes à trouver les 15 textes et créer les 15 liens qui y renvoient. *********
22:31 Publié dans Entre Baule et Courbouzon | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 23 mai 2011
Tout blanchit.
22 mai 2011.
C'est qu'il y a beaucoup de visiteurs, à la tour. Et que je sache ils sont contents. Qui serais-je, dès lors, pour critiquer ? Ni Bernard ni les autres ne sont descendus si bas, pourtant ils ne cessent d'y songer, à cette tour haut perchée. Diadème, qui a fait le détour par Savonnières et Villandry, ne retrouve ni les mots ni les termes. La tour appelle le tourisme. Diadème recherche le nom de cette figure de style, et le retrouve peu après le confluent : la figura etymologica. Entre-temps, Bernard baguenaude. Entretemps, Bernard baguenaude. La porte de fer qui y donne accès est fermée par un cadenas rouillé. Mon cadenas ! Des mousquetaires on glisse assez facilement aux cadets, en ne pouvant s'empêcher d'entendre la voix de Cyrano. Nous t'envoyons ce message car nous nous faisons du souci. Then she plants in the pot a marigold, a flower that is thought to be fadeless. Tout de même, d'Orthez à la maison de mes grands-parents (où il n'y a plus de poulailler, où il n'y a plus de parc à l'abri des regards, où, pour s'y rendre depuis le bourg, on ne trouve plus de ronciers couverts de mûres juteuses comme lorsque j'avais cinq ans), il n'y a pas une si grande distance, et j'aurais pu faire le détour. Le chemin où nous cueillions des mûres se nommait Tout-Blanc, ou du moins ainsi l'appelait-on dans la famille, et je n'ai jamais vraiment remis en cause cet oracle, d'autant que le chemin a disparu sous les tractopelles et le bitume quelques années plus tard, alors que (peut-être ?) nous n'y cheminions déjà plus (mais est-ce si sûr ?). D'un texte farci d'incertitudes que pourrait-il advenir ? Nous nous faisons bien du souci. It appears that a hoop wreathed with rowan, and bearing suspended within it two balls, is still carried on May Day by villagers in some parts of Ireland. Aussi, n'oublions pas, il y avait le parc Jean-Rameau. Et la Gloriette, à Cauneille !
Diadème se laisse aller aux souvenirs foisonnants. Pourtant, ne lui semblent-ils pas un peu desséchés ?
Souvenirs, mais aussi : projections ! exils ! Le printemps, malgré le tout début visible d'un dessèchement promis, s'exalte. Si c'est le printemps, le dimanche 22 mai peut valoir le lundi 22 mars. Alors, repensant à la tour, Diadème se souviendra peut-être d'y avoir vu une étrange exposition collective, dans laquelle chacune des photographies en noir et blanc était encadrée par les initiales du photographe, ce dans des polices ou linotypes de plus en plus extravagants au fur et à mesure de la visite, de sorte que c'était aussi une exposition de typographie. La Tour Moncade, tout de même ! L'un des portraits était un très gros plan, qui ne montrait que la minutieuse arcade des sourcils noirs. C'était un vendredi. Et c'est un vendredi, depuis longtemps déjà le confluent est derrière nous. Derrière elle. Jamais je n'aurais imaginé que le chemin était si long, jusqu'à l'estuaire. Nous nous faisons beaucoup de souci.
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mercredi, 30 mars 2011
Page envahie par les herbes folles
29 mars 2011.
Je dois dire que j'écoute beaucoup mon album du trio d'Issam Krimi. Je dois dire que j'écoute Issam Krimi. Même sur le verbe principal, surtout sur le verbe principal, l'intonation change, modifiant fondamentalement le sens de ce devoir. Comment le marquer à l'écrit ? au fer rouge ? (Dans un fichier Word, j'aurais des fers rouges.)
L'album s'intitule Eglogues 3. Je jure que je n'ai pas fait exprès. La composition qui ouvre l'album s'intitule 28 août. Je jure que j'ai fait exprès. (De là, il pourrait y avoir des digressions, des dérapages, des virages, et quelques saines réflexions sur les dates : 11 juillet, date de naissance de mon fils aîné et titre de la composition qui ouvre un album du trio de Sophia Domancich, La part des anges. Et ce 28 août, donc, que, partant du titre lu sur le disque orange et noir, j'ai recherché dans ma "galerie", comme le veut la terminologie francophone de Flickr, m'a ramené à la maison, au jardin envahi d'herbes folles, de l'allée de la Cordaize, alors que, pas plus tard qu'hier (28 mars), je remarquai, en passant, comme chaque jour en allant au travail, que de longues plaques de mousse envahissaient la partie de trottoir la plus à l'ombre de cette même allée de la Cordaize... Et que cela m'évoqua ce que j'avais lu la veille, l'Eloge de la mousse que va publier Philippe Picquier... Etc.*)
Tout le voyage n'est-il pas une métaphore de l'album photographique ? Tout cet indigeste texte, résurgence possible du projet de Très long texte, n'est-il pas, tout simplement, une descente aux enfers de l'empilement des images ? Le thème central, réexposé au cor anglais, est ensuite l'objet de variations confiées aux cordes seules. Orange, et noir, et orange de nouveau, avec des lettres blanches, le nom d'Issam Krimi, que je ne connaissais pas lorsque j'achetai ce disque (il y a trois ans ? quatre ? cinq ?), d'occasion probablement, sans faire le larron. Enfoiré, va ! --- Il a dit : "Enfoiré, va !" --- Toujours est-il que ça ne me viendrait pas à l'idée de me faire enlever au Niger. Lassé de ces allées-venues, il parque la voiture devant un grill. Mince, nos précédentes tergiversations, déambulations mentales (tandis que je vais de l'avant, longe, excurse), nous avaient conduit au château de Chamerolles. Le kangourou cria. le kangourou cria. Orange, et une large bande noire peuplée de lettres et de chiffres en caractères oranges, et orange de nouveau --- et c'est tout de même un album. L'ouvrant au hasard, il tombe sur une vue en couleurs du château de Cordès. Je jure que je ne l'ai pas fait exprès. Je jure que je ne l'ai pas fait exprès. Et ainsi va le nom, ainsi vont les phrases qui s'enchaînent (mille excuses).**
Album, il ferait beau voir. Je n'arrête pas de chier. Un violon de faïence, la corde tendue, et qui est parvenu jusque là a lu la première occurrence, je pense, sur l'ensemble de mes sites, du verbe chier. Un violon de faïence, la corde tendue, et, chasse tirée comme les couteaux (pas mieux), je n'arrête pas de chier aujourd'hui. Pourtant ce n'est pas chasse gardée. Demain ça ira pareil (pas mieux). De nouveau, la correctrice fait remarquer la propension de l'écrivain en herbe (folle, sauvage, ombellifères envahissant la vue et ne permettant de voir que partiellement le blanc impeccable des volets) à user de parenthèses, à en abuser à la toute fin des phrases (comme ici). Quand ce n'est pas en les posant là, blocs isolés, incompréhensibles. (Pas mieux.)
