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jeudi, 15 novembre 2007

1800 - De haute lutte

De haute lutte

Stalles de l'abbatiale de la Trinité, Vendôme.

 

Avoir les ciseaux batailleurs sur le dos, rageurs de n'être rien. Tout peut arriver, quand tout s'effondre. On regarde ses bottes en croyant que c'est le ciel, la vie éternelle. Une marée noire en remplace une autre, et toujours plus de territoires meurent, défrichés d'inintelligence. Si, quand vous dites ne pas vouloir participer à la mêlée, on vous balance du mazout dans la gueule, les commandeurs du penser bien concluront que ça se règle tout seul. Mordre à l'hameçon, gainés dans les sangles...

samedi, 03 novembre 2007

7 étroit

Sept fois trois (#1111)

Drei Augen

Wie Zigeuner die es gern hätten

Möwen zu sehen in den Städten

Wie Roboter das Laufen lernen

Die sich von niemandem kaufen lassen

De guerre lasse.

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28 octobre. Pour se promener on se promenait. D'aventure on tombe sur divers lieux, variés immeubles même pas transis, avec même des signaux hostiles. On prend le large, mais ce n'est jamais le bitume. Si on croise un visage tendre, on n'a pas le temps d'entendre sa prière. Les cheveux galopent, alors c'est joué d'avance.

lundi, 29 octobre 2007

Lit de débris au pied du mur.

Des papillons s'envolent. Des éclats ! Une odeur enfermée des jours durant à moisir. Des pavillons s'enroulent. Des éclats ! Une odeur enferrée des jours de rang à moisir. Papillons s'envolent. Les éclats ! Un rôdeur enfermé dans les fours d'aciérie à brûler. Des papilles s'emballent. Des éclats ! Une saveur retenue des jours durant à mordre. Des papillons s'envolent. Des papillons s'envolent ! Des papillons s'envolent. Papillons. Des papillons s'envolent. S'en vont. Vont. Des papillons s'envolent. Des papiers. Papillons s'envolent. Des papillons s'envolent. S'envolent. S'en veulent de voler. Des papillons s'envolent. Des éclats !

dimanche, 28 octobre 2007

Le Voyageur à la pelisse

C'est long et large délavé comme cancéreux.

Dans ce paysage informe ce sont les flaques d'eau que l'on cherche à éviter, mais qui nous absorbent, comme Bob.

Sur la toile de ce paysage ce sont les mares qui.

Sur la toile de ce paysage ce sont les bavures qui portent des pics, tracent des aspérités.

Comme l'eau se fait pierreuse, à l'océan.

Comme le sable troue l'étendue, dans le long manteau de brume.

Ce sont les mares qui. Ce sont les noms des mots. Ce sont les mots des morts. Ce sont les morts qui.

À la découpure horizontale de la chaîne de montagnes, on voit passer, délavée cancéreuse, la silhouette lourde quoique décharnée du voyageur à la pelisse.

Des averses vermillon ou roses qui.

On se récite des poèmes.

On se fend d'une prose de temps à autre, pour pleurer mieux.

Qui marquent de leur empreinte la silhouette bientôt fanée du voyageur à la pelisse. 

 

mercredi, 24 octobre 2007

L'autobus, 15 mars 1961

Ils sont quatorze, comme les vers d'un sonnet, et presque comme eux disposés : le chauffeur et le passager debout forment une sorte de distique final écartelé, tandis que, six de chaque côté, les figures hâves et déconcertées des autres voyageurs inventent de nouvelles tortures pour les quatrains.

 En rouge brun :    EAU MINE

RALE

GRANDE SOURCE

 

Le cerceau à barres bien en main, le conducteur emporte tout ce beau monde vers l'Opéra, dont, dans le bruit des moteurs, la cohue des voix, le tohu-bohu des aisselles, tout le monde (il faut bien l'écrire) se contrefout. Hagards, les regards s'élèvent déjà vers le pinacle, mais comme en dedans : d'allure, ces visages regardent fixement le vide face à eux. Les roues s'enfoncent dans les flaques de boue.

On ne peut pas imaginer que cette momie figée debout que l'on voit infiniment se tortiller pourra s'extirper à temps de l'autobus.

dimanche, 21 octobre 2007

Mondanité XXVIII

Vous savez bien, c'était à ce mariage, cette noce. À ce banquet où les gosses ne pouvaient pas s'endormir.

La famille du marié avait joué une parodie du Parrain, à laquelle le père s'était prêté de bon coeur, endossant l'habit du chef de famille mafieuse. Les frères et la soeur de la mariée avaient aligné quelques anecdotes soi-disant gênantes sur l'épousée du jour. Il y avait eu d'autres saynètes. À chaque fois, on demandait l'attention des convives. Disons que certaines étaient plus réussies que d'autres, et ça passait toujours le temps entre les plats.

Au moment du bal, ce fut un déchaînement d'harmonies gestuelles. Les soupeurs d'avant minuit, subitement transformés en citrouilles, prenaient des mines éberluées, empruntaient des attitudes interloquées, et tout ce beau monde valsa, puis pasodobla puis rockaya vaguement sur Partenaire particulier.

Dans un coin, un enfant épluchait le catalogue jouets de la Grande Récré.

Il y avait des conversations privées, et des chuchotements suivis de fous rires dont on pouvait imaginer que les vins, tout autant que la figure hideuse d'un monsieur assis non loin, les avaient provoqués. La syntaxe se perdait dans les falbalas des danseuses accoutrées et les flonflons à deux sous. Tous ces gens aux traits marqués noirs imbriquaient leurs visages les uns dans les autres et se perdaient dans les lueurs rouges des spots. La grande salle explosait de foule peut-être imbibée.

On dansait, autant dire.

vendredi, 19 octobre 2007

J.D. sculpte au fil chaud un bloc de polystyrène

La photo se trouve partout, ou presque ; dans presque chaque ouvrage consacré à Dubuffet on la trouve. Le long visage au crâne entièrement lisse médite attentivement, les lèvres pincées, fumerolles en vol devant le front, sur le geste suivant. La prise de la main droite sur l'équerre est sûre, que l'on devine dénuée de tremblements. Ce n'est pas le lieu des atermoiements.

Sur le bloc se lisent les traces laissées, comme d'un marbre déjà buriné, par les premiers passages du fil. L'une est un début de crevasse. D'autres ont dessiné, sur la base inférieure, des pentes neigeuses qui ne manquent pas de suggérer quelque combe heureuse.

Les chutes, au sol, sont des crachats, ou des albatros morts, à tout jamais au repos. (Ce sont des chutes de polystyrène, à faire pâlir tous les Rorschach.)

Le texte aussi respire, façon bruine.

Par les errements que le fil a connus, on devinera aussi la destination du bloc, son potentiel figuratif, mais jamais au point de savoir si ces chutes ont permis l'éclosion de l'Accueillant, du Bel costumé, de Papa la cravate, ou d'un autre encore. De même, ils sont nombreux, qui ont décliné les variations possibles du substantif hourloupe... mais qui a perçu la poule rousse, ou son chant enfantin, au sein de cet enchevêtrement proliférant ?

jeudi, 18 octobre 2007

Pianiste

Son corps coloquinte est pareil à la fovéa qui me dilate l'oeil. Des traits dans la brume, pas de train en vue, le pianiste joue. Si les quais déserts soudain se sont remplis d'ectoplasmes, ce sont les mouchetures qui décorent la portée. La tête de travers, je ne me rappelle presque rien des détails, sauf que dans ce rêve encore tout est détail, même le profil de travers devant les portées de notes, les doigts démesurés graciles et le corps coloquinte, paareil à la fovéa qui me dilate l'oeil. On a suggéré une autre répartition des mouchetures sur la page, d'autres possibilités de chiner parmi la poussière du bric-à-brac, mais c'est revenir aux mouchetures, leur à-propos, leur aplomb, l'appétit que nous avons d'elles (que j'ai d'elles (que j'ai d'ailes)). Icare seul laissé sur le quai voit s'éloigner les signaux sonores.