Tandis que j'excurse, elle exulte. S'insurger n'est pas tout. Anne Delestrade relâche un chocard qu'elle vient de baguer***. Tout au cordeau, bien sûr. Le point n'était pas là. Le point ne devait pas être là. Quand même, cet album est génial. Je dois dire que cet album est gé-nial. (pas mieux.) Je dois dire que j'écoute toujours plus souvent, toujours plus admiratif, mon disque du trio d'Issam Krimi.
Il fait des phrases. Il pose des parenthèses. Il pointe du doigt (pas mieux) des italiques ludiques. Aussi il dit qu'il n'arrête pas (aujourd'hui) de chier. Des histoires de violon de faïence. C'est à n'y rien comprendre. C'est à n'y rien comprendre. Herbes jaunes, séchées par le soleil, cela n'a rien d'un champ fleuri de coquelicots ou de myosotis. Sur ces fleurs de rhétorique je vous laisse, il reste à creuser le texte (de l'intérieur (cavatine)).
La correctrice s'insurge : il recommence ! (Je dois dire que ça ne me réussit pas trop d'écrire en écoutant, toujours plus admiratif, Eglogues 3 d'Issam Krimi.)
15:43 Publié dans Entre Baule et Courbouzon, Jazeur méridional, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 29 mars 2011
L'Ecrit du kangourou
Puis c'est à nouveau les grilles du palais, mais toujours sur le contrepoint de l'orgue. Quel imprésario refuserait un poème à un homme qui viendrait lui dire "Monsieur je m'appelle Hoang-Pouf, je suis né à Macao" ? Des bras levés qui s'agitent avec un patois des Pyramides... Nous abordâmes au port de Boulaq, à cinq heures précises.
Reprenons, même si c'est pour une autre paire de manches, une autre triplette de pétanques, un autre ordinateur branché sur d'autres secteurs, prises etc. Macao est une belle ville. Macao est une belle ville, mais à quoi sert-il d'y penser, en longeant la Loire ? Un jour j'ai cru que je m'enfuirais sur des ailes de papillon, et rien n'est advenu. Rien n'est advenu. Macao est une belle ville.
Peut-être aussi qu'on trouverait des vigognes dans le désert d'Atacama... peut-être qu'on aurait fait un film magnifique avec un des premiers caméscopes ultra-lourds, gris, ternes, massifs, qui meurtrissaient l'épaule, et que, faute de trouver le bon mode de transfert (c'était du Betamax), le film se serait perdu... peut-être aussi que Christoph avait raison d'aller, avec sa mère, skier à Hautacam. Come on let's twist again ! Mais enfin, me direz-vous pourquoi nous pensons à Macao, Hautacam, Chamerolles, alors que nous marchons, toujours plus fatigués, à des lieues de là ? Est-ce que le vide ou l'ennui qui doivent incomber à toute longue marche, tout périple de cette envergure, ne sont pas suffisants ?
Alors, quoi... Chamerolles... ? Reprenons, ne serait-ce que pour rappeler cette information essentielle : Le Cri du kangourou est une chanson du groupe Odeurs. La fumée s'élève du glacier, et la vigogne (qui se prend pour un animal plus lourd, plus solide) s'éveille. Tes pattes rouges, ton vol qui se prend aux filets... Rien n'est beau, rien n'est laid... Après cela, pointant de son bâton de marche un cincle qui s'échappe, Denis me fixe avec une morgue insensée. Puis, le cincle envolé, miroir brisé, c'est à nouveau les grilles du palais, mais toujours sur le contrepoint de l'orgue.
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vendredi, 11 mars 2011
D'aucuns en cherchent la sortie
Le vice-diable dit : Il trempe dans le chaudron*. Dans quelle mesure peut-on affirmer que le prénom Ödön est identique au prénom Odon ? deux trémas, tout de même, ce n'est pas rien, et on pourrait tremper (brûler) toute une année dans un chaudron sans avoir résolu cette épineuse question. Vous sentez le fagot. Vous sentez le fagot ? Diable, grave question. Les astérisques sont le signe d'un reste, d'un manque, d'un deuil, d'une disparition. Le roi cependant, conformément à ses résolutions, dirigeait sa marche vers Philadephie.**
Les astérisques sont le signe d'un reste, d'un deuil, orange puis jaune puis, dans le mouvement confus, la mêlée des corps, rose vert et rouge encore. Lucile (qui n'est jamais Lucille) lance : Emile sera fou de joie, il est en train de faire la cuisine***. Dans le chaudron, tu parles, sentez-vous le fagot ? Elle a filé son bas. Elle a filé son bas, en lisant Le Don paisible. Les titres sont le signe d'une disparition, et les prénoms la trace d'un remords, d'une perte, d'un deuil. Vert et jaune respectivement, les deux diablotins (qui ne sont que de la petite bière, à côté du vice-diable) entourent et terrassent l'homme vêtu de vieux rose. Oger et Arnoul s'étaient couverts d'un tapis, et Frumold s'était fait une cache sous des faisceaux de branches, et ils attendaient ainsi la mort.**** Les prénoms dérangent, aux étranges couleurs. Pourtant, on pourrait délibérer sans fin sur l'épineuse question ; il n'en demeure pas moins qu'Ödön n'est pas Odon, de même que Peter n'est pas Pierre, ou que Domenico n'est pas Dominique. (L'autre lascar, regarde-le, lui qui sent le fagot.) Pourtant, aussi, ou en un autre sens, on peut s'en sortir en disant qu'Ödön est plus proche d'Odon que de Pierre ou de Domenico. La matrice ne se cache pas dans les trémas, ni sous des faisceaux de branches.
Un astérisque renvoie, par le moyen d'une longue flèche au tracé compliqué, au prénom le plus étrange de tous ceux qui furent alors mentionnés. Le roi dirigeait sa marche vers Philadelphie. Où sont les frères ? Où les frères sont-ils passés ? Où les fils de Charles sont-ils passés (trucidés) ? Mais où sont les frères ? Diable, grave question. Cependant dirigeait sa marche. Direction rien.
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mercredi, 09 mars 2011
Hiver avait
L'archive à Arcachon ne vaut pas Volpone à Valparaiso. Pourtant, sans aucunement me cacher, je vous l'avoue et je l'assume (c'est assommant, pour l'amour du ciel), voilà tout ce que j'ai trouvé, de bêtes rayures oranges en diagonale. Ne biaisez pas avec moi, Monseigneur ! Nous avions déjeuné fort rustiquement, de langue en gelée et de rognons, le tout accommodé de quelques belles lampées d'un petit vin d'Anjou qui nous avait mis de belle humeur. Mais que faites-vous à Arcachon ?