 

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Repris de justesse, regard de raccroc : la toison émincée ressemble aux masques boules de Derain. Cela que je n'avais pas vu saute aux yeux. Il y a aussi le fil de fer qui soutient le tabouret du pianiste. Maintenant je me demande pourquoi (ou je fais mine de) j'ai parlé de bric-à-brac, ce qui revient toujours au fouillis de vieilles vieilleries, en partie identifié.

mercredi, 17 octobre 2007

Titraison ignore

Charme des 61 titres dans la tempête de mazout vert clair : 

Solario (portrait)

Je veux un jour descendre les marches, l’une après l’autre – sans me presser, esquiver mes responsabilités ni fuir mes fautes – et découvrir, dans une cave sans lumière, l’Arlequin solaire. Je veux consoler ses regards apeurés de pierrot triste, dynamiter sa légende et rapiécer un peu mieux les pendeloques de son costume. Ses guenilles pleurent dans la nuit bleue, et je veux, sans tible ni tenora, trouver le chemin des arènes où depuis des temps infinis il gît enfermé, à croupir dans la lueur violente de sa peau. À force de se triturer les joues, il pense être vêtu d’un masque. À force de se passer la main dans les cheveux, il se croit affublé de trois bérets empilés l’un sur l’autre, sinistres galurins. À force de se gratter sous ses guenilles, il ne sait plus où il est. Je veux un jour – ou une nuit, qu’importe – descendre les marches précautionneusement et aller délivrer de sa cellule l’Arlequin solaire.

lundi, 15 octobre 2007

B.S.S.L.

Tout écouter, chaque note de The Black Saint & the Sinner Lady, et puis rendez-vous au grand pylône ! On entre en transes sur ces morceaux de bravoure, et puis rendez-vous au grand pylône !

(On n'en parle plus, et puis boufniouze...)

Le Vif argent

Ce fumeur de pipes collectionne les tableaux. Derrière lui, pourtant, on trouve plutôt, accrochés aux murs, divers diplômes et titres. Il se gratte la boudine d'un air circonspect.

Sans doute est-il possible d'imaginer - à condition d'avoir bu au préalable, plusieurs verres d'alcool en sa compagnie - d'autres usages possibles pour ces tableaux et diplômes : livres de comptes, lettres de maîtresses éplorées, photos des enfants à divers âges de l'enfance, morceaux de chandail et de veston arrachés à ses ennemis,  cure-dents posés sur la table, lorgnons volés à des antiquaires, pédaliers de vainqueurs du Paris-Tours...

dimanche, 14 octobre 2007

La Marche du ciel gris qui passe

À peine sortis du berceau, les voilà des vieillards. /Vous saurez que ce texte est de prime importance pour moi./ Ils ont des faces en dents de scie, peut-être aussi le moral en berne. /Il germe depuis tant de jours dans la pénombre que je devais l'écrire à la double bougie./ Ces quatre figures brunes barbouillées se suivent en file indienne, et, comme ce sont surtout leurs profils d'égoïnes qui me hantent, j'imagine que le sol est râpeux sous leurs pas. Le premier a l'air insouciant plus que joyeux, tandis que le dernier de la ligne, doigts tendus, fiché en glaise, lève vers le ciel son visage hébété. /On dirait plutôt que celui qui le précède est ahuri, ou en train de remuer de basses pensées : je n'ai pas fermé les volets métalliques du salon avant de partir, quel est le code de mon coffre-fort, oh la vilaine limace.../ Ce genre de trapèze écru auquel cet ahuri s'accroche pour ne pas tomber tête la première dans la boue, est-ce cela, l'espace ? on dirait plutôt un mouton caché dans la brume. /Seul compte le sol, la terre, d'où émergent tant et plus de taupinières./ Vous avez gratté des signatures, écorché des voyelles. Alors, celui dont il n'est jamais question, le second du meneur, se rappelant soudain où il a posé sa bicyclette, se fige pour supplier votre regard de lui donner enfin forme et existence. /Vous saurez que je compte, pour cela, infiniment sur vous./

samedi, 13 octobre 2007

9840 cauchemars (tant et plus)

Le 12.