Mais que faites-vous à Arcachon ? Monsieur Domenico avait manqué une marche.* Quel lascar, tout de même, emberlificoté dans son costume de maquereau, à rayures. Aucun rapport, même mutatis mutandis côté mec, avec un strict tailleur croisé aux fines rayures parallèles. Ils forniquent. Elles forniquent. Disque rayé, tu me niques je te nique. Oui, ça baise dans tous les coins. Fumigations de sexe, de stupre, de ce que vous voudrez. Une devise, un blason, et défendre haut ses couleurs : MARRON ET NOIR, ORANGE DE TOUS LES CÔTÉS. Haut la main. Western de pacotille. Film X de pacotille. Marine de pacotille. Armée en guenilles, rébellion de pacotille. Pfffff. Je dis : pfffff.
Mais ça ne fait rien, madame Carossa, on reviendra*. Retour à Carossa ? tu penses, la fée n'est pas née. Lucille ne vient jamais, Karine a du coeur**. Le fait mort est. Le fémur n'est pas disposé à ouvrir la porte de la cage, que les lémuriens se débrouillent. J'ai exercé jusqu'à la fin 1956 et puis j'ai pris le maquis. Oh, ça déménage. Oh, tout en variations (j'ai pris le maquis), ça déménage -- qu'il faudrait écrire enunseulmot : çadéménage ! Oh, oui, ça déménage. Brouhaha, de la friture sur la ligne. Pourtant, tout avait si bien commencé, avec les marches qui montent devant le casino d'Arcachon. Et tout est parti en quenouille (armée, littérature de pacotille (s'interrompant sans cesse, en fin de phrase, sur des parenthèses)). Tout barre en boucle. Mireille et moi avons passé l'après-midi à essayer de régler un problème de boucle dans Apogée. Que la mouche du coche vous donne des brioches..... si vous avez faim.
Elle a ouvert la huche et elle déclaré qu'il n'y avait presque plus de pain.* Chênehutte n'est plus si loin, je ne veux pas finir mes jours en cabane, ça suffit déjà de passer tant d'années en cavale. Que la mouche du coche vous donne des brioches..... si vous avez faim. Je dis : pfffff. Les étudiantes investies d'une mission d'étude pour le CUEFEE ne sont pas venues. je ne m'ennuie jamais quand on me pose des lapins. Dix heures, onze heures, tout m'est un. Alors j'écris, je me rappelle la forteresse de Bouillon. Nous voici encore en cavale.
Puis elle retourne à la cave et rouvre le carton* où se trouve un roman dont l'action se passe à Arcachon. Du même auteur : des poèmes écrits à La Flèche. Tout ça n'est pas bien bandant. Arcachon, tout de même ! Alors, de désarroi, on descend à la salle des archives, et on range... on range... on range...!
Oh, pour l'amour du ciel, Passaïc, Paterson, Bloomfield, Orange -- lance la jeune lectrice (Claire), d'un accent écossais à tomber raide. Ce n'était ni à Carthage, ni à Passau. Et que j'en ai plein le dos de ces négations en cascade. Ce canard n'est ni la nette ni la sarcelle (... et que j'en ai plein le dos de ces négations en cascade), et je pourrais scruter encore longtemps les divers recoins marécageux du bassin d'Arcachon. Marécageux ? Êtes-vous fous ? La question crève l'écran. Oh, par pitié (pour l'amour du ciel), j'ai mal au crâne. . . . . . . . . . . . . . .
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mardi, 08 mars 2011
La glace prend...
Notre périple n'avait pas duré trois journées que déjà nous nous disputions.
Les uns se courbent dans l'espace et tournent autour d'un nombre ancien. Alors là, vous m'épatez. Alors, là vous m'épatez. Cette tour de Babel renversée ne serait qu'une nouvelle variation sur le thème éculé de la « galerie ». C'était la crème des hommes, et le voilà démon ! Un orme superbe, seul au milieu du parc, avait été ébranché, puis étêté, son orgueil d'arbre jeté à bas. De cet orme était née une rêverie, qui s'était muée en poème, et de là en roman, pour finir en apothéose (prix Nobel). Toujours le périple s'interrompait, sans péril, sur des parenthèses -- autant de fins provisoires. Que fais-je au trente-quatrième étage du November Hotel ? April is not Avril (le plus cruel mois). Que fais-je tout en haut du November Hotel, et où poussera, dans ces parages froids, la vigne ? Une de ses grosses tours, vue de côté, pourrait être d’une bibliothèque à Ninive, ou bien sûr à Babel.
Dans le drapé des os, j'entends le grondement de l'océan. Ou plutôt : dans le mot océans, tel que le chante le bienheureux chasseur, pour la première fois j'ai entendu distinctement le mot os. Nous regardons à la télévision la soirée de remise des Oscars : un présentateur annonce les présentateurs qui annoncent les résultats. C'était aussi un lundi, je crois, mais le monde n'était pour rien. Philibert n'est pas Hubert. Là, vous m'épatez. Philibert n'est pas Hubert ; alors là vous m'épatez. Maldoror suce un os. Aurélie a bon dos. Etc. Et dans ce périple, non sans péril, nous prenons nos aises, après avoir manqué être écrasés par le car de tourisme tunisien, d'un vert clair, et qui arborait, sur ses flancs, divers dromadaires élancés. Nous n'avons rien à dire à ceux qui s'égarèrent du côté de Chênehutte. Suèvres était bien loin déjà. Suèvres était bien loin déjà ! Nous n'avons rien à dire.
Sur les deux corps nus et figés la sueur commence à se refroidir, les glaçant. Babel peut attendre. Babel peut toujours attendre. La glace prend, Babel peut attendre.
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lundi, 07 mars 2011
Nenni, l'aneth
SANS NEZ LES RAPPORTS SONT CHANGÉS. De vitesse, il l'a prise. La traversée, à pied, du département se faisait sans virgules ni points de côté. Ce canard n'est ni la nette ni la sarcelle. (Un nain le saurait d'emblée.) D'emblée, il l'a prise -- la route, la vitesse -- fendre l'air n'est pas son fort. Ce canard n'est ni la nette. C'est vraiment du chinois, Greek to me, blessed be the meek.
Tout de même, Châteaulin n'est pas Josselin, avec ses piliers qui s'effritent. Une ambassade occupe aujourd'hui la maison. En bas, de vitesse, le doigt sur la sonnette, il a pris le pilier (en pleine poire, s'entend). Bien sûr, vous n'avez pas oublié exprès votre sonotone, mais la sonatine est, à elle seule, un concert fauché dans la fleur de l'âge (et même avant : dans la fleur de l'âge). Il finissait toutes ses phrases par des parenthèses, s'insurge l'éditeur. Il finissait toutes ses phrases par des appositives, s'insurge l'auteur d'apostilles. il achevait toutes les soirées par des diapositives, s'insurge encore, vingt ans après, l'homme qui a coupé les ponts. Dans l'estuaire, passer à gué. Roméo n'appelle pas Juliette. La figure camuse, déçue de rien, il vous a pris de vitesse, vous a doublé dans le virage : vous pouviez rêver de Josselin, vous qui n'étiez qu'à Suèvres... Il vous a dépassé prestement (de vitesse, il l'a prise), et ne semblait pas transpirer (d'une lippe maussade).