 

Imaginez qu’il y aurait, qu’il pourrait y avoir 9840 textes, et même qu’à partir des titres alternatifs non retenus, on pourrait écrire plus de dix mille textes, lesquels, même à supposer qu’ils fussent brefs, composeraient au bas mot un corpus de deux ou trois mille pages. Or, si, en deux ans et demi, je suis parvenu à écrire – en ne tenant compte que de mes deux carnétoiles ou blogs principaux – un peu plus de trois mille textes sur des sujets divers – en me donnant la liberté de baguenauder, de bayer aux corneilles, de prendre tel chemin de traverse –, il faudrait donc, au minimum et en suivant ma méthode passée des sauts et gambades, voire des abandons ou des lassitudes temporaires, peut-être douze ou quinze ans pour venir à bout de ce texte dont j’ai commencé il y a quelques jours l’écriture et qui s’intitule Un fouillis de vieilles vieilleries.

D’aucune manière je ne sais si je renoncerai. (Pourquoi l’image du roncier m’obsède-t-elle ces temps-ci ? Ai-je rêvé de ronces ?)

 

*

 



Le 13.


 

Mes heures nocturnes furent lourdes de La Femme des sables. Le long rêve final qui me cueillit, me retourna en tous sens, me tourneboula à l’aurore, était une transposition de ce récit piégé que j’ai dû, pris par le sommeil, interrompre hier soir à un moment crucial. Terré dans un trou d’où il a chassé un chien errant, le protagoniste est en train de s’enfuir après s’être encordé. Dans mon rêve, j’étais prisonnier sur la planète Mars, dans un garage de guimbardes bousillées, à ne pouvoir prendre l’ascenseur-fusée susceptible de me libérer du cauchemar.

vendredi, 12 octobre 2007

Chat botté

... while ... 

Une part non négligeable de mon enfance s'est passée à admirer les volets rouge sang du Sarraillot.

... while you were conquering America ...

Ici, dans une mare de pétrole gluante, un ectoplasme se déplace gracilement.

... you're still conquering America ...

Soleil rouge écrasé violacé, tu te dégonfles... c'est ça ?

... while you were conquering America ...

Le corps du géant se décline en lambeaux de ciel, tentacules de glaise, bribes de phraséologie.

... you're still conquering America ...

Si vous laissez parler la voie lactée, elle vous dira qu'étoile filante vous vîtes passer, lourdaud, le Chat botté.

 

 

(Merci quand même à Kafka, Tracy et Jean D.)

jeudi, 11 octobre 2007

La Montagne aux Ravines

Le ciel est un terrible littoral, sans que l'on sache si cette pâte rougeoyante recèle de meurtrières baïnes ou si les enfants y gagneront le large, avirons repliés, fous de Bassan à la dérive. On trouve des fils comme des fibrilles pris dans la végétation, à moins que ce ne soient des algues tressées, des filets où se sont englués des saumons agonisants, saignants, bouche bée. (J'essaie de retrouver la première impression, la vision d'une mare de sang, Marnie obsédée ou nez mal cautérisé qui ne cesse de s'écouler dans un lavabo, sans nulle aide du savon âcre à l'odeur de citron chimique, comme si aussi une vague, une lame rouge venait, comme une gueule, s'emparer du radeau rampant sur les rouleaux.) Après maints passages sur les rotatives, après essais d'infructueuses litotes, après embardées par de chimériques Rialto, l'évidence est rompue : le ciel est un terrible littoral.

mercredi, 10 octobre 2007

L'Âne égaré

                              "Ce qu'on appelle communément philosophie est de l'art piétinant, de la pâte d'art qui n'a pas levé." (Dubuffet. Prospectus II, p. 34)

 

Que faites-vous là haut,

Dame au fruste manteau ?