Il finissait toutes ses phrases par des parenthèses, s'insurge l'éditeur. Il ferait beau voir.
Ne serait-ce pas lui, toutefois, que l'on vit, plus tard, bien plus tard, bien plus loin que ce virage au sortir de Suèvres, décrocher son appareil photographique et capturer un détail d'un car tunisien ? Le dictateur dort sur ses deux oreilles.
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jeudi, 24 février 2011
Etirements (du sens)
19 février 2011.
On dirait plutôt une épuisette ! ------ Il se trouve que, ce jour-là, au dixième étage d'un bâtiment somptueux, à l'architecture ô combien sobre et aux meubles et décors luxueux, j'ai pu avoir une très longue conversation avec une collègue de l'une des universités d'Adelaide (le bled où est allé Trevor, tandis que j'allais à Sydney et Wollongong), cela avant une après-midi très dense, un vin d'honneur très networking, et avant de m'apercevoir que mon costume s'était soudainement mué en un ensemble presque clochard, formé d'un jean's effiloché et d'un pull-over de tennis à grosses tresses blanches, au col en V, vert, ou peut-être turquoise que je trouvai du dernier moche (mais j'ai mauvais goût). On dirait plutôt une épuisette ! La sculpture de Guy Boyd n'annonçait pas encore l'année Boyce. Avec le nombre 1711, formez des paires de sonnets. Tandis que ma collègue éminente m'expliquait des subtilités étonnantes sur la mentalité des jeunes étudiants australiens, je me rappelais cet article hilarant sur la Nouvelle-Zélande qui sollicitait globalement d'accéder aux allocations chômage australiennes à la suite d'un tremblement de terre qui avait rapproché l'île des kiwis de trente centimètres de la côte Est, et avais, dans ma ligne de mire, de riches tapisseries, des murs polis, des drapés insensés. Coule le luxe. On dirait plutôt une épuisette ! Coule le luxe. Les Turcs de Beauvais ne peuvent en dire autant, même le gamin qui faisait tourner sa gourmette en racontant ses participations à de juteux trafics.
22:20 Publié dans Entre Baule et Courbouzon | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 21 février 2011
Libération de Mutabar Tojibaeva
19 février 2011.
Vice-consul de troisième classe. J'attends, je ne fume pas -- et, mal coiffé, échevelé, tapotant des bribes incohérentes sur ma vieille bécane, je pense qu'il serait terrible de mourir maintenant. Baule n'est pas La Baule ; Courbouzon n'est pas Montbazon (où je vois s'envoler des poules d'eau). J'en ai plein les bottes. Un bourgeois me lance vulgaire "j'en ai plein les bottes". Pourtant, ce ne sont pas les fratries qui m'intéressent. Du ras de ma plume encore je me décoiffe, mais pour quelles aubades, quel manque de classe ou défaut de coffre ? Ah, du panache ! Gilbert Gadoffre compose, chastement ou pas on s'en fout, ses petits chapitres, menus paragraphes, et a peur d'être déjà trépassé. Les lecteurs doivent quitter la rame. Et de quelle façon opérer un départ, entre les uns et les autres ?
16:33 Publié dans Entre Baule et Courbouzon | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 13 décembre 2010
Denis au Maroc
10 et 12 décembre 2010.
Il étoit d'usage aussi que les opérateurs eussent avec eux un Marocain, nègre vrai ou faux, plus souvent faux que vrai, qui remplissoit les fonctions de valet et leur servoit à attirer la foule.
Alors, Denis ne dort plus. Il ne s’agit pas de Denys, qui avait fait construire une prison en forme d’oreille, mais de Denis, l’ancien patron des Transports Denys. Il ne dort plus, pour des motifs que l’on pourrait qualifier de carcéraux.
(On ne compte pas ici. Pourquoi, se demande le scripteur, le correcteur de grammaire intégré souligne-t-il qualifier en vert, et pourquoi ne pas mettre « ici » en italiques ? On ne compte pas, ici, les points, signes de ponctuation, comme des mots.)
Denis compte pour rien, ici. A certaines périodes de ma vie, je me suis demandé ce que je serais devenu si j’avais fréquenté la famille de mon père. Ce n’est pas un homme qui dort, mais un homme pétri de douleur.
Denis n’est pas Denis Roche. Si l’on suit la légende, Maurice Roche appréciait particulièrement l’ossuaire de La Roche-Maurice, ce qui n’empêche pas d’en venir aux gilets, aux ligueurs. Denis et Maurice Roche n’étaient pas frères, et ne le sont toujours pas.
Pourquoi s’intéresser aux fratries, alors ? Justement, j’essaie de vous expliquer, ce ne sont pas les fratries qui m’intéressent. Le style haché de l’entretien témoigne autant du fait que le journaliste n’avait pas lu mes livres que de ma mauvaise santé d’alors.
Plus souvent faux que vrai. Plus souvent faux que vrai, qui est donc Marco Mahler ? (il nous échappe).
Qui est Marco Mahler ? Cette page d’homonymie répertorie les différents sujets et articles partageant un même nom. Pour accéder aux articles homophones, veuillez consulter les entrées Roches, Roch, Rausch (homonymie), Rauch, Roesch, Roche (pierre) et Rush, ainsi que La Roche.
09:10 Publié dans Entre Baule et Courbouzon | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 11 décembre 2010
Chypre, l'île aux mille mines
Samedi 11 décembre 2010. Au petit matin.
Contre toute attente, la visite se poursuit ici. N'oubliez pas le guide. N'oubliez pas le guide. (Il ne bégaie plus il radote : déjà une parenthèse. Refermons-la.)
C'est non loin d'ici qu'est morte, il y a déjà dix-sept ans, Jacqueline Lamba. Cannes, Capri, Corfou, Port-Saïd, Aden, Colombo, etc. Elle a beaucoup voyagé, pas mal peint aussi. Toutefois, si la vérité de Xenakis est sa femme, si vulgaire, que dirait-on alors de la vérité d'André Breton ? Mieux vaut laisser la question sans réponse, et remonter sur la selle, parcourir les quelques kilomètres qui restent avant le château de Tours.
Ostinato est un livre de Louis-René des Forêts. Ma mémoire me joue des tours. Rouge et vert (le salpêtre ?), les couleurs saturées. Accroché près du bénitier, à un porte-manteau, trône, à la vue de tous les fidèles, un pardessus jaune à larges revers, en faux poil de chameau, ou est-ce de dromadaire, qui ne laisse pas de surprendre et de pousser la vieille dame qui se signe à se demander in petto quelle est cette incongruité dans une chapelle si exiguë, ou de contraindre le garçonnet craintif vêtu comme un des triplés du Figaro à détourner le regard avec un tremblement de toute l'âme. On est loin du compte. La sacristie a été détruite et se trouve désormais entièrement à ciel ouvert.