Peut-être que la crête

À ce point vous arrête

Que le regard bientôt

- La patte comme emplâtre -

Fixe la feuille prête

À recuire jaunâtre,

Le ciel pour écriteau

Que la terre regrette.

 

 

 

"... l'incision ne permettant pratiquement pas de repentir." (Laurent Danchin. Jean Dubuffet. Paris : Terrail, 2001, p. 65)

Le Voyageur sans boussole

Cinquante-cinq plus tard, on dirait une de ces photographies de la Terre par satellite, un de ces clichés trouvés, à force de persévérance, sur Google Earth, et où l'on reconnaît avec peine, dans leur familière étrangeté, des lieux où l'on passe si souvent.

Ces stries, ces crevasses, ces chemins qui ne mènent nulle part, cette ligne de démarcation (ou de flottaison) qui distingue la lourde pâte brune du fin réseau ocre irisé de graffiti, sont come autant de signaux de brume. Le regard s'y perd, et les yeux s'y enfoncent, comme dans les trames d'un typon complexe. Est-ce vraiment une carte, ou une tôle explosée ? Pourrons-nous retrouver, dans ces incisions, ces hachures, le chemin instinctif ? Il y a fort à parier que le sable nous engloutira avant que nous ayons pu réussir, ou qu'il s'étendra, comme une nappe d'huile, à ronger nos forces, à rogner le désert de bitume.

(Il se peut qu'ici la lecture de La Femme des sables m'influence.)

mardi, 09 octobre 2007

Scène de chasse

Comme jamais auparavant, je m'intéresse de près au travail de Jean Dubuffet, qui, outre la prodigieuse diversité de son oeuvre peint et sculpté (sans compter, je suppose, des architectures controversées), fut un écrivain non dénué d'intérêt. Comme j'écoutais une cantate de Bach - une de mes préférées, Vergnügte Ruh (ah, l'aria finale, Mir ekelt mehr zu leben (Il me répugne de vivre encore)) - je me disais que ce n'était pas nécessairement l'accompagnement musical le plus propice à cette rêverie attentive nourrie d'images et de textes, et me suis enfoncé dans une rêverie plus profonde encore sur les correspondances possibles entre telle facette de l'artiste et tel compositeur, ou sur le terreau fertile que constitueraient des choix discrépants (au sens I.I.), tant et si bien que je dois enfin prendre à bras-le-corps cette envie d'écrire, décrire, à ne rien souscrire.

 

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Rêverie attentive : dans une forêt d'ombres, frondaisons en dégoulinures, envols de passereaux et reptations de bruns insectes minuscules, un lascar hachuré suit la piste pareille à une échelle de corde, mais comme tracée au sol pourtant, pour faire face à l'animal massif (sanglier de corpulence, cerf par les bois, lion par la dégaine), lui-même parvenu au terme d'une longue errance et, désemparé, hébété, prêt toutefois à charger, sous le regard curieux d'un saint-esprit en retrait, arbre ou statue, du feu dont on fait les curées.

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lundi, 08 octobre 2007

Incréments

François Bon signale, sur son blog, la parution imminente, dans la collection qu'il dirige au Seuil, de deux volumes, dont l'un, celui de Jérôme Mauche, semble obéir à un principe structurel dont, pour séduisant qu'il soit, j'avais énoncé les limites dans le cas d'Eric Meunié. Depuis, j'ai moi-même écrit des centaines de pages selon des principes incrémentiels, et ne cacherai donc pas mon intérêt pour ce type d'entreprise.

samedi, 06 octobre 2007

Back in 1717

I'm heading to town to buy the boys a round of root beer to celebrate the moliminous occasion. the more moliminous portion of my love goes to Takei for his spectacular coming-out as a 68 year old homosexual a couple years back. The Earl dug coal-mines, and constructed "a moliminous rampier for a harbour." A moliminous measure of diuturnity shall be spent ! There are moliminous ramifications in the political system. The Facinorous, Moliminous, Nefandous, Numanorous Adler Roty was a "sorcerer of Tund" who performed at the CoCo District Theater. Peter, I feel your pain in your moliminous weaving of words.