Ma mémoire me joue des tours. J'entends encore la toccata, sur des orgues lointains. La sacristie est une belle grande pièce, très majestueuse. Il recommence, avec ses ratures ! ------ Oui, le scripteur inlassablement reprend ses feuilles, presque peintes à force d'être recouvertes de gribouillis (des faux cils, je vous jure !) et hachurées, couvertes de flèches et de signes cabalistiques (les heures passent, monotones). Or, le scripteur se soucie comme d'une guigne des critiques, poursuit ses ratures, quelle obstination. J'ai perdu le fil. Ma femme encore absente ce soir, elle a des cointes tous les soirs. (Ce n'est pas toi.) Or, le scripteur... Or, le scripteur se soucie comme de sa première chemise des censeurs qui pointent du doigt ses zébrures, flèches, hachures, remords, pâtés et ratures. Il poursuit ses travaux d'écriture, petite fourmi obstinée (dans quelle forêt sommes-nous ?) qui noircit des pages. Un jour, le livre publié ressemblera à ce gros pavé d'Onuma Nemon. Tiens qu'est-il devenu ?
Les gens d'ici l'appellent La Fougère. Il est fou, tout de même, de donner à traduire des passages tirés des Aventures d'une automobile des époux Williamson (Alice Muriel et Charles Norris). Au bord du cratère, oisif, tranquille, il devrait se méfier des pichenettes du scripteur (qui n'est pas je).
Nous rentrons tout juste de La Flèche. La maison plus propre que jamais. On ne pourra pas dire : C'était un vrai nid à poussière. Un des livres qui m'a le plus marqué, ces dernières années, malgré mes réserves, c'est Wittgenstein's Mistress ; pourtant, je ne me suis pas précipité sur les autres livres de David Markson, quoique j'aie offert ensuite la traduction française pour C. (et j'ai perdu, encore, le fil). MAIS VOYONS... Un massacre de huguenots....... (Sept d'un coup !) Dans cette même direction, Brown me montra de la main une forme étrange, qui ressemblait à un doigt effilé tendu vers le ciel : la Lanterne de Rochecorbon. Tiffany pense avoir tout inventé de la transgression, et Emily croit tout découvrir du travestissement : Trevor les assomme, à juste titre, en leur rappelant qu'on n'invente jamais rien (une définition restreinte du post-modernisme). C'est l'heure où s'anime le parc de la station thermale, au bout de la ligne de tramway venant de la ville. Et, ayant perdu le fil, lassé de tant de ratures (de tant de parenthèses, de tant de diversions, de tant de monologues, de tant de citations, de tant de niveaux, de tant de fadeurs), lassé, oui, et juste au moment où je commençais à me demander quand je pourrais citer (placer ?) Moon over Kentucky, je suis tombé sur cette chapelle dont le bénitier est fait, non de marbre ou de tuffeau, mais de sélénite (metallum gypsinum, précise doctement le guide rouge), avec les couleurs saturées, rouge et vert se disputant les faveurs de l'oeil. Fou, j'erre près du cratère, dictait l'helléniste à ses étudiants embarrassés. Le Nu rouge de 1953 a tout d'un Matisse, la laideur criarde en moins.
Nous sommes loin d'avoir là quelque peintre lambda, que même défriseraient les croix gammées, de sorte que l'on peut aisément lui porter, à titre posthume, un toast au blanc limé. Dans le verre, on décèle, à l'oeil, puis au palais, juste un soupçon de grenadine. Elle n'est pas anodine.
He seems an Aran fisher, for he wears
The flannel bawneen and the cow-hide shoe.
J'ai toujours un franc succès avec mes étudiants quand je leur enseigne les vertus de l'anadiplose.
Pourquoi vous êtes-vous hasardés sur ces chemins de traverse, alors que Racan ou la Vénus de Brassempouy devaient, presque essentiellement, constituer vos prochaines étapes ? J'ai perdu le fil. J'ai perdu le fil. Je n'aime pas Fidelio, les rôles, les films tchèques. Encore des ratures. A quoi bon des ratures. Le scripteur lève les yeux, aperçoit le visage austère. il regrette le temps des jeunes filles (Il y avait encore, grâce à vous, même au cœur de nos villes, de possibles rencontres sur la margelle des puits, dans les déserts de la sotte raison.), rature plus vigoureusement que jamais, s'étripe avec lui-même. Est-ce que cette toile, dont la matière s'est formée par carrés, représente une église, une tour, une lanterne ? En attendant, je vais tenter de préciser et de désemberlificoter mon propos. Bernard, bien malheureux, s'envole et tombe, crevé d'un coup de vent . Et près du cratère, je distinguais le cheval de Golo. Le scripteur habite au coin de la rue du Haut-Moulin. Il a eu l'idée de tuer le personnage en apprenant un samedi soir que sa femme (sa femme à lui, le scripteur : toujours des cointes !) s'était promenée sur les rampes de la falaise avec un inconnu. Son mouchoir sur les lèvres, la voici qui reparaît, et il lui avoue son inquiétude. Avons-nous dîné à Rochecorbon, près de la Lanterne ? J'ai perdu le fil. J'ai perdu le fil. Après les Aventures d'une automobile, le collègue du fier helléniste avait eu l'idée saugrenue de faire traduire du Yeats à ses étudiants de première année. De première année, vous imaginez.
Il est allé à Rochecorbon ; à Rochecorbon, mais jamais à Corcomroe.
11.12.2010. En fin de matinée, et le soir.
Saint Georges, à moi ! Le honk des oies se trouve dans une page d'Anglomania. Un si beau livre ! Lukasz Zyta laisse jouer Jaromir. Le cri des grues est plus proche du roucoulement.
Je ne sais plus pourquoi (rythme ternaire mis à part) j'ai intégré ce honk des oies après Oloron et Pau. Les volutes ou arabesques dans la pierre sont le signe fort du toponyme (= Rochecorbon). La petite ville : mon fils cadet. La préfecture : mon fils aîné. (Au moment où le scripteur est tout ouïe, Gilles Teulié évoque le dragon ottoman.)
Pau et son frère ? J'ai perdu le fil. Glauber Rocha ? je ne crois pas. Bribes, phrases courtes, lapidaires. Antonio n'est pas Anatole. Phrases lapidaires. Le Brésil n'est pas un paquebot. Lapidaires, énigmatiques. Pénibles. (Il se rappelle n'avoir jamais rencontré le mot dinghy avant de devoir traduire Hier, demain, et s'être dûment chapitré sur le monde "la paille et la poutre", tant il est vrai que tout un chacun a ses travers.)