... large, sprawling cursory sentences of lumination on these black moliminous rectangles towering above all the tiny traffic, tiny cars and tinier lives ...

The unanimous and moliminous Supreme Court decision in 1954 has been and remains significant in the nation’s life. Between Oliver and Penn turn in such moliminous performances, this film is worth seeing. Nothing remains of the vanished race of Massassi that once lived on Yavin 4, save for their moliminous edifices. Grasping the moliminous nature of God is impossible this side of eternity.

vendredi, 05 octobre 2007

Cogitation

Plaque claque d'accords (sautent tressautent (il fut ballé sauté dansé)), sur ce clavier de ciel...  ::   :

Cogitation, composition d'Yvan Avice, jouée à quatre saxophones térébrants ce soir de mi-janvier il y a treize bientôt quatorze ans. (Te souviens-tu de nos rires d'alors, sur le beau chemin ou comme je lisais Simmel ou ces poèmes follement appliqués de Biscaye (Klee pour la poésie) en t'attendant dans le froid ?). Non, peu importe, je cogite.

... en cet après-midi d'automne brûlant estival...

Si je féminisais votre swing, ça deviendrait plat sans ambiguïté. (Passez-moi les plats, faites-moi du gringue... pas repassées mes fringues ?!??). La barre d'espace malade grave des clusters inattendus.

"Je te regarde, monsieur Macbeth, et tu voudrais m'entendre juger ton passé et ton avenir sur ta mine ? " (Pierre Senges) Un poème de Dana Gioia. Deux tercets de Dana Gioia. Un vers bascule de Dana Gioia. Où est le présent, perdu dans le temps ? Là, à la virgule même de Dana Gioia. 

(On ne va pas tarder à distribuer les jouets. Penser toujours à la pyramide de chaussures, plaque claque d'accords ce spectacle massif dépareillé en cet après-midi d'automne brûlant estival.)

Sisyphe

                                 'Tis dry - 'twill burn -

Ha, ha! how my old Husband crackles there!.

 I know him; he'll but whiz, and strait go out.

(Dryden's Aureng-zebe, 1676.)

 

Tu n'as pas eu d'autre souffle, d'autre recours, d'autre rempart --- sinon cette destination, de la flèche perçant le talon la volute sanglante, la volte tournoyante, la flamme électrique & pourtant millénaire. Tu n'as pas eu d'autre rebut, d'autre rire à dents de chacal, à cette minute même, d'autre but que de faire le mal, de ravir le miroir et grimper au sommet du grand if, ses fruits tentateurs tels des sortilèges. Tu n'as pas sifflé soudain en t'envolant à cent à l'heure, pas cinglé de ta brise les joues fragiles de la Mère. On t'en pardonnera d'autres. Graves sont les sons de nos cloches, lourd le vol des bourdons, sourds à gravir toujours la tige la moins ferme.

jeudi, 27 septembre 2007

Sustine et abstine

Sustine et abstine

Taillées, sculptées dans le tuffeau, ces inscriptions à la façon de la première Renaissance italienne jaillissent du blanc passé moiré, jamais purement figé dans son latin. (Je classe ce billet dans les Sites et lieux d'Indre-et-Loire, ce qui est indûment annexionniste : Couture, village natal de Ronsard, se trouve dans le Loir-et-Cher.)

On peut aussi admirer, dans l'église, le gisant des parents de Ronsard. C'est tout près de Trôo, Vendôme et Montoire, tous lieux réputés et ronsardiens pas encore visités. (Une carte postale est partie ce jour, mais pas de tissu, pas de couture. J'ai suivi l'enfant qui vole...)

Le corps principal du manoir a été probablement édifié par Olivier Ronsard, grand-père du poète, vers 1480. Du château du quatorzième siècle subsistent les édifices troglodytiques: caves et pigeonnier. (C'est au-dessus de la porte d'entrée d'une des caves que l'on trouve cette formule noire.)

Les sculptures de style Première Renaissance et les inscriptions qui ornent la façade sud du manoir, ainsi que certaines entrées de caves, datent du début du XVIème siècle, époque du père du poète, Loys Ronsard. L'ensemble, à la fois typique d'un style et singulier par sa rareté en l'état, est très marquant. (J'en sais qui ne sont pas d'accord, sont restées sur leur faim.)

On ne visite que deux pièces du rez-de-chaussée, mais il s'y trouve une magnifique cheminée richement sculptée. Les jardins ont été rénovés et entièrement restructurés par un certain Andrè Eve. C'est assez réussi. (Parmi les nombreuses variétés de roses, il en est une qui porte le nom de Philippe Noiret.)

 

---------------------------- Pour d'autres photographies de La Possonnière, depuis dimanche déjà on peut consulter ci-contre la rubrique Contr'alphabétiquement, qui, elle, ne bouge pas (mais change). ----------------------------

mercredi, 19 septembre 2007

... rêvent de prendre un fusil ...

Une cacugne bâchée : une guimbarde sous un drap ; éclats de voix, de rire, dans un garage lilliputien. (Cela, c'était au retour.)

Mon fils m'a dit : "la maison au portail bleu, c'est celle de Noémie". Mais celle-là est en travaux, et il y a, mitoyennes, deux maisons au portail bleu.

Trous même plus rouges

Chaque fois que je traverse ce champ j'essaie de repenser aux bocages, aux prairies, aux haies jadis de ces campagnes désormais devenues béton. Les promoteurs et les agents immobiliers des dollars dans les yeux doivent y voir tours et barres bonnes à démolir trente ans plus tard. On dira que je suis passéiste et les promoteurs tournés vers l'avenir.

(Ce qui commença comme projet photographique a dérapé dans l'écriture. (La peinture rouge des tags de juin a été nettoyée, mais les trous sont toujours là.))

Les promoteurs : la chanson d'Yves Simon n'a hélas pas pris une ride. Plus personne n'écoute, je crois, les chansons d'Yves Simon. Les promoteurs, cette race abjecte au nom infâme, sont toujours florissants.

 

{ griffonné jeudi dernier, à 5 heures du soir }

dimanche, 16 septembre 2007

Félix, 2 avril 1818

 

Félix, 2 avril 1818

C'est toujours pareil : je me dis que je vais "balancer la photo" brute de décoffrage comme le veut une sotte métaphore clichéeuse de notre époque bénie, et sans rien, sans un mot, tant pis, je ne vais pas encore passer dix minutes à pondre une note, un billet, un message, appelez ça comme vous le voulez. Puis survient un remords, ou pis peut-être, une envie, un désir irrépressible, qui n'est pas d'uriner comme le voudrait certain scatologique tigeur pseudo-critique de ma méconnaissance. Je me demande, comme vous, qui pouvait bien être ce Félix qui grava son nom dans le plâtre de la salle haute, oui, tout au sommet de la tour escalaire du château de Beaumont-la-Ronce. (Cette question, je me l'étais posée en appuyant sur le déclencheur de l'appareil photographique, il y a une semaine, et pas seulement maintenant. Sotte, peut-être, mais d'un fil aussi ténu, et même plus ténu, est né l'un des plus beaux livres d'Alain Corbin, alors... Je songe aussi à la bienheureuse faute, et au cadet de nos amis partis cette année pour le Finistère. Né dans un monde austère / Plus lugubre qu'un monastère. Bref, je cède, ne me contente pas de "balancer la photo", mais écrase ce petit texte sous le volumineux format (bordé de mauve, allez savoir pourquoi) de l'image, ce tout en préparant de délicieuses paupiettes de veau qui cuisent, clapotent doucement, baignant dans leur rasade de Sancerre Joseph Mellot 2005. Félix ne grave plus rien dans le plâtre, aeri perennius.