Epuisement des phrases lapidaires, énigmatiques, petering out (les vagues, le phare, la roche). Pénibles. Arabesques, d'où le dragon ottoman. Même épuisé, écrire. Phrases brèves, sèches, asséchées, crevant à l'air jaune du désert. D'où le dragon. La rature demande un geste vif. Même plus la force de raturer. Ce n'était pas Glauber Rocha. Ce n'était pas Glauber Rocha. La force de bégayer, on l'a toujours. L'épuisement du bégayeur ne s'arrête qu'avec la mort. L'épuisé est vivant. L'épuisement, c'est la vie. Lapidaires, phrases. Mais molles, donc pas lapidaires. D'où le dragon. Je bafouille parfois. Arabesques, he wrote. Alors, quoi ? QUOI (hurlement dans les dernières forces) ??? Pau (aîné) et son frère (cadet). Un boutre chinois, une épave, et la légende de Sindbad.
Obnubilé par les paires fraternelles, les fratries, le scripteur s'enferme dans une prison de mots, sans se laisser emporter par le vent
lui-même épuisé.
Gusts have eventually petered out. ============= Le phénix aussi, comme l'aube, renaît de ses cendres.
Ce n'est pas un oxymore ; c'est un paradoxe. ====== Le phénix aussi, comme l'aube, renaît de ses cendres.
22:07 Publié dans Entre Baule et Courbouzon, Sites et lieux d'Indre-et-Loire, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
Rue du Bercail, 1
Cet écran est d'une saleté... (Ces douleurs intercostales ne sont pas cardiaques.) Du haut de la tour où se trouve la B.U., on voit les nuées brumeuses (smog ?), avec, tout juste à l'est, une longue strie orangée. Il crâne avec les captures d'écran.
BERCAIL = IL-CRABE => CANCER (le C de CRÂNE, le M des MERES)
Tant de textes, si peu de temps. Tant de mois de stérilité. Et devant soi ? La vie ? (Ces douleurs intercostales ne sont pas cardiaques.) Reste à creuser, toujours, la question des ornières : il me semble qu'adolescent déjà je souhaitais écrire un roman dont le titre serait Ornières (ou y avait-il le mot "ornières" dans le titre ?).
Ce qui suggère => Santiago A. Un adulte mutique.
12:12 Publié dans Blême mêmoire, Entre Baule et Courbouzon | Lien permanent | Commentaires (0)
Oloron, Pau, le honk des oies
Je me gave de café, moins pour me réveiller, me réchauffer ou atténuer l'effet de l'oreiller trop volumineux sur ma nuque, que pour me donner une contenance. Un samedi qui commence bien. Déjà un long texte écrit en hypographe à une photographie récente de la chapelle Saint-Georges à Rochecorbon. (J'ai raté une occase : Lamba / lambda. Il faut aussi que je trouve ma voie.)
Bientôt aux Tanneurs pour la soutenance de thèse de Stéphanie.
Longs textes.
Pourtant, choses à faire : sujets d'oral pour le M1 (marathon de mardi) ; placer les 56 groupes de tutorat Asiaco dans les emplois du temps du deuxième semestre ; faire les listes des étudiants pour ces mêmes séances. (WAW.)
Côté écriture : je me tâte pour l'autre texte. Celui que j'ai commencé par pochade me stimule plus. (Le scripteur, quelle forfanterie !) Il n'est pas anodin que cela permette, par recoupements citationnels, de récupérer tels quels (ou presque) un nombre presque infini de textes déjà écrits sur l'un ou l'autre blog carnétoile.
Même côté, presque : billet sur quelques phrases de Summertime (et regarder leur traduction) ; billet sur l'un des récits brefs de Mia Couto ; billet sur Herta Müller ; billet sur le journal 2009 de Renaud Camus. Chantiers, toujours, et dans une semaine plus de connexion Internet. (WAOW !) Et aussi, cette phrase lue hier soir, ou plutôt cette nuit, phrase idéale pour Le Livre des mines (dans Les Inachevés).
Nouveaux limericks (à l'ancienne) attendront (désolé, Valérie).
08:05 Publié dans Entre Baule et Courbouzon, Questions, parenthèses, omissions, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
Louv(r)e à la b(r)asse
Traversé le Louvre à la brasse, quel cirque ! Aujourd'hui, Edmond et Jules se reposent. Ron et Mael discutent de Derrida. Denis et Maurice évoquent de vieilles photographies jaunies (le temps, à peine, d'un clignement de paupières, tant et tant que le phraseur bataille), par-dessus la ligne imaginaire du tropique du Cancer. C'est Michael qui est mort. La trompette est-elle veuve ou orpheline. (Pour le frère, il n'y a pas de mot. Le sujet du roman de Vassilis Alexakis est pourtant ce veuvorphelinage, deuil, insurrection tendre des spectres, et poème brusqué la Vénus de Brassempouy. Au moins, nous saurons où diriger nos pas, dans la galerie de portraits, pour la prochaine notule. Il faut refermer la parenthèse. Il faut refermer la parenthèse.)
Escalier. Escalier somptueux. Escalier somptuaire. Manquent les majuscules d'usage. Escaliers. Grand miroir d'eau à la versaillaise. Traversé les douves à la brasse ; mouvement, immobilité, blanches courbes.
Bien des jeux de mots. Peu de ratures. Pas de ratures. Phrases courtes, blanches courbes dans le ciel. Château en Saintonge, songes creux. (Pourtant, pensait-il, ces petites phrases sèches dont on pourrait penser que le scripteur les a tirées de sa manche comme au jeu des kyrielles sont tout simplement de fades enchaînements, sans contrainte, pure suite sèche, pas même énigmatique. Qui en dit trop ne dit rien.)
MAIS VOYONS (bon sang, mais c'est bien sûr !!) :::: IL S'EST AFFRANCHI ----- de QUOI ??? des culs obliques ? (blanches courbes, bon sang mais c'est bien sûr !)
Il faut refermer la parenthèse. Il faut refermer la parenthèse. Le revoilà qui bégaie. Qui en dit trop ne dit trop rien. Le revoilà qui bégaie. Mais tout de même, cette silhouette pataude (fermière d'été ? veuvorpheline de comédie larmoyante ?) ne manque pas de se diriger, d'un mollet agricole mais décidé, vers les marches inférieures d'un escalier du haut duquel se donne à voir, dans toute sa splendeur, le grand miroir d'eau, puis, dans sa perspective mieux encore que cavalière, le château de La Roche Courbon lui-même. Irons-nous porter nos regards vers Racan, ou vers la Vénus de Brassempouy ? Décidément, nous ne savons rien. le scripteur ne nous aide pas. Il faut refermer la parenthèse, retrouver la perspective mieux que cavalière du haut de laquelle -- n'y avait-il pas là quelque glougloutante fontaine ? -- nous pûmes admirer le grand miroir d'eau et au-delà, altier mais épars, le château de La Roche Courbon. Et de là rebondir
(le grand mot des médias ; le grand mal du début de siècle )
et rafraîchir notre regard, si cela est possible.
Oh oui, cela est possible, même aisé. (Il bégaie, il zézaie. Réjean Ducharme m'ennuie : pourquoi fais-je pire ?) Possible de rafraîchir le regard, d'aligner les phrases, de se rappeler même les sept fois où vraiment je suis passé près de la chapelle des Carmes en la regardant pour de bon, non inattentif (si je peux risquer cette double négation), ne songeant pas à quelque maroquin, maudit rond-de-cuir ! Possible de rafraîchir le regard sans être obnubilé de l'obturateur, dératé du déclic (pourtant, sans ces clichés par milliers, aurais-je matière à tant de phrases ? ils sont le déclic), et d'échapper aux culs obliques (hardly a savoury phrase, quite a sorry sight too). Et, à la lisière du vendredi et du samedi, après avoir trimé sur les petits rectangles roses, bleus, jaunes ou verts du logiciel ADE (tels qu'ils apparaissent, sur les pages individuelles des emplois du temps, dans l'Environnement Numérique de Travail), le scripteur (qui n'est pas je : les instances importent) se repose-t-il vraiment à colorier des pattes-de-mouches ?
(Trop de questions, trop de parenthèses. A quoi bon, alors, se passer des ratures ?)
vendredi, 10 décembre 2010
Mort d'un personnage.
Un autocar vénérable, jaune et gris, au terme de son parcours s'est garé au bord de la piste, et va faire demi-tour. Je ne peins palettes, je peins l'épaisseur. (Ce pourrait être l'aphorisme désignant au monde ébahi (ébaubi ?) la folie de mon père pour les palettes de chantier, bois dont il se chauffe ?? non !!bois dont il fait ni!!choirs pour les OISEAUX.) Et ce car à palindrome, alors ? Un dromadaire s'enfuit, trop hâtivement, comme s'il volait au-dessus de la ligne interminable du sable saharien. Droit comme un i, Bernard soulève un peu la tête, mèche furibarde et regard en billes de loto. Il me fixe, il est fou. Car c'est une chose que je sais, car c'est un matin. Il n'y a pas le feu, écrit-il avec son stylo quatre couleurs (comme si les points de suspension...). Bernard est-il vraiment heureux de cartonner ? D'envoyer paître ? (L'accordéoniste se nomme Guy Klucevsek. L'accordéoniste se nomme Guy Klucevsek.) Alors, Bernard se ravise, change son fusil d'épaule, franchit le feu rouge sans regarder ni à droite ni à gauche ; il change aussi (M. Swann, le père, était agent de change.) de direction, et même de rythme de marche ; ne dirait-on pas qu'il change d'allure, et, qui sait (M. Swann, le père, était agent de change.) de taille, de démarche, au point qu'on pourrait finir par s'imaginer, que s'il faisait demi-tour (vénérable, jaune et gris), il n'aurait plus même cette rectitude (droit comme un i) et cette folie qu'il exsude par tous les pores. A quoi servent toutes ces ratures ? (Vous êtes fort comme un Turc.) Bernard est au bord du cratère.
False eyelashes made out of dead fly legs ? Unsavoury indeed. Bernard est au bord du cratère.
Reprenons autrement, voulez-vous ? Sur un banc, vers le fond du jardin, est assise une femme très âgée. Reprenons autrement, voulez-vous ? Bernard, furibard encore mais ayant changé de démarche, droit toujours mais comme un palindrome, se tient, droit toujours, au bord du cratère. Qu'est-ce qu'il vase. Il ne vacille pas. Il ne vacille pas. Penser à Anatole l'aide à tenir bon. D'où (parti de l'université, en pleine cité) peut-il se retrouver au bord d'un cratère ?
Reprenons autrement, voulez-vous ? Le scripteur, alignant des pattes de mouche sans saveur, a fini par se livrer différemment (Reprenons autrement, voulez-vous ?) à son petit jeu de collages, et choisit la phrase la plus proche (juste avant, juste après), de sorte que la référence à la suite de lettres (ORC, COR, ROC) n'est pas immédiatement (ni même médiatement) trouvable ---- si j'ose risquer ce vilain adjectif. Tout de même, ils exagèrent. D'où ce cratère ? A quoi ces ratures ? Et ce palindrome près du dromadaire ? N'a-t-il pas l'air d'un Romain ? (Pourquoi voulez-vous qu'il soit étranger ?)
Fragments de mains, de bras soulevant les rideaux : le scripteur, les voyant, se ravise encore (comme Bernard, le fou, j'y songe), et trouve une échappatoire au triangle infernal que forment le palindrome, le dromadaire s'envolant au-dessus de la ligne de sable et l'ombre portée du feu tricolore. Il multiplie les couleurs, les flèches dans la marge du manuscrit, les ajouts et les ratures. Il écrit une phrase de cent quarante-trois mots (j'ai compté) pour décrire ces mouvements furtifs de bras, qui donnent plus de pesanteur à la démarche aérienne du dromadaire. Puis, jetant un dernier regard au banc où la femme très âgée lit un vieux volume des Jalna (ce n'est pas un palindrome), il pose la pointe du stylo quatre couleurs sur la tête maintenant éméchée de Bernard (au bord du cratère), et le pousse d'une légère pichenette qui, le faisant vaciller, le condamne à ne plus fulminer.
Alors, le scripteur repose le stylo et inspire profondément, fermement décidé à se reposer au gré d'un vent léger, où flottent les senteurs vives des lilas blancs.
jeudi, 09 décembre 2010
..... composer chastement mes charmes .......
9 décembre 2010.
Dans le tome 1 de l'édition Hubschmid des oeuvres de Nadar, le portrait de Caran d'Ache (avec monocle) fait face à celui de Caro-Delvaille (avec barbe en pointe et pinceau fin à la main droite). Bernard est bien heureux. Bernard est bienheureux. Rien ne s'est tant perdu, ai-je chanté sur tous les tons, que la mode du gilet (blanc ou beige, notamment). Où les heures passent-elles ? Où les heures passent-elles ? Un an plus tôt, nous battions le pavé. Et ce jour-là (où sont-elles passées, les heures ?), la cité était bien déserte. On voit bien que la pierre rougeoie, et la fausse ardoise de l'autre côté. Bernard, bienheureux, mène une vie de patachon. Pourtant, vous chantiez si bien, plus jeune. Bernard mène une vie de famine. Les chants suivent la rosace.
18:50 Publié dans Ecrit(o)ures, Entre Baule et Courbouzon, Le Livre des mines, Moments de Tours, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 07 décembre 2010
Frimas à Florence
La grand-mère paternelle de C. est morte dans la nuit de dimanche à lundi. In memoriam.
7 décembre 2010. Il ne lisait ni Sols, ni Cape Cod, ni Capitaines courageux. Il ne m'a pas répondu d'une moue dubitative, ni avec un ton mitigé, ni en pleurant à chaudes larmes. (Elle s'écrit, je m'écrie.) Ce n'était pas rue Cardan, ni boulevard Bourdon, ni à Montrouge. Ce n'était pas en avril (the cruellest month) ni en juin ni en septembre. Il n'était question ni de gaspillage ni de déchets ni de perdre son temps : à quoi, d'ailleurs ? à quoi bon ? Il pleuvait à torrent, et dans les Landes aussi, mais dans un air plus doux. Les heures passent. Il donne à Phobos l'éclair, et à Domos la foudre pour épouvanter Typhée. Etait-il de bonne foi, sa moue non dubitative (mais quoi ? agacée ? non, pas même), son ton pas mitigé (perplexe, peut-être), ses larmes pas chaudes (ses yeux secs) ? Pourquoi photographier toujours les plaques portant les noms de rues, boulevard Bourdon écrasé par la chaleur ? Jacob fait un blocage, son Panasonic se bloque. Ce n'était pas dans la rue Traversière, où les heures s'égrènent plus lentement. Une éponge à nettoyer les calamars, je vous jure ! (D'ailleurs, squid n'est-il pas invariable ?)
Il donne à Phobos l'éclair, et à Domos la foudre pour épouvanter Typhée. Et Denys qui fit construire une prison en forme d'oreille ! En forme d'oreille, je vous jure ! (Si vous le dites.)
J'ai rencontré Loïc Rothman le 3 mars 2006, à l'issue d'un colloque en Sorbonne. Ce n'était pas à Paris, ni à Rouen, sinon comment trouver une aiguille dans une botte de foin, et le Relais de la Poste ------ à Versols, peut-être ? Lukasz Zyta laisse jouer Jaromir Honzak. Faute de calamar, ils se servaient d'un crapaud-buffle, ou de petites grenouilles ligotées ensemble, en guise d'appât. Michal Tokaj prend le relais. Les heures passent, plus lentement dans la rue Traversière, au rythme galeté de la Sorgues. Ce n'était pas à Paris ni à Rouen. So far I'm sure. Ce n'était ni en avril (le mois le plus rude, le plus amer) ni en juin, ni en septembre; Ce n'était pas dans un roman de Laurent Cohen, ni dans Le sourire d'Achille. (Volent les corneilles.) Lukasz Zyta accompagne Piotr Baron et Christian Rover. Faute de calamar, ils prenaient comme appât un crapaud-buffle.
Flûte !!! De la chair pour vos vers ! Od šesti let navštěvoval hodiny piana a ve čtrnácti začal hrát na kontrabas. Si vous le dites. Si vous le dites. Ce n'était pas à... Si vous le dites. Ce n'était pas en avril. Si vous (le mois le plus barbare) le dites... Jacob fait un blocage invariable rue Traversière. Si vous le dites. Les heures passent, en avril comme en juin comme en septembre. Après vérification, c'est la grammaire de Le Prieux qui est exagérément normative ; l'OED est plus cool. Les heures passent, au fil du rasoir. Si vous le dites.
Quatre mois seront passés. Lorca le sait. Lukasz Zyta lui souffle. While Baranski and drummer Lukasz Zyta play a sprightly romp, Maupin coaxes wistful phrases from his soprano. Ce n'est pas ce disque, mais Present Past. Quatre mois auront passé. Si vous le dites. Si vous le dites. Chaleur, canicule, temps de chien sur le boulevard Baron. Les heures passent, se muant en mois (quatre) puis ans (cinq). Il m'est aussi impossible d'être sérieux. Quelle chaleur ! (Ce n'était ni un sergent ni un amiral. Il ne faisait ni le poirier ni la roue.) Quelle chaleur ! Si vous le dites : quelle chaleur ! Et le Relais de la Poste, une aiguille dans une botte de foin, une alouette rôtie dans le bec (ce n'était pas rue Carvès, à Montrouge ( le lieu le plus amer ?)), une moue claire comme de l'eau de roche (pas dubitative). If : si vous le dites.
La prochaine étape passe par Hermilix. Passent les heures. J'ai rencontré Loïc Rothman le 3 mars 2006, à l'issue d'un colloque en Sorbonne. Si vous le dites.
10:37 Publié dans Corps, elle absente, Entre Baule et Courbouzon, Hors Touraine, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 06 décembre 2010
L'Aube naît (à minuit)
5 décembre 2010, encore (en dernier recours). Le boulevard Bourdon se trouvait absolument désert. Il y a un Travers dans Le Moyen de parvenir. Tout y est, c'est une farcissure. Il n'en demeure pas moins que, si fin esprit fussiez-vous, vous ne parvîntes jamais à trouver le Relais de la Poste, à Tavers, de sorte qu'il vous fallut prétexter que c'était au diantre vicomte (un de vos insupportables maniérismes) et que même les militaires qui avaient fini par localiser Ingrid Bétancourt n'auraient pu vous venir en aide. Verville n'est pas le nom du chien de traîneau, ni le boustrophédon de vauvert. Que diable allait-il faire dans cette galère ?
Peut-être faut-il resituer l'action, c'est-à-dire la déplacer. Le boulevard Bourdon se trouvait absolument désert. Ce n'était pas à Paris, ni à Rouen, mais à Troarn, of all places. Peut-être faut-il resituer l'action, c'est-à-dire la déplacer. Comment se nomment alors ces feuilles, et aussi ces troupes de terroristes dont on parlait quotidiennement à la radio quand la photographie d'Ingrid Bétancourt ornait les frontons de tant d'édifices publics ? Il se peut à ce stade qu'il faille resituer l'action, c'est-à-dire la déplacer, car l'auteur s'aperçoit qu'il confond Ingrid Bétancourt avec cette journaliste également otage et de ce fait célèbre qui a ensuite fait un reportage dans les bas-fonds sans jamais être reconnue. Pourtant, vos indications étaient très précises. Ce n'est pas à Troarn, ni à Roanne. Son regard vert s'est un peu voilé, les feuilles sont comme de laurier, les tours jumelles se sont effondrées. Ce n'est ni Troarn ni Trébeurden ni (non plus) cette bourgade que l'on traverse en descendant vers Rouen, en venant de l'est, et dont le nom, pourtant, commence par la lettre T. Peut-être faut-il resituer l'action, c'est-à-dire la déplacer. Les noms nous échappent.
What's his latest fad ? Les noms nous échappent, le temps file, les grimaces sont légion. Peut-être faut-il resituer l'action, c'est-à-dire la déplacer. Dans Tavers désert, je n'ai pas même entendu de grimpereau. Pourtant, vos indications étaient très précises. Etait-ce la canicule (33 degrés -- il préfère le substantif chaleur) ou le temps à la pluie ? La bouteille à l'encre (verte : note, encerclée au crayon-feutre vert) ? La plainte, bruissement du feuillage ? Le laquais était-il en frac, ou laissait-il entrevoir son froc ? Les noms toujours nous échappent, et cela ne sert à rien d'avoir le cafard (weemoed dans le texte). Pourtant, vos indications étaient très précises. What's his latest fad ? Je triomphe.
00:05 Publié dans Corps, elle absente, Entre Baule et Courbouzon, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)